Arte vient de rediffuser cette semaine « Good Bye Lenin » l'un de mes films culte qui m'a plusieurs fois fait pleurer à grosses gouttes. Je n'ai jamais pu résister à la scène finale où le fils met en scène l'exode des allemands de l'ouest, qui fuient un capitalisme en crise pour se réfugier dans le paradis socialiste de la société des travailleurs et des paysans de la RDA. «Tous ne veulent pas faire carrière, tous ne veulent pas consommer à outrance, tous ne sont pas fait pour une société de compétition. Ils ont compris que les voitures et les télévisions n'étaient pas tout »
Aujourd'hui, beaucoup accueillent avec délectation la crise financière comme la crise terminale d'un système qu'ils détestaient. Ils jubilent de voir le capitalisme mourir par de propres turpitudes. « Non au plan Paulson, Non au sauvetage des banques, Laissons crever ceux qui se sont enrichis sur notre dos ! »
Contrairement à la fiction terminale du film, le système qui s'écroule sous nos yeux n'a plus de concurrent. Il n'y a plus d'Est vers lequel s'enfuir ou chercher modèle. C'est d'ailleurs la dernière ligne de défense des libéraux face à la réalité de la crise systémique : Il n'y a pas d'alternative. C'est vivre sous le joug de la mondialisation américaniste ou revenir à l'union soviétique. Pas de sortie du capitalisme possible ! C'est le drame de la période actuelle et c'est pourquoi le monde risque de s'enfoncer dans le chaos.
Imaginez que Gorbatchev ait réussi avec la perestroïka à libéraliser et à moderniser le système soviétique, et que celui-ci ait pu se maintenir jusqu'à nos jours, que le monde soit encore structuré par deux systèmes, économiques et politiques, concurrents. Imaginez les prochaines élections européennes... Un raz de marée en faveur des partis révolutionnaires !!
La vision fantasmatique de la fin de Good by Lenin se serait certainement réalisée. Les peuples de l'ouest auraient tourné la page du capitalisme pour adhérer, avec une ferveur de néophyte, à l'autre système. Le socialisme est mort juste vingt ans trop tôt.
Malheureusement, il n'y a plus d'autre système. Gorbatchev s'est fait déposé par un putsch de généraux communistes. Un ambitieux en a profité pour prendre le pouvoir, faire voler en éclats l'URSS, en finir avec le communisme et se jeter dans les bras de des conseillers américains pour faire subir à ce qu'il restait de son pays, une « thérapie de choc » qui créé un chaos indescriptible dans la population, sans toutefois oublier d'enrichir considérablement ses dirigeants.
Quand j'ai commencé à faire connaissance avec le monde russe, j'ai été étonné de constater chez toutes celles dont j'ai eu la chance de faire la connaissance, une même nostalgie de l'époque soviétique. Une nostalgie aberrante, absurde, choquante, à rebours du sens de l'histoire... Et pourtant.
Il y a quelques années, j'ai fait découvrir ce film à une amie, née en URSS, sa réaction avait été « Que je sois touchée, moi c'est normal, mais toi ? Pourquoi ? » Et Oui ! Ce qu'elle ne savait pas, ce que les jeunes générations ne savent pas, c'est qu'en France aussi, jusqu'au milieu des années 80, le système soviétique était une alternative tout à fait crédible au capitalisme. Dans certaines couches de la population et dans certaines régions, ce modèle restait même puissamment attractif.
Le libéralisme triomphant des années de ces vingt dernières années a tout fait pour effacer cela notre mémoire collective. Jusqu'à réécrire l'histoire en nous racontant que le communisme se serait effondré sous son propre poids ou que les peuples s'en seraient débarrassé par la révolte.
Je suis assez vieux et j'ai eu une conscience politique qui s'est éveillée suffisamment tôt pour me souvenir de cette époque. Il faut dire que ma mère était une fervente républicaine très sensibles aux idéaux communistes et que j'ai grandi dans une banlieue qui était encore rouge et pas encore l'épicentre d'émeutes urbaines. « Un bon communiste pense aux autres avant de penser à soi !» me répétait-elle quand je faisais preuve de trop d'égoïsme ! A l'époque être communiste, c'était comme être écolo aujourd'hui. Plus qu'adhérer à des idées, c'était un choix qui engageait toute l'existence, une vie de militantisme et de sacerdoce, au service des autres et de la cause.
Lorsque j'avais 11 ou 12 ans, la Mairie nous avait envoyé en voyage linguistique en RDA. Avec mes yeux de gamin dogmatique, j'étais au paradis socialiste, un pays sans publicité et sans marques, des villes et des villages propres et aérés, des équipements sportifs en libre accès, une société aussi développée que la nôtre, des gens qui semblaient fiers d'eux même et heureux de leur sort. Un souvenir qui reste merveilleux aujourd'hui encore.
Souvenons nous que l'époque mettait les deux systèmes à égalité de dignité et de respect. Au lycée et en fac, lorsqu'on nous parlait d'économie, on prenait bien soin d'évoquer les deux systèmes : l'économie capitaliste et l'économie planifiée. Le capitalisme était présenté comme plus efficace, mais le communisme était là, à coté, pour tempérer son injustice. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si on a commencé à parler d'argent fou dès la fin de l'URSS.
Tout n'était pas à jeter dans le communisme. Good by Lenin illustre à merveille cette nostalgie d'un monde en ordre, où chacun avait sa place, où les besoins fondamentaux étaient assurés, où une mystique commune, faite de fierté nationale et de devoirs partagés, donnait sens à la vie en société. Toutes choses que l'on ne retrouve plus aujourd'hui.
Le seul avantage du capitalisme était la prospérité matérielle et la croissance du niveau de vie. Que celui-ci disparaisse et l'on aura plus qu'une société du chacun pour soi, violente, vulgaire, angoissante et décadente.
Beaucoup de ceux qui détestent ce système, aujourd'hui jubilent de le voir sombrer par là où il a péché. L'argent. Ils ont tort. Car il n'y a pas de porte de sortie.
