Un petit test qui nous propose de déterminer notre profil politique fait fureur actuellement sur Facebook. Plusieurs tendances sont proposées, dont celle de « communiste », ce qui a surpris et choqué une de mes contacts qui se voyait ainsi qualifiée. J’ai laissé un message expliquant que le test évoquait certainement le communisme de l’époque soviétique qu’elle n’avait probablement pas du connaître. Comme beaucoup, elle croyait que le communisme avait disparu à la chute du mur. En fait, non. La perestroïka ayant commencé dès 1985, il faut remonter à l’époque de Leonid Brejnev et de Georges Marchais pour ce faire une idée de ce qu’était le communisme avant qu'il ne s'éteigne pour ne devenir qu'une caricature de la posture de goch, vraiment à goch pour bat' la droit'.
Ce petit échange m’a alors donné envie de me replonger dans mes souvenirs d’enfance, à l’époque où le monde était coupé en deux entre les pays dit capitalistes et les pays socialistes, synonyme pour beaucoup à l’époque, de paradis égalitaire et fraternel. J’ai donc parcouru le net à la recherche de vidéos du grand Georges Marchais, cette bête médiatique au talent encore aujourd’hui inégalité, dont je ne manquais aucune de ses héroïques prestations face à Jean Pierre Elkabbach et Alain Duhamel (oui, déjà…) lors de l’émission politique phare du moment Cartes sur table.
Séquence nostalgie.
Je n’ai pas tardé à retrouver les coups de gueule de mon premier mentor politique et ses passes d’armes légendaires avec ses intervieweurs préférés, pourtant infiniment plus respectueux à l’égard du personnel politique et de la politique elle-même qu’ils ne le sont aujourd’hui. Quelques éclats de rire plus tard et déjà plein de nostalgie, j’ai voulu retrouver la flamme de mes idéaux de prime jeunesse, ce communisme d’antan dont je parlais plus tôt à mon contact sur Facebook. J’ai passé donc la fin de soirée et jusqu'à une heure avancée, à visionner toutes les vidéos que j’ai pu trouver sur le site de l’INA, à la recherche d’une improbable pépite. Je n’en ai pas trouvé une, mais deux.
Et là, quel choc ! Je me souvenais bien de quelques affiches du PCF au début des années 80 avec écrit en bleu-blanc-rouge « produisons français » mais j’étais loin de me douter que le discours du PC des années 80 était si proche de celui que je tiens aujourd’hui. Parfaitement souverainiste, radicalement protectionniste, farouchement Keynesien, passionnément patriote.
Ce discours n’a (presque) pas pris une ride. On parlait déjà de crise. On dénonçait déjà le grand marché qu’on appelait à l’époque marché commun. On se soulevait contre les diktats de la commission de Bruxelles. On se braquait contre toute forme de dérive atlantiste. On se battait contre l'impérialisme, forcément américain. On accusait les hyper profits du capitalisme qu'on ne qualifiait pas encore de financier. On mettait en garde contre la concurrence des pays à bas coût, à l’époque l’Espagne et le Portugal. On comptabilisait les dégâts de la désindustrialisation en cours. On annonçait la montée d’un chômage structurel à trois millions de chômeurs. On proposait le salaire maximum contre l’explosion des inégalités. On accusait déjà les socialistes de trahison et de tentation d’abandonner les classes populaires pour s’allier avec les milieux d’affaires. On analysait avec précision les débuts de l’offensive néolibérale et de la mondialisation.
Marchais était un précurseur, presque un visionnaire !
Le PC de l’époque ne se contentait pas de dérouler un programme intenable de revendications sociales et salariales, même s’il n’oubliait pas d’en faire. Il proposait un programme économique construit et cohérent. Philippe Herzog, l’économiste du PC qui depuis a mal tourné, affirmait clairement que « ceux qui sont pour une relance de la demande sans protection du marché intérieur mentent » : le protectionnisme de relance avant l’heure.
Il faut dire qu’à l’époque les partis avaient manifestement du temps pour exposer leur analyse et leurs projets. Les séquences que je vous propose de visionner sont issues de la campagne officielle de 1981. On ne parlait pas encore de clip de campagne. Pas d’images montées à toute allure, pas de musique entrainante, pas de slogans accrocheurs. De vraies petites émissions de près de vingt minutes construits comme des exposés pour parler à l’intelligence du peuple et le convaincre d’adhérer à ses thèses. Et ces émissions passaient sur toutes les chaines, puisque toutes étaient publiques, plusieurs fois par jour ! Ah je vous jure, les campagnes électorales c’était quelque chose, à l’époque !
