Jusqu’à présent, on parlait d’incivilités, d’insécurité ou de délinquance. Désormais, c’est de résurgence de la barbarie ou de dé-civilisation dont il est question. Cette évolution ne traduit pas seulement une différence dans le degré dans l’ampleur du mal, mais bien une différence de nature. On n’est plus dans le registre rationnel de l’infraction que l’on commet sciemment dans l’espoir dans retirer quelques avantages personnels et que l’on peut traiter par les moyens classiques censés dissuader ce type de comportements, répression policière et sanction pénale.
On est passé dans la violence pure qui échappe à tout contrôle, y compris de la part des acteurs eux-mêmes. Une simple altercation peut conduire au meurtre. Une mort accidentelle entraîne un déchaînement de fureur de populations ayant soif de vengeance et prêtes à s’en prendre à tout ce qui pourra symboliser l’autre, la société et en premier lieu les représentations d’un Etat qui ne protège plus, mais désormais agresse les siens.
Contre les pétages de plombs qui finissent en marre de sang et les effets de meutes, la réponse pénale classique est devenue inadaptée. Ce n’est plus le sentiment d’impunité qui nourrit le crime, mais une violence intérieure latente prête à se déchaîner à la moindre occasion. Le problème n’est plus politique, il est devenu psycho-sociologique. Il faut donc prendre le problème autrement et imaginer de nouvelles solutions.
Dans le long texte qui suit, je développe six propositions qui me semblent de nature à endiguer ou à juguler ce mal. Le premier volet sera consacré aux mesures de nature éducatives et préventives. Un second suivra sur les mesures proprement répressives.
La grille d’analyse du phénomène que j’utiliserais ici, a été présenté dans mon précédent article « Et si le mal était en nous ? ».
Description de l’homo spontaneus
En laissant dériver nos valeurs individualistes, libérales et égalitaires depuis quelques décennies, la société française a renoncé à transmettre la moindre éducation morale, spirituelle ou même civique à sa population. L’homme nouveau, qui est né de la révolution libertarienne des années 70, n’est qu’un individu spontané, un Homo Spontaneus qui a grandit et s’est fait tout seul, à partir des influences et des repères que la société lui a transmise bien involontairement, par la télévision, l’internet, la mode et très accessoirement l’école.
L’homo spontaneus n’est animé que par ses désirs et ses pulsions, ses frustrations et ses émotions. Il évolue dans une société tout aussi anomique que lui, où tout est compétition, où il faut être le plus beau, le plus populaire, le plus performant, et dans tous les cas le plus riche, un monde où tout les coups sont permis pour faire sa place au soleil. Tout y est précaire et instable, la famille, les amis, l’amour, l’emploi, le statut social, le respect dans le regard de l’autre...
Au dessus de lui, il n’y a rien, ni sens du sacré, ni valeurs supérieures, ni principes de vie, ni idéaux, ni autorité morale. A ses cotés, il n’y a rien non plus, ni famille, ni figure respectée auprès de qui demander conseil et soutien. Seule la bande, la communauté ou la liste des contacts dans ses réseaux sociaux, tient lieu de société permettant de donner un statut, une reconnaissance et un sentiment de protection à l’individu. L’homo spontaneus ne craint ni ne respecte rien, ni personne. Il ne se définit que par lui-même et ne vit que pour lui-même.
L’homo spontaneus apprend dès tout petit au contact dans cette jungle des égos sans contrôle qu’est devenue la société, que seul le rapport de force paie. Bébé, il teste les limites de ses parents, forcément très basses pour ne pas traumatiser cet adorable petit bout de chou et ne pas prendre le risque de casser cet adorable distributeur d’amour inconditionnel. Enfant, il joue de caprices, de pleurs et de cris pour obtenir la satisfaction de ses desideratas et rester au centre de toutes les attentions, jusqu’à tyranniser son entourage avec la complicité active de celui-ci. Adolescent, il commence à échapper à ses parents et à ses maîtres. Il vit dans sa tribu, avec codes et des valeurs qu’il détermine lui-même. Il ne travaille que s’il a envie. Il ne fait les choses que s’il y voit un intérêt personnel immédiat. Il est réfractaire à toute idée d’effort ou de discipline. Il peut tomber assez aléatoirement et très rapidement dans l’échec scolaire, la délinquance ou bien pire encore.
Elevé dans une société dure et violente, l’homo spontaneus prendrait l’habitude de prendre des coups par plus fort que lui. Il s’aguerrirait, développerait un caractère bien trempé et âme à toute épreuve. Mais l’homo spontaneus évolue au contraire dans une société molle, aseptisée, maternante et hyperféminisée, où le statut de victime est préféré à celui du héros, où l’on préfère plaindre qu’admirer, où les droits multiples et variés ont remplacé les plus élémentaires des devoirs, ou l’empathie le consensus et le désir de paix, ont remplacé la décision, la prise de responsabilité et le goût de l’ordre.
L’homo spontaneus n’est pas un guerrier, c’est une victime gémiarde qui ne sait que réclamer ce qui croit devoir lui être dû et piquer des colères lorsque ses caprices ne sont pas réalisés dans l’instant. C’est un enfant qui a grandit trop vite, un être creux et avide, un barbare en puissance qui ne connaît que le respect de ses propres lois et ne croît qu’en ses propres forces.
Ce n’est pas l’arabe, le musulman, la racaille ou le voyou qu’il faut éradiquer, mais bien cet homo spontaneus, l’antithèse de l’idée même de civilisation et le germe de sa destruction.
Il faut revoir tous les principes qui participent à son éducation. En cas de déviance, il ne sert à rien de sanctionner pour le non respect de règles qui n’ont à ses yeux aucune valeur. Il faut rééduquer, inculquer les principes de bases qui fondent la vie en société, transmettre les valeurs qui permettre de structurer une psyché en ordre.
Proposition n° 1- Du collège unique à l’élitisme républicain
Je passerais sur l’éducation donnée pendant la petite enfance au sein des familles, tant il me semble que l’Etat est sur ce point totalement désarmé. Changer l’attitude des parents à l’égard des enfants est une tâche monstrueusement difficile. Aucune “école de la parentalité” ne pourra transmettre des codes éducatifs qui n’ont pas été acquis dès l’enfance en recevant soi même une véritable éducation. La rééducation des parents sera un travail de longue haleine et il faudra plus d’un Aldo Naouri pour arriver à modifier la représentation collective de ce que doivent être de bons principes éducatifs.
On fera également l’impasse sur la question de savoir s’il est politiquement possible d’envisager une refondation de la famille pour renforcer sa stabilité, sa permanence et l’autorité des parents sur les enfants. De même, je ne saurais dire si des changements importants doivent être opérés dès l’école maternelle ou en primaire. En revanche, il est évident que l’organisation de l’enseignement dès le collège doit être profondément revue.
C’est en effet à l’adolescence que les jeunes peuvent échapper à toute forme de contrôle et se transformer en sauvageons, pour le reprendre le mot élégant de Jean Pierre Chevènement. Le collège est certainement la période où la pression éducative est la plus basse de tout le cursus scolaire, au moment où les adolescents se découvrent bien d’autres priorités que d’acquérir des connaissances et où ils ont pourtant grand besoin de se structurer. Au collège, les mauvais résultats ou le désintérêt pour l’étude, ne sont sanctionnés, ni par un redoublement, passé de mode car trop « stigmatisant », ni par de la sélection ou de l’orientation, à cet âge inexistant. C’est l’apprentissage de l’impunité !Il conviendrait au contraire de profiter de la période où la personnalité des jeunes s’éveille, pour exercer sur eux une pression sociale accentuée, afin de les éveiller au sens de leur responsabilité vis-à-vis de leur propre avenir comme du reste de la société. Dès cet âge, ils doivent être traités en futurs adultes. Montrer à leur égard beaucoup plus d’exigences, ne pas hésiter à sanctionner les dérives et tenter de les corriger tant qu’il est encore temps.
L’idée serait de passer d’un système éducatif où l’on avance à l’ancienneté quelque soit ses performances et son comportement, à un système profondément différencié, très loin de l’égalitarisme cher au monde enseignant. Créer des internats d’excellence pour les élèves défavorisés mais doués, et à l’inverse d’autres internats pour les élèves impossibles est une politique qui va dans le bon sens, mais qui ne suffit pas à accentuer la pression sur l’ensemble des élèves tant les effectifs de ces classes différenciées resteront insignifiant.
Ce qu’il faut, c’est instaurer un système à plusieurs niveaux. Au moins 5 pour avoir un véritable effet différenciateur. Dans les meilleures classes, l’enseignement serait non seulement de meilleur niveau, mais beaucoup plus agréable et détendu. A l’inverse, au niveau le plus faible, on se contentera d’inculquer les connaissances de base. L’accent sera mis sur la discipline, le comportement, les règles du savoir-être, quitte à recourir à une scénarisation extrême de l’autorité, comme l’avais envisagé Ségolène Royal avec sa proposition d’encadrement militaire ! Ainsi, chaque année, les adolescents vivront dans la crainte de descendre de niveau ou dans l’espoir d’améliorer leur statut. Ils seront ainsi seront fortement incités non seulement à s’intéresser sérieusement à leurs études mais à adopter le comportement le plus civilisé possible.
