Les textes de jacques Sapir sont toujours des évènements. On y trouve toujours des analyses économiques denses suivies d’éléments de solutions politiques. Dans sa dernière publication « Un an après … » Jacques Sapir franchit une étape en appelant, dans sa conclusion à un rassemblement dans la perspective de 2012 sur la base d’un programme de rupture qui commence à se dessiner.
Sans surprise, Jacques Sapir considère que la crise qui a commencé en 2007 ne connaît actuellement qu’une forme d’accalmie liée au rétablissement partiel et peut-être temporaire du secteur financier. Les déterminants structurels de la crise demeurent, à savoir une inversion du rapport de force entre le capital et le travail et une atonie de la demande solvable, étouffée par des profits qui confisquent la totalité des gains de productivité.
Pour Sapir, nous sommes donc entrés dans une crise de longue durée, dont nous ne sortirons qu’en récréant les conditions d’une distribution plus juste des revenus. Point de reprise à l’horizon ! Le contexte est au contraire à la stagnation marqué par des pressions déflationnistes et concurrentielles renforcées, notamment en raison de l’appréciation de l’Euro. Le chômage devrait continuer à progresser, les délocalisations de reprendre, les plans de licenciement de se multiplier. Enfin, l’état très dégradé des finances publiques devrait conduire à des mesures d’austérité qui finiront de casser tout espoir de retour à la croissance. Bref, on va dans le mur ! Et encore, Sapir nous fait grâce de l’hypothèse d’une crise de solvabilité des Etats ne parvenant plus à emprunter sur les marchés financiers.
Ce serait grave s’il n’y avait aucune solution ni alternative. Or, Sapir a des réponses.
La première consiste à rétablir un lien entre le marché sur lequel une entreprise réalise ses profit et celui sur lequel elle recrute ses travailleurs, condition obligée du compromis salarial. Cette longue périphrase, destinée à choquer le moins possible la bien-pensance économique, ne signifie rien d’autre que le recours à des politiques protectionnistes
La seconde consiste en une nationalisation des banques afin de tirer toutes les conséquences de la crise financière de l’an passé. Sans réforme radicale du système bancaire, qui consisterait à séparer les activités de crédit et celles de marchés tout en limitant sévèrement ces dernières, la finance conduira nécessairement à une nouvelle crise au moment de l’explosion des prochaines bulles, au terme de laquelle, une nouvelle fois, les profits auront été privatisés et les pertes socialisées.
La troisième consiste à un politique fiscale beaucoup plus agressive pour s’attaquer au groupe social en consolidation des super-riches et pour prendre sur les profits des entreprises, qui contrairement au vieux théorème de schmitt ne font plus ni les investissements de demain, ni les emplois d’après demain, mais qui ne servent plus qu’à nourrir la sphère financière et la spéculation.
Le dernier axe du « plan Sapir » repose sur un plan d’assainissement des finances publiques, par une reprise maîtrisée de l’inflation et le financement par les banques centrales à taux zéro des dépenses de relance et d’investissement des Etats. Celles-ci ont sauvé les banques par une injection massive d’argent gratuit, pourquoi n’en feraient-elles pas autant pour des Etats au bord de la banqueroute ?
La régression ou la rupture
Cependant, nul n’est besoin d’être économiste pour savoir qu’un tel programme est en l’état impraticable. Le protectionnisme est rendu illégal à la fois par l’OMC et par les traités européens qui ont retiré aux Etats leurs prérogatives en matière de politique commerciale. Le projet d’arraisonnement de la finance (pour reprendre l’expression de Frédéric Lordon) se heurte à la crainte de voir celle-ci se délocaliser et à la croyance de la nécessité de demeurer « une grande place financière ». La politique fiscale agressive s’oppose au principe de la concurrence fiscale qui est à l’œuvre au sein du grand marché européen (et mondial). Enfin, le financement des Etats par les banques centrales est proscrit par les règles européennes et de surcroît totalement étranger à la culture de la BCE, obsédée par la lutte contre l’inflation.
Les remèdes aux problèmes engendrés par le système sont donc interdis par les règles produites par ce système, ce qui semble d’ailleurs relativement logique. Il faut donc sortir de ce système, ce que Sapir résume par un choix entre la régression ou la rupture.
La question de la nature de la rupture fait l’objet d’un débat, malheureusement encore trop implicite, et au sein des milieux protectionnistes et alternatifs. De ce point de vue, deux thèses s’opposent, à laquelle j’ai voulu l’an passé ajouter une troisième de compromis.
