L'esprit public, diffusé le dimanche matin sur France Culture est un souvent un concentré de la pensée "mainstream". Néanmoins, la qualité des intervenants et la faculté qui leur ai laissé de pouvoir dérouler tranquillement leur propos sans être interrompu en font une émission rare dans la paysage médiatique.
Dimanche, l'émission était consacrée aux mesures de régulations du système bancaire dites Bâle III, puis à la montée dans toute l'Europe des mouvements dit populistes ou d'extrême droite où on a pu entendre des bribes d'analyses étonnantes, que les "populistes" ou les "souverainistes", si volontiers décriés dans cette émission ne renieraient probablement pas. J'en ai retranscrit ci-après les interventions qui m'ont semblé les plus intéressantes.
« Il me semble qu'on assiste à un mouvement de plaques tectoniques, quelque chose de lent et de profond, qui n'est pas simplement une irritation passagère du corps électoral. Il y a une première grille d'analyse qui est une grille économique, qui consiste à dire que ce n'est qu'un effet de ce dont on vient de parler, c'est à dire les effets négatifs du capitalisme. Une transition vers l'économie de marché difficile pour les pays de l'est. Et pour les pays d'Europe de l'ouest ou du nord, l'effet d'un coté de la mondialisation et de la troisième révolution industrielle qui produit de l'inégalité et qui donc brise le contrat social implicite de ces pays et de l'autre d'un capitalisme qui a aussi des convulsion des crises. Tout ça créerait une incertitude, une inquiétude et des réactions.
Il y a une deuxième grille de lecture, disons politique, autour de la dissolution de l'Etat nation, sur le continent européen, de la construction progressive de l'UE, du dépassement des souveraineté nationales, avec la aussi les inquiétudes que cela peut produire et les réactions en retour vers une dimension collective, que ce soit à gauche avec le retour de la lutte des classe, ou à droite, le retour de la nation dans le meilleur des cas, et de la race dans le pire des cas. On a déjà vu ça exactement dans les années 30.
Mais je crois qu'il y a aussi quelque chose de plus profond, c'est la dimension anthropologique du sujet, autour de laquelle laquelle tourne en France des gens comme Pierre Rosanvallon, Marcel gauchet, Pierre Manen : la crise essentielle du libéralisme au sens où le définit Manen, c'est à dire la révolution des droits de l'homme. On passe d'une société qui était soumise à une loi et à une force qui lui était supérieure à une société qui s'auto-institue : la société des individus. Et cette société des individus est évidemment une contradiction dans les termes. Plus l'individu s'accomplit, plus ses droits sont reconnus et moins il y a de société. Ou pour le dire autrement, la société égalitaire que nous avons créé suppose un Etat très puissant pour la construire, mais en même temps le développement de cette société est une critique implicite et permanente, Elle entraine une dissolution de cette autorité qui s'impose à elle. Bref, le Principe et la liberté et de l'autonomie qui est au coeur des sociétés libérales, fabrique de la solitude, de l'inquiétude, le sentiment de ne plus avoir de repères, et même la disparition de l'avenir, l'idée du progrès. Puisqu'une fois que ces libertés ont été acquises ... On est maintenant à un niveau de liberté très considérable, on ne voit plus très bien ce que serait la nouvelle frontière. Et c'est face à cette solitude essentielle ou à ce principe d'autonomie si angoissant des sociétés libérales, on assiste à la réaction de ceux qui sont les plus fragiles, et donc si cette analyse est vraie, on ne voit pas bien qu'est ce qui pourrait – alors on peut espérer que cette réaction demeure limitée, que l'essentiel de l'opinion demeure raisonnable et c'est le cas aujourd'hui, les partis populistes représentent une part minoritaire de l'opinion – mais si cette analyse est vraie, on ne voit pas bien quels peuvent être les tempérament au développement de cette inquiétude réactionnelle.
