J’ai hésité encore toute la semaine dernière entre un vote idéologique ou un vote institutionnel. Les réactions à mon article « l’heure du choix » m’ont finalement fait opter pour un vote en faveur du candidat qui serait le plus proche de mes idées, quitte à m’abstenir de participer à la sélection des finalistes, quitte à accepter la perspective d’un deuxième tour entre deux candidats que ne je souhaite pas voir à l’Elysée.
Deux arguments m’ont convaincu de refuser de voter au premier tour comme on vote au deuxième. Une telle attitude revient d'abord à accepter de se laisser manipuler par les sondages, ce qui finalement pervertit le sens du suffrage universel. D’autre part, le premier tour de l’élection présidentielle, c’est dans l’état actuel de nos institutions, le seul moment où l’on peut exprimer sa sensibilité. J’ai donc choisi de respecter la maxime, « au premier tour, on choisit, on second on élimine » et de voter pour mes idées.
Au terme de six mois de campagne, je peux résumer en quatre points aujourd’hui ce que j’attendais d’un candidat.
- Lutter contre le libre échangisme mondial qui met l’ensemble du système productif en concurrence avec des pays qui construisent leur prospérité sur un modèle nie toutes nos valeurs ; et prôner de vraies protections commerciales à l’échelle de l’Europe,
- Dénoncer ce capitalisme financier, devenu fou, où les entreprises sont soumises à la tyrannie d’actionnaires anonymes et apatrides dont le seul souci est de maximiser le rendement du capital, et proposer des nouveaux modes de régulations,
- Refonder la Nation et la République, contre l’hyperindividualisme, les communautarismes et les corporatismes, par l’élaboration d’un projet collectif qui permette à la France de renouer avec ses valeurs historiques et qui permettra de remettre d’actualité la notion de l’intérêt général.
- Préparer l’avenir en faisant face aux défis que nous présentent le 21ème siècle, notamment le vieillissement, la dette publique, et les changements climatiques.
Il y a eu un candidat a défendu ces quatre orientations. Il a fait campagne un petit mois. C’était Jean Pierre Chevènement. Puis, j’ai cru les retrouver dans la candidature de Nicolas Dupont Aignan, qui n’a malheureusement pas pu aller au bout.
Parmi les candidats restant en lice, seul le programme le Nicolas Sarkozy pouvait faire écho à ces quatre préoccupations. Il m’est cependant impossible de voter pour lui. Emmanuel Todd a des mots trop durs contre lui. De même qu’Hakim El Karoui, avec qui j’en ai parlé encore récemment. On a tous besoin de phares ou de guides dans la vie intellectuelle, et je ne peux pas trahir à ce point ceux qui éclairent ma pensée en votant pour le candidat qu’ils jugent comme le plus dangereux. Quand bien même, je crois que le voyage de Sarkozy chez Bush en septembre et ses principales propositions, toutes à finalités inégalitaires et individualistes, m’auraient empêché de rejoindre la Sarkozie.
Ségolène Royal a également flirté avec chacune de ses préoccupations, mais toutefois sans jamais être capable de les fonder sur un diagnostic clair qui aurait pu rendre son propos convaincant. Et puis, trop de choses, que j’ai souvent dénoncées, dans sa manière de faire campagne me font craindre le personnage et détester ce qu’elle incarne.
Quand à Bayrou, aussi sympathique soit-il, lui, n’a jamais même esquissé dans son propos aucun de ces thèmes. Il en est même à l’opposé sur l’essentiel. J'invite à voter pour lui tous ceux qui souhaitent que la France engage "les réformes nécessaires à son adaptation à la mondialisation" tout en tentant de préserver son modèle social et sa cohésion nationale. Ce n'est pas mon cas. Je pense qu'il s'agit d'une voie sans issue. La mondialisation, je la combats dans son principe même. Je ne vois aucune bonne raison de s'y soumettre.
Reste donc les « petits candidats ». En votant pour eux, on ne vote pas pour adhérer à un projet. On envoie un message. Seul compte ce qui reste dans l’opinion de leur discours.
J’ai donc décidé de voter pour Philippe de Villiers, simplement parce qu’il a mis au cœur de son discours, et ce depuis une quinzaine d’année, la dénonciation du libre échange et le protectionnisme européen, et que c’est pour moi, le critère de vote le plus important.
Je n’adhère naturellement pas à tout son discours. Il est bien plus un candidat de l’ultra droite qu’un candidat républicain. Il se dit patriote mais est au fond très individualiste. Il est en faveur de l’assimilation, mais son opposition au principe même de l’immigration donne à cette valeur républicaine des accents xénophobes assez contre productifs. Quand à la dénonciation des excès du capitalisme financier, il est vain de les chercher chez lui.
Certes, c'est un vote de droite - d'extrême droite diront certains - mais je n'en ai rien à foutre. Est ce ma faute à moi, sa la gauche à abandonné à l'ultra droite la critique du libre échange, comme elle lui a laissé il y a 20 ans celui de la nation ?
Je voterais donc sans grand enthousiasme, avec avec conviction, pour « le vicomte »
Malakine
Mon cher Malakine,
Je vais vous surprendre, mais quand vous avez dit que vous voteriez pour un petit candidat, j'ai subodoré que ce serait pour Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon.
Je ne suis pas choqué et je trouve lamentable qu'on confonde la lutte contre l'islam intégriste avec le racisme.
Il faudrait alors les vieux radicaux anti-cléricaux et bouffeurs de curés soient aussi considérés comme tels, ce qui serait d'une crétinerie sans nom.
J'adore mon gendre qui est d'origine Algérienne, mais je le rembarre sans arrêt dés qu'il se réclame de l'Islam, je lui dis "On s'est battu pendant des siècles pour se débarrasser des dévots, vous n'allez pas nous ramener 2 siècles en arrière!" Et tout se passe très bien entre nous, la clarté est toujours la meilleure solution.
J'aurais donc pût voter pour Villiers, même si je ne l'ai jamais envisagé sérieusement pour les motifs que j'ai exposé dans mon texte: Empêcher Sarko et surtout l'UMP de rester au pouvoir.
Sarko est pour moi, beaucoup plus à droite que Philippe de Villiers et religieusement dangereux.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 10:28
Certes le discours de De Villiers sur le protectionnisme est intéressant. Mais au delà, son approche racialiste et paranoïaque de la société est pour moi rédhibitoire. D'autant que sa conception de l'économie intérieure est ultra-libérale. Je le vois au même niveau que Jean-Marie Le Pen: discours de rupture construit est intéressant (en même temps, c'est pas dur dans les temps qui courrent) qui ne propose qu'en échange un fatras ultra-libéral et xénophobe...
