La suppression de la carte scolaire a été l’une des quelques idées qui ont fait exister Ségolène Royal dans le débat à gauche. Face aux critiques, elle a finalement dit qu’il fallait seulement l’assouplir, sans trop exactement savoir ce que cette nuance recouvrait. Sarkozy également la préconise, mais en ce qui le concerne, c’est moins étonnant, s’agissant d’une idée d’essence libérale. L’idée mérite toutefois d’être poussée dans ses retranchements car le problème qui en est à la base mérite tout de même une réponse.
On comprend bien l’idée. La concentration des difficultés sociales dans certains quartiers ou plus généralement le phénomène de différentiation territoriale, se traduit en s’amplifiant dans les établissements scolaires du secteur. Les établissements des quartiers huppés deviennent mécaniquement des sites d’excellence quand les écoles des quartiers sensibles deviennent des fabriques de futurs RMIstes littéralement et définitivement inemployables. D’où l’idée : Supprimer cette carte scolaire aussi révélatrice des inégalités et éviter que les établissements ne cristallisent les caractéristiques de leur environnement immédiat.
Non seulement cette mesure ne résoudrait rien, mais surtout, et c’est plus grave, elle impliquerait un changement d’organisation de l’éducation nationale tellement révolutionnaire et si politiquement incorrect, que nul n’ose l’évoquer, surtout à gauche.