Les articles de Jean François Copé dans Slate.fr sont des petits bijoux. D’une manière générale, j’adore Slate.fr, et particulièrement les chronique d’Eric le Boucher, qui sont de la même veine, en plus subtil encore. A chaque fois on peut y lire l’état de panique et de désarroi de la pensée dominante qui décrit souvent de manière très pertinente l’impasse dans laquelle elle se trouve, tout en prétendant trouver des solutions dans sa vieille boite à outil. Une fois, j’ai même cru qu’Eric le Boucher était en passe de faire sa conversion au protectionnisme tant il avait du mal à conclure son papier !
Aujourd’hui, Jean François Copé dans son autopsie du modèle allemand à la recherche de recettes miracles pour son programme de 2017 – ou de 2012 sait-on jamais, au train où vont les choses… - s’attaque à la cruciale question des retraites. L’article s’engage par un titre à sensation « L’Allemagne a déjà réformé son système de retraite dont les caractéristiques étaient proche du nôtre » sous entendu, donc c’est possible, la France doit en faire autant !
Suit un long exposé très technique des différentes réformes prises par le gouvernement allemand de 2001 à 2007. JFC n’oublie pas de nous rappeler qu’il est à la base, un technocrate, bosseur et connaisseur de ses dossiers, donc forcément très compétent.
On est quand même impressionné par l’ampleur des réformes effectivement mises en œuvre par nos maîtres allemands qui nous tiennent lieu de modèle, d’autant plus depuis qu’ils ont engagé le démantèlement de leur modèle social. Quand, de ce coté ci du Rhin la réforme signifie des grands discours accompagnés de mots-slogans répétés jusqu’à l’écœurement, suivies de piteuses reculades, chez nos voisins, on se fixe des objectifs clairs, qui se traduisent en mesures parfois dures mais qui passent dans les faits pour produire des résultats. Ah l’efficacité allemande !! Un gouvernement qui arrive ainsi à martyriser sa population dans un parfait consensus social et dans la paix civile, on comprend que ça fasse rêver nos gouvernants !
Le lecteur qui aura survécu à l’exposé technocratique, censément brillant et synthétique, tombera sur cette phrase conclusive qu’enfin il comprendra sans mal : « L'Allemagne a donc clairement fait le choix de sacrifier le montant des pensions au profit de la maîtrise du coût du travail et des déficits publics. » Pour ceux qui en douteraient encore, voilà le sens à donner à ce mot qui tourne en boucle dans la bouche de nos gouvernants : la réforme c’est l’adaptation à un système qui organise la régression des niveaux de vie.
Mais Copé n’est pas éditorialiste au Monde. Il est un politique qui souhaite se faire réélire. Il ne peut pas comme Pierre Antoine Delhommais, conclure son édito par un exposé cru et sans concession de la « vérité économique » qui nous attend :
Françaises, Français, Ne vous lamentez pas trop sur votre sort actuel, car le plus dur reste à venir. D'abord, le chômage ne va pas baisser. Les Chinois, avec leur coût du travail vingt fois plus faible et leur yuan sous-évalué, vont s'attaquer à de nouveaux produits et monopoliser de nouveaux marchés. Ce qu'ils vont gagner en niveau de vie, vous allez le perdre. Les délocalisations vont s'accélérer. La seule chance, pour la France, d'améliorer sa compétitivité et de rester dans la course, ce sera de se serrer très fort la ceinture sur les salaires, comme le font les Allemands depuis des années. Vous allez gagner moins, mais vous allez devoir travailler plus et plus longtemps, pour espérer toucher une retraite à peine décente. Avec une protection sociale réduite, car l'Etat-providence, étant donné notre niveau de dette publique, c'est terminé. Terminé. Pour réduire nos déficits et rembourser nos emprunts, vous allez aussi devoir payer plus d'impôts. Vous, mais aussi vos enfants et vos petits-enfants. C'est à peu près le seul moyen d'échapper, et ce n'est même pas sûr, au sort de la Grèce."
