On débat beaucoup, en ce moment, sur la/les distinctions à établir entre gauche et droite, sur la nature des clivages, les uns versus les autres... Le dernier article de Malakine définit à mon sens avec beaucoup de pertinence 2 clivages croisés...
Il y a un truc, quand même, qui m'étonne. On vient à peine de voir élu un homme qui s'est (en partie) consciencieusement appliqué à dynamiter les clivages politiques, et personne ne s'interroge sur la validité de ces derniers. D'accord, on s'interroge sur le clivage gauche/droite, mais pour lui en substituer un autre dans la seconde. Hors clivages, point de salut ?
Je ne nie pas l'existence de clivages. Je reconnais la pertinence de certaines de ces grilles d'analyses. Mais la question que je me pose est la suivante : doit-on PARTIR de ces oppositions pour redéfinir les camps ? Ou bien, au vu de la situation actuelle et dans le cadre du bipartisme français : doit-on PARTIR de ces oppositions pour redéfinir le camp qui saura proposer une alternative à l'UMP triomphante ?
Qu'il me soit permis d'en douter.
Il me semble que la personnalité, la campagne et l'élection de Nicolas Sarkozy doivent amener à remettre en cause cette manière usuelle de définir les identités. Voilà un président qui précisément a évité de circonscrire son périmètre de manière restrictive, de s'enfermer définitivement dans des frontières trop bien dessinées.
La position de N.Sarkozy est difficile à analyser car d'un côté il dépasse les frontières, et de l'autre il reste lié à un fond idéologique très fort, très marqué par la pensée que Malakine définit comme étant pour l'autorité de l'Etat et inégalitaire. Mais quoiqu'on pense de la réalité de ses positions, force est de constater qu'il a très bien réussi.
Dès lors, pourquoi ne pas commencer par observer l'artiste ?
N.Sarkozy n'a eu et n'a encore de cesse de se détacher, de sortir du lot. Dans mon billet sur l'hyperactivité de N.Sarkozy, j'avais commencé à étudier la manière dont il se différenciait des autres : des mots différents, un rythme différent, un positionnement différent. Je ne ferai pas ici le catalogue de toutes les formes que ce détachement a prises, pour me concentrer sur son positionnement par rapport aux clivages politiques. Sachant aussi... comment dire... que la sincérité de cette position est pour le moins sujette à caution, je m'arrête un temps sur sa validité. Pour tenter ensuite de voir quel enseignement l'opposition peut en tirer.
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De la position trans-clivages version Sarkozy
Une chose est sûre : N.Sarkozy n'est pas parti en se disant : mon identité, c'est ça , mon idéologie c'est ça , et rien d'autre. Il ne s'agit pas de nier qu'il a des bases, une éducation, une histoire, je n'en disconviens évidemment pas. Mais il s'est détaché du lot à partir du moment où il s'en est, en partie, détaché.
Je précise que je n'ai pas de sympathie particulière pour le personnage et que je n'ai pas voté pour lui. Mais la première chose qui m'a frappée chez lui, alors qu'il était encore peu connu, ce sont ses mots. Son langage tranchait singulièrement sur celui que presque tous les politiques nous servaient, nous avaient servi et nous servent encore.
Des mots simples, des structures de phrases ras du plancher, et une présentation des problèmes à partir d'un angle de vue qui apparaît, au premier abord, évidente, incontestable : une présentation de problèmes réels parfois niés, une première base de réflexion sur laquelle tout le monde peut s'accorder -toujours avec des mots simples-, puis le développement, suivant un chemin «logique», de ses propres réponses. Il devient très difficile pour ses interlocuteurs, de le contester, à partir du moment où la base du raisonnement, et la manière dont il présente son cheminement, n'offrent que peu de prises à la contestation.
Qu'on soit d'accord ou non avec lui n'est pas la question ici. Le fait est que la manière dont il posait les problèmes sortait déjà des clivages politiques. Il a observé ces derniers d'une part, observé la réalité de la société française d'autre part, et cherché ce qui dans cette réalité pouvait apparaître comme incontestable aux uns, comme aux autres.
Devant les clivages, il a cherché le moyen de les dépasser. Pour se dégager de sa propre gangue idéologique, pour trouver d'autres angles de vue, et d'attaque, il a essayé de chercher les plus petits dénominateurs communs et les a ressassés avec constance. Qu'il ait, ensuite, bâti des réponses idéologiques ou pragmatiques est une question séparée.
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Plus directement, dans le cadre de la campagne, le dépassement des clivages supposait qu'il se détache de son propre camp : le fait le plus marquant en la matière reste la position qu'il a adopté vis-à-vis des Etats-Unis, en allant déplorer avec G.W.Bush l'attitude française en 2003 : c'est une manière de susciter la polémique, bien sûr, une manière aussi de montrer une forme de courage en allant à l'encontre de l'opinion française, mais avant tout peut-être, une manière de se détacher. De prendre son autonomie par rapport à son propre camp. Et le gain est double : prenant du champ par rapport au camp, il se différencie dans le même temps de l'ensemble de la classe politique (ou presque), qui tient tant à monter des petites barrières autour de chaque propriété politique. De ce point de vue il a été admirablement servi par ceux qui, dans son parti, Chirac et Villepin en première ligne, l'ont fortement critiqué. Dés lors qu'il s'opposait si radicalement aux siens, il apparaissait au-dessus de la mêlée. Et il apparaissait comme tel à tous, qu'on l'ait ou non approuvé.
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Toute sa campagne s'est basée sur le thème de la «rupture». Un candidat de la «rupture» se joue évidemment de tous les clivages de la classe politique : non, lui, c'est différent ! Il est bien au-dessus de ces misérables petits jeux politiques ! Bien au-dessus de tout ce milieu politique qui n'a toujours rien compris ! Qui ne comprendra jamais rien ! Non, ne perdons pas de temps avec eux : il y a lui, et le peuple. Entre les deux, des cacahuètes.
