Depuis quelques temps Malakine me propose de devenir rédacteur intermittent pour Horizons. J’ai longtemps hésité à répondre par l’affirmative. En effet c’est une chose que d’écrire un commentaire à la suite d’une analyse malakinienne et de ferrailler avec certains. C’en est une autre que d’avoir la primeur d’un article et de se mettre à la hauteur du niveau d’excellence d’un blog comme Horizons. Certains contributeurs réguliers ont sans doute, à l’occasion des contributions pour le grand débat, comme moi-même, mesuré la difficulté de l’exercice.
Si j’ai décidé de me lancer c’est en relation avec les sentiments que m’inspirent la campagne et la dureté des attaques et commentaires contre Ségolène Royal. Habitué des campagnes jamais je n’ai rencontré une telle bassesse dans les attaques, une telle misogynie, un tel mépris. Je dois l’avouer et certains considéreront peut-être que j’ai tort mais sa féminité me touche et sans être un preux chevalier du moyen age je pense que le respect s’impose quand on s’adresse à une dame, j’ai trop connu dans mon enfance une forme de machisme latin qui me semble aujourd’hui en France une aberration pour pouvoir cautionner les débordements verbaux et les attitudes qu’à si bien dénoncée dans une tribune du Monde, A Mouchkine.Heureusement certain(e)s ont eu le courage de se lever et c’est à leur exemple que je voudrais moi aussi tenter de me mettre en travers de cette déferlante anti Ségolène Royal.
Chav
Ségolène Royal est une femme, et pour la 1ère fois la possibilité qu’une femme arrive à la magistrature suprême est devenue autre chose qu’une hypothèse virtuelle. 200 ans après la révolution française, je vois Ségolène comme une nouvelle Olympe de Gouge qui ose réclamer pour elle ce que l’on accorde aux hommes depuis toujours. Qu’avons-nous vu dans cette campagne sinon que les candidats masculins peuvent se permettre d'aligner les inepties économiques (Sarkozy) ou encore de revendiquer le vide de leur programme (Bayrou).
Mais si par malheur Ségolène Royal laisse passer la moindre petite brèche dans son discours c’est l’hallali. C’est sur les questions économiques que cette stigmatisation et ces procès en incompétence ont été les plus violents alors que à l’opposer l’indulgence pour ne pas dire la bienveillance à l’égard de ses adversaires relève au mieux d’une bienveillante omission au pire d’une manipulation des esprits. Les analyses de Thomas Piketty semblent être beaucoup plus honnête. Piketty n’a pas tort quand il dénonce l'annonce faite par Sarkozy d'abaisser les impôts de 4 points de PIB au cours de son mandat. Promesse inconséquente et irréaliste puisque même « Margaret Thatcher avec ses privatisations forcenées et ses compressions budgétaires n’est jamais parvenu à les réduire que de 2 points ».
Nicolas Sarkozy prétend vouloir revaloriser le travail mais en même temps il propose de supprimer l'impôt sur la fortune acquise par héritage, et nombre de journalistes semblent hésiter à pointer cette contradiction économique plus qu’évidente, choquante même.
Bayrou n’est pas en reste, lui qui envisage une hausse de la TVA, en « oubliant au passage que c'est ainsi que Juppé avaient cassé la croissance en 1995 », et que le moral des ménages français est, nous le constatons tous, plombé par la stagnation voir pour certains la régression du pouvoir d'achat. Commise par la candidate, de telles erreurs de diagnostic économique seraient stigmatisées beaucoup plus durement.
A la vérité c’est a un véritable machisme économique qui est à la base de la virulence des critiques adressées contre Ségolène Royal, l’épisode de CPC (contrat 1ère chance) nous en a offert une nouvelle illustration. Si on a le droit de reprocher à ce nouveau contrat d'être encore incertain dans ses paramètres, rien ne permet la comparaison avec le CPE, et je dirais même plus, une telle comparaison n’a aucun sens. Alors que le CPE concernait tous les jeunes et les mettait sous la coupe réglée des entreprises, le contrat première chance se concentre (et c’est toute la différence n’en déplaise aux syndicalistes étudiant qui devraient lire les textes avant de se focaliser sur une formule) sur la minorité de jeunes sortis sans qualification du système éducatif et leur propose un parcours de formation en alternance.