Je t'aurais plus vu pour Schivardi ;-)
Rédigé par : Chevillette | 17 avril 2007 à 10:54
Je me rends compte effectivement que le vote Schivardi constitue un échappatoire pour certains tenants du non de gauche. Mais deux éléments m'empêchent de prendre parti pour lui.
1- Comme je le dit dans mon article, ce qui compte dans un vote pour un petit candidat c'est le message qu'on envoie. Villiers a une vraie ancienneté sur les thèmes souverainistes et protectionnistes (on se souvient tous de son "europe passoire"). S'il fait un score honorable, c'est ce qu'on retiendra. Si Schivardi fait un score, qu'est ce qu'on retiendra ? La défense de la viticulture, des services publics en milieux rural ou la sortie de l'UE ?
2- Je voulais faire un article sur la ruralité, mais je n'en ai malheureusement pas eu le temps. J'espère que c'est partie remise. En tout cas, je ne suis pas du tout ruraliste. Plus que les petites communes et le milieu rural, je pense que c'est plutôt les métropole régionales et les villes moyennes qu'il faut soutenir. Ceux qui décident de vivre dans des plouqueries doivent prendre leurs responsabilités. On ne peut pas vouloir habiter au milieux des pâtures et réclamer le même niveau de service qu'en ville.
Sinon, ouais, je reconnais ... Sa vision de l'économie est très libérale. Il frise avec la xénophobie. Son anti-islamisme est proche de la paranoïa ...
... mais bon, qui adhère à 100 % au discours du candidat pour qui il va voter ?
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 11:08
Je considère (avec beaucoup de philosophes " neutres") que ce siècle risque d'être le siècle du retour aux intégrismes religieux. C'est avec la puissance industrielle du mondialisme fascisant de la Chine un des deux grands dangers de domination.
Libre à vous de rester indifférents quand vous voyez une femme en Burka (pas un voile ni un hidjab), dans un super Marché.
Libre à vous de considérer que "ces gens là" ne sont pas concernés par les droits de l'homme avec cette indifférence que les Anglos saxons appellent "tolérance".
Mais pour moi De Villiers n'est pas paranoïaque, mais seulement conscient d'un danger de dé-laïscisation de la France qui vous semble vous importer peu ou prou.
Je considère que la France restait en avance sur toutes les autres Nations sur le plan de la laïcité, même là, je sens que l'indifférence va vaincre.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 11:41
Dîtes Gilbert, c'est moi qui vote pour Villiers ou c'est vous ?
Bien sûr qu'il ne faut pas tolérer toutes les dérives mais je parle de paranoïa, parcequ'il faut aussi faire confiance au caractère assimilateur du pays et notamment à son laïcisme forcené.
On peut tenir le discours de l'assimilation tout en se montrant un peu plus ouvert et tolérant, et notamment en respectant les religions et les cultures. Il n'est pas nécessaire de désigner "l'autre" comme un ennemi. A mon avis, c'est contre productif.
Enfin, je préfère tout de même les excès anti-islam de Villiers, aux irresponsables qui veulent dissoudre la citoyenneté et la nation en reconnaissant le droit de vote aux étrangers et qui glorifient la différence ou la culture des banlieues (suivez mon regard ...)
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 11:59
Tout d'abord bravo pour cette initiative mais voir Malakine voter De Villiers relève de la provocation après tous ces remarquables articles depuis le début .De Villiers ne représente rien , un homme d'un autre temps , réfugié dans sa vendée , se battant contre les moulins à vent , n'ayant aucun écho dans la population, aucun parti derrière lui bref un homme de la pure droite catholique ,intégriste , voulant retourner à une France du XIXème siècle .N'oublions pas aussi ces anciennes alliances avec Pasqua !Il est vrai qu'il serait prêt à s'allier avec n'importe quelle personnalité cela lui donnerait un peu de reconnaissance .
Voter De Villiers sur le seul prétexte du protectionnisme c'est un peu léger .Tous les petits candidats disent exactement la même chose de Buffet à Bové .Même Le PEN parle même d'un retour au franc !
Ils parlent tous d'amoindrir le rôle de la Banque Européenne mais pour cela La France est-elle en état d'imposer ses points de vue ?
Allons Malakine ressaisis toi ! la justesse de tes analyses fait que j'espère que dans le secret de l'isoloir tu changeras d'avis
Rédigé par : René | 17 avril 2007 à 14:16
Moi, je pense qu'humainement, De Villiers est dangereux, sur les questions de religions, citoyenneté son attitude refléte une paranoïa qui ne suggére rien de bon sur le plan politique. Et sa volonté de "purger" les lieux publics de la "racaille" est purement ethnique et délirante...
Il me fait peur, heureusement qu'il ne fera pas un grand score...
Rédigé par : Chevillette | 17 avril 2007 à 14:20
Oui, on peut penser ce qu'on veut sur le personnage. Je ne relèverait pas, parce que je m'en fous. Lui, il n'a aucune chance d'être élu. Seules les idées qu'il défend compte.
Ce que tu dis est faux. Parmis les candidats, il n'y en a que 2 et demi qu'on peut qualifier de protectionniste. Villiers, Le Pen, et Sarko à moitié (suffisamment pour avoir fait réagir l'europe en tout cas).
L'extrême gauche n'a jamais dénoncé le libre échange, c'est ce qui rend son discours inopérant, car sans s'attaquer au libre échange et à la concurrence avec des pays sans droits sociaux, on ne peut s'attaquer aux causes du capitalisme financier totalement fou.
L'extrême gauche ne PEUT d'ailleurs PAS être protectionniste, car dans son logiciel, seul la solidarité de classe existe. Il n'y a pas de solidarité nationale (voir l'article de Yann à ce propos).
Pour un type comme Besancenot, dénoncer le libre échange reviendrait à stigmatiser l'ouvrier chinois, donc un "camarade". Ce serait xénophobe ! Pour lui, il faut se contenter de dénoncer ces ignobles crapules capitalistes qui font des profits et qui, malgré tout, délocalisent, et s'arrêter là.
C'est la gauche "morale", celle qui ne veut pas se salir les neuronnes en entrant dans les mécaniques économiques.
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 14:35
Je disais surtout qu'une idée comme le protectionnisme (compte tenu de tous les risques inhérents de dérive xénophobie véhiculés par ce concept) ne peut être portée que par une personnalité politique irréprochable de type Chevènement Emmanuel Todd, Nicolas Dupont-Aignan. Hors Villiers avec ses relents d'extrême-droite vichyste ne peut et ne pourra pas être cet homme là au risque de faire passer ces idées pour de la régression. C'est le fossoyeur du protectionnisme européen!
Rédigé par : Chevillette | 17 avril 2007 à 15:44
@ Malakine
Sur l'attitude d'une partie de l'estrêm gauche vis à vis de la soilidarité nationale (et même de la souveraineté) tu as raison.