Pour être honnête, on note déjà dans le propos de Marchais les prémices des dérives futures. Dans la deuxième vidéo, lorsque le débat porte sur les pays du tiers monde, on sent déjà que l’internationalisme et le souci du développement des pays les plus pauvres, contient déjà les germes de la pensée bêtasse des échanges commerciaux gagnant-gagnant et du développement réciproque dans la division internationale du travail, que les adeptes de la mondialisation nous servent encore aujourd’hui. On relève aussi un début d'obsession féministe – dont on sent bien qu’elle est encore un peu forcée chez Marchais – qui préfigure la montée en puissance des revendications sociétales qui ne tarderont pas à prendre le pas sur l’analyse économique systémique.
La pensée qui vient immédiatement lorsqu’on se replonge dans cette époque, c’est que le parti communiste d’antan manque cruellement dans le paysage politique actuel : un parti dirigé par un chef médiatique et gouailleux, au phrasé populaire et à la gueule de prolo instruit aux cours du soir, un discours politique qui saurait articuler une exigence de partage de la richesse dans une logique de conflit de classe ,dans un esprit radicalement patriote et souverainiste.
On pense naturellement à Mélenchon. C’est vrai qu’il ressemble beaucoup au Georges Marchais de la grande époque. Il devrait être le nouveau Marchais. Il aurait dû. Mais à trop vouloir être fidèle à l’héritage communiste, il a tenu à s’allier à ce parti qui n’a plus de communiste que le nom, jusqu’à se rendre prisonnier de toute la bienpensance de la gauche posturale.
Georges, reviens, tu nous manques !
Malakine
Je vous invite donc à visionner sur le site de l’INA, cette première vidéo où il est surtout question du protectionnisme et cette seconde qui correspond apparemment à l’émission suivante où il est notamment question de l’Europe et du libre échange. En bonus, j’insère également une vidéo publiée à de multiples reprises sur Dailymotion par la réacosphère pour des raisons que chacun comprendra aisément. Malheureusement, l’intégralité de ce discours est introuvable sur le net. Dommage, il commençait bien !
Marchais immigration
envoyé par Chevalier_du_Christ. - Plus de vidéos fun.
Il fut un temps aussi, ou le PC était contre l'immigration de masse...
Rédigé par : Stan | 29 septembre 2010 à 21:28
J'ai vu les vidéos que tu avais postées sur FB dès ce matin. Formidables, me suis-je dit d'abord.
Et puis je me suis souvenu que Jacques Chirac tenait peu ou prou le même discours à l'époque.
Les années qui suivirent furent mortifères pour nos idées. Zemmour l'explique très bien dans "Le livre noir de la droite", paru il y a une douzaine d'années. Si le PCF avait notamment commencé à céder en 1979 après que la presse se déchaînait contre les fameux "bulldozers de Vitry", le RPR de Chirac, en privilégiant l'alliance avec l'UDF dès le premier tour, a laissé s'inviter "un quatrième à table", le FN, qui s'accapara le discours national, abandonné par le PCF et les gaullistes. En 83, aussi, les socialistes entraient de plain-pied dans le néolibéralisme.
Ces années là furent décisives. Tristement décisives.
Rédigé par : David Desgouilles | 29 septembre 2010 à 21:36
> Stan
Oui, la vidéo est claire mais je n'ai malheureusement rien pu trouver de plus construit sur cet aspect du discours du PC de l'époque.
> David
C'est quand même extraordinaire que vu de 2010, on trouve que les discours de Marchais et de Chirac de 1981 se rejoignaient. C'est vraiment le signe que les années qui ont suivi ont marqué une sacré dérive collective.
D'ailleurs, je lance un appel à tous ceux qui avaient une conscience politique développée à l'époque : Claude ? André-Jaques ? Daniel ? pour qu'ils nous raconte leur version de ce qui s'est joué en 83. Nous, on a entendu que la version officielle : la politique de relance a échoué. C'était la rigueur ou le FMI, l'Europe ou l'Albanie ...