On ne peut pas dénoncer le fait que certains jeunes sortent du système éducatif sans perspectives et vouloir revaloriser et développé l’apprentissage sans s’en donner les moyens ! Le CPC, à la différence du CPE, est une mesure ciblée et elle aura de fait un bien meilleur rendement économique que les nouveaux dispositifs d'exonérations de charges prônés par Sarkozy et Bayrou. Je cite à nouveau Piketty :
« L'exonération des heures supplémentaires défendue par le candidat UMP servira les travailleurs ayant déjà un emploi, mais sera par définition de peu d'utilité pour ceux qui en sont encore à chercher leur première heure de travail. Quand à l'exonération complète des charges pour deux emplois par entreprise, défendue par le candidat UDF, on croit rêver : applicable à toutes les entreprises quelle que soit leur taille et à tous les salariés quels que soient leur qualification et leur salaire, difficile d'imaginer un dispositif qui maximise à ce point les effets d'aubaine. Une entreprise passant de 520 à 522 salariés bénéficiera ainsi de la mesure à plein sans même s'en rendre compte. Par comparaison avec ces propositions, le contrat première chance de Royal est nettement moins coûteux et a l'immense mérite d'être beaucoup mieux ciblé et de se concentrer sur la population des jeunes sans qualification, auxquels les dispositifs actuels offrent peu d'opportunités pour reprendre le chemin de l'emploi et de la formation. Plus généralement, la vérité est que Royal est la candidate la plus crédible pour s'attaquer au premier défi économique de la France, à savoir le déficit abyssal d'investissement dans la formation, la recherche et l'innovation ».
Royal est la seule à proposer un programme où une synergie des mesures et des réformes proposées permettra l’indispensable remise en route de l’appareil économique et en parallèle la préservation des valeurs républicaines d’égalité, de laïcité, de fraternité de notre pays Nous vivons les réalités d’un monde qui nous devons le reconnaître n’est pas en adéquation avec nos valeurs et notre héritage.
Ségolène Royal propose de tenir les deux bouts de la chaîne en proposant à la fois de lutter contre l'échec scolaire à la racine (avec, enfin, un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles défavorisées et des remédiations rapides pour les élèves en difficultés) et d'offrir au supérieur et à la recherche l'autonomie et la souplesse nécessaires pour figurer en bonne place dans la compétition internationale.
De même, la grande idée si mal comprise de la théorie du gagnant/gagnant, n’est-elle pas l’incarnation même de l’idéal républicain du service de l’intérêt général ? Abaissement de charges, cette formule déclamée par les libéraux depuis plus de 30 ans, a fait en France la démonstration de son échec patent. Cette mesure convient peut être à certains pays, mais pas à la France. L’idée d’abaissement de charges en contrepartie d’une politique d’embauche ou d’investissements productifs correspond à la fois à un besoin et aux réalités de notre société. La sempiternelle référence aux « succès » du modèle allemand reste très critiquable. La structure des exportations et leur nature même sont très différentes et en aucun cas comparables (machines-outils à haute valeur ajoutée, clients européens essentiellement…)
Le rétablissement des comptes de l’assurance maladie doit être une priorité pour maintenir notre système de protection sociale. Que nous propose sarkosy et Bayrou ? La poursuite des politiques de déremboursement et même la fragilisation des systèmes à travers les allègements de charges qui en réduisant les recettes des organismes sociaux risquent de les précipiter dans le rouge et à terme conduire à une privatisation. A l’opposé les propositions contenues dans le pacte présidentiel et principalement, l’idée de dispensaires dans les quartiers populaires et à travers eux une politique de santé plus axée sur la prévention offre une perspective à la fois plus économe pour les finances publiques à terme, et en adéquation avec les besoins réels d’une grande partie de la population.