Ainsi, certains mouvement trotskystes, et non des moindres (IVe internationale si je ne m'abuse), ont refusé de prendre position lors de la seconde guerre mondiale, au pretexte que tout cela n'était qu'un affrontement entre capitalistes (Allemagne, EU,RU, Fr) et staliniens (Urss, "gouvernement ouvrier dégénéré")!
Pour autant, il faut reconnaitre que le PCF ou même certains trotkystes (OCI) ont souvent su lier le combat de classe et celui pour la souveraineté nationale : dans les années soixante dix, le PCF n'avait pas peur de faire campagne pour produire et acheter français...(et même parfois L .Trotsky lui même si je me rappele certains passages de "sur le mouvement communsite en France").
Quant à ton vote pour De villiers, je comprend ton positionnement, mais j'avoue que son message protectionniste est actuellement trés largement occulté par son "islamo-phobie" et son "sécuritarisme".
Et contrairement à ce que tu avance sur Schivardi, je trouve son message beaucoup plus clair : rupture avec l'UE ! Et lorsqu'il defend effectivement les petites communes rurales et les services publics ils revient systématiquement sur la responsabilité de l'UE dans leur démantèlement...
En tout cas, ton pari est réussi, la discussion s'engage ;0))
Bien joué !
Rédigé par : le Franc-tireur | 17 avril 2007 à 15:46
@ Malakine
Sur l'attitude d'une partie de l'estrêm gauche vis à vis de la soilidarité nationale (et même de la souveraineté) tu as raison.
Ainsi, certains mouvement trotskystes, et non des moindres (IVe internationale si je ne m'abuse), ont refusé de prendre position lors de la seconde guerre mondiale, au pretexte que tout cela n'était qu'un affrontement entre capitalistes (Allemagne, EU,RU, Fr) et staliniens (Urss, "gouvernement ouvrier dégénéré")!
Pour autant, il faut reconnaitre que le PCF ou même certains trotkystes (OCI) ont souvent su lier le combat de classe et celui pour la souveraineté nationale : dans les années soixante dix, le PCF n'avait pas peur de faire campagne pour produire et acheter français...(et même parfois L .Trotsky lui même si je me rappele certains passages de "sur le mouvement communsite en France").
Quant à ton vote pour De villiers, je comprend ton positionnement, mais j'avoue que son message protectionniste est actuellement trés largement occulté par son "islamo-phobie" et son "sécuritarisme".
Et contrairement à ce que tu avance sur Schivardi, je trouve son message beaucoup plus clair : rupture avec l'UE ! Et lorsqu'il defend effectivement les petites communes rurales et les services publics ils revient systématiquement sur la responsabilité de l'UE dans leur démantèlement...
En tout cas, ton pari est réussi, la discussion s'engage ;0))
Bien joué !
Rédigé par : le Franc-tireur | 17 avril 2007 à 15:47
Hi! Malakine,
Je ne savais pas que les opinions en faveur de De Villiers vous étaient réservées et je vous fait mes excuses les plus plates !
Bien sûr qu'il ne faut pas désigner l'autre !
Il faut surtout apporter son soutien aux organisations de femmes Musulmanes qui luttent contre l'intégrisme qu'elles qualifient elles-mêmes de "machistes", d'apporter son soutien à "Ni putes ni soumises"", d'apporter son soutien à Malek Boutih, à des hommes et des femmes qui s'élèvent contre le retour de coutumes intégristes que les femmes du Maghreb sont entrain de combattre.
Je suis effaré du manichéisme poussé à l'extrême qui est incapable de différencier la lutte des femmes musulmanes contre le retour de coutumes qui ne figurent même pas dans le Coran..... avec le racisme.
Qui parle de pousser les gens les uns contre les autres, dans ce combat contre l'intégrisme il s'agit d'empêcher les intégristes qui se disent musulmans de pousser les musulmans modéré à haïr les athées, les juifs, les américain et tous les infidèles. Si çà c'est dresser les hommes les uns contre les autres, alors.......... ma tante est mon oncle.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 15:48
Désolé pour les doublons... une mauvaise manip liée à une connexion defaillante...
Rédigé par : le Franc-tireur | 17 avril 2007 à 15:49
Alors il faudrait attendre qu'on rencontre un homme politique digne de porter nos idées avant de s'exprimer pour elles ?
Et en attendant on vote pour des candidats jugés "plus dignes" mais qui n'expriment aucune idée, ou bien des idées qu'on ne partage pas ?
Drôle de conception de votre rôle de citoyen ...
Pour revenir à P2V. Je pense que son ancienneté sur la dénonciation du libre échange et des abandons de souveraineté sera suffisante pour que ce message ne soit pas noyé dans l'islamophobie ...
A ce propos, je tiens à souligner que j'avais pris parti pour les mulsumans et contre charlie dans l'affaire des caricatures. Ne m'amalgamez pas avec les excès de "mon" candidat SVP ! ;-)
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 16:30
Les déclarations relatives à "l'Europe" sont souvent confuses :
Quels sont les candidats qui ont vraiment déclarés vouloir quitter définitivement l'Union ? Schivardi ? Qui d'autre ?
J'ai souvent entendu souhaiter une autre Europe (Le Pen, De Villiers) une Europe plus ceci ou moins cela (globalement tous).
Pourrais tu STP nous faire un point la dessus à l'occasion pour nous éclairer, je veux dire : en précisant le degré de désengagement ou d'évolution exprimé par chacun.
Restent les question subsidiaires : comment ferait-on concrètement pour faire évoluer l'Union (à nous seul) et éventuellement, pour en sortir et quelles pourraient en être conséquences politiques, économiques et financières pour la France ?
Rédigé par : Marcus | 17 avril 2007 à 17:26
Très bonne question.
A ma connaissance, Schivardi est le seul à vouloir sortir de l'europe. Mais qu'est ce que cela signifie concrètement ? Arrêter de contribuer au budger UE et à bénéficier des politiques communes, PAC et politique régionale. Soit ... mais ce n'est pas cela qui changera grand chose.
Là où l'europe nous lie, c'est au niveau du droit, car la plupart du droit communautaire est intégré dans l'ordre juridique interne. Sortir de l'europe tout en laissant notre droit en l'état ne changera rien.
Il y a une réforme demandée par les souverainistes depuis longtemps qui serait simple et souple, c'est revenu sur l'arrêt "nicolo" du Conseil d'Etat de 1989 qui fait prévaloir les traités sur des lois mêmes postérieures. Cette jurisprudence a depuis été étendue au droit dérivé (directives et règlements).
Ainsi, par un acte de souveraineté explicite et lucide, un Etat pourrait s'opposer à l'entrée en vigueur d'une disposition communautaire qu'il contesterait.
