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04 mars 2007

Commentaires

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olivier

j'ai voté NON au référendum de 2005, et ce pour plusieurs raisons :

1) ce texte était illisble, incompréhensible, aussi bien sur la forme que sur le fond (à moins d'être sorti de l'Ena, et encore…)
2) le texte nous vantait le libre-échange économique comme étant la panacée universelle pour créer des emplois et sauver nos industries et nos services, ce qui est faux !
3) le citoyen que je suis attendait des avancées politiques majeures (création d'une armée européenne par exemple) et non un traité nous parlant d'économie
4) j'ai toujours cru (peut-être suis-je naïf) que la fonction première d'un état était de protéger le plus faible des griffes des plus forts. Je n'avais pas l'impression que l'Europe qui transparaissait à travers le traité proposé nous entraînait sur ce chemin de la solidarité inter-états.

Les Français se sont exprimés, et n'en déplaise aux partisans du OUI, ils ne sont ni des veaux, ni des gogos à qui on pourrait faire avaler multitudes de couleuvres.

J'ai l'impression que les Français ne veulent pas moins d'Europe, bien au contraire. Ils veulent une Europe solidaire et innovante : solidaire entre les états, entre les salariés, entre les cotoyens ; innovante dans ses institutions, dans ses pratiques démocratiques, dans ses choix de société.

Playtime

Pour ma part, je suis hostile à définir le contenu des politiques (fusse sous forme de lignes directrices) dans un texte de valeur juridique supérieure : celui doit s'en tenir à la répartition des pouvoirs. L'énoncé de grands principes dans un préambule constituent déjà un maximum.

C'est là qu'a péché Giscard : en faisant miroiter des "avancées" institutionnelles de caractère constitutionnel à condition qu'on accepte de voter une deuxième fois des règles que pour leur part les Français, déjà réticents, s'étaient retenus de rejeter en 1992 uniquement pour ne pas freiner la construction européenne (scrupule dont ils ont été récompensés par l'absence de toute initiative en direction de l'Europe sociale promise par Delors).

Or avec plus de 12 de recul, les Français avaient pu constater en 2005 'avancement "sélectif" de la construction européenne.

Sur l'empêchement de construire l'Europe sociale avec le TCE, voir les articles 209 (émouvant et magnifique exposé des motifs), 210 et 211 (la réalité = empêchement de droit ou de fait de toute loi tendant à l'harmonisation en matière de rémunération, retraite, droit de grève, représentation des salariés, assurance chomage, etc.).

L'absence de volonté des gouvernements de centre gauche, pourtant en position de force exceptionnelle, de rendre la construction européenne plus neutre à un moment où son besoin se faisait sentir de plus en plus, a pesé lourd dans leur discrédit. C'est normal : à l'heure du bilan, on évalue les actes et les absences d'actes.

Je ne crois pas qu'il sera si difficile de renégocier un traité institutionnel. Le TCE a été mal voté : en Espagne, la part des OUI par rapport aux inscrits a été encore plus faible qu'en France ; les Luxembourgeois, autres grands bénéficiaires de l'UE, ont ratifié à une faible majorité ; les Britanniques, les Polonais, les Tchèques, les Danois, les Suédois ont été interdits de se prononcer.

Mais après tout, faut-il réellement un nouveau traité ? Ceux qui ont accepté l'entrée en 2004 des Dix nouveaux états membres devaient penser que non, puisqu'ils n'avaient mis en place au préalable ni nouvelles règles institutionnelles ni nouveaux moyens budgétaires, démontrant leur confiance dans les institutions du Traité de Nice!

chavinier

Si il y a un article succeptible de faire réagir c'est bien celui la.

Je n'ai pas le temps de développer le fond de ma pensée, mais je voudrais mettre en parallèle cet article et les dernières déclarations de Chirac.

Il est de bon ton en cette fin de mandat, de règne, d'être indulgent avec le président, je ne le serais pas.

Chirac a été s'excuser devant les défenseurs de la constitution, il a regretté le vote des français, et s'est excusé de ne pas avoir fait triompher le OUI.
Je ne sais pas si les observateurs se rendent compte de l'énormité de la chose.
le président de tous les français réfute le choix clairement exprimé du peuple, le dénonce, le condamne, s'en excuse....

C'est du pur délire, pour moi cela relève du crime de haute trahison.

C'est une honte, une tache indélébile de plus sur la carrière de cet homme politique, qui ne laissera ds l'histoire aucun aspect positif.
Même la position sur la seconde guerre d'Irak est le résultat d'un positionement opportuniste, reprenez les déclarations des hts responsables français avant la guerre, ils ont soufflé le froid et la chaud alternativement et se sont fixés là ou le peuple se trouvait fort heuresement par opportunisme.
Chirac s'excusant du vote des français à bruxzelles cela vaut Sarkosy s'excusant de l'arrogance française à Washington.
De plus qd on se réclamme du Gaullisme on démissione qd on se prend un tel désavoeu de la part du peuple, ou au minimum on en tient compte ds l'action politique qui suit, mais non rien, Chirac c'est cela, il se fout de la France et de son peuple depuis tjs ce qui l'interresse c'est le pouvoir et ses pts délices, délices qui lui auront bien profité tout le monde le sait.

