La journée d’action contre la réforme des retraites a semble t-il été un franc succès, ce qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où la réforme portée par le ministre Woerth fait presque l’unanimité contre elle. On lui reproche son inéquité, son injustice, le recul des droits sociaux qu’elle implique ou l’insuffisante mise à contribution des revenus du capital. Pourtant, il est deux arguments qui me semblent insuffisamment développés dans le débat public.
L’esprit de cette réforme s’appuie sur ce que le gouvernement appelle les « mesures d’âge » censées réduire le besoin de financement sans avoir à augmenter les cotisations, ni réduire le montant des pensions. Or ce point est éminemment discutable et les opposants font à mon avis l’erreur d’accepter ce postulat, ce qui ne peut que conforter la position du gouvernement.
L’arrivée à la retraite de la classe d’âge du baby-boom conjuguée à l’allongement de la durée de la vie, va incontestablement accroître le besoin de financement des systèmes de retraite. Le COR évalue que le nombre de retraités augmentera de 37% d’ici à 2030, ce qui ne représenterait pourtant que moins de 2 points de PIB à l’horizon 2020. Le problème se pose d’ailleurs en des termes tout à fait similaires pour toutes les dépenses sociales liées au vieillissement, assurance maladie et dépendance. Fondamentalement, il s’agit de savoir comment équilibrer les comptes sociaux, qui sont d’ores et déjà dans une situation de déséquilibre structurel avec un déficit de 10 milliards en 2008 et 20 milliards en 2009.
On considère généralement qu’il est possible de rééquilibrer les comptes, soit en réduisant le montant des prestations, soit en augmentant le montant des cotisations, ce qui est la logique même. En ce qui concerne plus particulièrement les retraites, on ajoute, une troisième solution qui tient lieu de remède miracle : l’allongement de la durée de cotisation.
Cette approche est affectée du même vice méthodologique que le « travailler plus pour gagner plus » du candidat Sarkozy qui prétendait augmenter le pouvoir d’achat par un allongement la durée de travail hebdomadaire avec son dispositif d’exonération des heures supplémentaires. Cette logique peut fonctionner pour un individu mais n’est à l’évidence pas transposable au niveau macro.
Le maintien des seniors plus longtemps au travail ne pourra pas se faire sans effet d’éviction. Soit ils parviendront à s’y maintenir et cela se fera au détriment des classes d’âges plus jeunes, ce qui sera le cas notamment dans la fonction publique qui devrait ainsi se transformer progressivement en véritable gérontocratie. Soit ils ne pourront pas et ils passeront simplement à la charge de l’assurance chômage.
On ne peut pas augmenter la quantité de travail globale d’une population en décrétant l’allongement de la durée individuelle. C’est un peu comme si on voulait rééquilibrer les comptes de l’assurance maladie en décrétant un allongement de la durée de vie en bonne santé !
Cette réforme relève d’une pure logique proclamatoire. Le gouvernement décide d’augmenter statistiquement le volume de la population active, tout en lui assignant un objectif de retour au plein emploi. Comment ? Mystère ! Probablement par la magie de la parole sarkozienne … La technique n’est d’ailleurs pas nouvelle. Le gouvernement a fait la même chose en matière industrielle, où notre génial président a assigné à l’industrie comme à la glorieuse époque du gosplan, un objectif d’augmentation de 25% de la production d’ici à 2015, annonce qui n’a été suivie que par la mise en place d’un observatoire statistique destiné à mesurer la part du made in France.
Les mesures d’âges ne pourront avoir d’effets positifs sur les finances publiques que dans deux cas :
- lorsque les allocations chômage dont pourront bénéficier les seniors qui devront attendre 62 ans et l’ouverture de leurs droit à la retraite seront inférieures à la pension retraite qu’ils auraient touché avant la réforme.
- lorsque ceux qui ne pourront pas se maintenir dans l’emploi jusqu’à 67 ans afin obtenir la totalité de leurs droits, se verront affecter une décote qui réduira leur pension par rapport à ce qu’elle aurait été avant la réforme.
Dans les deux cas, les seules économies possibles se traduisent par une réduction des prestations. Qu’on arrête donc de considérer que le « travailler plus » est une solution alternative à l’augmentation des ressources ou la réduction des prestations !
