Le bon élève de la classe capitaliste s’énerve ! Il supporte mal les critiques qui se sont exprimées ces derniers jours sur la viabilité de son modèle économique fondé sur les exportations et la compression de sa demande intérieure. Comment ces cancres qui sont incapables de maîtriser leur finances publiques, qui accumulent les déficits et n’ont pas le courage de faire les réformes de structures que les allemands, eux, ont fait, osent-il critiquer le pays le mieux géré et le plus compétitif d’Europe ? Insupportable ! Non seulement l’Allemagne n’a de leçon à recevoir de personne, mais elle n’hésitera pas à demander l’exclusion des râleurs de « sa » zone euro. Entendez par là : que ceux qui s’estiment maltraités par la puissance allemande s’en aille !
La proposition implicite de la chancelière prussienne est tentante. Les critiques courageuses exprimées par Mme Lagarde sont tellement fondées que si elle s’y prenait bien la France pourrait vite renverser le rapport de force et faire trembler son grand voisin. Aujourd’hui, les stratégies et les intérêts de la France et de l’Allemagne sont tellement opposés que c'est non seulement la monnaie unique, mais l'union européenne elle même qui est aujourd'hui menacée.
La stratégie parfaitement égoïste et non coopérative de l’Allemagne ces dix dernières années a déjà été souvent exposée sur ce blog, et notamment dans cet article précurseur. Il est heureux que les élites françaises commencent à enfin prendre conscience de la stratégie de déflation salariale allemande, plus de cinq ans après sa mise en œuvre et osent enfin mettre en cause la responsabilité de l’Allemagne dans nos difficultés économiques.
A l’attention de ceux qui feraient des yeux ronds à la lecture de cette affirmation, je renvoie sur deux textes produits récemment par des économistes connus pour leur orthodoxie, Eric le Boucher dans Slate.fr, Guillaume Duval dans Alternatives Economiques, ou cet excellent article de synthèse sur le modèle allemand que vient de publier le site du mensuel économique.
C’est un fait non discutable. La stratégie allemande de compression des coûts de production a un effet récessif sur toute l’économie européenne. Ses excédents commerciaux se sont fait essentiellement au détriment des économies italiennes et françaises. Voir ci dessous des graphiques issus des notes flash de Patrick Artus.
Tout cela se traduit par une balance commerciale de la France vers l’Allemagne est déficitaire à un niveau proche de celui de la Chine ! (16 milliards d’Euros en 2009 contre 20 pour la Chine) Il faut toutefois garder le sens de la mesure et n’aller pas trop loin dans l’accusation. L’Allemagne n’est pas la Chine. Son avantage comparatif en termes de coûts de production (coût du travail devenu inférieur + impact de la sous traitance dans les pays d’europe centrale) reste minime (de l'ordre de 15 à 20%) et ne peut expliquer à elle seule toute la désindustrialisation française. La France est aussi en déficit avec des pays comme la Belgique, les Pays-bas, l’Italie, les Etats-Unis ou la Russie. La perte de compétitivité de l’industrie française s’explique aussi par des facteurs internes qu’il serait trop long d’analyser ici.
Il n’en demeure pas moins que la construction économique européenne montre là ses limites, voire son échec. Cette affaire illustre jusqu’à la caricature l’inexistence de toute stratégie concertée et de coopération en matière économique. Même à l’intérieur de l’Union, les Etats sont dans une logique de concurrence exacerbée les uns contre les autres. Les déséquilibres croissants deviennent intenables entre les pays exportateurs et les pays déficitaires, dans une situation qui n'est pas sans rappeler le couple Chine / Etats-Unis. La tension qui en résulte menace non seulement la monnaie unique mais la construction européenne elle-même, car c’est ici le libre échange intérieur qui est mis en cause, la base de la base du fondement de la construction européenne depuis le traité de Rome !
Pour comprendre le caractère explosif de la situation, il faut mettre en évidence l’antagonisme des intérêts nationaux.
L’intérêt des pays déficitaires et en particulier de la France est que l’Allemagne relance sa demande intérieure, soit par une politique de hausse des salaires, soit par des baisses d’impôts comme Mme Lagarde l’a demandé. De telles mesures réduiraient l’avantage comparatif de l’Allemagne sur les coûts et/ou stimuleraient les exportations françaises. Problème : L’Allemagne n’a aucun intérêt à une telle politique. Elle irait à l’encontre de son modèle économique fondé sur la rigueur et les exportations, et plus fondamentalement de son fond "anthropologique" de capitalisme de type souche que décrivait Emmanuel Todd il y a plus de 10 ans dans l'illusion économique. Elle vient d’ailleurs clairement de faire savoir qu’elle n’entend pas se remettre en question.
A l’inverse, l’Allemagne obsédée par la lutte contre l’inflation et la rigueur budgétaire demande à ses voisins de remettre de l’ordre dans leurs comptes publics. Elle peut d’ailleurs compter pour cela sur le soutien de la commission de Bruxelles et de la BCE. Cette politique impliquerait pour les pays latins de réduire fortement leur coût du travail (stagnation des salaires et TVA sociale) d’augmenter les impôts et de réduire les dépenses publiques. Cette telle politique de rigueur plongerait mécaniquement toute l’Europe occidentale dans une profonde dépression. Mais l’Allemagne n’en a cure ! Les clients qui l’intéressent aujourd’hui ne se situent pas à l’Ouest mais à l’Est, chez les pays émergents. La Russie est son vrai réservoir de croissance. Entre cet immense marché solvable et potentiellement très riche et nos économies anémiées, le choix est vite fait.
Mais les pays d’Europe occidentale ont également la capacité de mettre l’économie allemande à genoux ! Que la France, l’Italie, l’Espagne la Grèce et le Portugal décident de sortir de la zone euro et les formidables excédents commerciaux allemands entraineraient une telle appréciation de la devise allemande qu'elle ruinerait sa compétitivité à l'Ouest, comme à l'Est ou au Sud.
