La page de la guerre du Caucase, qui a fait l'actualité de ce mois d'Août, est désormais tournée. Sur le moment, on a pu avoir l'impression de vivre un moment historique qui ouvrirait une séquence de l'histoire du monde. Certains ont cru y découvrir une nouvelle Russie impérialiste contre laquelle l'Europe devait se mobiliser, d'autres le retrait de l'empire américain d'Europe et le début d'un schisme au sein du bloc occidental.
Comparé à l'effondrement du système financier américain, ce conflit apparaîtra sûrement avec le recul comme une simple péripétie. Il y a tout de même quelques enseignements qui méritent d'être tirés, sans jugement de valeurs et sans revenir sur la question des responsabilités. Chacun a eu le loisir de se faire sa propre lecture "morale" du conflit.
Maintenant que les cendres sont froides et que les canons se sont tus, tentons donc un premier bilan de la guerre du Caucase, avant d'entrevoir les conséquences et les suites qu'il pourrait avoir.
Statut quo pour la Géorgie
Le premier point à constater est un parfait statut quo au niveau des frontières. Les deux républiques séparatistes étaient de fait indépendantes, et de fait intégrées dans la sphère russe. Elles le sont toujours. La Géorgie était un Etat autonome, dirigée par un président qui se veut être le plus grand démocrate de l'ex URSS et qui développe un projet occidentaliste. Elle l'est toujours. Ce n'est pas sur ce plan que la guerre a fait bouger les lignes. C'est un fait qu'il faut rappeler.
En revanche, le conflit aura marqué la fin du rêve américain dans la région. Saakachvili escomptait probablement un soutien fort et déterminant des Etats-Unis. Or, leur influence pendant tout le conflit a été nulle, que ce soit sur le plan militaire ou diplomatique. Ils ont bien tenté de souffler sur les braises, mais sans aucun effet. Les vrais acteurs de ce conflits les ont laissé s'époumoner à distance. Sarkozy le premier.
Les pays de la région retiendront sûrement la leçon. Tous les pays de l'ex-URSS savent désormais qu'ils ont plus à perdre qu'à gagner à suivre les Etats-Unis dans une attitude de harcèlement à l'égard de la Russie. Se faisant, c'est toute la stratégie américaine d'encerclement de la Russie conduite depuis une dizaine d'années, qui a échoué. Cette guerre aura très certainement mis un coup d'arrêt à l'extension de l'OTAN à l'Est. Et probablement également engagé sa décomposition, car jamais autant de voix ne se sont élevés (en tout cas en France) pour contester l'existence même de cette organisation militaire, dont le projet est caduc depuis la fin de la guerre. Bien plus que lorsque Sarkozy à décidé de rejoindre le commandement intégré.
L'occidentalisme est une doctrine qui rêve de ressusciter un rassurant monde bipolaire, avec des gentilles démocraties d'un coté et des affreux dictateurs de l'autre. Au lieu de cela, le nouveau paysage géopolitique que laisse le conflit dans le Caucase apparaît plus comme un tripôle : Etats-Unis, Europe, Russie, avec des pays charnières où passent les lignes de forces entre ces grands ensembles.
Le retour de la Russie.
Le terme de retour de la Russie est impropre, car dans l'esprit de l'opinion publique internationale, la Russie n'existe pas. C'était - et c'est toujours encore - un concept géopolitique non identifié. C'est ce que cette crise a révélé. L'opinion projette sur la réalité de la fédération de Russie, l'imagine de l'union soviétique, ce qu'elle n'est plus, ne serait-ce qu'en raison de sa conversion au capitalisme ou bien celle de la Russie de la période éltsinienne, un Etat en transition en proie au chaos et à l'anarchie, qui ne correspondait pas à sa nature profonde.
Le monde découvre la Russie, en même temps que celle-ci renaît à elle-même.
La Russie n'est pas n'importe quel pays. Ce n'est pas un simple émergent qui sort progressivement du sous développement grâce à ses exportations ou à ses ressources naturelles. La Russie est d'abords une puissance politique, une nation souveraine, fière de son histoire et de ses valeurs. Cela, le monde n'en a pas l'habitude. La Russie n'a d'ailleurs, de ce point de vue, pas d'équivalent dans le monde, autre que les Etats-Unis eux-mêmes.
