Ce tour d’horizon des solutions envisageables à la crise européenne est, reconnaissons-le, assez désespérant. Il n’existe aucune solution simple ni indolore, quoique prétendent les Eurobéats comme les Europhobes. Même si initialement mon intention était de m’arrêter au diagnostic et à l’analyse, je vais tout de même tenter de conclure cette réflexion en décrivant deux scénarios « positifs » de sortie de crise : Le maintien de l’Euro avec réforme des principes de l’UEM et la scission de l’Euro entre un Euro pour la « zone-mark » et un euro des pays déficitaires que nous appellerons « Ecu » en référence à la première dénomination de la monnaie unique.
Ce travail m’a fait en effet évoluer sur un point important. Je ne crois plus aujourd’hui à la pertinence du retour immédiat aux monnaies nationales. Je ne reviens ni sur l’idée que les politiques ordo-libérales de l’Union Européennes ainsi que la monnaie unique ont eu des effets désastreux, ni sur l’inéluctabilité d’une rupture avec l’Allemagne tant nos intérêts sont devenus divergents, ni même si sur la nécessité de sortir de l’UE et d’organiser sa dissolution.
Cependant, la gravité de la situation qui ressort de cette analyse a quelque peu changé l’ordre des priorités. Si l’on limite l’analyse au seul cas de la France, on pourrait effectivement être tenté d’imaginer une sortie en solitaire de l’Euro voire de l’UE, pour recouvrer notre souveraineté économique, dévaluer notre monnaie, protéger notre industrie et monétiser nos dettes. Notre situation de déficit n’est pas telle que nous devrions raisonnablement craindre de reprendre notre autonomie. Replacée dans le contexte européen global, l’hypothèse apparaît en revanche explosive, car la France ouvrirait la voie à d’autres pays et notamment l’Espagne et l’Italie.
Une explosion de l’Europe et de tous les mécanismes qui parviennent encore tant bien que mal à maintenir la stabilité de la zone s’avèrerait particulièrement chaotique. La situation critique des pays déficitaires les expose à risque réel d’effondrement économique qui ne pourra pas ne pas avoir de graves conséquences sur le reste du continent.
La France n’a aucune chance de s’en sortir seule au milieu d’un continent qui devra brutalement solder des déséquilibres accumulés depuis une décennie, qu’il s’agisse de l’excès de dette ou de la divergence des échanges extérieurs. Les pays de la zone germanique verraient leur appareil productif se contracter. Les pays de la zone latine leur consommation se comprimer. L’ensemble du système bancaire péricliter et l’économie européenne toute entière plonger dans la dépression.
Plutôt qu’une dissolution rapide de l’Union Européenne, l’urgence me semble être aujourd’hui d’étaler l’ajustement sur la durée la plus longue possible pour éviter une trop brutale déflagration, ce qui conduit à privilégier, si possible, le maintien d’un cadre européen éventuellement profondément réformé.
I - Sauver l’Euro par une réforme de l’UEM
La solution de l’approfondissement européen ne consistera pas à renforcer l’unité, la centralité et la solidarité de la zone comme le préconisent les Eurofédéralistes. Cette voie est une chimère qui se heurtera toujours à l’hétérogénéité de la zone comme au refus légitimes des pays économiquement forts de payer durablement pour les plus faibles.
La survie de l’Euro passe au contraire par la prise en compte de la diversité de la zone. L’horizon ne doit plus être de rechercher toujours plus d‘unité et d’intégration avec des politiques identiques pour tous, mais de privilégier désormais l’équilibre de la zone euro, par la stabilité de chacune de ses composantes nationales et des politiques économiques différenciées.
Paradoxalement, cet agenda de « déconstruction européenne » passerait par un renforcement temporaire de l’Union Européenne et un renforcement des contraintes supranationales.
Vers un nouveau pacte de stabilité
Les nouvelles règles européennes devront imposer des obligations de retour progressif aux équilibres économiques fondamentaux de chacune des économies nationales, qu’elles soient déficitaires ou excédentaires.
Ce plan de rééquilibrage interne ne devra pas se limiter aux questions budgétaires, mais aussi se préoccuper du niveau d’endettement global, de l’équilibre des balances courantes et de la taille de la sphère financière. Les pays trop fortement excédentaires devront être incités à stimuler leur demande intérieure (le cas échéant par création monétaire) sous peine de sanction financière au bénéfice des pays déficitaires. Ces derniers à l’inverse se verraient contraint de comprimer leur demande intérieure par des plans de rigueur, sans exclure une mise sous tutelle budgétaire.
La transition devra être accompagnée par de nouveaux instruments, comme une monétisation massive pour se débarrasser de l’excès de dette, l’expression d’une solidarité européenne vis-à-vis des pays menacés d’insolvabilité, des transferts financiers entre pays excédentaires et déficitaires, des règles de relocalisation partielle de la base productive sur les zones de consommation ainsi que de nouveaux fonds structurels destinés à financer l’effort réindustrialisation et de recherche-développement des pays déficitaires.
Pas d’ajustement durable sans relance
Au cours de la dernière décennie, la zone euro s’est globalement appauvrie si l’on s’en réfère à la hausse du taux global d’endettement comme à la perte d’emplois industriels. Cet appauvrissement s’est effectué de manière différenciée selon les pays. Assez limité pour les économies adaptées à une monnaie forte, l’appauvrissement a atteint un niveau critique pour les économies que l’Euro fort a dévitalisé tout les en poussant à l’endettement. Ces pays doivent aujourd’hui ramener leur niveau de vie à leur niveau réel de richesse, se désendetter et se réindustrialiser.
Quelle que soient les formes que prendra l’ajustement des économies déficitaires (sortie de l’euro et dévaluation, purge d’austérité, plan de rééquilibrage tel qu’exposé plus haut ou même protectionnisme) le rééquilibrage se traduira par un effet récessif global qui menace de plonger l’ensemble de l’économie européenne dans une longue spirale dépressive. Or, si la demande globale européenne fléchit, la base productive européenne se contractera dans les mêmes proportions. Dans ces conditions le retour à l’équilibre des pays déficitaires se fera soit au détriment des pays excédentaires, soit s’avèrera impossible.
La rigueur que doivent s’imposer les économies déficitaires aura donc d’autant plus d’effets que des mesures de stimulation économiques seraient mise en place au niveau européen.