2- Un service civique jeune
Le travail scolaire et le comportement n’est pas tout. Il convient aussi de développer le sens civique, voire leur inculquer les préceptes d’une nouvelle morale publique ou religion civile à réinventer. Les jeunes doivent comprendre très tôt que la société ne se résume pas à leur petite tribu, qui est un prolongement de leur petit égo. L’idée serait de fonder un mouvement de jeunesse à participation obligatoire pour les jeunes de 10 à 16 ans, entre les scouts et le centre aéré, sur le modèle des Komsomol, les jeunesses communistes de l’union soviétique, dont j’ai remarqué qu’ils avaient laissé de bons souvenirs et beaucoup de fierté aux russes qui y ont été formés. Encadré par des éducateurs professionnels et des bénévoles, les jeunes accomplirait diverses activités, physique, intellectuelle ou relationnelle, au service de la collectivité ou de formation du citoyen.Ce parcours les préparerait au véritable Service National Civique de 6 mois ou un an, où les jeunes seraient séparés de leur milieu familial pour vivre une expérience humaine forte en communauté avec d’autres jeunes de toutes conditions et de toutes régions. Puisque les jeunes d’aujourd’hui sont mûrs beaucoup plus tôt qu’auparavant, ce nouveau rite d’initiation au passage à la vie adulte ne devrait plus se dérouler à la fin des études comme à l’époque du service militaire, mais au moment charnière du passage entre l’adolescence et le stade du jeune adulte, soit entre le collège et le lycée. On pourrait ainsi espérer disposer d’individus beaucoup plus structurés à l’âge du lycée, où les études commencent à engager pour le reste de la vie.
Naturellement, comme précédemment, le niveau d’intérêt et de confort de cette période devra être variable pour proposer à ceux qui seraient déjà désocialisés, en échec scolaire avéré ou sur le chemin de la délinquance, un vrai programme de remise dans le droit chemin. A la dure !
Il est à noter que si le SNC ne peut relever que de l’Etat compte tenu de sa dimension privative de liberté, le mouvement de jeunesse républicain, lui, pourrait être mis en place par n’importe quelle collectivité locale, mairie, département ou région, dirigées par des mouvements souverainistes (on peut rêver) quitte à ce qu'il ait dans un premier temps un caractère facultatif et volontaire.
3- Censure et protectionnisme culturel
Si l’homo spontaneus est un produit d’une dérive du code culturel français, la culture des cités, que nos gentils cultureux aiment à nommer « cultures urbaines », le tag, le rap, le hip-hop, mais aussi la figure de la racaille, le gang ethnique et armé, la rébellion sans cause, l’hyperviolence interpersonnelle, la haine sans objet identifié, tout cela semble bien être un produit d’importation. Mais non importée par l’immigration comme certains aiment à le croire, car on ne repère rien de tel au Maghreb ni en Afrique, mais bien des Etats-Unis !
Si nos élites ont été imprégnées de la culture américaine mainstream des winners ou des global players, de la compétition à outrance et de la réussite ostentatoire, la jeunesse et en particulier celle du sous prolétariat des banlieues, s’est laissée conquérir par la culture noire-américaine qui se déverse à jet continu dans les tête via les films, les musiques, les clips, les séries, la mode et autre émissions de télé-réalité débiles mal doublées.
Ces deux cultures font d’ailleurs système et ne s’opposent sur rien de fondamental. On y retrouve le goût de la violence, du fric facile, l’apologie du droit du plus fort. Elles constituent les deux faces de la civilisation libérale nord américaine qui s’est érigé en Empire global.
En France on aime à se gargariser de notre soi-disant exception culturelle grâce à laquelle nous aurions pu défendre notre culture contre l’invasion des productions américaines. Il s’agit là d’un mythe ! Cette politique ne s’applique concrètement qu’au cinéma et ne sert qu’à subventionner les films psychologisants qui mettent généralement en scène les déboires amoureux de la bourgeoisie parisienne. Pour le reste, la politique des quotas ne s’applique, ni à la musique, ni aux séries, ni aux émissions de télévision, ni aux nouvelles chaines de la TNT, les seules que les jeunes regardent. L’imprégnation de la société française par la culture américaine est absolue et nos défenses immunitaires totalement abaissées.
Les animateurs de canal + donnent l’impression de croire être gouvernés par Obama. Nos économistes s’évertuent à nous proposer l’économie américaine en modèle de dynamisme et de compétitivité. Les classes moyennes rêvent de vivre dans un quartier résidentiel à la desperate housewifes, et de faire construire leur maison dans des lotissements à l’écart des villes. Comment s’étonner alors que les jeunes des cités aient eux aussi l’impression de vivre dans un ghetto américain, qu’ils imitent les gangs éthniques qu’ils voient à l’œuvre à la télé, rejouent la partition des descendants d’esclaves privés de droits dans une société ségrégationniste. Diam’s l’avait clairement énoncé dans son dégueuli d’injures en forme de profession de foi antinationale « Ma France à moi vit à l’heure américaine… »
La première des mesures de sauvegarde pour se prémunir contre de telles influences extérieures aussi néfastes serait d’appliquer des quotas très stricts pour tout ce qui constituent les nourritures culturelles de la jeunesse. Ce qui vient hors d’Europe ne devrait jamais dépasser 25% de tout ce qui est diffusé pour chaque type de média, sans exception.
Cette mesure ne suffira pas. Le quart restant pouvant encore être très consommés et tout à fait dévastateur. Il conviendrait aussi d’instaurer une censure stricte à l’égard de ce qui pourrait apparaître comme une apologie de l’incivisme, de la violence gratuite, de la haine sans objet ou de l’adoration du veau d’or. Les médias sont aujourd’hui les seuls vecteurs de la fabrication de l’imaginaire et de la représentation du monde de la jeunesse. Il faut donc considérer que tout ce qu’on accepte de voir diffusé et ingurgité par nos jeunes puissent constituer pour eux un modèle. Si nous voulons donner une éducation responsable à la jeunesse, nous n’avons pas le choix. Nous devons interdire purement et simplement toute expression d’un modèle de société que nous ne voudrions pas introduire chez nous.
On ne peut pas laisser l’homme aller selon sa ligne de plus grande pente, laisser la société dériver en suivant ses pulsions les plus basses, comme a laissé l’économie aux mains du marché, et s’étonner ensuite de voir la civilisation se déliter. Sans éducation, sans transcendance, sans sens du sacré, sans souci de son élévation, l’Homme redevient ce qu’il a toujours été : un barbare avide de pouvoir et de plaisirs faciles.
***
Ces trois propositions, de nature préventives et éducatives, ne suffiront certainement pas à éradiquer l’homo spontanéus et les menaces qu’il fait courir à la civilisation. C’est pourquoi il sera également nécessaire de revoir profondément les principes et le fonctionnement du système de répression et de sanction.
(à suivre)
Malakine
@"et hyperféminisée, où le statut de victime est préféré à celui du héros"
La ou ca prend un tour plus vicieux c'est quand la victimisation frabrique des heros ,l'histoire du braqueur Grenoblois est a ce sujet exemplaire.
@"A ses cotés, il n’y a rien non plus, ni famille, ni figure respectée auprès de qui demander conseil et soutien. Seule la bande, la communauté ou la liste des contacts dans ses réseaux sociaux, tient lieu de société permettant de donner un statut, une reconnaissance et un sentiment de protection à l’individu."
Cette socialisation egotique est malsaine ,la crise civilisationnelle prend sa source ici je suis d'accord.
Le narcissisme detruit tout elan vers l'autre (le vrai ,celui qui ne nous ressemble pas)tout projet communautaire de transformation civile ou personnel,un apero geant c'est sympa mais apres ?...mais qui sait peut etre que la prochaine Revolution se lancera sur facebook ?
Je vois pas toujours le lien entre narcissisme et barbarie mais la resocialisation est un enjeu qui ne viendra que de l'exterieur ,un evenement , un choc qui leur rappelera qu'ils vivent entouré d'autres gens.
@"Ce qu’il faut, c’est instaurer un système à plusieurs niveaux. Au moins 5 pour avoir un véritable effet différenciateur [...]
Ainsi, chaque année, les adolescents vivront dans la crainte de descendre de niveau ou dans l’espoir d’améliorer leur statut. Ils seront ainsi seront fortement incités non seulement à s’intéresser"
On a lu Dante recemment ?le parcours des 9 cercles qui mene aux enferts , puis la remontée via le purgatoire la aussi par etapes (les 7 cercles) ...l'idée est tres seduisante , reinstaurer l'idée de progressivité chez des momes qui ne connaissent souvent qu'une hierarchie primaire (la loi du plus fort) pourrait effectivement etre une voie vers leur resocialisation
Rédigé par : Damien | 30 juillet 2010 à 11:36
A propos du service civil, c'est bien, un mouvement jeune (ou plusieurs d'ailleurs) aussi, mais le service militaire alors ?
Je pense que c'était une erreur de le supprimer. Avoir une armée qui reposait entièrement sur la conscription n'était pas une bonne idée, mais de là à abandonner toute préparation à la défense (toute préparation de plus d'une journée en tout cas) est une erreur gravissime.
En effet, l'armée de métier c'est bien, mais les conflits ayant eu lieu depuis la seconde guerre mondiale montrent que les guerres modernes ne se perdent pas lorsque l'armée a connu la défaite, mais lorsque toute résistance intérieure a cessé. Apprendre pendant deux mois aux jeunes à porter les armes, et leur donner des bases d'entraînement militaire serait un excellent moyen de dissuasion. L'arme atomique, peut devenir obsolète de manière relativement aisée, il suffit juste qu'il y ait la bonne innovation technologique, la volonté de liberté et d'autodéfense d'un peuple beaucoup moins.
Donc, un service national civique et militaire semble être la bonne solution, avec par exemple trois mois de préparation militaire, trois mois de formation civile, et six mois de service actif pouvant se dérouler en caserne, dans les commissariats, les prisons, dans l'encadrement des jeunes, des associations humanitaires habilitées, etc.
Rédigé par : vincent15 | 30 juillet 2010 à 13:09
Pour un autre éclairage ... et histoire de prendre de la hauteur, voici des propos de JL Lamotte :
"Il est certain que c’est une grande difficulté, pour l’éducateur, que d’avoir à faire respecter les règles, tout en laissant à l’enfant un espace suffisant pour l’apprentissage de sa liberté. Tâche très ardue, en vérité, mais qui s’en soucie dans notre système éducatif ? Personne. Il n’existe pas, dans notre société républicaine qui brame à tout vent « Liberté ! Liberté ! », d’école de la liberté. Il serait peut-être grand temps de saisir le problème à bras-le-corps, d’autant que nous vivons dans une société où le laxisme est sensible à tous les niveaux. On ne peut, en conséquence séparer le problème de l’autorité au niveau de l’école du problème de l’autorité au niveau de la famille (je laisse de côté, ici le du problème de l’autorité au niveau du gouvernement : nous l’examinerons la prochaine fois)".
