Par Verdun
La notion de « zombies » économiques, découverte en 2008 avec la Crise s’étend maintenant aux concepts politiques. C’est ainsi qu’à l’occasion de la récente sortie d’un candidat aux primaires socialistes, Manuel Valls, nous reparlons des « 35 heures ».
A l’aune de ce candidat, clairement positionné au sein d’un courant dit « réaliste » du Parti socialiste (un « réalisme » qui vise avant tout à masquer sémantiquement une "droitisation" évidente des idées), nous vous invitons donc à découvrir qu’en fait de règle légale à assouplir, les « 35 heures » ont été vidées de toute substance, au point que l’article L. 3121-10 du code du travail rejoigne la liste des nombreuses règles juridiques mort-vivantes, ou "zombies".
Rappelons que la règle permettant à une entreprise de réduire la durée du travail, fixée légalement au départ à 39 heures par semaine, a été posée par une Loi votée par le RPR. Il s’agissait de la Loi dite « de Robien », LOI n°96-502 du 11 juin 1996 tendant à favoriser l'emploi par l'aménagement et la réduction conventionnels du temps de travail (c’est son nom exact).
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L'image du PS français est pitoyable, tellement pitoyable que cette élection présidentielle dont on parle depuis le jour où Sarkozy a été élu, est jouée d'avance. Si les Socialistes ne présentent pas le seul candidat à même de l'emporter, à savoir Strauss-Kahn, ils sont partis pour la chute finale. Aussi devront-ils devenir encore plus libéraux.
La véritable question, ce ne sont pas les 35 heures qui n'existent plus, ni les pensions, ni sans doute après, les congés payés. Elle est la place du travail dans une économie de plus en plus dominée par le capital.
La désindustrialisation de la France, mais aussi de l'Europe, y compris de l'Allemagne est sans doute le phénomène le plus inquiétant. Or, les délocalisations ne datent pas d'hier, les absorptions d'entreprises européennes par des consortium américains ou des pays dits émergents ne sont pas un phénomène nouveau. On n'a strictement rien fait pour arrêter ce processus. Et aujourd'hui, on s'aperçoit que nous sommes dépouillés. Nous ne sommes plus concurrentiels, mais surtout, nous ne comptons plus dans l'économie mondiale.
Quant aux dettes souveraines,les pays de l'UE commencent à se trouver dans une situation similaire aux pays du Tiers-monde endettés jusqu'au cou et totalement dépendants du FMI et des banques.
Personne n'a de solution. Qu'on lise Sapir, Lordon et d'autres, tous ont leurs petites recettes aussi peu convaincantes les unes que les autres.
Alors, les dérisoires querelles politiciennes précédant une élection jouée d'avance n'ont plus aucun intérêt.
Rédigé par : Pierre Verhas | 11 janvier 2011 à 00:25
Les 35 h ne sont que la durée légale du travail ..
Il est intéressant de comparer les heures de travail annuel réel dans quelques pays
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=56021
Durée annuelle moyenne du travail (nombre d'heures 2009)
Etats-Unis 1767
Canada 1699
Royaume-Uni 1646
Allemagne 1390
France 1554
Espagne 1654
Italie 1773
Pays-Bas 1378
Belgique 1550
Autriche 1621
Japon 1713
Australie 1690
Suède 1610
Se pose de toute façon la question de la finalité du travail et donc d'un système qui permettrait d'adapter réellement son temps de travail à ses besoins.
Rédigé par : A-J Holbecq | 11 janvier 2011 à 08:04
@Pierre Vehas:
Totalement d'accord avec vous sur la question de la place du travail. Mais le PS qui défend et à pour base électorale :les chomeurs, les éternels éudiants, les élus et/ou professionnels de la politique, les fonctionnaires les plus "syndiqués", ....
Dans ces conditions, les réponses du PS sur la place du travail ne peuvent qu'apparaitre comme étant ambigues.
Rédigé par : Emmanuel M | 11 janvier 2011 à 11:37
Pour appuyer le commentaire d'AJH, je signale cette note récente d'Artus qui démontre l'absence total d'intérêt du débat sur le temps de travail.
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=56021
Ce débat totalement sans objet -ainsi que le démontre très bien verdun dans son billet - est très révélateur de la déconnexion de plus en plus visible du débat politique avec la réalité. Les types comme Valls qui croient malin de remettre le sujet sur la table ne font que démontrer leur ignorance crasse sur les questions économiques.
Rédigé par : Malakine | 11 janvier 2011 à 11:49
Oui, ca montre à quel point les politiques français sont nuls :
http://rationnelsansfinalite.blogspot.com/2011/01/le-zombie-des-35-heures.html
Pourtant, je ne suis pas économiste mais je savais comme d'autre depuis pas mal d'années que la DE pose un problème à l'Euro et que dans un autre domaine le dollars est aussi un problème, tout comme on sait depuis 11 ans au moins le sur-endettement US.
Des types comme Valls ne méritent pas le salaire qu'ils touchent.
Rédigé par : olaf | 11 janvier 2011 à 19:00
Bonsoir à tous,
D'abord merci à Malakine pour son soutien, cela motive surtout en ce moment croyez-moi !
Le document de natixis mis en lien me choque sur plusieurs points, et particulièrement le fait (et ce n'est pas un détail) que l'on ne sait pas comment sont calculées les durées de travail annuelles moyennes.
Pour avoir bcp travaillé sur la question, c'est une notion très complexe à établir, surtout dans des pays comme l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne où les durées du travail sont définies par branche ou localement (nombreux usages).
Et quand on compare la réalité, la durée du travail des temps plein en France (décomptée en TTE c'est important) est loin d'être aussi différente de celle de ces pays. J'insiste car les 1.607 heures théoriques par an en France sont du travail effectif, hors pause, hors restauration, hors habillage etc... de la production pure donc, ce qui est loin d'être le cas dans les autres pays européens.
Pour le billet de rationnalité mis en lien par Olaf, je ne l'avais pas lu (sinon j'aurai placé un lien), mais l'idée a donc été "dans l'air"... Merci je ne connaissais pas.
V.
Rédigé par : verdun | 11 janvier 2011 à 22:00