Pour revenir à ton commentaire, tout ça n'explique pas pourquoi le PC a suivi le PS sur sa pente libérale et européïste. Il a vraiment du se passer quelque chose de profond à l'époque.
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2010 à 21:43
Tout simplement magnifique!On passe du rire aux larmes. Quand entendra t-on un type de gauche , prononcer de telles paroles avec tant de conviction?
Rédigé par : Eric | 29 septembre 2010 à 21:57
C'est fou de constater le poids des représentations par rapport aux supposés réalitées, aux fausses contraintes...le possible est d'abord rhétorique.
2008 nous l'a appris avec le retour des Etats mais la vidéo de Marchais est troublante. Talent d'abord. Lenteur...et en même temps le même fond de yaka qu'un Besancenot avec Herzog qui explique le "au-dessus de 40 millions on prend tout"...le type même d'impôt dont le produit est nul par définition.
Rédigé par : Ratafee | 29 septembre 2010 à 22:03
> Eric
Pourquoi forcément de gauche ?
> Ratafee
Je me suis fais la même remarque. Le produit de cet impôt ne peut être que nul à terme, mais c'est le SLAM de Lordon avec 30 ans d'avance. Dans un contexte national de contrôle des changes, ça revient à fixer une barrière aux inégalités sociales, une manière d'endiguer efficacement le pouvoir prédateur du capital, une arme de dissuasion.
C'est pas du yaka car à l'époque, on avait un vrai raisonnement politique et économique. Ce genre de programme n'est possible qu'avec des frontières contrôlées. Avec Besancenot c'est du yaka parce que son gauchisme lui interdit de penser l'idée même de frontière et de souveraineté.
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2010 à 22:10
@Malakine
Il est vrai que la première vidéo sur le protectionnisme est bluffante. En faite il n'y avait pas beaucoup de différence sur ce plan entre les gaullistes et les communistes. A part peut-être les motivations, les gaulliste agissant dans l'intérêt national, les communistes dans l'intérêt des travailleurs français, en même temps tu me dira qu'agir dans l'intérêt des travailleurs français c'est agir dans l'intérêt national, donc c'est normal que cela se rejoigne.
Mais par contre on voit ici le rôle néfaste que joue l'actuel système médiatique sur la qualité de notre démocratie. J'en avais déjà parlé en mettant la vidéo du discours de De Gaulle en 1958, c'était à des années lumières des discours médiatiques bidons qu'on nous sort lors des élections actuelles. Je me demande vraiment comment on a pu tomber si bas en l'espace d'une ou deux générations, c'est stupéfiant. L'esprit marketing a vraiment pourri l'intelligence humaine. Maintenant est-ce qu'un discours analytique comme celui de Marchais dans cette vidéo pourrait être compris et écouté par la majorité de nos concitoyens? Je dis cela parce que c'est un peu la méthode de NDA et d'autres alternatifs, et que cela ne les rends pas encore vraiment populaire. L'infantilisation du discours politique qui se résume à des slogans vide et sans contenu peut-il seulement être inversé? C'est la condition de base pour régénérer notre vie politique et pour faire passer des idées un peu complexes dans le débat publique.
Rédigé par : yann | 29 septembre 2010 à 22:11
En fait c'était l'époque où le parti communiste était communiste… On parlait encore de nationaliser (au moins en partie) l'économie française, à commencer par le système bancaire. Moi aussi je voudrais bien connaître le point de vue des anciens sur le "tournant" de 1982/1983. M'est avis que ce tournant a beaucoup à voir avec la "construction européenne". (De Marchais je connais mieux l'hilarante caricature de Le Luron que les discours originaux…)
A part ça, je trouve moi aussi que Marchais est moins convaincant - et moins cohérent - quand il parle de l'économie mondiale. Au lieu de reprendre, en l'appliquant aux pays pauvres, son argumentation si pertinente en faveur de l'indépendance nationale et du développement du marché intérieur (en bref en faveur du protectionnisme et de la souveraineté), il préfère parler d'une "nouvelle division internationale du travail" - un concept qui me semble-t-il est en contradiction assez flagrante avec ladite argumentation.