La première c’est la thèse orthodoxe des protectionnistes européens, celle qui a été popularisée par Emmanuel Todd : Il faut convaincre l’Allemagne qu’elle a intérêt à une politique de relance européenne que permettrait un protectionnisme intelligent aux frontières de l’Union. Ainsi, par l’action du couple franco-allemand, il sera possible de réorienter le projet européen et de conduire des politiques fédérales protectrices stimulant la demande intérieure.
La solution de compromis que j’ai développé ici consisterait à développer une forme de « coopération renforcée » avec l’Italie, de manière à récupérer par traité les compétences économiques essentielles, y compris le cas échéant la politique monétaire. Ainsi l’union subsisterait (au moins fictivement) et un nouvel espace de souveraineté et de liberté politique s’ouvrirait autour d’un marché d’une taille suffisante (120 millions d’habitants) pour être incontournable pour les acteurs économiques mondialisés.
La dernière, constitue encore un tabou, que même le Front National n’a jamais osé briser : la sortie de l’union européenne et de l’Euro pour recouvrer une pleine et entière souveraineté nationale. Cette solution produira une forte odeur de souffre au nez de bien de nos compatriotes, sans parler des médias (on imagine déjà les tribunes de BHL !) Mais elle pose aussi quelques problèmes purement techniques qui refroidissent vite toute les tentations au repli national : Difficulté à engager une réindustrialisation sur un marché aussi étroit, perspective de crise monétaire ou financière. La dette publique étant libellé en euro, toute forte dévaluation entrainerait une flambée du taux d’endettement.
Jacques Sapir vient de franchir clairement ce tabou dans son dernier texte – et c’est son principal intérêt. Il appelle clairement à des « politiques nationales réellement novatrices » Manifestement, ni l’hypothèse d’une sortie de l’Euro, ni celle d’un protectionnisme purement national ne l’inquiète.
S’il n’apporte aucune réponse à la seconde (mais pour cela, encore faudrait-il que le débat sur la viabilité d’un protectionnisme national ait lieu), il répond en technicien à la première. Il propose ainsi « l’adoption d’une convertibilité en compte courant ai lieu et place d’une convertibilité en compte de capital », ce qui fera l’effet du chinois à beaucoup mais que certains de nos distingués commentateurs nous expliqueront peut-être dans les commentaires. Cette solution devrait selon lui être de nature à limiter la hausse des taux d’intérêt.
En tout état de cause (ça, j’ai compris) le nouvel Etat souverain ne devra pas chercher à se fournir en capitaux sur les places étrangères mais davantage mobiliser sa capacité de création monétaire. Pour Sapir, un financement par la banque centrale de la partie du déficit budgétaire qui n’est pas lié aux dépenses de fonctionnement courantes ne devrait pas conduire à un épisode d’hyper inflation. Là aussi, je laisse le soin aux économistes et aux techniciens d’en débattre. Mais il faut que le débat ait lieu !
Il est à noter que pour Sapir la solution nationale peut-être que transitoire. Il indique en effet que « ce choix, il faudra au départ le faire seul, même s’il est clair que notre position ouvrira une brèche dans le consensus et pourra servir de base à de nouvelles coordinations » qui pourraient prendre la forme de l’Union Latine que je décrivais l’an passé.
Et Sapir de conclure par cette phrase en forme d’appel à la mobilisation citoyenne. « Tel sera le choix de l’élection présidentielle de 2010 et telle sera la base du programme sur lequel il faut dès aujourd’hui commencer à se rassembler »
L’appel est d’autant plus audacieux qu’il n’y a à ce jour aucun candidat susceptible de porter un tel projet, ni aucune force politique capable de le soutenir et pas davantage de cercle de réflexion pour approfondir cette base de programme.
Nous ne pouvons néanmoins pas rester insensibles à l’appel de Jacques Sapir. Travailler à l’élaboration d’une alternative, réfléchir aux moyens de sortir du cadre de la mondialisation néolibérale, éclairer le débat public sur les grands enjeux et les solutions envisageables, inciter les intellectuels alternatifs à travailler ensemble, assurer la promotion des idées nouvelles et de ceux qui les portent, tel était précisément l’objet du club que nous avions l’intention de fonder lors de notre réunion du 10 juillet dernier.
Alors… on se lance ?