Il se présente comme le porte-parole du peuple. Celui qui parle au peuple des problèmes du peuple, qui se moque des tabous, qui dénonce les débats interdits. «Ce n'est pas un gros mot», «j'ose le mot», «oserai-je le dire ?» : toujours il se présente, et est souvent, celui qui met sur la table, avec franchise, les noeuds de la société. Préoccupé par le peuple, méprisant à l'égard de la classe politique.
Dès lors, pourquoi s'encombrer de clivages ? Il se présente comme le défenseur des faibles, il va chercher à gauche ses inspirateurs de chevet : Jean Jaurès, Léon Blum, Guy Môquet, lesquels évoquent tous une rupture : rupture avec les grèves de Carmaux, rupture avec le Front Populaire, rupture encore avec la Résistance. Il se moque des contradictions réelles ou apparentes : les convictions sont parfois contradictoires, mais toujours martelées. Cette méthode consistant à être partout sur le champ politique est une manière de le couvrir, de se hisser au-dessus.
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Son souci est de réunir, de rassembler. D'agréger le peuple autour de lui. Pour réussir ce pari, il n'y a pas 36 solutions : il faut rapprocher les opinions contraires. Joindre, plutôt que diviser. La gauche/la droite, les libéraux/les protectionnistes, les partisans du oui/les partisans du non : chercher les passerelles.
A cet égard, le discours prononcé par N.Sarkozy à Strasbourg, le 2 juillet dernier,
est intéressant à étudier. La ligne de fracture entre partisans du oui et du non divise en 2 le pays depuis 2005, plus personne n'osait parler d'Europe. Le président Sarkozy a prononcé le discours de la réconciliation, dans lequel il s'est attaché à faire «la synthèse du oui et du non». Regardons-le de plus près :
1/ D'entrée, forte légitimation de la nécessité de l'Europe, de sa grandeur, et, au-delà, du rôle central de la France en Europe, l'idée que l'identité française est européenne : «Depuis toujours, la France n'est elle-même, la France n'est grande, la France n'est forte que lorsqu'elle se place au centre de gravité de l'Europe.» Les Français qui refusent l'Europe se sentiront au moins flattés. Tous deviennent pro-Européens en puissance, si identité nationale et Europe vont de pair.
2/Distinction entre finalité et moyen, qui permet de refuser l'Europe «technocratique» sans renoncer à l'idéal européen :
Affirmation de «l'idéal européen», finalité de l'Europe : «une certaine idée de l'Homme et de la Civilisation».
-Distinction entre finalité et moyens : «cette finalité, nous ne devrions jamais la confondre avec les moyens utilisés pour l'atteindre.».
Critique de l'Europe telle qu'elle s'est construite ces dernières années : «L'Europe est devenue incompréhensible et elle a suscité le rejet.(...) Rien n'est pire que la grande machine de l'Europe quand...»
3/ Retournement : «Ce n'est pas le non au référendum des Français et des Néerlandais qui a mis l'Europe en crise. C'est la crise de l'esprit européen qui a provoqué les nons français et néerlandais (...)» . Ce faisant, il démonte les responsabilités supposées, ce qui est indispensable pour permettre une réconciliation.
4/ Rassurer les partisans du oui :
- Avec le traité simplifié, l'Europe va de l'avant
- «Le recul de l'esprit européen, cela aurait été (...)de considérer la Constitution comme une fin en soi»
- Il s'en remet aux peuples : «A s'en tenir obstinément à une Constitution que les Néerlandais et les Français avaient rejetée et que tant de citoyens européens regardaient avec méfiance, on aurait mis l'Europe dans une impasse et on aurait trahi l'idéal européen.»
Parfait retournement, il n'y a rien à regretter. Les esprits sont mûrs pour se retrouver.
5/ Un peu plus loin, il arrive à cette fameuse «synthèse du oui et du non».
- D'abord, calmons les esprits : il n'y a pas les bons d'un côté et les mauvais de l'autre : «Il n'y avait pas d'un côté les intelligents qui avaient tout compris, et, de l'autre, les obtus qui n'avaient rien compris. Il y avait des gens inquiets qui exprimaient un besoin de protection.» Remarquons au passage les mots et la répétition. Remarquons aussi que les «gens inquiets» semblent avec cette tournure de phrase réunir tout le monde.
- Définition : «Par synthèse, je ne veux pas dire la recherche du juste milieu entre le oui et le non. Je veux dire le dépassement des contradictions.» Le dépassement des contradictions comme le dépassement des clivages : on se situe dans un ailleurs, qui dissout les oppositions.
6/ Vient ensuite tout le détail de cette synthèse. Il y affirme sans fard des axes clairs, qui étaient et restent objets de débats, mais l'opposition frontale de 2 blocs inconciliables est dissoute. A partir de là, il reprend à son compte nombre de revendications avancées par les «anciens» partisans du non. Revendications qui n'étaient pas forcément rejetées par tous les «anciens» partisans du oui : quand il dit : «Nous avons créé l'Europe pour que l'on garde des usines, des industries sur le territoire de l'Europe, pas pour que nous les regardions partir vers d'autres continents en restant les bras croisés sans rien faire. L'Europe, ce n'est pas cela.» ou encore : «La synthèse entre le "oui" et le "non", elle se trouve dans une Europe où l'euro sera enfin mis au service de la croissance et de l'économie. Nous n'avons pas créé la deuxième monnaie du monde pour être les seuls à ne pas s'en servir.», il me semble qu'il exprime assez justement la tendance de l'opinion française, partisans de tous bords confondus.