La situation est donc propice à tous les fantasmes. D'un coté comme de l'autre. Que ce soit pour les occidentalistes BHLiens, qui adorent s'inventer des ennemis, mais aussi pour ceux qui rêvent la Russie comme un contrepoids à l'hyperpuissance américaine. Pourtant la réalité est beaucoup plus banale. La Russie ne cherche ni domination ni même une influence sur le monde. Elle ne veut que consolider sa sphère d'influence et renforcer ses positions en tant que pôle indépendant dans un monde multipolaire, seulement s'affirmer telle qu'elle est, sans se soucier de l'impact que ses décisions auront sur la communauté internationale.
Enfin l'Europe politique ou Sarkozy en route pour le prix nobel de la Paix.
En mai dernier, annonçant le conflit, j'avais écrit « l'avenir de l'Europe s'écrira sous présidence Française » pressentant que Nicolas Sarkozy aurait un rôle majeur à jouer dans la résolution de la crise. Lors de la soirée des « rendez vous de l'appel à la vigilance républicaine » en présence de Moscovici et de Dupont-Aignan, j'étais intervenu pour relativiser l'atlantisme de notre président, sentant que sur cette affaire, il saurait se démarquer des américains. A ma plus grande joie, les faits m'ont donné raison.
Sarkozy a été impeccable dans toute cette affaire. Pour la première fois dans un conflit majeur, l'Europe politique a existé sur la scène internationale. Et cela, c'est à son activisme qu'on le doit. Sans lui, on n'aurait entendu, comme pendant la révolution orange en 2004, que les Etats-Unis, l'OTAN et les pays d'Europe centrale.
La position que Sarkozy a défendu a été remarquablement équilibrée, sachant jouer de son atlantisme pour être entendu de Saakachvili, mais sachant aussi prendre ses distances avec les positions va t-en guerre de Condoleezza Rice pour gagner le respect des dirigeants russes. Si sa première intervention tenait plus de la mise en scène pour entériner un statut quo au travers d'un accord a minima en 6 points, elle lui a permis de s'imposer dans le dossier, d'unifier l'Europe sur une position commune et de revenir à la charge un mois après pour obtenir des Russes le retrait de leurs positions en Géorgie, ce que personne ne croyait possible. Remarquable !
Dans cette affaire, Sarkozy a gagné ses galons d'homme d'Etat. Reste désormais à savoir ce que deviendra ce succès diplomatique. L'Europe en héritera t-elle pour exister sur le plan politique ? Il est permis d'en douter, tant ses divisions sur ce sujet comme sur bien d'autres sont profondes et sa volonté défaillante. Cet épisode marque plutôt le retour du jeu des puissances en Europe, avec la France parmi les voix les plus fortes.
A suivre demain avec la situation en Ukraine, l'avenir de l'OTAN et la réaction des américains.
Malakine
Avec la Russie nous ne sommes plus dans un contexte de guerre froide. En effet la Russie d'aujourd'hui n'est pas l'URSS d'hier, il n'y a plus opposition entre 2 systèmes et le monde à Changer. La géopolitique n'est plus du tout la même.
Tout d'abord Yalta c'est fini. La Russie et les Etats Unis ne se partagent plus le monde. L'OTAN et le pacte de Varsovie ne sont plus le pendant l'un de l'autre et chacun à besoin de l'autre pour résoudre les conflits internationaux. Ni les Etats Unis ni la Russie n'imposeront seuls la paix que ce soit en Afghanistan ou au proche Orient et les EU ont besoin du soutien de la Russie pour faire pression sur l'Iran.
Avant de parler de la Russie il faut savoir non seulement de quoi, mais de qui on parle. Ceux qui connaissent les russes savent une chose c'est que pour ce pays il n'y a pas de demi-mesure. La Russie n'acceptera jamais de jouer les suppléants, ou c'est une super puissance ou elle n'est rien du tout. Ça c'est quelque chose qui fait partie de la culture russe, c'est quelque chose qui est ancré dans les esprits et si on l'ignore alors il n'y a pas de discussion possible avec eux.
