J’ai commencé Horizons voilà 5 mois. Au début, la fréquentation était faible et les commentaires peu nombreux, mais je prenais néanmoins plaisir à écrire. Début mars, l’audience a commencé à augmenter sérieusement et les commentaires sont devenus plus nombreux, plus polémiques, plus agressifs, très souvent sans aucun rapport avec l’article, au point que je me demande aujourd’hui si je tiens un blog, si j’anime un forum, une garderie pour des excités du clavier, et même, si quelqu’un s’intéresse encore à ce que j’écris tant les discussions n’ont strictement plus aucun rapport avec les articles.
Les réactions aux deux derniers articles m’amènent donc à changer les règles du jeu.
Je me suis beaucoup posé la question de la vocation de ce blog, et je me la pose encore souvent. A l’origine, il s’agissait surtout d’affûter ma pensée en écrivant sur différents sujets. La ligne éditoriale, définie dans l’un des tout premiers articles était de proposer un éclairage différent sur la campagne électorale et des analyses qu’on ne trouverait pas ailleurs. Et puis, avec le temps, viennent les lecteurs et des commentateurs. On n’écrit plus seulement pour se faire plaisir, pour formaliser des analyses. On commence à écrire en fonction de ce qu’on croit être son lectorat. Avec le recul, je pense que c’est un piège, mais un piège inévitable.
Le site a commencé à être lu avec la campagne de Jean Pierre Chevènement et le référencement d’Horizons sur son site officiel. A cette époque, j’essayais d’apporter un peu de flamme et de ferveur à cette campagne qui en manquait tant. J’écrivais pour un public déterminé. J’essayais de lui apporter ce qu’il avait envie de lire, de renforcer sa foi en son candidat, en la pertinence de ses prises de position et en ses chances de succès. A cette époque, j’ambitionnais de faire émerger une blogosphère républicaine. Je me sentais utile. Je savais pourquoi j’écrivais. Ce fût, la meilleure période, la plus exaltante, celle pendant laquelle j’ai écrit avec le plus de plaisir et de passion.
Puis, après son retrait, je suis revenu dans un registre plus neutre, plus proche de l’analyse politique que de la profession de foi militante, même si je reste fidèle à une grille d’analyse et des convictions inspirées par la pensée d’Emmanuel Todd. La fréquentation a continué à croître régulièrement, avec le référencement de certains articles dans des sites à fort trafic tel que Rezo.net. Le public est devenu plus hétérogène. Horizons n’est plus aujourd’hui « blog républicain », mais un espace de réflexion politique, un lieu de débat entre des personnes intéressées par le débat d’idées, avec des sensibilités couvrant presque tout le champ politique. C’est à la fois une chance et un challenge.
J’ai été tenté récemment d’ouvrir le site à d’autres rédacteurs pour augmenter les occasions de débattre et la diversité des points de vues. J’ai proposé le week-end dernier, à 21 commentateurs réguliers d’Horizons, de publier un article dans lequel ils prendrait position pour le premier tour, sur le modèle de ce qu’a fait l’hebdomadaire Marianne. L’idée était d’organiser dans la dernière semaine un grand débat sur les candidats et leurs programmes. Malheureusement, je n’ai eu que 10 réponses, dont 4 seulement étaient prêts à prendre position, les commentateurs les plus réguliers n’ayant d’ailleurs pas tous jugé utile de me répondre ! Là, j’ai commencé à comprendre qu’il y avait une grosse différence entre le statut de commentateur et celui de co-animateur ou de contributeur.
Puis, je me suis rendu compte que les commentaires commençait à être monopolisés par 4 ou 5 lecteurs, toujours les mêmes, et que les échanges commençaient à prendre la forme d’un forum de discussion entre quelques habitués sur des sujets qui n’ont souvent strictement rien à voir avec le sujet traité dans l’article.
Cela, je ne peux pas le laisser faire. Je n’ai pas envie qu’Horizons devienne un de ces nombreux sites où le nombre de commentaires sont aussi nombreux qu’illisibles et inintéressants. Je veux que ce site reste un espace de réflexion et de débat dans lequel il est possible d’intervenir sans noyer son commentaire dans des dizaines d’autres, sans craindre de se faire traiter d’inculte ou de fou dangereux, sans peur de s’immiscer dans des conversations d’ordre privés.
Au vu des statistiques de fréquentation, j’estime entre 300 et 500 le nombre de lecteurs réguliers d’Horizons. Je ne vois donc aucune raison de laisser les commentaires être approprié par 4 ou 5 habitués et laisser leurs bavardages, leurs querelles et leurs radotages décourager les autres d’intervenir.
Très honnêtement, j’en ai marre de voir le débat partir toujours sur les mêmes thèmes. J’en n’en peux plus de lire des propos de cour de récréation du genre « débile, toi-même ». Je n’accepte pas de voir les commentaires se transformer en tribunes libres pour monomaniaques. Que ceux qui ressentent le besoin d’exprimer leurs thèses se créent un blog. C’est facile et c’est gratuit. Je mettrais le lien dans la rubrique des blogs partenaires et on ira commenter leurs articles chez eux !
Mais il y a plus grave. Quand je m’aperçois que je me fais assassiner à la moindre prise de position, et parfois dans des termes franchement déplaisants. Quand je vois que ma pensée est souvent caricaturée jusqu’à l’outrance, et qu’on ne retient qu’un mot d’un article de deux pages. Quand j’en arrive à penser que les commentateurs ont plus envie de décharger leur agressivité ou de débattre entre eux, que de commenter le dernier article. J’en arrive à penser qu’ils se foutent complètement de ce que j’écris et ne respectent pas le travail que se cache derrière chaque article. Et là, j’ai plus envie.