Chercher un ailleurs, qui dissolverait les oppositions : voilà en tout état de cause la stratégie gagnante. (C'est aussi celle que je défends dans ce billet trop long... :-) ) Mais revenons en arrière, et faisons le bilan de tout ce travail de détachement du candidat désormais président.
L'opposition ne peut pas faire comme si rien n'avait changé. Le fait est que N.Sarkozy a jeté un voile gris et poussiéreux sur tout le reste de la classe politique.
Voile sur le langage, sur la manière d'agir, de se montrer ;
Voile sur la classe politique (et à présent également sur les présidents précédents) ;
Voile sur ses clivages. Sur la manière de se définir. Sur la nature de ce qui distingue les différents partis. Sur la manière conventionnelle de définir des identités pleines, distinctes, opposées, en matière politique.
Devant ce constat, quelle doit être la réaction de l'opposition ? Devrait-elle suivre l'exemple ?
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De la validité de cette position
Tous les points que je viens de développer seront refusés en bloc, balayés d'un revers de main par ceux qui affirment que la position trans-clivages de Nicolas Sarkozy n'est que de la poudre aux yeux, n'a pas le moindre début de fondement car il ne s'agirait que et uniquement que de marketing politique.
La part de marketing est évidente, on peut même dire qu'elle est énorme, mais je reste convaincue qu'elle n'est que l'hypertrophie d'une réalité : à la base, Nicolas Sarkozy est selon moi naturellement poussé à transgresser les clivages. En analysant son hyperactivité, j'y ai vu de la sincérité. Ce qui ne l'empêche pas d'en jouer, de se caricaturer, de développer ensuite tout un marketing là-dessus.
Ce n'est pas seulement une question de caractère. Je pense que l'analyse qu'il fait de la société le pousse dans cette direction. La France a plebiscité un chef. Un Etat fort, un président ayant une forte autorité. Mais ce désir de chef est aussi, en filigrane, un désir de collectif, un désir d'union, de cohésion nationale. Les deux vont de pair : le désir de cohésion trouve dans la figure du Chef un agrégateur : il serait celui qui rend possible le rassemblement. Je cite Régis Debray : «Je crois qu'on a le désir d'avoir un chef quand on se sent menacé de dissolution, de désagrégation. Je crois que l'aspiration au chef c'est au fond l'aspiration à l'unité, à retrouver une certaine cohésion.»
Nicolas Sarkozy partage l'analyse, et elle est à la base de tout son positionnement. Il a reconnu ce double désir de la société, il s'y est appuyé, et cherche aujourd'hui à lui donner corps.
On taxe fréquemment N.Sarkozy de bonapartisme. Il semblerait que tous les régimes bonapartistes ont pratiqué une forme d'ouverture, qu'ils aient été à la fois d'essence autoritaire et plebiscitaire. N.Sarkozy, semble-t-il, renoue avec cette tradition-là.
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L'affirmation selon laquelle l'ouverture à la gauche, à laquelle nous assistons aujourd'hui, ne serait qu'une mise en scène, une belle image, une attaque hargneuse contre «le camp d'en face», est donc très réductrice. Cette ouverture est aussi une mise en scène, une image, une attaque, mais on ne doit pas la réduire à cela.
Mais admettons. Admettons qu'il n'y a, dans l'ouverture et dans toute l'attitude, les paroles et les actes de N.Sarkozy transgressant les clivages, que du vent. Que ce n'est que du marketing, de belles paroles faites pour endormir les enfants.
Et alors ? Et alors, à partir du moment où la société est sensible à cette position ? A partir du moment où ces belles paroles révèlent une aspiration profonde de la société ?
N.Sarkozy s'est présenté comme le candidat de la rupture, et que s'est-il passé ? Il a été élu. Le principe de rupture a été plebiscité. Et ce principe contient, entre autres, le dépassement des clivages. Ne pas vouloir le reconnaître, ce serait quand même dommage. On aimerait bien pouvoir le mettre lui aussi dans une petite case dans laquelle il se tiendrait bien tranquille, mais justement, le dépassement des clivages s'évertue à les faire exploser. C'est bien dommage, on n'aime pas ça. Mais c'est encore plus dommage de se refuser à le voir. Pour ma part, je ne nie pas la nécessité des catégories, à condition qu'on sache les dépasser.
N.Sarkozy n'a pas été le seul candidat de la transgression durant cette campagne. S.Royal, quoi qu'on en pense par ailleurs, a su retenir l'attention de l'opinion pendant la pré-campagne de 2006 en bousculant elle aussi les lignes, en avancant des idées et des thèmes traditionnellement dévolus à la droite. Nombreux sont ceux, à gauche, qui en ont été choqués. Toujours est-il qu'elle en a tiré une grande popularité, qu'elle a commencé à perdre à partir du moment où elle s'est cantonnée aux strictes frontières de son camp. F.Bayrou n'a pas cessé de dénoncer le clivage gauche/droite, s'est positionné pile au-dessus de ce point imaginaire, et a répété qu'il ferait appel aussi bien aux uns qu'aux autres.
C'est la rupture de N.Sarkozy qui a gagné. C'est dans la transgression que S.Royal a eu du succès. C'est en partie l'équilibre de F.Bayrou qui explique sa popularité. En un mot, c'est la transgression qui a fait le succès de toute cette campagne. On peut même avancer que c'est elle avant tout qui explique la forte participation aux élections présidentielles. Enfin, le jeu n'était pas figé. Enfin, le jeu était ouvert.
Aujourd'hui, le nouveau président va chercher des collaborateurs à gauche. Des personnalités reconnues et estimées. On peut choisir de cracher sur ces «traîtres». On peut aussi imaginer, au vu de leur passé, qu'ils ne sont pas tous complètement idiots et arrivistes. Qu'ils considèrent que leurs opinions, dans le domaine de compétence qui leur est attribué, ne sont pas incompatibles avec celles du président. Ce serait une preuve supplémentaire de l'inanité partielle du clivage gauche/droite. Mais le plus intéressant se joue dans l'opinion. Il semble que 82 % des Français approuvent l'ouverture. La transgression bat tout le monde à plate couture, elle fait un score de potentat ! Si on en doutait, nous voilà fixés : le dépassement des clivages est une réelle aspiration de la société.