Pour l’instant personne n’ose envisager cette hypothèse, car on n’appréhende la sortie de l’Euro qu’à titre de sanction et dans le cadre d’un retour aux monnaies nationales. Cette perspective tétanise tous les pays concernés en raison de la dette extérieure insupportable auxquels ils devraient faire face, les emprunts ayant été contractés en Euro.
En revanche, si l’on renverse la logique et qu’on ne parle plus d’une sortie de l’Euro des « porcs » mais d’une expulsion de l’Allemagne de la zone Euro pour comportement non coopératif, alors là tout change. Il suffirait que la France, l’Espagne et l’Italie constituent leur propre monnaie unique pour que la peur change de camp. La zone euro (qui prendrait alors un autre nom) serait débarrassée des excédents allemands et libérée de sa surévaluation structurelle. L’Euro redeviendrait ce qu’il est – un Deutschemark – non tempéré par les déficits des pays du sud et donc une monnaie insupportablement surévaluée pour son détenteur. La France n’aurait pas grand-chose à faire pour conduire l’Allemagne à changer de ton. Juste lancer la rumeur que France, Italie et Espagne étudient l’hypothèse d’une sortie conjointe de l’Euro pour fonder leur propre monnaie commune.
Menace d’asphyxie économique par la dette extérieure d’un coté. Menace d’asphyxie économie par la fermeture des débouchés commerciaux de l’autre. Un vrai équilibre de la terreur ! Le problème est qu’il n’y a pas réellement de solution de compromis possible et que le statut quo n’est guère tenable. A terme, il y aura nécessairement une victime d’un coté ou de l’autre du Rhin.
Le gouvernement français est donc aujourd’hui placé face à une alternative simple, comme en 1983. Soit il se plie au diktat de l’idéologie ambiante et aux « contraintes européennes » et il impose à la population une cure d’austérité à la Grecque, soit une formidable régression du niveau de vie et un chômage de masse durable. Soit il organise la rupture avec un pays officiellement ami mais qui est devenu objectivement son principal ennemi géostratégique, pour retrouver des marges de manœuvre, rétablir sa compétitivité et assainir ses finances publiques avec le programme de rupture que propose Jacques Sapir".
La crise franco-allemande actuelle sur fond de crise grecque offre aujourd'hui à la France la possibilité de préparer cette rupture non pas seule mais en prenant la tête d'une nouvelle alliance européenne réunissant les pays victimes de l'Euro surévalué et de la déflation salariale allemande et qui sont attachés à un modèle économique équilibré, ni structurellement excédentaire comme le modèle allemand, ni structurellement déficitaire comme le modèle anglo-saxon.
L'incident diplomatique suscité par Christine Lagarde n’a rien d’une bourde ou d’un épiphénomène. En brisant un tabou, elle a allumé une mèche qui pourrait bien faire exploser l’Union Européenne. L’histoire du continent s’est remis en marche !
Je n'ose y croire. Cela ressemble un peu à un discours de campagne électorale, je ne vois pas les élites latines ou social-démocrates oser quelque chose, qui plus est, ensemble.
Nous devrions continuer cette politique, appauvrissement et discours volontariste, encore beaucoup d'années.
Je te trouve vraiment trop optimiste sur ce que sont les Français.
Rédigé par : Jardidi (Didier Bous) | 20 mars 2010 à 12:14
@ Didier Bous
Sarkozy a dû dire aux tenants de l'orthodoxie du type Alain Minc: "avec vos conneries, je me suis pris une raclée mémorable aux régionale", le champ est donc moins verrouillé pour les idées d'Henri Guaino.
L'attaque de Lagarde, précisément dans le Financial Times n'est pas le fruit du hasard, c'est un message clair à l'élite financière du genre "On souffre de ce que fait l'Allemagne et on ne va pas passer cinq ans de plus à manger notre chapeau".
@ Malakine
Exclusion de la zone euro des mauvais élèves, proposition du Fonds monétaire européen pour encore mieux imposer la rigueur à l'allemande... La crise grecque se transforme en crise européenne.
Je reste effaré par ces déclarations de la chancelière:
« nous n’allons pas abandonner nos atouts au prétexte que nos produits sont peut-être plus demandés que ceux d’autres pays (…) Un gouvernement économique européen doit s’aligner sur les États membres les plus rapides et les meilleurs, pas sur les plus faibles ».
Avec ce genre d'assertions, il vaut mieux pour les pays renégats (dont ces feignants de grecs comme l'affirment les tabloids allemands) faire bande à part et laisser l'Allemagne seule et bien au chaud avec son orthodoxie.
Ta proposition de monnaie commune (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce) est une très bonne idée que nous évoquons depuis près d'un an... j'ai même un nom pour cette monnaie: La médite (et non le sesterce). Pour le cadre légal, il suffirait de sortir de l'Union comme le prévoit le Traité de Lisbonne et de réorienter l'Union Pour la Méditerranée en y ajoutant un volet monétaire.
Rédigé par : René Jacquot | 20 mars 2010 à 13:25
@ Didier Bous
Un discours de campagne électorale ? ah ? Pour quel parti ?
C'est vrai quand ajoutant à la fin, vive la république, vive ma france et l'empire latin, ça pourrait le faire :-)
@ René Jacquot
Non, non les sesterce, c'est une excellente idée. On la garde !!
Rédigé par : Malakine | 20 mars 2010 à 13:53
@Malakine et René
Je suis moi même un fervant partisant de la sortie de m'UEet de l'euro qui sont denenu impossible à réformer de quelque manière que ce soit.