- Plan de relance par stimulation de la demande intérieure dans les pays excédentaires par augmentation des salaires, baisses d’impôts ou accroissement du déficit budgétaire,
- Programme massif de création monétaire par recapitalisation des banques exposées aux bulles d’endettement et par un « quantitative easing européen » via des prêts directs de la BCE aux Etats membres.
- Baisse du taux de change de l’Euro (qui pourrait être la conséquence de la proposition précédente) de manière à améliorer la balance commerciale globale de la zone euro et ainsi accroître la base productive du continent.
- Protectionnisme européen qui relocaliserait autoritairement des productions massivement délocalisées en Asie.
II – Le grand schisme européen
Depuis le déclenchement de la crise des dettes souveraines avec la révélation de la situation budgétaire dramatique de la Grèce, la France est totalement tétanisée. Il y a encore un an, Sarkozy louait les vertus de grand emprunt censé financer des projets d’avenir. Depuis, que l’heure est à la rigueur, France s’est consciencieusement alignée sur toutes les positions allemandes de crainte de perdre sa note triple A. Elle ne pense rien, ne dit rien, ne propose rien. Elle ne fait que de louer l’entente franco-allemande désormais considérée comme un but en soi et saluer des compromis boiteux de court terme incapable de calmer la nervosité des marchés ni même d’illusionner les commentateurs les plus endoctrinés.
De fait, le couple franco-allemand n’existe déjà plus. Il y en a un qui ordonne et l’autre qui approuve. La France a vis-à-vis de l’Allemagne l’attitude d’une midinette amourachée ou d’un enfant apeuré qui s’accroche aux jupes de sa mère. L’enjeu du débat de 2012 sera non pas de débattre d’une illusoire sortie de l’Euro, mais redéfinir une position française à tenir en Europe et vis-à-vis de notre grand voisin.
L’objectif de correction des déséquilibres internes pourrait constituer la base de cette position française. Nous pourrions trouver bien des alliés, à commencer par nos sœurs latines, qui étouffent sous le poids de l’Euro mais qui sont incapables en l’état d’en sortir.
Toute la question sera de savoir si l’Europe est réellement réformable et plus concrètement de savoir si les Allemands accepteront une refondation de l’Europe qui exigerait d’eux un abandon de leur modèle économique tourné vers les exportations. Même avec un président lucide, clairvoyant, courageux et conscient de ses responsabilités face à l’Histoire, il n’est pas certain que nous puissions convaincre l’Allemagne de modifier en quoique ce soit sa politique et ses projets. La position la plus probable est qu’elle prenne prétexte de critiques trop clairement exprimées pour expulser de la zone euro, tous ces perdants et ces cigales, incapables de tenir leurs comptes, de se réformer et de se battre dans la mondialisation.
Si les Allemands préfèrent reconstituer une Mitteleuropa tournée vers la Russie (solution qui aurait sa rationalité), en ignorant les dégâts que leur politique mercantiliste a causés chez ses voisins et quitte à prendre le risque de se fermer leurs débouchés, la France devrait alors faire un choix douloureux. Soit s’aligner à toute force sur l’Allemagne par crainte du décrochement. Soit reprendre purement et simplement notre liberté et inviter nos voisins à en faire autant. Soit leur tendre la main pour tenter une alliance avec eux.
La France vassale de l’Allemagne ?
Dans l’hypothèse d’un schisme européen, le maintien du couple franco-allemand est une évidence politique qui ne tardera pas à faire figure de dogme unanimement partagé. Ce serait malheureusement une absurdité économique dont notre pays ne se relèvera pas. Notre économie se verrait alors exposé à un violent choc concurrentiel de la part des économies du sud qui auront dévalué, tout en étant de plus en plus plombée par une monnaie qui serait probablement entre temps encore réévalué. La France s’enfoncerait alors dans le chômage et la dette extérieure et ce jusqu’à la banqueroute.
Pour qu’une telle politique fonctionne, la France devrait s’imposer le même programme de reconquête de la compétitivité que l’Allemagne a réalisé lors de la dernière décennie. Ce chantier n’inclura pas que sujets qui s’annoncent extrêmement populaires comme démantèlement progressif de la protection sociale, la compression des salaires, l’augmentation des taxes et des impôts ou des délocalisations vers le Maghreb. Il devra aussi s’attaquer aux fragilités intrinsèques de notre tissu économique, à savoir les liens compliqués entre recherche et innovation, à un appareil de formation professionnelle aussi dispendieux qu’inefficace, la sous capitalisation chronique de nos PME, leur trop petite taille et leur culture de sous-traitant.
Cela supposerait que la France se dote enfin de gouvernants capables qui sauraient concevoir et mettre en œuvre des politiques publiques de long terme efficaces. Si cette politique réussit, on devra parler d’un « miracle français ». Cette option n’est donc à réserver qu’à ceux qui croient aux miracles et à la magie de la volonté en politique.
L’explosion de l’Euro ?
Même si cette analyse m’a conduit désormais à craindre l’hypothèse de l’éclatement de l’Euro, je ne veux pas pour autant me poser en opposant à cette thèse. L’Euro souffre de bien trop de tares pour que l’on consacre la moindre énergie à sa défense.
Je demande cependant à tous ceux que cette thèse séduit de bien mettre en balance l’intérêt que représenterait pour la France un surcroît de compétitivité coût par rapport à l’Allemagne par rapport à la perte de compétitivité que traduirait une forte dévaluation de l’Espagne et de l’Italie. Je leur demande aussi de s’interroger sur le point de savoir s’il sera plus facile de recapitaliser des banques qui auraient été exposées à des défauts sur des dettes publiques ou privées, avec l’Euro et son statut de quasi monnaie de réserve ou avec un Franc tout neuf à peine ressuscité. Je leur demande enfin d’apprécier l’effet dépressif global qu’aurait une dévaluation variable mais généralisée des économies déficitaires et d’imaginer ce qu’il restera du sentiment européen lorsque tous les pays s’engageront ouvertement dans une concurrence acharnée et ouverte par les coûts pour tenter de capter les restes d’une base productive laminée par la mondialisation.
De l’Euro à l’Ecu
Il serait peut-être dans ce cas préférable de leur tendre la main pour mettre en place une nouvelle union économique et monétaire associant la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, préfigurant une nouvelle Europe latine fondée sur de nouveaux principes.