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De son application par l'opposition
L'opposition se retrouve donc face à 2 défis : trouver le moyen de proposer une alternative à Nicolas Sarkozy, et répondre à l'aspiration à l'ouverture, au sens large, de la société française.
Concernant l'alternative au président, il est possible que la méthode Sarkozy ne soit pas exportable. Elle est liée au personnage, à son caractère et à son talent hors-norme (pour ce qui est du moins de gagner les faveurs des citoyens).
L'opposition peut en tout cas mettre à jour son logiciel, et chercher la meilleure manière de se positionner par rapport au phénomène.
Il me semble que la méthode consistant, «à l'ancienne», à distinguer, à séparer pour investir l'un ou l'autre des deux termes, est pour le moins caduque. Que les grilles de lecture soient indispensables, évidemment, mais doivent-elles pour autant créer des fossés infranchissables ?
(Les militants attachés à leur positionnement idéologique crieront au scandale. Je sens que je vais me faire taxer de cynisme. Je réfute d'entrée ce terme : je cherche simplement une certaine justesse, et je suis semble-t-il a-idéologique, contrairement au cynique qui à mes yeux est contre-idéologique. Mais c'est un autre débat.)
Je ne dis pas que tout positionnement «idéologique» est désormais caduc, le nouveau président engage suffisamment de mesures platement idéologiques pour prêter le flanc à la critique, pour peu qu'on daigne s'en préoccuper.
Mais je m'interroge.
Cette méthode, en tout état de cause, est désormais insuffisante. Elle rate une partie essentielle, voire première, du personnage Sarkozy. Elle rate aussi l'aspiration des Français à la cohésion, au renouveau des systèmes de pensée. Bref, elle est très moyennement efficace, et si elle ne s'accompagne pas d'autre chose, elle est vouée à l'échec.
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Cet autre chose, c'est quoi ? Il existe certainement de nombreuses voies possibles, que sauront trouver nos talentueux politiques.
Je reste malgré tout convaincue que la meilleure stratégie consiste à ne pas partir des clivages : se vider la tête des idées préconçues, et chercher ce qui réunit. Ce qui met les gens d'accord. En laissant de côté les analyses abstraites. Et à partir de là seulement, développer ses propres réponses. La méthode est connue. Ressassée racontée exposée louée de 1000 manières différentes. Plus rarement appliquée. Je reconnais à N.Sarkozy le mérite d'avoir su, en partie, la suivre.
Cette méthode s'oppose radicalement à la première, elle en est l'exact inverse. Pour caricaturer, la première méthode consiste à se regarder le nombril, en se demandant «Qui suis-je ?» , tandis que la seconde part des autres, des gens, de la réalité, même si elle développe (ou conforte) dans un second temps des réponses beaucoup moins pragmatiques et beaucoup plus idéologiques.
Dans ces conditions, la question qui taraude le PS («Mais qui sommes-nous donc ?») me laisse très dubitative sur son avenir.
Il se pourrait que l'alternative à l'UMP soit proposée par le Mouvement Démocrate nouvellement créé autour du noyau UDF. Il semble en tout cas beaucoup plus facile à ce mouvement de ne pas partir des clivages, parce qu'il ne souffre pas de la lourdeur du parti et de son histoire, et parce que refusant le clivage gauche/droite, il attire à lui des militants qui ne s'enferment pas d'office. On peut donc espérer qu'il suive cette logique jusqu'au bout et sache créer des passerelles inattendues.
Il me semble que l'avenir appartient à ceux, quel que soit leur parti, qui sauront renouveler radicalement leur approche, et parmi eux, à ceux qui sauront, à partir d'une approche profondément pragmatique de la réalité, bousculer leurs propres référents «idéologiques». Car ce sont bien ces référents qui bloquent l'application de cette méthode pourtant si communémént admise et célébrée.
(je mets l'adjectif entre parenthèses, parce qu'il entretient la confusion entre convictions profondes et idéologie, la distinction étant selon moi que les convictions laissent place à l'idéologie à partir du moment où elles deviennent croyances, à partir du moment où on entre dans le domaine du sacré. Je vous renvoie aux commentaires du billet précédent.)
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Pour donner une idée de ce à quoi ça pourrait ressembler, j'aimerais citer les paroles d'Hubert Védrine, que Gilbert Sorbier nous a relayées ( :-) ) :
«Pour aborder le champ de ma critique méthodique de l’irréalisme impuissant. Ce que j’appelle l’ « européisme », pour le distinguer du sentiment proeuropéen, est le postulat suivant lequel les Etats-nations sont périmés, archaïques, dépassés, responsables de tous les malheurs du monde, et qu’il faut absolument leur substituer une superstructure qui va les rendre plus caduques encore. Les Européens voudraient vivre dans un monde post-historique, post-stratégique, post-national, et que l’Europe les protège. Quand je parle de maximalisme, je pense à cette volonté de construire l’Europe à marche forcée, par le haut, à coups de traités. Et, évidemment, cela ne marche pas ! Je ne le dis pas pour peiner les gens. Je suis convaincu de la nécessité d’une Europe forte. Je propose plutôt de reprendre une démarche réaliste consistant à identifier les sujets sur lesquels les Européens sont en désaccord afin de surmonter ces obstacles. Une des erreurs des quinze ou vingt dernières années a été de croire qu’on allait faire une Europe plus forte, un système multilatéral plus efficace, un monde meilleur, avec des Etats affaiblis. Je pense qu’il faut revenir à une idée simple : on a besoin d’Etats, qui soient les fondements de l’ordre multilatéral pour que l’ensemble marche bien, d’Etats forts et efficaces, naturellement modernes et démocratiques. Idem pour l’Europe.»