Si la seule solution pour financer les retraites est de réduire le volume des pensions, qu’on le dise, qu’on l’assume et qu’on le fasse proprement, de manière égalitaire et sans épargner la génération dorée du baby-boom, ni même les retraités actuels qui – rappelons le – jouissent d’un niveau de vie en moyenne supérieur à celui des actifs. Car, c’est peut-être ce qu’il y a de plus choquant dans cette réforme, les mesures d’âge ne s’appliqueront pleinement qu’aux générations nées après 1956 !
Le report de l’ouverture des droits à la retraite - comme d’ailleurs la logique des heures sups dont elle partage l’esprit - ne peut fonctionner que dans une économie qui connaît des tensions sur le marché du travail. Or, avec un taux de chômage officiel de 9.3%, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas de la France ! Cette mesure aura, tout comme la précédente, essentiellement pour effet de maintenir le taux de chômage à un niveau élevé. On va donc boucher un trou en en creusant un autre.
Ces mesures d’âges ne rapportent d’ailleurs pas grand chose au regard de leur coût social pour ceux qui en seront les victimes. Selon les projections officielles, elles ne devraient représenter qu’environs le tiers des économies estimées de la réforme en 2015 et moins de la moitié en 2018 (44%), le reste provenant de ressources nouvelles. Et encore, ces projections ne prennent pas en compte le report de charge inévitable sur l'assurance chômage. Ces mesures d’âges qui sont présentées comme étant le cœur de cette réforme et la garantie d’un retour à l’équilibre des comptes apparaissent donc comme une véritable mystification !
Ce mensonge en cache en autre. Le gouvernement nous assure qu’il s’agit de sauver l’équilibre du système de retraite et d’en garantir l’équilibre sur le long terme. Or cela est tout simplement faux.
L’objectif n’est que de rééquilibrer les comptes en 2018. Jusque là, le système sera en déficit et après cette date il le sera de nouveau ! Entre temps, on devrait mobiliser le fonds de réserve des retraites, alors que son capital (une trentaine de milliards) ne correspond qu’à deux années de déficit prévisionnel selon l’échéancier de retour à l’équilibre prévu par la réforme. On notera incidemment que le siphonage ainsi organisé du FRR est totalement contraire à l’orientation présidentielle qui prévalait encore il y a un an et qui voulait doter la France d’un « fond souverain à la française », ce qui avait entraîné la création du Fonds Stratégique d’Investissement. Mais, il est vrai que, Sarkozy n’est plus à une contradiction prêt …
En outre, cet échéancier est basé sur la base d’hypothèses macroéconomiques qui semblent exagérément optimistes : 6.7% de taux de chômage, +2.2% croissance du PIB et +1.8% de gains de productivité annuels pour la période 2014-2020 selon le scénario B du COR. Si ce miracle économique ne se produit pas, le système de retraite demeurera en déficit structurel et l’on reparlera d’une nouvelle réforme dans quelques années, que ce soit pour sauver les retraites ou la sécurité sociale dans son ensemble.
A quantité de travail constant (rien dans la réforme n’est censé avoir pour effet de l’augmenter) les dépenses liées au vieillissement appellent à l’évidence la mobilisation de ressources nouvelles, ou si l’on préfère, à réaliser des économies au sein de nos 56% de PIB de dépenses publiques.
L’idéal serait encore d’éviter de poser la question en termes d’arbitrage entre actifs et inactifs pour tenter d’augmenter l’assiette qui sert de financement à la protection sociale, soit en développant l’emploi, soit en augmentant les salaires, soit par un meilleur partage de la richesse entre capital et travail, ce qui revient plus ou moins au même.
Malakine
@ Malakine,
Très juste. En outre, tu soulignes bien que les hypothèses du gouvernement sont totalement irréalistes (2.2% de croissance du PIB de 2014 à 2020 alors qu'on a fait 1.5% sur les années 2000 ; 1.8% de croissance annuelle du salaire réelle : là on est en plein délire puisque la croissance des salaires se ralentit entre pression de l'Allemagne et blocage des salaires de la fonction publique : enfin 6.7% de taux de chômage - du jamais vu depuis les années 70 -).