L'idée d'une union avec des pays plus semblable économiquement est une idée à suivre. On pourrait imaginer qu'il y aurait un éclatement de l'UE en trois ou quatre parties ayant chacune une certaine homogénéïté notement sur le plan de l'évolution des balances commerciales. Il y aurait l'union du Nord qui rassemblerait les anciens pays de la ligue henséatique mais sans les régions allemandes, Danemark, suède, finlande et pays Baltes. Ensuite l'union germanique, ALlemagne, Pays-bas Autriche, une alliance de l'est regroupant les anciennes républiques d'europe de l'est et enfin un union Latine groupant Italie, France, Espagne, Portugal. Non content d'être des union plus cohérente au regard de l'évolution économique elles auraient aussi un sens linguistique historiques , géographique et culturelles, contrairement à l'union actuelle qui n'en a aucun.
Cependant il ne faudra quand même pas réitéré les erreurs de l'euro, il faut des monnaies communes et pas uniques. Car même en étant structurellement proche nos pays ne sont pas identiques, même la France et l'Italie ont suffsement de divergences pour condamner une union douanière comme l'euro. Il faudra de toute manière revenir aux monnaies nationale, tout en ayant une monnaie commune de réserve. Et puis l'union latin on a déjà essayé et çà s'est mal terminer, donc il faut prendre d'infinie précautions en la matière.
Rédigé par : yann | 20 mars 2010 à 14:23
@ Malakine,
Je ne peux qu'être d'accord. Christine Lagarde a raison. Mais la solution qu'elle propose n'est pas la bonne. Le problème, c'est la rigidité du taux de change et la seule solution est la fin de la monnaie unique, pas une politique plus accomodante de l'Allemagne.
Le plus triste est que les opposants au traité de Maastricht avait vu cela venir...
Ma crainte est que nous restions encore d'assez longues années dans cette situation qui asphyxie de plus en plus les économies européennes.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 20 mars 2010 à 14:46
L'analyse est pertinente et la proposition de sortie pour une nouvelle monnaie unique ou commune tentante, mais elle ne résiste pas (pas encore?) à deux réalités:
L'incapacité de la France sarkozyste à définir une voie économique et s'y tenir avec sérieux, Sarkozy est perdu et comme tu le sous entends Malakine son revierement résulte de considérations électoralistes, c'est vrai que le peuple de droite le lache, mais pas les nantis qu'ils a si honteusement privilégié, regardez les résultats dans le 92 ou le 06, de fait il nous ressort la carte Guaino sous emballage lagarde, nous savons le temps que cela dure... Qui peut encore y croire??? Pas toi Malakine, pas encore?!!
Ensuite, l'incapacité à trouver dans les classes dirigeantes économiques et politiques des personnes pouvant conduire un tel processus. Des économistes et des bloggeurs brillants le théorisent, c'est bien, mais quid de la mise en oeuvre? Tous les leviers sont aux mains des traites et des profiteurs, le peuple n'y croit pas ou plus, et surtout pas ou plus en eux...
En conclusion je ne pense pas que cela soit possible dans un cadre, nous dirons appaisé, et là on entrouvre des portes dangereuses.
Bismark le disait "les grandes décisions ne se prennent pas en congrès, mais par le fer et par le feu"!
Nous y voilà, ou on est prèt à tout; ou on continu sur le déclin lent, (irréversible?) qui tant que ce sera graduel et touchera les français en vagues succésives et pas en bloc, n'entrainera que des sursauts de colère ponctuels et violents qui à la limite par la peur générée serviront à regrouper les autres (moutons en attente de se faire tondre, voir l'EN, tous part en live, des programmes pas prèts avant les rentrées, des suppressions de postes, des matières sacrifiées, des méthodes de plus en plus recessives d'enseignement, des critères d'évaluations de plus en plus débilisants: vous n'évaluerez plus des connaissances et des savoir faire, mais des COMPéTENCES... et personne ne bouge, on laisse faire...) derrière des pouvoirs qui tous depuis plus de 40 ans ont perdu le sens du combat pour la Nation et se sont soumis à l'ordre dominant.
C'est 1940, c'est foutu à moins que comme toujours la France en pareil cas nous sorte son sauveur ou sa sauveuse, avez vous vu les débats récents sur désirs d'avenir? On y fustige les élites parisiennes et même y parle de protectionisme...
Certes c'est insuffisant, mais tout de même intéressant.
Rédigé par : ETDAS | 20 mars 2010 à 15:43
Très intéressant comme article et merci pour le lien vers le site d’alter eco qui présente le pb d’une manière très claire. Mais est ce qu’on ne pourrait pas aller plus loin et est ce que par hasard le discours de Lagarde sur l’Allemagne ne serait pas aussi une prise de conscience de la part de nos élites du fait que l’ultraliberalisme ne leurs profite plus et commence à remettre en cause leur qualité de vie.
Je m'explique la politique ultralibérale suivit jusqu'a présent profite à une classe bien spécifique comme l’a bien, dit Warren Buffet « La lutte des classes existe, et c’est la mienne qui est en train de la remporter. » et en France aussi il suffit de voir par exemple le nombre d’Hôtel de très grand Standing qui se construisent dans nos villes pour comprendre qui en profite, ils s’adressent pas aux Français moyens… Pour simplifier jusqu’ici la politique ultralibérale profitait à nos élites.
La question que je me pose c’est a partir de quand elle ne leurs profite plus ?
Ce que je veux dire c’est qu’à force d’appauvrir une partie de plus en plus importante du corps social au profit de l’enrichissement des plus riches on remet en cause toute une partie du pacte social qui rendait possible la vie en communauté dans notre pays.
Et ça, a partir d’un certain stade ça profite plus à personne, même a la classe des privilégiés.
On n’est pas des américains et nos élites ne sont pas tous des Sarkozy acultivés à se contenter d’une vie dans des quartiers riches sans âmes à 50 km du Down-town de Los Angeles ou Chicago. La qualité de vie à la française dans nos centre ville historique avec la présence de la culture, de l’histoire et du charmes de nos vieille pierre fait partie de nos valeurs. (il me semble qu’il y avait un article de Todd sur le sujet mais je l’ai pas retrouvé) Et ça la crise le remet en cause puisque la violence engendrée nuit à la tranquillité et à la qualité de vie dans ces lieux. Donc même ces classes commencent a être touché de manière indirecte par la crise de l’ultraliberalisme.