Ce qui m'intéresse en particulier ici, c'est la démarche. H.Védrine part du passé. Constate un échec. Cherche une solution, sans s'embarrasser du fossé prétendûment infranchissable entre «pro-» et «anti-»Européens.
Ce genre de clivages bloque plus qu'il ne libère.
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Boréale
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Pour ceux et celles d'entre vous qui ont envie de creuser :
Sur toute la situation politique actuelle : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/index.php?emission_id=110060161
Sur la figure du chef : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/fiche.php?diffusion_id=54549
Sur l'ouverture : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/rumeur/
Le discours de NS à Strasbourg : http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_du_president_de_la_republique_a_l_occasion_de_la_grande_reunion_publique_sur_le_theme_de_l_europe.78984.html
Ma chère Boréale,
J'aime beaucoup la finesse de votre analyse.
Je n'aborde donc que les rares points sur lesquels nous divergeons:
1° Je ne partage pas votre enthousiasme quand aux capacités du Modem pour qui j'ai pourtant voté au 1er tour des 2 élections.
François Bayrou m'a beaucoup déçu en critiquant Nicolas Sarkozy pour des choix économiques qui étaient les siens propres il y a seulement quelques mois. Mais je confesse qu'à cette heure... je n'ai rien de mieux à proposer.
2° Le clivage est la base de toute pensée primitive.
Le blanc et le noir, le bien et le mal, dieu et le diable.
Je ne suis pas sûr que 82% de français soient -réellement- contre les clivages, mais seulement pour une ouverture qui dénonce la droite et la gauche, telles que le PS.UMP nous les montre depuis 30 années.
On ne peut, bien évidemment être pour les clivages, qui ne sont que la résultante des sectarismes les plus primaires. Mais les sectarisme primaires ne sont-ils plus majoritaires ? rien n’est moins sûr.
Là, je me la suis pété grave (whouaff).
Boréale, c’est à cause de vous, quelle idée aussi de me citer dans votre texte !
Gilbert
Rédigé par : Ozenfant | 15 juillet 2007 à 19:39
Damned ! J'me suis fait eue !! ;-)
Rédigé par : Boréale | 15 juillet 2007 à 22:35
J'ajoute quand même, pour qu'on ne parte pas sur de grands délires sur le blanc et le noir, que je ne mets pas en cause l'existence de certains clivages (pas tous), mais le fait qu'on choisisse de s'y enfermer avec délice plutôt que de chercher le moyen de les dépasser.
@ Gilbert :
Au fait, merci pour le site de Védrine ! (Je récidiverai ! ;-)
Rédigé par : Boréale | 15 juillet 2007 à 22:45
A propos de Noir et blanc:
Jack Lang défendu par Manuel Valls qui «flingue» le clivage droite/gauche. http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/07/on-dbat-beaucou.html#comments.
Rédigé par : Ozenfant | 16 juillet 2007 à 08:28
Oulà c'est vraiment trop long. J'ai arrêté à mi-chemin
Rédigé par : Toréador | 16 juillet 2007 à 11:24
Juste un mot sur le Modem. Il a des débuts difficiles, ce qui serait normal s' il ne s' agissait que des problèmers qu' éprouve tout mouvement (re)naissant. Mais il souffre certainement du doute introduit par la personnalité et le positionnement de son leader.
Enfin, je lis des blogs tenus par des "modemistes" ou fréquentés et commentés par ces derniers. Je suis sidéré par leur virulence anti-Sarko/UMP/et-tout-le-reste. J' ai nettement l' impression qu' ils auront bien des difficultés à surmonter les clivages, s' il en est ...
Le PS ne peut me semble-t-il que compter sur lui-même en souhaitant que sa parole ne soit pas celle que porte pour le moment Mr Hamon.
Rédigé par : Erick | 16 juillet 2007 à 14:40
Je suis assez d'accord avec Toréador. L'article est beaucoup trop long et la pensée trop délayée ...
Sur le fond, de ce que j'ai cru comprendre, il faut séparer dans l'analyse du phénomène Sarka la forme du fond. La forme (l'attitude du chef, le langage franc et direct ...) le présente effectivement comme en dehors des clivages classiques. Le fond du discours Sarkozyste me semble en revanche marquer le retour du clivage, le retour du politique.
Après l'avoir vu en meeting à Metz, je m'étais fait la remarque suivante " si je ne sais toujours pas ce que c'est que la gauche, je sais maintenant ce que c'est la droite". Ce fût un discours très marqué idéologiquement, très très à droite. Il a finit sa campagne de premier tour sur une ligne très idéologique. Rappelons nous notamment sa sorti anti mai 68 du Meeting de Bercy ...
C'est précisément ce qui a fait voler en éclat les autres parti et rend impossible toute opposition. Sarko a fait de l'idéologie , a ressuscité des clivages, à fait campagne sur des valeurs. Et en face, personne n'avait quoique ce soit à lui répondre.
Cela me conduit à penser - contrairement à boréale - que l'opposition au sarkozysme, d'où qu'elle vienne - devra elle aussi faire un travail de repositionnement idéologique. De ce point de vue, le modem ne me semble pas mieux armé que le PS. Le pragmatisme, c'est bien gentil, mais à moins de théoriser une méthode de gouvernement, il ne permet pas de construire le moindre discours.
Rédigé par : Malakine | 16 juillet 2007 à 14:53
@Malakine
Simple remarque le PS étant vidé par le haut il est possible d'imaginer une refonte idéologique venant d'en bas. Sarko a force d'attirer à lui les plus libéraux du PS, exception faite de Védrine (qui reste quand même en dehors du gouvernement), va peut-être permettre aux républicains et à la gauche du PS de prendre le pouvoir à l'intérieur du partie qui sait? Le pauvre hollande risque de ne pas résister longtemps tout seul.