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 08 septembre 2010 à 21:42
Voilà qui est clair, net et précis. A moins de se fier aux multiples déclarations gouvernementales qui disent le contraire, l'objectif de ce gouvernement est toujours le même : privatiser. Tout privatiser. En l'espèce, il s'agit de filer à terme tout le "marché" de la retraite aux assureurs privés ; pareil pour le "marché" de la santé. En bref, appliquer le programme néolibéral de l'Union européenne. Ce n'est pas nouveau. Quant au travail, il s'agit toujours de faire baisser son "coût" sous prétexte de prévenir l'inflation. Pour cela il y a deux options : taux de chômage élevé (NAIRU élevé) ou travail précaire généralisé (NAIRU faible). Les néolibéraux préfèrent bien sûr la deuxième option ; mais en attendant, la première ne fonctionne pas mal non plus, et elle a l'avantage de provoquer moins de remous sociaux en France… dans la mesure où "les gens" se se laissés convaincre qu'il était désormais IMPOSSIBLE d'avoir et le plein emploi, et la stabilité de l'emploi (parce que "le monde a changé", parce que "there is no alternative", etc, vous comprenez ma bonne dame, le gouvernement fait ce qu'il peut, et vous croyez que vous feriez mieux à leur place, hein ?)
Je trouve que SuperNo (l'un des blogeurs fétiches Marianne2) était assez en forme aujourd'hui lui aussi. J'ai eu peur qu'il oublie complètement de parler de la production, mais il a quand même une petite phrase (ça me paraît insuffisant, mais au moins c'est dit).
http://www.marianne2.fr/Journee-du-7-septembre-et-si-c-etait-niais_a197190.html
Rédigé par : Joe Liqueur | 08 septembre 2010 à 21:59
Je pense que Sarkozy, qui a pour modèle Thatcher et qui s'evertue à nous expliquer que c'est mathématique et démographique (There is no alternative!), souhaite sortir vainqueur dans l'adversité de la réforme des retraites pour satisfaire son électorat obsédé par les déficits.
Sur le fond, l'argument de l'allongement de cotisation ou d'age de départ ne tient pas du tout. Si les entreprises créent de la richesse pour pouvoir embaucher plus et plus longtemps, il serait plus habile d'employer les millions de chômeurs plutôt que de donner du travail aux seniors. Je suis lamenté de voir que l'opposition est incapable de sortir cet argument de bon sens.
L'UMP avance que ça créera une dynamique où les entreprises se mettront toutes seules de leur bonne volonté à embaucher des seniors; tout ceci va créer une génération de travailleurs seniors pauvres en plus d'une génération de jeunes stagiaires précaires, car il n'y a dans ces lois aucunes contraintes pour les entreprises.
On dirait que l'acte 2 de ce plan est de ruiner l'assurance chomage (qui verra une masse de nouveaux chomeurs) et l'assurance maladie.
Il a aussi pour but de décourager la jeune génération du système de retraite (et du modèle social en général) et de l'inciter à épargner et à placer son argent dans des fonds de pensions, histoire de déplacer une partie de l'argent des cotisations vers des intérêts privés. Ces milliards d'euros de PIB qui partent en cotisation au lieu de rentrer dans les poches d'intérets privés!
Rédigé par : Sebastien | 08 septembre 2010 à 22:27
> Laurent Pinsolle
J'ai longuement hésité à utiliser l'argument des hypothèses macroéconomique farfelues, car il peut très bien être retourné. On pourrait en déduire que c'est une mini réforme qui ne réponds en réalité pas du tout à l'ampleur du problème et que par conséquent, cette mini réformette ne méritait pas qu'on s'excite et qu'on avait au fond éviter le pire.
Mais finalement il nous confirme surtout dans le caractère irréel de la politique aujourd'hui, entre bricolage et amateurisme.
> Joe liqueur
Je ne suis pas bien convaincu par les arrières pensées que tu prêtes au gouvernement. Si son but était de favoriser la capitalisation, il aurait inclus dans sa réforme un volet "épargne salariale" et il ne chanterait pas sur tous les toits que le système de répartition est durablement sauvé.
Pourquoi cette erreur sur le report de l'age de la retraite alors ? Tout simplement parce qu'elle est générale et qu'elle tient lieu de solution miracle, parce que les gouvernants s'enorgueillissent aujourd'hui de faire souffrir leur peuple, parce qu'on préfère n'importe quoi plutôt que de faire payer le capital, parce qu'il faut coute que coute envoyer un message de rigueur aux marchés financiers ... Ce ne sont pas les arrières pensées qui manquent.