Depuis vingt ans, le rouleau compresseur de l'idéologie libérale a tout écrasé sur son passage, ne laissant aucune poche de résistance. Le communisme s'est délité doucement, s'assimilant à un aiguillon d'une gauche qui s'est elle-même rangée avec la foi du converti à tous les dogmes de l'époque, de la liberté de circulation des capitaux, aux privatisations en passant par la défiscalisation des stock options. Le PC est devenu un "super parti socialiste", demandant plus de régularisation de sans papiers, plus d'augmentation du smic, plus de redistributions, et abandonnant au passage les nationalisations, la planification et même le sens de l'ordre public.
Depuis vingt ans, les mouvements anti-système ont oublié l'idéal révolutionnaire pour se contenter d'engranger des voix dans une posture protestataire. Certains rêvassent à une autre mondialisation sans savoir bien laquelle. D'autres prennent la pose en s'autoproclamant anticapitalistes. Anti-tout mais pro-rien. Les derniers espèrent changer le monde par une révolution consumériste littéralement réactionnaire.
Le communisme aurait pourtant pu se renouveler en tant que doctrine dans un mélange de capitalisme d'Etat définanciarisé, de troisième voie gaulliste, de républicanisme égalitaire, de protectionnisme industriel ou de restriction de la sphère marchande et de la propriété privée à ce qui est strictement nécessaire à l'innovation technologique. Malheureusement, il n'y eut aucun Karl Marx pour conceptualiser de modèle néocommuniste, aucun Lénine pour créer le parti pour en assurer la promoution, aucune internationale pour le mettre en oeuvre.
La crise fait monter une violente colère nihiliste, sans aucun débouché possible. Elle n'annonce rien de bon...
Malakine
« Tout n'était pas à jeter dans le communisme. » Tu as raison. Dans le capitalisme non plus, d'ailleurs... Je suis d'accord avec toi pour dire que, sur le long terme, une « troisième voie » doit être envisagée. Mais tu donnes toi-même la réponse (négative) à cela : en l'absence d'alternative, il faut choisir le moins pire.
C'est, dans un tout autre registre, ce que nous fîmes tous deux en votant Sarkozy.
PS : je n'ai pas, moi, « pleuré à grosses gouttes », mais c'était tout comme...
Rédigé par : Criticus | 08 octobre 2008 à 23:54
Ostalgy, c'est bien comme ça que l'on dit?
Malakine quand l'Argentine s'est effondrée, il y a eut chez beaucoup de gens ce sentiment de rage et d'impuissance.
Mais la vie a vite repris ses droits et les femmes et les hommes dans ces cas de figure retrouvent l'esprit pionniers et le sens de la valeur des choses.
Le vraie courage, celui du petit matin.
les vraies valeurs, celles de la vie et de l'économie physique utile à la vie.
Des activités se créent spontanément car il faut assurer l'essentiel, remplir l'asiette, réparer ce qui peut l'être et ne plus jeter remplacer à tout va (bon pour l'environement ça tient), mettre en place des réseaux solidaires entre voisins pour prendre en charge les enfants ou les personnes agées, pour les soins (là les vrais médecins je peus te dire qu'on les reconnait) et la vie sociale des quartiers repart de façon extraordinaire.
J'ai vécu cela de loin par procuration, mais ce que j'en ai retenu c'est que ce fut dure mais aussi exaltant.
On va même aller jusqu'à recréer des monnaies locales reconnues comme telles, et hop l'économie repart.
Qoiqu'il arrive c'est en nous mêmes que les portes de sortie existent, il faut reconstruire, repartir... se battre, là est la solution.
Yann va sans doute rappeler cette extraordinaire capacité du peuple japonais à repartir sans se plaindre après tsunamis ou séismes...
Chacun de nous peut demain devenir acteur du destin.
C'est tout de même autre chose que rester le cul dans sa voiture devant sa télé ou son écran...
Avant de partir définitivement, mon grand père m'a dit que je verrais ce que lui n'a pas pu voir l'effondrement de los estados unidos.
Je vais peut être le voir, mais si c'est le cas je crains une chose plus que tout c'est que contrairement à l'URSS ils veuillent eux entrainer le monde entier dans leur chute.
Là est le seul réel danger.
Celà va se jouer maintenant.
Le Titanic coule, l'orchestre joue toujours, le capitaine Smith a renoncé à faire quoique se soit, les passager de 1ère classe s'enfuit lachement pour les uns, d'autres refusent d'y croire, certains vont partir dignement...
Sur la plage arrière Rose et Jack vont se battre jusqu'au bout.
Je ne suis pas un fan de TITANIC,( un film US en plus...) comme tu l'es de good by Lenine.
Mais dans ce film Alex se bat lui aussi comme Rose et Jack, à sa façon, pour la survie de celle qu'il aime.
Adelante.
Buena suerte.
Saludos del Atlantico sur.
Rédigé par : ETDAS | 09 octobre 2008 à 00:07
Des modèles autres que le libéralisme existe dans le monde. La social-démocratie d'Amérique du Sud par exemple.
Nous verrons bien si cette faillite du modèle libéral refait basculer l'Europe vers la social-démocratie.
Quant aux pays émergents, que vont-ils décider ? La Chine sans la consommation Américaine va-t-elle lancer un New Deal pour créer sa demande intérieure ?
Je te rejoins sur le fait que le système ne doit surtout pas tomber, car ce serait les plus pauvres qui payeraient au final (en même temps c'est déjà un peu ça).
Maintenant, s'il tombe, nous nous relèverons, ensemble, et autrement.
Rédigé par : Etienne | 09 octobre 2008 à 08:48
@Malakine,
Puisque l'on évoque les souvenirs d'enfance, je profite d'un instant de pause pour rapporter un des miens, tout à fait à l'opposé des tiens.
Je demandais à mon père pourquoi, catholique pratiquant, il n'était pas communiste. Un de mes camarades (on avait dix ans) m'avait dit que le parti de son père était généreux et voulait le bonheur de tous. C'était ce que prêchait l'évangile.
