Traditionnellement, l’été est une période calme sur le plan politique. Cette année, il s’est tout de même passé quelques évènements significatifs dans la continuité du séisme des européennes.
Ces élections sans enjeux, ni campagne auront peut-être marqué un point de bascule dans la vie politique française : l'accession de l'écologie politique à l'âge adulte, le basculement du Modem à gauche et l’amorce de la chute finale du PS.
En analysant le succès d’Europe Ecologie, comme la manifestation d’une « bulle verte » dont la manifestation n’aurait été possible qu’en raison de la personnalité hors norme de sa tête de liste et à la vacuité du débat, laquelle aurait permis à cette « idéologie pour enfant de huit ans » de pospérer, une bulle qui ne tarderait pas à exploser dès que « les verts ressortiront leur tournesol, leur pisse froid et leurs ayatollah anti-tout », je crains avoir pris mes rêves pour des réalités. Je dois le reconnaître : je me suis trompé. Les verts ne sont plus ceux que j’ai connus dans les années 90 et l’écologie est désormais un thème structurant de la vie politique française. Tant pis pour la critique du néocapitalisme mondialisé et la recherche de solutions à la crise. Cet été, les médias nous ont présenté Cécile Duflot comme un personnage politique de première importance. On a entendu les Verts prétendre sérieusement contester le leadership du PS aux prochaines régionales. Le monde continue à publier des papiers délirants d’Hervé Kempf. Marianne 2 a consacré cet été une série bien complaisante aux décroissants. La « crise écologique » et le « changement climatique » sont désormais considérés comme des problèmes majeurs de notre temps qui appellent des mesures urgentes. On a vraiment changé d’époque.
Il va donc falloir arrêter avec l’ironie facile et désormais prendre les écolos au sérieux. Je vais donc prendre l’engagement d’examiner leurs positions et leurs propositions avec le respect qu’elles méritent, à commencer par la nouvelle donne. Les verts sont en phase avec la réalité sociologique du pays. Ils posent de vraies questions et porteurs d’idées neuves. Ils sont désormais une vraie force politique destinée à remplacer un PS en fin de cycle comme « gauche du 21ème siècle.
Admettons. Après tout, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. Après tout, faire mieux que le PS ne devrait pas être trop difficile.
Car le PS a poursuivi méthodiquement sa descente aux enfers tout l’été. Après sa claque aux européennes, on aurait pu s’attendre à ce qu’il engage son autocritique sur son projet européen ou mieux, qu’il fasse repentance sur sa compromission historique avec le néolibéralisme. Mais non, comme après chaque défaite, le PS a réagi à une campagne illisible et molle, par des chamailleries de cour de récréation, engagés par des apparatchiks ambitieux qui pensent pouvoir construire une identité médiatique sur la critique du parti. Comme si les bisbilles et la critique de l’appareil du PS étaient des idées neuves … Je n’en dirais pas plus sur la passe d’armes pathétique entre Valls et Aubry. Plus intéressante est l’idée d’organiser des primaires pour la désignation du prochain candidat à la présidentielle, car les contradictions dont elle est viciée témoignent à elles seules du désarroi dans lequel se trouve le PS et l’impasse qu’elles représentent.
Les primaires reposent sur l’idée d’une naïveté touchante selon laquelle, d’un débat d’idées un peu viril arbitré par le peuple souverain, naitra nécessairement un leader incontesté bénéficiant d’une dynamique telle qu’elle lui permettra d’affronter sans crainte Sarkozy au second tour en 2012. Or, il est plutôt drôle de constater que cette idée est précisément dirigée contre les deux leaders dont dispose actuellement le PS : sa première secrétaire qui n’aurait évidemment aucune chance dans une telle compétition et DSK qui ne risquera pas à abandonner son fromage new yorkais pour disputer un tour préliminaire à l’issue bien hasardeuse.
Et pour qu’un débat d’idées ait lieu, encore faudrait-il qu’il y ait clivages ou même structuration idéologique. Dans un parti ou plus personne ne pense depuis une décennie (au moins), une compétition interne tournera nécessairement à un combat d’égo, qui à l’instar du congrès de Reims ne fera qu’exacerber les haines et les rancœurs pour produire un leader mort-né que les 49% du camp d’en face n’auront de cesse que de tuer !
Le plus drôle dans cette affaire est de constater que celui qui s’est fait le plus ardemment défendu cette idée, éminemment présidentialiste, n’est autre que le héraut du parlementarisme, Arnaud Montebourg. Comment celui qui a construit toute sa carrière sur la dénonciation du pouvoir personnel et peut-il s’en remettre au mythe de la Vème république de la « rencontre entre un homme et un peuple » ? Faut –il que le PS n’ait plus aucune structure intellectuelle pour assister dans l’indifférence générale à de tels tête à queue.
Cet été, pour la première fois, les analystes ont évoqué sérieusement la possible disparition du PS. Il est difficile de leur donner tort. Mais n’est-il pas déjà disparu de la scène nationale depuis le 21 avril 2002 pour n’être plus depuis qu’une entreprise électorale destiné à gagner des postes et des positions dans les collectivités locales ?