Denis Olivennes
C'est un changement complet de paradigme qui est à l'oeuvre dans les pays d'Europe. Etat providence en crise, Etat nation en crise, social-démocratie en crise, système représentatif en crise, absence de perspectives et par dessus le marché, irruption des minarets dans un certain nombre de pays d'Europe. Les individus isolés sont tenaillés par l'idée que l'avenir ne ressemblera pas à ce qu'ils ont connu et l'irruption des flux migratoires extra-européens est l'élément qui est probablement déterminant.
Max Gallo
Le modèle libéral au sens de la société des individus a toujours été contesté, à la fois par ceux qui voulaient le dépasser, la gauche, et par ceux qui voulaient au contraire le freiner, revenir en arrière, une forme de droite réactionnaire à la quelle peut s'apparenter le populisme. Mais il avait un vecteur puissant d'adhésion qui était la croissance. Il était producteur de richesse, d'amélioration de l'espérance dans l'avenir. On peut aussi corréler l'augmentation de l'extrême droite en Europe avec l'affaiblissement de la croissance. Cette question là est épineuse pour l'avenir.
Denis Olivennes
Nous sommes en train de vivre un moment collectif dans notre pays qui est un moment – mutatis mutandis bien entendus – assez comparable au trouble qui s'est emparé des français en 1940. Nous vivons et c'est pourquoi cette époque resurgit avec le fantôme du Général De Gaulle ce même sentiment de divorce entre une grandeur dont la dernière manifestation aura été le discours de Villepin à l'ONU sur l'Irak et le sentiment d'un effondrement progressif et quasi inéluctable du pays dans une mondialisation et une modernité dans lesquels il ne parvient pas à trouver sa place. L'angoisse actuelle est en miroir de celle de 40.
Jean Louis Bourlange
En fin d'émission, dans la séquences des brèves, Max Gallo a rendu hommage à Jean Marcel Jeanneney récemment disparu. J'ai découvert cet ancien économiste et ministre du général de Gaulle lors d'une autre émission de France Culture dont j'ai pu écouter un extrait vendredi soir dans la voiture. Il s'agissait de la rediffusion une longue interview en cinq volet qu'il avait accordé à Paul Marie Couteaux en 1997. On peut encore trouver l'intégralité de cet entretien sur le site de Culture. Je vous invite à l'écouter pour découvrir ce personnage extraordinaire (surtout en comparaison de l'extrême médiocrité du personnel politique d'aujourd'hui) et se replonger dans cette période de l'histoire de France qui semble déjà bien lointaine aux gens de ma génération. Certains de ses propos vous paraîtront, j'en suis sûr, d'une étonnante actualité. En plus, écouter Paul Marie est toujours un bonheur en soi …
La question que je me pose toujours face à ce genre d'analyse c'est dans quelle mesure cela ne constitue pas une sorte de "retournement de veste", une façon de se glisser dans l’air du temps, de prendre le vent ?
Je ne connais pas assez les intervenants pour juger de leur sincérité mais la question mérite d’être posée.
Merci pour les interviews de Jeanneney. Je vais écouter ça.
La période historique est peut-être lointaine, mais comme tu le fais remarquer, les propose peuvent être d’actualité. C’est ce qui m’a toujours frappé avec De Gaulle notamment.
Rédigé par : RST | 27 septembre 2010 à 21:32
Ne te méprends pas, ils ne donnent pas du tout la même interprétation que nous à cette analyse. Dire cela les plonge dans une absolue déprime. Pour preuve, Bourlange parle explicitement de la disparition inéluctable de notre pays. Un gaulliste qui entend ça va écrire le dernier bouquin de Paul Marie Couteaux, un social-démocrate-libéral-européen va y voir une injonction de la modernité.
Ce qui est extraordinaire dans ces propos, c'est que l'analyse est terriblement angoissante et totalement pertinente, mais qu'elle ne suscite chez eux absolument aucune réaction, sauf d'espérer que la révolte ne se propage pas trop vite.
