La recherche de la croissance a toujours été au cœur du discours Sarkozyste. Selon les périodes, le diagnostic sur les causes du blocage, comme les solutions pour y faire face, ont beaucoup variées. Après avoir imputé la langueur de la croissance française au fait que les français n'étaient pas assez endettés, puis de ne pas assez travailler, puis ensuite à l'insuffisance de la concurrence et aux rentes de situation, désormais la France souffrirait d'un retard d'investissement ! Sarkozy vient donc d'annoncer en guise de plan de relance, une vingtaine de milliards pour soutenir l'investissement public et privé.
Sarkozy pouvait difficilement faire autrement dans cette période où tous les dirigeants de la planète cherchent par tous les moyens à réinjecter de l'argent frais dans l'économie dans l'espoir de la faire redémarrer. Cette approche purement quantitative et financière est sidérante de paresse intellectuelle et d'aveuglement. Comment peut-on raisonnablement penser pouvoir remédier à un problème si on n'en a pas identifié au préalable les causes ?
Ce plan de relance, qui se résume à déverser 26 milliards d'Euros dans l'économie fera l'effet d'un dopant. Si la récession est une conséquence de la crise financière qui aurait fait caler l'économie, elle redémarrera comme un cœur à l'arrêt repart après une injonction d'adrénaline. Mais si la récession est la conséquence d'une crise systémique dont la crise financière n'aura été qu'une manifestation, alors la France se réveillera une fois la magie de la relance dissipée, dans la même situation, avec une industrie en lambeaux, un pouvoir d'achat en berne, le moral dans les chaussettes et une dette devenue insoutenable.
Les errances de la stratégie économique contemporaine.
Sarkozy, toujours à l'écoute des mouvements de l'opinion, a depuis longtemps intégré le problème de la stagnation économique. Le problème, c'est qu'il n'a jamais eu de stratégie bien claire pour y répondre. Depuis qu'il monopolise la scène politico-médiatique, il a promis le retour de la croissance et la relance du pouvoir d'achat avec des recettes d'une constante stupidité.
Il y a d'abords eu le « l'Etat est trop endetté et les français pas assez » Voulant ainsi importer en France le modèle de croissance anglo-saxon, il a voulu développer les crédits hypothécaires et décidé des mesures de défiscalisation des crédits à la consommation ou immobiliers. La crise des subprimes a révélé où conduisait cette stratégie …
Ensuite, il y a prétendu créer de la croissance et du pouvoir d'achat par un surcroît de concurrence dans une France paralysée par des rentes de situation. Cela a commencé par l'affaire des marges arrière, puis au moment du rapport Attali avec la libéralisation du commerce et de toutes les professions réglementées. Cette stratégie, qui n'a jamais convaincu personne, a fait long feu sous l'effet de tous les lobbys auxquels son premier ministre n'a jamais osé s'attaquer.
Mais c'est le fameux « travailler plus pour gagner plus » qui a constitué le leitmotif de ces dernières années. Le raisonnement était simplissime : S'il y a du chômage, c'est que les français ne travaillent pas assez. Il fallait donc faire sauter le plafond des 35 heures, défiscaliser les heures supplémentaires, obliger les chômeurs à reprendre n'importe quel travail, favoriser les petits boulots avec le RSA, repousser la retraite jusqu'à 70 ans, travailler le dimanche… Une fois que l'on aurait libérer le travail, la croissance reviendrait comme par enchantement. Cette politique conçue pour une période de croissance et de plein emploi s'est retrouvée vite en décalage avec la conjoncture. Non seulement elle n'a entraîné aucun dynamisme supplémentaire, mais depuis la crise, elle est devenue un facteur aggravant du chômage !
Toutes ses recettes libérales ayant échouées et la mode étant désormais aux plans de relance keynésiens, Sarkozy s'est désormais converti à la dépense publique : 10 Milliards de grands travaux publics, 10 Milliards pour les entreprises afin de les inciter à investir…
A la différence des recettes passées, sa nouvelle lubie ne repose sur aucun semblant de justification économique. Personne ne peut raisonnablement soutenir que la France souffre d'un défaut d'investissement ou d'une carence en équipements publics. Au contraire, la qualité de nos infrastructures est toujours citée comme l'un des principaux facteurs d'attractivité du pays !