Dans son dernier texte « Est-il trop tard pour sauver l’Euro ? » Jacques Sapir semble pencher en faveur de cette solution qu’il assimile à une « solution intermédiaire » entre l’explosion pure et simple de l’Euro et son maintien dans le cadre d’une UEM réformée. Cette solution intermédiaire consisterait en « l’établissement d’une monnaie commune avec certains pays dans le cadre d’un système de changes fixes mais révisables et un contrôle des capitaux » Il considère d’ailleurs que « les solutions intermédiaires sont en réalité très favorables à la France »
La solution de l’UEM latine ou de l’Ecu aurait l’avantage de permettre de contrôler le niveau des dévaluations des monnaies espagnoles et italiennes par rapport au Franc, voire de l’empêcher afin d’éviter un choc concurrentiel pour l’industrie et l’agriculture française, en conservant dans un premier temps une monnaie unique dévaluée par rapport à l’Euro entre ces 5 pays. Elle présenterait également l’intérêt de rendre plus aisée l’opération de réindustrialisation par relocalisation autoritaire des productions de moyenne intensité technologique délocalisées en Asie. Afin que le schisme européen s’effectue dans des conditions apaisées, il apparaît en effet essentiel que la réindustralisation de la zone latine ne se fasse pas au détriment de la zone germanique, mais bien vis-à-vis de l’Asie où ces pays sont peu présents. Aucun industriel ne pourra en effet snober une telle zone de 200 millions d’habitants. S’il devient impératif d’y localiser l’outil de production pour accéder à son marché, les groupes mondialisés consentiront aux investissements productifs nécessaires.
Le déficit global de cette zone posera néanmoins de sérieux problèmes au moins pendant la période de transition vers le retour aux équilibres nationaux. Il est probable que les taux d’intérêts s’envolent, soit ceux sur la dette publique, soit les taux bancaires en cas de financement direct des Etats par la banque centrale.
Une des solutions pourraient être alors de proposer à une économie excédentaire d’intégrer la « zone Ecu ». La Suisse ou les Pays-Bas ne verront pas nécessairement d’un œil favorable la perspective de voir leur monnaie s’apprécier, subir la concurrence de ceux qui auront dévalué ou de se retrouver, de fait, satellisés dans un Empire Allemand d’un nouveau genre.
Le refus qu’opposera l’Allemagne à la proposition française de plan de rééquilibrage interne au sein de la zone euro déclenchera un grand schisme européen dont elle portera seule la responsabilité. La responsabilité de la France est de l’anticiper pour être en mesure le jour venu, probablement au cours de l’année 2012, de mettre rapidement sur pied une alliance diplomatique de substitution et un projet économique alternatif. Il est en effet essentiel pour l’avenir de notre pays comme pour la stabilité du continent que la France puisse maintenir une forme d’équilibre dans son rapport avec l’Allemagne. Cet objectif passe dès aujourd’hui par un renoncement au « couple » franco-allemand devenu déjà trop déséquilibré et le développement de partenariats privilégiés avec l’Italie et l’Espagne.
X. Malakine
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Merci pour cet article Malakine.
Je n'ai pas grand chose à dire pour l'analyse économique mais surtout sur le point de vue politique:
L'inertie idéologique de la classe politique française(pour ne pas dire l'incompétence crasse), le poids des lobbys et autres joyeusetés me conduit à penser que nos "dirigeants" et j'entends par là l'UMPS, préféreront se cantonner dans leurs imbécilités habituelles que tu décris si bien plutôt que d'envisager des solutions économiquement rationnelles, mais qui nécessitent une véritable volonté politique et un minimum de vision.
Penses-tu que nous disposions d'un réservoir d'hommes de qualités prêt à prendre la relève et mettre en place, rapidement, une ambitieuse politique de transition?
En l'état actuel des choses ils me semblent être trop peu nombreux et dépourvus des moyens ainsi que de l'influence nécessaires.
Rédigé par : Axel | 06 janvier 2011 à 13:38
Je ne voudrais pas défendre notre classe politique, mais insister sur un point. Cette crise est très difficile à comprendre. J'ai passé un mois à chercher en m'appuyant sur des économistes depuis longtemps lucides comme Lordon, Sapir ou Artus, puis un autre à écrire ce texte pour tenter d'y voir clair.
Ce travail a produit un diagnostic, une grille de lecture et des bases de propositions, mais évidemment, tout ceci est très discutable et ne va pas faire consensus. Il me semble qu'on est là dans un terrain quasi inconnu où personne ne semble avoir de repères. On est tous condamné à tâtonner, à hésiter, à imaginer ....
Dans ces conditions, je ne suis pas vraiment surpris de ne pas entendre d'analyses correctes et de propositions pertinentes dans notre classe politique. Il faut déjà qu'une grille de lecture s'impose dans les milieux économique pour que le débat politique puisse avoir lieu. Tant que personne n'a ni diagnostic clair, ni de solutions prêtes, il est de l'intérêt de tous de camper sur le déni de réalité.
Encore que, on entend des choses justes chez certains politiciens. Pour preuve cette vidéo à propos de son dernier bouquin (qui semble remarquable)de JPC.
http://www.chevenement.fr/Peut-on-faire-confiance-pour-nous-tirer-d-affaire-a-ceux-qui-nous-ont-mis-dans-l-impasse_a1034.html
Peut-être suis-je trop pessimiste lorsque je pense que comme en 2007, le débat de 2012 fera l'impasse sur les questions économiques ...
Rédigé par : Malakine | 06 janvier 2011 à 16:05
L'UMPS applique la politique du MEDEF, le patronat le plus arriéré d'Europe, atteint de sénilité comme dirait Todd, et ca va pas changer demain...
Rédigé par : olaf | 06 janvier 2011 à 19:46
A la vitesse à laquelle montent les rendements des obligations de certains pays de l'Eurozone, il serait surprenant que le débat de 2012 fasse cette impasse.
Votre analyse est intéressante et fouillée, Malakine. Elle semble déboucher sur de grands doutes. La raison en est peut-être qu'elle porte surtout sur les tuyauteries. Lorsque l'économie vacille, c'est à la politique à prendre le dessus ; la haute politique.
Sur le site de Solidarité & Progrès, on sent un souffle de haute politique. Je ne dis pas qu'il faille se rallier aux solutions prônées par LaRouche et Cheminade, mais au moins la réflexion est-elle placée au niveau où elle doit l'être.