Rédigé par : Malakine | 27 septembre 2010 à 22:06
Très intéressant, merci Xavier. Mais j'apporterai deux petits points personnels (que tu trouveras soit inintéressants, soit rébarbatifs ;) ).
Le premier : le point sur l'idée que l'on a peur de ce libéralisme qui, au final, est un gros mons...tre trop dangereux aujourd'hui et que, de fait, ses "suppôts" politiques et économiques sont des incapables ou des idiots, est très judicieux. Car de fait, est-ce parce que nos politiques sont "nuls" que le pays n'avance plus ? Est-ce parce que l'UE est là que ce pays n'avance plus ? Parce que des patrons néo-libéraux se sont chaudement taillés des empires économiques que ce pays n'avance plus ?
Non (et un petit oui). C'est mal regarder la chose. Et cette discussion dont tu nous mets ici l'essentiel montre bien ce fait que les populations se cherchent un bouc-émissaire. Là est souvent l'erreur : ce ne sont pas ces conditions qui font que l'on avance pas. Mais ce sont tout simplement les faits qui se révèlent chaque jour : la Chine, l'Inde, le Brésil, la Libye, etc... sont bien plus puissantes que même nous nous ne l'avons été et avec des populations colossales... C'est le réveil pour la plupart de civilisations millénaires... ce n'est donc pas à nous de nous en vouloir, mais bien parce qu'en face, les "vieilles endormies par le colonialisme" (j'aime bien ce nom) se sont réveillées...
Face à cela, on a donc la réponse, et là est l'intérêt de ta retranscription, du souverainisme/populisme diront certains... Mais une fois encore, dans tes extraits, j'ai pu voir une phrase d'une logique transcendante, claire et assez intéressante puisque la comparaison qui fut assez discutée en 2008-2009 avait disparu en début 2010. C'est tout simplement 1920-1940 = 2010-? ... Le souverainisme que tu défends Xavier est un souverainisme que je jugerai personnellement comme BON et même parfois INTÉRESSANT. Mais au final, tu sais très bien que derrière toi et d'autres Xavier, un monstre bien plus ancien sommeille et qu'à chaque crise éco. il se réveille, se faisant le fer de lance (bien plus souvent que l'extrême gauche) face au libéralisme, j'ai nommé l'Extrême droite comme on l'appelle aujourd'hui. Les régimes autoritaires nés en 1920 et 1940 n'étaient pas tombés du jour au lendemain en dictature fasciste ou autre... non. C'était des courants politiques à caractère souverainistes et nationalistes (mais sans grandes messes fascisantes à l'origine). C'est après, que ces régimes ont tourné court... cédant alors au propre sentiment national qu'ils avaient ranimé dans leurs peuples et politiques.
Je continue donc comme ca : on a deux soucis au final. D'un côté on ne regarde pas du bon côté des choses (certes on doit remettre en question le système politique et en partie (seulement en partie) ce système économique) en se focalisant sur ce qui ne vaut pas : c'est dans l'unité, la force, la réflexion et la volonté que l'on affrontera la Chine, l'Inde ou le Brésil. Pas en s'attaquant sans cesse à l'UE, à l'€ ou encore aux populations immigrées (pour me rattacher encore au document que tu as mis), pas ton cas dans tout ca Xavier, je sais ;). Eux (les puissances émergentes qui sont les réelles causes de notre déclin) ne font que rire devant ces gesticulations (à leur échelle, nous sommes comparables, lorsque je parle de pays ici solitaires [donc hors cadre UE], à des mouches dont l'utilité est de consommer la merde qu'on les vaches autour des yeux...). AUTRE souci, donc de l'autre côté, le danger d'un souverainisme qui rappellerait et qui rappelle de toute manière, soyons francs, au final, le vieux démon européen des années 20/30...
