J’ai inauguré, avec un certain succès, le débat participatif sur Horizons la semaine dernière avec l’article « Si j’étais président ». Les débats qui ont eu lieu dans vos commentaires, et notamment les échanges entre Chaviner et Ilysa, me conduisent à vous inviter, cette semaine, à parler d’éducation.
N’étant pas un spécialiste du sujet, je me contenterais de poser la problématique pour stimuler vos réflexions et solliciter vos contributions.
Le thème de l’éducation est omniprésent à gauche au point qu’elle constitue LA réponse à toutes les questions : Comment s’adapter à la mondialisation ? Par la recherche et l’innovation. Comment remettre en marche l’ascenseur social ? Par l’égalité des chances, le soutien scolaire et la suppression de la carte scolaire. Comment remédier au chômage et aux délocalisations ? Par la formation professionnelle tout au long de la vie. Comment répondre aux incivilités et à la montée de la violence dans la jeunesse ? Par l’éducation et le renforcement des moyens dans les ZEP. Les parents sont dépassés et démissionnent ? On va mettre en place une école pour les parents défaillants …
L’éducation est devenue pour la gauche, l’équivalent de ce que fût à droite les thèmes de la sécurité et de l’immigration. Emmanuel Todd considérait que la sécurité était devenu le hochet destiné à calmer les classes populaires, et soulignait qu’on n’avait pas encore trouvé l’équivalent pour apaiser l’angoisse des classes moyennes. Le voici trouvé, c’est l’éducation ! C’est tout à fait logique. Les classes moyennes se trouvent dans une situation encore relativement confortables. C’est pour leurs enfants qu’elles s’inquiètent. Symboliquement, l’éducation, c’est la préparation de l’avenir.
Au-delà de la question des moyens qu’on peut y mettre, l’éducation fait également débat quand aux méthodes d’enseignements. Le ministre actuel entend remettre au goût du jour les méthodes traditionnelles que les enseignants auraient, semble t-il, oubliées : la méthode syllabique contre la méthode globale, sensée produire des analphabètes, la réapprentissage de la grammaire et du calcul mental. A ce train, on nous parlera bientôt de renouer avec l’apprentissage par cœur de poésies sans intérêt littéraire, et avec les cours de morale du matin !
Si le ministre de l’éducation s’autorise à vouloir apprendre aux enseignants comment faire leur métier, c’est que les techniques d’enseignements ont une telle charge symbolique qu'elles portent bien au delà de la communauté éducative. Le ministre s’adresse en fait aux familles et souhaite leur adresser un message de retour de l’autorité. Après avoir rétabli l’autorité du code de la route en plantant partout des radars automatiques, le Sieur de Robien, s’attache à rétablir l’autorité du Maître dans les classes.
L’éducation nationale me semble en effet être un lieu symbolique du conflit de valeurs entre liberté et autorité et entre le principe féminin et masculin. Elle a été gagnée par l’idéologie de l’individualisme post soixante-huitarde en même temps qu’elle s’est fortement féminisée. Aujourd’hui, la contestation de cette idéologie se manifeste par une aspiration à un retour à l’ordre, à l’autorité du maître, à la primauté du savoir sur l’épanouissement de l’élève. On est donc en train de revenir sur le discours officiel qui voulait « mettre l’enfant au centre du processus éducatif » pour renouer avec une verticalité hiérarchique où prévaut la transmission de connaissances, fussent-elles sans intérêt par un Maître à l'aura retrouvée.
L’éducation est un sujet très vaste qui ouvre sur des problématiques très différentes selon que l’on parle de maternelle où l’enjeu semble porter sur la démographie et la question de la garde des enfants, du primaire où il s’agit d’acquérir les connaissances fondamentales, lire, écrire, compter. Du collège, où la question qui domine est celle de la discipline et de l’orientation vers les filières professionnalisantes. Du lycée, où l’enjeu est, à mon sens, de développer l’esprit critique et d’apprendre à réfléchir. Quand à l’Université, elle pose de toutes autres questions que je vous propose de mettre de coté en vue, peut-être, d’un prochain débat.