Cela redonnerait de la liberté aux parlements nationaux et aux Etats, sans pour autant sortir de l'Europe. On en reviendrait à l'état du droit qui prévalait jusqu'en 89 pour l'ordre administratif et jusqu'en 1975 dans l'ordre judiciaire.
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 17:41
Une seule remarque sur la sortie de l'europe: le seule problème pratique c'est notre dette qui est exprimé en euro. Nous sommes dans la situation de l'argentine qui avait une dette exprimée dans une monnaie qu'elle ne contrôlait pas, le dollars. C'est le seul véritable problème transformer la dette en euro, en une dette exprimé en nouveau franc. Car imaginons que demain nous quittions l'UE, le franc aura probablement tendance à baisser par rapport à l'euro, du fait de notre balance commerciale déficitaire ainsi que de la surévaluation de l'euro (qui sert de plus en plus de monnaie de réserve). Si le franc revient à la valeur de l'euro de 98, c'est à dire une dévaluation de 50%, notre dette exprimé en euro aura dès lors augmenté de 50%, et le service de la dette avec. Autant vous dire que l'état n'aurait plus alors comme solution que déclaré soit la faillite, soit l'annulation de la dette avec tout ce que celà signifie en terme de turbulence économique (méfiance vis à vis du franc plongeons du franc, on ne sait pas ou celà finirait). La solution a ce problème est de substituer la dette exprimé en euro en dette exprimé en franc, en laissant un temps de latence pendant le retour du franc. Il est évident que les riches qui détienne la dette nationale ne voudrons pas de titre de dette en franc, il faudra leur forcer la main en leur disant par exemple que les titres en euro seront considéré comme nul au bout de quelques années. Mieux vaut un titre de dette même dévaluer par rapport à des monnaies étrangères que pas de titre du tout. On éviterait ainsi le risque de l'explosion de la valeur de la dette, évidement tout ceci devrait etre accompagné de politique industrielle protectionniste visant à éviter les deficits commerciaux qui provoque la tension monétaire.
Remarque: les américains, eux, n'ont jamais fait l'erreur de s'endetter dans une monnaie autre que la leurs, c'est même l'inverse puisque malgrés la faiblesse intrinsèque du dollars (déficit commerciale énorme) de nombreux pays du monde sont endetté en dollars. C'est le fameux problème de la dette du tiers-monde qui soutien en partie la valeur du dollars, une injustice que les historiens du futur jugerons à mon avis trés sévèrement.
Rédigé par : yann | 17 avril 2007 à 20:14
oui yann tu as tout à fait raison. C'est bien pour cela que je suis très prudent face aux attaques contre l'euro ...
En revanche, il y a peut-être une autre solution. Je ne sais pas ce qu'elle vaut :
J'ai relu il y a quelques jours le "discours pour la France" de Philippe Seguin qu'il avait prononcé à l'assemblée au moment du vote de Maastricht. A l'époque il préconisait une monnaie commune.
Est ce qu'il ne serait pas possible de revenir à cette solution, en réémettant des francs, tout en conservant l'euro comme monnaie commune pour l'europe. Ainsi nos emprunts resteraient libellés en Euros ... non ?
En tout cas, la perspective de sortir de l'euro ne fait pas peur à Emmanuel Todd ...
Rédigé par : malakine | 17 avril 2007 à 21:28
@Malakine
C'est une solution qu'envisageait un ministre italien (je ne sais plus lequel à vrai dire), en fait il faut bien se mettre dans la tête que l'on est libre, maintenant il faut se donner les moyens d'agir en fonction de tel ou tel objectif. Le problème de l'euro c'est qu'il s'agit du fruit d'une idéologie et non d'un projet rationnel, on est loin de la proposition de Keynes de création d'une monnaie international le fameux Bancor. L'économiste Norman Palma est probablement celui qui parle le mieux de l'euro comme monnaie stupide ayant raté tout ses objectifs. On a de nombreuses solution encore faut-il être cohérent:
1- Pour faire de l'euro une monnaie fonctionnelle telle qu'elle est il faut un super-état européen avec un énorme budget (ca ne plaira pas à Gilbert Sorbier), ce dernier devra compenser les écarts énormes entre les différentes région et ce de façon centralisé, une super-france quoi. Instaurer une langue unique, homogénéiser la fiscalité etc... Bref réaliser le projet fou des initiateurs de l'euro faire un état fédérale, étant donné que le premier réflexe des différents pays de l'UE lorsqu'un membre à des problèmes économiques c'est de l'enfoncer j'en déduis que la solidarité européenne est beaucoup trop faible pour tanter l'aventure. C'est pourtant ce que persiste à réaliser, ou plutôt à prôner nos élites européistes.
2-La solution de l'europe des nations, elle consiste à transformer l'euro en monnaie d'échanges externe, et en monnaie de réserve. Les monnaies nationales reviennent pour réaliser les échanges interne à l'UE, à l'extérieur ont utilise l'euro et ont pratique le protectionnisme pour équilibrer la balance des paiements. A l'intérieur de l'UE aucun état ne doit avoir d'excédent ou de déficit, pour ce faire ont peut réajuster les taux de change dans certaines limites, ou pratiquer des protectionnisme coopératif ayant pour objectifs l'équilibre. C'est le retour d'une espèce de SME, mais protégé de l'extèrieur et ne subissant plus l'influence néfaste du dollars.
3-L'anbandon pure et simple de l'euro, le retour du franc et des politiques économiques nationales. Le dollars perd son concurrent monétaire principale, l'empire est momentannément sauvé (avant que la chine ne le tu dans quelques décénnie). Mais la france retrouvera rapidement des couleurs économiques, la réactivité des états européens sera beaucoup plus rapide sans la machinerie européenne. Rien n'empècherait dans ce cas de figure de faire une nouvelle UE sur des bases nouvelles, peut-être un iquement scientifiques et industrielles. C'est ce dernier sénario qui me semble le plus probable, car il découle du sens actuelle de l'UE. Nos hommes politique sont trop faibles pour aller contre le courant et pour planifier des stratégies complexes.
Site de Norman Palma:
http://www.normanpalma.net/
Rédigé par : yann | 17 avril 2007 à 23:31
Belle démonstration, le retour de yannest fracassant.
Compliments.
Rédigé par : chav | 17 avril 2007 à 23:56
1- Pour faire de l'euro une monnaie fonctionnelle telle qu'elle est il faut un super-état européen avec un énorme budget (ca ne plaira pas à Gilbert Sorbier).
??????????????
I voted NO to say YES to a Europe that says NO to actual flaws and the YES needed the NO to win against the YES. Is that clear ?