Et dans ce cas Xavier, là est la question : préférons-nous un libéralisme moisi mais une politique de volonté face aux puissances nouvelles (mais en fait pas nouvelles... juste réveillées) ? Ou bien préférons-nous un souverainisme qui au début ferait quelques preuves et serait au final obligé de se transformer (sous et sur pression) en ces politiques qui font frémir tellement le souvenir est encore présent ?
La réponse est justement là, dans cette conversation que tu nous rapportes : la France des années 40 en est l'exemple : on refuse le souverainisme (parce que c'en était un malgré l'occupation, et que l'on ne me dise pas de réviser mes bases historiques... se serait mal placé) pétainiste mélangé à un racisme ambiant... et on préfère revenir à des fondamentaux : De Gaulle : qui au final, si ce n'est la politique intérieure, n'a pas changé beaucoup de choses en extérieur et c'est même plié au bouleversement mondial : n'est-ce pas De Gaulle qui a accepté la décolonisation "soft" ? N'est-ce pas lui qui n'a pas hésité à se faire européen (même si il nous faisait ses cacas nerveux et la politique de la chaise vide : que personne n'ose aujourd'hui...) : "L'Europe c'est la solidarité de fait" (de lui !) ? En 1962 : le PLAN FOUCHET, demandé par De Gaulle, prévoie presque une confédération européenne !
Conclusion pour ma part : De Gaulle savait que l'intérêt de la nation existait mais qu'à terme, pour s'imposer au monde, il faut l'Europe ! Et là est le souci car aujourd'hui souverainisme =/= Europe unie (au delà des Etats)... et tant que le souverainisme ne sera pas européen, il sera, politiquement, incapables de s'en sortir face aux économies ultra-libérales émergentes (car pays désunis en Europe) et alors, il se transformera en autoritarismes.
Rédigé par : Cédric | 27 septembre 2010 à 22:11
Pour alimenter votre curiosité intellectuelle je vous invite à fréquenter les Mercredis de la Nar qui a pour invités Monique et Michel Pinçon-Charlot pour leur livre "Sarkozy,le président des riches" le 6 octobre, Philippe Cohen pour "Le Vampire du Milieu" le 13 octobre et Arnaud Teyssier pour sa biographie de Louis Philippe le 20 octobre à 19h45 précises dans ses locaux sis à Paris 17 rue des petits champs. Vous serez surpris par la qualité du débat qui se déroule et la variété des participants qui ne sont pas majoritairement royalistes même s'ils forment la plus forte minorité.
Rédigé par : cording | 27 septembre 2010 à 22:13
@Cedric
Pourquoi l'histoire serait-elle à nouveau écrite de la même manière (souverainistes => nationalistes => fascistes ) ?
A mon avis, le souverainisme (et la coopération) est justement le moyen d'éviter les tensions qui sont en train de voir le jour du fait de l'ouverture inconsidérée de l'U.E. à 27.
Rédigé par : A-J Holbecq | 27 septembre 2010 à 22:40
@ A-J Holbecq, bonsoir, : l'histoire, et je n'en suis pas partisan je le dis de suite, a une composante en son sein qui exprime souvent la réitération (mais avec les différences périodiques logiques) des évènements.
Mais si je ne suis pas de ceux là, j'accepte parfois l'idée que sur un court labs de temps : la même chose amène au même danger. Car si il y a des différences sur la forme, le fond reste très comparable. Vous avez au moins compris, et j'en suis heureux, que je ne mets pas dans le même groupe souverainistes et bien, mais bien plus loin, les fascistes. Parce que pour moi faire la correspondance sur le long terme (et à un moment donné en plus) ne veut pas dire similitude et encore moins même chose. On confond ces deux idéologies bien souvent dans la majorité de la population (même si l'un a mené à l'autre par le passé).