On pourrait continuer les exemples, réorientation de la politique monétaire européenne, agence de la ré industrialisation pour lutter contre les délocalisation qui, je cite le projet socialiste :
« pourra agir préventivement par des aides ciblées, organiser la reconversion des sites et participer à la préservation des métiers et savoir faire. Elle pénalisera le comportement des « patrons voyous ». Les restructurations et cessations d’activités devront comprendre un volet économique territorial et une contribution à la ré industrialisation des sites touchés. L’Etat jouera pleinement son rôle d’actionnaire pour favoriser l’emploi et le développement industriel. Un projet de loi sera soumis au Parlement afin d’obliger les entreprises qui délocaliseraient hors de France à rembourser les aides publiques qu’elles auraient perçues. »
La grande cohérence des propositions de Ségolène Royal repose sur cette idée de synergie, de cercles vertueux qui aboutissent par leur addition à un ensemble cohérent et porteur d’une dynamique conforme à l’intérêt général. Je ne retrouve pas, loin de là, cette vision d’ensemble dans les propositions de Sarkosy ou de Bayrou, qui semblent plus s’apparenter à un plan tiroir qu’à un plan d’ensemble logiquement articulé. Quand François Bayrou se contente de vouloir alléger le coût du travail, et Nicolas Sarkosy de le flexibiliser, Ségolène Royal elle propose de réarmer l'économie en rétablissant le triptyque Etat/ Nation/ entreprises sur lequel historiquement n’en déplaise aux libéraux, a toujours reposé l’économie française.
Chav
Camarade Chav,
J'aime ségolène et je l'ai toujours défendue à chaque fois qu'elle a été attaquée sur ses soit disant bévues, que ce soit sur les 35 heures, la fameuse cassette sur l'enseignement (ma femme a été une enseignante et directrice d'école dévouée pendant 17 ans), la reprise en main des délinquants mineurs, ses références à la Suède (encore hier), ses tentatives de revalorisation du travail (il y a un an) etc. etc. etc.
Au plan économique ton exposé dis qu'elle à fait le bon choix et nous dis que faire autrement que ce qu'elle propose c'est mauvais "parce que ce qui est bon pour la Suède et l'Allemagne ne l'est pas pour la France !" Mais à aucun moment tu n'expliques TECHNIQUEMENT pourquoi ce qui est valable ailleurs ne le serait pas en France et plus précisément CE QUI ne serait pas valable en France.
Par exemple j'ai une PME qui emploie 50 salariés, pour élever et conditionner des truites fumées. Il existe au Danemark une PME identique qui peut se payer 75 salariés avec un SMIC plus élevé à masse salariale identique. Ils vont donc produire plus et moins cher que moi (même avec = 5% de TVA sociale et des impôts sur les bénéfices plus importants):
EN QUOI CETTE TECHNIQUE FISCALE plus sociale, qui permet de produire moins cher et de mieux payer mes salariés serait-elle valable au Danemark et pas en France ? C’est ça que j’ai besoin de savoir pour voter ROYALement. C’est toi qui a parlé de cela, je te demande donc des explications précises et non idéologiques.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 20 avril 2007 à 16:19
A Gilbert.
Je n'ai pas dit qu'elle a fait le bon choix, mais des choix qui me semblent plus adaptés à notre situation et plus cohérents dans leur complémentarité.
De même je n'ai pas dit que faire autrement c'est mauvais, mais que ce que propose Sarkosi et Bayrou ne me semblait pas convenir.
Pour l'Allemagne, il me semble avoir donné des éléments, je vais en rajouter un autre, la France est la 1ère destination touristique du monde, si l'euro est élevé, les touristes viendront moins nombreux et dépenseront moins.
Concernant la question précise pour ton entreprise, je ne suis pas en mesure de te donner des réponses, mais je suppose que la consommation de truites fumées doit être au Danemark plus importante qu'en France (sur les vols SAS, ils servent tjs du poisson fumé) et que de fait ton concurent s'appuie sur un marché intérieur plus porteur, et est peut être moins dépendant de l'export, peut être aussi les dannois sont-ils plus atachés à consommer local.
La productivité du travail en France n'est-elle pas plus élevée qu'au Danemark, ce qui devrait permettre de tenir le même niveau de production (mais, je n'y connais rien pisciculture, excuse moi)?
je ne suis pas économiste de formation, si d'autre veulent bien te fournir plus d'éléments...
Ne pourrais t'on pas commenter le contenu de l'article en lui même?
Rédigé par : chav | 20 avril 2007 à 16:39
Ma question ne portait pas sur le Danemark, (j'aurais pu parler de foie-gras ou de boutons de manchettes à la place des truites) mais uniquement sur un point précis concernant une de tes affirmations. Je te remercie d'avoir éssayé de répondre.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 20 avril 2007 à 17:47
Bonsoir Chav (et Gilbert, Ilysa, Marcus, Chevillette, etc.)
