Après avoir analysé les ressorts et le sens de l’élection de Nicolas Sakozy, voici le deuxième volet de mon bilan de la campagne présidentielle de 2007.
J’évoque aujourd’hui la campagne elle-même, les idées qui ont marqué le débat, l’influence des médias et de l’internet, le rôle des petits candidats et quelques images fortes qui resteront dans nos souvenirs.
Au cours de cette campagne, beaucoup de thèmes ont été abordés mais aucun n’a semblé s’imposer au point de structurer le vote et faire l’élection. Sur quoi cette campagne finalement s’est jouée?
Pour qu’il y ait un débat, il faut déjà qu'il y ait deux thèses qui s’opposent et deux candidats pour les exprimer. Le problème, c’est que chacun parlait dans son coin et sur son propre registre. Sarkozy a surtout parlé de valeurs identitaires et de questions économiques et sociales. Royal a fait campagne sur des thèmes de vie quotidienne et a parlé de la sociale démocratie des pays nordiques. Bayrou a essentiellement évoqué des sujets institutionnels et parlé de vie politique. Il n’y eut pas réellement de confrontations sur les propositions ou les thèmes de campagne des uns ou des autres. Ce fût une campagne d’autistes, où les discours des candidats se sont juxtaposés pendant que les journalistes commentaient l’évolution des sondages.
Néanmoins, il me semble que le thème celui qui a eu le plus d’échos a été celui du rejet de l’assistanat. Sarkozy a fait de sa dénonciation l’un de ses thèmes de prédilection, et Royal l’a également légitimé en insistant, à chaque fois qu’elle le pouvait, sur l’existence de contreparties aux droits nouveaux. Il y eut d’autres thèmes nouveaux qui ont fait consensus : la priorité à donner à la formation et à l’enseignement supérieur, la maîtrise des finances publiques, la sécurité sociale professionnelle, mais il me semble que celui là a pesé plus que les autres sur l’élection, parce que l’un était plus crédible que l’autre pour le défendre et qu’il correspondait à une attente forte, notamment dans les milieux populaires.
La question des banlieues, ravivée par les incidents de la gare du nord, et celle de l’immigration avec l’histoire du papy chinois, ont également pesé, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces thèmes n’avaient rien de bien neuf.
Quelles sont les autres idées que la campagne a fait avancer ?
Le lobbying sur le thème du protectionnisme européen qu’on effectué au début de la campagne, Emmanuel Todd et Hakim El Karoui, a finalement porté ses fruits. Jusqu’en janvier, le débat a eu lieu dans les milieux intellectuels, ce qui a fait sauter le tabou libre échangiste. L’invitation d’Emmanuel Todd par Dominique de Villepin à la conférence sur l’emploi et les salaires y a également contribué. Ensuite, les politiques ont pu s’en emparer. Marine Le Pen a ouvert la voie, non sans talent, puis le discours de Sarkozy s’est fait de plus en plus protectionniste au point d’en inquiéter les eurocrates. Malheureusement, la gauche est restée sourde à cette question. Royal ne s’est jamais vraiment libérée du cadre libre échangisme et l’extrême gauche est bien trop antinationiste pour pouvoir penser l’idée de frontière, mêmes économiques.
Si la campagne n’a pas fait triomphé le protectionnisme, le crédo libre échangiste a été sérieusement émoussé. Aucun candidat n’a osé évoquer « les formidables opportunités offertes par la croissance mondiale », ou la « nécessaire adaptation de l’économie française à la mondialisation ». Pas même Bayrou.
On pourrait en dire autant de l’idée européenne. L’Europe a été totalement absente de cette élection. Les candidats ne se sont distingués que sur le moyen de la relancer ou de la réorienter, mais aucun n’a défendu son bilan ou nous la présenté comme l’horizon indépassable pour l’avenir du pays. De ce point de vue, la campagne a aussi tourné la page du mitterrandisme.
En corollaire, on a assisté à un retour à l’idée de nation. Pas toujours exprimé de la meilleure manière. Sarkozy s’est contenté de célébrer l’histoire de France. Royal le drapeau et l’hymne. On n’a pas renoué avec la conception républicaine de la nation civique, mais cette campagne a certainement engagé un processus en ce sens. J’ai décris ce retour à la nation comme quelque chose de potentiellement explosif. Il faudra suivre ce mouvement attentivement. Il peut produire le meilleur comme le pire.
Globalement, cette campagne a t-elle été de bonne qualité ?