Quelle société voulons-nous, si l'actuelle est dans une impasse ? Quel rapport entre l'Argent et la démocratie ? Quels rapports entre la Nation et l'Europe, entre l'Europe et les Etats-Unis ? Quand la désagrégation aura fait son oeuvre, les solutions seront adoptées sur la base des réponses arrêtées pour ce genre de questions.
Rédigé par : Marsault | 06 janvier 2011 à 20:54
Marsault
Vous croyez vraiment que la haute politique va changer quelque chose, alors qu'elle n'a fait qu'entériner l'immobilisme.
Rédigé par : olaf | 06 janvier 2011 à 21:54
Olaf,
Il n'y a pas qu'une haute politique possible (sauf à croire TINA).
Les choix économiques que l'on met en oeuvre dépendent de la haute politique à la manière dont les conséquences dépendent des principes, les théorèmes des axiomes, etc.
Rédigé par : Marsault | 06 janvier 2011 à 23:10
Si je lis bien Jacques Sapir, il ne semble pas non plus que la solution des 2 monnaies ait sa faveur.
Mais ton analyse nous amène à réfléchir, ce qui est très utile et pertinent en ce moment.
Dans cette hypothèse de 2 monnaies, la France (qui est un peu la charnière entre les pays du sud et ceux du nord) a toute les chances d'être classée dans l'euro-nord, c'est à dire se retrouver la plus faible au sein d'un groupe de pays "plus forts" . Ce qui serait également vrai pour la Grèce au sein de l'euro-sud
Dans cette hypothèse à 2 monnaies il y aura toujours trop d'écart entre les balances des échanges ... on va se retrouver avec le même problème même s'il est un peu atténué.
Je pense donc la seule solution est bien celle des monnaies nationales au sein d'une monnaie commune avec de faibles différences de parités les premières années, le temps que les balances se rééquilibrent (par exemple de 0,9 à 1,1 ou de 0,8 à 1,2 pour commencer et en accroissement si elles ne se rééquilibrent pas progressivement.)
Je sais que ce n'est pas un argument pertinent pour ton billet, mais il démontre le peu d'espoir des marchés de voir les choses s'arranger: hier les taux de dettes grecques à 10 ans a dépassé 12,6 % (plus qu'en mai dernier) mais surtout il était à #9 en novembre... ca va vite!.
_______________
Regarde bien les balances des échanges par habitant (en euros)
Luxembourg 4615
Pays Bas 1958
Allemagne 1578
Autriche 797
Finlande 493
Belgique 93
Slovénie -183
Slovaquie -392
Malte -577
France -637
Italie -847
Irlande -1111
Espagne -1309
Chypre -1624
Portugal -1698
Grèce -2519
... s'il y avait de tels écarts entre départements français sans répartition "fédérale", tout exploserait: mais il se fait en plus qu'aider les pays les plus déficitaires creuse la dette des pays qui se portent caution (caution qui ne sera jamais levée sauf à mettre les peuples les plus faibles à genoux ou les intégrer dans un fédéralisme dont ils ne veulent pas ... demain tous les grecs vont-ils apprendre l'allemand?)
Rédigé par : A-J Holbecq | 07 janvier 2011 à 08:18
@ Malakine
Ton papier est intéressant à plusieurs titres. Il me permet de comprendre les raisons qui te poussent à ne pas souhaiter une sortie. Je vais donc davantage développer mes arguments.
Je pense que tu as raison de dire que si la France quitte l’euro, alors l’Espagne et l’Italie suivront. Il n’est pas imaginable que les pays de la périphérie restent si nous partons. En revanche, je te trouve toujours trop pessimiste sur les conséquences d’une sortie de l’euro, notamment pour les pays du Sud. Le cas extrême de l’Argentine montre que la sortie d’une union monétaire peut rapidement avoir un impact économique positif.
Tu considères uniquement les aspects négatifs des réajustements monétaires, tant dans la zone mark que dans les pays du Sud. Je ne suis pas sûr que leur consommation baisserait forcément. Plusieurs facteurs permettent de contredire cette hypothèse :
- l’augmentation des exportations contribuerait à augmenter la demande intérieure
- l’augmentation de la fréquentation touristique augmentera également la richesse intérieure
- tu pourras répliquer inflation, mais l’inflation réduit le pouvoir d’achat pas la valeur globale de la demande. En outre, il faut différencier selon les produits. L’augmentation du prix du pétrole réduira directement le pouvoir d’achat. Mais si on considère l’augmentation des prix des télévisions par exemple, même si les prix augmentaient de 30%, les conséquences ne seraient pas extrêmement graves : les consommateurs achèteraient des télévisions moins grandes… En outre, si le prix des Volkswagen augmentait radicalement, les Italiens achèteraient davantage de Fiat
- après, j’imagine que tu considères les éventuels plans de rigueur, ce à quoi je peux répliquer en évoquant les plans de rigueur actuels. En outre, la possibilité de la monétisation donnerait du temps aux Etats de relancer la croissance.
Et ce scénario est illustré par de nombreux cas. L’histoire économique montre plutôt que les dévaluations ont un impact positif sur les économies. On voit aujourd’hui que même l’Islande semble mieux s’en sortir que l’Irlande ? N’es-tu pas trop pessimiste pour le coup ?
Sur le sauvetage de l’euro, plusieurs points me surprennent, même si j’adhère à la monétisation ou à l’idée d’un plan de relance ou la baisse de l’euro :
- des sanctions financières pour les pays qui ont un excédent commercial trop important : cela me semble hautement hypothétique…
- mise sous tutelle des pays qui ne compriment pas leur demande intérieure : cela ressemble à ce que propose DSK et cela me surprend sous la plume d’un souverainiste
- au global, la mise en place de la plupart des idées avancées me semble plus que hautement improbable…
Sur Jacques Sapir, attention, le vocable de « monnaie commune » a un sens bien précis, différent d’une « monnaie unique » et il va avec un retour des monnaies nationales.
Ta solution d’une nouvelle Union Latine est élégante. Cela nous permettrait d’éviter une dévaluation de la peseta et de la lire. Mais cela pose deux problèmes :
- un problème basique de souveraineté nationale
- un problème d’ajustement : une dévaluation moyenne de l’ECU risquerait de ne pas être assez forte pour la Grèce mais un peu trop forte pour la France. Bref, nous ne revenons pas sur le défaut majeur de conception de la monnaie unique, à savoir imposer une même politique monétaire pour des réalités nationales disparates
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 07 janvier 2011 à 10:02
> André Jacques
Qu'est ce qui te fait dire que Sapir n'est pas favorable aux deux euros ? Je ne peux pas interpréter autrement sa phrase qui considère que les "solutions intermédiaires" seraient particulièrement favorables à la France.