"le nouvel Etat souverain ne devra pas chercher à se fournir en capitaux sur les places étrangères mais davantage mobiliser sa capacité de création monétaire"
"un financement par la banque centrale de la partie du déficit budgétaire qui n’est pas lié aux dépenses de fonctionnement courantes"
Voila une idée qu'elle est bonne et qui devrait mettre du baume au cœur à mes amis de Chômage et Monnaie
Rédigé par : RST | 26 septembre 2009 à 10:46
Quand Malakine dit qu'il n'y a "pas davantage de cercle de réflexion pour approfondir cette base de programme il devrait ouvrir son horizon de façon plus large pour faire connaissance de la Nouvelle Action Royaliste et de ses "Mercredis de la Nar" où Jacques Sapir et Emmanuel Todd sont fréquemmment invités et leur propos reproduits dans "Royaliste" en toute convergence d'idées et donc de programme pour une vraie alternative politique pour 2012.
Rédigé par : cording | 26 septembre 2009 à 11:05
@ RST
Tu vois, tes idées progressent ! Mais le spécialiste de ces questions que tu es n'aurait pas une explication à nous donner sur la "convertibilité en compte courant" ?
@ Cording
Désolé, non je ne connaissais pas. Est-ce que tu aurais un lien à nous donner pour qu'on se fasse une idée de ces travaux ?
Ceci dit, ça me fait quand même drôle d'imaginer Sapir et Todd dans un cercle de reflexion royaliste ...
Rédigé par : Malakine | 26 septembre 2009 à 13:08
Il est urgent que le regroupement souhaité par Malakine se construise. L'initiative lancé par Todd, Sapir, Gréau, El Karaoui, Husson, Cassen (site "Pour un protectionnisme européen") est efficacement relayé par Malakine, bravo pour son blog.
Maintenant le moment est au regroupement militant sous forme de cercles à travers toute la France et je salue l'initiative de Malakine.
Je connais également la Nouvelle Action Royalite et ses conférences parisiennes du mercredi soir et effectivement les noms cités ci-dessus y viennent débattre de leurs propositions ( avec bien d'autres)
Pour "cording", le site de la NAR:
http://narinfo.site.voila.fr/index.html
Rédigé par : Jacques ENNAT | 27 septembre 2009 à 09:00
La NAR, pour ceux qui veulent être mis rapidement au parfum, ce sont les héritiers contemporains de l'orléanisme, branche royale favorable à une monarchie constitutionnelle et qui se situa souvent au centre, voir au centre gauche de l'échiquier politique. Sans parler de Philippe d'Orléans dit "Philippe Egalité", député à la Convention en 1792 et qui vota la mort de son cousin Louis XVI(cela ne l'empêcha pas lui-même d'être guillotiné),il faut retenir que l'alliance des républicains et des orléanistes permit à la République d'être institué à une voix prêt (sur le fameux amendement Wallon)en 1875. Dans les années récentes, ce courant fut surtout illustré par la personnalité de Bertrand Renouvin, candidat à la présidence en 1974 et qui appela ensuite à voter Mitterand. Il condamna aussi fermement l'aventure Le Pen un peu plus tard.
Courant sans ambiguïté donc, voire sympathique, même si l'on peut s'interroger sur sa pérennité dans le contexte historique de la France, chargé d'atavisme anti-monarchique ?
Sapir ? Ses idées son formidables mais le personnage manque d'aplomb. Trop gentil, trop poli. Je me souviens (quelle chaîne ?)l'avoir vu s'effondrer sur lui même face à deux petits marquis de l'économie officielle contestant l'idée même de délocalisation en France. Lui les invita sagement à "remonter la chaîne de production" alors qu'en un cas pareil il fallait coûte que coûte répondre au simplisme par la simplicité et d'abord dénoncer le mensonge. Un bon ministre de l'économie à la rigueur...
Rédigé par : Daniel Dresse | 28 septembre 2009 à 01:12
Texte rédigé à la va-vite entre deux interventions sur un portail de parking défectueux. Pardon pour les fautes donc !
Rédigé par : Daniel Dresse | 28 septembre 2009 à 01:41
http://www.ifri.org/files/Economie/Nationalisme_30_09_09.pdf
Pour ceux qui veulent rompre le ronron de cette manifestation forcément anti-protectionniste.
Rédigé par : René Jacquot | 28 septembre 2009 à 14:34
L'intérêt de ce papier était de relayer le texte de sapir, mais surtout de lancer publiquement le projet du club. Alors ... je vous écoute ...