Texte complet de M. JL Lamotte : http://www.theorie-mediation.net/propos/naufrage-autorite/
Rédigé par : Alain | 30 juillet 2010 à 14:07
Toujours de JL Lamotte:
"Dans notre société, la crise de l’autorité va de pair avec la destruction de la famille. Voyez les antagonismes de l’homme et de la femme, les divorces, le concubinage, des familles monoparentales, etc. Mais le gosse ne peut accéder à la liberté que dans un cadre qui le contraint (le meilleur éducateur est celui qui contraint le petit à s’opposer à lui-même). Or, actuellement, le cadre ne contraint plus. Combien de familles sont permissives ? Autrefois, à tort ou à raison, peu importe, on recevait une calotte dès qu’on disait « J’ai envie de… » (Maintenant c’est bien terminé !). C’est dire qu’il y avait un cadre ; aujourd’hui, ce cadre n’existe plus. Or, vous rendez bien compte que cette destruction de la famille, a des conséquences épouvantables : il n’y a plus de distinction des rôles. Autrement dit, s’il n’y a plus cette organisation sociale que suppose, par exemple le principe (sociologique) de l’inceste, il n’y a plus que des mâles et des femelles ! On met les pédophiles en taule, mais ce qu’il faudrait mettre en taule, c’est une société qui rend possible l’existence de la pédophilie. Il n’y a plus de frontières, il n’y a plus de limites, il n’y a plus de règles du jeu. Voilà où nous en sommes. Il ne s’agit pas de dire : « Dans le temps, c’était mieux ! » Pensez donc ! Mais il y avait des règles. N’importe quelles règles, d’une certaine manière, valent mieux que l’absence totale de règles.
En réalité, ce qui est grave, ce n’est pas la « délinquance des jeunes », c’est la délinquance parentale. Si ce qui a craqué ce sont les règles, si ce qui a craqué, c’est non seulement le social, c’est-à-dire les lois qui président à l’organisation du groupe, mais encore les règles de la morale, tout s’effondre, et si tout s’effondre, c’est parce que les adultes ont tout raté, quelles que soient leurs motivations. Souvent ils ne veulent pas faire souffrir leurs petits, ils ne veulent pas les empêcher d’être « heureux » comme les autres. Sans me joindre au chœur des laudatores temporis acti, autrement dit des « réacs », je peux vous assurer que lorsque j’étais enfant, nous étions tous sur le même pied : personne ne pouvait dire si ses parents avaient de l’argent ou pas, si bien qu’entre les gamins, il n’y avait pas de jalousie. Nous ne savions même pas ce qu’était la galette : nous nous en moquions complètement. Autrement dit on ne se comparaît pas les uns aux autres de cette manière là. Et puis nous n’avions aucune exigence : nous attendions les échéances. A Noël, quand on voit actuellement les gens, croyants ou pas croyants, qui se ruinent en cadeaux pour leurs enfants ! Or la gâterie des enfants, voilà qui a tout détruit. Et de qui est-ce venu ? Des adultes qui avaient, par enfants interposés, honte de voir que leur enfant n’était pas au « niveau socio-économique » de l’enfant de l’autre. A ce moment-là, c’est bien l’adulte fragilisé qui fait l’adolescent délinquant. Je ne veux pas dire du tout qu’il n’y a pas de « canailles » dans la jeunesse. Mais si véritablement notre âge a la responsabilité de fabriquer cette jeunesse, eh bien, nous avons non seulement l’école que nous méritons, mais encore la jeunesse que nous méritons (nous nous la sommes fabriquée), si bien que, le plus souvent, ce ne sont pas « les jeunes » qui sont vicieux, c’est nous qui ne sommes bons à rien. Nous avons été, non pas trop tolérants, mais nous avons voulu être aimés de nos enfants. Mais soyez certains qu’ils ne nous aiment pas davantage ! Ils nous aimeraient peut-être, même mieux, si nous les avions rendus capables de se dominer eux-mêmes."
http://www.theorie-mediation.net/propos/naufrage-autorite/
Rédigé par : Alain | 30 juillet 2010 à 14:17
> Damien
Facebook est effectivement un outil très puissant de structuration de réseaux. Il y a déjà tout pour organiser ce qu'on veut. Si tu as un compte, fais moi signe ...
> Vincent
Pourquoi pas en effet donner une dimension militaire à ce service civique, mais ce qui me semblait plus important c'est de déplacer l'âge de cette conscription pour la ramener vers 16ans. D'ailleurs, je signale que dans les Komsomol, on apprenndais aux jeunes, même aux filles, à démonter des Kalachnikov les yeux fermés ! :-) Par contre, ce genre d'exercice, faudrait peut-être mieux éviter dans le contexte actuel.
> Alain
Texte intéressant, mais l'apprentissage de la liberté intérieure me semble relever du travail spirituel plus que de l'éducation ou de la morale.
Néanmoins, d'une manière ou d'une autre, il serait bon de réapprendre aux gens le fonctionnement de leur psychisme, de leur désirs, de leurs émotions, des liens entre leurs émotions et leurs pensées, et la manière de pouvoir réguler tout ça...
Je ne sais pas vraiment comment. Apprendre le Yoga à l'école dès le primaire ?
Rédigé par : Malakine | 30 juillet 2010 à 14:56
Une remarque complémentaire sur les deux faces de l'idéologie bling bling:
La fascination pour la culture libérale-putassière est évidente et répond à un vide laissé par la ringardisation des valeurs républicaines par les élites. Difficile pour un ado de banlieue d'adhérer à un discours solidaire et axé sur l'intérêt général quand ceux qui déclarent le porter, les politiques, pérorent à longueur de temps sur la france en retard, pas assez armée dans la mondialisation néolibérale, sous compétitive, etc...
Ce hiatus des dirigeants qui en rabattent sur les "valeurs" perdues en même temps qu'ils développent un discours utilitariste sur fonds d'auto flagellation, est à mon avis inconsciemment perçu par les jeunes, qui en perçoivent l'hypocrisie voire l'incompatibilité.
Pour le reste, je crois que le volet "censure" serait difficilement applicable. Aussi je serais plutôt d'avis de mettre en valeur les vraies "contre cultures" anglo-saxonnes (littérature, cinéma) plutôt que de censurer l'idéologie dominante dérivée du fric facile. Autrement dit, utiliser le formidable potentiel de séduction de la culture US, mais sur son versant critique! Sur des critères qualitatifs donc?
Rédigé par : Foreverchanges | 30 juillet 2010 à 16:56
La question de l'éducation me semble quasiment sans solution si on n'oblige pas les parents (ou au moins la mère) de disposer d'un "permis de procréer", diplôme indispensable pour y avoir droit, sanctionnant une période d'étude "parentale" dirigée par des psychologues comportementalistes.
En effet, et je ne m'étendrais pas plus, c'est dans les toutes premières années que sont prises les - bonnes et mauvaises - habitudes (je sais que certains arriveront par la suite à corriger certains travers d'égoïsme, d'incivilité, d'agressivité, etc... je parle de la majorité). Le problème c'est que les mères sont "baba" devant leur progéniture et prêtes à leur passer, soit disant pour leur montrer leur amour, les pires excès.
Nous comprenons qu'une "bonne éducation" impose de "notifier les limites" très tôt aux enfants, à une période où peu de mères acceptent de jouer ce rôle.
Rédigé par : A-J Holbecq | 30 juillet 2010 à 18:07
A-J Holbecq
Permis de procréer, sorte de contrôle technique à renouveler tous les 2 ans ?
Je m'inquiète de vos propositions...d'ailleurs je ne suis pas sûr que les comportementalistes seraient d'accord pour jouer les flics de service, sans compter la psychiatres qui en majorité seraient assez réticents également.
Malakine,
Quel yoga, car il n'y pas un yoga mais des multitudes, comme pour le christianisme ou l'islam. Surtout que pour le yoga, il y a pas mal de sectes qui pullulent gaiement :(
Rédigé par : olaf | 30 juillet 2010 à 20:45
> AJH
Je ne sais pas si c'est sans solution. Il y a peut-être des mesures à prendre, mais j'avoue mon incompétence. Pour ce qui est de l'éducation dans les familles ce sera en effet difficile, mais à la petite école, je pense qu'il y a des idées à trouver ...
> Olaf
Oui, je sais. Je pensais tout simplement à l'enseignement que j'ai reçu moi même dans ma "sectre". L'avantage de ce type d'enseignement est qu'il n'est pas à proprement parler "religieux" donc universel. En occidentalisant quelque peyu le langage, ça pourrait peut-être passer...
Rédigé par : Malakine | 31 juillet 2010 à 07:50
Olaf
Il faut même un permis pour la pêche ou la chasse ou pour couper les cheveux, activités qui font pourtant beaucoup moins de dégâts dans la société qu'une mauvaise éducation due la plus part du temps à l'ignorance de règles comportementalistes simples ou simplement oubliées.
Combien de femmes savent que l'acquisition de nombre de réflexes conditionnés ont lieu dans la toute petite enfance (et ce n'est qu'un exemple)?
N'êtes vous pas stupéfait quand vous voyez des bambins qui ont compris qu'en hurlant et en se roulant par terre leur maman leur donnera tout ce qu'ils veulent pour avoir la paix..
Je pense, pour en avoir discuté avec de nombreux professionnels, que la capacité d'intégration ("civilité") se crée à 2 moments clefs: la toute petite enfance et la puberté.