J'ai lu également et j'ai apprécié le billet de mon collègue Superno, mais si tu veux le citer pour lui faire un clin d'oeil, donne le bon lien :http://www.superno.com/blog/2010/09/idees-noires-2/
> Sébastien
Sarkozy est tout sauf un idéologue. C'est un politicien. Son champs n'est pas celui de la réalité mais de la communication. Le comparer à Thatcher est un compliment qu'il ne mérite pas. Son seul soucis est en permanence de donner de lui l'image qu'il croit que son électorat attend, en l'espèce celui d'un réformateur déterminé.
On l'avait déjà vu lors de la précédente réforme des retraites, celles des régimes spéciaux, ou le but était de prouver qu'il était capable de s'affronter aux "salariés protégés" du secteur public, pas de faire des économies, puisque à force de concessions, sa réforme a coûté plus cher que le statut quo ante à ce que certains économistes ont dit.
Je suis d'accord, les prochaines victimes seront l'assurance chômage (dès que la "reprise" sera là pour faire comme en Allemagne, du moins le pensent-ils) et l'assurance-maladie (mais alors là, il heurtera de front son électorat de vieux, gros consommateurs de soins et très attaché à leur totale gratuité)
Rédigé par : Malakine | 09 septembre 2010 à 03:34
En effet, prendre pour cible les retraites au lieu de l'emploi c'est se tromper d'ennemi. La problématique des retraites n'est qu'une conséquence parmi d'autre du chômage. Tout est dit ici par Malakine :
"Cette réforme relève d’une pure logique proclamatoire. Le gouvernement décide d’augmenter statistiquement le volume de la population active, tout en lui assignant un objectif de retour au plein emploi. Comment ? Mystère !"
Mais d'un autre coté comment croire que Sarkozy est un imbécile ? En 2007, il a gagné haut la main en affichant son discours volontariste rempli de propositions inapplicables. Si personne ne l'arrête dans ses contradictions - certainement pas le PS - il fera le même coup en 2012.
Autrement dit Sarkozy s'inspire moins du Général de Gaulle que d'un autre grand penseur comtemporain :-), Georges Frêche qui déclarait en 2009 je cite :
"La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête, c’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3 % avec moi et 3 % contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse."
Rédigé par : Santufayan | 09 septembre 2010 à 09:08
Dans la conjoncture actuelle la réforme des retraites est fondée sur des données illusoires comme le fût celle de Fillon en 2003.la stagnation économique qui prévaut depuis au moins 20 ans et qui n'a pas de raison de se poursuivre tant que l'on ne change pas de politique économique contraindra lors d'une prochaine mandature à une nouvelle "réforme" du régime des retraites. C'est-à-dire mettre fin à la concurrence déloyale des pays émergents voire des nouveaux pays européens: monétaire, sociale, fiscale, environnementale sinon c'est une baisse sans fin de notre niveau de vie et de protection sociale. Je crois que l"hibernatus" du protectionnisme européen a raison et qu'il ne fait que reprendre les analyses de Maurice ALLAIS.
Rédigé par : cording | 09 septembre 2010 à 10:53
Ah cette réforme des retraites...
deux points :
a) l'évidence factuelle qui fonde la réforme proposée par le gouvernement est fausse ; 1er exemple : l'allongement de la durée de vie ne signifie pas allongement de la durée de vie en bonne santé (syllogisme tronqué sous-tendu par les discours officiels servis à l'appui de la réforme). 2ème exemple : l'allongement de la durée de vie professionnelle n'est pas pertinent dans une situation de sous-emploi et de chômage structurelle, situation provoquée et entretenue par les politiques actuelles de désindustrialisation et de libéralisation des échanges.
b) la réforme des retraites n'est pas une priorité aujourd'hui : face à la déconstruction républicaine que nous vivons, et à la Crise globale de notre système de société et de vie induite par le chômage structurel, les déficits liés au financement des régimes sociaux de retraite par répartition ne présentent pas un caractère de danger nécessitant une réforme en urgence, mal ficelée et déligitimée par le comportement même des membres du gouvernement qui mènent cette réforme...
Wrong décision, wrong time, wrong men...
CM
Rédigé par : CM | 09 septembre 2010 à 15:47
Sujet complexe s'il en ait et mes connaissances en économie me font quelque peu défaut. Voici malgré tout mon point de vue sur la question.