Rédigé par : Joe Liqueur | 29 septembre 2010 à 22:58
Je me souviens de la grosse surprise de l'affaiblissement du PC en 1981, recul qui s'est poursuivi aux élections suivantes. Pour le tournant de 83, c'était l'échec de la politique menée de 81 à 83 qui a permis le déclenchement de l'Européo-libéralisme, c'est-à-dire à la deuxième gauche d'assoir plus complètement sa domination.
Rédigé par : Jardidi | 29 septembre 2010 à 23:17
@ Ratafee et Malakine
D'accord avec vous concernant l'impôt. D'ailleurs je me dis que j'aurais peut-être dû écrire : "l'époque où le parti communiste était encore UN PEU communiste". Car pour moi, le communisme, ou le socialisme au sens large, ça ne consiste pas du tout à lever toujours plus d'impôts, mais bien à financer des services publics d'Etat gratuits avec une part de la valeur ajoutée produite par des entreprises publiques - autrement dit, à faire appel à des recettes non-fiscales plutôt qu'à l'impôt ou aux cotisations.
Après, je suis complètement d'accord aussi sur le fait qu'à l'époque, ce genre de mesure fiscale pouvait encore être cohérente à défaut d'être socialiste, dans la mesure où l'on prônait en même temps le protectionnisme.
Rédigé par : Joe Liqueur | 29 septembre 2010 à 23:18
> Yann
Les causes structurelles de l'affaiblissement de la qualité du débat politique et de la dévitalisation de la démocratie qui en découle, effectivement un vrai sujet de réflexion, pour l'analyse mais surtout imaginer des réponses. Je pense traiter de ce sujet dans l'année.
Effectivement c'est la logique marketing qui a tout détruit, c'est à dire la logique du marché. Les journalistes recherchent à faire simple et spectaculaire pour l'audimat, et les politiques à parler à des clientèles avec des propositions "concrètes" qui touchent à la vie quotidienne des gens. De coup, il n'y a plus d'espace pour la moindre analyse des systèmes.
> Joe Liqueur
Tout à fait. C'est très bizarre d'entendre Marchais reprendre le crédo ricardien de la division internationale du travail.
Quant à 83, il y a eu le tournant de la rigueur AVANT la nomination de Delors à la tête de la commission et la relance de la construction européenne par la préparation de l'acte unique qui a donné lieu ensuite au grand marché. Les causes sont à rechercher en France. Je me souviens que Chevènement avait démissionné avant de revenir un peu après comme ministre à l'éducation nationale, mais ce qui est étonnant avec le recul c'est que cette conversion libérale n'ait pas donné lieu à plus de débats.
Rédigé par : Malakine | 30 septembre 2010 à 09:26
>Malakine
Ceux qui, comme moi, avions voté Mitterrand en 81 ont ensuite, déçu (et c'est un euphémisme, je devrais plutôt écrire "dégoutés"), déserté la politique (il m'a fallu près de 20 ans pour y revenir)
Tu écris "mais ce qui est étonnant avec le recul c'est que cette conversion libérale n'ait pas donné lieu à plus de débats. "
... je pense que peu de gens ont bien compris ce grand saut à l'époque: j'avoue que ce ne fut pas mon cas... je l'ai "découvert" beaucoup plus tard.
Rédigé par : A-J Holbecq | 30 septembre 2010 à 11:15
En France 1983 est effectivement une date importante, mais il ne faut pas oublier le contexte international.
Les années néo libérales ont commencé en 1979 en GB, élection de Thatcher, et de Reagan en 1981.
Apres_ le 2ème choc pétrolier (1979) les milieux d'affaires ont voulu accroitre ou restaurer les marges des années 50 qui s'amenuisaient depusi les avancées sociales des années 60 et 70 en occident. Leur outil idéologique : l'école de Chicago (Milton Friedman).
Aujourd'hui je pense que l'on assite à la fin des années néo libérales.
Rédigé par : JLS | 30 septembre 2010 à 12:48
@JLS
Tu as raisons cela a commencé avant 1983, mais aussi avant 1979 puisque tu pourrais aussi citer comme laboratoire de l'ultra libéralisme :
(i) le Chili de 1973 dans les conditions que l'ont sait et puis la Californie du Gouverneur Reagan qui commence des 1966. (Avec baisse des impôts, coupe dans les programmes sociaux, augmentation des frais d'inscription à l'université... bref une vraie politique ultraliberale)
C'est la qu'on voit la construction savamment orchestrée par Friedman et ces Chicago boys de la transition vers l’ultralibéralisme. A mon sens c’est cette stratégie de conquête qui explique ce qui s’est passé en 1983 en France qui n’est qu’une étape dans la mise en place de ce projet d’un monde ultralibéral et de la victoire d’une idéologie.
