La polémique sur les tests ADN a totalement masqué le fond de la dernière loi sur l’immigration du gouvernement. Peut-être était-ce d’ailleurs la véritable raison d'être de ce qui m'est toujours apparu comme une pure provocation, car le Sarkozysme s'efforce de cacher une petite révolution dans son approche des questions d’immigration avec laquelle il ne semble pas très à l'aise
Le slogan «une immigration choisie plutôt qu'une immigration subie » comporte bien deux faces. La première, celle de la lutte contre l’immigration illégale et de la restriction à l’immigration familiale est bien connue. C’est en partie grâce à ce thème que Sarkozy a gagné les élections en siphonnant la moitié de l’électorat du FN et c’est aussi – très logiquement – l’aspect de sa politique d'immigration qui est le plus combattu par la gauche « morale ». Très logiquement, le gouvernement communique donc autant qu’il peut sur ce registre, quitte à se livrer à une dangereuse surenchère pour masquer son autre versant.
Car cette politique consiste aussi à rouvrir les vannes de l’immigration de travail, officiellement fermées depuis 30 ans. La gauche morale est toujours contre – ce qui n’est pas pour déplaire au gouvernement - mais elle n’est pas la seule. Il existe des oppositions à cette politique aussi bien dans le camp des républicains, en particulier l’hebdomadaire Marianne qui n'y voit qu'une revendication du patronat pour refuser d'augmenter les salaires dans les métiers en tension, qu’à l’extrême droite qui aura beau jeu d'affirmer qu'avec Sarko on aura, et l'immigration subie, et l'immigration choisie. Marine Le Pen, très remontée dimanche soir au grand jury, s’est d’ailleurs livrée à quelques charges particulièrement violentes sur cet aspect de la politique du gouvernement.
L'immigration choisie est un sujet d'autant plus explosif pour le gouvernement, qu'elle n'a jamais réellement donné lieu à un débat sérieux. Tentons donc de l'ouvrir ...