« On aurait le tort de penser qu’on a touché le fond. Il reste un étage en dessous » me disait un élu MRC(1) le lendemain de la défaite de Ségolène Royal. Il est vrai que le spectacle que donne la gauche dans son ensemble depuis le soir du 6 Mai n’invite guère à l’optimisme. La faillite idéologique de la gauche et son degré de décomposition apparaît tel qu’on peut effectivement s’interroger sur la possibilité de survie d’une gauche en tant que force d’alternance.
La présidentielle n’a pas finit de prod uire ses effets dans le paysage politique. L’exceptionnelle campagne qu’à mené Nicolas Sarkozy, dont Jean Pierre Chevènement lui-même, a salué lors du grand jury la qualité et le professionnalisme, lui a permis de réalisé un véritable hold-up idéologique sur toutes les questions qui travaillaient l’inconscient collectif de la nation française et ainsi d’assécher, peut-être durablement, toutes ses oppositions potentielles, du FN à l’extrême gauche.
Après s’être emparé des thématiques d’ordre pour vider le programme du FN de sa substance, puis de la valeur travail avec un discours ouvriériste et anti-assistanat pour couper la gauche de sa base populaire, il s’est attaqué dans la dernière séquence à l’électorat centriste avec une tentative d’ouverture et l’engagement de négociations immédiates avec les syndicats. Du grand art ! Il n’y a plus aujourd’hui aucun thème porteur dans l’opinion qui ne soit pas portées par Sarkozy.
Avant de se poser en terme de leadership ou de recomposition partisane, la refondation de la gauche passe d’abord par la redéfinition d’une doctrine politique alternative au Sarkozysme. Or ce défi apparaît aujourd’hui impossible tant le nouveau pouvoir incarne un renouveau politique. La gauche est aujourd’hui exposée au syndrome de la double contrainte. Impossible de camper dans une opposition frontale qui la couperait de tous ceux pour qui Sarkozy représente un espoir de changement et ont adhéré à tout ou partie à son discours de rupture. Impossible également de le soutenir, même de manière critique, après l’avoir autant diabolisé.
Dans l’incapacité de parler du fond, la gauche a donc repris son jeu de guerre intestine habituel. Le spectacle qu’elle donne depuis le 6 mai au soir est affligeant.
Le retour du combat des chefs
On pouvait s’attendre à des attaques contre la candidate et sa campagne venant de la gauche du PS, ceux qui ont fait une indigestion de son style télévangélique, qui n’ont pas supporté sa sociale-démocratie rêvée et que la tentation de l’alliance au centre ont révulsé. Ces attaques sur le contenu de la campagne de Ségolène Royal, qui auraient pu dessiner une voie alternative, n’ont malheureusement pas eu lieu.
Jean Pierre Chevènement reste le premier des Ségolénistes et semble s’être fixé comme ambition de demeurer le dernier à lui rester fidèle. Laurent Fabius, à force de simplifier son expression, ne semble plus capable que de faire des phrases incluant les mots gauche et droite, au point de ressembler de plus en plus à un porte parle du parti communiste. Henri Emmanuelli et Jean Luc Mélanchon restent muets, apparemment paralysés par leurs doutes et leurs questionnements.
Depuis 10 jours, les polémiques ont déserté le champ des idées pour s’exprimer sous la forme d’un jeu de rôle où l’enjeu se résume à prendre ou à défendre des positions en vue du contrôle du parti et de la prochaine présidentielle.
C’est finalement de DSK que sont venues les attaques les plus vives, pourtant celui qui avait le moins de raisons d’attaquer la campagne de Ségolène Royal sur son contenu. Il s’en est d’ailleurs bien gardé, préférant des critiques sur la méthode et le mode de préparation de la campagne. Il reste en fait fidèle au logiciel en vigueur au PS dans le combat contre « la droite » : la foi dans le principe de l’alternance et l’avancement à l’ancienneté. Sortez les sortants et à moi la place !
En réponse, François Hollande, toujours aussi dramatiquement à court d’idées, propose un grand parti de la gauche, comme si le PS ne l’était pas déjà. Et quel nom propose t-il à ce nouveau parti ? « La Gauche », sans aucune autre référence doctrinale. Difficile de faire plus révélateur de ce qu’est devenu le PS.
Le déclin du PS est déjà bien engagé
Les hiérarques socialistes se sont engagés sur une pente d’autodestruction. Les législatives s’annoncent périlleuses. Le PS va devoir faire face à la remontée d’une extrême gauche libérée du poids du vote utile, à l’offensive du mouvement démocrate qui se pose désormais en rival dans l’opposition au Sarkozysme et surtout à la formidable vague UMP qui devrait amplifier les résultats de l’élection présidentielle. Que restera t-il du PS dans quelques semaines ? Paradoxalement, il aurait d’ailleurs tout intérêt à un échec cuisant qui ramènerait sa place électorale à la réalité de ce qu’il pèse dans la vie intellectuelle et politique du pays. Un succès relatif ne ferait que le conforter dans un statut bien trop confortable d’opposition institutionnelle sensé le ramener mécaniquement au pouvoir par le jeu de l’alternance et, qui, dans l’attente, lui permettra de conforter ses positions lors des élections locales.