-Les bouquins théoriques de Friedman dont le fameux "capitalisme et liberté" ont été écrit dans les années 50-60.
-Les premiers tests sur le terrain dans les années 60-70 (Chili, Californie)
-Travail au corps des pays les plus facile à convaincre (Friedman était conseiller de Nixon par exemple), avant la victoire dans ces pays : GB avec Thatcher en 1979 et US avec Reagan en 1981
-On attaque les autres pays du bloc de l'ouest, rupture en France en 1983
-le bloc communiste après sa chute...
Je ne suis pas fan de la théorie du complot mais je pense que la raison de la victoire de cette idéologie c’est surtout que le changement a été méthodiquement pensé et obtenu de façon agressive par un prosélytisme offensif (Media, Service secret, corruption…) Je pense donc effectivement comme AJH même si je n’ai pas intellectuellement vécu cette époque (trop jeune) que les politiques de l’époque ne se sont pas vraiment rendu compte de la portée des choix qu’on leurs proposait et de l’importance d'une transition voulue et savamment organisait par quelques uns. C’est facile avec le recul de retracer le parcours de véritable "prédateurs idéologiques" mais a l’époque dans la confusion idéologique qui régnait (échec du soviétisme, crise pétrolière, début du chômage de masse...) ça devait être facile de se laisser manipuler surtout dans l’urgence de la crise de 1983…
Sinon effectivement superbe et tres intéressante émission c'était quelque chose le PC a cette époque! et Georges Marchais on gagne a connaitre autre chose que les imitations de Le Luron ou ces fameuses réponses à Elkabbach...
Rédigé par : red2 | 30 septembre 2010 à 15:49
Tu t'es réconcilié avec Marianne2 ?
http://www.marianne2.fr/Souverainiste-et-protectionniste,-le-PCF-comme-vous-ne-l-avez-jamais-vu_a197976.html
Sinon, elles sont effectivement bluffantes les interventions de G.Marchais.
Rédigé par : RST | 04 octobre 2010 à 19:27
> RST
Mais je n'ai jamais été fâché, ni avec Marianne 2 ni avec son directeur. C'est juste que l'asymétrie du "partenariat" entre un "blogueur associé" et son diffuseur ne peut pas durer éternellement. La rédaction ne m'a rien demandé, pas plus cette fois que les précédentes. J'ai eu la même surprise que toi en voyant ça ce soir.
Je signale aussi que Egalité et Réconciliation a également repris l'article aujourd'hui (on risque donc de fracasser le hight score ce soir).
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Quand-le-parti-communiste-etait-souverainiste-et-protectionniste-4306.html
Un relai sur la gauche républicaine, un autre sur la droite nationaliste. Malakine est heureux :)
Rédigé par : Malakine | 04 octobre 2010 à 20:17
L'appel de Cochin de Chirac, ça te rappelle quelque chose ?
http://fr.wikisource.org/wiki/Appel_de_Cochin_-_6_d%C3%A9cembre_1978
Rédigé par : olaf | 04 octobre 2010 à 21:36
Bravo pour ces trouvailles.
Rédigé par : polluxe | 05 octobre 2010 à 00:09
Revendications sociétales ? Quelle blague... proto-fascisme hégémonisant, à sévère tendance nationaliste : voilà ce qu'à toujours été ce communisme-à-la-papa.
Faut-il une certaine forme de protectionnisme ? Oui, pour lisser les inégalités mondiales, jusqu'à ce qu'on les nivèle, mais par pragmatisme, par instinct de préservation : pour éviter qu'elles ne nous pètent à la gueule (sinon, chacun sa merde : si d'aucuns aiment y patauger, pourquoi irait-on les en empêcher ?). Oui, pour éviter d'importer des ressources de l'autre bout de la planète, dans un gâchis aussi grotesque que la fuite en avant qui le masque, à peine (car de la même manière qu'a couvé la guerre froide, quand le principal viendra à manquer, tout ça ne couvera que plus ardemment davantage de guerres, locales, ou pas, pour le contrôle des resources rares - ça a déjà amplement commencé).