Avant, il trouvait à expliquer la langueur de la croissance française par des ritournelles libérales. Maintenant que l'économie est en récession, il n'y a plus aucune cause à combattre. Si la récession n'était qu'une conséquence de la crise bancaire, la recapitalisation des banques devrait suffire à faire repartir le crédit, donc l'investissement et la consommation. Apparemment non. La cause de la récession n'est pas là. Elle est ailleurs, partout et nulle part. C'est la crise mondiale. Comme un phénomène météorologique ou une malédiction qui se serait abattu sur la planète … Il ne s'agit plus de remédier aux maux de l'économie française, mais de relancer pour masquer les effets d'une économie à l'agonie.
L'absence de cause invoquée à la nécessité de la relance en dit long sur la vacuité de la stratégie économique de nos dirigeants.
Où est le volet défensif ?
Si les 10 milliards d'investissement publics devraient stimuler l'activité, notamment dans l'ingénierie et le BTP, l'effet des 10 milliards destinés aux entreprises est beaucoup plus douteux. L'investissement productif ne repartira pas simplement en renforçant la trésorerie des entreprises ou en consolidant leur capital avec le fonds d'intervention stratégique. Pour qu'une entreprise investisse, il lui faut un surcroît de compétitivité pour exporter, une nouvelle demande à satisfaire ou un saut technologique à accomplir : Autant de facteurs qu'ignore le plan de relance. Les 10 milliards pour les entreprises ne serviront qu'à les aider à encaisser tant bien que mal le choc de la crise.
Si le programme d'investissement public peut être considéré comme offensif, les aides aux entreprises apparaissent comme un volet défensif, bien insuffisant.
Le plan de relance pèche en effet par une insuffisance de mesures de protection. Sarkozy a mis en évidence dans son discours les deux risques majeurs de la période qui s'ouvre : Les délocalisations et les plans sociaux décidés par anticipation pour préserver les marges . Si les entreprises s'engageaient sur cette voie, on passerait vite de la récession à la dépression sous l'effet conjugué de la chute de la demande et d'une érosion de l'offre de travail. Sur ces deux risques majeurs, Sarkozy se contente de demander des « engagements » et de proférer une « mise en garde » : Un peu léger dans une crise d'une telle ampleur !
Pourquoi n'a-t-il donc pas pris ses responsabilités en prenant des mesures contraignantes comme la restauration temporaire de l'autorisation administrative de licenciement, voire l'interdiction des licenciements pour les entreprises encore profitables ?? Après tout, un jugement récent a bien condamné pour ce motif la délocalisation de l'entreprise Arena !
De même, il n'y a rien ou si peu dans le plan en ce qui concerne l'indemnisation des chômeurs. Seuls l'extension des contrats de transition professionnelles et des annonces d'incitation au travail à temps partiels viennent tenter de conforter la situation de ceux qui vont perdre leur emploi. Sarkozy reste de ce point de vue accroché au schéma ancien des « mutations » où un salarié licencié était sensé pouvoir en retrouver un facilement ailleurs, dès lors qu'il accepterait de se former et quitte à revoir à la baisse ses prétentions salariales.
Il y a là d'ailleurs un vrai risque pour la solidité du tissu économique. Si l'industrie automobile licencie en masse – ce qui est probable – et que le BTP recrute car stimulé à l'excès par le plan de relance, va-t-on reconvertir les ouvriers de l'industrie en maçons et en couvreurs au risque de faire disparaître la main d'œuvre qualifiée et d'enterrer tout espoir de rebond de l'industrie ?
Dans ce contexte récessif, il faut avoir le courage d'accepter l'idée qu'il y aura une remontée du chômage. Et peut-être vaut-il mieux pour l'avenir indemniser les chômeurs tout en leur offrant des formations qualifiantes dans leur métier (VAE…) plutôt que de les forcer à se reconvertir dans des métiers portés par une bulle artificiellement gonflée par l'intervention publique. La France ne va tout de même pas se spécialiser dans le bâtiment, les travaux publics, le commerce, l'artisanat (sa proposition d'emploi franc emprunté au programme de Bayrou) ou les services à la personne ! Ce serait engager le pays sur la voie d'un déclin assuré et rapide, car il s'agit d'une économie sensée être induite par le dynamisme de l'économie productive. En aucun cas ces secteurs d'activité ne sauraient constituer un moteur de croissance et de création de richesse.