Le parti socialiste n’est pas menacé de disparition brutale en tant qu’organisation politique. Son assise locale est trop importante pour craindre une scission ou une hémorragie de ses cadres. Le danger qui le guette est en revanche, celui d’une perte complète d’influence et de crédibilité sur le plan national. Depuis la fin du Mitterandisme, il a perdu 4 des 5 élections qui pouvaient l’amener au pouvoir (93, 95, 2002, 2007) et n’a gagné qu’une, dans le contexte très particulier de la dissolution de 1997. Le déclin est déjà bien engagé et il est structurel.
Pour se reconstituer en force d’alternance, le PS doit à la fois adapter son fonctionnement à nos institutions de plus en plus présidentialistes, et refonder sa doctrine. Les deux chantiers paraissent d’une difficulté quasi insurmontable.
L’impossible présidentialisation
Jospin a organisé une hyper présidentialisation du régime avec l’inversion du calendrier. Le PS est pourtant resté dans sa culture parlementaire dans laquelle le collectif prévaut sur l’individu. Tout le monde a salué les primaires socialistes comme un grand moment de démocratie. Elles étaient pourtant une hérésie sur le plan de la logique institutionnelle. Arrêter d’abord un programme de compromis, choisir son candidat sur cette base, puis lui laisser toute latitude pour aller à la rencontre du peuple dans une logique gaullienne au risque de le laisser dériver par rapport aux orientations du parti, n’avait absolument aucun sens.
Si le PS veut produire des présidentiables, il doit devenir une machine de guerre au service de l’ambition d’un homme (ou d’une femme), comme le RPR l’a été pour Chirac, l’UMP pour Sarkozy et comme le sera le mouvement démocrate pour Bayrou. Dans ce schéma, le collectif n’existe que par le soutien à un individu, et celui-ci n’en est pas le porte parole. Il en est le chef, le guide, la clé de voute. En d’autres terme, pour que le PS s’adapte à la nouvelle donne institutionnelle, il devra adopter une culture politique « de droite ».
L'immense défi de la révolution doctrinale
Le deuxième problème est la question de la refondation doctrinale. Grâce au tour de force de Sarkozy, toutes les valeurs républicaines qui peuvent répondre aux aspirations populaires sont passées à droite : la réhabilitation du travail, du mérite et de l’effort, la critique de l’assistanat, le retour à la nation, au patriotisme et à l’idée de souveraineté, le protectionnisme européen comme réponse à la mondialisation financière, la réhabilitation de l’ordre de l’autorité et de la morale, l’assimilation des populations immigrées dans l’identité nationale, le retour à une politique industrielle interventionniste…
Si la gauche tombe dans le piège de faire de l’anti-droite en devenant encore plus libertaire, communautariste, droit de l’hommiste, différentialiste, européïste ou mondialiste, elle va s’enfermer de plus en plus dans un électorat de bobo de centre ville. Elle conservera la mairie de Paris et des grandes villes, mais perdra définitivement toute influence dans les milieux populaires et les régions industrielles. Le mouvement est d’ailleurs déjà bien engagé.
Le PS ne semble pas avoir d’autre voie que de se retourner vers les milieux populaires et tenter de récupérer l’électorat résiduel du Front national ainsi que celui qui se donne bonne conscience dans un vote protestataire antilibéral. Pour cela, il devra intégrer à son tour une dimension « populiste », ou autrement dit, développer un « Sarkozysme de gauche », dans le fond comme dans la forme. Mais aussi renouer avec une perspective de transformation sociale qu’il a perdu de vue depuis de nombreuses années.
Renouer avec les valeurs républicaines et les aspirations des milieux populaires, sans avoir peur de se droitiser ou pire, de se « lepéniser ». Oser la critique du capitalisme financier, de la mondialisation et de l’individualisme tout en proposant de nouveaux modes d’action qui soient autre chose qu’un Etat providence hypertrophié synonyme d’assistanat et de dette publique. Savoir articuler l’aspiration à l’égalité avec l’économie de marché. Voilà l’enjeu de la refondation.
Le PS n’a pas su, ou pas voulu, s’atteler à ce chantier depuis 20 ans. On ne voit pas pourquoi il en aurait plus la capacité aujourd’hui. On ne voit d’ailleurs personne qui pourrait oser relever un tel défi et avoir une telle ambition pour lui-même, son pays et son peuple. On se demande d’ailleurs ce qu’un tel homme ferait au parti socialiste …
Malakine
NB : Lire également sur le thème de la refondation de la gauche les articles très intéressants publiés récemment sur le site de la gauche républicaine
(1) Christian Proust, Président du Conseil général du Territoire de Belfort (MRC) de 1983 à 2004
Deux brefs commentaires.
Comme dit le proverbe: "qui trop emrasse mal étreint".
Sarkosy est un bateleur remarquable, comme l'était Chirac d'ailleurs, c'est l'épreuve du pouvoir qui le mettra au pieds du mur, et là ou il réussit, ou il laisse croire qu'il réussit (jusqu'à quand?) ou il se plante...
Rien ne retombe aussi vite qu'un soufflé!
Pour la gauche, rien ne sert de courir il faut partir à point et surtout il ne faut courir qu'un lièvre à la fois.
Les législatives suffisent bien à leur peine, après ils verront.
Chevènement propose une piste peut être digne d'intérêt.
Malakine voit loin, merci.