Selon l'avis de tous, une réforme est nécessaire ... mais pas celle là. J'abonde en ce sens tant cette dernière semble contre-productive et inefficace.
Pour moi, repousser l'age de départ est futile puisque les seniors sont remerciés dès que la cinquantaine approche. Ils resteront seulement plus longtemps au chômage, ce qui aura pour conséquence d'alourdir la charge des caisse de chômage.
Peut-être que cela n'est pas possible, tant au niveau politique qu'économique mais je crois que la réforme des retraites doit s'articuler en deux axes :
- une remise à plat du système de retraite (différentes caisses, prise en compte de la pénibilité, régimes spéciaux, divergences public/privé ...)
- une action concernant le financement avec comme priorité la lutte contre le chômage (plus de travailleurs donc plus de cotisations), ce qui induit la mise en place de mesures protectionnistes pour combattre les délocalisations. On peut également s'intéresser aux modes de financement en les diversifiant (TVA sociale ...).
Rédigé par : Tomgu | 09 septembre 2010 à 16:14
@ Malakine
Je comprends tes objections, mais je n'ai pas dit que le gouvernement était en train de procéder à une privatisation totale et immédiate - ce n'est évidemment pas le cas. Je voulais dire que c'est l'objectif à long terme. La réforme actuelle devant a priori aboutir à une baisse des pensions, et sans doute maintenir les caisses dans un état de déficit chronique (tu le dis toi-même, si je t'ai bien lu), les ingrédients sont là : les citoyens sont tout de même fortement incités à capitaliser davantage dans le (fol ?) espoir de compenser la baisse de leur pension. Et c'est pareil pour les complémentaires santé dont les tarifs ne cessent d'augmenter à mesure que le "marché" grossit. Alors je crois qu'il faut prendre les déclarations gouvernementales pour ce qu'elles sont : des boniments qui confinent souvent à l'antiphrase pure et simple : "nous allons sauver le système par répartition" ; "l'emploi est notre priorité absolue"…
Je crois me souvenir qu'au cours d'un débat télévisé avec Royal, Sarkozy avait envisagé (ou peut-être promis ?) un véritable remboursement des prothèses dentaires par la sécu. Depuis, plus de nouvelles.
Rédigé par : Joe Liqueur | 09 septembre 2010 à 20:44
@Malakine
Content de voir que tu reprends enfin tu va pouvoir m'inspirer un peu car à force de bloguer j'ai peur de tomber en panne d'idée.
Sinon
sur les retraites je n'ai pas grand chose à ajouter tu sais ce que je pense de ce débat. Pour moi il n'y a pas de problème de retraite il y a des problèmes de chômage de désindustrialisation et de fin du pétrole, si on résout ces problèmes là, alors le problème des retraite n'est qu'affaire de répartition des richesses. Je parle ici pour la France pour des pays comme l'Allemagne et l'Italie à la démographie chancelante c'est beaucoup plus compliqué. D'ailleurs on parle des retraites et jamais de la nécessité de relancer la natalité c'est quand même curieux non?
Sinon je m'étonne aussi que l'on ne parle pas d'une meilleurs répartition entre les retraités eux même. Je ne me suis pas renseigné sur la question, mais il doit y avoir de sacrés différences de revenus entre les retraités eux même. Sans parlé du fait que beaucoup de retraités ne sont pas propriétaire et pour eux ce doit être beaucoup plus dur que pour les autres. Pourquoi ne pas instaurer une retraite maximum et une minimum permettant d'éviter les excès et de faire en sorte que tout nos vieux vivent correctement sans tout le temps taper sur les plus jeunes. Ces revenus devraient d'ailleurs prendre en compte les revenues liées aux patrimoines. Quand on sait que la répartition de celui-ci est largement plus inégalitaire encore que celui des salaires on voit où il faudrait agir.
Rédigé par : yann | 09 septembre 2010 à 22:06
Oui remarque si vous commencez votre titre, par une énorme faute de conjugaison (le s à retraite)... Il faut se demander s'il n'est pas temps de la prendre !!!!
Rédigé par : Paul | 10 septembre 2010 à 10:23
> Santufayan
La question que tu poses est celle de la dégénérescence de notre système politique où la logique de communication électorale l'a emporté sur la recherche de résultats. Je ferais bientôt un billet sur ce sujet.
