En ce début d’année, l’actualité politique ne m’inspire pas grand chose, et je me trouve à cours d’idées pour de nouveaux articles. C’est donc l’occasion de faire un petit bilan de la pré campagne qui a démarré il y a quatre mois avec la primaire socialiste, et faire un peu de prospective.
Comme beaucoup j’attendais que la campagne présidentielle de 2007 soit une séquence politique majeure au cours de laquelle la France aurait enfin l’occasion et le courage, de regarder en face les grands enjeux auxquelles elle est confrontée en ce début de siècle et finirait par les trancher au terme d’un débat intense en optant clairement pour un projet de société.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’en prend pas le chemin, au point que je commence à me demander si l’élection présidentielle ne sera pas une nouvelle élection pour rien. Si la campagne continue ainsi, le nouveau président sera mal élu, sans véritable adhésion populaire, sans mandat ni légitimité pour agir. Il risque même de subir son premier affront aux législatives qui suivront pour finalement devoir cohabiter pendant 5 ans.
Au terme de cette campagne, nous risquons donc d’avoir, soit un pouvoir faible et contesté à peine élu, soit une inextricable crise de régime. Dans un cas comme dans l’autre, la France condamnée à la paralysie, au déclin et aux crises.
Si l’élection avait lieu dimanche prochain, quelles seraient les réformes que le nouveau gouvernement serait habilité par le suffrage universel à conduire ? Qu’est ce que la candidate PS a proposé de concrètement opérationnel ? Qu’est ce qu’on a retenu de la masse de prise de positions souvent contradictoires du candidat UMP ? Quels sont les thèmes de campagne qui ont réellement fait clivage ? Rien. Bien au contraire. De la lutte contre les changements climatiques, à plus d’autorité à l’égard des mineurs délinquants, en passant par le droit au logement opposable ou l’assouplissement de la carte scolaire, toutes les mesures qui ont été dans le débat ont fait consensus entre les deux principaux candidats.
J’espérais que la nouvelle année ferait enfin démarrer la campagne. Je comptais sur le voyage en chine de Ségolène Royal allait être l’occasion de parler de mondialisation, de commerce international et de délocalisations. Au lieu de cela, le débat de focalise sur un néologisme de la candidate et sur le point de savoir s’il faut faire une leçon de droits de l’homme aux chinois. Toujours la même stratégie du coté de la gauche, faire parler de soi, sans jamais ne rien dire de clivant.
J’espérais aussi que les interventions de Chirac viendraient troubler le ronron de la campagne à droite en faisant surgir dans le débat de nouveaux sujets. Au lieu de cela, le président reprend la quasi-totalité du programme de l’UMP pour obliger Sarkozy de s’inscrire dans une continuité avec son action et le priver du thème de la rupture. Il n’en est ressorti que ce fameux droit au logement opposable, et finalement aucun débat puisque la gauche s’est aussitôt ralliée à cette consensuelle réforme slogan, en promettant à son tour de construire plus de logements sociaux.
Comment la campagne peut elle se transformer à ce point en ce concours de bons sentiments et d’enfonçage de porte ouvertes quand le Pays connaît autant de problèmes non résolus et d’enjeux littéralement cruciaux ?
Certes les médias ont une responsabilité, mais je ne ferais pas une nouvelle fois leur procès. Lors du « grand jury » de dimanche, les journalistes ont été particulièrement pugnaces à l’égard de ce pauvre Jack Lang, érigé au rang de grand exégète de la pensée royaliste, en le mettant face aux contradictions du PS et la vacuité du discours de la candidate, mais lorsque les politiques n’ont rien dire, il est tout de même bien difficile de les faire parler !
La cause de l’atonie de la campagne trouve essentiellement son origine dans le champ politique lui même. La cause est structurelle. Il n’y a pas lieu d’escompter que les choses changent fondamentalement d’ici au mois de mai.
La première raison vient de ce que les deux candidats ont construit leur campagne sur le même constat : Les français sont en rupture avec la classe politique et sont en désirs d’autre chose. Et ils y apportent la même réponse : Un changement de style pour incarner une renouveau (franc parler et volontarisme chez Sarko, féminité empathique et sourire orthodonté chez Ségo), discours sensé refléter les aspirations de l’opinion publique telle qu’étudiées dans les sondages, et stratégie de triangulation sensée dépasser le clivage gauche / droite. Pas étonnant qu’ils s’alignent spontanément sur le même discours et qu’ils ne s’opposent que sur le style.