Malakine va aussi parfois un peu vite, trop vite pour moi?
Rédigé par : chav | 15 mai 2007 à 18:50
Malakine,
Pour moi, la plus forte présomption de la supposée bêtise de Ségolène (selon vous), c'est encore qu'elle est pu choisir Hollande comme concubin (joke) !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 15 mai 2007 à 19:47
Salut Malakine, j'ai moi-même consacré un billet à la révolution doctrinale, qui me semble être essentielle par rapport aux autres aspects.
Rédigé par : Toréador | 15 mai 2007 à 23:17
Malakine,
Non seulement l'incapacité de Hollande de faire autre chose que de la critique systématique et stérile de l'UMP paralyse le PS, mais surtout l'araignée Sarkozy est entrain de dévorer tout ce qui pouvait nourrir le P.S.sur sa droite.
Nicolas Sarkozy karchérise le PS et l'UDF: Bernard Koushner aurait accepté le Quai d’Orsay, souhaitons lui juste de ne pas être appelé un jour «le Con d’Orsay» lui aussi (c’était le surnom de D. Blazy).
Diplômés de « NORMAL SOUPE » (le Canard), Hervé Morin et Maurice Leroy sont les exemples type de la plus belle opération de tactique politique jamais réalisée en France: le décapage de l’opposition.
Qui est J.M. Baylet ? C’est le président des Radicaux de Gauche (Si, si, vous savez… le patron de Christiane Taubira). Je vous en parle, parce que ce Zombie, sentant le vent tourner, demande son ralliement aux Radicaux Valoisiens (Borloo), afin de faire partie de la majorité présidentielle. DU GRAND ART de la part de Sarkozy !
Et le PS, bavard et comme hypnotisé, s'active à ne rien faire.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 16 mai 2007 à 09:16
L'unité du parti à travers la synthèse… Est-ce que tout cela a vécu ? Probablement.
Au point où en est le PS, je crois qu'il ne peut y avoir de véritable réforme sans clash, ni sans que ce clash trouve son incarnation dans un leader porteur d'un message politique compréhensible. Mais qui en prendra l'initiative ?
DSK sur l'aile droite ? Cela fait bien longtemps qu'il a loupé son 18 juin.
L'aile gauche du parti avec Fabius ? je n'y crois pas davantage et puis, la vie politique, au fond, c'est un éternel recommencement. Il y a toujours une élection à préparer pour s'interdire finalement tout bouleversement gravement préjudiciable dans l'instant.
Rédigé par : Marcus | 16 mai 2007 à 15:52
Menaçant de remettre en cause son accord électoral pour les législatives, le Parti socialiste avait réclamé au président du Parti radical de gauche (PRG) une "clarification publique" de ses intentions de fusion avec les radicaux Valoisiens (Borloo). Jean-Michel Baylet après avoir été sévèrement puni par sa maîtresse sado-maso (Christiane Taubira), déclare:
"Nous combattons Nicolas Sarkozy et nous ne changeons pas. Il n'y a pas de virage du tout, il n'y a pas de changement du tout dans nos stratégies".
Vous imaginez cette girouette avoir "une stratégie... vous ???
On se demande déjà pourquoi ce parti "godillot" n'est pas phagocyté par le PS, puisqu'il n'existe QUE par le PS, comme l'ancien UDF n'existe que par l'UMP (ce qui explique bien sûr la trahison des députés de "Normal Soupe", Hervé Morin et Maurice Leroy).
On ne voit pas comment les crânes épais des éléphants pourraient se libérer de toutes ces idées reçues figées sur des concepts de clivage droite/gauche simplistes et purement idéologiques.
Comment ces cortex sclérosés peuvent-ils évoluer alors qu'ils sont gelés dans des schémas de pensée manichéens croyant encore qu'il existe des politiques économique de droite et de gauche, alors que les options sont d'un tout autre ordre (technique fiscale, patriotisme économique, protectionnisme, etc. etc.). Seul le volet social et donc l'assiette de la répartition des richesses, peut-être de droite ou de gauche.
La gauche caviar a toujours refusé de l'admettre, car elle aurait été obligée de mettre la main à la poche.
Et la SOLIDARITE, c'est pas son truc, au vieux PS !
Qui peut faire exploser la direction des pachydermes cacochymes ?
Ce serait pourtant plus réaliste que d'essayer de les guérir de ce cancer de l'âme que sont les certitudes idéologiques.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 mai 2007 à 10:08
En tout cas une chose semble de plus en plus claire : pour sauver la gauche et pour qu'il existe une opposition digne de ce nom à Sarko, il faut que le PS implose (ou explose, ne soyons pas regardants).
S'il n'arrive pas à le faire aidons le : pour les législatives, je propose le "Tout-sauf-PS" !!!
Rédigé par : aiolive | 17 mai 2007 à 13:49
Ailoive
Après la bayrouisation il nous sert l'atomisation.
Le mode de scrutin ne permet que le vote PS et alliés pour faire contrepoids à l'UMP.
je sais que pour ailoive ce conterpoids PS n'existe pas, mais entre rien et rien, autant arrêter le n'importe quoi, on est déjà bien servi, merci.