J'ai été très sévère pendant toute la campagne sur le faible niveau du débat d'idées entre les candidats. Beaucoup trop de sujets essentiels sont restés en dehors de la campagne pour que l'on puisse considérer que la campagne de bonne qualité. Même l'écologie, dont on a dit que c'était un thème important, ne s'est traduite par aucune proposition concrète. La campagne a permis d'accélerer une prise de conscience, mais pas de faire adhérer la population à certaines réformes.
En revanche, la campagne s'est traduite par un très fort taux de participation et un vote d'adhésion pour le candidat élu. Elle a exprimé une très forte demande de politique. Nicolas Sarkozy a été clairement élu pour agir. La campagne a légitimé le nouveau pouvoir comme peut être jamais depuis 1981. Cela devrait conférer au nouveau président un véritable "état de grâce" et lui permettre de mener à bien certaines réformes. Aussi, quoi qu'on pense de la qualité du débat d'idées, la campagne a de ce point de vue parfaitement rempli sa fonction. Elle aurait traduit une défaite de la démocratie si elle avait aboutit à un pouvoir faible qui n'aurait même pas été capable de confirmer l'adhésion populaire aux élections législatives. Je l'ai longtemps pensé, mais on en prend pas le chemin. Au final, il est donc difficile d'être trop sévère sur cette campagne.
Les médias ont-ils faussé l’élection ?
En 2002, ils avaient faussé l’élection en mettant l’accent sur les thèmes sécuritaires. En 2007, peut-être pour éviter les mêmes reproches, ils s’en sont tenus excessivement à l’écart. Les journalistes se sont effacés derrière les « vrais gens » dans les émissions de début de campagne, puis derrière les candidats eux-mêmes. Au lieu de jouer leur rôle de médiateur et de contribuer à la formation de l’opinion du citoyen, ils se sont contentés de commenter l’évolution des sondages. De ce point de vue, oui, ils ont faussé l’élection. En délaissant le terrain des idées et des programmes, ils ont considérablement accentué le caractère extrêmement personnalisé de la campagne et mis en scène de manière prématurée et un peu artificielle, un duel Ségo-Sarko présenté comme inéluctable et salutaire.
Il me semble qu’il faudra pour l’avenir réfléchir au rôle des médias dans l’organisation du débat public et la formation de l’opinion du citoyen. Il est d’ailleurs à espérer que l’engouement pour cette campagne les conduira à remettre dans leurs grilles de vraies émissions de politique, avec de vrais journalistes posant de vraies questions.
Cette élection fût la première à l’âge de l’Internet. Est-ce que ce l’irruption de ce nouveau média a vraiment modifié quelque chose ?
Il me semble qu’internet a redonné de la force à la mystique gaulliste qui veut qu’une présidentielle est la rencontre d’un homme avec un peuple. Internet permet aux candidats d’avoir un contact direct sans passer par les médias. Aujourd’hui on n’est plus obligé d’attendre les passages des candidats les grands médias pour les entendre. On va sur leur site et on a immédiatement accès à leurs discours, leur programme, leurs prises de position. Cette possibilité de communication directe doit aussi amener les journalistes à s’interroger sur leur rôle. Puisqu’on a plus besoin d’eux pour donner la parole, ils doivent s’adapter dans un rôle à plus forte valeur ajoutée : organiser la confrontation des discours, faire des synthèses comparatives, éclairer les enjeux … Dans cette campagne, la fonction d’éclairage a été mieux remplie par les blogueurs et les sites internet que par les journalistes professionnels.
L’irruption d’Internet me semble avoir également redonné ses lettres de noblesse à l’écrit, à l’argumentaire et aux discours. Une campagne ne se joue plus uniquement dans la « vidéosphère ». Elle se joue aussi dans la « graphospère ». Sarkozy a conduit une campagne beaucoup plus adaptée à ce nouveau média, notamment grâce aux discours impeccablement écrits d’Henri Guaino. Un discours de Sarkozy pouvait se lire, se commenter, se reproduire dans un blog. Un discours de royal, non. Avec sa pure campagne d’image, Ségolène était en fait en retard sur l’époque.
Internet, grâce aux blogs et aux échanges entre internautes, permet aussi de créer un engouement autour d’un candidat, même s’il n’est pas très exposé médiatiquement. Les échanges accélèrent la maturation de l’opinion en aidant à la formalisation des ressentis. Cela peut créer des dynamiques positives ou négatives pour un candidat. Il me semble que François Bayrou a bénéficié le plus de ce phénomène, au contraire de Royal et Sarkozy dont l’image a été globalement dégradée par les commentaires qu’on pouvait lire sur les blogs.