- Le thème de l’éducation est-il surinvesti par la pensée politique de gauche ? L’éducation est-elle la cause de tous nos maux et la source de tous nos espoirs ? L’école est-elle toujours la clé de voûte de la République ?
- L’éducation nationale a-t-elle connu une dérive, marquée par le « pédagogisme » depuis deux décennies, qui serait responsable d’une baisse du niveau et d’une montée des violences ?
- L’éducation ne souffre t-elle que d’un manque de moyens ?
- Doit-on profondément remettre en question les méthodes d’enseignement, revenir à celles d’antan ? Faut-il revenir sur la mixité des établissements ? Réintroduire la blouse grise et l’uniforme républicain ? Organiser le salut au drapeau et chanter chaque matin l'hymne national ?
- L’autorité doit-elle marquer son retour à l’école, qu'elle que soient ses formes ?
- L’Education nationale souffre t-elle d’une sclérose due à une gestion trop bureaucratique, le fameux "mammouth" d’Allègre, l’organisation la plus importante après l’armée rouge ? Faut-il en décentraliser la gestion, renforcer l’autonomie des établissements, les mettre en concurrence dans le cadre d’une carte scolaire assouplie ?
- Faut-il rapprocher l’école de l’entreprise ? Comment ouvrir l’école sur le monde extérieur ? Faut-il recourir à des intervenants extérieurs ? Faut-il organiser la mobilité des enseignants sur d’autres métiers (fonction publique ou secteur privé) afin de leur permettre de se ressourcer ?
- Quelles sont les matières dont il faudrait abandonner l’enseignement et celles qu’il faudrait introduire dans les programmes ?
- L’école doit-elle former des hommes, des citoyens ou des agents économiques ?
- Les élèves et les enseignants travaillent-ils suffisamment ? Faut-il aligner leur temps de travail sur le régime de droit commun (35h et 5 semaines de vacances par an) ?
- Faut-il intégrer l’éducation nationale et les activités périscolaires organisées par les collectivités locales dans un grand service public de l’éducation, incluant les activités sportives, culturelles, l’aide aux devoirs et les centres aérés ?
- Faut-il mettre de la sélection à tous les niveaux dès le primaire par des classes de niveaux afin de mettre en place un véritable élitisme républicain ?
- L’éducation nationale peut-elle, doit-elle, être révolutionnée ? Y a t-il des exemples à l’étranger dont on pourrait s’inspirer ?
Je m’en remets à votre "expertise citoyenne", à votre expertise tout court, votre expérience ou vos convictions personnelles.
Le débat est ouvert …
Partons d'un principe simple : ce que l'Ecole DOIT faire. Elle doit :
- enseigner à lire, écrire et compter
- enseigner l'Histoire et la géographie de ce pays et celle des autres
- éveiller l'enfant
- le responsabiliser (Instruction civique).
Une fois qu'elle sera capable de faire tout ceci, on parlera de modules, d'ateliers théâtre, de stages, de formations non-diplomante, etc...
Back to the Basics !
Rédigé par : Toreador | 13 février 2007 à 16:04
Entièrement de l'avis de Toréador sur les valeurs et connaissances que doit enseigner l'Ecole.
Oui, l’école est la clé de voûte de la République. Encore faut-il lui reconnaître son (seul) rôle, sans pour autant lui demander de remplacer les parents démissionnaires. Qui reprend l'autorité que l'on ne reconnait plus aux maîtres ?
Rédigé par : golanne | 14 février 2007 à 22:37
L’UNICEF a réalisé l’étude « Vue générale du bien-être des enfants dans les pays riches » la France est classée 16ème sur 21. Mais ce qui est intéressant c’est le classement de la France dans le « Bien-être éducationnel » elle est classée dans le fond du tableau. Téléchargez ce rapport sur http://www.unicef.org/french/media/media_38299.html voici les premières lignes du rapport sur le Bien-être éducationnel : Une évaluation du bien-être général des enfants ne peut manquer d’inclure une réflexion sur la question de savoir si les enfants sont bien servis par les systèmes éducatifs qui conditionnent une si grande partie de leur enfance et, en principe, de leur bien-être futur. De façon idéale une telle évaluation devrait refléter dans quelle mesure chaque pays respecte l’engagement envers l’article 29 de la Convention relative aux droits des enfants qui appelle à ‘favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités’.