Rédigé par : A-J Holbecq | 31 juillet 2010 à 09:01
Bonjour,
Je ne discuterais pas du bien-fondé des ces propositions qui me paraissent aller dans le bon sens élémentaire. Rappeler que l’apprentissage du savoir est difficile, que cela demande donc une discipline qui doit être récompensée et graduée à la hauteur des efforts, sans pour autant stigmatiser ceux qui ne peuvent les fournir, rappeler que l’école est aussi la première confrontation en dehors du cercle familial, forcement tolérant, entre non seulement les autres enfants mais aussi entre le monde adulte qui a des règles à inculquer et à faire respecter me paraît l’évidence. Je crois simplement que tu oublies une mesure essentielle, bouter hors des murs de l’école les parents défenseurs acharnés de leur progéniture et discuteurs de théories fumeuses glanées dans les innombrables ouvrages et magazines psychologiques « Comment bien éduquer et être à l’écoute de ses chers bambins pour favoriser au mieux leur épanouissement personnel » Je trouve totalement anormal le harcèlement dont sont victimes les enseignants qui essayent au mieux de faire leur métier et je propose la création d’un guichet des pleurs à la porte des écoles et collèges, surtout pas dans l’enceinte des établissements, occupé de préférence par un brave fonctionnaire près de la retraite qui rassurera les parents affolés par quelques aphorismes de son crû. Un concierge philosophe, adepte de Bacchus et ancien militaire par exemple fera très bien l’affaire.
Tout à fait d’accord aussi avec l’idée d’un service civique jeune. J’ai eu la chance, parce c’est comme cela qu’il faut dire maintenant malheureusement, d’être scout et j’ai gardé un excellent souvenir de ce contexte, mélange de discipline para-militaire avec uniforme et envoi des couleurs tous les matins au garde à vous, de défis physiques raisonnables, de vie dans la nature en groupes responsables et autonomes même très jeunes, tout cela baignant dans une vision morale un peu élevée mais compréhensible par tous . Juste pour nuancer, j’étais un jeune garçon abreuvé comme tous les autres d’histoires d’indiens et de cow-boys fiers et courageux, je ne sais pas pour les filles ce qu’elles en pensaient …
Quant à la censure culturelle, là, je crois que tu te fais des illusions, Internet est là et sa position me paraît inexpugnable…
Rédigé par : baloo31 | 31 juillet 2010 à 14:03
A-J Holbecq |
Ca me parait surréaliste ce permis de procréer, à ce compte on devrait l'appliquer aux hommes aussi, parce que pour faire un gamin il faut aussi du sperme.
Donc dans ce cas, il faudrait un permis de baiser.
Et quid de ceux qui auront transgressé la loi ?
On pourrait aussi créer un permis de voter...
Avec vos propositions, je crois bien qu'on va être meilleurs que les chinois du meilleur des mondes.
Rédigé par : olaf | 01 août 2010 à 06:19
> AJ Holbecq
Je n'ai rien contre cette idée de permis de procréer, surtout s'il ne s'agit que d'une simple formation sur les principes éducatifs à observer dans la petite enfance sanctionnée par un certificat. J'ai juste une réserve liée à ma culture juridique. Quelle serait la sanction du non respect de cette obligation ? Pas évident. Si c'est une simple amende, ça ne sera pas appliqué. Si c'est un retrait des droits parentaux, ça ira bien loin.
Dans ces conditions, peut-être que le premier pas, serait d'organiser ce type de formation au plan local...
> Baloo
NOn "je n'oublie pas" :-) Je ne cherche pas à ^zetre exhaustif, mais à montrer qu'on peut avoir une autre approche des questions de sécurité et à tracer quelques pistes. Cela peut aussi être un exercice de travail doctrinal collaboratif et rien ne dit que je ferais pas un jour une publication "mise à jour" de ces textes (si vous m'encouragez à continuer) avec les propositions que j'aurais recueilli en réaction ici ou ailleurs.
En attendant, je souscrit à la tienne sur les parents d'élèves qui me semble aller dans le même sens. Je suis sûr qu'il y en a beaucoup d'autres à proposer ...
Quant à internet, j'accepte l'argument mais je suis bien placé pour savoir que les contenus "originaux" que l'on trouve sur internet ont une audience dérisoire à comparer avec ce qu'on trouve sur les grands médias, y compris les chaines confidentielle de la TNT. Je dis simplement, commençons par le commencement et essayons de faire ce qu'on peut.
Rédigé par : Malakine | 01 août 2010 à 12:48
C'est un peu ambigüe et maladroit cette appellation de permis de procréer.
Si il s'agit d'une formation, comme l'éducation civique, pourquoi pas.
Si il s'agit de faire expertiser tout un chacun par un psy comportementaliste, ou de toute autre obédience, là ça me gêne beaucoup plus, encore pire que la proposition de Sarko sur un prétendu diagnostic des déterminismes dès l'enfance.
Rédigé par : olaf | 01 août 2010 à 12:55
Dans cette discussion, on sent bien la controverse de Onfray face à la psychanalyse.
Les comportementalistes derrière, voulant reprendre du flambeau. Je n'ai rien contre eux, mis à part leur réductionnisme comportemental.
Mais je pense qu'Onfray est un gros balourd, plein de bonnes intentions, mais qu'il n'a pas compris grand chose de la pratique psychiatrique.
Rédigé par : olaf | 01 août 2010 à 14:58
@Olaf
Je pense que dès le départ vous avez mal compris ma "suggestion" , simplement une idée pour tenter de trouver un moyen d'imposer à chaque femme voulant procréer l'obligation d'une formation concernant l'éducation pour leur éviter de trop lourdes erreurs. Après, bien sur, la logique impose que cette formation (réussie) soit attestée par ce "permis" (comme celui de pêcher, de chasser, de conduire, de ....)
Malakine pose une question à laquelle je suis bien incapable de répondre "Quelle serait la sanction du non respect de cette obligation ?": c'est une bonne question mais qui a mon sens ne se poserait que lorsque l'idée même de cette formation obligatoire serait acceptable: la réaction d'Olaf (de même que celle qu'une jeune femme m'avait un jour envoyée dans les dents "mais Monsieur, je suis libre de faire ce que je veux de mon ventre") me montre que nous sommes encore très loin d'un consensus sur cette question.
A une certaine époque je m'étais intéressé à une "légende urbaine". Les rédacteurs de celle ci parlaient d'une civilisation extra terrestre qui s'étant aperçue que les mères transmettaient systématiquement à leur enfant leurs propres "travers" et déviances, avaient décidé d'expérimenter sur une partie de la population un projet éducatif en "isolant" (avec l'accord des parents) et éduquant les enfants du jour de la naissance jusqu'à l'après puberté en dehors du contexte familial, en laissant ce soin à des éducateurs(trices)sans que les enfants n'aient plus aucun contact avec leurs parents biologiques avant l'âge adulte. C'était, d'après les rédacteurs de cette légende, le seul moyen qu'ils avaient trouvé.
je précise que ce n'est pas ce que je prône; c'était juste anecdotique)
Rédigé par : A-J Holbecq | 01 août 2010 à 17:30
@Olaf
" à ce titre il faudrait aussi un permis de voter"
OUI... cent fois OUI...: que voilà une excellente idée ;)
Rédigé par : A-J Holbecq | 01 août 2010 à 17:32
Que les enfants puissent voir ailleurs que leur famille me parait une bonne possibilité.
F Dolto ne disait pas autre chose, les familles africaines pratiquent ça, sortir de l'endogamie familiale.
Sauf, qu'en France les budgets permettant ça sont réduits de plus en plus. De moins en moins d'éducateurs sociaux, d'animateurs etc...
Sous prétexte de contraintes budgétaires, tout est passé à la trappe, y compris les prisons dans un état lamentable.
Sauf le jet de ce crétin de Sarko, qu'il faudra un jour foutre à la porte.
Rédigé par : olaf | 01 août 2010 à 19:00
Parfait, excellent programme. Mais je vois mal comment une "démocratie" molle comme la nôtre, dirigée par des élites démissionnaires, pourrait parvenir à le mettre en oeuvre. Je ne vous parle même pas des brames des droits-de-l'hommistes et utres braiements des gardiens de l'orthodoxie bien-pensante que sont nos chers (soit-disant) socialistes, qui ne manquerait pas de discerner les relents néo-maréchalistes forcément nauséabonds de vos propositions.
Seul un exécutif fort et déterminé pourrait commencer de mettre en oeuvre ce programme. Vous vez dit Marine Le Pen ?
Rédigé par : abraxas | 02 août 2010 à 10:10
Je ne partage pas vraiment vos idées, enfin pas toutes, mais trouve qu'elles méritent considération.
Suis grosso modo d'accord sur le diagnostic décivilisation/homo spontaneus ; trouve constructif de faire des propositions ; trouve l'idée d'un SNC/scoutisme massif/komsomol très intéressante.
Mais les deux autres propositions que vous qualifiez d'"éducatives et préventives" me semblent surtout répressives et schématiques.
Passons rapidement sur votre dernier point : des quotas de production et diffusion, oui, une censure non.
Mais surtout l'enseignement : que le collège unique ait montré ses limites est certes patent (enfin, on pourrait dire "le collège unique tel qu'il a été mis en oeuvre", mais ne nous dispersons pas) mais attention, ne croyez pas que les classes de niveau, ou les établissements de niveau, n'existent pas (par le jeu des options comme le latin ou des classes à projet par exemple) certes pas avec la mis en évidence claire et forte que vous envisagez mais parfois de façon déjà perçue par les mômes.
Or, qu'observe-t-on ? Que si cela permet certes aux meilleurs de travailler mieux (enfin, moins mal) quand cela existe, cela renforce chez les faibles le sentiment qu'ils sont les perdants du système : et donc les attitudes de dépit, puis de défi, puis de sabotage.
A l'inverse j'ai observé dans d'excellentes classes de bons lycées que certains des gagnants du système -qui l'ont donc fréquenté plusieurs années- sont des mercenaires cyniques (ils travaillent de manière utilitariste, sont parfois hypocrites, prêts à tricher ou à jouer sur les mots, persuadés qu'ils ont vaincu le système).
De plus, même sans le jeu des comportements (auto)destructeurs des mauvais élèves, dans votre système à cinq niveaux, le cinquième et dernier serait une trappe, car in concreto le nombre de places disponibles dans chaque transformerait le système en un marché aux élèves (impossible de passer du 5° au 4° si un autre passage ne se fait pas en sens inverse, pensez à l'attitude des profs et autres gestionnaires des classes).