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 18 avril 2007 à 10:10
Le retour de l'inflation pourrait faire fondre notre dette, mais je ne recommande pas cette solution peu vertueuse aux effets pervers sur les prix, les salaires et les coûts de production.
Quand il y a inflation, les plus fragiles trinquent.
Yann je te rejoins, sans l'Euro, on le sentirait passer.
Le concept de l'Europe des nations est à manipuler avec précaution. je préfère la communauté des états.
Bricoler avec la nation en période de crise économique est toujours dangereux. L'Europe des nations, nous l'avons vu émerger au XIXe siècle et nous savons bien les drames qu'elle a produit. J'ai tendance à considérer que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Le rejet du TCE (justifié par sa présentation et son manque de lisibilité) a été un coup d'arrêt mais il n'a pas été pour autant un retour en arrière, à proprement parler.
Je crois que tout retour en arrière, sur la monnaie en particulier, en ce qu'elle a une haute valeur symbolique, porterait un coup fatal à l'ensemble de l'édifice institutionnel Européen.
Par ailleurs, la monnaie, c'est avant tout la confiance. Si le moindre signal de défiance était donné, les conséquences seraient bien difficiles à apprécier.
Rédigé par : Marcus | 18 avril 2007 à 11:10
"Quand il ya inflation les plus fragiles trinquent", nous annonce Marcus
Donc par déduction qd il n'y a pas inflation les plus fragiles ne trinquent pas.
Allez dire cela à ceux qui ont vu la régression de leur pouvoir d'achat grace à l'euro.
Pourtant l'inflation est maitrisée, la bce ne sait d'ailleur faire que ça.
Attention à ne pas confondre inflation et hausse des prix, si la seconde accompagne tjs la première avec un pt décallage ds le temps, la seconde peut se manifester sans la 1ère.
Il y a inflation et inflation; celle, qui maitrisée est un outil économique (voir Keynes, Yann va s'en doute rebondir et développera plus en avant) qui bien uilisé stimule la croissance et est assez favorable aux classes moyennes et populaires (elle est il est vrai préjudiciable aux rentiers et détenteurs de titres et d'usure); et l'inflation délirante type Allemagne des années 20 ou Argentine des 70s 80s.
On peut même aller plus loin, en Argentine qd la monnaie s'est effondrée les gens en sont revenus au troc et à de nouvelles monnaies destinée uniquement aux échanges internes, après un temps d'adaptation cela n'a pas si mal fonctionné et cela a même contribué à un début de reprise de l'activité.
Observons l'évolution de la répartition des revenus en europe et l'évolution des pouvoirs d'achat depuis l'euro et l'inflation maitrisée.
Qui "trinquent" le plus?
Les plus riches bien sûr et au champagne même!!!!!!
Rédigé par : chav | 18 avril 2007 à 16:42
@marcus
Vous avez une conception "classique" de l'inflation, et différentialiste dans le sens ou vous séparez le consommateur du producteur. La hausse des prix signifie également hausse des salaires, du moins lorsqu'un pays produit lui même ce qu'il consomme ce n'est plus le cas aujourd'hui, et c'est pourquoi la hausse de la masse monétaire n'a plus les même effets que pendant les trente glorieuses.
Car on peut également considérer la hausse des loyers et des prix de l'immobilier comme une nouvelle forme d'inflation. Savez vous que sous l'égide des USA jamais le monde n'a autant déversé de liquidité qu'à l'heure actuelle, la masse monétaire ne cesse d'augmenter. En effet l'amérique surendetté cherche à effacer sa dette en dépréciant sa monnaie vis à vis de ses créanciers (Europe,Japon, Chine..), elle augmente rapidement chaque année la quantité de monnaie qu'elle met en circulation (la politique de la planche à billet quoi). Mais comme les autres ne veulent pas voir leur monnaie se réévaluer face au dollars ils se mettent à leur tour à augmenter de façon disproportionné leur masse monétaire, même l'europe sans quoi l'euro serait déjà à 2 dollars. Or d'aprés la théorie classique des libéraux nous devrions assister à une hausse des prix à la consommation faramineuses. Il n'en n'est rien, le libre-échange à définitivement casser le salariat et toute la masse monétaire se retrouve dans les profits des banques, des multinationales, des hedges fund, des actionnaires et dans le marché immobilier qui grimpe qui grimpe (vive la bulle actuelle). C'est donc une nouvelle forme d'inflation auquel nous assistons. Mais pour mieux parler du lien entre la dette et l'inflation je me permet de mettre ce texte du grand Keynes qui en parle mille foi mieux que moi. Mais il explique ces relation en ayant comme prémisse une certaine autonomie nationale dans le circuit consommation-production:
JM. Keynes « La réforme monétaire » 1923
…
Nous avons vu dans la section précédente à quel point le Gouvernement
Allemand avait pu faire usage de l'inflation pour payer ses dépenses. Mais l'inflation
vient encore en aide au Gouvernement par un second moyen : elle réduit la charge
des dettes de l'État dans la proportion où elles ont été fixées en monnaie. Ces dettes
consistent principalement en dettes intérieures. Chaque progrès de l'inflation représente
évidemment une réduction de la créance des rentiers sur le gouvernement.
Il serait cynique de supposer qu'un gouvernement, sauf-peut-être le Gouvernement
des Soviets, déprécie volontairement sa monnaie, pour bénéficier de ces divers
avantages. En règle générale, les Gouvernements sont, ou considèrent qu'ils sont,
amenés à la dépréciation par la force des choses. Les besoins d'un Trésor qui a à faire
face à des dépenses exceptionnelles, - une guerre, ou les conséquences de la défaite, -
sont probablement la cause originelle d'une inflation temporaire. Mais c'est dans le
fait que le rétablissement d'une monnaie saine amènerait la charge de la dette nationale
à un niveau insupportable, que l'on trouve les raisons les plus pressantes de la
dépréciation permanente c'est à dire de la Dévaluation qui fixe d'une manière constante
la monnaie au niveau très bas auquel les nécessités l'ont momentanément
amenée.
Il existe cependant dans de pareils cas une autre hypothèse que la Dévaluation, à
condition, ce qui est tare, que les adversaires de la dévaluation, soient prêts à lui faire
obstacle en temps utile. C'est l'Impôt sur le Capital. Le but de cette section est de
montrer le caractère opposé de ces deux moyens de réduire les réclamations des
rentiers, lorsque les obligations contractuelles de l'État, fixées en monnaie, représentent
une part considérable du revenu national.
Dans aucune collectivité, ancienne ou moderne, les éléments actifs et travailleurs
ne consentent jamais à remettre au rentier, ou au capitaliste, plus d'une certaine
fraction des produits de leur travail. Lorsque la dette accumulée exige des sommes
qui dépassent la proportion supportable, on a cherché des remèdes dans l'une des trois
méthodes possibles qui suivent. La première méthode est la répudiation de la dette.