Qu'est ce que des citoyens peuvent faire de concret pour peser sur le débat public et favoriser l'émergence d'une véritable proposition politique alternative en 2012 ou 2017 ?
ok, on se réunit, on débat entre nous, on fait des textes, on se congratule les uns les autres ... Et après ?
Rédigé par : Malakine | 28 septembre 2009 à 18:55
On pose des bombes ?
Rédigé par : RST | 28 septembre 2009 à 19:37
Et pourquoi pas au sein du courant "un monde d'avance"!
Non Malakine le PS n’est pas mort ! Vous vous posiez la question pour savoir si le courant Hamon-Emmanuelli, Un monde d’avance n’avait pas un siècle de retard je crois que la réponse est dans leurs discours du 27 septembre.
Je vous invite à les écouter lors de la clôture de leur université d’été qui s’est tenue dans les landes ce week-end. C’est vrai peu relayé par les médias !
Discours d’Henri Emmanuelli http://www.unmondedavance.eu/article.php3?id_article=395
Discours de Benoît Hamon http://www.unmondedavance.eu/article.php3?id_article=396 (les 17 premières minutes sont consacrées aux remerciements et à l’absence des médias, le rôle des journalistes et la communication présidentielle) mais après il expose les mesures importantes qu’auraient dues être prises au G20 et qui vont être leur programme.
Vous cherchiez un présidentiable je l’ai vu en Henri Emmanuelli.
Rédigé par : Castor | 28 septembre 2009 à 21:35
à Castor vous rêvez quand vous voyez Henri Emmanuelli en présidentiable! Qu'a-t-il fait et dit depuis 2005? Pas grand chose, en vérité! Il est resté sagement un élu socialiste d'un parti qui a entériné ce déni de démocratie qu'est le traîté de Lisbonne!
De même pour Benoît Hamon, ils sont tous les 2 sympathiques mais cela n'en fait pas pour autant de grands dirigeants politiques soucieux de préparer une alternative politique en 2012 de rupture avec le néolibéralisme qui même avec l'alibi européen est néfaste pour la pays.
Je pense que Jean Luc Mélenchon a plus de courage politique parce qu'à l'instar de Chevènement il risque de tout perdre.
D'ailleurs Jacques Sapir a eu raison par son initiative et sa proposition avec d'autres économistes de rompre avec le dirigisme néolibéral et d'apeller à voter le 7 juin 2009 pour le Front de Gauche.
Rédigé par : cording | 29 septembre 2009 à 11:36
@ Malakine
Tu trouveras ci-dessous l’explication donnée par un des spécialistes de Chômage et Monnaie à la phrase de Sapir qui posait problème. Pour m’ôter mes complexes dus au fait que je ne comprenais pas malgré mes efforts, ce même spécialiste m’a confirmé qu’il s’y était repris à plusieurs fois pour en saisir le sens. Maintenant, grâce à lui, cela me parait tout à fait clair :
« Compte courant » et « Compte de capital », ça fait référence aux comptes de la balance des paiements : « comptes des transactions courantes » et « compte des transactions en capital ». En fait « la convertibilité en compte courant », ça veut dire que les transactions commerciales transfrontières se font librement. La convertibilité en compte de capital, ça veut dire que tout est libre, y compris les investissements physiques et financiers (et leur sortie aussi).
En fait tout ça n’est qu’une circonvolution pour ne pas dire « Contrôle des changes ». En effet, si tu n’autorises que les transactions commerciales, il faut montrer patte blanche pour chaque transaction pour prouver qu’elle est commerciale.
Evidemment, s’il y a contrôle des changes, les capitaux ne peuvent plus fuir, la devise ne chute pas et tu n’es pas forcé de monter les taux pour les retenir. Si en plus tu dévalues, tu décourages les pressions à la baisse, et une fois de plus, l’arme du taux d’intérêt est moins nécessaire.
Rédigé par : RST | 29 septembre 2009 à 11:47
@ Cording
Attention, vous mélangez deux notions qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre : La présidentiabilité et le courage politique. En ce qui concerne le premier, il faut s'entendre sur le type de président que l'on voudra après sarkozy. J'ai déjà écrit sur le sujet et je rappelle que ma préférence va à l'homme d'Etat qui incarne l'Etat, l'expérience et quelques valeurs. De ce point de vue Emmanuelli peut-être un bon candidat effectivement.