En fait, mon expérience me souffle que le problème ne gît pas tant au collège qu'à l'école primaire. En effet, la séparation de fait entre élèves corrects et coopérant au système, et élèves largués et saboteurs, est parfois déjà faite à l'entrée en 6°. La compétence en lecture et la capacité de concentration (qui vont ensemble) sont le discriminant majeur.
Si l'on veut imaginer des dispositifs lourds, c'est à l'école primaire qu'il faut le faire. Pouvoir travailler en CP avec des groupes de 5 élèves qui n'acquièrent pas la lecture, faire peut-être un super RASED au lieu de supprimer le petit qui existait, voila qui changerait la vie du système scolaire et celle des élèves.
Rédigé par : Nofre | 02 août 2010 à 10:58
> Olaf et André-Jacques
L'idée mérite d'être conservée mais sans sans la dimension "autorisation administrative" liée au permis. C'est moralement très douteux et impossible à appliquer. Ce sera à intégrer au programme commun des formations souverainistes pour les élections territoriales de 2014 ;-)
> Abraxas
Je ne suis pas sûr du tout ou alors on considère qu'on ne peut plus rien faire. Que dire alors de la sortie de l'Euro, de l'UE, de la monétisation des dettes et autres volets du programme économique alternatif ?
J'ai au contraire que ces idées sont dans l'air et qu'elles ne tarderont pas à arriver dans le débat. Le service civique jeune était dans le rapport Attali. J'ai entendu récemment Luc Ferry développer l'idée de peine assises sur la dangerosité pour les pervers sexuels. De toute manière, on va vite se rendre compte des limites de la politique sécuritaire et normalement, on devrait commencer à réfléchir à d'autres approches.
Et pourquoi pas la censure ? Je suis désolé mais c'est L'Etat qui attribue des fréquences aux chaines de télé. D'une certaine manière, les chaines sont des occupant du domaine public. Je serais même favorable à ce que le cahier des charge leur impose des sujétions de service public avec un cahier des charges stricts définissant "un niveau minimal de qualité et un niveau maximal d'indignité".
Je me souviens avoir déjà écrit la dessus. Je retrouve ça, bougez pas ... Et voilà : http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/01/service-public.html#more
Sur le collège, ces propopositions là viennent de mon expérience de père d'une gamine qui a aujourd'hui 16 ans. Elle a pris toutes les bonnes options qui vallait pendant les 4 ans, allemand LV1, anglais européen, latin ... et ça ne l'a pas empêché de ne rien foutre du tout et j'ajouterais bien de ne rien apprendre ! Quand au comportements, certaines histoires qu'elles me racontait l'an passé m'ont fait vraiment plaindre ces profs !! Je me suis dit qu'il fallait vraiment les aider à retrouver une autorité sur les classes !
Vous pensez que le primaire aussi doit faire l'objet d'une différenciation ? Probablement, mais alors peut-être sans l'aspect disciplinaire des classes de bas niveau. Ce serait alors davantage du soutien.
Rédigé par : Malakine | 02 août 2010 à 14:44
Merci Nofre, je respire mieux !!!
Toutes les idees exposees sont interressantes mais je vois de nombreux obstacles a leur application. Pour ce qui est de l'ecole a plusieurs niveaux Nofre a expose mon point de vue d'une bien meilleure maniere que j'aurais pu le faire donc je ne reviens pas dessus. Pour ce qui est du service civique, quand j'ai lu cet article ma premiere reaction (avant de me calmer et d'y reflechir) a ete de crier a l'endoctrinement des masses dans le but d'uniformiser les esprits, et en y reflechissant (dans les limites de mes capacites)j'ai toujours envie de crier, et je ne pense pas que l'opinion publique pensera differemment, et je dis ca meme si j'y enverais mon fils avec plaisir.
Quant a brider les influences culturelles etrangeres, ca ne nous aidera pas a avoir une culture forte et rayonnante mondialement!!
Rédigé par : Asaclis | 02 août 2010 à 15:14
Excusez le manque d'accents et l'absence de cedille je n'ai pas de clavier francais sous la main
Rédigé par : Asaclis | 02 août 2010 à 15:16
Je propose de faire passer l'examen suivant aux candidates et aux candidats à la procréation :
http://kiosque.fr.cr/
Rédigé par : olaf | 02 août 2010 à 19:49
Bonsoir,
lecteur occasionnel de votre blog à propos des questions économiques, je partage globalement vos points de vue sur ce plan, en particulier parce que vous vous situez explicitement sous le triple « patronage » de F.Lordon, E. Todd et J. Sapir, singulier triumvirat qui a une certaine allure, il faut bien le reconnaître.
En revanche, je suis assez stupéfait de vos prises de positions sur les questions « sociétales », même si votre parcours idéologique de républicain chevènementiste est clairement annoncé: « Horizons a très vite pris un tour idéologique, qui l’a progressivement transformé en point de rencontre de la droite souverainiste, de la gauche républicaine ». J'avais beau être prévenu, je ne m'attendais pas à cela.
Autant le dire tout de suite, votre papier est clairement celui d'une pensée réactionnaire. L'usage de ce terme n'est nullement destiné à discréditer votre discours, à la manière du gauchisme des années 1970, mais à en qualifier la teneur et la généalogie du point de vue de l'histoire des idées. Ma critique ne se situe donc pas sur le plan moral, mais exclusivement sur celui de son efficacité concrète sur le plan politique et idéologique, si tant est que vous souscrivez, comme moi, à la difficile et ambigüe entreprise d'édification d'un « monde meilleur », ou plus exactement moins pire que celui que nous connaissons...
A) Le diagnostic juste: l'individu désocialisé hyper-narcissisé.
Impossible de ne pas penser à E. Dukheim en vous lisant: l'« homo spontaneus » que vous décrivez est l'archétype du sujet anomique décrit il y a un siècle par Durkheim...
Le procès du libéralisme-libertaire issu du curieux mariage entre le fonds individualiste issu des Lumières et de l'utilitarisme anglo-saxon avec la pensée contestataire des années 68 a été fait mille fois: on le retrouve chez des auteurs aussi divers par leur parcours et leur spécialité que Boltanski, Michéa, Stiegler, Lasch, Robert-Dufour, Accardo, Châtelet, Miranda, Lipovestky...et j'en passe.
Il est devenu évident qu'il existe une connivence objective et restée longtemps largement impensée entre le sarkozysme « bling-bling » et le consumérisme culturel « bobo », qui apparente rétrospectivement le slogan « Vivons sans entrave » de mai 68 et le « Tout devient possible » du sarkozysme triomphant.
Ces analyses judicieuses n'ont pu que favoriser confusément par contrecoup le rapprochement entre les partisans d'une société « déçente » au sens de G. Orwell, qu'on trouve aussi bien dans la tradition de la droite catholique conservatrice, que dans la tradition radicale-républicaine des clercs à la Chevènement, et qu'enfin dans le courant anarcho-socialiste des origines: ces approches sont nouvellement convergentes, car elles reposent clairement la question générale de « l'émancipation humaine » et du lien social sous un jour nouveau, à savoir comment vivre une existence authentique et « faire société » aujourd'hui.
Cependant, ces discours potentiellement souffrent tous d'un même penchant, à des degrés très divers: celui de sombrer dans une réthorique de la déploration réactionnaire.
Malheureusement votre présentation semble particulièrement souffrir de ce dernier symptôme, ridicule car essentiellement inopérant : « décivilisation », « nouvelle barbarie », « jungle des egos », déploration à caractère autant machiste qu'archaïque de la « féminisation » et de la « molesse » de la société...tout y passe.
Ainsi: « Mais l’homo spontaneus évolue au contraire dans une société molle, aseptisée, maternante et hyperféminisée, où le statut de victime est préféré à celui du héros, où l’on préfère plaindre qu’admirer, où les droits multiples et variés ont remplacé les plus élémentaires des devoirs, ou l’empathie le consensus et le désir de paix, ont remplacé la décision, la prise de responsabilité et le goût de l’ordre. »...on dirait du Zemmour dans le texte!
De même, à propos de la « nouvelle barbarie », vous semblez tomber dans le même écueil que B. Stiegler, à savoir l'intrumentalisation théorique de faits divers, qui prend appui excessivement sur des cas isolés comme la tuerie de Nanterre ou l'affaire Ilan Halimi: certes ces cas isolés sont des symptômes manifestes de « défaut de socialisation », voire d'absence de « surmoi » chez certains individus, mais entre la dénonciation émotionnelle et obsessionnelle de la « racaille » par la droite populiste et l'angélisme béat de la promotion fantasmée de la « diversité culturelle » et de tout ce qui vient de la « jeunesse » en général de la part d'une gauche PS embourgeoisée, qui se garde bien d'ailleurs de s'y frotter, il y a de la place pour une voie médiane...
Il ne s'agit pas de minimiser une nouvelle forme spécifique de violence, particulièrement effrayante car en apparence sans motif , que vous décrivez en parlant de « pétages de plombs qui finissent en marre de sang », mais il s'agit plutôt de s'interroger sur son émergence.
Ainsi, l'insulte suprême dans les prisons et les milieux délinquants en France est le terme de « victime », et les justifications des violences parfois les plus terribles sont généralement liées à des attitudes anodines (regard, refus d'offrir une cigarette) perçues comme des manquements imputés « respect » et comme des atteintes à l' « honneur »: on voit bien qu'on ne peut se contenter de décrire cette « nouvelle barbarie » comme le seul fait de brutes désocialisées, même si c'est en partie le cas.