Réponse de mon paternel: si on donne une même somme d'argent à deux pères de famille, l'un travaillera et la fera fructifier, l'autre fera peut-être le contraire et la dépensera en futilités. je crois qu'il n'avait pas osé dire: "Il la boira". Et les classes sociales, a-t-il ajouté, étaient une conséquence de cet état de fait.
Je précise que mes parents avaient l'habitude d'ouvrir la maison à ceux qu'ils pouvaient aider.
Ceci se passait sous le gouvernement Fabius.
Ceci dit, j'ai vu "Goo bye Lenin"...
Depuis ce temps-là (presque "de mon temps"), j'ai réussi à me forger une opinion personnelle et, si je n'apprécie pas NS, c'est justement parce que, dès son élection, il a d'abord légiféré en faveur de ses chers amis les riches.
Rédigé par : Philippe | 09 octobre 2008 à 09:02
Good Morning Malakine,
Trés beau texte. Loin de de la caricature habituelle sur les pays du "socialisme réel".
Pour avoir rencontré un certain nombre de personnes ayant vécu dans d'ex démocraties populaires (Pologne, Techecoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie...) je confirme que beaucoup d'entre-eux éprouve une réelle nostalgie d'une époque, où si les conditions de vie quotidienne était difficiles et monotones, il existait une véritable structure "sociale" : importance des solidarités, fort développment culturel (musique, langue...)... toutes choses que le néolibéralisme a fait voler en éclat.
Ceci dit, parmi ces personnes, il y en a aussi qui sont de néo-libéraux militants, voyant dans le monde tel qu'il s'est imposé dans les années 90, une formidable opportunité d'ascention sociale et matérielle individuelle...
Par ailleurs, si la critique du fonctionnement oligarchique des démocraties "populaires" était évidement fondé, on ne peut pas vraiment dire que le néo-libéralisme ait mis fin à ces pratiques (il les a même amplifié). Il suffit de voir dans quelles conditions sont et ont été effectuées les privatisations ou les appels d'offre pour les marchés publics dans les ex pays socialistes.... sans parler de la corruption reccurente.
Ceci dit j'ai bien aimé ton parallèle entre les pays de l'est et les banlieues rouges françaises :)
D'aillerus, il est évident que l'attachement des français au Service Public (et à la sécu) exprime un même type de nostalgie : celle d'une France rurale et populaire où on pouvait vivre modestement mais "tranquillement" entouré de sa famille, de ses collègues de boulot, entre l'école communale, le bistro et la poste...
Marx voyait la contradiction fondamentale du capitalisme dans la tension problématsue entre une socialisation de fait de plus en plus poussée de l'économie (travail collectif, interdépendance des économies et de sproductions) et l'affirmation du droit de propriété individuelle. Il militait pour une sortie par le heut, à savoir une socialisation effective (juridique) des moyens de production. Seul problème, une société socialiste exige un haut niveau d'éducation, de culture et de civisme... toutes choses que le libéralisme méprise où détruit (parceque çà coûte cher)...
Cornelius Castoriadis analysait dès les annés 1960 ce qui allait conduire à la crise du capitalisme, à savoir que le développment du libéralisme (ou plus exactement de la course au profit personnel, la lberté n'étant qu'un paravent dans cette affaire) conduisait à la destruction des strucutres sociales qui faisaient précisement que le capitalisme pouvait fonctionner. Ainsi, malgré le fait qu'il soit "exploité" l'ouvrier avait le culte du "travail bien fait" qui le poussait finallement à faire souvent plus et mieux que ce qu'il était effectivement payé... maintenant, le prolétariat engendré par le libéralisme, ce sont des "zonards" qui n'attendent rien du système et n'ont aucune valeur : il faut se servir et surtout donner le moins possible (l'exemple vient de haut). Si tout le monde se comporte ainsi, ce sera effectivement la fin du capitalisme, mais aussi la fin de toute société...
Et si on oasait une alternative ?
Rédigé par : franc-tireur | 09 octobre 2008 à 09:47
@ Criticus
Non tout n'est pas à jeter dans le capitalisme, bien sûr que non. Ce système peut d'ailleurs prendre des formes très différentes. C'est la forme anglo-saxone du capitalisme qui meurt en ce moment. C'est pourquoi il est possible d'en inventer un autre. Le problème, comme je le dis, dans l'article, c'est qu'on a tellement abandonné le travail conceptuel sur le type de système que nous voulons, à force de répéter qu'on n'avait pas le choix et qu'il fallait s'adapter, que nous sommes aujourd'hui très démuni.
@ ETDAS
On verra effectivement la capacité de nos sociétés à rebondir si la crise se propage. On verra à se moment là où on en est en terme de conscience collective et de valeurs. Si les nations européennes sont encore vivantes, elles rebondiront. Sinon, ce sera le chaos.
@ Etienne
Il faudrait prendre le temps de définir la notion de social démocratie. Tout le monde a gauche emploie ce terme sans cesse sans jamais dire exactement ce qu'il recouvre. Stricto-sensu, la social démocratie, renvoie au système germanique (le capitalisme de famille souche, pour les lecteurs de Todd) c'est à dire un capitalisme cogéré par le patronat et des syndicats puissants, le capitalisme rhénan si on préfère. C'est totalement étranger à notre culture qui est celle de la "lutte des classes" et du face à face entre l'individu et l'Etat.
Le modèle social démocrate est une réponse à la question de savoir comment gérer et piloter l'économie, comment on partage les richesses. Je crains qu'on en soit plus là et qu'il faille réfléchir à un autre niveau : la place du commerce mondial, la place de la finance, le rôle des Etats dans l'économie, le périmètre du terrain de jeu...