Rédigé par : chav | 17 mai 2007 à 20:15
Bonjour Chav
Au delà de mon expression provocatrice, les faits sont là :
- Sarko aura les pleins pouvoirs pour 5 ans ; les jeux sont faits quant à la future majorité qui sera écrasante, d'autant que seul Sarko semble se rappeler que nous sommes toujours en campagne électorale
- le PS une fois de plus n'aura RIEN à proposer d'autre que de "l'anti-droite" confuse : ce parti est toujours aussi incohérent, offre le spectacle lamentable de son autisme et de son incapacité à avoir un discours clair, mobilisateur et répondant aux attentes de l'électorat (il est vrai que Sarko ne les aide pas)
- son rôle sera encore une fois négatif : en retardant encore l'expression d'un discours de gauche non libérale, en contribuant au laminage de Bayrou et de l'opposition social-démocrate
- le problème n'est même plus le nombre de sièges à l'assemblée, mais d'avoir au plus vite les bases d'une refondation de la gauche (j'adhère à la plupart des analyses de Malakine sur ce point)
- Sarko est en ce moment maître de tous les jeux et de tous les thèmes, sa stratégie d'occupation du terrain médiatique fait merveille; même si c'est difficile il faut sortir de cette gravitation imposée autour de lui et pour cela il faut d'abord créer un nouveau pôle d'attraction, même modeste au départ
Voter PS aux législatives ne servira à rien d'autre qu'à retarder encore la refondation de la gauche.
Pour moi, si on veut voter pour une opposition à la majorité présidentielle il faut soit donner sa voix aux socio-démocrates et donc à Bayrou, soit donner sa voix au candidat de gauche non PS le plus proche de vos idées (les oui-ouistes au MD, les autres en fonction de ce qu'ils trouveront)
Cordialement
NB - je rappelle que mes diatribes anti-PS ne visent pas les militants que respecte même si je pense qu'ils s'abusent, mais ses dirigeants cacochymes toutes tendances confondues à de très rares exceptions près
Rédigé par : aiolive | 17 mai 2007 à 22:52
A Aiolive.
Non, vous ne visez pas les militants ps.
Mais, vous avez matraqué la candidate qu'ils ont eux mêmes désigné.
Mais vous tirez à boulets "rouges" sur leur parti.
Mais vous appelez à tout faire pour leur nuire et voter contre leurs candidats à toutes les élections.
Ceci étant je ne suis pas encarté au ps et donc vois tout çà de façon distanciée... mais clairement, car votre message est clair, si vous ne visez pas les militants ps, alors vous les traitez d'abrutis, d'incapables, de stupides, d'inconséquents... à longueur de commentaires, à eux d'en juger et de vous répondre.
Pour ce qui concerne la Recomposition, quel grd mot.
Vous aurez l'embaras du choix sans doute, ds ma circonscription j'ai compté 17 panneaux pour les législatives.
J'espère que vous aurez la même palette de dispersion et continuerez à nous "éclairer" dans ce dédale de la recomposition politique qui n'interesse plus maintenant qu'une poignée d'observateurs dont les états d'ame et échange n'interressent qu'eux mêmes, il est vrai que nous n'avons peut être rien de mieux à faire.
A+, c'est tellement bon de taper (sur son clavier)ds le vide.
Rédigé par : chav | 17 mai 2007 à 23:15
Désolé chav, mais je suis assez d'accord avec Aiolive, à la différence près, c'est que je suis extrêmement pessimiste quand à la persective de recomposition et de la possibilité d'émergence d'une nouvelle gauche.
La bonne nouvelle de la dernière séquence c'est que Ségolène Royal semble avoir disparue du paysage. La déclaration de Hollande indiquant que le PS n'avait pas d'argent à consacrer dans son meetig du remerciement est plutôt rassurante. La première chose que le PS doit faire c'est se déségoléniser.
Rédigé par : malakine | 18 mai 2007 à 10:13
Je pronostique que tant qu'aucun nouveau leader ne se manifestera le PS ne se "déségolénisera" pas.
Remarque : ni Hollande, ni Fabius, ni DSK ne sont, aux yeux des militants, les "leaders" alternatifs espérés.
Il semble y avoir chez bon nombre de militants de base un besoin, une espérance de se sentir représentés par une personnalité "proche" d'eux.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 19 mai 2007 à 00:57
Chav,
Mes positions vous ont peut-être heurté, mais si vous relisez mes commentaires vous constaterez que jamais je ne m'en suis pris à Royal, à part pour dire que j'étais insensible à sa campagne.
Je n'ai jamais traité les électeurs PS d'abrutis, j'ai trop d'amis qui votent PS pour cela, et jamais je ne reprocherai à quelqu'un de voter pour ses idées même si je ne les partage pas. Ensuite, si je ne les partage pas, j'essaie de convaincre ou d'échanger des arguments (il m'arrive même parfois de changer d'avis, si si). Et c’est vrai que j’aime bien « ferrailler » à l’oral comme à l’écrit, mais bon c’est comme au rugby, à la fin du match on boit un coup.
Mon choix Bayrou, encore une fois, était celui de quelqu'un qui n'aurait pas voté PS. Pour moi voter PS ou Bayrou c'était pareil : je ne votais pas « pour » mais contre Sarko.