Dans ce sens la violence engendré par la crise en Grèce pourrait aider a la prise de conscience. Surtout dans un pays ou l’inconscient collectifs reste encore malgré tout 1789, 1830, 1848, 1871… Comme l’a bien dit Greau dans sa très intéressante interview a Pascale Fourrier le système actuel est en train de mettre au rebus 1/4 de la population (1/3 ? 1/2 ? enfin c’est progressif) comment ont ils pu croire que ca aller se faire sans violence ? Il fallait vraiment être naïf...
Et ce système nous envois quand même a long terme à la formation comme dans les pays en développement ou les inégalités atteignent un niveau démentiel à la formation de ghettos de riches fermés avec mur, milice privée et mirador comme il est existe déjà en Afrique du Sud ou au Mexique par exemple. Il y avait un film mexicain horrible « la Zona » décrivant cette situation et clairement c’est bien moins confortable pour les classes dominantes qu’une société équilibrée ou la redistribution est suffisante pour éviter la montée de la violence…
Sans compter les pb d’hygiène et la remonté de maladies très liées a la pauvreté comme la tuberculose par exemple donc les épidémies si elle commence dans les quartiers pauvres finissent toujours par toucher les banlieues riches…
Enfin voila donc il y a un moment ou une partie des classes dirigeantes doit commencer à prendre conscience de cette réalité. Surtout en France parceque avec notre culture révolutionnaire (cf Todd) si ça explose quelques part ça sera pas en Allemagne que ça commencera…
Désolé de la digression mais ça fait quand même parti du sujet parceque si l'Allemagne se permet de mener la politique qu'elle mène aujourd'hui sur le dos de son peuple c'est aussi a cause de ça a mon sens.
Rédigé par : red2 | 20 mars 2010 à 15:53
Le risque de sortie offensive de l'Euro est malheureusement limité par la question des taux d'intérêts. Car si les pays "latins" permettent à l'euro de ne pas être trop surévalués pour l'Allemagne, en échange (si j'ose dire) les pays latin bénéficient de taux d'intérêt relativement faibles au regard de l'importance de leur dette publique. La sortie de l'euro aurait de pour csqce d'accroitre significativement la charge de la dette publique de ces pays... Mais il est vrai que cette situation n'est pas tenable sur le long terme... sauf à se résigner à voir décliner l'Europe...
Rédigé par : Franc_tireur | 20 mars 2010 à 16:32
Article très intéressant et complet sur la situation actuelle et le rapport de force.
Cependant, comme Jardidi, j’ai du mal à croire que notre gouvernement actuel soit prêt à aller au conflit avec l’Allemagne.
Christine Lagarde n’a fait que lancer une petite phrase test. La vigoureuse réaction allemande est à mon avis suffisante pour que Sarkosy rentre dans le rang.
Lorsque René Jacquot évoque l’opportunité actuelle d’un déverrouillage des idées de Guaino, j’ai également du mal à le croire. Bien qu’il ait pu influencer la communication élyséenne, il n’a jamais eu le moindre poids sur l’action du gouvernement.
Si, en fin d'article, l'évocation de ce scénario d’évolution possible, est un vœux, je le partage!
Rédigé par : xavier | 20 mars 2010 à 17:18
Tout avait été dit en 1992 lors du débat sur Maastricht. Que de temps perdu ! Le problème est que la France est terriblement affaiblie pour l'épreuve de force qui s'annonce.
Rédigé par : Rainer | 20 mars 2010 à 18:05
Je suis en Allemagne et vis de mes revenus allemands, mais ne conteste pas le problème posé par leur politique. Ceci dit ils font preuve aussi d'un esprit stratégique assez remarquable, aux français d'être à la hauteur plutôt que se plaindre.
Rédigé par : olaf | 20 mars 2010 à 20:09
Leur pratique industrielle et d'innovation est très supérieure, me semble t il, à la France. Leur tissu d'entreprises s'autofinançant est important, indépendant des cotations boursières. Ils protègent leurs arrières, de là leur ton actuel.
Le climat social et de collaboration est netteté meilleur qu'en France, beaucoup moins de harcèlement, beaucoup plus d'indépendance.
Alors, bien sûr ils ont mis en place une TVA protectionniste, mais ça n'explique pas tout.
Rédigé par : olaf | 20 mars 2010 à 20:18
@Olaf
Il suffit de regarder quand les balances commerciales ont divergé, pour se rendre compte que cela coïncide avec la mise en place de l'euro. Alors que les balances commerciales était à peu prés à l'équilibre, à partir de 1999/2000 cela commence à diverger fortement. La question de l'organisation ou de l'efficacité supposé de l'Allemagne ne peut pas expliquer ces brusques changement, l'Allemagne était tel que tu l'as décrit existait longtemps avant l'eurodivergence.
C'est bien le problème de la monnaie unique, une seule monnaie pour plusieurs pays ayant des rythmes démographiques et sociaux différents entrainent des problèmes insolubles. Il ne suffit pas de dire italiens ,français faites donc comme les Allemand pour transformer les populations. De plus si nous nous transformions en Allemagne bis se poserait toujours la question des débouchés vers qui exporter? Si tout le monde fait comme l'Allemagne c'est la dépression assurée.
Rédigé par : yann | 20 mars 2010 à 23:11
@olaf,
c'est leur tactique qui est très efficace...à court et moyen terme. Pour ce qui est de la stratégie , comment ont ils pu croire que de tels déséquilibres dans les échanges pourraient se maintenir éternellement et que leurs clients resteraient solvables ? Ça témoigne d'une assez courte vue au contraire.