Je sais bien que la zone dite "écu" (ou je n'ai placé ni l'Irlande, ni la Grèce) ne serait pas optimale. Elle le serait tout de même plus que la zone euro actuelle dans la mesure où il n'y aurait pas de méga exportateur structurel en son sein. En outre c'est bien l'hétérogénéité de cette zone qui me fait craindre le retour aux monnaies nationales. L'Espagne et l'Italie étant dans une situation plus dégradée ou plus fragile devront dévaluer bien plus que nous.
Rien n'empêche d'ailleurs de concevoir d'emblée l'écu comme une monnaie commune, ce qui est la proposition de Sapir.
Rédigé par : Malakine | 07 janvier 2011 à 10:06
> Xavier
Avant de te répondre plus en détail; je ne comprends pas ta dernière phrase: l'écu, monnaie unique pour la zone considérée ou monnaie commune avec des monnaies nationales ?
Rédigé par : A-J Holbecq | 07 janvier 2011 à 10:23
> Laurent Pinsolle
Je vais être rapide sur le sujet de la dévaluation car nous disons toujours la même chose. Moi, j'appréhende le phénomène au niveau global et toi au niveau d'un seul pays, ce qui fait qu'on ne voit pas la même chose. Quand tu parles d'augmentation de la demande par les exportations, je vois un transfert de la base productive en raison d'un meilleure concurrence sur les coûts. Tu vois du développement et je vois un appauvrissement global.
Tes remarques sur le plan B européens m'intéressent beaucoup plus. Effectivement, d'un point de vue souverainiste, ce plan est à gerber. C'est une évidence. D'ailleurs, je le dit expressément dans le texte. "Paradoxalement, cet agenda de « déconstruction européenne » passerait par un renforcement temporaire de l’Union Européenne et un renforcement des contraintes supranationales.
Dans ce texte, je dis après analyse, ce qui pourrait sauver la zone euro, ce qui pourrait être une position française en la matière. Pour moi, il est évident que cette zone ne pourra pas survivre si elle ne fait pas tout pour corriger ses déséquilibres internes. Or, cet objectif est frontalement contraire à l'idée de souveraineté économique.
Je suis bien d'accord aussi pour dire qu'il est hautement improbable. Mais ces objections ce n'est pas à moi qu'il faut les formuler, mais à des candidats comme DSK qui proposeront des solutions "européennes" Celles-ci seront à la fois insuffisante (car généralement faisant l'impasse sur la question centrale de l'Eurodivergence) et insupportable du point de vue de la souveraineté par la mise sous tutelle qu'elles impliqueront.
Je crois que tu as compris que dans mon esprit, la zone écu est un moyen de gérer la transition vers le retour aux monnaies nationales de manière à éviter le chaos que représenterait un ajustement brutal et désordonné des taux de change.
A terme, il faudra inventer soit une toute nouvelle Europe, soit réellement fédérale, soit réellement intergouvernementale, ce qui en matière économique impliquerait un retour aux monnaies nationales et une monnaie commune avec la possibilités d'ajustements mesuré et coordonné des taux de change.
> AJH
Pour moi cette idée d'Ecu est un moyen de maîtriser la dévaluation des pays du sud. On peut le voir de manière maximaliste avec une monnaie unique qui interdirait tout écart de taux entre la France et ses voisins du sud, ou de manière minimaliste avec une monnaie commune (l'écu) et un système d'ajustement des parités des monnaies nationales pour éviter les dévaluation trop brutales et déstabilisatrices à l'intérieur de la zone.
Rédigé par : Malakine | 07 janvier 2011 à 11:25
tu ne vas pas jusqu'au bout du raisonnement. Tu souhaites "maîtriser la dévaluation des pays du sud".
Il y a l'idée que la dévaluation de leurs devises nationales, dans l'hypothèse d'un éclatement complet, irait trop loin.
La question est donc de savoir à quel niveau doit-on arrêter les parités respectives des différents membres de l'ex zone euro ?
Il y a une réponse robuste à cette question, c'est au niveau de la parité de pouvoir d'achat.
ça se calcule.
quand j'ai proposé une taxe de libre échange, c'est avec cette idée en tête : quelles que soient les variations des devises, ballottées par les marchés financiers, nous pouvons nous protéger à hauteur de la sous-évaluation par rapport à une parité que nous devons calculer et publier.
Je pense même que si la france publiait une parité par rapport à ses principaux partenaires commerciaux, au terme d'un calcul sérieux, ces cours pourraient servir de référence aux opérateurs des marchés de change.
il y a des moyens de se prémunir contre des dévaluations et les variations exccessives des devises, vouloir former une union monétaire et politique pour lutter contre c'est se tromper d'instrument.
Rédigé par : edgar | 07 janvier 2011 à 13:11
J'ai un peu de mal à comprendre. (cas II)
"Il serait peut-être dans ce cas préférable de leur tendre la main pour mettre en place une nouvelle union économique et monétaire associant la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, préfigurant une nouvelle Europe latine fondée sur de nouveaux principes."
L'hypothèse serait-elle que l'ECU regrouperait ces 5 pays ? que l'EURO garderait les autres ? mais alors quid de la Grèce ? et de l'Irlande ?
Rédigé par : Claribelle | 07 janvier 2011 à 15:19
@Malakine
je me demande personnellement si l'on ne devrait pas imaginer carrément à plus long terme un élargissement de ton union latine aux pays du sud de la méditerranée. Si on établit des règles d'équilibre des balances des paiements comme tu le souhaite alors le différentiel salarial ne posera pas de problème et cela donnerait à cette union une certaine autonomie énergétique qui favoriserait son autonomie économique et son indépendance.
Sinon une Europe réellement fédérale je crois que c'est une option qu'il vaut mieux définitivement enterrer vue les dégâts que cette idée a déjà engendré. Même faire fusionner deux pays comme la France et l'Italie me parait tout simplement impossible et c'est tant mieux parce que je crois profondément à l'utilité de cette diversité culturelle et politique. Donc il faudra complètement réinventer une autre Europe sur des modes de fonctionnement laissant plus de marges aux états. On doit surtout se limiter à mettre des règles empêchant le mercantilisme et toute politique visant à s'enrichir au détriment des voisins ce que l'UE actuelle n'a jamais fait. Elle promeut même ce genre de politique agressive.