Il faudrait peut-être d'abord s'interroger sur les motifs historiques et sociaux sous-jacents qui conduisent des sujets peu éduqués, souvent issus des anciennes colonies françaises, et globalement en situation chronique de relégation sur tous les plans (territorial, économique, social, culturel et linguistique), à considérer notre société comme étant structurée par l'unique alternative entre le statut de « victime » et celui de « bourreau », qui ne laisse pas grand choix sur le plan de l'estime de soi: « Dans ce monde, il faut baiser ou être baisé », confiait récemment une lectrice de Libération...(Miranda in « Ego trip »)
B) Votre réponse réactionnaire: cloisonnement social de l'école, embrigadement de la jeunesse et isolationnisme culturel:
1) La question scolaire:
Comme la plupart des intellectuels qui s'emparent de la question du changement social, à gauche comme à droite, vous mettez l'accent sur le moment éducatif, ce qui relève du bon sens: après tout, les êtres humains ne deviennent que ce à quoi ils ont été formés...Il s'agit bien entendu de contrer les tendances « anomiques » des instances nouvelles et décentralisées de socialisation (télévision, Intenet, jeux video, réseaux...), en renforçant l'emprise de l'école républicaine. Cependant, votre proposition entre en contradiction avec le diagnostic que vous élaborez: après avoir démontré l'affaiblissement de l « 'autorité » de l'école et des adultes en général, ce qui est devenu un lieu commun depuis 20 ans, vous prétendez restaurer celle-ci par le « deus ex machina » des classes de niveau et de l'encadrement militaire de la « racaille » à la S. Royal. Echec garanti.
Voilà pourquoi:
D'abord, le diagnostic:
« Adolescent, il commence à échapper à ses parents et à ses maîtres. Il vit dans sa tribu, avec codes et des valeurs qu’il détermine lui-même. Il ne travaille que s’il a envie. Il ne fait les choses que s’il y voit un intérêt personnel immédiat. Il est réfractaire à toute idée d’effort ou de discipline. Il peut tomber assez aléatoirement et très rapidement dans l’échec scolaire, la délinquance ou bien pire encore. »
Ensuite, la solution:
« Ce qu’il faut, c’est instaurer un système à plusieurs niveaux. Au moins 5 pour avoir un véritable effet différenciateur. Dans les meilleures classes, l’enseignement serait non seulement de meilleur niveau, mais beaucoup plus agréable et détendu. A l’inverse, au niveau le plus faible, on se contentera d’inculquer les connaissances de base. L’accent sera mis sur la discipline, le comportement, les règles du savoir-être, quitte à recourir à une scénarisation extrême de l’autorité, comme l’avais envisagé Ségolène Royal avec sa proposition d’encadrement militaire ! Ainsi, chaque année, les adolescents vivront dans la crainte de descendre de niveau ou dans l’espoir d’améliorer leur statut. Ils seront ainsi seront fortement incités non seulement à s’intéresser sérieusement à leurs études mais à adopter le comportement le plus civilisé possible. »
Il faut être sérieusement naïf ou n'avoir aucune pratique d'encadrement des adolescents pour ne pas voir que votre solution porte en elle les mêmes éceuils que le systême actuel. Je m'explique: après avoir montré que la concurrence des instances de socialisation extra-scolaires (groupes de pairs, réseaux, media ciblant les « jeunes » etc...) dévalue intrinsèquement les modes traditionnels de socialisation scolaire par la valorisation de l'effort et de la réussite, vous prétendez utiliser ces mêmes moteurs psychologiques aujourd'hui défaillants, en écrivant que « les adolescents vivront dans la crainte de descendre de niveau ou dans l’espoir d’améliorer leur statut. »
Mais c'est tout le contraire qui risque d'advenir: les petits « caïds » feront tout leur possible pour rester à leur niveau, et entre pairs, tout en rendant accessoirement la vie impossible à leurs formateurs...
Il n'y a pas besoin d'être un féru de psychologie pour comprendre que c'est le cumul répété de l'échec scolaire qui conduit rétrospectivement les « mauvais élèves » à construire collectivement une sous-culture de rejet de l'école et de son systême de rétribution symbolique, au profit d'activités externes plus valorisantes, allant de l'absentéisme à la petite délinquance: la relégation qui existe déjà concrètement à travers les bonnes et mauvaises classes, et l'orientation précoce vers l'apprentissage ou les séries professionnelles des « mauvais élèves » génère des formes de défense psychologique qui consistent à valoriser à tout prix une situation perçue objectivement comme un échec, notamment en adoptant des comportements déviants.
Or, votre systême prétend ajouter à un systême déjà humiliant sur le plan symbolique et social, et qui fabrique à la chaîne des sujets qui n'ont plus rien à espérer d'autre qu'une existence fondée sur le ressentiment, l'auto-destruction ou la prédation, selon leur prédisposition psychique individuelle, une dimension punitive sur le modèle de la caserne: ce n'est pas en maltraitant les « mauvais élèves » que vous obtiendrez leur concours à un systême qui les rejette, c'est comme cela au contraire que l'on fabrique des « sauvageons », pour reprendre votre expression.
La prison est le meilleur exemple d'une institution génératrice de sous-culture délinquante...et vous proposez d'étendre son modèle au collège??! Allez donc faire un tour dans les sections de SEGPA, équivalant des aniennes CPPN, et vous comprendrez que les classes de niveau, en regroupant et stigmatisant les publics adolescents « à problèmes », sont le meilleur moyen de fabriquer précocément de futurs sociopathes.
2) L'éducation – l'embrigadement? - civique:
« Le travail scolaire et le comportement n’est pas tout. Il convient aussi de développer le sens civique, voire leur inculquer les préceptes d’une nouvelle morale publique ou religion civile à réinventer. »
Impossible de ne pas penser à l « Etre suprême » de M. de Robespierre en vous lisant, et de penser à l'échec cuisant et pathétique de cette tentative de substitution aux instances religieuses. Après la question scolaire, celle d'une « nouvelle spiritualité » est le « topos » des nouveaux réactionnaires: l'humanité ayant vécu des millénaires dans la croyance en une puissance transcendante, comment ne pas paniquer comme vous le faites face à la sécularisation quasiment achevée d'une partie de l'Occident, en particulier en Europe occidentale? Pourtant, lisez ou relisez les « Thèses sur Feurbach »: n'est-il donc pas possible de se débarasser définitivement de la question religieuse en 2010?
N'avez-vous donc rien d'autre à proposer que l'embrigadement de la jeunesse, à la manière d'une S. Royal en manque de voix?
Voilà donc ce qui manquerait selon vous et bien d'autres à la jeunesse française d'aujourd'hui: un bon vieux « rite d'initiation » dont l'universalité anthropologique aurait été démontrée il y a presque un siècle.
« Naturellement, comme précédemment, le niveau d’intérêt et de confort de cette période devra être variable pour proposer à ceux qui seraient déjà désocialisés, en échec scolaire avéré ou sur le chemin de la délinquance, un vrai programme de remise dans le droit chemin. A la dure ! »
J'ai cru à une blague, en lisant l'expression « programme de remise dans le droit chemin »: au secours!!
Ici encore, tous les éducateurs professionnels vous diront que les malheureuses tentatives de l'Etat de restaurer une autorité civile ou civique ont quelque chose d'affreusement pathétique, car totalement inopérante: l'éducation contemporaine ne peut plus être vue comme un « dressage » social, pour la bonne et simple raison que la famille et l'école ont perdu leur rôle d'instance « monopolistique » de socialisation, au profit du groupe des pairs et des nouveaux media. L'idée d'enfermer les jeunes « racailles » dans des pensions laïques punitives est clairement saugrenue et quasi-comique...
Encore une fois, se contenter de punir des jeunes gens « en échec scolaire avéré ou sur le chemin de la délinquance » ne ferait que renforcer et légitimer les comportements de rupture vis-à-vis de l'ordre social dominant, à la manière de la prison, institution qui est l'archétype de la « dimension privative de liberté » dont vous parlez...curieuse conception de l'éducation.
Heureusement que l'auteur de « Surveiller est punir » est décédé avant le développement des « blogs » d'opinion sur Internet...
3) L'isolationnisme culturel:
C'est assez drôle de vous voir prôner cette forme particulière de protectionnisme, après avoir incendié E. Todd à propos de son obsession pour le protectionnisme économique. Ici encore, rien n'est plus gênant que de suivre le parcours d'une pensée intialement juste dans une partie de son diagnostic (la dénonciation juste de « la figure de la racaille, le gang ethnique et armé, la rébellion sans cause, l’hyperviolence interpersonnelle, la haine sans objet identifié »), s'enfoncer aussi radicalement dans la bêtise en guise de conclusion: « tout cela semble bien être un produit d’importation. » Comme si certains des « maux » sociaux actuels de notre pays ne pouvaient être que le produit d'un mimétisme culturel exogène et non celui de ses propres tares et insuffisances!!
Bienvenue au café du commerce: du fait de l'invasion culturelle du « hip-hop » américain, mouvement pourtant largement commercialisé, mainstream et par conséquence innofensif depuis les années 1990, les banlieues françaises pauvres et peuplées notoirement d'enfants d'immigrés des ex-colonies, jusqu'à présent relativement sages et policées, auraient été envahies par une culture des gangs parfaitement exogène. Ben voyons...
Il aurait peut-être fallu commencer par tenter de comprendre pourquoi un mouvement musical et artistique populaire des ghettos noirs des suburbs américains a connu une telle résonnance dans nos banlieues, y compris sur le plan politique. Pourquoi selon vous, les « noirs-et-arabes-de-cité » revendiquent autant leur solidarité avec des populations qu'ils n'ont jamais connu personnellement: a) les enfants des populations noires et sud-américaines extrêmement pauvres des grandes villes américaines b) les palisteniens des territoires occupés? Parce qu'ils sont intoxiqués par les media commerciaux dominants?
Bien sûr que non: parce qu'ils y voient, à tord ou à raison, un modèle d'oppression, qui fait écho à la leur, que celle-ci soit en partie fantasmée ou non.
Proposer de fermer en ce sens le robinet télévisé et Internet aux clips de « gangsta rap » dans les banlieues est aussi stupide que de faire lire l' »Ecclésiaste » à un Taliban...