Que ce soit pour la sauvegarde de l'appareil productif ou la préservation de la main d'œuvre qualifiée, il manque assurément un volet défensif au plan de relance de Sarkozy.
Et si la crise était systémique ?
Pour certains économistes, tel Jacques Sapir, Jean Luc Gréau, Frédéric Lordon ou Emmanuel Todd, la crise mondiale n'est ni un phénomène conjoncturel, ni une conséquence de la crise financière. C'est une crise d'épuisement du modèle néolibéral fondé sur la mondialisation des échanges, le primat de la finance sur l'industrie, l'explosion des inégalités et des déséquilibres macroéconomiques mondiaux, l'excès d'endettement public et privé venus compensés une stagnation des salaires.
Selon cette hypothèse, l'économie mondiale, confrontée à un mur de dettes et à un problème d'insuffisance de la demande globale, s'engage dans une spirale dépressive et déflationniste qui s'annonce dévastatrice pour l'emploi, le pouvoir d'achat et les finances publiques. Elle durera tant que le système n'aura pas été réformé en profondeur permettre la relance des salaires, de la production et de l'investissement.
Si cette interprétation s'avère juste, le plan de relance ne redonnera qu'une petite bouffée d'air à l'économie française tout en aggravant les causes de la crise. L'économie en ressortira plus endettée, avec une demande plus comprimée, un appareil productif encore plus délocalisé, des salaires encore plus contraints. Le traitement administré par Sarkozy reviendrait alors à celui de l'alcoolique qui boit au réveil l'alcool avec lequel il s'est mis minable la veille pour faire passer sa gueule de bois…
La seule sortie de crise envisageable passerait alors par une réindustrialisation du pays et un ancrage de l'industrie via la mise en place d'un protectionnisme coopératif, par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital via de nouvelles contraintes à l'avidité du capital et par une remontée des salaires via des mécanismes d'indexation au regard de la productivité du travail.
Nous ne tarderons d'ailleurs pas à savoir si la récession est un phénomène conjoncturel lié à la crise financière ou si elle est une crise systémique d'épuisement du modèle.
Bientôt les entreprises du CAC 40 publieront leurs résultats pour l'année. Si nos champions nationaux battent une fois de plus leurs records de profits, ce sera le signe que le capital à force de vivre sur la bête est en train de la tuer et qu'il ne lâchera pas prise avant de l'avoir définitivement achevé.
Ce jour là, la crise économique deviendra sociale, puis politique.
Malakine
Visiblement la petite "cure" de "repos" (là je me moque?) t'a fait du bien.
Je partage dans l'ensemble ton analyse.
Je suis juste en léger désaccord sur la question des infrastructures, pas de façon générale, mais sur quelques points.
La construction de logements: la situation de la France et plus particulièrement de l'ile de France rend cette option pertinente, et peut avoir pourquoi pas des effets entrainants pouyr l'ensemble de l'économie, commande de matériaux, renouvellement des parcs de machines de construction,...
Les infrastructures: elles sont à l'échelle territoriale nationale globalement comme tu le soulignes de très bon niveau, parmi les meilleures du monde..., néanmoins au niveau régional et surtout si on densifie les métropoles et l'IdF en particulier, des besoins existent (transports principalement, voir réamménagement urbain global.
Comme j'ai déjà eut l'occasion de le dire je pense qu'un rééquilibrage territorial au profit des villes moyennes serait plus pertinent, je ne suis donc pas un "fan" de ces méthodes, mais là j'essaye de positiver.
Sinon pour le reste d'accord pour tout ce que tu développes.
Le point d'achoppement central est bien sur l'absence de coordination européenne autour d'un thème fédérateur comme un protectionisme réactualisé.
Saludos de l Atlantico Sur
Rédigé par : ETDAS | 04 décembre 2008 à 20:44
@ ETDAS
Pour info, j'ai encore mal partout à cause du déménagement de ce week end, et ce soir pour faire passer ces maudites courbatures, je voulais aller au sauna, et au lieu de ça, je suis resté au bureau pour pondre ce papier :-)
Il y avait beaucoup de choses à dire sur ce plan, j'ai choisi la philosophie générale. Ensuite, on verra peut-être mesure par mesure quand elles se concrétiseront, mais il faut se méfier avec Sarko. Souvent il y a des annonces qui ne sont pas suivies d'effets, comme ces 30 000 logements qui devaient être rachetés par la CDC ...