Pour moi quand on a voté Chirac pour éviter Le Pen on peut voter Bayrou pour éviter Sarko, et j’avoue que les pudibonderies du genre « quelle horreur Bayrou est de droite » m’ont passablement irrité (je ne parle pas d'Horizons). Faut savoir ce qu’on veut, et si on voulait vraiment éviter Sarko il ne fallait pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis.
Enfin bref, oui, j’en veux au PS, que je considère comme le premier ennemi de la, gauche depuis de nombreuses années. Cela ne fait pas de moi un extrémiste, et je serais le premier supporter d’un PS clairement noniste et proposant autre chose que l’accompagnement de la loi du plus fort (ce que j’appelle vaseline). Mais oui, c’est vrai, je n’aspire qu’à la disparition du PS actuel. Pardonnez-moi si en tant que citoyen « de gauche » je me sens dans la situation de l’agressé rancunier plus que de l’agresseur. Il avait qu’à être de gauche le PS, et je n’aurais pas moufté.
Quant à la recomposition de la gauche, je suis aussi pessimiste que vous et Malakine, mais ce que je sais, c’est que la France en a besoin.
Nous sommes entrés en Sarkosie, un monde de propagande permanente qui dissimulera la froide application du libéralisme financier. Le coup d’envoi sera donné à l’issue des prochaines législatives.
Comme Malakine l’a très bien analysé, Sarko a préempté la plupart des thèmes rassembleurs ; la gauche est condamnée à innover.
Une chose est sûre : Sarko ne proposera pas de solutions aux maux du libéralisme, pas plus qu’à la destruction de la planète ; je pense que c’est de ce côté-là qu’il faut chercher, j’ai des débuts d’idées mais reste demandeur !!!
Bien cordialement
Rédigé par : aiolive | 19 mai 2007 à 03:13
A Ailolive.
Votre analyse n'est pas contestable en valeur absolue, mais en réalisme politique immédiat elle se heurte aux réalités politiques du mode de scrutin et de la structuration polotico-médiatique.
Ds ce contexte, il est nécéssaire de préserver un champs politique à l'assemblée.
je ne défend pas le ps car comme vous lui reproche maintes dérives et erreurs mais il n'existe pas d'alternatives crédibles entre une extrème gauche (des personnes incapables de s'entendre entre eux sur la couleur du crotin) et des partis sans militants et sans moyens du style mrc ou radicaux, voir même verts...
Alors entre un champs totalement libre à un sarkosy déchainé et sans garde fous et un ps aussi nul soit il mais capable au moins de lui tenir tête à l'assemblée quel est le meilleur choix?
Bayrou est renvoyé à ses chères études centristes, c'est politiquement je le pense un moribond, mais bon attendons les législatives. Il faudra réfléchir aussi électoralement sur le trouble que cette candidature aura jeté.
Une dernière chose l'UDF est belle et bien de droite, le ralliement massif de tous ses caciques le démontre mieux que tous discours, bayrou n'a utilisé son positionement qu'en terme de posture tactique, insuffisament pour l'emporter et suffisament pour atomiser le bloc anti sarko et permettre la victoire de ce dernier...
Au jeu des analyses on peut faire dire tout et n'importe quoi, peut être est ce moi qui dit n'importe quoi ou vous, notre débat dual est sans interets et stérile sans apports extérieurs.
Une chose sur laquelle je vous rejoint le sarkoland est en route lancé à pleine vitesse... Je préfère essayer de le freiner plutot que de rêver à un hypothétique arrêt.
Certains peuvent être amener à laisser faire pour ensuite le "mal" passé reconstruire.
je ne pense pas que la reconstruction sur un champ de ruines soit une solution.
"Vive la mort" c'était le slogan des franquistes pendant la guerre civile espagnole, très peu pour moi.
Rédigé par : chav | 19 mai 2007 à 10:02
Ailolive a probablement raison sur tous les plans.
En tous cas au plan tactique comme au plan moral.
Pourquoi ?
Parce que dans tous les cas de figures, le mode de scrutin va donner une majorité absolue à l'UMP, comme cela à été le cas depuis cinq ans.
Se tirlipoter intellectuellement pour savoir si la majorité absolue de l'UMP sera de 55% plutôt que de 75% à l'assemblée nationale, est une activité dérisoire.
Ce qu'il faut organiser, comme le dit Ailolive, c'est donc "l'après Big-bang" du PS.
Bayrou est peut-être déjà du passé (chav), mais les 70.000 inscriptions spontanée du Mo-dem démontre que si le mode de scrutin le condamne à la portion congrue, les électeurs, eux ont bien saisi la nécessité d'un groupe politique neutre et donc relativement objectif.
Groupe refusant le sectarisme puéril des apparatchiks du PS Hollande/Dray comme celui de ses caciques pachydermiques.
La réaction de Manuel Vals, à contrario à été exemplaire en ce qui concerne l'ouverture de Sarkozy.... cela change des habituelles réactions de cour de récrée.
J'appelle de tout mon coeur un PS "chantourneboulé" avec les quadras/quinquas les "jeunes Turc du NPS" les Chevènementistes et tous ceux qui refusent le fanatisme idéologique et pensent qu'il faut écouter les électeurs et non demander aux électeurs de suivre les options arriérées d'un PS exsangue. Le vote tactique pour le modem aux législatives n’est peut-être pas une solution aussi vaine qu’elle peut apparaître au premier abord !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 19 mai 2007 à 10:41
70000 qui y croit?