Copé se doit de nous sortir une proposition magique de son chapeau. Et que retient-il de l’exemple allemand ? Je vous le donne en mille : La retraite par capitalisation ! Soit la proposition promue avec une constance absolue depuis trente ans par tous les lobbyistes et thuriféraires du capitalisme financier. et relayée avec zèle par tous les porte-paroles de droite et de gauche de l'idéologie libérale. Le futur candidat à l’élection présidentielle a probablement oublié le krach boursier de 2008 et la ruine des retraités américains qui s’en est suit, de même que le discours de Toulon qui décrétait la fin du capitalisme financier et la tyrannie de l’actionnaire. Mais probablement, dans un prochain papier à paraître dans Slate, nous expliquera t-il tout aussi doctement qu’on a été tellement loin dans la rémunération du capital, que l’écrasement des salaires finit par produire un effet dépressif sur la consommation, les investissements et in fine sur la croissance.
Toute la contradiction du système exposée au grand jour : pour assurer le financement des retraites, il faut garantir une production de richesse à long terme et une croissance durable. Mais pour aller chercher cette croissance, il faut être « compétitif ». Pour être compétitif, il faut réduire les salaires réels, les charges, les impôts et les déficits, spirale qui produit un contexte dépressif (surtout si tout le monde applique cette martingale) ce qui rend impossible le financement à long terme des retraites ! CQFD
Mais l’essentiel pour un candidat potentiel à l’élection présidentielle, ce n’est pas de proposer un projet économique cohérent et une stratégie à long terme pour le pays. C’est de soigner une image de type compétent et bosseur, qui connaît ses dossiers, qui a des solutions à tout et la bonne méthode pour les mettre en œuvre. Mais tout en ne changeant rien au système, naturellement. Les politiques ne sont tout de même pas là pour corriger les tares du capitalisme néolibéral ou de la mondialisation. Faut pas déconner non plus ! La révolution c’est pour Besancenot ou Marine le Pen.
Les gens sérieux, ceux qui écrivent dans Slate, sont des « réformistes » !
Malakine
PS : A lire dans le même registre, un article de Laurent Pinsolle que je lui avais inspiré pendant ma période de retrait : "Jean François Copé l'analphabète du libre échange"
C'est mon premier post ici, je suis très content que Malakine revienne!
Pour ajouter au débat des retraites, une interview de Jacques Genereux:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/03/23/le-report-de-l-age-de-la-retraite-contribuera-a-baisser-les-pensions_1307467_3224.html
L'allongement de la durée de cotisation conduira à faire baisser le montant des pensions (comme il y aura moins de retraités avec une retraite pleine). Ca créera une inquiétude, qui poussera les actifs à l'épargne et donc à la retraite par capitalisation.
Rédigé par : Sebastien | 26 mars 2010 à 09:57
@ Malakine,
Copé est incorrigible. Il démontre par l'absurde la rigidité de la pensée unique qui habite une grande partie de nos élites malheureusement.
Mais le plus incroyable, cela reste le papier de Delhommais. Au début, j'ai cru que c'était une blague de ta part...
Demain, je sors le papier dont on a parlé samedi dernier.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 26 mars 2010 à 11:45
@Laurent
En lisant le texte de Delhommais on peut vraiment se demander si ce type sait ce que signifie être responsable. Il fait comme si ces dures décisions le touchait, il parle de décision difficile mais pour qui ? Jamais pour eux en tout cas. Tiens et si on divisait par deux les revenues des hauts fonctionnaire on ne ferait pas quelques économies par hasard? Non vaut mieux réduire les salaires de ceux qui sont au SMIC. Sauf qu'il de notoriété public que plus on est riche moins on consomme français, la réduction des hauts revenus voila un bon moyen de réduire notre déficit commercial non. Ce genre d'idée ne risque pas d'arriver dans la tête de cet imbécile.
Il n'arrive pas à comprendre l'absurdité de ses propos, il ne veut pas voir que la concurrence absurde avec la Chine et ses conséquences est le fruit d'une politique délibéré et non le fait de je ne sais quelle loi naturelle. Au rythme où ça va il va falloir remettre les guillotines en marche et les néolibéraux l'auront bien mérité.
Rédigé par : yann | 26 mars 2010 à 12:52
a Yann
D'accord.