Le tableau 3.0, qui réunit les trois différentes composantes retenues pour représenter le bien-être éducationnel, offre une vue d’ensemble de l’OCDE. La Belgique et le Canada arrivent en tête. Le Royaume-Uni, la France et l’Autriche rejoignent les quatre pays d’Europe du Sud en bas du classement. Mais le résultat le plus remarquable est sûrement celui de la Pologne qui se situe en troisième position bien qu’elle soit de loin le pays le plus pauvre parmi les 24 examinés (avec un PIB11 inférieur à la moitié de celui des seuls deux pays la devançant dans le classement).
Rédigé par : Gerard S | 15 février 2007 à 20:29
@ Chavinier
Avant de participer au débat de fond proposé par Malakine et pour en préserver la clarté, je réponds sommairement à quelques points de ton récent commentaire .
1 ) Comme toi, je l'interroge sur l'éventualité d'une volonté concertée de détruire l'Ed. Nat . ; déjà, sous le mnistère Allègre, je m'étais étonnée que des collègues d'anglais prêtent une telle intention à Lionel Jospin qui affichait alors sa proximité avec Tony Blair et qu'il expriment la crainte de l'introduction à terme dans notre pays du modèle des privates schools et de l'évolution de l'enseignement public anglais .
Il y aurait une piste de réflexion à explorer du côté des choix de l'OMC et de l'AGCS de même que dans la tentative de renommer "ministère de l'Education" le "ministère de l'Education Nationale" .
2 ) Lors de la pré-rentrée de septembre 1989, alors que Jospin était à la tête de l'Ed. Nat. , le chef d'établissement d'un collège de l'éducation catholique sous contrat organisait des ateliers autour d'un ouvrage de Philippe Meirieu, récemment paru, "Enseigner, scénario pour un métier nouveau" : le lien entre Meirieu et Jospin était déjà une réalité dont l'Education Catholique s'était saisie . Avait-elle conscience d'annoncer un nouvel univers éducatif soumis à une autorité accrue des chefs d'établissements, des associations de parents et des organismes de gestion qui tiennent les cordons de la bourse et donnent les ordres au détriment de la liberté pédagogique des enseignants ?
Quand il a été ministre de l'Education nationale, Claude Allègre s'est appuyé sur Philippe Meirieu qui est resté quand il a quitté le ministère et qui a continué de faire autorité en dépit de tous les changements de ministres . Il est logique qu'il fasse montre d'un peu plus de raison dans l'incertitude de l'issue de la campagne électorale mais qui dressera le bilan des "années Meirieu" ?
3 ) Rien d'étonnant à ta déception devant les débats participatifs : trop souvent, quand on parle d'éducation, chacun tend à généraliser à partir d'une expérience personnelle trop limitée et en tire des conclusions définives ; il m'arrive aussi de fermer la radio (retraitée, j'ai tout le temps de l'écouter) quand des émissions interactives parlent des enseignants…
Certes, le débat participatif a l'intérêt de confronter à la résistance du réel des politiques qui en sont éloignés mais l'essentiel tient à la pertinence de leurs analyses : sauront-ils affiner le matériau recueilli à l'état brut ?
Je n'ai pas encore pris connaissance du récent discours de Ségolène Royal sur l'éducation, peut-être y trouverons-nous des raisons d'espérer : affaire à suivre !
Rédigé par : Ilysa | 16 février 2007 à 18:38
Beaucoup de questions et déjà bcp d'avis.
Il est difficile de prendre à bras le corps un sujet aussi complexe et aussi sensible, mais bon je vais essayer de donner quelques pistes.
Enseignant moi même, mon analyse s'appuie sur un vécu, cependant je viens d'un autre univers que l'ducation, cela me permet un certain recul.
Reprenons la nomenclature Malakinienne.
1) Tout commence encore à l'école! Si celle ci n'est pas la clef de voute elle reste incontournable, de fait la (sur)demande actuelle vis à vis de l'école vient du fait que d'autres plan de la socièté ont abandonné le rôle de léducation au sens large (famille, quartier, institutions...) ou au contraire sappent des principes stucturants essentiel.