L’élection de 2007 a été marquée par la quasi disparition des petits candidats. N’ont t-ils plus leur place dans cette élection ?
Ils ont effectivement été laminés par le vote utile et la personnalisation des enjeux. Aucun d’eux n’a d’ailleurs pu réellement se faire entendre au cours de la campagne. Il faut dire aussi qu’aucun n’avait de discours suffisamment fort pour s’imposer. Tant que les petits se concevront comme des aiguillons pour influer sur le programme des grands (Villiers, Voynet, Buffet) ou comme des candidatures de témoignages d’une sensibilité marginale (Bové, Nihous, Besancenot), ils n’auront pas de place. Je crois que cette manière d’appréhender l’élection présidentielle a vécu. Aujourd’hui elle sert à élire un président et à rien d’autre.
Autrefois, la campagne électorale servait aux petites formations pour exister. Aujourd’hui, c’est à ce demander si ce n’est pas pour elles le meilleur moyen de se ruiner et de se tuer politiquement. Le mouvement de Villiers, les Verts, le PC auront bien du mal à se relever de leurs scores dérisoires, de même que les mouvements qu’ils n’ont pas pu obtenir les signatures : Debout la République, Cap 21, alternative libérale …
La diversité politique me semble pourtant nécessaire à la vitalité du débat public. Puisqu’elle ne peut plus s’exprimer lors du premier tour de l’élection présidentielle, il faut l’organiser autrement afin qu’elle ne vienne pas polluer d’autres élections. C’est pourquoi, je préconise pour ma part, l’organisation concomitante des présidentielles et des législatives, avec ces dernières à la proportionnelle à deux tours, sur le principe du scrutin régional.
Lors de cette campagne, il y a un candidat qui a renoncé de lui-même, un candidat pour lequel tu avais pris parti. Avec le recul, approuves tu la décision de Jean Pierre Chevènement ?
Est-ce que sa candidature a manqué dans la campagne ? Avec le recul je pense toujours qu’il aurait pu faire un excellent score. Peut-être même gagner. Potentiellement il pouvait mordre sur tous les électorats. Il aurait proposé un débouché politique aux antilibéraux, une alternative à gauche à Ségolène Royal, affaibli l’effet Bayrou en proposant un programme qui pouvait effectivement transcender le clivage gauche-droite, concurrencé la dynamique Sarkozy en offrant une contradiction sur le fond et un vrai projet cohérent … Le problème c’était l’homme, son inadaptation à la « vidéosphère », son age, son isolement, peut-être aussi son absence d’ambition et d’égo démesuré. Je crois qu’il ne s’est pas senti la force pour faire campagne, ou qu’il n’en avait pas une envie suffisamment forte. C’est dommage. Il avait le discours pour gagner et la dimension pour être chef de l’Etat.
Pour finir, quelles images garderas tu de cette campagne ? Tes meilleurs et moins bons souvenirs ?
Le plus mauvais souvenir, c’est naturellement lorsque j’ai appris un dimanche après midi le retrait de Jean Pierre Chevènement. La campagne n’avait pas encore véritablement commencée, mais pour moi, en tant de citoyen, en tant que blogueur militant, elle était déjà finie.
Parmi les mauvais souvenirs restera également le discours de Ségolène Royal à Charlety. A ce moment, je m’apprêtais à voter pour elle, par devoir, en raison. Et, je l’ai vu reprendre son registre féministe chrétien gnan-gnan que j’exècre, en quasi lévitation, avec son sourire extatique, lever les bras vers la foule pour se nourrir de son énergie, faire une longue tirade sur la présidence des mères célibataires, parler d’amour et de paix, et finir par cet hallucinant « aimez vous les uns les autres ». J’espère ne jamais revivre un moment pareil dans une campagne électorale !
Le bon souvenir que je garderais serait peut-être le discours responsable et mesuré de Sarkozy le soir de son élection ou, dans un autre registre, l’émission people de France 2 où Ségolène s’est approchée du paralytique en pleurs et l’a touché pour le réconforter ou, qui sait, pour le guérir ? Elle a été une candidate pathétique, mais on s’est quand même bien marré avec elle ! A mon avis, à l’UMP, ils ont du se marrer encore plus !