A titre d'anecdote, j'entendais ce matin Barbier faire une analyse de l'affaire des Roms. Il a commencé par dire que tout cela n'était qu'une stratégie électorale, pour ensuite se poser la question de savoir si ce "coup" serait profitable à Sarkozy. Aujourd'hui TOUTE la politique est appréhendée sous l'angle de la communication électorale. Il n'y a pas que Sarkozy ...
> Cording
Je ne le répèterais jamais assez. La dégradation du commerce extérieur français au au moins autant dû à la politique offensive de l'Allemagne qu'à la concurrence des pays émergents. Le problème n°1 ce n'est las le libre échange européen, c'est l'Euro !
> CM
Je suis d'accord, mais en termes de communication (toujours ...) la réforme était urgente ... pour envoyer un signal de rigueur aux marchés financiers afin de conserver notre bonne capacité d'emprunt.
> Joe liqueur
Ils sont impuissants, alors ils communiquent avec des effets d'annonce. On y revient toujours.
> Yann
Comme je comprends ce que tu veux dire ! Pas facile de trouver des idées et d'entretenir sa motivation. Ce que fait Laurent (un billet par jour) et sans pouvoir compter sur les informations obtenues en coulisse comme le font les chroniqueurs professionnel est juste exceptionnel.
La proposition que tu fais reviendrait à fonctionnariser les retraités en fiscalisant tout le financement. Or, aujourd'hui on est toujours dans une logique de salaire différé. Ce que tu proposes serait une petite révolution.
> Paul
Effectivement, elle était belle. Merci d'avoir signalé cette faute, même si un ;-) en conclusion eût été plus sympathique que ce colérique !!!!
Rédigé par : Malakine | 10 septembre 2010 à 11:13
@ Malakine
Merci pour ce billet sur les retraites!
Je subodore que tu dois être en accord avec Chauvel, Palier et Terra Nova sur l'équité entre les générations:
http://www.tnova.fr/index.php/toutes-les-publications/4-notes/1406-reformes-pas-de-justice-sociale-sans-equite-entre-les-generations.html
Je ne serai pas aussi catégorique que Chauvel, Palier et compagnie... oui la génération 68 ont été dans une bonne phase de l'histoire mais il s'agit surtout d'un problème de redistribution globale.
Il est intéressant de voir que l'on se focalise sur l'âge de départ en retraite et à la marge sur la pénibilité(années de vies perdues contre quelques mois de répit, le gouvernement se moque bien de ces carrières en vérité), alors que le gros du problème concerne le taux de remplacement qui ne va pas cesser de se dégrader en partie à cause de la réforme de 1993.
Rédigé par : Mister Jacquot | 10 septembre 2010 à 14:02
Limpide
Rédigé par : Emmanuel B | 12 septembre 2010 à 01:52
@ Malakine
Il est évident que l'euro cher est également responsable de la dégradation de notre situation économique et financière comme la politique commerciale agressive de l'Allemagne, et le libre échange intégral.Les évènements ont toujours de multiples causes!
D'ailleurs la politique de l'euro fort est aussi voulu par l'Allemagne et donc je pense comme Emmanuel Todd qu'il faudra pratiquer un bras de fer avec celle-ci pour mettre fin à une situation qui nous est défavorable dans l'UE comme à bien d'autres pays européens: Grèce, Italie, Espagne, Irlande, Portugal pour ne citer que les plus exposés.
Le problème, c'est notre classe dirigeante et sa conception de l'Europe!
Rédigé par : cording | 12 septembre 2010 à 11:02
@ Malakine
Je serais très curieux de savoir quel serait l'effet d'un "simple" retour au plein emploi sur les comptes sociaux (Unédic et CNAV), sans réforme des retraites. Je subodore que l'effet serait largement plus bénéfique que celui de la réforme Woerth. Pourrais-tu nous donner une idée de la chose ? (vu que tu sembles maîtriser plutôt bien ces sujets…).
@ Cording
Pourquoi pratiquer un "bras de fer" avec l'Allemagne ? Il me paraît beaucoup plus simple, et plus judicieux, de sortir de l'Union européenne.
Quand je disais que nos gouvernements successifs ne font qu'appliquer le programme néolibéral de l'UE, il me semble que c'est vrai dans tous les domaines, y compris quand il s'agit des retraites.