C'est donc à partir de la compréhension de cette culture qui faut admettre ou pour le moins essayer de comprendre que cette Russie ancienne grande puissance à toujours un œil du côté de ses anciens satellites et c'est un œil de type impérialiste.
La Russie est une nation orgueilleuse qui a très mal vécu 2 décennies de domination américaine. Depuis l'avènement de Vladimir Poutine elle n'a cessé de monter en puissance et ce que souhaitent les dirigeants russes c'est que cette montée en puissance soit reconnue et que par conséquent le regard des autres et particulièrement celui de Washington doit changer et ceci toujours en rapport avec la culture russe. Ainsi pour forcer ce regard à changer la Russie utilise un moyen efficace, le seul qu'elle connaisse et qui est celui du rapport de force.
Je crois que Nicolas Sarkozy a cerné cette culture russe, il a bien compris que Poutine aspire à la reconnaissance de son pays et que en lui il y une obsession , c'est celle du prestige international. Il faut avoir à l'idée que cette victoire militaire sur la Georgie est primordiale dans l'esprit des russes, elle est la première depuis longtemps. Tout cela Sarkozy l'a intégré et c'est à mon avis ce qui a été fondamental lors des négociations. Nicolas Sarkozy a probablement compris que lors de son accession au pouvoir Poutine voulait discuter, il voulait négocier mais les Etats Unis et l'Europe ont commis l'erreur de le traiter en inférieur, en chef d'un pays sous développé. Poutine a pris note de ce mépris, il a fait tête basse mais après avoir fait monter son pays en puissance il a pris sa revanche. Ce comportement a été du, je me répète, peut être à une méconnaissance de la culture et de l'orgueil russe qui sur le plan international ne veulent pas jouer les seconds rôles.
Je n'étais bien sur pas dans les discussions entre Poutine et Sarkozy mais il est probable que le message que le dirigeant Russe à transmis aux européens par l'intermédiaire de Sarkozy est que rien ne se fera, rien sera possible dans la région du Caucase sans l'aval des russes.
Le revers de la médaille est que la Russie s'est politiquement isolée, son image s'est détériorée et surtout, c'est tout au moins ce qui se murmure, que les acteurs de l'économie en Russie sont inquiets. Plusieurs dizaines de milliards investis dans ce pays ont quitté le territoire russe pour aller ailleurs. Les investisseurs ont perdu une partie de leur confiance. L'isolement des russes a été manifeste, tellement manifeste que Poutine lui même a du intervenir et demander au président de la Bielorussie de faire part de son soutien à l'intervention Russe. Les états asiatiques et en particulier la Chine n'ont manifesté aucun soutien à la Russie.
L'Europe dans son ensemble et elle l'a dit a trouvé la réaction russe tout à fait disproportionnée avec la Géorgie. Cette Europe sous la présidence de Nicolas Sarkozy qui je l'ai dit a à mon sens compris l'état d'esprit russe n'a pas voulu diaboliser la Russie. Je crois que l'UE a eu la bonne attitude en maintenant le dialogue, elle a compris qu'il y allait de l'intérêt de tous. Bien sur et c'est normal, l'Europe a eu et aura encore du mal a parlé d'une seule voix et Poutine l'a bien compris qui fait ressortir la contradiction. Mais il faut bien comprendre que les pays baltes, la Pologne et la Tchécoslovaquie qui eux ont vécu Yalta et donc sous le joug de l'URSS craignent un retour en force de la Russie. On ne peut jamais se mettre à la place de quelqu'un mais j'imagine pour connaître des gens venant de ces pays que psychologiquement on doit rester marqué à vie, ils ont vécu des atrocités. On comprend alors pourquoi ils recherchent la protection des EU qui à leurs yeux est capable d'assurer leur protection. La contre partie et on l'a vu c'est que Moscou a relevé le ton. Il est indéniable que les russes vont être vigilants et pour d'autres rejoindre le giron de l'occident ne va être une partie de plaisir.