Je ne cacherais pas mon mépris pour l'audio visuelle (même publique( et la socièté de cosommation et des plaisirs assouvis sans efforts intellectuels conséquents.
L'école ne peut seule, aller à contre courant de l'esprit dominant et compenser tout.
Ma femme enseignante en maternelle me rapporte des propos de parents du style: "quand aller vous leur apprendre à faire leur lacets et à se moucher proprement?"!!!!
De même comment exiger d'un enfants de primaire la concentration et l'attention que demande un suivi sérieux des notions vues en classe quand celui ci se couche tous les soirs après 23h00 et passe ses mercredi et samedi au centre commercial?
Les débats du PS ont été pour moi un choc. Quelle n'a pas été ma surprise quand evoquant ces questions on m'a répondu, parents et même enseignants confondus, que l'école devait:"s'adapter à la socièté d'aujourd'hui".
2) Oui le pédagogisme et l'absolutisme de certains inspecteurs complètement imbus de leur autorité ont fait des ravages.
Tous les enseignants connaissent des cas qui relèvent de la folie furieuse et d'une méconnaissance totale du métier d'enseignant.
Il faut le rappeler sans cesse, l'enseignement est un triangle, ce qui importe c'est de relier le savoir, l'élève et le maître, au centre, définitivement, il n'y a rien!!
La baisse du niveau est sur certains points corélative s'est évident.
Pour autant il y a aussi des progrès, il serait réducteur et stupide de caricaturer.
Pour ce qui est des violences, oui la situation se dégrade, à l'image de la socièté en général, c'est le résultat de cet individualisme forcené que l'on érige en modèle.
3)les moyens sont importants certes, mais la tache est énorme et l'aspect financier n'est pas tout; le caractére humain de la mission a été tellement méprisé que aujourd'hui les élèves qui souhaitent devenir enseignants demain sont de moins en moins nombreux, ce phénomène est pour moi très révélateur.
Un boulot crevant nerveusement, de plus en plus mal payé (les chiffres parlent d'eux mêmes) et de moins en moins considéré!!!
Ceci étant encore une fois l'argent n'est pas tout et ne résoudra pas tout.
4)Plus d'autorité et de respect, cela peut il amméliorer certaines choses?
Pourquoi pas, sans aller à la chanter tous les matins, étudier la Marseillaise, régulièrement est utile, si tous ceux qui en disent du mal la connaissait mieux et par exemple le couplet"des enfants" cela leur éviteraient de dire bien des bétises.
L'uniforme nous l'avons déjà, c'est le sport wear et son corolaire, la dictature des marques... alors oui perso, un vai uniforme, même si je n'aime pas le mot, je suis pour.
Le drapeau? Pourquoi laisser cela au front national et aux supporters de foot?
Sans aller jusqu'à un salut journalier une réintroduction de celui ci à l'école avec des modalités qui restent à définir ne me heurterait pas.
Par contre pas de retour sur la mixité.
5)Idem 4
6)Oui c'est une évidence, en plus les personnels sont souvent assez mauvais ds la gestion simple du personnel et je ne parle pas des avancements de carrière.
Décentraliser oui.
Mettre en concurence, non bien sûr, mais en réalité c'est déjà le cas.
La carte scolaire, le débat est énorme, plutot que de penser à un découpage damier, certains proposent un découpage en rayon intégrant des portion du centre et de la périhérie urbaine, à étudier.
7) Pourquoi pas mais attention danger c'est la porte ouverte aux pires dérives.
8)Recentrer les priorités sur le français au primaire est un besoin évident, que l'on enseigne des matières d'éveil musicale artistique, une seconde langue, voir une troisième et une régionale par dessus le marché...
est une ineptie, une stupidité dangereuse et malsaine car ce sont les classes populaires qui ont le plus grd besoin d'une maitrise de la langue Française (celle de la République), c'est elle la condition incontournable des réussites futures.
Tous les enseignants responsables le savent bien, passer en 6ème, sans maîtriser les fondamentaux du français, c'est la porte ouvertes à l'échec et au dégout.