Bayrou a échoué dans son projet d’incarner un centre de rassemblement, puis dans celui d’être une autre droite, porteuse des valeurs du libéralisme véritable et du gaullisme ancestral. Les municipales ont consacré l’échec du centrisme indépendant. Dernièrement, les européennes ont sanctionné l’échec d’une stratégie trop personnalisée d’anti-sarkozysme viscéral.
Après l’échec européen, Bayrou a failli voir son jeune parti exploser. La fronde est partie de Corinne Lepage, fortement tentée de voler au secours de la victoire écolo de juin pour participer à l’édification d’un grand « mouvement du développement durable » Les régionales à l’horizon, où le Modem dans son positionnement actuel est assuré d’une débâcle, les cadres ont du faire pression pour entrer rapidement dans une grande coalition PS-Vert-Modem, seule à même d’offrir des postes.
Marielle de Sarnez a fait forte impression à Marseille devant des militants socialistes médusés, heureux d’entendre enfin un vrai discours de gauche et croyant avoir trouvé la première secrétaire de leur rêve !
Marielle de Sarnez - Ateliers d'été EAGenvoyé par segoleneparis. - L'info video en direct.
A quand le premier responsable socialiste qui prendra ouvertement parti pour Bayrou dans la perspective de 2012 ?
A l'aune de la participation le score des verts aux européennes reste dans sa norme.
Je ne nie pas la facilité pour beaucoup du vote vert...
Mais conviction ou de situation?
Pour les régionales c'est énorme de voir ceux qui ont cogéré tiré sur l'ambulance PS.
Sarko est plus fort que Mitterrand, là ou l'un avait son lepen, L'autre à sa doublette besancenot et les verts.
Les régionales verront sans doute l'IdF passer à droite, faible mobilisation et division de la "gauche".
La France ne change pas, ça continue...
Pour info ça va pas mieux en Argentine...
saludos.
Rédigé par : ETDAS | 26 septembre 2009 à 21:49
@ Malakine
Bayrou tombe tellement à gauche qu'il discute avec Chevenement... Ce qui n'est pas étonnant puisque les deux sont des maurrassiens selon Alain Minc.
A vrai dire, il y a peut-être un partage des rôles au modem: à Marielle, les bobos verts européistes, à François le côté plus "terroir" et la critique sociale.
http://www.chevenement.fr/Entretien-de-Jean-Pierre-Chevenement-a-l-hebdomadaire-Marianne_a853.html
Rédigé par : René Jacquot | 28 septembre 2009 à 13:45
@ ETDAS
Ah oui l'argentine !! Tu as raison d'en parler. J'ai pensé à toi quand j'ai vu que ta chère Christina n'a rien trouvé de mieux que de racheter les droits du foot pour les chaines publiques et de présenter ça comem une réforme en faveur d'un monde plus juste !
@ René Jacquot
Mais tu avoueras que JPC est depuis toujours très atypique à gauche ! Du moment que FB abandonne son Européïsme béat, il n'y aucune raison qu'ils ne s'entendent pas.
En tout cas, Bayrou s'il s'est planté aux européennes, s'est bien rattrapé cet été avec son ouverture et sa proposition de parlement de l'alternance.
Rédigé par : Malakine | 28 septembre 2009 à 18:26
Tu n'es pas argentin, tu ne peux donc pas comprendre.
Chez moi cela est plus fort que la religion.
Pourtant le niveau des clubs argentins (à part le min CQFD Argentinos Juniors) est de plus en plus faible et les supporters de plus en plus bêtes.
Néammoins vu les problèmes du gouvernement, c'était un moyen de regagner quelques points de popularité...
C'est tjs plus "utile" (au moins ça lui aère l'esprit) au peuple que les interventions chirurgicales et les vacances ds le midi de qui vous savez!
Touches pas à mon fubol, déjà qu'on va pas aller au Mundial...
Saludos
Rédigé par : ETDAS | 28 septembre 2009 à 21:42
@ René Jacquot
Lorsque Ségolène Royal avait proposé, entre les deux tours, de discuter avec Bayrou, Chevènement avait dit ironiquement, et non sans quelque raison: "On n'est pas à un Delors ou un Rocard près" (ou d'autres noms, peu importe).
Au lieu de cela, Bayrou se rapproche de Chevènement, et je dois dire que si cela peut apparaître un peu bizarre, c'est le genre de bizarrerie qui me plaît beaucoup. Deux personnalités détestées cordialement par Alain Minc étant faites pour s'entendre, ou au moins pour me plaire.
Si seulement ils pouvaient se passer de certains socialistes...
Rédigé par : Archibald | 04 octobre 2009 à 19:07
@ René Jacquot (suite)
Il n'y a pas un mot que je souhaiterais changer dans les réponses de Chevènement. Pas un, sur la gauche, le libre-échange,... (enfin peut-être sur la République, car je n'ai pas la foi)
Si, comme le dit le titre de Malakine, "Jacques Sapir fixe le cap", il me semble que c'est Chevènement qui en tire les bonnes conclusions. Et, au passage, je regrette que le front de gauche erre dans sa quête identitaire d'une "vraie gauche" en courant derrière le NPA.
Rédigé par : Archibald | 04 octobre 2009 à 19:19