Rédigé par : Flamant rose | 23 septembre 2008 à 15:25
@ Flamant Rose
Je ne suis pas certain que la Russie soit réellement isolée car si peu de pays l'ont réellement soutenue, d'autres ne l'ont pas condamnée et devant la violence des faits, cela peut déjà être considéré comme un soutien: la Chine ne peut pas légitimer l'action Russe alors qu'elle lutte elle-même contre les demandes d'autonomie de certaines provinces.
Certes, les EU et l'Europe ont condamné de concert les Russes au départ mais est-ce illogique alors que les Européens sont régulièrement alignés sur les Américains et ont des intérêts similaires (la pénétration du marché de l'ex-URSS)?
Ensuite, les EU et la GB sont restés soit absents, soit inaudibles dans un 2nd temps et certains pays d'Europe risquent de se poser de sérieuses questions sur leur faculté à guider le monde en matière militaire (Irak, Afghanistan), économique (crise financière) ou diplomatique (impérialisme). Qui est le plus isolé? Je n'ai pas la réponse mais wait and see...
Rédigé par : Ryan | 23 septembre 2008 à 15:55
Je partage tout ce qui a été dit sauf peut-être la toute fin de l'intervention de FR.
Je crois qu'il faut distinguer les pays d'Europe centrale et les anciennes républiques soviétiques. Les pays d'Europe centrale ont effectivement connus ce qui peut s'apparenter à une colonisation, mais ceux ci ont tous rejoins l'UE et l'OTAN sans que la Russie ne bronche.
Le cas des anciennes républiques soviétiques est différent. Elles étaient intégrées dans l'URSS à égalité avec les Russes. L'élite soviétique était une élite multinationale, sans qu'il y ait de domination entre russes, ukrainiens, géorgiens ou baltes. Ce n'était pas une colonisation mais la tentative de bâtir une seule grande nation multinationale. Ces pays sont toujours considérés par la Russie comme son "étranger proche". Elle n'a pas coupé les liens. En négatif cela s'exprime par un certain interventionnisme politique, mais en positif cela donne aussi des tarifs réduits pour le gaz.
J'évoquerais demain le cas de l'Ukraine et de la Géorgie. C'est en réalité les seuls pays qui posent problème pour les russes. Les baltes sont déjà partis à l'ouest, la bielorussie est solidement arrimée, comme l'Arménie, et les relations avec les républiques d'Asie centrales restent bonnes.
En ce qui concerne, l'isolement de la Russie, je pense, tout simplement, qu'elle s'en fout parce qu'elle n'est pas dans une logique de domination, ni de conquête. Elle n'a aucun système, ni aucun modèle à proposer. Elle veut juste qu'on la reconnaisse pour ce qu'elle est, comme un acteur souverain et pleinement autonome.
A la différence des Etats-Unis ou de l'Europe, elle n'est pas dépendante du monde, ni pour sa main d'oeuvre, ni pour ses capitaux, ni pour son commerce extérieur. Comme le disait Todd aux universités d'été de DLR la Russie est un rêve gaulliste.
Rédigé par : Malakine | 23 septembre 2008 à 16:09
La question est de savoir ce que fera Sarkozy de ce "succès" diplomatique... En vérité, rien absolument rien puisque Sarkozy est un homme de "coups", d'autant que la Crise Ossète a été totalement balayée par les déboires des marchés financiers.
Le seul mérite de Sarkozy est d'avoir contenu les faucons polonais et anglais qui ne peuvent compter sur une administration américaine en pleine déliquescence.
D'ailleurs est-ce un succès de l'Europe ou de l'administration française? La Slovénie aurait négocié un tel accord, je me serais dit "Tiens... l'Europe pèse" or il s'agit plus pour d'un succès français avec un coup de pouce européen... certaines dépêches de Ria-Novosti parlaient d'un accord Russie-France.
Saakachvilii pensait que son amitié avec Soros lui offrait un blanc-seing de Washington...
Rédigé par : René Jacquot | 23 septembre 2008 à 16:10
@ Malakine
Tu t'en doutes, je parlerais moins de « fin de l'occidentalisme » que de fin de l'opposition inepte du monde occidental à la Russie. Celle-ci apparaît - ou du moins devrait apparaître - à l'Occident comme un partenaire capital contre leurs deux véritables ennemis communs que sont la Chine et le fondamentalisme islamique...