La place des math est une horreur pour beaucoup et aussi un frein à bien des potentiels.
La réintroduction de l'éducation civique a été bien utile, son arrivée au lycée permet des expériences positives.
Le français doit être rendu plus attractif au collège, les élèves actuels font parfois des choses qui dégouteraient tous les anciens.
9) Des citoyens Républicains avant tout et avec tout ce que cela comporte.....
Ds une moindre mesure contribuer aux besoins économiques.
L'essentiel n'est il pas de rappeller que c'est le premier qui doit conditionner le second et surtout pas l'inverse.
10)Oui si ils font consciencieusement ce qu'ils ont à faire c'est assez!
11)Non tout au contraire, l'école n'est pas et ne doit pas devenir un lieu de divertissements ou pire d'amusements.
Il faut dissocier les activités et renforcer les moyens là ou les besoins sont criants, quartiers populaires.
Encore une fois il faut surtout responsabiliser chacun, les familles ne doivent pas tout attendre de l'école ou des collectivités locales...
Que les parents fassent autres choses que assoir les enfants devant la télé .
Cela changera bien des choses.
12)Un peu plus oui, ne pas tomber comme au Japon toutefois.
13) oui et non il faut regarder ce qui se fait et ce qui s'est fait mais surtout produire notre propre système la France est un pays de révolution pas d'adaptation. Et encore moins de copiage!
Voilà, j'ai essayé d'être bref et surtout concret.
Je force un peu parfois, c'est pour faire réagir.
Merci à malakine d'avoir ouvert ce qui s'apparente pour bcp c'est vrai au tonneau des Danaïdes.
Rédigé par : chavinier | 18 février 2007 à 16:29
Pour faire court: je ne peux que plussoyer Toréador.
Ensuite, quand ces objectifs seront atteints, il sera temps de fignoler.
IL Y A URGENCE EN LA DEMEURE: la pire des oppressions, c'est l'ignorance et le débat entre "instruction" et "éducation" EST UN FAUX DÉBAT: on ne raisonne, on n'argumente, on n'exerce son esprit critique qu'à partir de connaissances.
Rédigé par : les RdG | 19 février 2007 à 19:16
Vous oubliez de poser la première question dont la réponse détermine le rôle et le fonctionnement de l' école : doit-on parler d' éducation ou d' enseignement ? Je ne suis pas un expert mais il y a là autre chose qu' une simple subtilité de langage.
Rédigé par : Erick | 21 février 2007 à 14:15
Gérard S. signale dans le rapport 2007 de l'UNICEF sur "Le Bien-être des enfants dans les pays riches" la dimension 3 sur le bien-être éducationnel . Les auteurs y rappellent l'article 29 de la Convention relative aux droits des enfants qui invite chaque pays à "favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques dans toute la mesure de leurs potentialités". Leur bilan doit évaluer dans quelle mesure les pays respectent leur engagement . Le mauvais classement de la France montre l'échec de notre Education Nationale à atteindre ces objectifs et pose le problème connexe de l'inégalité scolaire . En 2002, le bilan 4 relevait que, parmi les pays de l'OCDE, "les meilleurs systèmes éducatifs permettent aux élèves performants de réaliser leurs potentialités tout en empêchant les autres de rester trop en arrière".
C'est là que se situe l'échec de l'Education Nationale dont, sur Horizons, Malakine puis Pascal L. ont donné des preuves irréfutables . Malakine, le 20/12/06, dans son article "Les radicales propositions de M. Borloo" témoigne avoir rencontré autrefois, en tant que DRH, des personnes "littéralement inemployables", aux CV rédigés dans "un français très approximatif, à l'orthographe lamentable et qui, en entretien, donnaient une impression encore pire" . Pascal L. confirme, dans son commentaire du 6 février sur "Si j'étais président" que de nombreux jeunes, même titulaires d'un diplôme de niveau Bac+2, "savent à peine lire, écrire et compter et se voient fermer les portes des entreprises" .
Le drame vécu par ces "inemployables"est à rapprocher de celui des 20 % d'une classe d'âge que l'Ecole échoue à mener à l'obtention d'un diplôme même minimal : elle échoue aussi à transmettre à une partie des 80 % de diplômés les connaissances élémentaires nécessiares pour obtenir un emploi !