Il fallait adhérer pdt la campagne.
Jeunes turcs.... je suis d'ascendance arménienne via l'Argentine alors jeunes turcs.
45% de députés c'est plus efficace que 10%, gilbert en tant que chevènementiste vous devez savoir de quoi vous parlez.
Vous êtes ds votre créneau: "viva la muerte".
Sans moi, désolé.
Rédigé par : chav | 19 mai 2007 à 12:49
Voyons ce que dit Eolas sur le PS (dont il est proche):
"Grotesque François Hollande"
Le premier secrétaire du parti socialiste vient opportunément nous rappeler pourquoi son parti vient de subir une déroute électorale et va s'en prendre une autre dans un mois.
"[Bernard Kouchner] est exclu de fait aujourd'hui, annonce François Hollande (...)
Le droit n'apprécie pas les exclusions "de fait" à effet "automatique."
Parce que la dernière fois que j'ai lu les statuts du parti socialiste, seule la Commission des conflits est compétente pour prononcer une exclusion (art. 11.5) et que l'article 11.9 des mêmes statuts du PS précise que "Aucune sanction ne pourra être prise sans que les parties aient été convoquées pour être entendues contradictoirement (...) Bref, en annonçant publiquement l'exclusion "de fait" et "automatique" de Bernard Kouchner, François Hollande viole les statuts du parti qu'il dirige (...) Amusant pour le dirigeant d'un parti présentant le président récemment élu comme un danger pour les libertés publiques(...) Et comme le ridicule ne tue pas, François Hollande en met une deuxième couche sur Jean Pierre Jouyet, ami de trente ans, rencontré à l'ENA, ami du couple Hollande-Royal : Oui, dit le premier secrétaire du PS, j'ai perdu un ami car il est au service d'un gouvernement que je combats." Mais, précise M. Hollande, "Jouyet ne partageait plus nos convictions depuis un moment… 2004, sans doute.
« On est ami depuis trente ans, mais tu as accepté de participer au gouvernement de la République ? Fumier ! »
Si en plus François Hollande est incapable d'avoir des amis qui ne sont pas d'accord avec lui, je comprends bien mieux la crise au PS."
Maître Eolas
Mieux vaut un parti avec 0 député et un leader sain d'esprit qu'un parti qui n'aura pas plus la majorité avec 45% des députés (en fait s'il sont 25% ce sera déjà bien), avec Hollande à sa tête.
Moi je veux que mon parti soit sauvé, aggiormamenté, transforniboulé, modernisé, socialisé..... élu, ça sert à quoi, si le PS rest le PS !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 19 mai 2007 à 19:02
"VIVA LA MUERTE" bis repetita.
Vous ne répondez pas à ma question concernant l'expérience MRC, 0 député, 0 sénateur.....
Encore et tjs ce sens unique!!!!!!!!!!!!!!
Rédigé par : chav | 19 mai 2007 à 19:07
Comme c'est la trève doménicale, un petite perle sauvage à tous les MALAKINE fan's:
"Toute idée devrait être neutre; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences (...) Ainsi naissent les mythologies, les doctrines et les farces sanglantes (...) Point d'intolérance ou de prosélytisme qui ne révèle le fond bestial de l'enthousiasme.
Cioran
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 20 mai 2007 à 17:31
Menacée de disparition, non, mais certainement absente pour un bout de temps.
On découvre (c' est bien ce que vous dites, Malakine ?) que le "libéral" Sarkozy n' est pas si libéral que ça. Embêtant pour la gauche qui avait basé un bonne partie de sa campagne en attaquant ce qualificatif (en plus d' autres encore moins raisonnés).
Ce qui peut arriver le mieux au PS, c' est d' habiller le discours de Sarkozy de vocables bien dans la tradition et attendre que le pouvoir actuel se plante en cas de difficultés économiques. Alors, il pourra espérer reprendre le flambeau à la manière de Blair qui doit bien brûler un cierge à Maggie tous les soirs.
Ajoutons à cela que le PS n' est vraiment pas aidé sur sa gauche (voir par exemple les verts qui aujourd' hui critiquent le programme environnemental du gouvernement alors qu' il n' est même pas formulé ...).
Rédigé par : Erick | 21 mai 2007 à 15:57
Quand Gilbert Sorbier propose une citation de Cioran aux lecteurs d'Horizons dans son dernier post, cette prise de parole répond à une intention qui apparaît dès la phrase d'introduction d'apparence anodine : "Comme c'est la trêve dominicale…"
Le mot "trêve" évoque d'emblée une pause entre belligérants, un arrêt des combats ou de la guerre avant la reprise des hostilités, cependant que la dédicace "à tous les MALAKINE fan's" donne à entendre qu'ils sont tous entrés en bataille .D'autre part, le choix de cette citation s'inscrit et dans le contexte d'un débat en cours avec Chav et dans celui des débats antérieurs avec d'autres commentateurs, le plus récent ayant suivi l'élection de Nicolas Sarkozy . Avec cette citation, Gilbert Sorbier peut les discréditer sans en avoir l'air : la formulation générale les accuse indirectement de "projeter leurs démences" dans le débat politique, d'engendrer "des mythologies, des doctrines et des farces sanglantes" et de manifester "intolérance" ou "prosélytisme" avec un "enthousiasme bestial" . Ainsi, le respect affiché d'une prétendue trêve dominicale cache, sous l'invitation à la réflexion, une agression verbale destinée à piéger d'éventuels contradicteurs . L'accusation étant formulée de façon détournée et le message restant flou, l'émetteur se réserve la possibilité de reprocher à un adversaire qui se permettrait de protester ou son incapacité à comprendre la plaisanterie, ou sa susceptibilité voire sa paranoïa, ou encore de se déclarer victime d'un procès d'intention sinon de méchanceté gratuite .