On ne sent pratiquement rien, à peine un léger souffle d'air frais sur la nuque...
Rédigé par : ETDAS | 26 mars 2010 à 13:21
@ Sebastien
Je crois que ce blog manquait à pas mal de monde si j'en juge pas les stats de ces derniers jours. A moi le premier... Bienvenue !
J'ai vu l'interview de J. Généreux. J'avoue que je suis resté très perplexe avec la désagréable impression que ce génial économiste pensait le problème comme si on était dans une économie fermée et sans contrainte extérieure. Quand je lis que le financement des retraites sera assuré par l'effet mécanique de la productivité et de la croissance, je me demande si la politique ne finit pas par rendre con même les gens les plus intelligent.
Sur le fond, ma position est bêtement celle de Benoit Hamon. L'allongement de la durée de la vie implique des ressources supplémentaires qu'il faut aller chercher du coté des revenus du capital. Et s'il faut chercher des économies, on peut regarder du coté de l'assurance maladie, car les vieux en fin de vie, ça nous coûte une fortune.
@ Laurent
Moi aussi, j'ai halluciné en lisant l'édito de PA Delhommais, comme d'une manière générale quand je lis le monde. Mais c'est encore Slate que je préfère. Le monde c'est de la propagande bétasse. Sur Slate, ils essaient de réfléchir et parfois c'est vraiment trop drôle !!
@ Yann
Je fais ce genre de papier pour préparer les esprits. C'est Patrick Artus qui le premier a tenu ce genre de discours (relayé par moi dès le printemps) Aujourd'hui il a gagné les éditorialistes perroquet. Demain, il sera dans la bouche des politiques.
@ ETDAS
Ok pour la Guillotine, mais épargnez moi svp mon Eric le Boucher. Il me fait trop rire !
@
Rédigé par : Malakine | 26 mars 2010 à 14:42
Excellent!
J'ai eu exactement la même sensation en lisant ce billet de Copé sur Slate, désespérant... Quant à Le Boucher, n'en parlons même pas.
Je souscris entièrement au commentaire de Yann : "Il fait comme si ces dures décisions le touchait, il parle de décision difficile mais pour qui ? Jamais pour eux en tout cas. Tiens et si on divisait par deux les revenues des hauts fonctionnaire on ne ferait pas quelques économies par hasard? Non vaut mieux réduire les salaires de ceux qui sont au SMIC. Sauf qu'il de notoriété public que plus on est riche moins on consomme français, la réduction des hauts revenus voila un bon moyen de réduire notre déficit commercial". Quel est l'intérêt d'aller faire des cadeaux fiscaux aux riches puisque cet argent supplémentaire ne viendra qu'abonder une épargne ou de la consommation étrangère? Aucun intérêt. Quant à la justice fiscale qui voudrait qu'on ne soit pas taxé à plus de 50% de ce qu'on gagne, c'est beau dans l'absolu, dans la pratique au vu de certains revenus, le % de signifie rien devant la valeur...
Idem pour la course à la réduction des couts salariaux pour résister à la Chine : que l'on fasse attention à ne pas trop enchérir notre main d'oeuvre, c'est une chose. Mais essayer de concurrencer la Chine ou penser lui résister grâce aux salaires, c'est une douce utopie. Il ne faut pas penser "concurrence", il faut penser "révolution du système mondialisé" puisque celui-ci fait que de toutes façons à plus ou moins long terme nous sommes cuits, et les allemands aussi.
Rédigé par : laloose | 26 mars 2010 à 19:44
Oh, oh, il est en verve, le Malakine, ça redémarre sur les chapeaux de roues, c'est excellent pour mon moral!
Constatant que nous sommes plusieurs à savourer ces mêmes contributeurs de Slate dont parle Malakine, j'ajouterais François Hollande: c'est un peu moins comique que les précédents, mais il a un côté "rassurant": avec lui on a l'impression que rien ne s'est passé depuis Jospin. J'ajouterais également le meilleur d'entre tous, Jacques Attali, notre Cassandre omnisciente! J'attends avec impatience les conclusions de sa nouvelle (petite) commission bis.