Rédigé par : Criticus | 23 septembre 2008 à 16:43
@ René Jacquot
Oui telle est bien mon analyse. Je l'avais d'ailleurs développé dans un papier de cet été. La Russie a joué la France plus que l'Europe.
@ Criticus
Tu as bien noté que j'ai défini la notion d'occidentalisme comme le besoin de s'inventer des ennemis pour se sentir dans le camp des bons, des gentils, des démocrates, de ceux qui respectent les libertés et les droits de l'homme...
Ce que j'appelle les occidentalistes, c'est les Rioufol, BHL, Glucksmann ou Kouchner ... mais je pourrais aussi bien parler de néo conservateurs.
Ton point de vue se défend mais, à mon avis, il est mal exprimé. Quand tu vise le monde islamique, tu veux défendre nos intérêts sur la question de l'immigration. Quand tu désignes la Chine, c'est les intérêts économiques auxquels tu penses. Un occidentaliste, lui est dans une logique de choc des civilisations.
Rédigé par : Malakine | 23 septembre 2008 à 16:55
@Ryan,
Bonne synthèse claire et concise !
@Malakine,
Je partage ton avis le probable desideratum Poutinien. Pour ce qui est de FR, comme souvent ses informations sont justes, dommage que ses analyses soient toutes passées au filtre impitoyable de sa dévotion politique...
@René Jacquot,
Intéressant ce que tu dis, spécialement sur les dépêches de dépêches de Ria-Novosti.
@Criticus,
Il faut encourager la guerre entre le fondamentalisme Islamique et la Chine !
Non je plaisante....
Quoi que... Si la CIA était moins bornée !!!
Rédigé par : Ozenfant | 23 septembre 2008 à 17:28
@ Malakine
Merci pour cette analyse instructive.
Le voyou serait-il déjà devenu un homme d’Etat ? Pour ma part, je ne le crois pas, aveuglé que je suis par mon anitsarkozysme primaire. Peut-être peut-on concéder que, pour une fois, il a été moins mauvais que d’habitude mais il faudra qu’il soit plus constant dans ce type de comportement pour que je puisse le considérer comme autre chose que le prince du bling-bling. Il est tout à fait prématuré de lui accorder quelque galon que ce soit.
Sur la Russie, je crois que tu as raison de dire que le monde la découvre.
De par mon activité professionnelle dans l’industrie pétrolière et gazière, je suis en contact avec le milieu industriel Russe. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est différent de ce que l’on rencontre habituellement. Le rapport de force est permanent, il est assez difficile d’obtenir des entreprises Russes qu’elles acceptent les règles du jeu et certaines pratiques s’apparentent ni plus ni moins à du chantage. On est à la limite du gangstérisme.
Un autre aspect tout aussi perturbant est le fait que, bien qu’ils aient par le passé, construit des sous-marins nucléaires et lancé des satellites, ils se trouvent totalement incapables actuellement de construire, sans assistance extérieure, les infrastructures (terminal gazier par exemple) nécessaires à leur développement.
Ceci étant dit, comme l’a reconnu l’un des dirigeants de ma société, en Russie la volonté politique c’est quelque chose qui marche et ils ont entrepris de redéployer au service du pays (et de quelques oligarques ?) une industrie qui était utilisée à d’autres fins (principalement militaire) dans le passé. Vont-ils réussir ? L’ avenir le dira.
Rédigé par : RST | 23 septembre 2008 à 17:57
@ Criticus
Il me semble que tu as oublié certains ennemis de l'Occident comme ... la Maladie d'Alzheimer par exemple, non ?
Rédigé par : RST | 23 septembre 2008 à 18:05
Il ne suffit pas de dire que mon analyse est passée au filtre impitoyable de ma dévotion politique, encore faut-il le démontrer. Pourquoi cette remarque ? Parce que j'ai cité plusieurs fois le nom de Nicolas Sarkozy ? Mais sur ce coup là je m'aperçois que je ne suis pas le seul.
Je vais en rajouter une couche à ma "dévotion". J'ai dit que pour négocier avec les russes, il fallait connaître leur culture et j'ai donné plusieurs exemples. En voici un autre.