La deuxième raison vient à l’absence de concurrent dans leur propre camp. Il y a en fait deux droites et deux gauches. Chaque camp est depuis toujours traversé par la même ligne de fracture, les uns croyant à l’autorité de l’Etat, les autres au dynamisme de la société. Ce clivage a été diversement baptisé selon les époques. Au-delà des questions de sémantiques, c’est ce clivage qui ressort clairement lorsqu’il s’agit de questions européennes.
Le débat aurait été beaucoup plus riche si ces quatre courants avaient été présents dans la campagne pour obliger les candidats à se livrer à une primaire dans la campagne de premier tour : Chevènement –Royal à gauche, et Sarkozy - Villepin à Droite. La défection des deux candidats du courant républicain et gaulliste ont installé les candidats restant en position d’hégémonie, ce qui les a permis de faire l’impasse sur la campagne de premier tour pour d’emblée s’attacher à rassembler par un discours consensuel, sensé refléter le point d’équilibre de l’opinion publique. Et ce n’est pas Bayrou qui pourra troubler le jeu. Sa stratégie est rigoureusement identique.
La campagne va donc se poursuivre jusqu’au premier tour sur des postures, des slogans creux, des guerre d’images, des batailles chiffres et des polémiques sur les bilans. Le deuxième tour sera probablement de nouveau escamoté avec un nouveau duel contre Le Pen qui se jouera sur le thème « le fascisme ne passera pas ». Puis, viendront les législatives, où rappelons le, la réalité du pouvoir s’attribue. Elles se dérouleront dans un climat de totale démobilisation et de profonde lassitude du corps électoral pour donner mécaniquement et passivement une « majorité au président », ou bien seront-elle l’occasion pour les français de marquer leur premier geste de rébellion du quinquennat en désignant un parlement de couleur opposé au président.
Les trois scénarios que l’on peut esquisser aujourd’hui conduisent tous à une crise de régime et à une paralysie de l’action publique.
Hypothèse n°1 : Sarkozy et Royal tiennent la distance.
Les candidats de la bipolarisation font le plein de voix au premier tour et se retrouvent comme attendu au deuxième tour. Sarkozy, n’étant jamais parvenu à adopter le ton présidentiel et toujours aussi inquiétant pour une grosse part de sa population, perd. Royal est élue présidente avec une courte majorité.
Cependant, Sarkozy n’est pas Jospin. Il n’abandonne pas la vie politique et repart au combat de plus belle pour les législatives. De son coté, Royal nomme un gouvernement de transition intégralement constitué d’apparatchiks sans envergure ayant progressé au sein du parti à l’ancienneté, des barons territoriaux et quelques éléphants ressortis du placard. La magie Ségolène s’efface dans l’instant. François Hollande mène la bataille législative avec un parti démobilisé par la victoire qui pense que le plus dur est fait, et que comme toujours, l’élection législative suivant la présidentielle ne sera qu’une formalité (1).
Sarkozy retrouve un rôle qui lui correspond mieux. La campagne de l’UMP fonctionne et finit par emporter la majorité. La nouvelle présidente se voit contrainte de nommer son rival à Matignon. On se retrouve dans une configuration inédite de cohabitation où les deux têtes de l’exécutif peuvent se prévaloir d’une égale légitimité. Guerre au sommet de l’Etat pendant 5 ans. Royal, suivant l’exemple de Mitterrand démonte systématiquement toutes les initiatives du gouvernement par des interventions médiatiques et le conduit progressivement à la paralysie.
Hypothèse n°2 : Royal s’effondre.
Le charme finit par s’épuiser. L’électorat de gauche est de plus en plus en demande de réponses politiques que la candidate est toujours aussi incapable de produire. Le premier tour est un désastre. Les voix de gauche se dispersent. Besancenot fait un carton parmi la gauche la plus politisée. Bayrou un score honorable, en particulier chez les classes moyennes et Le Pen, le plein de voix dans les classes populaires. Sarkozy se retrouve donc au deuxième tour contre Le Pen. Comble du paradoxe, Sarkozy est élu par des voix de gauche et sur le thème de la défense du système contre l’aventure lepéniste. Le deuxième tour se joue notamment sur la question du maintien de la France dans l’union européenne. Ca en est fini de son projet de rupture.
La gauche entre dans une crise profonde. Pour l’UMP, les législatives sont une formalité. Seulement, si mal élu, Sarkozy met la France dans la rue dès ses premières propositions de réforme. Sarkozy finalement se chiraquise en gouvernant mollement au consensus.
Hypothèse n°3 : Sarkozy s’effondre.
Sarkozy rate sa campagne. Entre Villepin et Chirac qui poursuivent leur harcèlement, Le Pen qui met la pression, Bayrou qui multiplie les attaques, la campagne de Sarkozy se fait sur la défensive et ne parvient pas à créer de dynamique. Les trois candidats font des scores proches au premier tour mais Sarkozy arrive néanmoins en troisième position.