Je ne crois pas avoir critiqué le principe des investissements publics. En eux même c'est plutôt bien, mais il ne faut pas rêver, ce n'est pas une réponse à la crise. Après il faudrait voir dans le détail. Ce que je trouve dommage c'est que les projets du grand paris et des écocités (le nouveau nom des écopolis) ne soient pas suffisamment mûrs pour avoir être pu pris en compte.
Pour le protectionnisme, ça viendra de Chine (qui vient de dévaluer sa monnaie) ou des Etats-Unis (pour relancer leur industrie) L'europe sera le dernier continent à s'y mettre. J'attends d'y voir un peu plus clair et je ferais bientôt un article sur la "macrocrise". A mon avis, les pays qui vont être le plus touchés ne sont pas ceux qu'on croyait à l'origine. La Russie souffre déjà beaucoup et la Chine risque de traverser de sérieuses turbulences. Finalement tous les pays dont l'économie est spécialisée dans la consommation devraient, je pense, connaître une crise moins brutale que ceux qui sont spécialisés sur la production.
Rédigé par : X.LABORDE | 04 décembre 2008 à 20:58
« La France ne va tout de même pas se spécialiser dans le bâtiment, les travaux publics, le commerce, l'artisanat (sa proposition d'emploi franc emprunté au programme de Bayrou) ou les services à la personne ! Ce serait engager le pays sur la voie d'un déclin assuré et rapide, car il s'agit d'une économie sensée être induite par le dynamisme de l'économie productive. En aucun cas ces secteurs d'activité ne sauraient constituer un moteur de croissance et de création de richesse. »
Tu avais écrit un billet cet été pour dire que c'était le grand risque, non ?
Rédigé par : Criticus | 04 décembre 2008 à 23:04
Oui, en effet. Un billet dans lequel je montrais chiffres à l'appui que cette évolution était déjà engagée. Le billet s'appelait "de l'économie de la production à l'économie de la consommation"
http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/08/de-lconomie-de.html
Rédigé par : X.LABORDE | 05 décembre 2008 à 00:18
@Malakine
Sarkozy a fait de un plan qui immite stupidement les mesures US sans avoir manifestement compris que c'est ces politiques qui les ont mené dans le merdier actuel.
Tous le monde prônent aujourd'hui des politiques keynésiennes, alors que les économistes pseudo-libéraux ont tout fait pour couler les keynésiens pendant des années, mais sans avoir vraiment compris ce que sont les politiques keynésiennes, comme ils n'avaient d'ailleurs pas vraiment compris la pensée d'Adam Smith. Une politique keynésienne ça ne se résume pas à faire de l'endettement public pour relancer la machine, cela consiste surtout à user des politiques publics (quelque soit ces dernier) pour résoudre un problème bien analyser au préalable comme tu le dis si bien. Keynes disait lui même "Quand les faits changes, je change mon point de vue" çà veut tout dire. Les politiques keynésienne ne peuvent fonctionner que dans des marché "régulable" c'est à dire dans lesquels la hausse de la demande n'a pas pour conséquence un effondrement d'un marché externe, car dans le raisonnement keynésien il n'y a pas de marché externe! Dans la théorie keynésienne les marché réguler sont en grande partie fermé les exportations sont négligeables en regard du marché intérieure. C'est un point essentiel à comprendre pour ne pas faire les mêmes erreurs que les américains et leur déficit commercial gargantuesque.
Si Sarkozy veut relancer l'investissement productif qu'il se demande en premier qu'elle sont les intérêts à court terme pour les investisseur, de produire quelque chose en France. Il s'apercevra rapidement qu'il serait suicidaire pour un producteur de construire des usines en France ou dans n'importe quel pays de l'UE. Et ce même si le dit investisseur est un patriote de bonne fois, ce qui est somme toute assez rare de nos jours. Tant que l'on ne ne s'occupe pas du problème du libre-échange il n'y a aucun espoir de retour à l'investissement productif en France, comme tu le dis seul les activités qui ne sont pas concurrencés par des producteurs installés dans des pays de basse pression salariale peuvent se développé du point de vue de la logique économique. Et ce n'est pas la chimère de la société de la connaissance qui y changera quelque chose, les USA le montre largement, même les technologies de pointe délocalise ou se localise dès leur naissance là où la matière grise coute le moins cher.