L’image la plus forte qui restera c’est celle d’Henri Guaino dans un reportage sur les coulisses de la campagne, qui, lors d’un meeting, récitait à voix muette le discours qu’il avait écrit et qu’il connaissait par cœur, comme s’il le soufflait à Sarkozy. Il était l’auteur. Sarkozy un simple interprète. Guaino a fait gagner Sarkozy. Il aura marqué de son empreinte toute la campagne. Dans ce même reportage, il avait déclaré qu’il ne se battait pas pour un poste, mais pour que Sarkozy devienne un bon président. Pendant un an, il a essayé de lui apprendre la République et la France. Espérons qu’il en restera quelque chose et que le concours de cette brillante plume à l’accession au pouvoir de Sarkozy n’ait pas été qu’une vaste escroquerie intellectuelle, comme avec Chirac il y a 12 ans. Sa tout récente nomination au rôle de conseiller spécial du nouveau président est, de ce point de vue, un signe rassurant pour l'avenir.
PS : Le bilan de cette campagne ne sera complet qu'après avoir analysé aussi la nouvelle configuration politique qui ressort de l'élection, mais de ce point de vue, la campagne n'est pas finie. Le bilan ne pourra être fait qu'après les législatives.
Ce "rapport des élections" me sied, Malakine.
Rien à ajouter d'important, tout au juste que je ne pense pas que "notre" JPC ait eu la moindre chance d'être au second tour, non à cause de ses compétences, bien sûr mais à cause, de son image minimisée par les médias comme de la faiblesse de son parti...
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 mai 2007 à 17:07
Pour JPC, une fois n'est pas coutume, 100% d'accord avec Gilbert.
Rédigé par : chav | 17 mai 2007 à 20:21
Vu le peu de succès de votre BILAN auprès des "clients" du blog, se pourrait-il qu'ils vous suspectent de plagiat....
Ne savez vous pas que "Bien Malakine profite jamais" ?
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 21 mai 2007 à 10:45
Comment ça "de plagiat" ??
Non, je crois tout simplement que les lecteurs et les commentateurs du blog en ont ras la casquette de la politique et qu'ils sont retournés à des préoccupations plus quotidiennes. Malakine est d'ailleurs le premier à ressentir ce sentiment ...
A bientôt néanmoins. Je suppose que l'inspiration reviendra un jour ou l'autre. D'ailleurs, s'il reste quelques lecteurs à ce blog et qui auraient des idées d'articles, qu'ils ne se gênent pas pour me les proposer par mail ...
Rédigé par : Malakine | 21 mai 2007 à 10:51
Malakine, vous nous avez fait ici un bilan très nuancé de votre ressenti de la campagne.
Je n'ai pas eu, dans le détail, les mêmes sensations que vous. Mais globalement je ne peux vous donner tord même si mon ressenti concernant JPC, Charlety, le protectionnisme européen, les médias est plutôt différent. J'ai eu plaisir à lire ce texte bien argumenté sans avoir eu besoin de venir l'approuver ou tenter d'entamer un débat.
Peut-être l'aphonie d'autres lecteurs a t-il des causes analogues sans que pour autant l'intérêt de lire vos chroniques cesse avec la fin de la campagne.
Le sujet qui me bluffe en ce moment c'est l'habileté politique dont fait preuve le nouveau chef d'Etat autour de la composition du gouvernement et de l'occupation du terrain. Pas en se faisant offrir un séjour princier par un ami, riche homme d'affaire, par contre, même si cette forme de corruption mériterait un traitement moins consensuel.
Quid des recompositions FN-UMP et UDF-PS ? Comme pour le bilan de campagne : attendons le résultat des législatives pour y voir plus clair.
PMF dont le commentaire n'a pour vocation que d'éclairer sur son mutisme...
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 21 mai 2007 à 16:57
Sans retomber dans la polémique (qui n'aurait d'ailleurs aucun sens vu que tout ça appartient désormais à l'histoire) chacun pourrait peut-être exposer les images et les souvenirs qu'il gardera de cette campagne ...
Rédigé par : Malakine | 21 mai 2007 à 17:10
"Mes" faits marquants de cette campagne :
Chronologiquement ce fut d'abord Ségolène ROYAL qui m'a surpris en dominant si facilement ses adversaires dans la primaire socialiste, chaque bourde, même si probablement involontaire, lui donnant l'occasion d'occuper le terrain puis de contrer des adversaires trop prompts à chercher à enfoncer leur collègue.
Ensuite ce fut la capacité de Sarkozy à dissoudre, à partir de janvier, toute forme d'opposition dans son camp.