Royal continue de faire campagne sur des valeurs et à tenir un discours moraliste quand Le Pen multiplie les propositions les plus radicales en particulier contre la mondialisation et pour des politiques protectionnistes. Coup de tonnerre ! Jean Marie Le pen est élu président de la République !
Cependant, les français prennent vite peur devant les réactions que l’élection entraîne à l’étranger et face à la perspective de voir la France mise au banc de l’Europe et sortir de l’Euro. Accessoirement aussi, en voyant dans son premier gouvernement quelques vraies têtes de fascistes. Les Français corrigent donc massivement le tir aux législatives en votant à gauche. Le mode de scrutin ne permet au FN que de ne gagner quelques rares circonscriptions. Le Pen refuse néanmoins de nommer un premier ministre socialiste et tente de gouverner à l’américaine avec un parlement hostile dans l’espoir de pouvoir le contourner par le référendum. L’Etat est finalement paralysé et le régime entre dans une crise terminale.
Espérons que ces prévisions ne se réaliseront pas et que notre futur président, quel qu’il soit, sera élu avec une légitimité suffisante pour gouverner. Cela paraît de moins en moins probable tant le système politique semble aujourd’hui incapable de produire de la légitimité et du contenu.
Il y aurait beaucoup à dire sur la question institutionnelle. La république mérite d’être totalement repensée. La première des réformes serait d’organiser de manière concomitante les élections législatives et présidentielles. Le système actuel, issu du quinquennat sec, où les élections législatives servent à confirmer l’élection présidentielle où à corriger le vote est totalement absurde.
(1). Rappelons nous tout de même qu’en 1988, la large victoire de François Mittérand (54%) avait donné lieu ensuite à une majorité relative aux législatives. On voit l’inconvénient des campagnes d’images trop personnalisées.
Nous sommes le 10 janvier, jour des soldes.
Chez les politiques, c'est plutôt jour de braderie : à les écouter, il n'y aura bientôt plus de pauvres, les SDF auront tous un toit, les chômeurs tous un emploi !
Ah, les belles promesses. C'est à celui qui en fera le plus pour séduire les électeurs. Mais ce que nos politiques oublient, c'est qu'ils ne sont pas là pour plaire mais bien pour prendre des décisions, des décisions qui peuvent parfois (souvent…) déplaires.
À force de vouloir contenter tout le monde, on finit par ne satisfaire personne.
La politique nécessite du courage, de l'audace, de l'innovation… Et on peut avoir la douloureuse sensation que notre personnel politique en manque cruellement.
Aujourd'hui, ouvrons les yeux, les priorités sont légions :
> l'éducation et donc l'avenir et la place de notre jeunesse mal aimée ;
> les retraites qui ne sont pas assurées pour les nouveaux entrants sur le marché du travail ;
> l'énergie : pourquoi vouloir "privatiser" GDF et demain EDF, alors que ces entreprises semblent bien fonctionner sous le giron public ?
> la santé : doit-on se diriger vers un secteur de plus en plus privatisé alors que les cas de cancer explosent et que l'allongement de la durée de la vie entraînera forcément son lot de dépendances, de traitements lourds et coûteux ? Est-ce cela la solidarité ?
La question que devraient se poser aujourd'hui, et plus que jamais, les politiques est la suivante : pour qui nous battons-nous ? Pour la majorité d'entre nous, la réponse est claire : pour nos enfants, bien sûr ! Les générations futures sont notre avenir : il convient simplement de pas l'oublier.
Rédigé par : olivier | 10 janvier 2007 à 15:03
Il y a tout de même un candidat gaulliste c'est Nicolas Dupont Aignan. Certes c'est un petit candidat, mais avec l'abandon de Chevenement et l'absence de candidature Gaulliste officielle(Villepin, Mam) il a une véritable occasion de faire un bon score. Il ne faut pas desespérer ou tout est perdu!
Le débat sur le libre-échange aura de toute manière un effet sur le long terme car les libéraux sont en perte de crédibilité dans l'opinion publique. On peut même imaginer un candidat officiel se mettre à faire des politiques Keynesienne et néoprotectionniste à la suite d'un grave dysfonctionnement économique (Chute du dollars par exemple). Aprés tout c'est bien Mitterand et les socialistes qui ont pratiqué le tournant néolibéral alors qu'ils avaient été élu pour faire l'inverse.