Encore une fois le libre-échange mondiale ne favorise que la concurrence sur les salaires, il détruit la bonne concurrence celle qui se fonde sur l'investissement, la création et l'organisation. On l'a vue avec Mittal et Arcelor, ce n'est pas la meilleur entreprise qui a gagné, celle qui investi ou fait de la recherche, mais celle qui maltraite le mieux ses salariés. Comment veut-on qu'il sorte quelque chose de positif d'un système pareil. La concurrence n'a jamais eu pour but d'abaisser la masse salariale, elle a pour vocation de pousser les entreprises à investir et à créer, à faire des gains de productivité physique. Aujourd'hui le libre-échange ne produit que des gains de productivité comptable et ce qui en ressort et un appauvrissement de ceux qui produisent la richesse cela ne peut pas durer.
Pour ce qui est de la décision chinoise de dévaluer c'est plutôt inquiétant. Je pensais que les autorités chinoises avaient compris le problème systémique avec leur décision de se concentrer sur leur demande intérieures, et voila qu'ils nous font une politique de dévaluation compétitive. Un pays qui a le cout de la main d'œuvre le plus bas du monde, avec des excédants considérables a-t-il un problème de compétitivité externe? La réponse est non, la dévaluation est donc stupide dans ce cas. La baisse des carnets de commande de l'industrie chinoise est le fruit de l'effondrement de la demande en occident, ce n'est pas en abaissant la valeur du Renmibi que les chinois vont augmenter leurs exportations. Ils ont tuer leur poule aux œufs d'or avec leurs mercantilisme commerciale (valable aussi pour l'Allemagne et le Japon) et ils persistes à dépecer le cadavre en dévaluant? Je crains qu'effectivement ce soit les pays qui en ont le moins besoins comme la Chine qui se mettent à faire du protectionnisme ajoutant ainsi de l'huile sur le feu. Tout ceci c'est déjà produit dans les années trente, les USA d'alors pratiquant des politiques ultra-protectionnistes alors qu'ils accumulaient les excédants commerciaux et l'Europe exsangue continuant son laissez-faire. Dans une système normal visant l'équilibre des balances commerciales, seul les nations avec des déficits commerciaux devraient faire du protectionnisme et non celles accumulant les excédants.
"Finalement tous les pays dont l'économie est spécialisée dans la consommation devraient, je pense, connaître une crise moins brutale que ceux qui sont spécialisés sur la production."
Oui mais le risque pour ces nations est de connaitre une forte baisse du niveau de vie par l'importation de l'inflation lorsque l'économie productive redémarreront avec un model plus auto-centré.
Rédigé par : yann | 05 décembre 2008 à 08:27
@Malakine
Sarkozy a fait de un plan qui immite stupidement les mesures US sans avoir manifestement compris que c'est ces politiques qui les ont mené dans le merdier actuel.
Tous le monde prônent aujourd'hui des politiques keynésiennes, alors que les économistes pseudo-libéraux ont tout fait pour couler les keynésiens pendant des années, mais sans avoir vraiment compris ce que sont les politiques keynésiennes, comme ils n'avaient d'ailleurs pas vraiment compris la pensée d'Adam Smith. Une politique keynésienne ça ne se résume pas à faire de l'endettement public pour relancer la machine, cela consiste surtout à user des politiques publics (quelque soit ces dernier) pour résoudre un problème bien analyser au préalable comme tu le dis si bien. Keynes disait lui même "Quand les faits changes, je change mon point de vue" çà veut tout dire. Les politiques keynésienne ne peuvent fonctionner que dans des marché "régulable" c'est à dire dans lesquels la hausse de la demande n'a pas pour conséquence un effondrement d'un marché externe, car dans le raisonnement keynésien il n'y a pas de marché externe! Dans la théorie keynésienne les marché réguler sont en grande partie fermé les exportations sont négligeables en regard du marché intérieure. C'est un point essentiel à comprendre pour ne pas faire les mêmes erreurs que les américains et leur déficit commercial gargantuesque.