De retour après quelques jours d’absence sur la toile, je me réjouis de vous retrouver sur Horizons (encore merci Malakine) et suis heureux de voir que vous n’avez rien perdu de votre verve ! Félicitations pour votre promotion ! Et pour votre article intéressant, dont voici mes commentaires.
Concernant Ségolène vous tirez argument qu’elle est une femme ; fort bien, c’est aussi le cas de Dominique Voynet, Marie-Georges Buffet, Arlette Laguiller, mais à part la symbolique certes sympathique, je ne trouve pas cet argument très rationnel ni républicain (et n’allez pas me parler de gênes XX ou XY… euh je plaisante of course)
Je suis d’accord avec vous pour dénoncer le traitement médiatique dont elle est l’objet, et les attaques indignes dont elle est victime y compris venant de son « camp » (mais quel camp ? qui oserait affirmer que le PS est un parti cohérent ?). D’accord avec vous aussi pour convenir qu’ils témoignent d’un machisme et d’une beauferie bien ancrés dans notre beau pays (et plus généralement des rapports brutaux entre personnes largement favorisés par l’idéologie libérale du chacun pour soi, mais je digresse…)
Mais ne pensez-vous pas qu’elle est victime d’un jeu de dupes qu’elle a initié ? Elle a joué avec les médias pour conquérir la candidature, et ce faisant mis le doigt dans un engrenage d’abord maîtrisé (et possédé) par les amis de Sarko.
Qui a vécu par l’image périra par l’image... Je ne le lui souhaite pas, et sur ce chapitre « elle ne vaut pas bien » Sarko pour faire référence à votre titre.
Vous m’accorderez que je ne l’ai jamais critiquée ni taxée d’incompétence dans nos échanges même si je reconnais avoir du mal à voir en elle plus qu’une création médiatique, et que son marketing ne me touche guère (cette affiche N&B quelle horreur ! on dirait un avis de recherche pour une disparue). Mon problème ce n’est pas Ségolène, même si je ne comprends rien à sa campagne, mais le PS, qui selon moi n’a pas de chances de gagner et ne le mérite pas.
Je trouve votre titre fort réjouissant : « Economiquement elle le vaut bien » (je suppose que vous parlez de Sarko). Au-delà qu’à lui seul il justifie mon ralliement bayrouiste, il implique une reconnaissance d’un modèle de droite qui serait l’étalon indiscutable « à valoir bien » c'est-à-dire à égaler…
Outre le fait qu’il ne faut pas oublier que Sarko fut un piètre ministre de l’économie et du budget, et donc certainement pas une référence à « valoir bien », ceci témoigne d’une surprenante soumission à la pensée unique.
Un jour le PS a compris l’économie de marché, et depuis il n’a eu de cesse que d’obtenir des brevets de bonne conduite (de compétence diront les ennemis de Ségolène) de la part des « spécialistes » de la Bourse et du Medef, goguenards. Regardez avec moi aussi il y a de beaux bénéfices ! Il n’est toujours pas sorti de cet aveuglement.
Ce n’est pourtant pas sorcier de comprendre l’économie de marché qui tient en quelques principes : ce qui est rare est cher, le profit appelle le profit, les plus riches dominent les moins riches… et le magique « business is business » qui justifie tous les écarts à la déontologie et au respect (du concurrent, du client, de l’homme, de la planète…) et se maquille parfois en « concurrence libre et non faussée ». Comprendre ça c’est comprendre comment se crée et circule le pognon, et admettre que le moteur s’appelle résultat d’exploitation (bénéfice quoi).
Le problème ce n’est pas la circulation du pognon, mais comment se crée la valeur, et comment la répartir. Et c’est là qu’intervient le politique : en encourageant ou décourageant certaine façons de faire de l’argent (exemple intégrer des critères sociaux et environnementaux dans l’imposition sur les bénéfices), et en intervenant dans le partage des richesses (services publics, code du travail, salaires minima…) pour contrebalancer la loi du plus fort, laquelle n’a besoin de politique pour prospérer.
Le PS est englué dans sa compréhension de l’économie qu’il n’arrive pas à concilier avec ses principes socialistes autrement qu’en renonçant aux dits principes. Il est, comme ses maîtres à penser économiques libéraux, prisonnier du paradigme de la croissance par la consommation, et se retrouve ainsi condamné à n’être qu’un accompagnateur du libéralisme, certains parleront de vaseline, d’autre de croix rouge selon leur sensibilité ou leur sens de l’humour.