« Ces deux cultures font d’ailleurs système et ne s’opposent sur rien de fondamental. On y retrouve le goût de la violence, du fric facile, l’apologie du droit du plus fort. Elles constituent les deux faces de la civilisation libérale nord américaine qui s’est érigé en Empire global. »
Une petite lecture de C. Lasch, et en particulier de certains chapitres de « Le seul et vrai paradis » aurait dû vous permettre de comprendre que la culture « afro-américaine » a produit historiquement autre chose que le « gangsta rap », à travers notamment a figure de M. Luther King...La véritable question qui se pose est de savoir pourquoi les pères (et les grands-pères) des populations descendantes d'esclaves aux Etats-Unis et celles descendantes des ex-colonies en France ont échoué dans les deux cas à transmettre autre chose que ce que vous décrivez justement comme étant « le goût de la violence, du fric facile, l’apologie du droit du plus fort. »
Vous êtes vous demandé que le fait de « se faire niquer » durant plusieurs générations puisse logiquement et légitimement conduire à de telles conduites? On peut regretter le côté archaïque d'une telle réaction, mais c'est vraiment ne rien comprendre à rien que de n'y voir que l'effet exclusif de l'importation d'une culture exogène.
D'où votre programme:
« Nous devons interdire purement et simplement toute expression d’un modèle de société que nous ne voudrions pas introduire chez nous. »
Ben voyons: la naine « Ange gardien » et « Plus belle la vie » contre l'hégémonie des séries américaines...c'est là que réside la sauvegarde de notre culture et la disparition des comportements anomiques et violents. C'est ridicule.
Mais au fait qui est ce « nous » dont vous vous prévalez? Celui de Baboeuf, Proudhon et Badiou, ou celui de Maurras, Sarkozy et de la famille Le Pen?
« Sans éducation, sans transcendance, sans sens du sacré, sans souci de son élévation, l’Homme redevient ce qu’il a toujours été : un barbare avide de pouvoir et de plaisirs faciles. »
Vous mélangez dans une même phrase des aspirations qui sont universellement désirables (l' « éducation », le « souci de l'élévation ») et d'autres qui sont hautement contestables (la « transcendance » et le « sens du sacré »), tout en renvoyant à une nature humaine aussi caricaturale que celle qui est décrite depuis des millénaires par les pères de l'Eglise (« un barbare avide de pouvoir et de plaisirs faciles »). Le résultat de tout cela est qu'une telle conception de l'hypothétique « nature humaine » ne peut mieux trahir le pessimisme fondamental de toute pensée foncièrement réactionnaire.
Votre discours s'inscrit donc clairement dans le mouvement actuel de « panique morale » qui a contaminé une partie de la gauche et de la droite, mais n'a finalement aucune prise sur la réalité sociale. Calmez-vous donc et essayez autre chose que la déploration et l'obsession pour le dressage des enfants et la punition des opprimés: on peut exécrer l' humanisme béat de la gauche « bobo » sans pour autant sombrer dans une vision aussi sombre et autoritaire du changement social.
Rédigé par : etienne | 17 août 2010 à 22:22
> Etienne
Si je vous résume, le diagnostic que je porte est juste mais les solutions que je préconise sont à la fois à coté de la plaque et dangereuses ... Quant à vous, ce que vous proposez c'est surtout : ne changeons rien ! nous vivons dans le meilleur des mondes ...
Vous êtes manifestement prisonnier de l'idéologie d'un milieu très politiquement correct et de gauche (enseignant, égalitariste, féministe, droit de l'hommiste...) qui vous empêche de penser librement. Je n'ai d'ailleurs relevé pas beaucoup d'arguments dans votre long post, si ce n'est quelques insultes faiblardes (réac, macho, stupide, ridicule, saugrenue, comique, au secours ...) Lorsqu'on se trouve être du coté du problème, il est évident qu'on est assez mal placé pour imaginer des solutions.
Là où je suis inquiet (pour vous) c'est que j'ai l'impression que votre impressionnante culture n'est que très superficielle et que vous n'avez pas lu grand chose des auteurs que vous citez.
Un exemple : Vous affirmer que j'ai incendié Todd pour son obsession à défendre des protections commerciales, alors que je n'ai jamais remis en cause le protectionnisme en tant que tel. Je reproche à Todd de rester accroché à un européïsme totalement dépassé et de refuser de prendre en compte les déséquilibres internes à l'Europe ! C'est plutôt grave comme erreur d'interprétation !
Autre chose vous citez Michéa au chapitre sur le diagnostic, mais pourtant vous critiquez plus bas la référence à une nouvelle spiritualité. Or, il me semble bien que ce thème est au coeur de "l'empire du moindre mal" ! Selon lui, c'est justement l'absence de transcendance, de sens du sacré et du vision officielle du bien et du mal qui définit le libéralisme politique et économique ! malheureusement ce bouquin s'achève sur un diagnostic et sans aucune proposition de solution, ce qui selon moi est extrêmement dérangeant. Mais c'est sûr, on prend moins de risque à s'arrêter au diagnostic. Si j'en avais fait autant, vous m'auriez certainement jeté des fleurs ! :-)
Vous m'avez comparer à Zemmour (ce qui me flatte, relisez donc à ce propos "le premier sexe", un excellent bouquin totalement incompris par vos amis féministes!) Zemmour aime à répéter que la gauche actuelle "dénonce les effets dont elle chérit les causes". Voilà qui s'applique parfaitement à votre propos.
Il y a des critiques qui font l'effet de louanges :-)
Rédigé par : Malakine | 19 août 2010 à 09:37
@ Malakine
Félicitation pour la partie sur l'homo spontaneus, tu mets le doigt sur le problème, même si je ne suis pas toujours d'accord sur les solutions.
Sur l'article "Et si le mal était en nous ?", un commentateur (Paul B.) parle avec justesse de la disparition du "Ca ne se fait pas", ensemble de valeurs plus ou moins implicites, non inscrites dans le marbre de la loi, mais transmise par la société. Cela me semble être la définition de ce que George Orwell appelait la "common decency".
Je ne maitrise pas vraiment le sujet, tu en sais un peu plus (ou un autre commentateur d'ailleurs) ? Une lecture pour les vacances ? ;)
De manière générale, ces mesures, ou toutes autres dans le même but, nécessitent qu'une bonne majorité de la population en perçoive la nécessité et les considèrent comme légitime. Tout comme tu es persuadé que l'on ne peut pas changer une culture par voix pénale, je pense également qu'on ne peut pas combattre la "dé-civilisation" (excellent néologisme) si l'on n'arrive pas à convaincre que les problèmes sont dus au ravage de l'homo spontaneus.
A ce sujet, le fiasco des bleus au mondial (et la différence Doménech - Blanc) a surement fait beaucoup plus que tous les politiques, les intellectuels et les blogueurs anonymes pour la prise de conscience de ce problème par le grand public. Comme quoi, l'exemplarité des sportifs existe peut être, mais en creux! ;)
Proposition n° 1- Du collège unique à l’élitisme républicain
Tu dis qu'il faudrait plus d'un Aldo Naouri pour changer les choses. Cela me fait penser que les choses ont peut être déjà plus évoluées que tu le penses. En effet, la cote des partisans de l'enfant-roi a déjà bien baissé. Même si les gens chérissent encore les causes dont ils maudissent les effets, nous sommes presque assez mûrs pour changer à se niveau.
Comme l'a souligné Nofre, le problème se situ aussi en amont du collège, il est important de ne pas laisser entrer au collège des enfants ne maitrisant pas un niveau minimum de lecture, écriture et mathématiques. Ils n'auraient jamais dû quitter le CP, à part pour aller en classe spécialisée.
Sur ta proposition proprement dite, j'approuve totalement ta proposition sur les internats, tant d'excellence que "disciplinaire", j'ai moi-même été interne et cela est plutôt enrichissant. Par contre, il faut proscrire les exclusions simples (non assorties de mesures du type internat disciplinaire), qui consistent à refourguer aux autres collègues les prédélinquants que l'on n'est pas capable de remettre dans le droit chemin. Ils en tirent même (logiquement) la fierté d'avoir fait plier les adultes. Comme signe d'impuissance, on ne fait guère pire.
Sur les classes de niveau, c'est une bonne idée, même si le nombre de niveau nécessaire prête à discussion, et que cela peut avoir des effets pervers (nivellement par le bas, etc). Mais je souhaite bonne chance à celui qui tentera de mettre tout cela en œuvre, même si les professeurs de base n'ont pas besoin d'être convaincu des méfaits de l'homo spontaneus. Il faut aussi compléter ce système par un système de prime pour éviter de transformer les niveaux les plus faibles en placards pour mauvais profs.
Baloo touche juste sur les guichets pour les parents, qui doivent être remis à leur juste place. Un adepte de Némésis (déesse de la juste colère) serait peut être préférable à un de Bacchus! ;)
2- Un service civique jeune
Je pense qu'il faudrait différencier deux choses :
Premièrement, un mouvement de jeunesse, que l'on peut voir comme un genre de scoutisme républicain plus que comme un komsomol à la française, pas très vendeur! On peut penser à quelques semaines par ans, en majorité dans des camps d'été, plus quelques actions de proximité, le soir, le week-end ou lors des petites vacances. Et cela de l'entrée au collège à la majorité, avec les grands encadrant les petits. Une vraie école de la responsabilité et de la vie en société!
Deuxièmement, un service national proprement dit, se déroulant juste à la majorité, et durant plusieurs mois (à voir pour la longueur exacte). Cela peut inclure une part militaire mais assez minoritaire. C’est lors de ce service que les enfants d'étrangers nés en France et ayant le nombre d'années de résidence et les années de mouvement de jeunesse correspondants auraient à choisir s'ils adoptent ou pas la nationalité française (je fais le lien avec l'article sur le droit de la nationalité).
A eux comme aux autres seraient rappelé les droits et les devoirs dont ils disposent à présent en temps que citoyens majeurs et responsables. On peut également à ce moment les former et les sensibiliser un peu à la charge d'être parents, plutôt qu'un orwellien permis de procréer! ;)
On pourrait imaginer que les naturalisés aient à effectuer un service, de nature et durée correspondant à leur âge, et également le mouvement jeunesse pour les immigrés mineurs souhaitant devenir français.