N'étant pas abonné au monde.fr, je n'y ai donc plus accès, mais j'avais lu les commentaires qui suivaient le risible papier du sieur Delhommais: il en prenait plein la figure, ce pauvre homme! Pas assez "pédagogue" sans doute... :-)
C'était un petit commentaire juste pour dire bonjour, à toi Malakine ainsi qu'à tes fidèles commentateurs.
Rédigé par : Taciturne | 26 mars 2010 à 20:43
Cela fait des années qu'on nous sort toujours les mêmes poncifs qu'on accepte sans réagir :
- on ne peut pas taxer le capital pour ne pas faire fuir les capitaux
- la rémunération exorbitante des dirigeants est nécessaire pour qu'ils ne quittent pas la France (voir Zacharias de Vinci qui vient d'être relaxé)
et du coup, on n'essaie même pas !!...
Alors on propose toujours les mêmes recettes : taxer les plus faibles, prolonger le temps de travail, alors que le chômage des jeunes et des seniors est le plus élevé en France de toute la zone Euro. Le mal français, pour moi vient de nos "élites" y compris Copé : le diplôme acquis compte plus que l'expérience (çà les rassure, tous ces énarques !!... l'exemple d'Alain Minc : major de sa promo, mais incapable de gérer des entreprises... il a fait perdre 2 milliards de francs à l'italien De Benedetti).
A l'embauche... on est trop jeune et sans expérience avant la trentaine... (taux de chômage des jeunes de 19%, l’un des plus forts de l’Union européenne, et 23% des jeunes qui ont un emploi sont à temps partiel, souvent imposé) ensuite on devient trop vieux à partir de la quarantaine.
On peut toujours aller chercher modèle chez les Allemands (ou même chez les Papous de Nouvelle-Guinée), c'est la mentalité des dirigeants français qu'il faut changer.
Il en est de même pour les délocalisations : c'est une réponse primaire au besoin de gain des entreprises. Quand on voit qu'une entreprise comme Vuitton, dont le prix de vente élevé est l'argument majeur ("pas assez cher, mon fils..."), aller en Chine fabriquer des produits, comment s'étonner des contrefaçons d'une part, de la perte de savoir-faire et à terme de la notoriété d'autre part.
Pour moi, répondre au problème des retraites passe par une relocalisation des emplois en France, le maintien d"un niveau de vie décent et une moindre différence entre les salaires des patrons et des employés (Henri Ford parlait dans les années 30 d'un écart de 1 à 40).
L'édito de Delhommais me parait intéressant pour peu qu'on le lise au second degré... Et il me semble qu'on ne peut nier lorsqu'il dit "Cela n'aide guère à concevoir qu'un autre monde est possible et à se mobiliser pour le construire. Surtout quand, dans la foulée, on apprend que les traders ont recommencé à toucher des bonus à cinq ou six zéros et que la réforme de la régulation financière progresse à pas de nain"...
peut être faut-il cette étape nécessaire pour qu'enfin le système financier global évolue. En effet, cette crise a révélé deux choses intéressantes :
1 - le manque d'imagination des dirigeants politiques, quelque soit le pays
2 - l'absence de scrupules des banquiers et des financiers (çà, on le savait déjà)
Et le système repart comme avant... jusqu'à la prochaine crise (qui ne devait pas tarder...)
Pour se limiter à l'époque moderne, souvenez vous qu'il nous a fallut deux guerres mondiales pour comprendre l'intérêt de développer une organisation européenne... c'est à dire 50 ans de lutte et des millions de morts avant qu'émerge la CEE.
Peut être faut-il une seconde crise (et certainement pas mal de dégâts sociaux) pour que le système capitaliste se stabilise...
Les délocalisations en Chine ou ailleurs finiront par apparaitre comme une incongruité lorsqu'il n'y aura plus de marché en Europe ou aux Etats-Unis, puisqu'il n'y aura plus d'acheteurs.