Concernant l'avenir de la construction européenne, je n'ai pas le temps de développer ma vision, mais ce qui est sur et certain c'est que le peuple européen au jour d'aujourd'hui est une chimère.
Pas de peuple: pas de constitution!
les choses peuvent certes avancer mais c'est trop tot, on ne met pas la charrue avant les boeux.
Concernant les candidats à la présidentielle, le constat est simple.
Bayrou et Sarkosy nous refilent le TCE tel quel ou édulcoré, avec le vote du parlement, on reconnaitra bien là les grds démocrates.
Royal, se prononce pour un traité institutionnel (pas constitutionnel, et ne vous en déplaise, c'est la clef fondamentale) soumis à référendum.
Ce qui est terrible avec la campagne présidentielle et la monté de Bayrou c'est ce décallage entre le peuple, le vrai, pas les bobos planqués et oui ouistes qui c'est normal se retrouvent derrière Bayrou, et les vrais enjeux.
Tous ils nous saoulent de belles paroles, et ségolène n'a pas l'exclusivité, nous risquons de nous réveiller, et surtout les abusés (je pèse ce mot) qui auront voter Bayrou avec une gueule de bois mémorable.

Malakine

Je suis tout à fait d'accord avec toi sur les dernières déclarations de Chirac. Il se serait grandit s'il avait proposé à Bruxelles une interprétation positive du non français. C'était pourtant facile, d'autant qu'il est coutûmier des propos violemment anti-libéraux.

En ce qui concerne, le débat institution / constitution, c'est effectivement la noeud du problème, et il faut qu'on en débatte. Ici, ou plus tard ...

Je te suis tout à fait dans ton propos "pas de peuple, pas de constitution". Cependant, la question c'est comment on pourra nettoyer les anciens traités de leurs dispositions libérales et libre échangistes sans avoir besoin de l'unanimité. Je ne vois pas d'autre solution qu'un texte ayant une valeur supérieure aux traités(pour ne pas parler de constitution) et qui permettrait de modifier ces dispositions à la majorité qualifiée.

Fabius avait 100 % faux quant il disait qu'il ne fallait pas graver dans le marbre l'orientation libérale de l'Europe car c'est déjà le cas. La question c'est comment on en sort ? La question me semble toujours sans réponse. Malheureusement, aucun des tenants du non n'a su jusqu'ici faire de propositions en ce sens.

chavinier

Pour répondre à malakine.
Comment donner une suite positive au non?
A mon avis, le noeud du problème, c'est que la construction européenne prétend mettre ensemble, couler ds un même moule, des peuples, des Etats qui ont des histoires, des valeurs, des modèles sociaux, économiques si différents que ceux ci peuvent se réveller antagonistes.

La pologne fait de ses racines catholiques un de ses fondements et c'est bien compréhensible au vu de la terrible histoire de ce pays coincé entre deux monstres hostiles qui voulait sa peau (Prusse, Russie, Malakine ne m'en voudra j'espère pas de parler de monstre à propos de la Russie, qui lui est semble t'il chère), cela est incompatible avec une vision laique républicaine à la française? Non!
Le royaume uni a tjs été d'essence économique libérale; l'Allemagne a elle développé un modèle sociale spécifique.
La France a fait de l'Etat un acteur économique et social essentiel, pour des raisons bien compréhensibles les anciens satellites de l'est se méffient de l'Etat.
On pourrait multiplier les exemples à l'infini.

Je me sens Français d'ascendance argentine avant de me sentir européen.
L'écrasante majorité des europées partage un même sentiment national.
Aux USA on se sent états uniens avant de se sentir californien ou montanien ou névadien.

On ne peut que déboucher sur un échec et un rejet à mettre ensemble, de façon forcée en plus, des peuples différents et pas prèts pour cela.

Alors la solution c'est la géométrie variable, concept que JP Chevènement a, je le pense, assez bien défini et présenté ds ses ouvrages, pour l'Europe, voter NON, Défis républicains et la faute de monsieur Monnet.

En clair des intégrations plus ou moins fortes, développées et à des vitesses variables avec possibilité de revenir en arrière.

Les traités actuels sont ds le mur, il faut donc les renégocier, point barre, nul besoin de faire cela tous ensembles.

Regardons la forme que prend la construction d'une intégration latino américaine comme le Mercosur depuis que le Vénézuéla l'a rejoint, il y a là je pense matière à réflexion.

Comme je l'utilise souvent j'ai une image pour décrire la stupidité de la construction européenne actuelle: on a mis sur un même circuit des formules 1, des sports protos, des voitures de rallyes, des vélo, des brouettes et on prétend faire courir tout ça ensemble... le carambolage est inévitable!

malakine

Mais pour renégocier les traités, il faut soit se mettre d'accord pour les annuler, soit adopter ensemble un texte cadre qui redéfinierait le projet européen et permettrait ensuite de modifier les anciens traités à la majorité qualifié.

Sarkozy n'a pas tord quand il dit que l'unanimité empêche de revenir sur les dispositions existantes.

Sur l'identité européenne, oui, tu as raison. Tes arguments sont recevables. Il y a des différences de cultures nationales qui ne peuvent pas être gommées. Néanmoins il y a quelque chose qui nous rassemble.

Quand je regarde un film américain, quand je discute avec une russe, quand je vois ce qui se passe dans le monde arabe ou que je vois les modifications que l'émergence de la chine entraîne sur le monde, je me sens européen et j'ai envie que ce continent se structure pour affirmer ses valeurs communes.

L'avis de Yann manque sur cette question ...

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