La même période a été marquée par l'incapacité de la gauche anti-libérale à s'unir et donc à peser dans le débat. Le camp éventuel du NON au TCE, comme force politique, s'est dissous à cette occasion.
Vint ensuite la montée fulgurante de BAYROU dans l'opinion, opinion mesurée chaque jour par les sondages, sondages qui plus qu'Internet ont marqué cette élection.
Ensuite, Sarkozy, tout en adaptant chaque discours au public visé, a su se mettre en scène et convaincre en n'hésitant pas à opposer les français et à flatter les plus xénophobes d'entre eux.
En dépit de son opiniatreté et de sa volonté, Ségolène Royal n'a pas su convaincre ceux qui doutaient de ses capacités, son discours restant le plus souvent trop flou et peu structuré.
Vint alors le verdict des urnes : peu surprenant sauf la baisse sensible du FN, le vote utile accentuant le recul du PC et des Verts.
La forte participation reste à mes yeux la grande particularité de ce scrutin dans l'historique des récentes consultations électorales. cela donne une responsabilité supplémentaire à celui qui a été élu. Il semble peut-être, au delà de manoeuvres politiciennes en vue des législatives, en tenir compte dans ses premiers choix.
Tiens, j'ai pas dit un mot sur JPC :
c'est avec plaisir que je l'ai vu retirer sa candidature au profit de la candidate du PS. Même s'il ne l'avouera jamais, il ne voulait pas se retrouver à nouveau accusé, au terme du scrutin, d'avoir fait perdre la gauche. Probablement aussi avait-il conscience de limites de sa popularité et apporter son soutien à la candidate que Jospin haïssait n'était pas pour lui déplaire.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 22 mai 2007 à 00:54
Malakine,
"Plaggiat" était là, juste pour le jeu de mot facile...
Toutes mes excuses ....
Malakine, j'aimerai bien svoir ce qui se trâme à l'intérieur du PS.... avez vous l'opportunité et les contacts pour savoir ?
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 22 mai 2007 à 09:51
Bonsoir à tous
Vous avez vu juste Malakine : grand moment de lassitude, et nécessaire retour aux choses simples en évitant de croiser la propagande sarkozyste… Cela me rappelle son arrivée à l’intérieur : le show permanent, les médias à l’unisson, et résultat les émeutes en banlieue et l’augmentation des violences aux personnes.
Comme d’habitude vos analyses sont séduisantes et aident à prendre du recul. Votre bilan « intermédiaire » me semble fort juste, et je ne résiste pas au plaisir d’y réagir.
Tout à fait d’accord sur cette campagne d’autiste, qui a réussi à escamoter le grand débat né du référendum : le TSS a occulté le TCE, et nous n’avons eu de choix qu’entre oui-ouistes, et des discours moralisateurs évitant de s’attarder sur les causes du chaos social.
Noniste forcené, j’ai du voter pour le plus honnête des oui-ouistes, qui de plus pouvait éviter le cauchemar que je vois aujourd’hui se mettre en place.
Le discours anti-assistanat, pour fondé qu’il soit, ne doit pas devenir l’alibi d’un refus du partage : nous sommes condamnés à brève échéance à revoir de façon plus ou moins forte notre modèle économique fondé sur la croissance par la consommation ; cela ramène la question du partage des richesses au premier plan, quand la « fuite en avant par la croissance» permettait de l’éviter.
Pour moi face à cela être de gauche c’est choisir le camp des « faibles », et pas pour les assister ou leur faire la charité mais pour lutter contre la loi du plus fort et lui opposer le rétablissement de notre loi républicaine « liberté - égalité - fraternité », que voulait assassiner le TCE.
J’aime notre devise car je pense que la liberté (plutôt de droite) et l’égalité (plutôt de gauche) sont des valeurs contradictoires qui ne peuvent se concilier qu’avec la fraternité : plus qu’une devise, c’est un mode d’emploi. Et la fraternité et tout sauf sarkozienne.
Je ne me considère pas comme extrémiste, même si résolu à forcer la main aux non-partageux, et n’ai aucun problème à envisager la notion de frontière économique : la liberté de circuler des individus me soucie plus que celle du produit de leur exploitation.
Je note de plus que les libéraux n’aiment rien moins que la concurrence, ils ne connaissent que la loi du plus fort (le célèbre business is business qui justifie tout) et que les plus protectionnistes sont ceux-là même qui veulent imposer le libre échange à ceux qui n’ont pas le moyen de peser dans les échanges.
