Il y a dix ans, les forces de l’alliance atlantique, poussées au crime par des droit de l’hommistes va t-en guerre et une Amérique impériale, déclenchait des frappes aériennes sur la Serbie et sa capitale, sans aucun mandat de l’ONU, au prétexte que les autorités serbes se seraient livrés à des opérations de nettoyage ethnique à grande échelle dans la province du Kossovo.
A l’époque, je n’étais pas encore Malakine, mais un militant vert qui observait avec un regard d’ethnologue ce milieu aux mœurs de secte dans lequel je m’étais égaré. Mais, malgré les grands discours enflammés de notre médiatique tête de liste aux européennes, je persistais à percevoir cette guerre comme un crime d’Etat dont mon pays se rendait complice.
La guerre du Kossovo a marqué le réveil d’un occidentalisme belliqueux dont les conséquences se font encore aujourd’hui sentir. L’OTAN a changé de nature en devenant le bras armé d’un unilatéralisme drapé de bons sentiments, ce qui a nourrit le réveil du nationalisme russe et favorisé la résurgence d’une logique de guerre froide au cœur d’une Europe que tout poussait à la réunification. La guerre du Kossovo fût le péché originel de l’occidentalisme et de l’OTAN.
A l’attention de tous ceux qui considèrent que la non appartenance ce la France au commandement intégré de l’OTAN constituait le gage de l’indépendance et d’une diplomatie originale, je reproduis ci-après un excellent texte, délicieusement orienté d’un journaliste russe paru dans RIA Novosti, qui exprime parfaitement ce que j’aurais aimé écrire sur le sujet :
Le 24 mars 2009 marque le dixième anniversaire de l'attaque lancée par les pays de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie. L'opération Force alliée, qui dura du 24 mars au 10 juin 1999, priva, en fait, la Yougoslavie de son ancienne province serbe du Kosovo-Metohija, laquelle fut placée sous le contrôle des forces de l'OTAN et des séparatistes albanais. Cette attaque mit également fin aux bonnes dispositions qui subsistaient encore en Russie à l'égard de l'architecture du système de sécurité mondial après la désintégration de l'URSS: les événements de Yougoslavie furent carrément qualifiés par la société russe de guerre d'agression de l'OTAN contre un Etat ami. Cela a déterminé, dans une large mesure, les rapports entre la Russie et l'Occident de ces dix dernières années: après le printemps 1999, le pourcentage des "antioccidentaux" et des "antiaméricains" a beaucoup plus progressé que durant les années d'expérience libérale qui avaient précédé.
Officiellement, cette opération était motivée par des accusations de nettoyage ethnique portées contre les autorités serbes et l'armée yougoslave après le début des affrontements armés entre les forces de l'ordre et les bandes de séparatistes. Mais les Occidentaux ne se sont pas donné la peine de rechercher des preuves convaincantes. Les études et les procès qui ont eu lieu dans les années qui ont suivi ont prouvé le caractère mensonger de la plupart des accusations de nettoyage ethnique.
Du point de vue militaire, l'opération lancée contre la Yougoslavie fut la première des guerres d'une "nouvelle génération": les résultats furent obtenus pratiquement exclusivement par les forces aériennes et aéronavales des pays de l'OTAN, avec un recours important aux moyens et méthodes de la guerre de l'information.
Au cours de cette guerre, plus de 8.000 civils de Serbie furent touchés par les bombardements, dont plus de 2.000 mortellement. La DCA yougoslave ne put protéger les ouvrages industriels et l'infrastructure des transports contre un adversaire aux moyens supérieurs, qui soumit ce pays à une destruction méthodique. Quant aux pertes essuyées par l'OTAN et officiellement reconnues - quatre avions (notamment un avion furtif F-117), deux hélicoptères, quelques dizaines de drones et de missiles de croisière abattus par la DCA yougoslave ou victimes de pannes au cours de l'opération -, elles sont considérées comme minimisées par la plupart des experts.
Les forces aériennes yougoslaves ont perdu au cours du conflit plus de 75 aéronefs, la plupart ayant été détruits par les frappes au sol de l'aviation de l'OTAN. Les troupes terrestres yougoslaves n'ont pratiquement pas essuyé de pertes, malgré les déclarations grandiloquentes de l'OTAN.
A l'issue de la guerre, l'OTAN lança une "opération de paix", à la suite de laquelle les Serbes furent presque totalement expulsés d'une province sacrée pour eux, qui devint une province monoethnique albanaise. En 2008, les pays occidentaux ont reconnu l'indépendance du Kosovo.
Dix ans après le début de l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie, les problèmes de ce pays sont loin d'être réglés. Désormais, c'est la population serbe, et non plus albanaise, qui est victime de nettoyages ethniques bien réels. La Yougoslavie a cessé d'exister, en éclatant en Serbie et Monténégro. Le Kosovo est devenu une enclave terroriste, une source d'inquiétude et de confits pour tous ses voisins, et les groupements criminels albanais jouent un rôle de premier plan dans la diffusion de la drogue en Europe occidentale.
Personne à réagir. Je me demande pourquoi le destin de ce pays laisse la France si indifférente. C'est plus intéressant et plus simple de prendre le coté de ceux qui prétendent être "défendeurs des droits de l'homme" dans leur lutte contre le "racisme et les nettoyage ethniques" au lieu d'essayer de comprendre les vraies raisons du conflit...
Rédigé par : Olga | 19 mai 2009 à 19:54
Non, non Olga, rassurez-vous. Même s'il est assez difficile de prendre la défense des autorités serbes de l'époque (je n'en ai pour ma part aucune envie), la guerre contre la Serbie m'a paru un pur scandale, l'une des raisons de mon anti-européisme relatif. J'ai en mémoire le sinistre pitre souriant (dont j'ai perdu le nom) qui annonçait les "opérations" avec son rictus.
Et puis on voit aujourd'hui qui est au pouvoir au Kosovo - ce qui n'a pas l'air d'émouvoir les démocratistes favorables aux expéditions guerrières.
Rédigé par : archibald | 19 mai 2009 à 22:22