Voila tout ce que m’inspire votre titre, qui est un formidable résumé de l’action économique du PS ces 25 dernières années.
Pardonnez-moi mais je n’entrerai pas dans les détails « techniques » du programme de votre championne (TVA and co) car ils importent relativement peu pour moi. Mes « principes » de compréhension du monde sont fondés sur le recul, la vue globale (tout est dans tout), et je m’intéresse plus au liens entres les éléments qu’aux éléments eux-mêmes. A l’arrivée je prends en compte plus les objectifs et les valeurs que les moyens annoncés pour les atteindre, dont je sais qu’ils évolueront.
J’espère que vous pardonnerez ma faiblesse technique, et que vous apprécierez tout de même ma modeste contribution au débat !
Bien à vous
Rédigé par : aiolive | 21 avril 2007 à 00:37
@ Chav (et bien sûr aux lecteurs)
Si vous le voulez bien, je me permets de répondre ici à vos objections et reproches (dont une parie était d'ailleurs d'ordre économique) quant à la justification de mon choix pour Bayrou, que je permets de résumer pour nos autres lecteurs (voir « L’heure du choix » et « Le coup de grâce » pour ceux que ça intéresse) :
- bien que je sois un électeur de gauche anti-libérale (Besancenot en 2002), j’ai choisi de voter utile car je redoute un 2e tour Sarko / Le Pen, probable selon moi si la gauche contestataire atteint son total de 2002 ;
- je choisis Bayrou parce qu'il me semble avoir de meilleures chances que Royal de battre Sarko (je ne crois que le PS puisse gagner aujourd’hui en France même face à Sarko) ;
- je choisis Bayrou parce que sa campagne est plus respectueuse des citoyens que celles de Sarko-Royal les marketteurs,que je partage son diagnostic sur la dette, qu'il est républicain, non énarque, et que c'est l'être humain des 4 favoris pour lequel j'ai le plus de sympathie ;
- je choisis Bayrou parce que je pense que le PS ne mérite pas de gagner et que l'élection de Bayrou permettrait aussi une salutaire clarification à gauche ;
- je sais qu'il est "de droite", pour moi guère plus que le PS, je suis résigné à ce que la France soit libérale les 5 prochaines années, et je pense que l'opposition anti-libérale et décroissante pourra mieux se développer sous Bayrou que sous Royal (d'ailleurs seul Bayrou propose la proportionnelle).
Vous me reprochez des raisonnements influencés par les sondages
- mes raisonnements ne se fondent aucunement sur les sondages, mais sur l’analyse des résultats de 1995, 2002, et 2005 ; je raisonne en grandes masses(droite dure libéral-populiste, centre social-démocrate, gauche anti-libérale) - mon éducation et ma pratique m’amènent à raisonner « macro » plutôt que « micro » -
- en observant ces « grandes masses », je pense que la droite dure et extrême « anti-PS » représente au moins 45% des voix (Le Pen Sarko Villiers Sarko Nihous), et que dans les 55% restant plus de 10% issus du centre droit ou de la gauche extrême n’apporteront pas leurs voix au PS (+ d’explications sur ces prospectives in « l’heure du choix »)
- je sais parfaitement que sondages et médias sont inféodés à Sarkozy (pour vous en convaincre s’il est besoin je vous recommande l’excellente analyse/démonstration de Philippe Cohen – interview à « Médias » - que l’on doit encore trouver sur le site de Marianne ou via l’excellentissime blog sarkostique)
- ce ne sont pas les sondages qui ont fait Bayrou, on peut même lui reconnaître une certaine habileté et un certain culot dans sa prise d’assaut « fondatrice » en direct avec Claire Chazal (je pense que tout le monde a vu la vidéo), c’est comme ça qu’il conquis sa place dans le PAF tout entier dévoué au duo Ségo-Sarko
- ce sont par contre bien les sondages, émis par les officines Sarkozystes, qui ont consacré votre Ségolène… et la regonflent en ce moment pour tenter d’influencer les indécis
- je n’accorde aucune foi aux sondages pas plus aujourd’hui qu’hier, suis convaincu de leur manipulation, et vous fiche mon billet que le nombre d’indécis annoncé permettra dimanche soir aux sondeurs de limiter l’aveu de leur incompétence (ou filouterie) : il sera le premier argument pour excuser leurs erreurs d’appréciation.