Rédigé par : yann | 07 janvier 2011 à 21:34
La réhabilitation des frontières par Debray :
http://www.marianne2.fr/Eloge-des-frontieres--l-hymne-a-la-resistance-de-Debray_a201381.html
Rédigé par : olaf | 08 janvier 2011 à 13:08
Sinon, l'idée de mettre comme critère l'équilibre de la balance commerciale me parait bien plus utile que celui de la dette publique pour permettre une coopération avec les autres pays qui seraient prêts à admettre cette contrainte.
Rédigé par : olaf | 08 janvier 2011 à 13:13
> olaf
Oui, dans l'esprit de la Charte de la Havane
http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=CharteLaHavane
qu'il faudrait d'ailleurs réécrire pour une nouvelle Zone de Coopération Européenne, ou Euro-Méditerranéenne comme le propose Yann (et, mea culpa, que j'avais mal interprété lors de ma première lecture sans doute trop rapide)
Une monnaie unique ne peut se concevoir que s'il s'agit d'un cadre d'une zone monétaire où:
- soit l'équilibre est "naturel" entre les zones (ou les pays) par l'équilibre des balances des payements,
- soit les transferts issus d'une structure centrale permettent l'équilibre entre zones par la fiscalité
Rédigé par : A-J Holbecq | 09 janvier 2011 à 08:22
> Claribelle
Vous avez très bien compris. Je n'ai pas intégré l'Irlande et la Grèce car dans mon esprit cette "zone écu" préfigurerait une nouvelle union européenne et que je ne pense pas qu'on puisse bâtir quoique ce soit avec un pays qui a adossé son développement sur la consommation de fonds structurels européens et sur le dumping fiscal. Pour la Grèce ça peut se discuter, mais pour moi, les pays anglo-saxons qui ont adopté le modèle de l'économie d'endettement et d'hyperfinanciarisation n'y ont pas leur place. Dans l'hypothèse d'une explosion de l'Euro, ils pourront tout à fait retrouver leur monnaie nationale.
Je rappelle que je n'ai développé cette idée de zone écu que parce que je crains les effets d'une forte dévaluation de l'Italie et de l'Espagne. L'effet récessif entraîné par la dévaluation des petites économies est moins grave ...
Voir à ce sujet l'excellent papier de Yann auquel je souscrit tout à fait sur "l'union méditerranéenne" Lui intègre la Grèce mais non l'Irlande.
http://lebondosage.over-blog.fr/article-l-hypothese-de-l-union-mediterraneenne-64494358.html
Rédigé par : Malakine | 11 janvier 2011 à 11:56
Tout ca c'est bien joli mais c'est du vent.
On ne parle même pas de la meilleure solution eût égard à la situation, on parle de la moins pire.
Or en 2008, des solutions pouvaient se mettre en place. Il n'en a rien été. Pourquoi? Parce qu'on sait maintenant que tous les dirigeants économiques et financiers de la planète avaient l'info suivante: Le système souffre d'une crise de solvabilité et il est condamné à terme. En 2008.
Qu'ont ils fait? Ils ont décidé de ne rien dire. Et donc de ne rien faire, en particulier rien qui laisse à penser que c'est cuit et qu'ils le savent. Vous me suivez?
Depuis de l'eau a coulé sous les ponts et la situation, pour aussi peu sauvable qu'elle était, est maintenant devenue visible et évidente pour tous.
Donc en aucune manière aucune autorité constituée détenant actuellement le pouvoir ne peut arrêter les choses. Ce qui doit se produire VA se produire: l'effondrement du système dollar donc du système financier international.
Dans les limbes, les dirigeants actuels qui savent ou on va (a part quelques crétins congénitaux) se préparent à faire face. Censure, contrôle accru de populations, équipement de forces anti-émeutes, etc...
A aucun moment aucun d'entre eux ne pense sérieusement à adapter la machine institutionnelle ou économique pour sa survie. Regardez les mesures qu'ils proposent, risibles si elles n'étaient aussi dérisoires face au péril.
C'est donc cuit mon ami, il va falloir vous y faire, il n'y aura ni plan B, ni C, ni même Z. Nous allons connaitre une période très heurtée et très dangereuse, et je vous invite à consacrer votre intelligence (de la situation) à préparer cette transition inéluctable au lieu de vous égarer dans les combinaisons qui ne s'appliqueront jamais.
Amicalement
Rédigé par : Roland | 11 janvier 2011 à 17:41
Sauf le petit coté complotiste de ce message, je suis assez d'accord sur le fond ... mais à quoi pensez vous lorsque vous évoquez la nécessité de se préparer à cette transition inéluctable ? En quoi est-ce différent de ce que j'ai voulu faire à travers cette série ?
Rédigé par : Malakine | 11 janvier 2011 à 17:46
Je veux dire, cher Malakine, qu'étant donné la configuration des choses, nul ne peut prédire la façon dont les choses vont se dérouler et, si je puis dire, s'enchevêtrer.
Toutes les analyses faites depuis ces 3 dernières années se sont avérées fausses, tant du côté des Cassandre que de celui des tenants du système.
La seule chose conforme à la logique que nous voyons se dérouler est une dégradation progressive mais exponentielle des économies et des sociétés occidentales et assimilées (a part quelques niches).
Le bilan et les prédictions ne m'appartiennent pas, le personnel économique (en off) et tout ce qui reste de pensée indépendante le crie haut et fort, à commencer par Sapir que vous citez abondamment.
Moi je me contente de rappeler le côté voulu de tout ca, son côté prévisible donc, et les conséquences qui en découlent pour toute personne logique et qui a ses références du côté de l'histoire.
Il y a des façons de se préparer à la banqueroute, mais ce sont des solutions individuelles ou à petite échelle collective, liées à l'organisation de la (sur) vie quotidienne.
Pendant et après la période que nous allons traverser, ce sera probablement l'échelle la plus pertinente pour envisager des solutions.
Tout ce qui dépasse le cadre de la communauté nationale sera hors de propos, chacun sa merde comme on dit, et encore en parlant d'échelon national, je compte large. Vouloir imploser plus ou moins, c'est toujours nier la réalité de l'implosion. On implose ou on implose pas, Point. Or nous savons maintenant que nous allons imploser. On en est là.