Vous noterez que je signale qu'en effet souverainisme, si il est allié à l'idée d'Europe (et pas uniquement de coopération : les coopérations jusque là sont des échecs), est une chose intéressante et à approfondir. Malheureusement, A-J Holbecq, vous et moi qui pensons cela intéressant d'unir les mots souverainisme à coopération (moi j'irais plus loin : Europe), nous sommes peu nombreux... c'est là que je pointe du doigt notamment sur, et j'en reviens au sujet ici intéressant, le libéralisme aujourd'hui complètement remis en cause pour de multiples raisons. Il faut voir, dans ce libéralisme une chose intéressante : on a beau s'en plaindre, c'est quand même un outil assez polyvalent qui peut, à grande échelle, faire un équilibre, mais seulement à grande échelle (et pas national face à la Chine par exemple...). Et par logique, le souverainisme national, (pour résumer) qui en vient bien souvent à diviser l'Europe (vous noterez que je n'utilises pas le terme UE : cette organisation qui tient parce que c'est la mode... mais bon on a la base désormais pour rénover, reconstruire, etc...) deviendrait un véritable "boulet" si il faisait en sorte comme bien souvent actuellement de jeter l'Europe car l'assimilant à l'UE mais ne voulant pas non plus entendre parler d'une unité souverainiste européenne.
Vous dites "l'ouverture inconsidérée" : l'Europe finit à l'Oural à l'Est (communément admis) : et jusque là ces 27 me semblent même assez pitoyables de se présenter comme uniques européens. Après les Russes se sentent, lorsque l'avantage est là et c'est le cas actuellement, plus asiatiques qu'européens. Je ne vois aucun soucis à cette ouverture pour ma part si l'Europe telle que je la conçois, l'imagine, existerait. Les Serbes sont tout autant Européens que les Irlandais ou les Grecs et les Roumains tout autant que les Belges. Après les différences et rivalités éco. et les différences terribles que l'on aperçoit, je les mets de côté (même si je ne devrais pas).
Les tensions que vous attachez à l'UE ou aux agrandissements, et qui donneraient lieu à la création d'états totalitaires, dérivés du souverainisme, je les attache au fait que l'Europe et ses États sont tout simplement hors-course avec leurs querelles internes, dans l'économie mondiale. Et de fait, nos politiques se jette la patate chaude de la crise et des soucis communautaires... voilà où, selon moi, le souverainisme, tel que pensé en majorité par les souverainistes (après ils savent mieux que moi ce qu'ils pensent ;) ), ne serait pas dans le bon sens... et deviendrait encore une fois un danger.
Je pense que l'Europe, qui est vieux rêve au final, né avec Dante si on remonte au loin (oui Dante a conceptualisé dans ses écrits l'idée d'une Europe politique, économique, dans le respect des Etats), ne doit pas être le bouc-émissaire de tout (et notamment et souvent de la crise du libéralisme comme des crises ethno-sociales actuelles par exemple... [Roms, musulmans...]). Si déjà on accepte l'idée que l'Europe doit surtout servir les intérêts communs et dans ce tout, respecter les Etats et surtout les Peuples qui la forment, alors je signerais de suite... malheureusement, et le débat ici retranscrit par Malakine le montre, l'amalgame : problème=Europe est trop biaisé mais aussi trop implanté... et de fait, tout souverainisme qui se présente à moi sans une idée Européenne (au siècle où nous sommes) pourrait vite sombrer, à court de fonds d'idées au final, dans le danger des années 20/30.
Il est possible que je n'ai pas répondu à votre question, Xavier m'en fait parfois la remarque. J'espère en tout cas avoir éclairci l'idée qui était la mienne.
Rédigé par : Cédric | 27 septembre 2010 à 23:34
Gallo est devenu libéral ?Je pose la question candidement depuis son raliement à l'autre taré j'ai peu suivi ses interventions.