Si Sarkozy veut relancer l'investissement productif qu'il se demande en premier qu'elle sont les intérêts à court terme pour les investisseur, de produire quelque chose en France. Il s'apercevra rapidement qu'il serait suicidaire pour un producteur de construire des usines en France ou dans n'importe quel pays de l'UE. Et ce même si le dit investisseur est un patriote de bonne fois, ce qui est somme toute assez rare de nos jours. Tant que l'on ne ne s'occupe pas du problème du libre-échange il n'y a aucun espoir de retour à l'investissement productif en France, comme tu le dis seul les activités qui ne sont pas concurrencés par des producteurs installés dans des pays de basse pression salariale peuvent se développé du point de vue de la logique économique. Et ce n'est pas la chimère de la société de la connaissance qui y changera quelque chose, les USA le montre largement, même les technologies de pointe délocalise ou se localise dès leur naissance là où la matière grise coute le moins cher.
Encore une fois le libre-échange mondiale ne favorise que la concurrence sur les salaires, il détruit la bonne concurrence celle qui se fonde sur l'investissement, la création et l'organisation. On l'a vue avec Mittal et Arcelor, ce n'est pas la meilleur entreprise qui a gagné, celle qui investi ou fait de la recherche, mais celle qui maltraite le mieux ses salariés. Comment veut-on qu'il sorte quelque chose de positif d'un système pareil. La concurrence n'a jamais eu pour but d'abaisser la masse salariale, elle a pour vocation de pousser les entreprises à investir et à créer, à faire des gains de productivité physique. Aujourd'hui le libre-échange ne produit que des gains de productivité comptable et ce qui en ressort et un appauvrissement de ceux qui produisent la richesse cela ne peut pas durer.
Pour ce qui est de la décision chinoise de dévaluer c'est plutôt inquiétant. Je pensais que les autorités chinoises avaient compris le problème systémique avec leur décision de se concentrer sur leur demande intérieures, et voila qu'ils nous font une politique de dévaluation compétitive. Un pays qui a le cout de la main d'œuvre le plus bas du monde, avec des excédants considérables a-t-il un problème de compétitivité externe? La réponse est non, la dévaluation est donc stupide dans ce cas. La baisse des carnets de commande de l'industrie chinoise est le fruit de l'effondrement de la demande en occident, ce n'est pas en abaissant la valeur du Renmibi que les chinois vont augmenter leurs exportations. Ils ont tuer leur poule aux œufs d'or avec leurs mercantilisme commerciale (valable aussi pour l'Allemagne et le Japon) et ils persistes à dépecer le cadavre en dévaluant? Je crains qu'effectivement ce soit les pays qui en ont le moins besoins comme la Chine qui se mettent à faire du protectionnisme ajoutant ainsi de l'huile sur le feu. Tout ceci c'est déjà produit dans les années trente, les USA d'alors pratiquant des politiques ultra-protectionnistes alors qu'ils accumulaient les excédants commerciaux et l'Europe exsangue continuant son laissez-faire. Dans une système normal visant l'équilibre des balances commerciales, seul les nations avec des déficits commerciaux devraient faire du protectionnisme et non celles accumulant les excédants.
"Finalement tous les pays dont l'économie est spécialisée dans la consommation devraient, je pense, connaître une crise moins brutale que ceux qui sont spécialisés sur la production."
Oui mais le risque pour ces nations est de connaitre une forte baisse du niveau de vie par l'importation de l'inflation lorsque l'économie productive redémarreront avec un modèle plus auto-centré.
Rédigé par : yann | 05 décembre 2008 à 08:27
@ Malakine,
Très bon papier, fouillé, et qui prend de la hauteur, contrairement à notre président. Il y a quelque chose d'incroyable à voir Nicolas Sarkozy utiliser des termes si grandiloquents pour qualifier son plan : "historique", "massif"... Son plan (15,5 Mds d'euros de nouvelles dépenses en 2009 seulement car la plupart des investissements additionnels auront lieu en 2010) est relativement petit par rapport aux plans des autres pays en terme de poids dans le PIB.
