L'insee vient de sortir son étude annuelle sur les revenus et le patrimoine des ménages. La plupart des commentaires ont porté l’évolution sur l’évolution de la pauvreté. On peut effet être surpris d'apprendre que la pauvreté a légèrement baissé depuis 1992. J’y ai trouvé pour ma part d’autres statistiques intéressantes.
1- La première statistiques qui m’a frappé, c’est qu’on appartient aux 10 % les plus riches dès que l’on gagne plus de 2363 € net après d’impôts. Je ne sais pas si je dois me réjouir d’en faire partie ou m’en désoler ... Avec environs ce niveau de revenu, je fais quand même mes courses au leader Price !
2- Les revenus ont augmenté depuis 1992 d’autant plus qu’ils se situent au bas de l’échelle. La progression dégresse régulièrement de + 20 % pour les revenus inférieurs au premier décile, à + 8 % pour ceux situés entre le 8 et 9ème décile. Une exception toutefois. Les revenus supérieurs au 9ème décile progressent de 13 %. J’en déduis que la machine redistributive fonctionne, un peu moins pour les plus haut revenus. Certains diront qu’elle fonctionne à l’excès ce qui explique des performances globales aussi faibles. D’autres diront que ce n’est pas assez … mais en tout cas, la redistribution fonctionne en France.
3- On le savait déjà. Les vieux sont riches. Mais on ne pensait pas que c’était à ce point. C’est en incluant aux revenus de transfert, les revenus du capital que les chiffrent fournissent toute leur saveur. Les revenus des plus de 55 ans sont en moyenne 15 % plus élevés que ceux des moins de 55 ans. + 24 % pour la génération du baby boom (55-64 ans). On les savait privilégiés, ce n’est pas en soi très étonnant, mais ce qui est le plus surprenant c’est que le revenus des plus de 75 ans sont supérieurs également supérieurs de 8 % à ceux des actifs ! Là, je dis, il y a un vrai problème ! Un signe qu’il y a un vrai carence en matière de création de richesse en France depuis deux décennies, soit que le fruit des revenus du capital est un phénomène largement sous estimé. En tout cas, le signe d’une vraie fracture générationnelle, une donnée à prendre en compte dans le débat sur le financement des retraites …
4- Autre indice de cette fracture générationnelle, l’évolution de la répartition du patrimoine entre les classes d’age entre 1992 et 2004. La part du patrimoine par rapport au patrimoine médian, détenue par les sexagénaires est passée de 122.4 % en 1992 à 142.3 % en 2004, quand celle des quadragénaires a baissé de 160 à 125.9 et celle trentenaires de 83.3 à 71.6. On peut donc suivre dans les statistiques le vieillissement de la génération dorée de ceux qui sont nés après la guerre, celle qui a pu investir pendant les années d’hyperinflation et voir son patrimoine s’apprécier sans cesse depuis …
5- Dernière info. 10 % de la population détient 46 % du patrimoine … Les vraies inégalités en France sont des inégalités de patrimoine.
Et on a un candidat qui propose d’exonérer de tout impôt les successions …
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