L'augmentation de 5 ans de l'âge du départ à la retraite n'a-t-elle pas été décidée en 2002 lors du Conseil européen de Barcelone ?
http://www.monde-diplomatique.fr/2002/04/CASSEN/16407
Les réformes Balladur, en 1993, et Raffarin/Fillon, dix ans plus tard, avaient déjà bien préparé le terrain avec l'allongement de la durée de cotisation. Et si Juppé a dû reculer en 1995, c'est uniquement parce qu'il avait en face de lui des salariés qui bénéficiaient du DROIT AU TRAVAIL (ces vilains fonctionnaires !). Ces grévistes ne sont pas des "preneurs d'otages", ce sont tout simplement les derniers salariés qui peuvent encore se permettre de faire grève (et de se syndiquer), dans un contexte où l'offre de main-d'œuvre est monstrueusement supérieure à la demande.
Rédigé par : Joe Liqueur | 12 septembre 2010 à 14:58
> Mister jacquot
Très heureux de te relire, je me demandais si tu avais disparu :-)
Merci pour le lien. Je le lirais ce document bientôt et je te dirais ce que j'en pense.
> Cording
Je ne peux pas décrire l'effet que me fait ce genre de propos ... Enfin, pour tenter de bras de fer avec qqun, il faut espérer avoir des bras plus costaud que ton adversaire !! Quel moyen de pression voulez vous que la France exerce contre l'Allemagne ? Quitter l'Euro ? Mais cette perspective fait plus peur à la France qu'à l'Allemagne qui le désire secrètement de peur d'avoir à payer pour les pays déficitaires. Je ne le dirais jamais assez, ce bréviaire toddien est complètement dépassé ! Depuis 2006/2007, il s'est passé beaucoup de choses !
> Joe liqueur
Non, désolé, je ne suis pas capable de faire cela. Peut-être la réponse se trouve d'ailleurs dans les rapport du COR. J'avoue n'y avoir cherché que les éléments qui étaient nécessaire à l'illustration de mon raisonnement. J'ai pas tout lu et je n'en aurais pas le temps dans les prochains jours.
Je reviendrais probablement bientôt sur la question de la sortie de l'UE, sûrement à l'occasion d'un compte rendu de mon week end très politique (convention nationale du RIF et universités de rentrée de DLR)
Rédigé par : Malakine | 13 septembre 2010 à 10:02
> M. Jacquot
Je reviens de suite, car je ne trouve pas l'article dont tu parles. Ton lien renvoie sur une note de Najat Belkacem. Et excuse, mais lire du Chauvel je veux bien, la prose de cette groupie ségolénienne, j'ai pas le temps ! :-)
Rédigé par : Malakine | 13 septembre 2010 à 10:08
@Malakine
Un bras de fer avec l'Allemagne c'est d'abord une question de volonté politique: savoir ce que l'on veut et l'imposer à nos partenaires parce qu'il n'y a pas d'Europe sans la France, comme le fit le Général De Gaulle en 1963 pour aboutir au compromis de Luxembourg et plus récemment vers 1983-1985 Madame Thatcher: "I want my money back" s'est imposé!!!!
De plus nous pouvons trouver des partenaires comme nous victimes de l'euro fort donc nous serons loin d'être seuls!!!!
La crise a montré, s'il en était encore besoin, la malfaisance de l'euro fort et a plutôt validé le "bréviaire toddien" cette perspective ne fait peur qu'à notre classe dirigeante timorée soucieuse avant tout de ne pas déplaire à l'Allemagne! Transformer l'euro de monnaie unique en monnaie commune.
@ Joe liqueur
Je souhaite un bras de fer avec l'Allemagne parce qu'il est souhaitable de conserver une UE quitte à la réformer en profondeur, plutôt que de faire bande à part! Chacun de son côté est la pire des choses: entraine une spirale d'actions unilatérales dans laquelle nous serons tous perdants.
Rédigé par : cording | 13 septembre 2010 à 11:36
> Cording
J'étais sur ces positions jusqu'au printemps 2009. Depuis j'ai compris que l'Europe est irréformable et qu'elle, de fait, est sous domination allemande.
Le bras de fer ne peut s'envisager que si la France fait bloc avec les pays latins, mais que peut-on sérieusement exiger de la république fédérale ?
- Un protectionnisme aux frontières de l'UE ? Comment le champion du monde des exportations pourrait accepter cela ?