3- Censure et protectionnisme culturel
Tu as raison sur la sous culture US et les deux faces du libéralisme. Ta vision de l'exception culturelle française est acide mais vraie!
Cependant je ne crois pas un instant au protectionnisme culturel tel que tu le décris, surtout à l'heure d'internet, du téléchargement et de la télé par satellite.
Il me semble d'ailleurs beaucoup plus pertinent d’interdire plutôt les programmes et œuvres attentatoires à la dignité humaine (entre autres). Sinon si c'est juste pour remplacer "Next" par "Next made in France", ça nous fait une belle jambe! ;)
Il n'est pas innocent que les jeux récompensent le plus traitre, fourbe, manipulateur, etc.
Sinon, ne mets pas tout le rap dans le même sac, IAM ou Oxmo Puccino, ce n’est pas Baboo et autre sous-artiste. Comme le dis Abd Al Malik "un disque de rap classique au sens de consternant, égotripé, bourré d'clichés, victimaire, de lieux communs, d'attitude pseudo-gangsta".
Rédigé par : Aluserpit | 01 septembre 2010 à 22:48
> Aluserpit
Je suis content que tu cites Next, car cette émission m'a toujours scandalisé au regard des valeurs qu'elle véhicule, ce que j'appelle l'idéologie de l'homme jetable. C'est quand je voyais ma gamine se passionner par ce sinistre spectacle que l'idée du protectionnisme culturel m'est venu. Après j'ai vu qu'une version française était sortie. J'avoue que je n'ai pas pris la peine de regarder pour comparer si les valeurs véhiculées étaient les mêmes. Probablement quand même, on ne doit pas y retrouver le même culte du fric facile et de la richesse ostentatoire.
Sur la common decency, j'ai découvert la notion dans mes lectures de l'été (bien vu!) et en particulier l'empire du moindre mal de Michéa, un bouquin qui m'a sérieusement perturbé. J'y reviendrais prochainement car moi aussi, j'ai besoin d'éclairages et d'en débattre.
Rédigé par : Malakine | 02 septembre 2010 à 10:59
> Malakine
Les grands esprits se rencontrent! ;)
Next est extrêmement intéressante du point de vue sociologique et intellectuel. elle montre bien ce que peut donner l'absence de normes sociales.
Les participants de la version française essayent de "singer" les candidats américains, leur dureté au faible et leurs humiliations, mais cela "sonne faux". Est-ce l'anomie bien plus grande dans ce pays, le modèle égalitaire, notre fond culturel catholique? Probablement un subtil mélange des trois.
Je connais vaguement Michéa (surtout grâce aux pages culture de Marianne), ça a l'air intéressant ("sérieusement perturbé" : rien de moins!). Une fiche de lecture ? ;)
Rédigé par : Aluserpit | 08 septembre 2010 à 00:34
@Malakine,
Merci de votre réponse, qui me semble toutefois éluder la critique à peu de frais:
« Si je vous résume, le diagnostic que je porte est juste mais les solutions que je préconise sont à la fois à coté de la plaque et dangereuses. »
Oui, c'est à peu près cela: peut-être plus « à coté de la plaque » (inopérantes) que dangereuses d'ailleurs.
En effet, la réponse autoritariste à la formation de l'individu hyper-narcissisé me semble surtout inadaptée: là où vous voyez juste, et avec d'autres (Michéa par ex., mais aussi le dernier essai d' « économie spinoziste » de F. Lordon), c'est dans la dénonciation du caractère programmatique et totalitaire du capitalisme pseudo-libertaire. Malheureusement, vous y répondez par une contre-programmation fondée sur une reprise en main brutale de la jeunesse contemporaine, qui se réfère à des schémas anciens et archaïques dont on ne perçoit pas les conditions de réalisation aujourd'hui, en admettant qu'elle soit souhaitable. C'est ce que j'entends par « réactionnaire »...
La difficulté fondamentale à ce sujet est qu'on ne peut programmer les affects dominants par une simple impulsion politique comme vous prétendez le faire: le « capitalisme de séduction » déploie une puissance bien supérieure et insidieuse...
Mais manifestement, vous ne m'avez pas entendu, ou vous n'avez pas voulu m'entendre.
« Quant à vous, ce que vous proposez c'est surtout : ne changeons rien ! nous vivons dans le meilleur des mondes ... »
Ou est le problème?? Mon post était un commentaire critique, pas un programme politique.
Je ne vois pas l'intérêt d'ouvrir un blog aux commentaires, si tout énoncé critique est par avance nul et non avenu, au prétexte qu'il ne contient aucune proposition...
Vous faites le même reproche au passage à l'essai de Michéa: « Mais c'est sûr, on prend moins de risque à s'arrêter au diagnostic. » Et alors?
L'intérêt de vos propositions politiques est qu'elles puissent être discutées, non?
« Vous êtes manifestement prisonnier de l'idéologie d'un milieu très politiquement correct et de gauche (enseignant, égalitariste, féministe, droit de l'hommiste...) »
Soit. Admettons que c'est vaguement ma famille de pensée. Et alors?
« Idéologie réactionnaire » contre « politiquement correct de gauche », on ne va pas aller bien loin.
Vous enfermez mon propos dans un fourre-tout sémantique, qui rassemble à peu près tout ce qui fait figure de repoussoir favori dans la « doxa » néo-réactionnaire la plus répandue.
Il faudrait peut-être se demander par quelle drôle d'inversion des idées à peu près conformes aux idéaux républicains, auxquels vous vous référez par ailleurs, peuvent en un tour de main être chargées d'une telle connotation négative...il ne manque peut-être que le terme « bien-pensance » pour être complet.
Faut-il entendre que vous êtes contre les valeurs de l'enseignement, de l'égalité, du féminisme, des droits de l'homme?
Je ne prétends pour ma part nullement affirmer que vous êtes « prisonnier » d'une quelconque idéologie, mais simplement que votre constat initial et plutôt éclairé vous conduit vers des propositions fâcheuses dans la deuxième partie.
« Je n'ai d'ailleurs relevé pas beaucoup d'arguments dans votre long post »
Si c'est vraiment le cas, ce dont je doute, vous m'avez mal lu: si ce post est si long c'est que j'ai tenté d'analyser précisément et le plus objectivement possible les implications et les effets pervers potentiels de chacune de vos propositions: 1) La question scolaire - 2) L'éducation – l'embrigadement? - civique - 3) L'isolationnisme culturel.
Vous ne fournissez aucune réponse sur ces points, pourquoi?
« si ce n'est quelques insultes faiblardes (réac, macho, stupide, ridicule, saugrenue, comique, au secours ...) »
J'ai écrit cela dans le fil de ma réaction, parce que j'étais frappé par le côté grotesque et caricatural de certaines de vos propositions. C'est une faute de ma part: je n'ai pas de « correcteur automatique » permettant d'expurger ce qui me semble être au pire des qualificatifs désobligeants s'adressant à un discours, mais en aucun des insultes – fûssent-elles « faiblardes » – dirigées contre la personne qui le porte.
Mais vous pouvez retirer tous ces mots si vous voulez, je ne vois pas ce que cela change à l'argumentaire.
Evidemment, cela vous donne l'opportunité de vous défendre à bon compte sur la forme, sans rien objecter sur le fond, opportunité que vous n'avez pas manqué de saisir au passage...mea culpa.
« Là où je suis inquiet (pour vous) c'est que j'ai l'impression que votre impressionnante culture n'est que très superficielle et que vous n'avez pas lu grand chose des auteurs que vous citez. »
Je ne comprends pas bien l'objet de votre imputation plutôt infantile: faut-il vraiment que je me justifie de mes lectures?
Je ne vois pas en quoi le fait de citer des auteurs devrait relever forcément d'un étalage de culture: votre analyse de l' « homo spontaneus » - certes parfois un peu grossière sur le plan conceptuel - m'a semblé pourtant rejoindre des analyses convergentes d'auteurs assez pointus, mais qui donnent du poids à votre thèse de départ. Quel mal y-a-t'il à les citer?
Avoir découvert Michéa et la « common decency » d' Orwell cet été ou avoir lu depuis longtemps les oeuvres complètes de ces deux auteurs ne confère ni indignité ni honneur dans les deux cas: on s'en fout, ce n'est pas un concours. Les idées n'appartiennent à personne; ce qui compte, c'est qu'elles circulent.
Alors, examinons les objections:
-A propos de Todd: si je vous lis bien, ce que je n'aurais pas compris, ce n'est pas la thèse de cet auteur, mais la critique que vous en faites ailleurs sur votre blog. Il est fort possible que je vous aie mal lu. Alors d'accord, en considérant que vous êtes un auteur, je reconnais n'avoir qu'une connaissance partielle de l'oeuvre critique de Malakine...
-A propos de Michéa, je ne vois pas où il est fait référence à une quelconque « puissance transcendante » dans ses écrits, en particulier dans l' « Empire du moindre mal », essai qui se concentre essentiellement sur l'impossibilité anthropologique du libéralisme. Cependant, votre article fait étrangement écho aux thèses de Michéa, en particulier celles de son premier essai « L'enseignement de l'ignorance », à propos de l'éducation, dont je me permets de recommander la lecture (ainsi que de tous les autres d'ailleurs).
-A propos de Zemmour, je reconnais là aussi une « culture très superficielle »: je n'ai lu aucune ligne de cet intellectuel renommé.
Tout cela n'a pas grand intérêt. C'est dommage.
Pour finir:
« Il y a des critiques qui font l'effet de louanges :-) »
Oui mais pas dans le sens sarcastique où vous le pensez. Il est en effet assez rare de rencontrer une pensée autonome et plutôt stimulante sur la blogosphère.
Du coup, on s'attend à ce qu'elle soit aussi ouverte à la critique.
Rédigé par : etienne | 06 octobre 2010 à 23:08