Mais, hors le cas de révolution, elle est trop violente, trop évidente dans ses fins, et
trop brutale dans son incidence. Les victimes sont immédiatement prévenues de ce
qui arrive. Elles protestent trop haut. En période calme on peut considérer cette
méthode comme hors d'usage, en ce qui concerne la dette intérieure dans l'Europe
Occidentale.
La seconde méthode est la dépréciation de la monnaie, qui devient la Dévaluation
lorsqu'elle est fixée et confirmée par la loi. Dans les pays d'Europe qui ont pris part à
la dernière guerre, cette méthode a été utilisée sur une échelle qui réduit déjà le fardeau
réel de la dette de 50 à 100 %. En Allemagne, par ce moyen, la dette nationale a
été pratiquement annulée, et les rentiers ont tout perdu. En France, la charge réelle de
la dette représente un tiers de ce qu'elle serait, si le franc était au pair, et en Italie, un
quart. Les petits épargnants supportent patiemment, - l'expérience le montre, - ces
énormes déprédations, alors qu'ils auraient renversé un gouvernement qui leur aurait
pris une part de leur fortune par des procédés plus apparents, mais plus équitables.
Cependant, ce n'est pas là un fait qui suffit à justifier un dont les conséquences
fâcheuses sont nombreuses. Au lieu de diviser le fardeau entre toutes les classes de
riches, suivant une juste proportion il en fait reposer toute la charge sur les seuls
possesseurs de titres de rente, laisse tranquille les entrepreneurs capitalistes, s'il ne les
enrichit pas, et frappe également les petites économies et les grosses fortunes. Il suit
la ligne de moindre résistance et la responsabilité ne peut être imputée aux particuliers.
Il est, si on peut dire, le remède de la nature, qui commence à opérer silencieusement,
lorsque le corps politique a renoncé à se soigner.
La dernière méthode, la méthode scientifique, l'Impôt sur le Capital, n'a jamais été
expérimentée sur une grande échelle. Il ne le sera sans doute jamais. Il constitue le
remède rationnel, volontaire. Mais il est difficile à expliquer. Il se heurte à de violents
préjugés en entrant en conflit avec les instincts profonds grâce auxquels l'amour de
l'argent se protège. Le patient ne se soumettra à une grave opération chirurgicale que
s'il en comprend et approuve le but.
Je ne préconiserai pas l'emploi imprudent et sans doute impossible de l'impôt sur
le Capital, lorsque la dépréciation monétaire a déjà fait son œuvre, pour remonter le
courant. Mais s'il est clair que les réclamations des rentiers dépassent les capacités
des contribuables, s'il est temps encore de se prononcer entre un impôt sur le capital
et une nouvelle dépréciation, il est certain que les arguments de commodité et de
justice seront en faveur de l'impôt sur le capital. Il existe une objection fondamentale
contre la dépréciation, comparée à l'impôt sur le capital : la dépréciation pèse uniquement
sur les personnes qui ont à faire valoir des créances en monnaie légale. Parmi
les capitalistes, ce sont en général les plus pauvres. Cette injustice n'est atténuée par
aucune progressivité. La dépréciation frappe les petites économies aussi sévèrement
que les grandes fortunes. Elle profite incidemment au capitaliste entrepreneur pour
les raisons exposées au chapitre I. Par malheur, ce sont les petits épargnants les plus
menacés par la dépréciation qui constituent la classe conservatrice la plus hostile à
l'impôt sur le capital ; tandis que de l'autre côté, la classe des entrepreneurs, ne cache
pas ses préférences pour la dépréciation qui ne la menace pas sensiblement et peut
effectivement l'enrichir. C'est à cause de cette combinaison des deux forces que les
nations préfèrent en général les conséquences désastreuses de la dépréciation aux
méthodes scientifiques de l'impôt sur le capital.
Il y a une fraction importante de l'opinion, qui, repoussant avec véhémence l'un et
l'autre de ces procédés s'élève également contre la dépréciation et l'impôt sur le
capital, en prétendant qu'ils portent atteinte au caractère sacro-saint des contrats, ou
plutôt des droits acquis, car l'altération de la monnaie et l'imposition de la propriété
ne leur paraissent pas le moins du monde illégales ou contraires aux précédents.
Cependant, ces personnes négligent un des principes les plus essentiels du droit
public, celui qui distingue le droit de l'individu de répudier un contrat et la faculté
pour l'état de contrôler les droits acquis. Ils sont ainsi les plus dangereux adversaires
des thèses mêmes qu'ils prétendent défendre. En effet, rien ne peut faire respecter les
contrats entre particuliers, sinon le pouvoir discrétionnaire pour l'État de réviser les
clauses qui deviennent insupportables. L'action de l'usure est trop considérable.
L'accumulation des intérêts, si elle se produisait sans réduction au cours des siècles,
rendrait la moitié des hommes esclave de l'autre moitié (com : A méditer sur la société de propriétaire tant vanté par les néoconservateurs américains et par leur poulain Nicolas Sarkozi). Et le fait qu'en temps de guerre l'État emprunte plus facilement qu'il n'impose ne permet pas d'asservir d'une manière permanente le contribuable au rentier.
Ceux qui soutiennent avec insistance que sur ces sujets, l'État occupe la même
situation que l'individu rendraient impossible, si leur thèse triomphait, la survivance
de la société individualiste, dont l'existence repose sur la modération.
Ces conclusions paraîtraient évidentes, si l'expérience ne montrait pas que
beaucoup de banquiers conservateurs considèrent qu'il est convenable pour des hommes
dans leur position et reposant pour l'esprit de transporter la discussion publique
des questions financières du domaine de la logique sur je ne sais quel prétendu plan
« moral », c'est à dire dans une région intellectuelle où le droit acquis peut triompher
du bien commun sans autre discussion. Ils sont des guides en qui on ne peut avoir
confiance dans le chemin difficile d'une période de transition. L'État ne doit jamais
agir en négligeant de faire naître la confiance et la tranquillité dans les affaires. Mais,
lorsqu'il s'agit de grandes décisions, l'État est un corps souverain dont le dessein doit
être d'entretenir le bien général. Quand, par conséquent, nous envisageons l'action de
l'État, tout doit être considéré et pesé selon ses avantages. Les modifications des lois
successorales, l'impôt sur le revenu, la propriété de la terre, la liberté, les lois sur la
chasse, l'établissement de l'église anglicane, les droits féodaux, l'esclavage, etc. ont
subi les mêmes attaques des partisans de l'immutabilité des contrats, - qui sont les
fauteurs de Révolutions.