Je persiste à relativiser votre analyse du vote d'adhésion par les 3,3 millions de + de 65 ans qui ont fait la différence, même s’ils ont indubitablement (et égoïstement) adhéré au discours du leader minimo.
Mon analyse est plus pessimiste que la vôtre : la demande de politique a été étouffée par le marketing politique et j’ai plus le sentiment d’une régression que d’un progrès. Et la France anti-libérale à 55% a voté à 53% pour le plus libéral de tous les candidats ! Les crocodiles raffolent des maroquineries !
Les médias ont évidemment une responsabilité lourde dans cet état de fait, on pourrait même dire qu’ils se sont vengés de 2005. Vous noterez que leur seule exception au zèle sarkozsyte sur ces deux dernières années aura été leur couverture de l’escapade maltaise.
Vous parlez de RE mettre de « vraies » émissions politiques à la TV, desquelles parlez-vous ? Très peu téléphage, je n’en connais pas.
Comme j’aimerais que vous ayez raison sur le retour de l’écrit ! Si la blogosphère permet effectivement l’expression et le débat d’idées (ou le dialogue de sourds), Guaino reste pour moi l’escroc de la fracture sociale (on ne peut pas mettre un excellent diagnostic au service d’une stratégie qui va l’aggraver) et il est à ce titre un des artisans de la perte de sens et de repères. Y’a un truc qui s’appelle les valeurs, et celles de Guaino me semblent peu éloignées de celles de Besson, même si son intelligence est infiniment supérieure. Il a vu ses discours reconnus, mais pas appliqués, bien au contraire. Bis repetita avec l'héritier ?
Je redoute donc que nous nous enfoncions dans la culture du slogan, dictature de l’image déclinée à l’écrit, qui ne s’embarrasse pas de crédibilité ou du respect de la réalité.
Bref c’est hors du champ politique que je peux trouver des raisons actuelles de me réjouir, et j’attends toujours désespérément l’avènement d’une gauche noniste… Et reste persuadé que le principal obstacle c’est le PS. Sa disparition est pour moi le seul enjeu de la prochaine élection.
Au plaisir de vous lire tous, même si c’est un peu moins fréquemment que pendant notre période commune de surdosage !
Rédigé par : aiolive | 23 mai 2007 à 23:05
Malakine, je sais que c'est hors sujet, mais comme le blog est mort sans vous... ho! maître bien aimé...... permettez moi cette provocation à destination de mon alterego MoDemiste temporaire.
Mon cher Ailolive,
Dans ce désert bloguiste du à l'absence du maître de céan, je voulais répondre à ton dernier post avec lequel je suis totalement en symbiose, à part ta sortie sur le libéralisme:
Avec moi, les étiquettes, ça ne fonctionne pas, parce que ce sont des caches misère !
Quand je pense que ces débiles mentaux (Lolo, La Méluche, Marie-Jo, Emmanuelli etc.) ont réussis à mettre dans la tête des français ces notions ringardes de front anti-libéral.... comme si on faisait un front anti-respiration !
Bon... l'air est pollué, les gars, dès demain on commence à s'arrêter de respirer !!! Plus con tu meurs!
Je suis alter mondialiste (sur le fond), donc bien conscient de la nécessité de lutter contre la mondialisation et le libéralisme sauvage.... à condition de savoir qu'il EST là et comment l'utiliser pour le combattre, comme un JUDOKA utilise l'élan de l'adversaire pour le faire chuter.
Il ne faut pas être contre le libéralisme, mais se servir du libéralisme contre la Mondialisation fascisante (d'ailleurs nous sommes les seuls au monde à encore en parler).
Le libéralisme Américain se marrie de patriotisme économique et d'une bonne dose de protectionnisme.
Les libéralismes Suédois et Danois d'une dose d'étatisme pour les services et d'un volet social beaucoup plus juste et solidaire que chez nous.
Le libéralisme chinois est mâtiné fascisme esclavagiste.
Le libéralisme Français pourrait être Social, solidaire et suffisament protectioniste.
En résumé je ferais un commentaire simple et volontairement simpliste:
A quoi bon parler de libéralisme puisqu'il est le point commun de toute la planète.
Il faut parler des ingrédients que chaque pays rajoute au tronc commun du libéralisme afin de l’humaniser.
Je sais, la presse n'a pas encore compris, mais avec un peu de chance ça va venir.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 28 mai 2007 à 19:35