Ça ressemble aussi à une recherche d'hégémonie assez désagréable, on pourrait commencer à penser qu'ils conçoivent leurs alliances comme les américains : il n'y a que des rapport de domination. On peut trouver cette démarche réaliste, mais ce n'était clairement pas le but avoué de l'UE à la base.
Le fait qu'ils aient beaucoup travaillé et fait beaucoup de sacrifices, ne changent rien à l'affaire sur le fond de leur démarche. Quant au fait que leurs capacités soient très supérieurs aux nôtres, on peut se demander si la France n'est pas malade depuis 30 ans, parce qu'elle cherche systématiquement à l'extérieur (libéralisme anglo-saxon ou orthodoxie monétaire allemande), des modèles économiques qui ne lui ressemblent pas.
Rédigé par : Coli | 20 mars 2010 à 23:59
à l'auteur pour info :
http://www.seriatimonline.com/2010/03/du-duo-franco-allemand-la-germanie-n657.html
Rédigé par : Gabuzomeuh | 21 mars 2010 à 06:31
Je rejoins complètement l'analyse d'un point de vue normatif, je suis beaucoup plus réservé d'un point de vu institutionnel.
- La France profite des importations de la chine et de l'Allemagne (via la production de l'est puisqu'une partie de la prod vient d'IDE localisés dans cette région). La France profite dans le sens ou elle bénéficie de cette production à bas coût pour maintenir une illusion de pouvoir d'achat. Les politiques français avaient deux options pour stabiliser le niveau de vie 1- mettre en œuvre des politiques industrielles pertinentes (long terme et pas valorisant) 2-importer pas chère et maintenir une illusion ancrée sur un écart de rémunération (facile mais à long terme…) Le problème c'est que le long terme d'hier… c'est aujourd'hui.
Si on se désengage de ces importations, le pouvoir d'achat en France va s’effondrer avant qu'on ait le temps de mettre en place les politiques industrielles adéquats.
- Si la France, l’Espagne et l’Italie constituent leur propre monnaie (ou menace de le faire). Il faut retailler la BCE… qui est la seule « chose » concrète de la politique économique commune. Une sortie de la France s’apparente à une explosion institutionnelle de l’Europe (ça me convient totalement mais c’est pas la question ☺).
- Il faudra retailler Euronext qui appartient au NYSE, la valorisation boursière des firmes Françaises va dévisser, la stratégie industrielle et financière va partir du coté des détenteur majoritaire de capitaux (OPA, OPE…). En 2002, le capital des sociétés présentes dans les indices du CAC 40 et de l’Euro Stoxx 50 était déjà détenu pour 44,97% par des non résidents, soit 20,29% pour les seuls fonds anglais et américains. (Etude effectuée par le cabinet Georgeson Shareholder). La finance de marché va flinguer immédiatement toute velléités d'indépendance industrielle.
- Une monnaie entre trois état sans fondamentaux industriels sérieux (au niveau international) à deux vocations : permettre les échanges intérieurs et s'exposer aux fonds alternatifs, une telle monnaie va être secouée, très secouée…
Bref, on aura plus de chance en attendant le collapsus de la finance de marché…
Rédigé par : GeoRad | 21 mars 2010 à 10:07
@ Yann
Je compte bien développer ce modèle d'Europe polycentrique très bientôt. A priori ce n'est pas comme ça que je vois les ensembles. L'Europe latine doit intégrer la Belgique (au moins la walonnie) et peut à mon sens monter jusqu'au Pays-Bas. Ensuite à l'Est, l'Europe centrale doit intégrer la Pologne et l'ancien empire Austro Hongrois, ne serait-ce que parce que l'économie allemande est intégrée à celle des PECO.
@ ETDAS
Quel pessimisme ! J'ai trouvé pire que moi ... Je ne répondrais pas sur le second point aujourd'hui. Sur le premier, je te rassure, je n'ai jamais pensé que Sarko pourrait conduire la rupture franco-allemande d'ici à 2012. En revanche, ce que je crois c'est que la sortie de Lagarde exprime une tension grandissante en haut lieu entre les diplomaties allemandes et françaises. Je sens un agacement réciproque monter. La sortie de Lagarde était destinée à prendre l'opinion à témoin pour conforter les positions de la France.
(la suite de mes réponses après)
Rédigé par : Malakine | 21 mars 2010 à 10:08
@ Red2
J'aimerais beaucoup que tu aies raison, mais je ne crois pas qu'on puisse aller jusque là et considérer que la réaction française est le signe d'une prise de conscience que le système ne profite même plus aux privilégiés. Voir les derniers résultats du CAC 40. Ca va toujours bien pour eux ...
Je crois simplement que la sortie de Lagarde est le fruit d'un agacement de la technostructure française devant la rigidité allemande et son coté donneur de leçon. Et peut-être aussi qu'en haut lieu, on commence à sérieusement flipper qu'il nous arrive la même chose qu'à La Grèce.
Sinon, je te rejoins sur la fin, s'il y a révolte, ça ne pourra venir que de la France. La seule condition, c'est que ce jour là, un projet alternatif devra être prêt pour servir d'exutoire à la colère du peuple. On en est pas encore là.
@ Franc Tireur
Je sais cela très bien, même si je n'ai pas voulu en parler dans ce papier. Cette zone latine sera confronté au problème de son déficit commercial global. Il lui faudra attirer des capitaux pour compenser ce déficit, et donc probablement des taux d'intérêts élevés ou une forte inflation si on monétise la dette publique. La transition sera forcément douloureuse. Néanmoins, je crois que Sapir dans ses textes nous a donné quelques éléments de réponse. Je ne suis pas économiste pour juger de leur pertinence, mais on a quand même quelques pistes de réponses. On ne va pas totalement dans l'inconnu.
@ Xavier
Je ne crois pas non plus qu'il y ait un plan Français derrière ces accusations. On y verra plus clair après le prochain sommet européen.