Mais la raison, la prévoyance, ce n'est pas ce qui rampe derrière le communisme : ce qui rampe, c'est un moralisme ultimiste, absolutiste - une déontologie communément forcée dans tout, sur tout, tout, tout, et au pire des coûts : la négation de l'individu, la négation de toute liberté, de toute démarche éthique personnelle, supplantée par une moralité des masses béâtes. Que mon voisin fume un joint, ou boive du pinard (le PCF est d'ailleurs toujours opposé à la modification des moeurs sur les psychotropes, Buffet ayant en substance répondu au CIRC, lors des présidentielles de 2007, que tout ce qui peut aliéner le travailleur de sa lutte est à bannir, à honnir) ? Je m'en fous, moi : grand bien lui fasse à mon voisin, s'il en a envie. Le problème, c'est qu'avec les communistes, plus question de la moindre envie : tu suis la morale du grand soviet, ou tu peux aller crever dans ses geôles.
Trouver quoi que ce soit de glorieux dans cette infâmie abjecte qu'est le communisme, tout aussi déshumanisante que l'absolutisme du grand marché, c'est de la folie furieuse. Plutôt que les macaqueries de planification nationale (à tendance nationaliste), ce sont des individus doués de raison, et localement prévoyants (capables de savoir tout ce qu'ils peuvent utiliser localement, et ce qu'ils ont besoin de commercer ailleurs, et comment le trouver le moins loin possible), dont nous avons besoin : le problème, c'est que dans le communisme, comme dans tous les fascismes, comme dans toutes les hégémonies, les individus (ne parlont même pas d'individus libres !) y sont haïs.
Rédigé par : Hoor | 05 octobre 2010 à 04:59
Votre discussion est passionnante, mais elle peut durer l'éternité si l'on refuse de voir le baobab dans le jardin et plus il grossit et moins on le voit. En 1983, j'ai quitté le PC auquel j'ai adhéré en 1968 à l'âge de 18 ans. l'échelle des revenus de l'époque était de 1 à 1300, je m'en souviens très bien car c'était un sujet de conversation. Aujourd'hui cette échelle a explosée car elle est passée de 1 à 50 000. Le revenu des salariés public et privé, des pensionnés et des retraités cumulés représente 40% du PIB (INSEE répartition des revenus par tranche 2007, rapport N° 90 tableau de répartition de la protection sociale de 2007 à prévision 2013))alors que le renforcement et la consolidation du capital en représente 60%. Le pouvoir d'achat de 80% des français n'a pas augmenté depuis quinze ans alors que celui des 1% augmente chaque année démesurément (voir tableaux des revenus des français par catégories dans Alternatives Economiques). Voilà le fond du problème, c'est pourquoi beaucoup de français sentent que le réforme des retraite est un coup de Jarnac pour pomper encore plus les revenus salariaux constituants encore une manne à gratter. Tout le monde oublie que le montant des retraites par répartition ne représente que 120 milliards d'euros, c'est à dire 5% du PIB. Il reste 1200 milliards de revenus du capital pour financer les retraites. Ou est le problème ? Puisque ces 1200 milliards sont des revenus du travail détournés et transformés en revenus du capital.
Tous les grands discours ne servent à rien auprès d'une population ignorante et maintenue dans l'ignorance économique par un matraquage permanent de mensonges et de faux semblants. Comme au temps des romains, des jeux et du pain suffisent pour mener le peuple, l'éducation nationale ne servant à rien puisque les français ne pensent pas et ne réfléchissent pas davantage qu'au temps des romains(empire).
quand les français s'intéresseront un peu à l'économie et qu'ils comprendront qu'ils sont saignés à mort par une caste oligarko-monarchique, il sera trop tard car ils seront trop occupés à faire les poubelles pour survivre.