Pour vous redonner espoir:
Discours de NDA le dernier candidat républicain pour 2007
http://nda2007.fr/spip.php?article585
Sur la crise imminente du dollars visitez le site :
http://www.europe2020.org/fr/home.htm
Rédigé par : yann | 10 janvier 2007 à 15:45
Oui, cette élection nous prend en otage en quelque sorte! La gauche de la gauche réduite à rien. Le P.S n'ayant tiré aucune leçon du NON. L'UMP toujours plus arrogante et aucune alternative pour celui qui ne voit pas la politique sous l'angle paillettes et démagogies. Pas une once de débat, de réflexions.
Les électeurs vont surement sanctionner le pouvoir en place, on aura un F.N à un score élevé et les même problêmes dans 6 mois! Tout cela est bien déprimant!
Rédigé par : Chevillette | 10 janvier 2007 à 22:01
Fier de t´avoir dans mes liens : cette analyse est très bien pesée et, ce qui n´enlève rien se rapproche de mon olè numéro 13. Va voir aussi mon analyse de sondage.
Rédigé par : Toreador | 11 janvier 2007 à 22:56
L’histoire n’est pas déjà écrite ! / Comment penser et mettre en œuvre le renversement de la donne politique ? - 3 décembre 2006
Quelles que soient nos impressions devant la couverture médiatique de la présidentielle, les jeux ne sont pas faits entre deux ou trois candidats. Il y aura des imprévus. Mais comment faire pour que ces imprévus soient porteurs de changements positifs cette fois ? Face aux discours et aux promesses dont on a ravalé la façade, et à défaut d’homme providentiel, nous devons commencer par reconstruire un programme clair. Au-delà, il faudra savoir exploiter les circonstances.
Nous voyons bien que notre communauté de citoyens, est composée en tous domaines d’hommes et des femmes qui ont des compétences, de l’intelligence, de l’expérience, de la maturité et des capacités pour agir. Nous voyons aussi que l’agitation médiatique autour de quelques célébrités détruit le débat nécessaire pour forger les politiques dont nous avons besoin face aux défis qui nous sont lancés de toutes parts. Y a-t-il une fatalité dans ce gâchis ? Non.
Le 6 mai 2007 prochain, au soir du second tour de l’élection présidentielle, quoi qu’il arrive, un ou une président(e) de la république aura été élu(e). Et cette élection aura un impact considérable sur notre avenir et celui de nos enfants.
Mais cette échéance majeure est une fois de plus traitée comme un feuilleton, celui de machin contre machine, celui des 500 signatures de l’horrible épouvantail, celui des faux ingénus qui sont autant d’alternatives chimériques, avec toujours, en bruit de fond, les discours satisfaits des appareils et des apparatchiks, sans qu’aucun d’eux ait les états de services qui puissent légitimer leurs rengaines.
Par conséquent, la question qui se pose aujourd’hui, non pas à chacun tout seul, mais à nous tous, ensemble, est de savoir, si oui ou non, nous sommes capables de créer les conditions de nous rassembler, d’accorder nos analyses, de forger un programme et de nous organiser pour convaincre nos compatriotes de se joindre à nous, afin qu’ensemble nous puissions changer la donne politique.
Les rendez-vous avec l’histoire sont peut-être des rendez-vous avec des hommes et des femmes, mais ils sont surtout des rendez-vous avec des idées partagées. Aussi, plutôt que de nous précipiter dans la rumeur du monde en répétant « qui soutenir ? », travaillons les questions « quelles politiques ? comment ? » et forgeons le programme dont nous avons besoin.
La question des personnes sera beaucoup moins décisive si enfin nous réussissons à refaire fond sur une pensée qui a prise sur la réalité politique, sociale et économique de notre temps. D’autant qu’au cours de ce travail, nous aurons en plus pu identifier ceux et celles qui sont capables d’assumer le gouvernement de notre pays et ceux et celles qui ne le sont pas.
Plateforme2007.net est un lieu, un outil et un média que nous avons conçu pour mener ce travail d’élaboration d’un contenu politique et abriter l’aventure humaine qui le fera naître puis continuera de le porter dans l’action.
Vu l’état très dégradé de notre système politique, si nous étions parfaits nous arriverions très vite et facilement à renverser la donne. En ayant seulement nos compétences, nos talents et notre dévouement à mettre dans la balance, quelle part de ce renversement arriverons-nous à accomplir ? Une part certainement décisive.
Commençons sans attendre.
Source: http://www.plateforme2007.net/spip.php?article2
Rédigé par : Plateforme2007 | 16 janvier 2007 à 20:27
Le 24/02 rien n'a changé et même c'est pire encore le 1ème tour nous est volé, les "petits" candidats n'ont rien a espérer... sans compter les refus de soutiens des maires qui ont peur... comment protester ?
Rédigé par : Pensee libre | 24 février 2007 à 19:21