@ Philippe
Le catholicisme et le communisme avait en commun d'être des idéologies structurantes, qui donnaient des valeurs à l'individu et voulaient organiser une société harmonieuse. Au contraire, l'idéologie ambiante, libérale-individualiste, du profit immédiat, de la consommation, de la réalisation sans borne de tous les désirs, est déstructurante à la fois pour l'individu (plus de règles, plus de repères, plus de sens à la vie) et pour la société (dissolution du lien social, généralisation du chacun pour soi, intérêt général réduit à une somme d'intérêts particulier...)
Je suis très inquiet de voir qu'il n'y a plus d'idéologie structurante de rechange. Comment rebâtit-on un monde lorsque après la crise d'une idéologie qui a tout déconstruit, y compris l'idée qu'on est maître de son destin et que des solutions collectivies puissent exister.
@ Franc-Tireur (ah ! ça fait plaisir ... Que deviens tu ??)
j'avais commenté avant de lire ton message. Tu illustre ce que je tentais de dire. Très intéressant cette idée que les valeurs déconstructivistes du libéralisme a sapé les fondements du capitalisme.
L'alternative, oui, il va falloir sérieusement s'y pencher. Mais pour prolonger mon propos précédent, il me semble évident que ce projet sera rejeté par les peuples, car il devra revenir au moins partiellement sur l'individualisme. Or, la dernière campagne l'a bien montré, on est à l'ère de l'individu roi. Ségolène avec sa démocratie participative, comme Sarko avec ses réponses individuelles (heures sups, propriété privée, transmission du capital) ne faisaient que flatter l'individu dans le sens du poil.
Si l'on veut remettre un peu de normes dans ce monde, il faudra fatalement s'en prendre aux droits et aux libertés individuelles, et cela ne passera jamais.
Si on décide de restreindre sérieusement le pouvoir de la finance, on empêchera les petits épargnants de rêver avoir des forts rendements. Ils vont hurler à l'assassinat des classes moyennes. Si on dit aux consommateurs qu'il va falloir acheter les produits à des prix correspondants à nos coûts de production, il vont hurler à la perte du pouvoir d'achat.
Changer de système dans une société qui a perdu tout sens du collectif, ça sera très dur.
Rédigé par : Malakine | 09 octobre 2008 à 10:20
@ Malakine
Très beau papier. J'avais beaucoup aimé ce film même si mon parcours politique et mon âge ne m'ont pas donné de nostalgie du communisme.
Malgré tout, j'ai déjà tendance à radoter. La France a déjà expérimenté un système alternatif au capitalisme anglo-saxon (et a fortiori au communisme), le projet gaulliste. Je prend toujours autant de plaisir à citer cette phrase du Général d'une conférence de presse de février 1965 : " le laisser-faire ! le laisser-passer ! appliqué à l'économie depuis l'aurore du machinisme a souvent, grâce au bénéfice, à l'esprit d'entreprise, à la libre concurrence, donné au développement une puissante impulsion. Mais on ne saurait méconnaître qu'il en est résulté beaucoup de rudes secousses et une somme énorme d'injustices"
De manière symptomatique, ce constat vaut plus aujourd'hui que dans les années 60, où les inégalités reculaient et étaient au plus bas, et où l'économie ne provoquait plus de rudes secousses par elle-même. Cela montre l'actualité de sa pensée.
Mémoires d'Espoir : "de-ci, de-là, la transformation économique du pays lui inflige, d'ailleurs, d'autres plaies. Le système libéral eût passé outre en les laissant saigner. L'ordre totalitaire les aurait traitées au fer rouge. Le dirigisme du régime nouveau entend y porter remède".
Le projet du Général de Gaulle était de construire une troisième voie, dont les bases étaient l'économie de marché, mais dirigée par un Etat fort garant de l'intérêt général. Et il voulait achever de transformer le système par l'association entre le capital et le travail, qui allait plus loin que la participation et l'intéressement, et qui était sans doute un rapprochement avec le capitalisme rhénan. Ceci reste à construire et demeure un magnifique projet pour le couple franco-allemand.
En revanche, je suis plus pessimiste sur les capacités de réforme du système, malgré l'immense crise dans laquelle nous nous trouvons. Beaucoup de néolibéraux n'ont pas désarmé et ils font entendre une petite musique qui leur permettrait de ne rien remettre en question (mon papier du jour). Et puis les grands partis en France (UMP, PS et Modem) ne sont guère avancés dans leur réflexion sur la réforme de l'économie (il faudrait une remise en cause fondamentale de ce qu'est devenue l'Europe). Et surtout, je ne suis pas persuadé qu'ils souhaitent vraiment avancer dans cette direction.
Par contre, je suis plus optimiste sur les Français. Je crois au contraire qu'ils sont parfaitement prêts à un véritable changement (ce qu'ils expriment à tous les scrutins, 2007 inclus). Il manque le bon capitaine.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 09 octobre 2008 à 11:10
@ Malakine
C’est pour ce genre de papier que je lis Horizons !
Je n’ai pas vu le film dont tu parles mais j’ai vu partir Lénine. En tous les cas, sa statue du chantier naval de Gdansk. Je vivais en Pologne en 89 quand le mur est tombé et j’ai assisté au déboulonnage de la statue qui est sortie du chantier sur un camion pendant que les ouvriers changeaient le nom affiché sur le porche de l’entrée. J’avais conscience de vivre un moment historique et j’ai gardé précieusement les photos prises à l’époque avec mon petit appareil de poche.
Je me souviens aussi, de ce groupe de syndicalistes français de la CGT en voyage à Gdansk. J’avais commencé à discuter avec eux dans la rue de façon fort conviviale : les jolies polonaises, la vodka, …. Jusque là tout allait bien. Et j’ai posé la question qui fâche : que pensez-vous du régime en place et des difficultés rencontrés par la population. Les visages se sont fermés, la discussion s’est interrompue et mes "camarades" se sont éloignés. La guide polonaise s’est alors approchée de moi et dans un français superbe m’a demandé totalement incrédule : "Vous aussi, vous avez des communistes en France ?"