La grille d'analyse que fourni Olivennes en la partitionnant en volets économiques ,politiques et anthopologiques est claire et fidèle à ce que je pense ,mais on arrive pas du tout à la même conclusion !J'ai eu le même sentiment en ecoutant Marine Lepen hier soir ,jusqu'ici je notais des convergences entre hétérodoxes de droite et de gauche ,sur certains thèmes du moins mais qu'un social-démocrate se joigne au concert je trouve ca surprenant...à moins qu'Olivennes ne décrit plus qu'il ne souscrit.A ce moment la on se demande pourquoi il s'arrête en si bon chemin.
Reduire l'adhésion aux votes populistes à une réaction de peur qu'il nomme "inquiétude réactionnelle" est réducteur,ces gens à mon sens marque plutot un refus qu'ils n'affichent une crainte ,quand on les entend parler c'est la colère qui les guide.
Dans le numero d'Enquete Exclusive diffusé hier soir on decouvrait une ligue Anglaise de défense je sais pas quoi,très hétéroclite politiquement composée de mouvements fascistes , gays & lesbiens et de laics ,qui faisaient communement front contre l'offensive islamistes qui grignote progressivement Londres...il y'a pas si longtemps ces gens se seraient foutu sur la gueule...or c'est pas la peur qui les unit , les gens qui ont peur ne se battent pas.
Quand les modèles économiques , politiques et anthopologiques s'écroulent ,on appelle ca une crise civilisationelle ni plus ni moins , or ce qu'il se passe en ce moment c'est qu'une part croissante de la population refuse de perdre ce qu'ils possédent.En d'autres temps et d'autres lieux ces personnes auraient prit les armes ,ici ils s'opposent avec leur bulletin de vote.
Mr Olivennes devrait se demander pourquoi seuls les mouvements populistes sont catalyseurs de cette colère ...et non plus la gauche !
Les gens comme moi qui ne voteront pas FN par crainte ce coup ci aimeraient bien que les leaders d'opinion pose le débat ,au lieu de considérer leurs sujets d'études comme des petits chats apeurés.
Rédigé par : Damien | 28 septembre 2010 à 00:47
@Cedric
Juste une question: quid de la monnaie, des protections douanières et tarifaires, de la libre circulation des capitaux, des différences de protections sociales, de la fiscalité différente, et j'en passe
Sans protections c'est toujours vers le moins disant que nous tendons... avec un nivellement par le bas.
Ceci dit, d'accord avec vous que l'Europe géographique n'est pas limitée à l'U.E. ... Mais j'ai l'impression que vous voyez le monde en termes de compétition... moi je le vois en termes de "peuples heureux" et "coopératifs" (pensez-vous que le Costa Rica ait envie de se "battre" avec ses voisins?... et pourtant, dans le monde les costariciens sont ceux qui se sentent le plus heureux)
Rédigé par : A-J Holbecq | 28 septembre 2010 à 08:08
L'esprit public, ça sent un peu le pipi. le café du commerce des vieilles élites. On peut leur retourner leur référence aux années 30, en réalité, ils (je pense à Bourlange et Olivennes) "lâchent le morceau" : discours punitif vis-à-vis de ce peuple qui ne comprend rien et ne fait pas d'effort, méfiance vis-à-vis des procédure démocratiques, volonté de disparaître à tout le moins de soumettre à une puissance supposée supérieure. Cela rappelle effectivement un certain esprit qui devait travailler les vieilles élites françaises des années 30. Des sommets de haine de soi et des pulsions anti-démocratiques incessantes. Quel naufrage !!
Le monde se déoccidentalise à grande vitesse. Et alors ?? dois-je pour autant disparaître parce que d'autres vivent et grandissent ? Parfois, je me demande si au fond ils ne regrettent pas le bon temps de la coloniales ces bons progressistes, puisqu'ils ne parviennent pas à faire le deuil d'une période qui a été exceptionnelle pour l'Europe et les USa mais qui ne pouvait durer. Ce n'est pas parce que d'autres progressent que cela signifie que je suis nul !!!