Mieux, brandir cette citation lui permet d'éluder la question de Chav sur l'expérience MRC avec 0 député, 0 sénateur ; en effet, ce procédé substitue à la communication directe une "ILLUSION" de communication que, dans le chapitre 4 intitulé "La communication perverse" de son livre "Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien", Marie-France Hirigoyen décrit comme "une communication particulière non pas faite pour relier, mais pour éloigner et empêcher l'échange(…)" . Cette "distorsion de la communication", ce "dire sans dire est une façon habile de faire face à toute situation" : par le caractère "général et indirectement agressif" de la citation de Cioran, Gilbert Sorbier s'efforce "d'avoir le dessus dans l'échange verbal" . La place de la citation dans l'ensemble de l'échange montre que, faute d'argument convaincant à lui opposer, il agresse Chav indirectement dans l'espoir de lui faire abandonner la partie et d'avoir le dernier mot ou bien de l'entraîner à son tour dans l'agressivité, auquel cas cette manipulation pousserait l'adversaire à la faute . C'est pourquoi Gilbert Sorbier emprunte au vocabulaire belliqueux pour introduire sa citation : s'il entrait dans un débat argumenté, la communication directe serait susceptible de le conduire à remettre en cause ses propres certitudes et à changer d'avis ; au lieu de courir un tel risque, il préfère agresser le contradicteur qu'il prétend soit réduire au silence, soit condamner moralement .
L'analyse de ce post de Gilbert Sorbier a pour seul objet de démontrer l'emploi d'un mode pervers de communication dans le débat politique, c'est-à-dire dans ce qu'il révèle lui-même publiquement de son fonctionnement psychologique ; elle ne concerne nullement les autres domaines de sa vie personnelle . Les méthodes d'analyse sont celles de l'analyse des textes littéraires et les travaux de Marie-France Hirigoyen m'ont aidée à préciser le caractère pervers des procédés qui faussent le dialogue avec Chav comme avec d'autes MALAKINE fan's .
Rédigé par : Ilysa | 21 mai 2007 à 19:44
Chère Ilysa
Ne poussez vous pas un peu loin l'analyse sémantique ?
Sans parler de combats, nos positions différentes (mais sincères je pense pour chacun de nous) nous amènent à des joutes oratoires qui souvent font avancer le débat (j’en ai tiré personnellement profit dans mes réflexions) et dans les quelles nous avons tous nos travers.
- Gilbert aime (trop ?) donner des leçons et manier l'ironie, et doit sans doute comme beaucoup d’entre nous aimer avoir le dernier mot
- Chav le sanguin exprime rudement ses désaccords et verse facilement dans l'agressivité personnelle
- Vous même n'êtes pas exempte de quelques vacheries plus féminines et votre rhétorique parfois alambiquée n’est pas toujours exempte d’arrières pensées, non ?
- Je dois sans doute être plus violent dans mon expression que dans mes idées car je braque plus souvent que je ne convaincs si j’en crois beaucoup de réactions
- Etc.
Bref nous sommes humains, forcément toujours un peu manipulateurs quand nous voulons convaincre, et il me semble tous attachés aux valeurs républicaines. Il est même probable que nous pourrions passer un bon repas ensemble.
Finalement si nous sommes sur Horizons c’est que la chose publique nous intéresse voire nous passionne, et que nous défendons globalement l’intérêt collectif et la république face la primauté triomphante des intérêts individuels.
Nous dosons différemment la liberté et l’égalité, ne lésinons pas sur la fraternité entre blogueurs !
Cordialement
Rédigé par : aiolive | 23 mai 2007 à 23:37
Waoo!
Comme il est beau ton texte, Ailolive, je ne l'avais pas encore lu... je le reproduit de ce pas chez les B&B's:
http://blog-ccc.typepad.fr/
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 30 mai 2007 à 11:27
@ Aiolive
Vous abordez tant de points intéressants dans votre post que vous répondre de façon complète outrepasserait mes possibilités de réflexion et le cadre d’un simple commentaire et je vous prie d’excuser une réponse trop sommaire .
Il me faut aussi préciser que je me reconnais toujours dans les points de vue que Chav défend dans nos débats, même s’il arrive que son expression soit plus abrupte que la mienne et que, le plus souvent, quand je ne me solidarise pas explicitement avec ses prises de position, mon silence les approuve .
Vous me reprochez, d’une question oratoire suivie d’une litote, d’avoir poussé si loin l’analyse sémantique du post de Gilbert Sorbier que j’en aurais failli à la fraternité entre blogueurs républicains pour avoir considéré comme agression perverse ce qui relève, dites-vous, d’une joute oratoire destinée à faire avancer le débat . Dans la défense de ses positions, il manifesterait seulement quelques travers qui le rendent humain et, pour étayer votre démonstration, vous évoquez ceux des intervenants de ces débats parmi lesquels vous avez l’élégance de vous inclure .