Si je peux comprendre la nostalgie des gens des pays de l’Est (c’est un sentiment très humain), je pense qu’elle procède en partie d’un désir (compréhensible) de réécrire l’histoire. Je me souviens de la Pologne d’alors, des queues devant les magasins (on faisait la queue sans savoir ce qui était en vente, simplement parce que d’autres étaient là : il y avait donc des choses intéressantes et rares comme … des rouleaux de papier toilette dont on faisait provision pour tenir pendant la pénurie jusqu’au prochain approvisionnement), des jeunes couples partageant un appartement à plusieurs et qui déployaient des trésors d’imagination pour rendre leur unique chambre – salon – bureau confortable.
Je n’ai jamais rencontré quiconque qui ne rêvait pas de changements ….
Tu parles de qui quand tu dis " beaucoup accueillent avec délectation la crise financière comme la crise terminale d'un système qu'ils détestaient. Ils jubilent de voir le capitalisme mourir par de propres turpitudes"
On ne doit pas lire les mêmes journaux ou les mêmes blogs parce que moi je n’ai encore lu nulle part ce genre de choses ! C’est vrai que je ne fréquente pas vraiment les blogs d’extrême gauche.
Je suis globalement d’accord avec ta conclusion. Pour avoir fréquenté les derniers militants communistes de base convaincus, je suis arrivé à la conclusion que cette doctrine était morte, incapable qu’elle a été d’évoluer, de s’adapter. Le logiciel est resté bloqué cinquante ans en arrière. Je ne crois pas que l’on puisse construire un système niant la propriété privée. C’est un besoin fondamental de l’être humain. Il doit être encadré, comme tout le reste, mais il ne peut pas être remis en cause.
@ ETDAS
Que reste-t-il aujourd’hui de l’expérience douloureuse vécue par l’Argentine ? Quelles leçons en ont été tirées ? Que sont devenues les monnaies locales, les moyens alternatifs de paiement ?
@ Franc-tireur
"maintenant, le prolétariat engendré par le libéralisme, ce sont des "zonards" qui n'attendent rien du système et n'ont aucune valeur"
Votre phrase peut s’appliquer à tous les salariés. Je pense que, notamment dans les grandes entreprises, même l’encadrement ne croit plus à grand-chose. C’est la règle du chacun pour soi.
@ Malakine
Tu dis dans un commentaire : "Je suis très inquiet de voir qu'il n'y a plus d'idéologie structurante de rechange. Comment rebâtit-on un monde lorsque après la crise d'une idéologie qui a tout déconstruit"
Je partage ton inquiétude. Si rien n’a été préparé un minimum pour préparer une alternative crédible et acceptable avant une crise de cette ampleur, il est trop tard lorsqu’elle arrive et l’on peut effectivement craindre qu’alors le pire soit probable avec l’arrivée de certaines formes de totalitarisme
Rédigé par : RST | 09 octobre 2008 à 11:23
Bonjour,
J'entends beaucoup dire, ces temps-ci, qu'il n'est pas souhaitable que le système (le "néo-libéralisme") s'effondre complètement car "ce serait les plus pauvres qui paieraient les pots cassés".
C'est, à mon humble avis, totalement naïf comme raisonnement.
Ils paieront DE TOUTE FACON, que le système soit sauvé ou pas, alors autant qu'il disparaisse tout de suite, le plus tôt sera le mieux.
Ce système dit "néo-libéral" qui est le nihilisme incarné en une idéologie dogmatique n'a pas d'autre horizon que sa propre auto-destruction. Son anéantissement final est contenu dans ses gènes.
Plus vite nous en serons débarrassés, moins dure sera la chute et plus grande sera la possibilité d'un nouveau départ, d'un nouvel Horizon (la majuscule est à dessein).
C'est le sens de l'Histoire.
L'Histoire est créatrice, il faut avoir confiance en elle et non en les faibles humains qui croient la diriger quand ils ne font que la servir.
Le seul vrai danger serait la réaction ultime de l'hubris américain devant l'inéluctabilité de son effondrement. La folie nihiliste de ses élites pourraient entrainer l'humanité entière dans le chaos et la destruction.
C'est un très grand risque, mais nous devrons y faire face.
Rédigé par : Bertrand Du Gai Déclin | 09 octobre 2008 à 11:37
Pour info :
Francis Fukuyama :
"La chute d'America, Inc"
http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/10/09/la-chute-d-america-inc_1104745_3234.html
Rédigé par : toto | 09 octobre 2008 à 11:45
@ @ Malakine (message de 10:20)
Bien vu pour ce très bon film!
Je l´avais vu avec des allemands qui avaient grandi à l´est, ils étaient vraiment ému par tout ces souvenirs de jeunesse. Tous ces produits alimentaires autrefois prépondérant ont disparus. Il y a des magasins souvenirs pour l´ancienne RDA.
"Si on décide de restreindre sérieusement le pouvoir de la finance, on empêchera les petits épargnants de rêver avoir des forts rendements."
-> il est de toute façon illusoire de prétendre obtenir des forts rendements pour les petits épargnants, sauf peut être pdt les introductions en bourse style GDF.
"Si on dit aux consommateurs qu'il va falloir acheter les produits à des prix correspondants à nos coûts de production, il vont hurler à la perte du pouvoir d'achat."
-> les mêmes produits importés de chine étaient vendus cet été 30-40% moins cher aux Etats Unis... ce qui veut en bonne partie dire que l´on paye ces produits déjà très très cher par rapport à leur cout de production. je ne crois pas à cet argument. Il y a un équilibre à trouver entre l´offre et la demande. C´est juste la marge des entreprises qui sera plus faible.
Rédigé par : Cyrille | 09 octobre 2008 à 12:03
@ Laurent
Tu as noté que j'ai évoqué la troisième voie gaulliste au chapitre sur le néocommunisme. C'était audacieux, mais finalement, ces deux courants avec le recul apparaissent partager quelques fondamentaux. L'un comme l'autre n'a pas survécu à la mode du libéralisme et à la délégitimation de l'Etat.