@ Olaf
Oui, oui, j'ai tenu à parler des problèmes propres de l'industrie française dans le papier sans souhaiter développer. Il y a plein de causes à la désindustrialisation en France, pas seulement les coûts, notamment le discours de nos élites qui pendant une décennie nous a certifié que l'industrie c'était ringard.
@ Coli
Très juste !! L'union européenne n'a pas été construite pour organiser la guerre économique au sein du continent. C'est bien pourquoi elle est en danger dans son principe même et sa forme actuelle.
Je t'approuve également quand tu parles de la recherche des modèles à l'étranger. ceci dit, j'avoue que j'aurais du mal à définir ce que pourrait être un modèle français, si ce n'est un modèle équilibré entre production et consommation.
@ Gabuzomeu
Parfaitement en phase avec cet article très lucide. J'étais au courant que l'Allemagne a déjà renoncé au couple franco-allemand, notamment en entendant les interventions de l'intervenante allemande à l'esprit public.
C'est pourquoi, il faut aussi entendre des voix de ce coté ci du Rhin pour se libérer du dogme de l'amitié Franco-Allemande. L'allemagne va se tourner vers son Est. La France doit regarder vers son sud !
@ Georad
Oui. C'est bien le problème des coûts de transition dont je parlais plus haut. Mais plus on tarde, plus ce sera douloureux.
J'ai une solution pour que la sortie conjointe des pays latins n'entraine pas une explosion de l'UE. Je développerais mon scénario plus tard.
Sur la fin, je te répondrais la même chose qu'à Franc Tireur. Sapir nous a donné des éléments. La sortie du libre échange européen doit s'accompagner d'une restriction aux mouvements de capitaux.
Quand au collapsus de la finance de marché, je crains qu'il prenne la forme d'une prédation à grande échelle et au démantèlement des systèmes sociaux (voir les derniers textes de Lordon)
Rédigé par : Malakine | 21 mars 2010 à 10:43
L'article d'Alternatives Economiques est très bon.
Et l'on constate que, comme les socialistes en France,la gauche allemande a mené "une politique qu'aucun dirigeant de droite n'aurait osé engager"
Rédigé par : RST | 21 mars 2010 à 12:13
Quoique je pense des qualités que l'on trouve chez les allemands et de l'accueil
qu'ils m'ont fait, je n'en reste pas moins
convaincu qu'ils ont tiré habilement la couverture et que dans la mesure où l'état français n'a pas réagit depuis pas mal d'années, la France a une responsabilité.
Quand on se fait marcher sur les pieds sans
réagir, il ne faut pas s'étonner de ce qui arrive. Lagarde a fait une sortie qui me parait justifiée et l'Allemagne a tout intérêt à tenir compte de la nouvelle donne.
Mais j'ai du mal à imaginer une Union Europe du Sud, enfin plutôt que de créer encore un mille feuille bureaucratique type UE actuelle, on peut quand même imaginer des collaborations au cas pas cas selon les sujets.
Pour les qualités des allemands, j'ai trouvé qu'ils se disputent moins que les français, ils discutent, prennent un temps de réflexion. Ils sont assez courtois mais sans obséquiosité. Sur le plan industriel, ils sont très efficaces au sujet des brevets. Pour un plutôt latin comme moi, métissé d'anglais, c'est une découverte agréable.
Rédigé par : olaf | 21 mars 2010 à 13:29
Je suis d'accord avec vous que d'un point de vue de l'argent ou du transfert de capital et de richesse le système actuel continu à profiter à nos élites.
Mais il y a des choses que l'argent n'achète pas notamment la paix civile! On pourra mettre le nombre de policier que l'on veut, si on exclu 1/4 de la population du système la violence continuera à monter et ça, comme je disais dans mon message précédent ça met a mal la qualité de vie des classes dominantes notamment en France ou s'isoler loin des centre villes dans des ghettos de riches comme aux USA n'est pas une option.
D’ou l’importance de la crise grecque a mes yeux parce que si on voit encore beaucoup d’images comme celle de l’occupation du ministère de finances grec, nos élites pourraient prendre peur et comprendre qu’elles ont trop tiré sur le système. Et c’est la que en situation de crise les différences anthropologiques entre les peuples Français et Allemand prennent de l’importance, l’élite allemande ayant moins a craindre de rection violente que la Française.
En fait c'est une des mes grandes interrogations:
Avant la mise en place de l'ultralibéralisme, les classes dominantes profitaient d’une façon raisonnable d’un système plus ou moins équilibré. Or aujourd’hui par appât du gain et volonté d’en avoir toujours plus, elles sont en train de déséquilibrer le système qui leurs profite au point de remettre en bout de course sa survie et donc leurs conditions de vies privilégiés et très confortables… C’est un peu un mystère pour moi, parce que c’est quand même elles qui ont le plus à perdre a l’implosion du système et pour gagner si peu, il me semble pas qu’on mourrait de faim dans le 16eme ou à Neuilly durant les 30 glorieuses…
Rédigé par : red2 | 21 mars 2010 à 15:29
Sans soute pas tout à fait pour les mêmes raisons mais nous sommes d'accord sur la conclusion
http://echopolitique.wordpress.com/2010/03/16/%C2%AB-si-lolympique-lyonnais-jouait-un-peu-moins-bien-les-choses-seraient-plus-faciles-pour-le-bayern-munich-%C2%BB/
Rédigé par : lolik | 21 mars 2010 à 19:49
Un extrait du dernier édito d'Eric Le Boucher dans Slate.
"Pour les années qui viennent de deux choses l'une. Ou bien Berlin corrige le tir et infléchit sa politique vers une stratégie de la demande «à la française», et ouvre des débouchés plus larges à nos industriels exportateurs, auquel cas la rigueur française pourra être assouplie à due proportion. Ou bien Berlin refuse et la France, sous peine de perdre toujours et encore de sa croissance au profit de sa voisine, devra mener une politique de l'offre «à la Schröder»"
http://www.slate.fr/story/18961/sarkozy-reformes-arret-francais-chirac-et-schroeder
Si cela n'est pas théoriser la soumission de la France à l'égard de l'Allemagne !