En ce qui concerne le courage politique, on peut discuter. Mais concernant Mélenchon, même si j'ai suivi les lecteurs d'horizons en appelant aussi à voter FG aux européennes, son entreprise de la gauche identitaires me semble totalement vouée à l'échec. Mélenchon ne pense plus. Il cherche "à faire de gauche" pour unifier "la gauche de la gauche". Cette attitude le rend à mes yeux parfaitement inintéressant.
Sinon, je n'ai pas encore vu les vidéos transmises par Castor. Je ferais mes remarques plus tard.
@ RST
Merci de la précision. J'ai pas tout compris, mais comme je ne prétend pas devenir un spécialiste de la monnaie (moi) je me contente de retenir que c'est une proposition de contrôle des changes, ce qui venant de Sapir, ne m'étonne pas du tout.
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2009 à 12:41
Une chose est de plus en plus sûre c'est que pour l'emporter en 2012 il faudra innover en termes de programme et pas se contenter du me too actuel où l'on ressasse les vieilleries du passé avec lesquelles Sarko s'est fait élire.
D'autant plus qu'en 2012 il y a toutes les chances pour que la crise
rebondisse, vers le bas... On a pu remettre au lendemain les problèmes qui fâchent, ce temps parait terminé pour 2012.
Rédigé par : olaf | 29 septembre 2009 à 21:03
à Malakine
Le concept de courage politique est en effet discutable mais c'est le fait de mettre en jeu sa situation personnelle et donc à cet égard c'est aussi la caractéristique d'un homme d'Etat. Je persiste à penser qu'Emmanuelli n'en est pas! C'est vrai que Mélenchon ne pense qu'à fédérer la gauche de la gauche et qu'il reste profondément marqué par son passage lors de sa jeunesse dans un parti qui est l'ancêtre du parti trotskiste le P.O.I. par exemple son républicanisme en est la marque de fabrique.
Laurent Fabius correspondait à votre définition de l'Homme d'Etat parce qu'il lui manque de l'audace celle qu'il aurait eu le 29 mai 2005 au soir, mais il a préféré sa vie d'"élephants" du PS! Cela lui donnait une légitimité pour prendre le contrôle du PS et devenir le candidat pour 2007 et battre Sarkozy !
Rédigé par : cording | 29 septembre 2009 à 21:30
Je soutiens totalement la nécessité d'une réflexion sur une politique protectionniste au niveau européen. Cependant, si on veut que cette idée émerge, il faudra arriver à la faire porter par des personnes hors d'un cercle d'économiste "pointus" ou "politiciens blanchis sous le harnais". Peut être que ce que je vais dire une connerie mais est ce que des membres de Europe Ecologie ont été approchés sur le sujet?
Rédigé par : Franck F | 29 septembre 2009 à 21:48
@ Cording
Votre définition de l'homme d'Etat est très exigeante et donc conduit au pessimisme. Je n'en vois guère correspondant à ces critères. A part Chevènement, je ne vois pas ...
Pour Fabius je relativiserais quand même l'importance de l'audace. Quand il a pris position pour le non, il savait déjà qu'il l'emporterait dans les urnes. Il a juste senti le coup et c'est tout.
@ Franck
Ben non c'est pas une connerie. C'est un problème. Il n'y a pour l'instant aucun "nous" capable de prendre des quelconques contacts avec qui que ce soit. Ce serait d'ailleurs l'objet du club, mais j'ai l'impression qu'il n'y a plus beaucoup de volontaires :-(
Rédigé par : Malakine | 29 septembre 2009 à 22:13
Un "club" pour passer de la réflexion à l'action. Pas facile...
En attentant un lien sur l'article "comment sortir du piège" de Pierre LARROUTUROU :
http://www.nouvellegauche.fr/blog/2009/09/29/comment-sortir-du-piege/
Autre vision ou vision complémentaire ?
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 30 septembre 2009 à 08:52
Le texte de larrouturou est intéressant, mais souffre du mal qui a tué la pensée des socialistes. Il pense les problèmes au niveau mondiaux pour penser des solutions dans un cadre national.
En outre, il passe sur le problème psychologique de l'inflation de l'endettement dont je parle dans le billet suivant. C'est trop facile de dire qu'on s'endette parce qu'on ne gagne pas assez. L'explosion de l'endettement privé a eu lieu dans les pays les plus riches !
Rédigé par : Malakine | 30 septembre 2009 à 11:38
Bonjour,
Sur l'essentiel je ne puis qu'approuver ce qui a été posté.