En Angleterre, l'impôt sur le capital dépend de la question de savoir si l'accroissement
de la créance des rentiers, résultant de ce qu'il était plus facile et peut-être
plus avantageux de faire les frais d'une grande guerre par l'emprunt plutôt que par
l'impôt, dépasse ce que le contribuable est capable de payer. Le niveau des droits
successoraux, de l'impôt sur le revenu et des supertaxes sur le revenu non-gagné, qui
réduisent le revenu net du rentier 1 modifie la situation. Néanmoins, aussitôt après la
guerre, alors qu'il semblait que le budget normal pourrait difficilement être équilibré
sans l'établissement d'une taxe sur le revenu gagné variant de 6 à 10 s à la livre, un
emprunt sur le capital paraissait nécessaire. Actuellement, la situation est moins
claire. Il n'est pas possible encore de prévoir comment fonctionnera le budget normal.
Cela dépend en grande partie du niveau auquel se stabiliseront les prix. Si les prix en
or baissent, soit à la suite d'une politique de rétablissement de la parité de l'or, soit
pour toute autre raison, un impôt sur le capital peut être nécessaire. Si toutefois les
prix se stabilisent aux environs d'un cours supérieur de 80 à 100 % au niveau d'avant guerre,
- ce qui pour d'autres motifs pourrait être désirable, - si ce pays retrouve progressivement
son ancienne prospérité, alors, peut-être pourrons-nous équilibrer nos
budgets futurs sans taxation oppressive du revenu du travail ni impôt sur le capital.
Au point de vue pratique, l'impôt sur le capital est parfaitement réalisable. Il ne
justifie pas d'autres objections que n'importe quel impôt nouveau de la même importance.
Néanmoins, comme tous les impôts nouveaux, il ne peut pas être appliqué sans
quelques frictions. On ne peut donc guère le recommander pour lui-même en remplacement
d'une autre taxe de même incidence. On doit le tenir pour la méthode la plus
équitable et la plus pratique de répartir le fardeau de l'impôt entre les économies du
passé et les produits des efforts du présent, toutes les fois que, au jugement du pays,
on a par trop découragé ces derniers. L'expérience montre avec une grande évidence
qu'à la longue, la fraction active de la communauté ne se résous point à trop payer
aux rentiers. Si l'ajustement ne se fait pas d'une manière, elle se fera d'une autre, c'est
à dire probablement par la dépréciation de la monnaie.
Dans de nombreux pays, la charge de la dette intérieure rend la dévaluation inévitable
et certaine tôt ou tard. Il suffira pour illustrer cette vérité de rappeler la situation
de la France, - pays de tous les absolutismes, et par suite, tôt ou tard du bouleversement.
Ses finances se présentent de la manière suivante :
A la fin de 1922 la dette intérieure de la France, non compris la dette extérieure,
s'élevait au dessus de 250 milliards de francs. De nouveaux emprunts, des crédits de
reconstruction garantis par le Gouvernement ont pu porter ce total aux environs de
300 milliards en 1923-24. Le service de cette dette absorbera près de 18 milliards par
an. Les recettes normales totales prévues pour 1923 2 s'élèvent environ à 23
milliards. Cela revient à dire que le service de la dette, au cours du franc au début de
1923, absorbera presque la totalité des recettes d'impôts. Les autres dépenses du
Gouvernement au budget ordinaire (non compris les pensions de guerre et les dépenses
de reconstruction) ne peuvent pas être ramenées au dessous de 12 milliards par
an. Il s'ensuit que même dans l'hypothèse improbable où les dépenses extraordinaires
seraient à l'avenir payées par l'Allemagne, le produit des impôts devrait être relevé de
30 % pour que le gouvernement puisse faire face à ses obligations. Si toutefois le
franc se dépréciait au point que la livre vaille 100 frs, le budget ordinaire serait équilibré
si l'on demandait au pays une fraction de son revenu réel légèrement supérieure
à ce que on lui prenait en 1922,
Dans ces conditions, il sera difficile, sinon impossible, d'éviter qu'on ait recours
au procédé de la dépréciation. Que dire donc de ceux qui parlent sérieusement de
ramener le franc à son ancienne parité ? Si leur thèse triomphait, les créances des
rentiers, déjà insupportables seraient triplées. On ne peut pas supposer que le contribuable
français se soumettrait à une telle charge. Même si le franc pouvait par
miracle atteindre ses anciens cours, il n'y pourrait pas rester. Une nouvelle inflation,
résultant de l'insuffisance des recettes fiscales le ferait à nouveau baisser. Et cependant
j'ai supposé l'annulation de toute la dette extérieure de la France, et la prise en
charge par l'Allemagne à partir de 1923 du budget extraordinaire, suppositions que
rien à l'heure actuelle ne justifie. Ces faits seuls rendent certain l'affirmation que le
franc ne peut pas remonter à son ancienne valeur.
La France devra en venir un jour à quelque compromis entre l'augmentation des
impôts, la diminution des dépenses et la réduction de la rente. je ne doute point que le
public français ne considère, comme il l'a fait jusqu'à présent, une nouvelle dépréciation,
- qu'il attribuera à la «mauvaise volonté de l'Allemagne», ou au Machiavelisme
de Londres et de New-York, - comme plus orthodoxe, et profitable aux intérêts
des petits épargnants, que l'impôt sur le capital, strictement établi, et dont le ministre
des Finances éviterait plus difficilement de supporter la réprobation.
Si, détournant nos yeux des hauts et des bas qui peuvent faire et défaire les fortunes,
nous regardons vers l'avenir, le franc se stabilisera à la longue, non pas d'après
la spéculation, la balance du commerce ou même les résultats de l'aventure de la
Ruhr, mais après la proportion du revenu de son travail que le contribuable français
consentira à abandonner pour satisfaire les réclamations des rentiers. Le niveau du
change du franc continuera à s'abaisser jusqu'à ce que la valeur or des francs dus aux
rentiers constitue une fraction du revenu national qui soit conforme aux usages et à la
mentalité de la nation.
1 Le revenu net du rentier français est de 6 % ; celui du rentier anglais n'est guère que de 3 %.
2 Les prévisions de recettes de l'année sont souvent modifiées et peuvent différer des chiffres cidessus,
mais pas suffisamment pour affecter notre argumentation. M. de Lasteyrie a indiqué avec
fierté comment, depuis qu'il avait présenté son budget, la dépréciation nouvelle du franc avait
amélioré les recettes évaluées en francs.
Rédigé par : yann | 20 avril 2007 à 23:40
Bonsoir Malakine
Visiteur récent et de plus en plus régulier de votre blog, je n'ai lu que 5 ou 6 de vos articles, toujours très intéressants, et j'avoue ma grande surprise quand j'ai découvert votre inclinaison villiériste!