Alors, aujourd’hui il faut commencer par leur ouvrir les avant de faire des propositions de réformes ou de changement à conditions de faire du concret avec des échéances courtes tout est possible quand on a le pouvoir à condition d’avoir le courage. quand j'entends des âneries du style les cocos et de gaulle c'est le même discours, les bras m'en tombent. Vous devriez consulter les archives de l'huma ou bien vous abonner à ce journal pour comprendre que De gaulle et les cocos sont aux entipodes de la conception d'un système politico-économiques. quand aux options de Besancenot, elles sont loin d'une remise en cause du capitalisme, et il en faudrait beaucoup plus pour briser le système de confiscation du fruit de ceux qui travaillent pour ébranler cette forteresse ultra-libérale
quand on voit que la fortune de mme bétancourt est évaluée au dixième de ce qu'elle est et que ses revenus déclarés ne représentent pas 10% de ce qu'elle ramasse chaque année, cela vous donne une idée des capacités de concentration du capital néfaste à l'économie qui grandit gace à leur utilisation spéculative.
Rédigé par : pierre Heras | 06 octobre 2010 à 00:07
Qu'est-ce qui explique le virage de 1983 en France?
A l'époque Reagan et Thatcher sont aux manettes.Ce qui signifie que les idées "libérales" qui ont déjà percé aux States avec Jimmy Carter à travers les 1ères déréglementations vont contaminer les grandes forces politiques démocrates,socio-démocrates et socialistes.A la même période,sont dénoncés les "gros problèmes" des pays de l'Est et la parole des communistes français devient de plus en plus inaudible dans l'opinion d'autant plus que la classe ouvrière est affaiblie par les fermetures au point que des sociologues osent dire qu'elle n'existe plus.
Rédigé par : ariane | 06 octobre 2010 à 18:37
> Hoor
Le but n'est pas de réhabiliter le communisme. Sinon j'aurais fait un papier à partir de mes expériences sur la nostalgie que peuvent ressentir certains russes vis à vis de l'époque soviétique)
Il était de rappeler ce qu'était un vrai discours de gauche, avant le virage sociétale, la renonciation aux frontières et à la souveraineté. Ces rappels montrent en creux à quel point la gauche est tombée bien bas, en particulier la gauche dite extrême. Et vu le succès de ce papier (repris dans Marianne2, Egalité et Réconciliation, Comité Valmy et Fortune, sans compter les entrées via facbook et par mail) je suppose que cette découverte a fait l'effet d'un choc à beaucoup de monde.
> Pierre Heras
Merci pour ces rappels et ce coup de gueule salutaire.
Je mettrais toutefois un bémol sur l'antagonisme communistes/gaullistes. Certainement à l'époque - je ne me permettrait pas de vous contredire sur ce point - mais pas vraiment vu d'aujourd'hui. Je suppose qu'il y a beaucoup de néo-gaullistes sympathisants de NDA à que ce discours a du réjouir.
> Ariane
Les idées libérales je comprends ça très bien. La génération du baby boom a, à ce moment 35 / 40 ans. Ils sont en pleine bourre. Ils roulent en 205 GTI. Ils veulent réussir et réclament un système économique qui maximise leurs opportunité.
Mais ce que je ne m'explique pas, c'est l'effondrement concomitant de l'idée de frontière et de souveraineté. On aurait pu se contenter de libéraliser l'économie française, déformer le partage des revenus, privatiser ect ... sans pour autant rendre ce processus irréversible en faisant disparaître l'idée même de souveraineté de l'univers mental.
Je vais le dire autrement. Tout le monde se souvient des débats passionnés qui ont accompagné le vote du traité de Maastricht. A mon avis, c'était encore plus fort que pour le TCE. Mais je n'ai pas de souvenir du moindre débat pour le vote de l'acte unique qui devait accoucher du grand marché, c'est à dire un vaste univers concurrentiel sans régulation étatique.
Peut-être n'avait-on pas conscience à l'époque que "grand marché" et "Europe" étaient consubstantiel de libéralisme débridé et d'hypercapitalisme ...