Rédigé par : Malakine | 23 mars 2010 à 11:17
@ Malakine
Cela dit, si Eric Le Boucher a raison, c'est-à-dire si la France refuse d'exiger une politique coopérative de la part de l'Allemagne, cela risque de modifier l'offre politique. Il faudrait simplement que le débat s'ouvre vite. Cela signifiera que l'Allemagne accepte la fin de l'Europe. Un membre du MEDEF m'en parlait ce matin (à mon travail, donc je n'ai pas vraiment pu lui poser de questions), et il paraissait très inquiet.
Rédigé par : Archibald | 23 mars 2010 à 11:41
@ Archibald
Diantre, tu croises des gens du Medef à ton travail... tu modernises le dialogue social?
Blague à part, le Medef souffre d'un complexe d'infériorité vis à vis de ses homologues allemands du BDI et BDA, DIHK.
Rédigé par : René Jacquot | 23 mars 2010 à 12:06
Pour info cette analyse de l'Institut Turgot qui me semble clairement faire un point prospectif sur le devenir de l'UE :
"Zone euro : l'analyse qui donne froid dans le dos"
1– L’UNION MONETAIRE AGGRAVE LES BULLES DE CREDIT
2 – COMMENT AMELIORER LES BALANCES COMMERCIALES
3– L’HYPOTHESE D'UNE DEVALUATION DE L'EURO
4 - DES TRANSFERTS ANNUELS POUR COMPENSER LES DESEQUILIBRES
5 - L'ALLEMAGNE AIDERA-T-ELLE LES PAYS EN DEFICIT ?
6 – CE QUI SE CACHE DERRIERE LE MERCANTILISME ALLEMAND
7 – SORTIR DE L'EURO
8 - AUTRE SOLUTION : SE POURRAIT-IL QUE CE SOIT L'ALLEMAGNE QUI SORTE DE L'EURO ?
Et, merci d'avoir réactivé ce blog.
Amitiés à tous
http://blog.turgot.org/index.php?post/Connolly
Rédigé par : ThierryD | 23 mars 2010 à 21:44
Pour info ce papier a été cité dans un site italien dont il a manifestement inspiré un article. Comme quoi, on a pas le monopole de ce genre d'interrogations. Cela c'était pour répondre à ceux qui mettaient en doute la possibilité de faire quelque chose avec les italiens.
http://www.effedieffe.com/content/view/9850/179/
Rédigé par : Malakine | 24 mars 2010 à 15:48
@Malakine
Le pauvre Portugal vient de voir sa note dégradé par Fitch : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100324trib000491401/fitch-degrade-la-note-du-portugal.html
C'est dingue le poids de ce genre de guignol qu'il aille donc regarder les compte US et britannique on rigolera. Quoiqu'il en soit l'euro ne cesse de baisser c'est plutôt une bonne nouvelle. S'il tombe suffisamment on pourrait en sortir sans même avoir à dévaluer ensuite.
Rédigé par : Yann | 25 mars 2010 à 08:21
Je suis en train de travailler sur les éléments juridiques de trois hypothèses :
- sortir de l'Europe ?
- sortir de l'Euro ?
- exclure un Etat de l'Europe ou de l'Euro ?
Le premier billet a été publié ici :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=9416
les deux autres devraient suivre...
Car au-delà des aspects politiques ou économiques, il faut aussi qu'une décision soit juridiquement possible (je sais que le Droit est censé tout permettre, mais c'est important en terme de légitimité politique...).
Or, la plupart des juristes affirment aujourd'hui (osent affirmer serait plus excat) que ce n'est pas juridiquement possible sans renégocier les traités.
Ce n'est pas mon analyse...
Cordialement,
CM
Rédigé par : CM | 25 mars 2010 à 11:23
@CM
Je ne sais pas si c'était présent dans le traité constitutionnel tel qu'il a été voté par nos député à Versailles, mais dans le TCE qui a été rejeté en 2005, il me semble qu'il y avait un article autorisant justement un état à sortir de l'UE. Donc d'un point de vue légaliste je ne vois pas vraiment où serait le problème.
Rédigé par : yann | 25 mars 2010 à 11:38
@CM
Pardon pour mon intervention inutile, c'est très exactement ce dont parle votre texte que je viens juste de lire.
Rédigé par : yann | 25 mars 2010 à 11:48
Oui, la clause est la même dans le TCe et le Traité de Lisbonne (à part une correction technique de détail seulement), mais elle a moins été rédigée pour permettre une sortie que pour l'encadrer et donc la rendre plus complexe.
C'est toute la perversité du système qui apparaît à cette occasion : avant cette "exit clause", on pouvait sortir plus facilement de l'UE que depuis son adoption ! (sous réserve de respecter la convention de Vienne, plus souple - on comprend pourquoi les défenseurs de l'Europe, que j'appelle aujourd'hui "Europa uber alles", veulent que cette Convention régissant le droit des traités internationaux ne soit pas applicable à l'UE, un comble !).
C'était mon propos...
J'attends la publication de mon billet sur l'Euro...
CM
Rédigé par : CM | 25 mars 2010 à 12:03
@ CM
Je viens de lire avec intérêt votre article sur le blog de Jorion. J'aurais deux questions :
La première c'est quelles seraient la procédure à suivre en droit interne pour appliquer la clause de retrait unilatérale ? Je ne vois pas bien pourquoi on pourrait se dispenser d'une modification de la constitution.
La seconde, c'est une demande d'avis sur une solution personnelle plutôt acrobatique mais qui me semble imparable.
Les traités sur l'UE créent un ensemble normatif intégré qui s'intègre dans notre hiérarchie des normes entre la constit et les lois. C'est pourquoi il faut une modification de la constit pour s'en libérer.