Vous rappelez que nous sommes “forcément toujours un peu manipulateurs quand nous voulons convaincre” et cette vérité permet d’approcher le cas de Gilbert Sorbier : s’il est “un peu manipulateur”, vous êtes fondé à assumer sa défense au nom de la tolérance et de la fraternité comme à m’inviter à examiner mes propres travers ; si, au contraire, il est franchement manipulateur, je suis fondée à dénoncer la “perversité” avec laquelle il transforme le débat en combat et à regretter la banalisation par laquelle vous la déniez .
Dans “Ces fous qui nous gouvernent”, Pascal de Sutter écrit que pour “identifier la folie, même s’il n’y a pas de frontière entre raison et déraison (…), la notion de degré constitue un outil fonctionnel et efficace” . Or Gilbert Sorbier recourt sans cesse, dans ses commentaires, aux mêmes procédés pervers : provocation directe ou indirecte, refus de la communication, jubilation devant la faute, réelle ou supposée, de l’adversaire, posture de victime, appel à l’aide de tierces personnes, y compris sur d’autres blogs, tactique du semer la discorde et du diviser pour régner . Sa “cible” garde-t-elle le silence, il recommence à la titiller, mais si elle réagit, il se félicite que le poisson ait mordu à l’hameçon, comme dans son commentaire du 24 mai à 10:14 adressé à Chav, à la suite de l’article “Désormais Nicolas Sarkozy sera vraiment chez lui à l’Elysée” .
Selon Marie-France Hirigoyen, “un vrai pervers ne lâche jamais sa proie . Il est persuadé qu’il a raison, il n’a ni scrupule ni remords” . Le post dont vous contestez l’analyse offre des exemples de ces procédés pervers qui montrent en Gilbert Sorbier un authentique manipulateur .
Aurais-je poussé “un peu loin” l’analyse sémantique ? Je regrette, au contraire, de ne l’avoir pas poussée assez loin, négligeant, entre autres, deux traits significatifs : l’emploi de l’adjectif “sauvage” qui qualifie “une petite perle” et l’emprunt de la citation de Cioran aux “Syllogismes d’amertume” . Pourquoi Gilbert Sorbier rapproche-t-il cette “petite perle sauvage” des “flammes”, des “démences”, des “farces sanglantes” et de l’enthousiasme “bestial” ? Pourquoi interrompre une paisible fin de dimanche après-midi — trêve dominicale — pour viser de cette “petite perle” d’amertume ceux auxquels il reproche leur vote Royal du premier tour ?
Il serait plus pertinent de juger mon analyse trop superficielle plutôt que poussée “un peu loin” sans montrer en quoi elle solliciterait ou fausserait le texte étudié . La présence du réseau lexical de la sauvagerie, de la démence et de la bestialité permet d’interpréter la trêve dominicale comme une forme atténuée et symbolique du combat ou bien comme une déclaration de reprise des hostilités alors que l’auteur expédie sa “petite perle sauvage” telle un projectile dans une “farce sanglante” . Aussi cette trêve apparaît-elle comme un déni de l’agressivité du farceur .
En se distinguant des travers communs à Chav, à vous et à moi par ses excès de langage, Gilbert Sorbier transforme le débat en combat et franchit le seuil de la manipulation perverse.
Vous en appelez à la fraternité dans les débats en concluant : “Ne lésinons par sur la fraternité entre blogueurs” . Je souscris à cet idéal sans estimer y avoir failli comme vous vous efforcez de le démontrer : nier les erreurs de comportement d’un de nos frères humains, quel qu’il soit, relève d’une conception dévoyée de cette vertu .
Gilbert Sorbier, selon ce qu’il révèle de son parcours, semble avoir obtenu par son mérite des responsabilités importantes et une belle réussite professionnelle ; quand il parle d’expérience, ses propos sont tout à fait dignes d’intérêt . Cependant, cela ne l’autorise pas, quand il s’aventure hors de son domaine de compétences, à imposer ses idées avec dogmatisme ni à manier l’ironie et la provocation avec tant d’agressivité qu’il en devient légitime de demander qui est le plus coupable de celui qui, sans se soucier des effets de ses épanchements non contrôlés, tend à monopoliser voire à stériliser le débat ou de ceux qui l’y encouragent : quand un système tyrannique s’instaure, le tyran et ses flatteurs sont également à blâmer . C’est pourquoi il ne paraît pas justifié d’alléguer l’idéal républicain de fraternité pour disculper Gilbert Sorbier de ses débordements de plume .
Quant à sa dernière intiative — reproduire votre post sur le blog des B&B — elle prouve que votre soutien conforte ses errements .
J’avais pris le temps de la réflexion avant de vous répondre, il aura interprété mon silence comme une approbation de votre intervention et jugé bon de la publier sur un site où les internautes, faute de disposer de l’intégralité des échanges, ne pourront pas se forger une opinion personnelle de la validité des critiques que vous m’adressez ni de celles que vous adressez à Chav .
Je dirai seulement de l’emploi d’un tel procédé qu’il valide la pertinence de mes analyses précédentes et qu’il appartient aux lecteurs d’Horizons d’en juger .
Rédigé par : Ilysa | 31 mai 2007 à 17:01