Rédigé par : yann | 16 juillet 2007 à 16:16
Malakine,
Je suis bien incapable de juger du "sarkozysme".
J'ai vu comment pendant cinq ans il n'avait pas une seule vraie réussite à son actif au ministère de l'intérieur. J'en ai donc déduit qu'il était un velléitaire, un avocat aux superbes effets de manche, et rien d'autre.
Mais je pense, donc je doute. Et que doute-je ?
Hé bien qu'a force de lancer des idées en l'air, certaines finissent par retomber dans de petites mains cruelles et aptes à les planter, à les arroser et à les cultiver.
DONC, il est beaucoup trop tôt pour préjuger des échecs et des réussites du trépignant petit président.
Disons qu'en tout état de cause ils est préférable d'essayer 100 idées pour 10 réussites que de continuer à ne rien faire, ou de continuer à se féliciter du fait que la France ne va tellement plus mal que les autres pays concurrents.
Quand on gère une entreprise, il est indispensable, dès la moindre baisse de chiffre d'affaire ou le moindre signe de ralentissement, de faire COMME SI c'était de la faute du management, et cela même si l'on connaît des raisons conjoncturelles.
REMISE EN CAUSE encore REMISE EN CAUSE toujours REMISE EN CAUSE.
Hors en France cela fait 30 ans que l’on regarde d’un oeil atone ces signes de ralentissement !
Rien ne m’agace autant que ceux qui mettent des années à choisir entre des solutions complémentaire au lieux d’utiliser toutes les armes qu’ils ont entre leurs mains.
Dans le cas de la France l'objectif ne dois pas être d'essayer de ne pas être le dernier, mais de tout faire pour devenir le meilleur Européen.
Pour cela la discussion ne dois pas être intellectualiste (quelle solution est la plus élégante), mais pragmatique:
Appliquons toutes les solutions applicables immédiatement qui vont dans le bon sens sans exclusive et dans tous les domaines: Fiscaux, incitation, recherche, collaboration enseignement/entreprises, et même coups tordus sous prétextes de protection diverses pour limiter les importations (les italiens sont passés maîtres en la matière).
Si le PS (si jamais il ressuscite un jour et prenait le pouvoir en 2012), n’avait plus qu’à supprimer le "paquet fiscal", rapprocher planchers et plafonds des différentes aides et remettre une vraie solidarité dans une France économiquement relancée... Ce serait le Pérou, n’est-il pas ?
Rédigé par : Ozenfant | 16 juillet 2007 à 16:44
@ ozenfant
On peut aussi lancer 100 idées et obtenir 10 catastrophes, sans aucune réussite, c'est fréquent. Tout dépend de celui qui décide de lancer les idées, en général le chef. Plus autoproclamé est il , plus proclamé il sera. La méthode Coué, on apprécie ou pas mais c'est assez efficace pour ce genre d'activité.
Pour la parabole de l'entreprise, je crois savoir que la responsabilité du management c'est de tenir compte de la conjoncture, sinon, de quoi d'autre sont ils responsables.
Mis à part les catastrophes naturelles, le reste, ils ont les moyens de le voir venir.
Je ne suis pas certain que soit si souvent leur compétence première.
Rédigé par : olaf | 16 juillet 2007 à 21:18
Je crois qu'il y a encore bien des malentendus au sujet de ce pragmatisme que je défends.
Malakine :
"Le pragmatisme, c'est bien gentil, mais à moins de théoriser une méthode de gouvernement, il ne permet pas de construire le moindre discours. "
Jamais je n'ai pensé qu'il suffisait à lui seul.
Mon article est une invitation à essayer de regarder autrement, Point.
Concernant Sarkozy :
j'ai présenté une des facettes, parce que je trouvais qu'on ne s'interrogeait pas assez là-dessus. Ca ne m'empêche pas d'entendre ni de voir la face idéologique.
A mon avis (j'y reviens, c'est plus fort que moi... :-) ), ce sont justement ses mesures les plus idéologiques qui le perdront. Cf les mesures actuelles pour permettre de "travailler plus pour gagner plus" : le cas typique de mesures aveugles, déterminées par une idée abstraite, et qui refusent d'admettre leurs effets pervers. Droit dans l'mur, j'vous dis !! :-)
Au lieu de quoi, s'il essaie de sortir un peu de cette idéologie, il sera à la fois capable de mener une politique un peu moins mauvaise, et de garder un assentiment plus large.
Rédigé par : Boréale | 16 juillet 2007 à 22:00
Article bien trop long - pour MOI - :) !
J'ai tenté de remplacer SARKOZY par ROYAL (§ de la position trans-clivages...) : étonnant !
Ensuite je me suis lassé ...
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 16 juillet 2007 à 22:58
@Olaf,
En matière de créations d'entreprise, ont sait que 3 nouvelles affaires sur 4 vont faire faillite dans les 2 ou 3 années suivant le lancement. Ce n'est pas grave !
C'est une erreur d'intellectuels assis d'avoir peur des erreurs. Tous les actifs savent qu'ils font 10 erreurs par jour, car ils ont le retour immédiat du réel.
Tous les savants qui comptent tous les vrais scientifiques en ont fait la démonstration:
ON NE PROGRESSE QUE PAR L'ERREUR.
C'est pour cela qu'il n'y a d'intelligence vraie QUE dans l'action.
La seule erreur vraiment néfaste, c'est de ne pas corriger une erreur dès qu'on la repère, par orgueil mal placé ou par idéologie. Toute la recherche appliquée procède par le "step by step": Erreur, correction, erreur correction, erreur correction.
C'est aussi ça le pragmatisme !