Rédigé par : guzy | 28 septembre 2010 à 13:19
Je m'étonne que vous soyez étonné, où alors je ne vous suis pas suffisamment.
Evidemment que l'idéologie actuelle nous pousse par tous les moyens à n'être plus que des individus, les premiers et plus importants de ces moyens employés sont tout simplement la pub qu'on croise à longueur de net, de télé, de médias donc.
On nous brosse le bonheur depuis (quand ?) trop longtemps comme étant la possession des dernières productions de nouveautés (écran plat, mobiles, et même l'écologie devenue un moyen de consommation). Cette "propagande" c'en est bien une, marche parce qu'elle agit sur nos pulsions les plus primaires : désir de plaisir.
Cette propagande est indispensable à la production de biens de consommation sur laquelle notre société repose. Les producteurs, industriels, ont besoin de cette consommation, ils nous incitent à nous endetter par tous moyens de plus en nous taxant de frais de découverts insensés, de proposition de prêts à des taux usuraires : ils sont gagnants sur tous les tableaux.
Mais eux savent (bien que ce ne soit pas une conjuration, juste un système) qu'ils ont besoin de notre consommation, sinon ils meurent, ils sont donc pris dans des contractions insolubles : nous payer le moins possible pour produire, mais que nous ayons suffisamment pour leur acheter…
Parallèlement on nous insufle que la lutte des classes est démodée, le chacun pour soi serait MIEUX.
Mais il n'y a guère que les consommateurs, salariés, qui sont convaincus, chacun mis dans sa case d'individu, alors que la classe de possédants, de bénéficiaires en tous genres des boucliers fiscaux, remise de cotisations, savent eux de quoi il s'agit : eux sont solidaires, ils se passent le relais quotidiennement, nous sommes tous devenus bêtes, ou endormis par cette nouvelle idéologie…
Rédigé par : Annie | 28 septembre 2010 à 13:43
> Cédric
Tu écris comme tu parles ou bien tu écris pour toi même et non pour être compris, ce qui fais que tes posts en deviennent absolument illisible. Je te l'ai déjà dit sur Facebook. Fais un effort de synthèse !
> Damien
Il est vrai que Max Gallo fait un peu exception au sein de l'esprit public. Il est peut-être un des moins libéraux, mais il a tout de même mis beaucoup d'eau libérale dans son vin souverainiste.
Effectivement Olivennes décrit une crise plus qu'il ne souscrit à cette critique. Il porte un regard lucide et inquiet, nourrie par l'analyse de philosophes comme Marcel Gauchet (ou Michéa) de ce qu'il faut bien appeler une crise civilisationnelle.
Ce qui est intéressant dans l'analyse de Olivennes est qu'il voit les mouvements populistes comme une réaction contre l'individualisme et une aspiration à un certain retour au collectif. Peu après, Bourlanges dans une intervention que je n'ai pas retranscrite faisait l'analyse inverse en voyant dans ces mouvement une exacerbation de le pensée individualiste qui avait également contaminé les logiciels de droite et de gauche. A mon avis, c'est bien Olivennes qui voit juste avec cette idée majeure, que j'ai très envie de creuser.
> Guzy
Alors là, pas du tout !! Je veux bien que l'esprit public soit le rendez vous des vieilles élites, mais cette émission n'exprimait pas du tout une méfiance à l'égard du peuple, encore moins la condamnation de ses sentiments réactionnels. C'était tout son intérêt. Au contraire, nos libéraux bienséants ont analysé et légitimé l'inquiétude du peuple par une critique systémique du modèle libéral.
La désoccidentalisation du monde n'est absolument pas le sujet. Je ne vois vraiment pas ce qui vous permet de raccrocher les propos retranscrits ici avec cette idée tellement à la mode qu'elle en devient un cliché.