Toréador, Golanne et les RdG disent vrai et, comme Malakine et Pascal L., ils disent une scandaleuse situation : OUI, il y a urgence en la demeure ! OUI, la pire des oppressions c'est l'ignorance ! OUI l'Ecole doit enseigner à l'enfant lecture, écriture, calcul, histoire et géographie, l'éveiller et le responsabiliser !
Toréador affirme la primauté de ces objectifs et ajoute que ce n'est qu'après les avoir atteints qu'on parlera de "modules, d'ateliers théâtre, de stages, de formations non-diplômantes, etc…"Je n'ai pas assez de compétences quant aux modules et aux formations non-diplômantes pour en parler, mais mon expérience des ateliers-théâtre et des stages au niveau du collège m'autorise à répondre que ce sont des outils susceptibles d'aider puissamment à l'instruction en même temps qu'à l'éducation des élèves ; encore faut-il, par exemple, parvenir à leur faire travailler des textes de théâtre de qualité ou leur faire rédiger des comptes rendus de stage présentables .
Comme les RdG, je crois que le débat entre "instruction" et "éducation" est un faux débat parce qu'elles sont inséparables. Le scandale des "pédagogistes" est de les avoir séparées et opposées au nom des "sciences de l'Education" en cours dans les universités nord-américaines . La révolution informatique, les NTIC (nouvelles pédagogies de l'information et de la communication) et l'interactivité prônée par Claude Allègre ont servi d'arguemnts pour répudier la transmission des connaissances considérée comme obsolète .
Dans son intervention "Face à la dérive pédagogiste : transmettre et innover", lors du colloque du 4 avril 2006 "Pas de société du savoir sans école" organisé par la Fondation Res Publica (www.fondation-res-publica .org), Elisabeth Altschull raconte avec humour comment, dans la Commission Thélot, après qu'elle avait osé employer le mot "instruction", une directrice d'une école privée catholique diocésaine lui avait rétorqué : "Mais plus personne ne parle d'instruction, voyons "!
Lors du même colloque, Marc Le Bris concluait ainsi son intervention : "Depuis des années, on essaie de nous faire croire que l'éducation est l'objet supérieur à l'instruction, c'est-à-dire que l'éducation contient l'instruction qui n'en serait qu'une petite partie .
(…) Pour moi, je suis persuadé que l'instruction éduque et que l'éducation n'instruit pas" .
La boutade de Chavinier qui a introduit ce débat signale aussi l'urgence d'engager les candidats à l'élection présidentielle à revenir aux fondamentaux pour restaurer cette instruction trop longtemps dévaluée qui apportera l'éducation aux enfants de notre pays !
Rédigé par : Ilysa | 21 février 2007 à 20:29
La question de l'éducation me tient à coeur. J'ai suivi de prêt les contreverses sur la critique du pédagogisme: Sauvez les lettres, Marc le Bris, la fabrique des crétins, l'engagement de Finkielkraut, Etc...
Je pense comme eux que l'école française s'est détournée de sa mission envahie par l'idéologie pédagogiste de Merieu, la sociologie holiste de Bourdieu et l'influence de la cogestion syndicale.
Pour moi, la première source de ses dérives est la grande faiblesse du monopole d'Etat de l'éducation. D'ailleurs, Condorcet l'avait bien compris:
« Il est des institutions où la concurrence doit être respectée, au point de ne pas mettre obstacle à la volonté de ceux qui ne jugeraient pas à propos de profiter des établissements publics (…) L’instruction doit être mise dans cette classe d’établissement, non seulement parce qu’il est nécessaire de conserver aux parents une véritable liberté dans le choix de l’éducation qu’ils doivent à leurs enfants, mais aussi, parce que l’influence exclusive de tout pouvoir public sur l’instruction est dangereuse pour la liberté et le progrès de l’ordre social. »
Condorcet se méfiait aussi d'une association corporatiste des institeurs
« Il faut que ni les maîtres d’une division du territoire, ni même ceux d’un seul établissement, ne forment une asso-ciation ; il faut qu’ils ne puissent ni rien gouverner en commun, ni influencer sur la nomination aux places qui vaquent parmi eux. Chacun doit exister à part, et c’est le seul moyen d’entretenir entre eux une émulation qui ne dégénère ni en ambition, ni en intrigue ; de préserver l’enseignement d’un esprit de routine ; enfin, d’empêcher que l’instruction, qui est instituée pour les élèves, ne soit réglée d’après ce qui convient aux intérêts des maîtres. ».