Rédigé par : Ozenfant | 17 juillet 2007 à 09:32
@Olaf,
Désolé, je n'ai répondu qu'à la première partie de votre post.
En ce qui concerne l'entreprise, je ne suis pas manichéen.
je ne dis pas qu'on ne doit pas tenir compte de la conjoncture (bien évidemment), je dis qu'en dépit d'une conjoncture défavorable on doit se battre pour que l'entreprise compense cette conjoncture.
Donc se REMETTRE en CAUSE même si l'on sait que la conjoncture est probablement responsable (tout ou partie) d'une baisse de charge. Ceci parce qu'un chef d'entreprise responsable doit être conscient des erreurs de pronostics toujours possibles (et ho ! combien fréquentes) de la part de son gestionnaire ou de son chef comptable.
J.L. Lagardère était ingénieur (et non issu d'HEC), mais il avait le pragmatisme nécessaire pour faire les bons choix économiques.
Quand au créateur de Matra, le milliardaire Sylvain Floirat, le périgourdin, il fut d'abord petit carrossier à St Denis (cars Floirat).
@Boréale,
Si l’idéologie permet un discours idéologique, le pragmatisme peut donner lieu à un discours pragmatique, De Gaulle ne s’en privait pas !
Rédigé par : Ozenfant | 17 juillet 2007 à 10:02
@ ozenfant
Je considère être plutôt un actif qu'un intellectuel assis. Il peut y avoir aussi des intellectuels debout.
Pour ce qui est des erreurs, ce sont des pas-intellectuels assis qui les répètent d'autant plus qu'ils ont le pouvoir de décision et de sanction concernant des domaines dans lesquels ils n'ont pas de compétences ni d'expérience. Ce qui les conduit à persévérer dans leurs choix navrants que la réalité confirme au bout d'un temps qui peut être assez long. A ce moment, c'est la conjoncture, la fiscalité, le droit du travail, et j'en passe, qui sont incriminés. La boutade du chef qui a toujours raison parce qu'il est le chef est malheureusement très fréquente, y compris chez des jeunes qui deviennent d'autant plus présomptueux qu'ils sont galonnés.
Mon expérience et celle d'amis m'a montré que c'est très fréquent et que que les Floirat et JL Lagardère semblent assez rares.
Le tropisme autoritaire et arbitraire est me semble-t-il prédominant dans une époque où c'est la transversalité des compétences et le plaisir d'être actif qui permettent d'envisager l'avenir.
Bien des cadres dirigeants d'entreprise me semblent plus archaïques que leurs prédécesseurs. Leur pc portable, téléphone portable et novlangue pseudo moderne ne change rien au fond du problème.
Souvent le pouvoir aboutit à une nécrose des aptitudes d'analyse, quand elles existent.
Donc, il y a aussi des actifs qui ne pensent pas. Un peu le travailler plus plutôt que le travailler mieux.
Toujours est il, penser que l'innovation sujette à tant d'incantations par les temps actuels se fera dans un tel contexte est inadéquat. L'étude et la compréhension de ce qu'est l'innovation ne passe pas par des incantations et des approches quantitatives du nombre d'heures travaillées mesurées par une pointeuse.
Dans ce sens, les discours de Sarko et de sa clique relèvent du
XIX ème siècle, et encore, plutôt du monde romain.
Rédigé par : olaf | 17 juillet 2007 à 13:19
@Olaf,
Bien d'accord avec tout ce que vous venez de dire, la seule chose qui m'avait choquée dans votre antépénultième post, c'était votre peur des décisions erronées !
Quand aux exemples de Floirat et Lagardère, bien sur qu'ils sont exceptionnels à ce niveau là.
Pas pour des raisons de compétences d'ailleurs, mais par le co-optage systématiques et le corporatisme qui, SPECIFICITE FRANCAISE OBLIGE, barre les compétences réelles exprimées sur le terrain au profit des copains d'HEC (ou autre).
Les "Floirats" sont assez nombreux dans les PME les plus dynamiques. Sinon, rien de ce que vous dîtes sur le travail n'est antagoniste avec ce que je dis.
Les exemples n'ont pas force de généralité, je pense que c'est évident pour tout le monde.
Pour parler d'autre chose... de Franck Herbert à Dan Simmonds:
De "Découvrir les choses à l'intérieur des choses." à "Refaites vos choix"... chez les B&B's.
Rédigé par : Ozenfant | 17 juillet 2007 à 19:25
Sarkozy a, tout au long de sa campagne, voulu être le candidat de la rupture. En tenant ces propos, il évitait toute critique de son action en tant que ministre de son prédécesseur et de la politique qui avait été menée par son parti depuis 5 ans.
Arriver ainsi à renier les actions du Ministre Sarkozy sans le dire, en clamant qu’il a changé est très fort. Tous ses opposants à l’élection présidentielle s’y sont laissé prendre.
Seules les mesures impopulaires qu’il ne manquera pas de prendre pourront l’amener à sa perte. La mise en cause du droit de grève pourra constituer le détonateur sauf à ce qu’il recule suffisamment pour calmer les syndicats.
La réduction du personnel du corps enseignant risque de faire bouger une part importante de la population. Le personnel médical qui pensait « gagner plus » car il travaillait déjà plus risque de se révolter de ne pas pouvoir ni bénéficier des « RTT » pour cause de pénurie de médecins et d’infirmières et à qui on refuse de payer les heures supplémentaires efffectuées faute de moyens financiers.
La rentrée de septembre 2007 risque d’être chaude.
Rédigé par : Constantin | 17 juillet 2007 à 20:09
@ ozenfant
Je ne comprends pas ce qu'il y a de choquant à avoir peur, disons plutôt s'inquiéter, des décisions erronées. De même qu'il est sensé de freiner ou de tourner le volant quand on va dans le mur. Pas besoin de décider de faire des erreurs pour se faire le plaisir de les corriger ensuite.