- Une baisse du taux de change de l'Euro vis à vis des autres grandes monnaies ? Non seulement cela est techniquement impossible mais cela ne résoudrait en rien notre déficit de compétitivité à l'égard de l'Allemagne
- Une monétisation des dettes publiques avec la possibilité pour les Etats d'emprunter à taux nul à la BCE ? Cela heurterait tellement la religion allemande de la stabilité monétaire que cette revendication est inenvisageable. Il y a qu'à voir les cris que les responsables de la Bundesbank ont poussé lorsque la BCE a décidé de racheter aux banques leurs obligations d'Etat grecques ...
Il n'y a pas le choix, si on veut changer les déterminants économiques, il faut rompre avec l'Allemagne ! Ils vont trop bien et sont trop forts pour qu'on puisse exiger d'eux quoique ce soit.
Ils font voir la réalité en face, les intérêts économiques des pays latins et ceux de l'Allemagne sont devenus aujourd'hui totalement divergents.
L'UE c'est aujourd'hui un empire ordo-libéral. Demain, on ne tardera pas à parler d'un IVème Reich où la domination industrielle, financière et monétaire allemande aura remplacé les panzers.
Chercher aujourd'hui à rester accrocher à l'Allemagne revient à l'attitude de Pétain en juin 40 qui acceptait notre défaite militaire en espérant pouvoir se faire une petite place dans l'Europe allemande. L'histoire bégaie ...
Rédigé par : Malakine | 13 septembre 2010 à 11:48
@Malakine
Ce sont des positions de départ que j'exprime qui peuvent évoluer s'il est impossible de trouver un modus vivendi avec l'Allemagne; il est certain que d'autres membres de l'UE peuvent partager notre point de vue et faire évoluer l'UE. Si elle refuse nous devons envisager une solution de repli avec des partenaires avec tous les pays victimes de l'euro fort que nous pourrons alors laisser à l'Allemagne si elle y tient tant.
En tant qu'européen de raison il faudrait constater avec eux que la façon dont l'euro a été conçu est une erreur et que pour lui donner une chance de survie il faut que chaque pays retrouve une souplesse de gestion intérieure en récupérant sa monnaie et garder l'euro pour les échanges extérieurs à l'UE.
La Grande-Bretagne, elle aussi, ne voudra pas de protectionnisme même au niveau européen alors qui est ce qui nous interdit de créer de fait une union latine cependant il n'est pas interdit d'essayer de faire comprendre à l'Allemagne que son modèle fondé sur les exportations va souffrir gravement tôt ou tard de la montée en puissance industrielle des pays émergents qui seront toujours plus compétitifs qu'elle; que son intérêt bien compris est d'avoir des partenaires européens bien portants donc acheteurs de ses produits et non pas appauvris comme ils vont l'être dans la cadre de l'actuelle UE; cela n'interdit pas non plus un plan B!!!
Rédigé par : cording | 13 septembre 2010 à 13:00
@ Malakine
L'Europe n'est sous domination allemande que parce que nos élites le veulent bien par idéologie européiste! Il suffit d'une vraie alternative politique avec un vrai programme et projet bien pensé et réfléchi et déterminé à le faire aboutir avec une palette des solutions praticables (des plans B !!!).
Rédigé par : cording | 13 septembre 2010 à 13:10
@ Malakine
Disons que je préfère intervenir de manière tranquille et que je méfie de l'aspect pulsionnel de la blogosphère...
La note est de Terra Nova AVEC Bruno Palier, après je n'ai pas d'a priori sur Belkacem.
Le texte du Chauvel n'est plus dispo mais j'ai trouvé un lien qui peut s'y substituer:
http://italo-francese.over-blog.fr/article-retraites-lisez-louis-chauvel-51193467.html
Rédigé par : Mister Jacquot | 13 septembre 2010 à 15:09
Vous écrivez : lorsque les allocations chômage dont pourront bénéficier les seniors qui devront attendre 62 ans (...)"
Lorsqu'un senior est au chômage à 55 ans, ce qui est plus fréquent qu'on ne le pense, ce dernier sera indemnisé au maximum 3 ans, (soit jusqu'à 58 ans), après il sera chômeur non indemnisé (peut-être un RMI), en attendant sa retraite.
Rédigé par : Martine | 05 octobre 2010 à 07:55