> Annie
Dans la critique du libéralisme, il y a deux courants. Le premier auquel vous vous rattachez, voit dans le monde actuel l'expression d'un hyperlibéralisme qui aurait pris sa source dans la révolution libertarienne de 1968 et la mutation du capitalisme engagée dans les années 70 sous le vocable de néo-libéralisme.
Mais il y en a un autre qui date le début du cycle qui prend fin aujourd'hui, non pas dans les années 70 mais au 18ème siècle avec les premiers penseurs du libéralisme politique. Le libéralisme sociétal qui a conduit à l'atomisation des sociétés et à la perte de sens, comme la mondialisation sont en réalité les deux faces de la même médaille. Ils prennent tout deux leurs sources dans le système libéral des origines, ce qu'Olivennes appelle la révolution des droits des l'homme et la société auto-instituée.
Ce que j'ai trouvé intéressant (et non étonnant) dans ces propos c'est que ces intellectuels libéraux s'inscrivent dans la thèse de Michéa qui conduit à percevoir la période actuelle comme une crise de la civilisation libérale telle qu'elle s'est mise en place avec les lumières.
J'ai voulu reprendre ses propos en attendant la note de lecture sur "l'Empire du moindre mal" que je dois faire. Ce bouquin que j'ai relu cet été m'a marqué et perturbé comme aucun avant lui, si ce n'est peut-être l'illusion économique de Todd.
Rédigé par : Malakine | 28 septembre 2010 à 14:38
Je vais donc synthétiser mais regarde aussi les questions Malakine : elles sont tellement larges... il faut que je réponde je pense.
@ A-J Holbeq : Bonjour, vous soulevez ici LE problème européen et je n'aurais pas la prétention (ni le temps, craignant les yeux de feu de Malakine) d'y répondre, mais juste de synthétiser l'idée générale. La question monétaire et des douanes en Europe a été posée tout simplement dès le début parce que l'Europe est avant tout une idée économique... malheureusement... et les nombreux européistes ont toujours soutenu l'idée d'une Europe aux frontières définies à son extérieur et des suppressions douanières à l'intérieur. Sur les protections sociales, les taxes, etc... on en revient au fait que l'UE est un organe incompétent, inadapté et d'une grande désuétude. Si l'on avait voulu définir une base commune pour tous ce que vous citez (et j'y rajoute santé, éducation, etc... : éducation en cours) se serait fait. Alors oui, après, perte de repères, tous "trop égaux" peut être ? (le tout dans la différence parfois énorme, là le souci)... donc on retourne à la protection souverainiste nationale DONC, actuellement, contre l'UE et au final, contre l'Europe.
Vous citez l'exemple du Costa Rica car il n'a pas d'armée non ? Ça doit être une chose du genre depuis une dictature ou une guerre civile je crois... Je ne vois le monde en compétition que parce que les puissances émergentes le voient ainsi et que, menant le bateau, elles imposent ce jeu auquel nous sommes obligés de jouer. Là, une multitude de petits Etats ne peuvent rien... à l'inverse, quelque union que se soit (mais pas l'UE actuelle...) peut peser face aux titans.
Moi le premier j'aimerais un monde heureux et coopératif, mais c'est oublier que nous avons donné à ce monde des pensées occidentales de domination, de mondialisation, de libéralisation, etc... et ces puissances nouvelles (ré-émergentes) sauront nous montrer qu'elles savent s'en servir. Sinon, on ne discuterait pas ici d'un problème national, international, etc...
@ Malakine : sur la mondialisation, il ne faut pas la mélanger au libéralisme... deux conceptions bien différentes dans le temps. Et une mondialisation peut être culturelle comme humaine, etc... (MacLuhan et le Global Village) et les communistes, sur ce principe ont aussi eu leur mondialisation dans les années 70... La mondialisation est une chose encore mal définie (preuve en est le conflit de définition en France avec le mot internationalement utilisé : Globalisation qui là est lier au libéralisme).
Rédigé par : Cédric | 28 septembre 2010 à 18:47