Rédigé par : Malakine | 07 octobre 2010 à 09:39
C'est tout à fait juste et cela explique la déception de l'électorat populaire que l'on retrouve dans le Front nationnal, non pas par conviction raciste mais réfuge souverainiste. Le PC effectivement largement compromis par son soutien induit à la politique libérale du PS par une alliance électorale inconditonnelle, matraqué par les médias en caricaturant sa politique et taillant un costume à son secrétaire, n'a pas pris la mesure de son engagement. Quand on choisi Delors, Rocard et Fabius pour mettre en oeuvre le programme commun alors qu'ils y sont de farouche opposants, il ne faut pas se faire des illusions sur le résultat. Les nouvelles entreprises nationalisées ont continué à licencier à tour de bras alors que l'état leur accordait des exonérations multiples comme si rien n'avait changé, d'ailleurs les staf de ces entreprises n'avait pas changé.Le virage à droite du PS avait été prémédité, la conjoncture n'ayant servie que de prétexte. Le grand mal de cette période a été l'hégémonie du PS qui a laissé l'autre gauche (à droite)méner le changement. Mais ce sont les français qui sont responsables car ils ont cru aux sirènes des socialistes en abandonnant le PC. Le pouvoir absolu du PS ne pouvait que nous mener là.
Rédigé par : pierre Heras | 07 octobre 2010 à 10:09
Ce qui caractérise les extrêmes, c'est justement l'absolu de leurs jugements. Un extrémiste de droite ou de gauche est forcément un partisan d'un noyau dur qui limite sa vision à ce qui lui est adjacent. C'est un enfermement idéologique.
Comment s'étonner que Georges Marchais veuillent rester lui-même malgré l'écroulement du système communiste. Dans sa pensée, il est son propre pape. Si les autres communistes merdent, c'est forcément par qu'ils ne sont pas aussi "catholiques que le pape".
En fait aucune idéologie ne peut s'imposer à l'individu sans l'acceptation profonde de celui-ci. C'est bien pourquoi le communisme s'est écroulé, et que le capitalisme ne réussira jamais à s'imposer plus. La vie est toujours une affaire de compromis, et de recherche de consensus minimum.
Rédigé par : Pierre Meur | 07 octobre 2010 à 11:26
> Malakine 7/10 à 9:39 à Hoor
La fonction crée l'organe. Si le communisme avait une fonction à son fondement, la progression du bienêtre social ne justifiait plus le communisme. Il y a toujours un point de rupture avec l'idéologie lorsque celle-ci a atteint une partie de ses objectifs.
Force est de comprendre que même les ouvriers ont accédé au statut de bourgeois. La référence, c'est la majorité, pas la minorité. Le communisme criait dans le vide, et son message ne rencontrait plus la réalité de la majorité des gens.
Ceci dit, le communisme n'est pas mort, puisque sa fonction est à nouveau renaissante avec le retour de la précarité grandissante. Il faut juste attendre le basculement de la majorité. Les idéologies sont sectaires par nature, et le choix d'y adhérer dépend du contexte vécu par chaque individu ou groupe social.
Comment réagira l'Europe face à son déclin par rapport aux pays émergents ? De manière inadéquate, certainement, parce que personne n'est éduqué à affronter ce à quoi il n'est pas expérimenté. Par exemple, chacun est mortel, mais qui s'en soucie ? Personne, parce que sa propre mort n'est pas une expérience que l'on peut faire avant d'y arriver. C'est pourquoi nous vivons comme des immortels. C'est sur cette illusion qu'est bâtie le capitalisme. En vouloir toujours plus, alors que l'on sait très bien que l'on emportera rien.
La vie est flux de génération en génération, et le vrai sens de celle-ci consiste dans la transmission d'une plus value à la génération suivante. Lorsque l'espèce humaine comprendra qu'elle est une et indivisible, le sort des autres deviendra aussi important que le nôtre. L'inconvénient, c'est qu'il faut recommencer l'éducation à chaque génération parce que la réalité de l'expérience ne se transmet pas.
C'est au sortir d'une guerre que la nécessité de l'humanisme prend toute sa réalité, et que le "plus jamais ça" s'exprime. Quand on nait dans la paix et le confort, la moindre atteinte à ce confort est intolérable, et l'envie dans découdre s'exprime à nouveau. Il existe une sorte de romantisme du guerrier. C'est bien cela qui s'exprime dans l'adhésion aux valeurs du FN. C'est aussi cela qui s'exprimait dans les valeurs du communisme.
À une idéologie extrême répond une autre idéologie extrême. Les valeurs d'extrême gauche étant tombée en désuétude, c'est au tour des valeurs d'extrême droite de s'exprimer. Mais comme on sera encore fois loin du juste milieu, l'avenir nous éclairera sur l'enchainement des causes et des effets.
Rédigé par : Pierre Meur | 07 octobre 2010 à 16:30