Donc les comités théodule d'accord ou pas avec les organisations machepro, c'est du pareil au même: du vent.
Par contre, qu'allons nous faire lors du bankrun, du vrai? Quelles seront les nouvelle qualités que va exiger la survie en milieu urbain hostile? Au bout de combien de temps allons nous trouver les divers guichets sociaux fermés? Comment va on faire pour payer les fonctionnaires? Que fera t on lorsque la majorité d'entre eux se sera ajoutée à la masse déjà ingérable des sous prolétaires? Comment nous déplacerons nous avec une essence à 5 ou 10 € le litre? Comment ce qu'il reste de classe moyenne va t il se défendre face à des hordes de gens affamés et armés? Ou s'approvisionnera t on lorsque les hyper auront été pillés et les circuits de distribution démantelés?
Vous voyez, des questions sérieuses, il y en a plein. Pour ceux qui ont assez de lucidité pour se les poser. Je ne parlerai certainement pas de courage.
PS: vous considérez certainement comme complotistes les propos du directeur de la Royal Bank Of England? Cette façon de refuser de voir la réalité en face finit par être énervante, venant de gens se présentant comme alternatifs au bordel actuel.
Rédigé par : Roland | 11 janvier 2011 à 19:19
Roland
Vous noircissez un tableau déjà noir.
Les politiques ont laissé faire parce que ils ne comprennent pas grand chose à part comment rester dans leur coterie.
L'Argentine a connu une situation proche, il n'y a pas eu un holocauste ni une dictature ensuite.
Que le niveau de vie baisse, sans doute mais de là à voir des hordes de Mad Max proliférer, faut pas déconner non plus, on est plus au moyen âge et ses troupes de pilleurs chauffant les pieds des fermiers.
L'histoire ne se répète pas à l'identique.
Rédigé par : olaf | 11 janvier 2011 à 19:53
@olaf:
Par qui êtes vous payé?
"Les politiques ont laissé faire parce que bla bla bla". Vous croyez vraiment? Vous les prenez vraiment pour des cons finis? Non, c'est l'inverse. Ces gens là calculent tout. Et vous, vous êtes le couillon.
"L'Argentine a connu une situation proche, il n'y a pas eu un holocauste ni une dictature ensuite"
Hors sujet total. L'argentine était toute seule dans son coin, elle s'est mise dans la merde toute seule, et elle s'en est sortie toute seule. Son erreur de base à été l'arrimage du peso argentin sur le dollar. Mais elle a conservé ses outils de souveraineté et à pu dire merde à tout le monde quand il a fallu. Je vous cite: "holocauste, dictature", ou voyez vous cela dans mes textes? Toujours cette éxagération, cet emploi impropre des mots, cette absence totale de culture et de réflexion. Et puis, allez demander aux argentins si ce qu'ils ont traversé, ca ne ressemblait pas un petit peu à l'enfer? C'est tellement simple de re-dégueuler ce qu'on a à peine compris en croyant être informé.
"des hordes de Mad Max proliférer". On en reparle dans 6 mois un an, OK? Vous vous rappelez de 2005? Non? Moi oui, et des manipulations qui allaient avec et qui nous ont amené vous savez qui. Et toujours l'exagération, pour discréditer. C'est pour ca que je demandais au début qui vous paye, olaf? Qui voulez vous rassurer à part vous même? Au portugal, en ce moment même, il y a une pénurie de sucre. Il y a eu des pillages et des commencements d'émeute. Vous n'avez aucune idée de ce qu'est une population nombreuse et qui a faim.
Et vous terminez par un superbe "l'histoire ne se répète pas à l'identique..."
Là, on ne sait trop quoi dire. Le vide de la pensée? Encore une leçon trop vite et trop mal apprise?
Bref, vous serez parmi les millions de crétins qui perdront tout et qui diront: "Mais on ne m'avait rien dit... Si j'avais su..." Encore faut il avoir le courage (cette fois ci) de faire marcher sa cervelle et de renoncer au confort du prêt à penser. La vie n'est pas un film, ou alors il faut virer le scénariste.
Basta.
Rédigé par : Roland | 11 janvier 2011 à 22:19
Petit addendum pour tous les olaf qui viennent sur ce site:
Voici le mécanisme: La France emprunte en ce moment 40% de son budget de FONCTIONNEMENT. La continuation de ce système implique que la France trouve à se financer sur les marchés. Si, ce qui est maintenant une certitude, la note du pays se trouvait dégradée (c'est pour d'ici à mars) les taux d'intérêt vont flamber comme ceux de nos compères européens les PIIGS.
Au delà de 7% sur les taux longs, il deviendra difficile de trouver des preneurs, d'autant que ça se bouscule sur le marché de la dette. Il y a comme qui dirait une bulle, là encore.
Donc sans preneurs, la France se retrouve dans l'impossibilité de faire face à ses échéances. Sans espoir que plus gros qu'elle vienne à sa rescousse, cette fois. Ajoutons que quand on en sera là, les 2/3 de la zone euro seront dans le même état ou pire.
Alors, pas le choix, on ne peut donner que ce qu'on a en caisse, ce qui veut dire non paiement d'une partie au moins des salaires des fonctionnaires, hausse générale de la fiscalité indirecte (celle qui fait rentrer la monnaie le plus vite), ratiboisage des diverses prestations sociales, etc. Pour boucher un trou de 40% dans un budget, faut tailler sévère.
Et à l'autre bout, toute la frange de population qui survit grâce aux minima sociaux (7 millions de personnes au bas mot) se retrouve à la rue. Dès lors, il ne faudra pas longtemps pour que tout le monde y soit, dans la rue.
Ajoutons pour faire bonne mesure qu'un défaut de paiement généralisé entrainera évidemment l'ensemble du système bancaire. Après, il faudra m'expliquer comment, dans une économie de flux tendu, ou on ne produit plus rien, nous allons trouver de quoi nourrir tout le monde, après la désorganisation générale engendrée par la faillite.
Des solutions étaient possibles par le passé (proche) mais elles ont toutes soigneusement été évitées. Les gens qui nous gouvernent sont bien trop intelligents pour ne pas connaitre les conséquences d'une telle situation. Il faut donc hélas considérer que le chaos arrange bien les affaires car il permet de faire des choses impossibles en temps normal. Méditez là-dessus.