Je suis tout de même un peu géné lorsqu'on parle de voie gaulliste. Au fond, est ce qu'on parle d'une doctrine politique ou du capitalisme des années 60 ?
Oui, il manque le capitaine, l'équipe et la feuille de route. Le peuple est prêt, oui. J'ajouterais "à faire n'importe quoi".
@ RST
Sympa ton récit. Tu devrais en faire plus souvent ! :-) Tu aurais du aussi le détailler un peu plus parce que je n'ai pas bien saisi où tu voulais en venir. le régime dont tu parles c'était déjà le capitalisme non ? En somme, ils déboulonnaient Lenine avec joie (probablement comme un symbole de l'occupant russe) mais regrettaient déjà le communisme ? J'ai bien compris?
Je n'ai pas dit que les gens étaient heureux, mais juste que ceux que j'ai connu gardait la nostalgie de certaines choses qui avaient disparue. Comme me l'a dit une amie russe de Lettonie récemment "avant le chaos était économique, maintenant il est dans les têtes" (un jour peut-être interviendra t-elle dans les commentaires d'ailleurs...)
Quand je parlais de ceux qui se réjouissaient de la crise, je visais les commentaires que je peux voir sur Marianne 2 ou les auditeurs que j'entends dans la voiture sur RTL ou Europe 1. Je ne pense pas que ce soit des gens d'extrême gauche qui disent ça. C'est tout le monde. Les gens sont content de voir tomber un système dans lequel il ne se reconnaissaient plus, mais il ne se rendent pas compte de ce que cela implique si c'est vrai. C'est pourquoi je parle de nihilisme, c'est une pulsion de pure destruction qui s'exprime. Et si on détruit sans rien reconstruire, c'est le chaos...
La crise aura des répercussions tôt ou tard sur le plan politique. A priori elle devrait remettre Sarkozy en position centrale et donc assurer la perpétuation de son règne, mais on peut tout imaginer ... Comme le disait Perla Austra, (ETDAS) C'est surtout du coté des Etats-Unis que ça peut devenir vite très inquiétant.
@ BDG
Oui, on dit pareil sur les USA. je ne suis pas vraiment d'accord, le libéralisme n'est pas un système nihiliste, car il croit à certaines valeurs : la liberté, la responsabilité, l'autonomie, le progrès matériel, la main invisible ... Il n'a en revanche aucune valeur morale à mettre au dessus de l'individu.
L'absence de doctrine alternative susceptible de fournir un débouché ne te trouble donc pas ???
@ Toto
Merci pour ta contribution à la revue de web hebdomadaire. Je vais lire ça.
@ Cyrille
Exact, une grand partie de la réduction des coûts liée à la fabrication en chine part dans les marges. Mais comme disait l'autre, l'important ce n'est pas la réalité, mais la perception de la réalité.
Si tu dis qu'il va falloir s'habituer à payer les produits au niveau du coût de production pour donner du travail et réindustrialiser le pays, les gens vont hurler, parce qu'ils ne penseront qu'à une chose : à leur pouvoir d'achat. ce que je veux dire, c'est que tout raisonnement global à l'échelle de la société est devenu impossible. Il faut donner à chacun ce qu'il attends, et tout de suite. C'est devenu ça la politique.
Rédigé par : Malakine | 09 octobre 2008 à 13:28
@ Malakine
merci pour les réponses très détaillées et pertinentes.
concernant la "voie gaulliste" dont tu parles en substance à Laurent. Je ne suis pense pas que le problème réside dans l´absence de capitaine ou d´équipe ou encore de feuille de route.
il semble que la défaillance vienne d´un déficit de valeurs et de projet de société. On découvre tous avec la gueule de bois que l´individualisme forcené ou comme but ultime avec en ligne de mire le bling bling comme réalisation de soit, ben c´est invivable et en tout cas contreproductif. Bon je ne suis pas assez calé en philo pour m´embarquer sur ce terrain et parler du Contrat Social, etc.
J´ai écouté hier soir l´émission "On refait le monde", [qui ces derniers temps ressemblait honteusement à des discours de bistrot], Joseph Macé Scaron a mis le doigt et très bien résumé ou analysé les "déficits" actuels de la société. Qu´il est fort ce Joseph. Joseph président!
Rédigé par : Cyrille | 09 octobre 2008 à 13:51
un article assez intéressant sur le sujet d´hier.
http://www.rue89.com/bridier/2008/10/09/echaudee-par-leurope-merkel-ne-veut-pas-du-pot-commun
Rédigé par : Cyrille | 09 octobre 2008 à 14:11
Analyser c'est bien encore faut il savoir de quoi on parle, mais proposer c'est mieux.
http://www.rtl.fr/fiche/2124717/on-refait-le-monde-du-8-octobre-2008.html
Rédigé par : Gillou | 09 octobre 2008 à 15:53
et ben, c´est puissant comme commentaire.
merci pour le lien.
Rédigé par : Cyrille | 09 octobre 2008 à 16:03
@ Cyrille, j'avais oublié : qu'avec un seul sujet, et je n'ai pas besoin de dire lequel, c'est le votre.
Rédigé par : Gillou | 09 octobre 2008 à 16:43
la classe.
Regardez donc ce qu´était le sujet d´hier, et la photo associée.
Rédigé par : Cyrille | 09 octobre 2008 à 16:57
@Malakine
On peut pleurer sur la fin des idéologies, il n'empêche que le communisme comme le libéralisme on quand même fait de sacrés dégâts qu'elle que soit leur théologie respective. Le monde qui se présente sera celui du retour des nations comme le dit si bien Sapir. Cela signifie que demain il y a aura autant de modèle que de pays et j'espère bien que la France retrouvera le seul modèle qui lui ailleà savoir le modèle Colbertiste, plus encore que Gaulliste. Un doux mélange entre liberté individuelle et conscience collective. Je pense que la crise actuelle va agir comme une bouffé d'aire frais pour la plupart des nations du monde et surtout pour les nations d'Europe qui ont perdu une grande partie de leurs âmes après les deux grands conflits mondiaux et la mise sous tutelle US et soviétique. La crise sera brutale mais nécessaire pour que nos peuples cessent de regarder ailleurs pour trouver des modèles jugé supérieure pour x ou y raison. On peut dire maintenant que le vingtième siècle est vraiment fini, il est temps pour les nations d'Europe de redevenir adulte et de faire leur propres choix.