J'estime être une victime de l'éducation nationale. J'ai connu l'échec scolaire en partie à cause de la médiocrité ambiante de l'éducation nationale, avec des exeptions bien sur.
L'autonomie des universités est absoluement indispensable. Il faut aussi une plus grande autonomie des chefs d'établissements, ce qui implique un recrutement des chefs d'étblissements plus serieux qu'aujourd'hui.
L'instruction du peuple est un socle fondateur de la République trop important pour le laisser aux seules main de l'Etat et des syndicats.
Rédigé par : toussaintl | 22 février 2007 à 10:41
Toussainlt doit préférer s'en remettre au bon vieil adage:
"chacun pour soi et demerde toi tout seul", (tient ce serait un bon slogan pour sarkosy ça).
Pensez l'éducation et ou l'instruction avec les références libérales du XVIII ème! Où va t'on?
Décidément les pertinentes remarques de Yann n'ont pas été intégrées par toussainlt.
Ohé, ohéééééééé on est au XXI ème siècle!!!!!!!!
Que l'école rencontre des difficultés ne suffit pas à rejeter l'héritage républicain, qui n'en déplaise à Toussainlt a contribué a donné à la France sa place ds le monde, a permis le fontionement démocratique de la Nation, élevé des millions de Français vers les savoirs et la culture, assuré l'intégration à la France de millions de personnes d'origine étrangère....
Ne vous en déplaise Toussainlt c'est plus à la République et à ses instituteurs que l'on doit le progrès économique et social avec ne vous en déplaise le respect des notions de partage et d'égalité (matrices de la Nation républicaine).
Ces notions que encore une fois vous réfutez au nom de votre idéologie libérale.
Avec vos recettes, le modèle social qui se construira sera porteur de reproductions sociales infinies, en un mot le retour de l'ancien régime et les privilèges des nobles.
La France et la République, l'instruction républicaine et ses valeurs sont vraiment aux antipodes de votre vision.
Votre blog s'appelle l'esprit d'une Nation, je crois?
Une suggestion, reprenez vos esprits tout court!
Rédigé par : chavinier | 22 février 2007 à 16:00
Pour relancer le débat voici un article lu dans le café pédagogique :
Royal : un programme éducatif réaliste ?
"Ségolène Royal se contente d'évoquer une «révision de la carte scolaire pour supprimer les ghettos et assurer la mixité sociale». Surtout, elle propose, pour la première fois en France, la mise en place d'un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles faisant face aux plus lourds handicaps. Son pacte présidentiel annonce ainsi qu'en ZEP les effectifs des classes de CP et de CE1 seront réduits à 17 élèves par classe, contre environ 22 élèves actuellement (et 23 élèves hors ZEP), soit une réduction significative de 5 élèves par classe". Thomas Piketty analyse dans Libération les programmes des trois principaux candidats aux présidentielles.
Pour lui, celui de N. Sarkozy basé sur la concurrence entre établissements scolaires, est peu efficace. "De fait, les expériences de mise en concurrence des écoles primaires et des collèges à partir du système de vouchers (chèques-éducation que les parents donnent à l'école de leur choix) promu par l'administration Bush ont donné des résultats décevants en termes d'amélioration de la qualité du service éducatif et de performances scolaires".
A l'inverse celui de S. Royal aurait un effet positif. "Les recherches les plus récentes suggèrent qu'une politique de ciblage des moyens en faveur des écoles défavorisées pourrait avoir des effets tangibles. La réduction de la taille des CP et des CE1 à 17 élèves en ZEP permettrait ainsi de réduire de près de 45 % l'inégalité entre ZEP et hors ZEP aux tests de mathématiques à l'entrée en CE2. Pour une mesure qui coûtera moins de 700 millions d'euros, le rendement apparaît excellent". Thomas Piketty peut d'autant mieux l'affirmer que ce sont ses recherches qui ont mis en évidence l'effet positif d'une réduction importante du nombre d'élèves en zep. Au point que leur publication dans les Dossiers du ministère a été censurée !