En revanche, je comprends que l'optimisme volontariste puisse être quelque peu source de cécité.
Quant à mes exemples, ils commencent à être nombreux et correspondent aux autres nombreux exemples citables par des amis exerçant et ayant exercé dans de nombreuses entreprises.
Encore une fois, moi même et mes relations sommes peut une bande d'exceptionnels malchanceux, une tribu de maudits. La perte de compétitivité de la France en terme d'innovation et de qualité, surtout par rapport à l'Allemagne, mais aussi d'autres pays, est sans doute un phénomène sans signification, un artefact isolé.
Selon les principes de la statistique, un échantillon de taille inférieure à 50 ( qui est la valeur optimale proche de l'exhaustif ), disons qu'à partir de 5 on commence à montrer des sérieuses tendances. Au delà des statistiques certains autres types d'analyses de processus permettent de recouper les tendances statistiques. En bref, qu'un exemple ne fasse pas généralité c'est évident, à partir d'un certain nombre les exemples commencent à permettre d'en conclure une généralité.
Vous citiez les scientifiques. Eh bien c'est ainsi qu'ils procèdent, en utilisant les outils de la rationalité pour établir une dialectique avec le réel. L'optimisme ne peut pas effacer ça.
Rédigé par : olaf | 17 juillet 2007 à 22:45
Olaf,
Encore une fois, je suis d'accord avec ce que vous dîtes et notre unique divergence vient de l'appréciation du mot "erreur".
J'ai géré une S.A. et trois SARL, j'ai donc comme tout être humain commis des erreurs chaque jour.
De chacune de ces erreurs naît une expérience bénéfique.
Ce qui est grave c’est de ne pas être conscient de ses propres erreurs car ceux là... LES INFAILLIBLES ne les découvrent jamais... leurs erreurs, ils n’en tirent donc jamais de leçons et ne sont jamais à même de les corriger. Comme le dit oscar Wilde:
«L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs !»
Tout scientifique qui à été au sommet de la pyramide, même dans le plus mineur domaine qui soit, sait qu’il n’existe de progrès que grâce aux erreurs. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas là dedans ?
Quand aux décision erronées, elles viennent bien souvent de l’application des idées reçues dans les écoles de commerce. Car si vous écoutez aveuglément votre expert comptable ou votre jeune cadre issu de l’Essec, alors là, votre faillite n’est pas loin... Dieu ! ce qu’ils peuvent raconter comme conneries !
Encore une fois, écoutez les plus grands savants qui ont tutoyé le sommet de la compréhension humaine: ils disent tous la même chose ou presque: de « Les grandes écoles n’ont d’intérêt qu’en tant qu’exercice de discrimination » (Henry Laborit) à « L'imagination est plus importante que le savoir.» d’Albert Einstein.
A chaque fois que vous me répondez, c’est comme si vous considériez que je disais qu’il faut faire des conneries volontairement !
A chaque fois que vous me répondez, c’est comme si vous considériez que je disais qu’il n’existe pas de chefs d’entreprises cons ET expérimentés.
Je dis juste l’inverse « CROIRE QU’ON PEUT ÊTRE EXEMPT D’ERREUR, C’EST LA MEILLEURE MANIERE D’ÊTRE SUR D’EN COMMETRE ».
Rédigé par : Ozenfant | 18 juillet 2007 à 11:33
«L'expérience, c'est le nom que chacun donne à ses erreurs !»
C'est bien vu.
Rédigé par : Boréale | 18 juillet 2007 à 13:08
@ ozenfant ( allons enfants de...)
Sur le fond nous sommes assez d'accord, seulement certaines formulations m'apparaissaient ambiguës.Ceci dit, il n'y a rien que je ne veuille pas comprendre.
Le problème ne se limite pas qu'aux HEC et autres sup de co, quoique j'en ai rencontré de convenables, on le retrouve aussi chez des ingénieurs. A tel point que l'innovation et l'expertise technique se fait très souvent bien mieux par les techniciens Bac+2 un peu expérimentés et bien plus observateurs, curieux et créatifs, tout ça pour une reconnaissance faible et un salaire proche du lance pierre.
Du côté des avocats liés au monde de l'entreprise, c'est pas mal non plus. Il est délicat de trouver la perle rare, c'est à dire un avocat normal qui connaît les stratégies, les jurisprudences et est diligent dans les délais. Faute de quoi c'est la perte de procès et des honoraires versés.
Pour la science, je ne suis pas en haut de la pyramide, mais j'en ai connu( physiciens - INLN ), et c'est gratiné ce qui s'y passe, cf. livre "Rien ne va plus en physique !" :
" Les aînés ont trop de sécurité du travail, trop de pouvoir et trop peu de responsabilités; les jeunes ont trop peu de sécurité du travail, trop peu de pouvoir et beaucoup trop de responsabilités, tout ceci au zénith de leur période créative et la plus ouverte aux risques." p 444
Dans la recherche privée, je connais, c'est embauche pour les moins de 30 ans. Autrement dit l'expérience qui a permis de rencontrer divers cas de figures de résolution de problème, ça vaut rien. En somme, il est misé essentiellement sur des personnes sans ou avec peu d'expérience pour des activités qui sont reconnues de plus en plus stratégiques. Amusant...ce qui se passe. D'ailleurs le gouvernement de Sarko est un peu de cet acabit là. Comme quoi c'est dans l'air du temps.
Peut être que la malléabilité, au mauvais sens du terme, n'y est pas pour rien.
Rédigé par : olaf | 18 juillet 2007 à 20:37
Olaf,
Nous finissons par nous rejoindre, peut-être en effet que mes formulations n'étaient pas assez précise... encore des erreurs !
Rédigé par : Ozenfant | 19 juillet 2007 à 08:53