Au fait un texte incroyable à lire sur le plutôt bien pensant magazine Télérama:
http://www.telerama.fr/monde/crise-financiere-la-loi-du-silence,34510.php
Todd, Jorion et gréau sont cité comme référence dans la prévision actuelle de la crise.
Rédigé par : yann | 09 octobre 2008 à 19:04
Les grands esprits se rencontrent : Toi, come back Lenin, moi good bye Reagan lol
Rédigé par : Toreador | 09 octobre 2008 à 21:03
Malakine,
Attention, ne confondons pas le libéralisme et le néo-libéralisme. Je n'ai parlé que du second, qui est pour moi, sans entrer dans une explication fastidieuse, à peu près l'antithèse du premier.
Et non, l'absence de doctrine ne m'angoisse pas, mais alors pas du tout.
Je dirais même qu'au contraire, elle me stimule!
:)
Rédigé par : Bertrand Du Gai Déclin | 09 octobre 2008 à 21:58
Un peu de lecture en attendant mon retour au clavier, avec un texte qui peut-être annonce mon prochain article.
Voir notamment la note de bas de page.
http://www.causeur.fr/les-cirques-ferment-mais-les-clowns-se-portent-bien,1090
Rédigé par : Malakine | 10 octobre 2008 à 09:54
@Malakine
La dernière vidéo du PlanB qui montre les experts de l'économie à la télévision. Excellent, surtout en cette période d'effondrement du néolibaralisme boursier:
http://www.dailymotion.com/video/x6ypmd_vive-la-reforme_news
Rédigé par : yann | 10 octobre 2008 à 10:47
@Malakine,
Merveilleux texte.
Nous somme tous d’accord : c’est pour ce genre d’article que nous t’aimons.
J’ai vue Good Bye Lénine au moins 2 fois. Avec d’autant plus d’intérêt que j’ai beaucoup fréquenté la RDA.
Bien sûr que la crise actuelle ne serait pas... si le mur de Berlin était toujours là.
C’est sa chute qui à rendu fou le capitalisme US.
C’est sa chute qui a donné un sentiment de puissance sans limites au neo-libéralisme et débouché sur la transformation de la bourse en TRIPOT clandestin.
Dire cela, il y a encore 1 an, il y a encore 1 mois, provoquait dans la blogosphère, des réponses ronflantes de la part des élèves économistes et des SACHANT des tous poils.
Aujourd’hui, même Dominique STROSSECANNE semble s’en apercevoir, et hier Georges Ugeux, ex. Vice-président de la bourse de New-York dit : "L’effet multiplicateur des hedges funds, de ces ventes de paris à ultracourts termes sur paris à courts termes sont des aberrations extrêmement dangereuses."
http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/10/georges-ugeux-e.html#comments.
J’ai souvent essayé de raconter mes aventures en Allemagne de l’Est, qui étaient loin d’être entièrement négatives, malgré les idées préconçues anti-communistes de l’époque... et cela ne semblait pas intéresser le moins du monde, l’intelligentsia. La pensée unique anti-communiste de la gauche bourgeoise rendait impossible tout propos réaliste sur le sujet... Cela changerait ‘il ?
@Toto,
Francis Fukuyama après un article bateau de chez bateau, semble découvrir ce que le monde du travail sait depuis des lustres au sujet du néo-libéralisme : "Deux de ses concepts étaient sacro-saints : le premier affirmait que les baisses d'impôts s'autofinanceraient ; le second, que les marchés financiers étaient capables de s'autoréguler."
Le vrai sujet est: comment la presse a t-elle put gober des invraisemblances pareilles (surtout la seconde), et comment l’establishment (ou là BULLOCRATIE chère à JFK, et JFK lui même) a t-elle put être assez naïve pour CROIRE à de telles fariboles (surtout la seconde) ?
@Bertrand Du Gai Déclin:
"Attention, ne confondons pas le libéralisme et le néo-libéralisme. Je n'ai parlé que du second, qui est pour moi, sans entrer dans une explication fastidieuse, à peu près l'antithèse du premier.
Et non, l'absence de doctrine ne m'angoisse pas, mais alors pas du tout.
Je dirais même qu'au contraire, elle me stimule! :)"
Je n'en reviens pas, merde alors, je ne suis pas leseul au monde à penser çà ! (lol).
J'ajoute que le libéralisme est indispensable pour les acteurs de l'économie (pas le néo), mais qu'il ne signifie rien à la bourse : Les jeux de paris ont obligatoirement des règles, le problème dans cette crise est que les règles étaient ou mafieuses, ou délrantes.
Rédigé par : Ozenfant | 10 octobre 2008 à 12:44
@ Malakine
j'ai lu la motion de Hamon au PS qui rassemble ce qu'il est convenu d'appeler la gauche du PS. Je dois reconnaître que j'ai été agréablement surpris par des orientations nettement "protectionnistes" au niveau européen*, et dans le sens de ce que vous prônez. Et beaucoup plus cohérentes, me semble-t-il que ce que dit N Sarkozy (d'ailleurs, que dit-il ? chaque semaine amenant son lot de déclarations contradictoires; ce qui est très bon électoralement, chacun y trouvant son compte, comme vous l'avez déjà dit).
Que pensez-vous de cette motion ?
Cordialement
* contrairement à vous, E Todd et tant d'autres, je ne crois pas le niveau européen pertinent, sauf en rêve dans un monde idéal. C'est un alibi pour ne rien faire. Nous ne trouverons pas d'accords avec l'Angleterre et ses alliés; il faut penser à la France, avec quelques autres si possible.