Et comme tu le montres bien, il y a deux limites :
- une non prise en compte des facteurs globaux qui ont poussé cette crise, au premier rang desquels le libre-échange non encadré et le déréglementation
- une réponse par une politique de l'offre, de soutien aux entreprises (11,5 Mds pour la trésorerie des entreprises, 1 Md d'emprunt pour les constructeurs automobiles) alors que les entreprises auraient surtout besoin que l'on soutienne la demande, ce qui améliorerait leur trésorerie
Il ne s'agit pas de faire des chèques en blanc ou de baisser les impôts, mais de véritablement jouer sur le levier des grands travaux (transports, logement, rénovation environnementale des logements existants) pour préserver l'emploi. La priorité en temps de crise doit être d'amortir son impact sur le marché du travail. Cela soutiendra la demande et bénéficiera in fine aux entreprises.
Je crains malheureusement que le système néolibéral sorte indemne de la crise, que les gouvernements l'aient sauvé plutôt que réformer...
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 05 décembre 2008 à 15:14
@Malakine
Tu va rire c'est ce clown de Devedjian qui va s'occuper du plan de relance présidentiel la bonne blague! On se dirait dans un de ces films comiques ratés des sous-doué, ici c'est les sous-doué font un plan de relance.
http://www.marianne2.fr/Retour-en-grace-Devedjian-est-nomme-ministre-du-Plan-de-relance_a93993.html?PHPSESSID=1f68bb4915eb96194499eff4a8506191
@Laurent
"Je crains malheureusement que le système néolibéral sorte indemne de la crise, que les gouvernements l'aient sauvé plutôt que réformer..."
C'est impossible pour la bonne raison que l'on ne peut sortir de la crise sans sortir des contradictions fondamentales du système. Le seul choix des néolibéraux sera d'instaurer une tyrannie et de jeter la démocratie à la poubelle. Mais si nous restons dans un cadre traditionnelle ce système de domination ne peut plus perdurer ils sont cuits,.. enfin nous sommes cuits.
Rédigé par : yann | 05 décembre 2008 à 16:07
@ Malakine
Très bon article et pendant ce temps là Barroso nous présente son mini-plan de relance qui n'est que la juxtaposition des plans nationaux + un petit effort de la BEI+ l'augmentation légère du fameux Fonds européen d'ajustement à la mondialisation... il lâche au passage son commissaire Mc Greevy sur les fonds de pension et continue de lécher les bottes de Sarko.
@ Laurent
On est complétement d'accord, persister dans les politiques de l'offre est une erreur fatale... J'aurais également aimé que Sarko baisse le taux de tva comme Gordon Brown sur les produis de première necessité par exemple.
Rédigé par : René Jacquot | 05 décembre 2008 à 18:35
@ Malakine
"si la récession est la conséquence d'une crise systémique"
Je crois que la réponse ne fait pas vraiment de doutes : c’est une crise systémique.
Comme le montre F.Lordon dans son dernier bouquin,il faut changer profondément les structures de la finance. Cela peut et doit se faire au niveau européen (sans les anglais). Mais il va falloir une sacrée volonté et un formidable courage politique, toutes choses dont N.sarkozy est totalement dépourvu en plus de ne strictement rien comprendre à ce qui se passe actuellement.
"La seule sortie de crise envisageable passerait alors par une réindustrialisation du pays et un ancrage de l'industrie via la mise en place d'un protectionnisme coopératif, par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital via de nouvelles contraintes à l'avidité du capital et par une remontée des salaires via des mécanismes d'indexation au regard de la productivité du travail."
Oui, mille fois oui.
Par contre, sur la politique de grands travaux et des investissements, je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi. OK nos infrastructures sont peut-être bonnes mais il faut les maintenir et préparer l’avenir.
Je vous invite tous à lire le manifeste de l’association Chômage et Monnaie ici qui propose des pistes de réflexion :
http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_html/Vive_le_plein_emploi.html
Rédigé par : RST | 05 décembre 2008 à 18:56
Pour ne pas se tromper et si "la France ne souffre pas d'un défaut d'investissement ou d'une carence en équipements publics", ne convient-il pas alors de cibler la relance sur les économies d'énergie et la réduction du CO2 (dont les "quotas" peuvent se revendre) ?
Sinon, c'est du bel ouvrage pour un déménageur fatigué. ^^
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 05 décembre 2008 à 19:11
On a de la chance que N.Sarkozy ait nommé Devedjian, on aurait pu avoir Balkany !!!!
Rédigé par : RST | 05 décembre 2008 à 19:22