Vous me retournez le passé de droite de Bayrou et son programme économique libéral
- pour moi voter PS c’est aussi voter à droite, je ne fais guère de différences entre les ¾ du PS aujourd’hui et ce qu’il reste de l’UDF (les pires sont tous partis chez Sarko)
- concernant le programme économique, celui de Royal serait libéral également, beaucoup de promesses non tenues car non finançables, les complicités perdantes avec le Medef, et toujours les actionnaires qui décident in fine ;
- je pense par contre que celui de Bayrou, assez flou et centré autour de la réduction de la dette, pourrait être influencé par les composantes de sa majorité d’union centriste
- je sais qu’il est de droite, mais j’aurais tendance à faire confiance à l’homme sur la réalité de son évolution, et de toutes façons il n’a jamais été de droite dure mais toujours républicain et démocrate
Il est évident que mes arguments sont ici, comme les vôtres, influencés par mes opinions et convictions personnelles ; une de mes convictions les plus fortes et qu’il faut remettre l’économie à sa place, c'est-à-dire derrière l’éducation, la santé, l’environnement, le logement… je ne vote pas pour un programme économique mais un projet global : la réduction de la dette est un projet auquel j’adhère, et la réforme institutionnelle qu’il propose et va provoquer m’intéresse. Economiquement parlant, je suis lucide sur les marges de manœuvre très réduites des gouvernements face à la mondialisation et aux multinationales, surtout quand on est comme Royal et Bayrou pour le TCE.
J'espère que ces éléments de réponse vous satisferont à defaut de vous convaincre !
Bien à vous
Rédigé par : aiolive | 21 avril 2007 à 00:45
Il n'y a rien de bien consistant dans le programme de Ségolène Rotal. Le CPP c'est bien, mais c'est une mesure d'aide qui du niveau d'une région, ça va pas chercher loin ... Et vu le nombre de candidats, ça ne va pas révolutionner la France.
L'accent mis sur la formation et la recherche, c'est la réponse classique à la mondialisation. Comment être contre ? Tous les candidats le proposent. Je regrette une fois de plus qu'on réponde en se contentant d'allouer des moyens supplémentaires et sans accompagner pes des réformes de structures (autonomie des université, sélection à l'entrée, développement d'un institut de recherche appliquée sur le modèle des fraunhoffer allemands ...)On sait généalement ce qu'il advient des moyens qu'on déverse sur un système qui ne fonctionne pas ...
Quand à l'agence de la ré industrialaton. C'est du vent, du vent du vent !! Et l'escroquerie intellectuelle de ce genre de mesure m'énerve au plus au point.
Ce sera encore une fois des aides aux entreprises, outil archi connu et très encadré par Bruxelles. C'est exactement ce qu'on fait depuis 20 ou 30 ans. Il n'y a rien de nouveau la dedans. Les politiques de reconversion industrielles ont montré leurs limites depuis longtemps. Réindustrialiser un bassin à coup de subventions, c'est au mieux attirer des chasseurs de primes qui se barre au bout de quelques années (voir le cas Daewoo en Lorraine) au pire répandre de l'argent sans aucun effet.
La première chose à faire c'est prendre des mesures destinées à rendre au pays sa vocation industrielle et de lutter contre les importations des pays asiatiques par des barrières douannières.
Ce genre d'agence, c'est fait pour se donner bonne conscience en affichant une action, mais 1- ça existe déjà dans toutes les régions. 2- Ca marche pas.
Rédigé par : Malakine | 21 avril 2007 à 08:29
A tous, je n'ai pas malheuresement le temps de vous répondre. Je tenterais d'y revenir prochainement.
A Gilbert Sorbier, merci de ne pas employer camarade svp, la seule considération positive que j'ai pour ce vocable remonte à l'école primaire...
Rédigé par : chav | 24 avril 2007 à 12:09
L'agence de réindustrialisation est peut être du vent mais l'idée à au moins le bénéfice de poser la bonne question: qu'est ce qui des services ou de l'industrie rapporte le plus par emploi?
RDV sur le site de l'INSEE pour le savoir
Rédigé par : frednetick | 30 avril 2007 à 18:31