Bonne nuit.
Rédigé par : Roland | 11 janvier 2011 à 22:59
Roland
Vous êtes juste un paranoïaque qui croit bibliquement au sujet supposé savoir, bref, un inculte profond et agité de ses tourments ineptes.
Vos élites n'ont rien compris, tout comme vous ?
Je ne suis payé que par mon employeur, car salarié, mais vous même qui vous paye ?
Comme Malakine l'a soupçonné, vous êtes très tendance complot, qui vous paye, au moins symboliquement ?
Rédigé par : olaf | 11 janvier 2011 à 23:34
Mais principalement, votre question est celle de votre survie, qui n'intéresse personne, soyez en sûr, même votre famille se fout de de votre mort, seul l'héritage motive.
Rédigé par : olaf | 12 janvier 2011 à 00:26
J'ai répondu fort complètement plus haut et vous achevez de vous discréditer (méthode habituelle, exagération, mots peu ou mal maitrisés, etc...)
Inculte profond? En ai-je l'air? Vous faites pitié, mon pauvre, et laissez Malakine s'exprimer par lui même si il le souhaite.
Pour finir, le ton global éperdu et outrancier de votre "réponse" prouve que j'ai touché juste. Vous n'avez pas fini de flipper.
Fin du dial pour ma part.
Rédigé par : Roland | 12 janvier 2011 à 00:29
> Roland
Lorsque j'ai commencé cette série, mon intention était d'arriver à la conclusion que l'effondrement économique et l'éclatement politique de l'Europe était inéluctable. Je ne voulais pas aller au delà. Mais je me suis interdit de finir sur une telle conclusion, car je ne pense pas que ce soit très bon de cultiver la déprime et la sinistrose.
Néanmoins je n'exclue pas du tout un scénario noir tant le système m'apparaît irréformable. Je me suis intéressé assez longtemps au monde russe, pour ne pas avoir été extrêmement marqué par la décennie de chaos profond (dont à mon avis la Russie n'est pas prêt de se remettre) qui a suivi la fin de l'économie soviétique. Si le capitalisme mondialisé s'effondre sous le poids de ses tensions interne, on pourrait en effet connaître un scénario "à la russe", avec notamment l'impossibilité pour les pays déficitaires de se relever et de financer sa dette extérieure et l'effondrement du système bancaire.
Pour revenir au moyens de s'adapter à la banqueroute (vous aviez lu à ce propos l'excellent texte de Dimitri Orlov "le retard d'effondrement" ?) à mon sens, le préalable c'est de pouvoir s'appuyer sur un sentiment national fort sans lequel il n'y a pas de souveraineté possible. Les pays qui arriveront à retrouver le chemin de l'intérêt national sauveront les meubles. Ceux qui en resteront au paradigme libéral et à la loi du chacun pour soi pourront effectivement connaître ce que vous décrivez.
Rédigé par : Malakine | 12 janvier 2011 à 00:32
@Malakine:
Nous sommes d'accord sur le constat et ce n'est pas pour vous bien sur que j'en décrivais le menu. Bien que hautement déprimant, le scénario dont nous parlons est néanmoins hautement probable. Je commencais mon constat en disant que des mesures salvatrices auraient pu être prises en temps et heure.
C'est face à cette haute probabilité que je réagis. Comme vous certainement, j'observe la trame des évènements depuis longtemps, et j'ai adapté mon discours aux circonstances. Mais maintenant, il m'apparait si peu d'alternatives crédibles à la banqueroute que je considère comme un devoir l'action de réveil que j'ai menée ci dessus, avec les résultats que vous avez pu constater.
Je vous suis concernant la Russie Eltsinienne sur le chaos, mais à mon avis, le phénomène qui nous attend est d'une toute autre ampleur. En effet, la Russie, pays continent, n'a pas de soucis d'approvisionnement majeur, sa consommation intérieure était peu développée à l'effondrement du communisme, et une économie informelle préexistante à permis à la population de subsister pendant la longue période de transition. De plus, la Russie n'était pas prise dans un carcan d'obligations la condamnant à l'immobilité.
Et bien malgré cela et comme vous le dites, 10 ans après, rien n'est encore joué. C'est dire le défi qui nous attend.
J'en viens à votre 3ème paragraphe avec lequel je suis entièrement d'accord. Je parlais d'échelon pertinent pour faire face à la crise, et c'est bien évidement de la communauté nationale dont il s'agit. Et sur ce point, on retombe rapidement dans les pesanteurs franco françaises. Notre pays était déjà bien malade de sa démocratie avant le début de cette crise. Le récent et suicidaire alignement avec la politique US a fini de nous discréditer partout dans le monde et notre tempérament naturel de donneurs de leçons a fait le reste. Sur le plan intérieur, la stratification est telle qu'aucun discours réaliste et de sang froid ne peut être tenu. Il nous reste l'évolution de nos institutions et de notre personnel politique, c'est mal barré.
Là ou je me considère à raison comme pessimiste, c'est que je suis persuadé maintenant que le degré d'intoxication des populations est tel que seul l'électrochoc du sevrage produira les effets voulus. Il va falloir forcer les gens à réfléchir, en particulier la frange âgée et qui vote. C'est à eux que l'on doit Sarkozy et ils vont nous refaire la même en 2012 si toutefois on y arrive sans casse. Or les gouvernants maintiennent sciemment les divisions du pays et même les exacerbent dès qu'ils peuvent.
Le sentiment national existe en France, il est même fort là ou on ne l'attend pas. Mais ce sentiment a besoin d'un porte parole qui l'exprime sans les scories du combat électoraliste. Au vu du peu de temps qu'il nous reste avant la chute finale, je dirais qu'on refera l'unité nationale sur les décombres, comme en 44.
Ce qui rend d'autant plus pertinent la compréhension des mécanismes de la banqueroute. je répète que la France organisée économiquement comme elle est, avec les capacités de réaction qu'il lui reste, subira probablement le plus fort choc de la zone euro. S'ensuivra évidement une réorganisation (qui passera à mon avis par une période gros bâton clouté) mais ça risque d'être vraiment tendu. Tous les éléments de la guerre civile sont réunis dans notre beau pays et je crains que cette transition inéluctable fasse bien des victimes, et pas sur le plan théorique cette fois.
Amicalement.
Rédigé par : Roland | 12 janvier 2011 à 07:53