Rédigé par : marc-sevres | 10 octobre 2008 à 15:38
@Malakine
Décidément la crise remet les pendules à l'heure un texte incroyable dans "La tribune" - Ci-git le libéralisme, 1979-2008:
http://www.latribune.fr/opinions/20081009trib000181654/ci-git-le-liberalisme-1979-2008.html
Incroyable dans le sens ou il était impensable il y a peu de voir dans ce type de revue de tels opinions.
Rédigé par : yann | 10 octobre 2008 à 18:47
Un très bon texte, très pédagogique sur la différence pour une banque entre être à court de liquidités et être insolvable et sur les moyens de régler le problème:
http://www.telos-eu.com/fr/article/crise_de_liquidite_ou_de_solvabilite
Rédigé par : RST | 10 octobre 2008 à 19:55
@Malakine
Jacques Nikonoff et le M'PEP organise un débat à l'assemblé nationale samedi sur le thème du libre-échange et de la charte de la Havanne (charte proposé il y a 60 ans à l'ONU et rejeté par les USA, organisant le la régulation des échanges et du travail à l'échelle internationale).
Avec comme intervenants:
* Mireille Azzoug : directrice de l’Institut d’études européennes de l’Université de Paris 8.
* Bernard Cassen : professeur émérite à l’Université de Paris 8, secrétaire général de Mémoire des luttes.
* Jacques Généreux : professeur à l’Institut d’études politiques de Paris.
* Jean-Luc Gréau : ancien cadre du Conseil national du patronat français (CNPF) puis du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), économiste indépendant, dernier ouvrage publié La Trahison des économistes, Gallimard, 2008.
* Liem Hoang-Ngoc : maître de conférences à l’Université de Paris 1.
* Jacques Nikonoff : porte parole du Mouvement politique d’éducation populaire.
* Emmanuel Todd : historien et démographe.
voir sur :
http://www.m-pep.org/spip.php?article966
Rédigé par : yann | 10 octobre 2008 à 20:24
Yaaaaaaaaaaaaan
Tu pouvais pas le dire plus tôt ;-)
Trop tard pour s'inscrire !!!
En plus je crois que Malakine est à Paris ce jour là !!!
Rédigé par : RST | 10 octobre 2008 à 21:29
@RST
C'est pas ma faute je viens juste de l'apprendre !!!!
Je n'y suis pour rien si les gens du M'pep font si peu leur promotion, je l'ai appris sur "le grand soir" par pure hasard.
Rédigé par : yann | 10 octobre 2008 à 21:48
Yann
Que les Dieux de l'alter-mondialisme te bénissent !!!.
Je viens d'appeler l'organisation de la conférence et il est encore temps de s'inscrire, ce que j'ai fait bien entendu avec .... Malakine (C'est un scoop, il ne faut pas le répéter ;-) )
Et normalement, on déjeune avec Laurent le Gaulliste
On vous racontera.
Rédigé par : RST | 10 octobre 2008 à 21:57
Ben, finalement on déjeune aussi avec Laurent ? C'est cool ça !
Rédigé par : Malakine | 10 octobre 2008 à 23:02
@Ozenfant
Je vais peut-être te décevoir mais je ne suis pas libéral.
Néanmoins comme un de mes lointains ancêtres fut parmi les concepteurs du libéralisme (politique!) au siècle des lumières, un certain atavisme familial me pousse malgré moi à prendre sa défense, au vieux papy, quand certains mélangent son legs politique avec l'horrible caricature qu'est (ou plutôt fut) le "néo-libéralisme".
Amicalement,
Rédigé par : Bertrand Du Gai Déclin | 11 octobre 2008 à 09:38
Salut à tous,
voici quelques liens qui apportent un regard sur cette crise financière qui nous secoue :
http://frontsidespirit.blogspot.com/2008/10/la-crise-pour-les-nuls.html
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/2008/10/10/la-pire-crise-economique-depuis-1929/
http://www.lafinducapitalisme.net/
comme le pire n'est jamais sûr dans la vie, je crois qu'il faut s'attendre à de sacrés soubresauts dans les jours à venir : de deux choses l'une, soit le système politique explose et il faudra reconstruire avec autre chose (une sorte d'altermondialisme à la croissance qualitative et avec juste ce qu'il faut de libéralisme financier totalement encadré), soit c'est la purge bancaire et dans ce cas on est parti pour 2 ans au moins de récession,
faites vos jeux messieurs-dames !
Rédigé par : olivier | 11 octobre 2008 à 09:57
@Olivier,
Je me suis promené sur la blogosphère et sur le web(pour précisions) et plusieurs canards expliquent que Monsieur BOUTON, PDG de la Société Générale, a revendu des stocks options et a réalisé une plus-value d'un million 500 000 euros.
Voyez, ce n'est pas la crise pour tout le monde.
Dans la région, on prévoit une baisse de l'immobilier d'un an minimum...sauf sur la côte!
Rédigé par : Philippe | 11 octobre 2008 à 10:46
Bertrand DuGaydéClin,
Je ne porte plus d'étiquettes depuis bien longtemps, quand je dis que je suis libéral, c'est d’une part parce que je suis -pour la liberté d‘entreprendre- et d’autre part parce que je souhaite moins de contraintes castratrices causant d'innombrable faillites et empêchant l'embauche et le développement.
@Malakine, Je viens de publier les -4 idées pour l’Europe- pour lesquelles Toreador nous a tagué.
Rédigé par : Ozenfant | 11 octobre 2008 à 11:31
@Malakine,
Formidable cette réunion !
Sauf que, comme d'hab. ils n'ont apparemment pas invité une seule personne ayant jamais travaillé, là dedans ?
Comme çà c’est parfait :
Ceux qui pensent pour le reste du monde, vont pouvoir continuer à ronronner entre eux !
PAS DE CONTESTATION POSSIBLE : C’est tellement mieux !
Tiens Malakine, sais tu où je peux joindre (Email) Emmanuel Todd, pour lui dire précisemment cela !
Rédigé par : Ozenfant | 11 octobre 2008 à 11:40