Mais il peut y avoir une autre solution en application du principe selon lequel une norme postérieure prévaut sur une norme antérieure de niveau équivalent. En clair, un nouveau traité fondé sur l'article 55, portant sur le même champ que les traités UE et conclu avec un ou plusieurs Etat membres. Concrètement, la France et l'italie pourrait décider ensemble de gérer à leur niveau dans le cadre d'une forme de "coopération renforcée" tout une série de compétences transférées à l'UE par les traités antérieurs. Ce traité serait bien évidemment contraire au traités UE (puisque les coopérations renforcées sont extrêmement limitées), sans pour autant poser de problème juridique puisque les traités UE n'ont pas de valeurs constitutionnelle. Ils demeurent juridiquement des traités "de droit commun"
Le seul problème qui pourrait se poser serait une éventuelle non conformité de ce nouveau traité avec la constit, mais dès lors qu'on reste (au moins virtuellement) au sein de l'UE, pas de problème ! En outre le CC n'assure pas à ma connaissance (à moins que ça aie changer) de contrôle de conformité des lois (en l'espèce celle qui approuve le nouveau traité) au regard des traités. Donc ça marche.
Est-ce que vous compter étudier cette hypothèse de sortie du carcan communautaire par la voie de l'article 55 ? Qu'en pensez vous ??
Merci de votre réponse
Rédigé par : Malakine | 25 mars 2010 à 12:04
Je vous ai répondu par mail...
je pense qu'il y aurait là matière à un billet à rédiger pour la première question.
Quant à la seconde, malheureusement, c'est le serpent qui se mord la queue : un Traité conclut pour faire échec au TUE s'y substitue mais il fait aussi encourir des sanctions aux Etats signataires (saisine de la CJCE incontournable) sur le fondement du TUE non dénoncé !
Je pense qu'il vaut mieux jouer "carte sur table" : soit on modifie la politique, soit on part.
Il existe un précédent fâcheux pour les européanistes, lors du référendum de juin 1975 en UK sur le maintien au sein de la CEE...
Pour le reste, j'attends votre réponse à mon mail...
Cordialement,
CM
Rédigé par : CM | 25 mars 2010 à 12:36
@ CM
Franchement, la condamnation de la CJCE, on s'en fout un peu ! De toute manière, la sanction ça serait quoi ?
Ce qui m'importe surtout c'est de trouver un moyen pour que la France puisse sortir rapidement du carcan européen, suite à une élection présidentielle ou en cas de crise grave, sans pour autant passer par un référendum demandant le retrait de l'UE, qui a mon avis serait perdu dans tous les cas de figure.
Rédigé par : Malakine | 25 mars 2010 à 14:35
Bonjour,
Vous auriez tort de sous-estimer un impact d'une condamnation de la CJCE, ou d'une amende infligée par la Commission...
Vous savez le droit international public est assez simple : si vous ne respectez pas votre signature, alors vous aurez du mal à exiger que les engagements pris à votre égard.
Donc en pratique, passer outre à la CJCE sans dénoncer le TUE, cela va légitimer en pratique des mesures juridiques assez simples (par ex. ne pas restituer les avoirs nationaux mis dans la BCE, voir bloquer les avoirs nationaux dans ces pays, etc...). Une condamnation par la CIJ est aussi envisageable...
Le problème n'est pas juridique mais politique, et il réside donc dans la légitimité de votre position vis à vis de celle de vos intrelocuteurs.
Et si aujourd'hui un tel référendum n'aurait guère de chances de passer, rien n'est moins sûr demain...
à titre personnel, je pense que la situation est loin d'être aussi catastrophique que ce que l'on croit, et que le système va pouvoir endurer encore pas mal de pbs avant que de telles solutions ne deviennent "raisonnables" et acceptables.
Et n'oubliez pas que la simple menace d'un tel référendum devrait suffire (car l'Allemagne a besoin de nous pour acheter ses produits... Comment pourrait-elle s'en sortir sans notre marché ? Regardez le volume de ses exportations vers la France...).
En outre, comme je vous l'ai écrit en MP, les textes permettent de modifier la politique sans rien changer, il suffit de changer les priorités (et de faire passer la cohésion sociale ou le plein emploi AVANT la monnaie unique). D'ailleurs, on a su faire preuve d'une souplesse bien plus grande pour sauver les Banques il y a 18 mois alors...
Donc pour conclure votre solution est une solution technique tout à fait possible, à condition d'un accord, pour éviter l'engagement des procédures de coercition prévues dans le TUE.
Cordialement,
CM
Rédigé par : CM | 25 mars 2010 à 15:15
Deutschland über alles immer! Quelle blague pour un pays en pleine déroute démographique qui ne vit que des déficits de ses voisins. Une fois de plus, les casques à pointe prouvent qu'ils sont un problème et pas une solution...
La France s'honorerait à coller la baffe qu'elle mérite à Frau Boche en faisant exploser la zone euro; elle n'a rien à faire dans une Europe teutonisée.
Rédigé par : Abraxas | 26 mars 2010 à 16:45
Bonjour,
la suite a été mise en ligne...
C'est là :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=9467
le pb actuel n'est pas, à mon humble avis, le "deutschand uber alles" mais tous ces "Europa uber Alles" qui refusent de remettre en cause leurs postulats idéologiques.
Ils préfèrent sacrifier une partie de la population, la richesse nationale (concept "d'arrière-garde") et l'avenir de nos enfants...
Malheureusement, pour qu'ils prennent conscience, il faudra que le système tombe bien plus bas que ce qu'il est actuellement...
CM
Rédigé par : CM | 26 mars 2010 à 17:13
@ Malakine
Zemmour dans le dernier "ça se dispute" a évoqué l'idée "d'abandonner l'euro et de faire notre petite monnaie méditerranéenne"...
Zemmour, lecteur d'Horizons?
Rédigé par : René Jacquot | 27 mars 2010 à 12:06