Je précise que effectivement la convertibilité dite "en compte-courant" implique des contrôles sur les flux de capitaux, à la différence de la convertibilité dite "en compte de capital". Malakine a raison de protester quand on jargonne, et je plaide coupable sur ce point.
Par ailleurs, je signale que je n'ai pas d'ambitions politiques pour ma part. Seule l'urgence du moment historique m'a conduit à prendre des positions publiques.
Amitiés à Tous
Rédigé par : sapir | 02 octobre 2009 à 18:46
Bonjour,
Vous écrivez:
« Le protectionnisme dans un seul pays ? [...]
Mais elle pose aussi quelques problèmes purement techniques qui refroidissent vite toute les tentations au repli national : Difficulté à engager une réindustrialisation sur un marché aussi étroit, perspective de crise monétaire ou financière »
Evidemment cela se tient si on envisage le protectionisme comme une « coupure » vis à vis des autres pays, et non comme un « système d’écluses» qui vise à égaliser les conditions de concurrence (1).
D’abord il me semble qu’il faut recourir à la TVA modulée et non à des taxes douanières d’entrée; En effet les taxes, en enchérissant les produits importés, sans possibilité de compensation pour les entreprises, vont renchérir leur coût de production, et les rendre non compétitives.
Soyons concret, et prenons une de nos grande industrie, l’industrie automobile, qui est trés internationalisée. Cela doit continuer pour sa survie. A l’extérieur, elle doit donc continer à jouer le jeu dominant. Renault construit des Logane en Roumanie. On importe des Logane, on augmente la TVA (en fonction du différentiel du salaire médian France/Roumanie, de la taxe carbone etc ...). Idem pour tous les véhicules importés.
(nota très important : toute entreprise qui achète un véhicule importé pourra à l’exportation se faire restituer la TVA ; elle se trouve donc bien à l’exportation à coût de production « mondial »)
Quels problèmes soulève un tel système ?
1- équilibre recette /dépense de la taxe. Comme on importe globalement plus de produits de l’extérieur qu’on en fabrique, il y aura un surplus de TVA. On peut utiliser ce surplus de multiples manières (aide au plus défavorisé ...) Personnellement je préférerai qu’on l’utilise pour diminuer les charges pesant uniquement sur le travail (autrement dit, on fait payer les charges sociales aux produits importés)
2- augmentation des prix. Oui pour les particuliers . En gros, on consomme moins au profit de moins de chômage en France. C’est un choix politique qui, je le pense, n’obtiendra pas le consensus tant qu’il n’y aura pas 50% de ménages en situation « limite ». Si on se projette à quelques années, cela viendra. Dans une période transitoire, le surcoût pour les produits de première nécessité devra être fait pour les ménages à faibles revenus (ticket d’approvisionnnent à prix réduit de produits alimentaires français, payés sur une fraction de l’exédent de TVA, et surtout pas dons en argent qui iront aux produits importés)
3- accord internationaux. L’Allemagne a bien pu augmenter sa TVA (bravo!), pourquoi pas nous ? Le problème reste de la « discrimination » contraire aux accords de l’OMC, de l’UE. Il y a, si on est spécialiste, de multiples manière de contourner cette obstacle. En mettant les choses au pire, est-il concevable que l’ensemble des pays nous boycotte? Même pour l’Iran, ce n’est pas facile, alors, je n e le crois pas, si nous ne sommes pas plus bêtes que les Iraniens (beaucoup de pays ont intérêt à nous vendre, dont l’Allemagne, d’ou des accord bilatéraux possibles)
4- appui électoral. S’appuyer sur les couches sociales intéressées (agriculteurs, artisans, industriels, ouvriers ...)
5- que faire pour les pays à salaires plus élevés que le nôtres (ex Suède) ? Négocier un accord bilatéral les favorisant suivant les mêmes principes (TVA moins élevée). Ces quelques accords bilatéraux nous permettront de desserer les contraintes des embargos.
Marc.Sèvres
nb : en matière de régulation financière, ce n’est pas plus difficile, si on en a envie (mais on a pas envie!). J’en parlerai une prochaine fois.
(1) je pars du principe qu’une concurrence « équitable » est source de progrés. Ayant travaillé en entreprise industrielle, je sais trop bien que, sans concurrence, on s’endort. Il y a peut-être certaines activités qui doivent être sans concurrence, mais, même pour les universités, il me semble que c’est une bonne chose.
Rédigé par : marc.sevres | 04 octobre 2009 à 12:49