En même temps je comprends que vous ne puissiez vous satisfaire des favoris et je me suis moi même difficilement résolu au vote utile (j'aurais sans doute voté pour une candidature antilibérale unitaire mais j'ai finalement choisi Bayrou).
Tout de même, De Villiers me semble un peu réactionnaire, mais peut-être suis je victime de son image médiatique? J'étais plutôt enclin à voir en lui un "agité du bocage" comme le caricature le Canard Enchaîné, vous allez m'obliger à lire attentivement sa profession de foi!
Si je comprends bien une de ses différences décisives serait son proctectionnisme économique: est-il réaliste? Peut-on raisonner à l'échelle française sur ce point? Peut-on le déconnecter des questions sociales et environnmenetales? Je ne crois pas, et il ne me semble pas que De Villers soit crédible sur ces points, mais j'avoue ne avoir épluché son programme... qui a tout de même peu de chances d'être mis en oeuvre.
Je ne vous cache pas que vous faites partie des esprits "éclairés" que je voyais bien choisir au final Bayrou que je trouve le plus "gaullien" des 4 demi-finalistes annoncés, ce qui devrait vous plaire? (ceci ne veut pas dire que les autres esprits présents sur ce blog ne sont pas éclairés s'ils ne choissent pas le béarnais, hein Chav, enfin pour les sarkozystes j'ai un peu du mal à voir d'où vient la lumière).
Enfin bref bon vote dimanche et encore merci pour ce blog et la richesse des débats qu'il permet.
Rédigé par : aiolive | 21 avril 2007 à 01:19
@ Chav
L'exemple argentin est passionnant à étudier (je suis loin d'en être un expert), il démontre que des voies existent à coté du FMI et du libéralisme. On peut le rapprocher également de la commune de Oaxaca (très occultée dans nos médias hormis CQFD), ce sont deux démonstrations que l'on peut exister et vivre en se déconnectant de la logique libérale.
Cela suppose fraternité et solidarité, et esprit de lutte.
C'est peut-être aller loin que de le prendre en "étude de cas" sur l'inflation.
Et sans être un expert, mais pour avoir connu l'inflation à deux chiffres et vu ce qui se passait dans les pays ou elle passe à trois chiffres, je crois qu'elle n'apporte rien de on aux "petits" si ce n'est une fois qu'il sont tout perdu la rage de se battre et d'inventer des modes de survie.
Rédigé par : aiolive | 21 avril 2007 à 01:28
@ alioli
J'ai hésité longtemps entre un vote institutionnel ou un vote idéologique. J'ai effectivement envie de favoriser l'accession de FB au 2d tour, mais ... on ne peut pas voter Bayrou quand on est protectionniste,quand on pense que le libre échange nous conduit dans un mur, que l'Europe est l'alibi de toute les impuissances et de la soumission à des idéologies technocratiques qui ont apporté la preuve de leurs échecs.
Bayrou s'inscrit dans la continuité de Delors. Son premier minstre sera très probablement l'actuel secrétaire général de l'OMC, le plus grand apôtre du libre échange, Pascal Lamy.
Pour ces gens là, les gens comme moi, sont des crétins, des arriérés, des frileux, des abrutis qui n'ont rien compris et qui refusent la modernité.
Pour moi, ces gens là, sont des chiens de gardes du système, qui ont jeté une chappe de plomb intellectuelle sur le débat depis 20 ans, dont les recettes ont apporté la preuve de leur échec et ont été rejetté par les peuples à chaque élection.
C'est de ces gens là dont il est urgent de se débarrasser !! On ne va pas - au prétexte que Bayrou est un homme plus sympathique que Royal et Sarko - favoriser l'accession au gouvernement de tous ces pires ennemis idéologiques !
Voilà pourquoi je ne voterais pas Bayrou.
J'aurais pu aussi voter pour un candidat d'extrême gauche., mais je ne le ferais pas pour les punir de ne pas avoir fait l'effort de comprendre les causes qui encouragent la tyrannie du capital sur le travail et qui stimulent la montée des inégalités. Je voterais pour eux le jour où ils seront capable de proposer une critique argumentée du capitalisme et de proposer des mesures pour le corriger.
Rédigé par : Malakine | 21 avril 2007 à 08:46
Je suis d’accord avec votre analyse, et partage votre irritation sur ce qu’est devenue la « modernité ». La seule différence est que pour moi les tenants de cette Europe libérale seront au pouvoir avec Sarko, Royal ou Bayrou. L’enjeu de l’élection ne situe pas là pour moi, hélas.
Tous sont mes « ennemis idéologiques » (je préfèrerais parler d’adversaires, j’ai peu d’ennemis, le moins possible, et de tous bords politiques) et je me suis d’abord résigné par « raison » au vote utile, considérant que si la gauche du PS refaisait son score de 2002, le risque d’un 2e tour Sarko / Le Pen était important. Une fois ce pas franchi, alors que j’étais auparavant un militant du vote d’idées au 1er tour, je prends d’abord en compte la capacité à renvoyer le leader minimo à Neuilly.
Le bonus, c’est la recomposition politique possible, la proportionnelle, un bonhomme qui m’inspire plus que ses concurrents. Je l’imagine capable de se transcender (la fonction fait l’homme ?) et de prendre au sérieux sa mission. J’ai l’impression qu’il est sincèrement humaniste, et puis de toutes façons même s’il n’était qu’un habile tribun de plus, mon choix serait le même : ma vraie décision c’est de voter « utile » contre Sarko-Le Pen.
Quant à la gauche je partage votre point de vue. Les bases de l’argumentaire que vous souhaitez sont à chercher aujourd’hui hors des partis, dans les réseaux alternatifs. Il me semble qu’un préalable est de sortir du paradigme de la croissance par la consommation, une véritable révolution culturelle, très complexe à concevoir et à mettre en œuvre dans un monde globalisé. Une autre idée me semble être le développement d’économies solidaires « parallèles », constituées de TPE/PME, de Scoop, organisées en réseau, les plus déconnectées possibles des circuits financiers dominants…l objectif étant de permettre aux populations d’assumer leur autonomie en dépendant le moins possible de la spéculation mondiale. La prise en compte des enjeux environnementaux est un autre axe fort, ainsi que le maintien d’un secteur étatique fort dans les services essentiels (éducation santé logement banque assurance énergie communications…). Tout cela mériterait d’être développé, une autre fois peut-être ?
Rédigé par : aiolive | 22 avril 2007 à 02:07
Heureusement, en définitive, que dans le secret de l'isoloir chacun peut voter différemment de ce qu'il annonce car il est des déclarations d'intention qui me désolent !
Le camp hétéroclite, s'il est existe encore, du Non au TCE était bien mal représenté. C'est bien là votre seule excuse ...
PMF avec beaucoup de retard - pour cause d'absence !
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 01 mai 2007 à 11:19