Comme le rappelle Le Boucher "Une moitié des exportations de la Chine part à destination de l'Europe et de l'Amérique. Le consommateur du G7 est encore celui qui fait l'enrichissement chinois"
Quant à Copé, il reste dans la ligne de ses confrères politiciens : En France, on ne travaille pas assez (les 35 heures) on est trop payé (l"étude de 2007 place le salaire médian à 1600 euros dans le privé et seuls 20% des Français gagnent plus de 2380 euros net par mois), on part trop tôt (moins de 38% des seniors ont un emploi... mais il y en a 600.000 au chômage)
Au fait, savez vous qu'au moins deux régimes spéciaux de retraite échappent à toute remise en cause... ??? ceux des élus du Sénat et de l'Assemblée Nationale !...
Rédigé par : reno.th | 27 mars 2010 à 01:37
@ Laloose et Taciturne
Je vois que je ne suis pas le seul à me délecter des tribunes des penseurs uniques de chez Slate. Ca me déculpabilise un peu ! :-)
@ reno
Je te conseille de lire le dernier papier de Lordon dans le diplo. Il fait l'analyse inverse de toi. A chaque crise, le système capitaliste mondialisé n'en sort pas mais se consolide ! La dernière séquence a consacré le pouvoir financier sur le pouvoir des Etats. La prochaine étape c'est la crise des finances publiques et elle aboutira au démantèlement des systèmes sociaux.
Rédigé par : Malakine | 27 mars 2010 à 09:28
@ Malakine
Chercher des économies du côté de l'assurance-maladie ne serait pas de bon aloi... En vérité, il y a vieux et vieux...
Sur les retraites, je demeure en faveur de
- la suppression des niches sociales telles que présentées dans le Rapport Bur
- un contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (évoqué depuis 1973 puis par Chirac en 2006)
- une hausse du niveau de CSG pour les récents retraités plutôt à l'aise(la CSG étant plus basse soit 6,6% contre 7,5% pour les autres revenus) qui ont un taux de remplacement de 75 à 80% aujourd'hui au nom de la solidarité avec les générations... bref un hausse de la CSG "babyboomers", c'est un peu ce que propose Bruno Palier (on pourra ainsi augmenter les petites retraites agricoles et commerçantes).
Rédigé par : René Jacquot | 27 mars 2010 à 10:31
@ Malakine
Le blog de Jean Claude Werrebrouck est au moins autant à prendre en considération que celui de Lordon, car lui aussi sait de quoi il parle et ne fait pas particulièrement dans l’imagerie romantique révolutionnaire.
Larguer la protection sociale avec le sourire triomphant aux lèvres : « Ca y est, on les a eu !». Fort bien ! Même la protection des entrepreneurs politiques ? (Excellente expression de Werrebrouck et qui rejoint celle que j’emploie systématiquement pour les partis politiques « PME ») ? Même celle des policiers ? Même celle des militaires ? Même celle qui justifie l’immigration « vannes ouvertes » (qu’est-ce qu’on va leur dire quand il faudra fermer les guichets) ?
L’auto sabordage d’une société entière face au pouvoir financier est inconcevable, et il y aura forcément une confrontation et une épreuve de force entre les deux. La tactique du salami, pratiquée systématiquement par les néolibéraux depuis plusieurs décennies, devient inopérante lorsqu’il n’y a plus rien à couper.
Il reste toujours quelque chose à couper d’ailleurs, mais dans un autre morceau, et il faut alors affronter d’autres formes de pouvoirs qui non pas les bonnes manières des anciens et qui prolifèrent dans les sociétés chaotiques. Lis ou Relis le bouquin de Saviano (Gomorra), tu constateras que dans l’arrière pays napolitain, les kalachnikovs font trembler les banquiers comme les autres.
Werrebrouck pense que le renforcement du pouvoir financier au fil des crises rend inévitable le retour définitif de l’histoire en un point ou, pour deux parties en présence, il ne sera plus possible de louvoyer. Et il n’est pas question de « grand soir » là-dedans.
Au bout du compte, la seule extériorité capable de s’imposer à une société est celle qui possède les armes (et inutile de me sortir la fable des milices privées à la Blackwater. En Orient, entre deux tueries de civils- leur seul savoir faire réel- celles-ci sont en train de se faire ratatiner par des mendiants qui tuent et aiment mourir pour Dieu, la gloire, et… forcément le plaisir).
Rédigé par : GRACCHUS B. | 28 mars 2010 à 01:08