Désormais, quand une idée d’article me vient, je me dis soit « ils vont encore me tuer » ou « ils n’en auront rien à foutre » et finalement l’envie de l’écrire s’en va. Hier soir je me suis donc demandé si j’allais arrêter pendant le temps de la campagne, si je devais fermer les commentaires, ou les modérer a priori. Finalement, j’ai décidé de fixer quelques règles.
Désormais, les commentaires seront modérés a priori.
Seront publiés, les commentaires « constructifs » qui viendront enrichir l’article et contribuer au débat qu’il ouvre, ceux qui :
- Commentent les analyses ou les thèses développées dans les articles,
- Emanent de nouveaux commentateurs ou de commentateurs occasionnels,
- Demandent à l’auteur de préciser sa pensée sur un point particulier,
- Proposent de nouveaux sujets d’articles et de nouveaux thèmes de débat,
- Signalent un autre article sur le même sujet en mettant le lien,
- Développent une autre analyse du même sujet ou des thèses différentes.
Seront en revanche censurés les commentaires qui :
- Caricaturent ou déforment les analyses développées dans l’article,
- Portent une opinion non argumentée, un pur jugement de valeur péremptoire,
- Sont insultants à l’égard de l’auteur ou des autres commentateurs,
- Portent sur un sujet qui n’a rien à voir avec l’article,
- N’ont d’autre objet que d’assurer la promotion ou la critique d’un candidat ou d’un parti,
- ou d’un autre blog ou site politique
La moindre phrase de trop entraînera le rejet du commentaire, car je sais que cette phrase de trop entraînera d’autres réactions et fera dégénérer le débat en pugilat ou dans une digression sans fin.
Je demande désormais donc aux habitués de structurer leur propos, de l’argumenter et de rester sur le sujet de l’article. D’intervenir moins mais mieux, bref, de passer d’un statut de commentateurs bavard à celui de co-animateur responsable de la qualité globale du site ... ou d'aller se répandre ailleurs !
Je demande à tous les intervenants de rester dans sur le terrain des idées développées sur le site et de s’abstenir de toute réaction portant la personne qui les a émises.
J’invite les lecteurs réguliers ou occasionnels à se manifester plus souvent dans les commentaires - l’exigence qualitative sur leur commentaire sera naturellement moins forte les concernant – et de m’écrire par mail pour me suggérer des sujets d’articles et des points de vues à développer.
Enfin, je propose à tous ceux qui le souhaitent de m’adresser des articles sur des sujets qu’ils aimeraient voir être débattus sur Horizons. Je les publierais dès lors qu’ils respectent la charte éditoriale que je m’impose, à savoir, partir d’un sujet d’actualité, développer une thèse ou une analyse, être structuré et avoir une rédaction relativement soignée. Je sais qu’il est difficile et contraignant de tenir un blog. Il faut produire régulièrement pour le faire vivre, et tout le monde n’en a pas nécessairement le temps et les moyens. Je suis donc prêt à héberger d’autres contributeurs occasionnels, mais sous forme d’articles finalisés, pas d’imprécises digressions dans les commentaires.
Horizons, c’est mon site, mon bébé, ma création. Je ne le laisserais pas dériver. Mais en même temps, j’ai besoin de vous pour le faire vivre. C’est pour vous que j’écris. J’ai besoin de vos encouragements, de votre respect et de votre participation.
J'ai été touché par ce phénomène lorsque les ex-du blog de L.Bazin sont venus en masse discuter chez moi, avec des pointes à 75 commentaires. Ils ont pris la mouche quand j'ai proposé de leur créer un forum dédié.
Je te comprends : on a l'impression d'être dépossédé.
Rédigé par : Toréador | 05 avril 2007 à 00:37
Mon cher Malakine,
Vous avez tout à fait raison, il est légitime de vouloir que les "clients" du blog respectent le sujet proposé.
J'ai bien conscience que mon intrusion d'électron libre qui toute sa vie a été "hors système", vous pose un problème.
Quand je lis des propos directement issus du discours officiel de l'université française sur l'économie et que je sais par expérience que ce discours à tout simplement un demi siècle de retard sur la réalité, j'avoue que j'ai bien du mal à supporter.
Les B.E. des sociétés civiles, comme les organismes de recherche font des découvertes qui apparaîtront dans les Universités vingt à trente années après.
Il fut un temps ou je construisait des prototypes, et ces prototypes ont commencé à être étudiés dans les écoles de mécanique quelques 15 à 20 ans après: quoi de plus évident !
Donc, si à l’avenir Mr. « SACHEZ QUE » me sort une X ème idée reçue sur l’économie telle qu’elle était appréhendée pendant les trente glorieuses et encore enseignée aujourd’hui , je saurais que je dois lui répondre, par exemple:
« Ce n’est pas le sujet de Malakine, le donnant/donnant de l’état providence n’a aucun rapport avec le donnant/donnant patron-employés».
A chaque chose malheur est bon Malakine, cela va vous permettre en même temps de contrôler les « colleurs d’affiches ».
Amicalement
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 05 avril 2007 à 11:18
Bonjour,
je comprends votre décision et je privilégie dans mes lectures les blogs qui sont "tenus", le votre en faisant, à mes yeux, encore partie.
Mais c'est vrai aussi, qu'avec des commentaires de commentaires, on dérive assez vite.
Je vous le confirme : c'est aussi très confortable de ne pas tenir on propre blog !
Bonne continuation...
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 05 avril 2007 à 14:36