Pour lui, le programme de F. Bayrou "apparaît dans une posture «ni-ni», et non comme porteur d'une synthèse nouvelle".
site café pédagogique:
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/130307index.aspx
site de libération : http://www.liberation.fr/rebonds/240213.FR.php
Rédigé par : castor | 13 mars 2007 à 09:39
Bonjour,
Je profite de la réaction de Castor pour moi aussi réagir sur ce sujet qui ne m'avait pas laissé indifférent mais où il y avait trop de bonnes questions pour répondre simplement.
Je ne vais donc ici n'aborder qu'une question :
"l'éducation ne souffre t-elle pas d'un manque de moyens ?"
Dans l'absolu je n'ai pas la réponse. Mais concernant l'école primaire et les collèges le système annonce mettre plus de moyens dans les ZEP et paradoxallement en réalité fait l'inverse !
Je m'en explique :
1) les effectifs moyens des écoles en ZEP (22) sont à peine moindre que les effectifs de l'ensemble des écoles (23) quand on y intègre les classes rurales.
2) Les enseignants dans les quartiers populaires, donc souvent en ZEP, sont essentiellement de jeunes enseignants dont les salaires sont bien plus faibles que les enseignants expérimentés.
Ce ne serait donc que justice si l'Etat consacrait autant de moyens aux écoles en ZEP qu'aux autres écoles. Le ciblage annoncé par Ségolène ROYAL est un début de réponse allant dans ce sens.
Redécouper la carte scolaire sur des critères sociaux, rendre les écoles concernées plus attractives sont deux autres pistes.
@ Chavinier,
Si j'ai bien compris, au triptype " le savoir, l'élève et le maître," autour duquel l'enseignement s'articule, le rôle des familles reste aussi primordial pour fournir un "terreau" favorable. Comment l'Etat peut-il s'en méler s'il se soucie d'une égalité réelle des enfants devant ce qui est la clé de leur devenir ?
Des efforts autour de l'environnement péri-scolaire qui s'amenuise (moindre rôle et moindres moyens associatifs) ne pourrait pas être un bon levier pour y parvenir ?
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 13 mars 2007 à 10:59
Je pense comme peutmieuxfaire que le rôle des familles est primordial et que peut-être il faudrait pouvoir "déterrer une circulaire interministérielle du 9 mars 1999 et donner les moyens effectifs de la mettre en place. Effectivement l’aide à la parentalité, est un enjeu pour les apprentissages et devra être prise en compte par le ou la futur(e) président(e)
L’école, tous les jours doit faire face à la grande solitude même à la grande détresse des familles et les enseignants seuls ne peuvent pas y répondre.
Il faut des structures pour l’écoute, l’appui et l’accompagnement des parents; structures qui mettent à leur disposition des services et des moyens leur permettant d’assumer pleinement leur rôle éducatif.
Rédigé par : Castor | 19 mars 2007 à 18:55
Tout à fait d'accord sur l'impérieuse necéssité de donner aux familles les possibilités et les assistances que demandent un réel et positif accompagnement culturel sportif... des enfants en dehors du cadre scolaire.
J'en profite pour adresser un message à tous les détracteurs, pourfendeurs des 35 heures et de la réduction du temps de travail en général.
A tous ceux qui s'appuient sur l'idée que le temps libre sans argent pour en profiter, cela ne sert à rien.
En ce qui me concerne quand j'aide ma fille à faire ses devoirs ou qd avec mon fils nous allons taper le ballon au square, cela ne me coute rien.
et je passe avec eux de super momments.
Je suis sur que eux aussi en profitent, et au bout du compte sont plus heureux ainsi que assis devant un super écran plasma à regarder les deernières productions télé ou cinéma qui pour bcp ne m'inspirent que la pitié ou du mépris.
Rédigé par : chavinier | 20 mars 2007 à 09:33