Les pays de l'est et baltes ainsi que la Grande Bretagne ont employé le terme de "sanction" envers la Russie. Nicolas Sarkozy n'a pas suivi et ma "dévotion" va jusqu'à dire qu'il a eu raison et à fait preuve de responsabilité. Pourquoi ?
Parce que, je me répète, les russes sont fiers, puissants et ne veulent pas jouer en seconde division. Sarkozy en ayant intégré ces critères dans la négociations a compris que le terme de sanction aurait constitué 2 erreurs majeures.
La première c'est que "sanctionner" aurait irrité les russes parce que "sanctionner" c'est se mettre en position de force (le prof sanctionne un élève) . Poutine n'aurait jamais accepté d'être traité ainsi car cela aurait été admettre la supériorité des autres.
La seconde c'est que "sanctionner "c'est s'accorder un pouvoir que l'autre n'a pas (même exemple du prof qui sanctionne l'élève). Cela veut dire, je punis et celui qui est en face n'a pas d'autre solution que de subir la punition. Encore une fois Poutine ne pouvait pas accepter.
Alors oui je dis que Nicolas Sarkozy s'est montré à la hauteur, oui il a eu raison de s'opposer aux sanctions. Si avoir des convictions et les défendre c'est de la dévotion alors c'est qu'on ne donne pas la même signification à ce mot. Mes convictions m'ont amené a être traité de provocateur de droite alors pourquoi pas "dévotion". Dur, dur, sur certains blogs de défendre ce à quoi l'on croit. C'est évidemment plus facile de se situer au dessus de la mêlée et de donner des leçons. Cela porte un nom :le populisme et ça, c'est vrai ce n'est pas mon "truc".
Rédigé par : Flamant rose | 23 septembre 2008 à 18:47
@Malakine
Puisque tu parle de Sarko en chez d'état voici une de ses nouvelles proposition pour faire parler de lui un espace économique entre l'Europe et la Russie, il nous refait le coup de l'union-méditerranéenne mais à l'est lol:
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=5898123
Il faudra lui expliquer un jours que puisque l'UE n'a plus de barrière tarifaire elle est déjà virtuellement en union économique avec la planète entière et que les unions et autre partenariats commerciaux ne sont désormais que poudre aux yeux sémantique. Loin de penser que Sarko est devenu un stratège, je pense plutôt qu'il sent le vent tourner et son naturel attirance pour les forts le fait se diriger vers les nouveaux pays dominants Russie et Chine. Comme quoi il n'était même pas pro-américain mais juste un éternel opportuniste.
Rédigé par : yann | 23 septembre 2008 à 19:13
@ RST
Ce que tu dis ne m'étonne pas. La vision du monde des affaires qu'avait la première russe que j'ai connu, celle qui a tout changé (soupirs nostalgiques) me faisait froid dans le dos, une vraie jungle où la première chose à faire quand on arrivait dans une entreprise était de "tenir son patron par les couilles". Elle allait même jusqu'à me dire que je ne réussirais jamais professionnellement si je n'acceptait pas la corruption. A leur décharge, il faut voir les conséquences psychologiques qu'on pu avoir les années de chaos des années ieltsine. Pense que tes interlocuteurs ont appris les règles du business pendant cette période de vol et de corruption généralisées.
Ce que tu dis sur leurs carences technologiques confirme bien que la Russie a besoin de nous, qu'elle a plus intérêt à développer des partenariats avec l'Europe que de la dominer.
@ Flamant Rose
Bien d'accord. L'indépendance d'esprit oblige a parfois reconnaître quand celui ou ceux qu'on aime pas pour ce qu'ils sont ont fait quelque chose de bien. Vous verrez qu'un jour, j'irais même jusqu'à dire du bien du parti socialiste !
Mais j'ai même été plus loin que vous en proposant de décerner à Sarko le prix nobel de la Paix 2008. Sans aller jusque là, il aura peut-être droit à l'Horizons d'or de l'homme d'Etat 2008 ! :-) Je sens que les délibérations du Jury vont être chaudes ce jour là.
@ Yann
Manifestement, les rencontres entre sarko et Medvedev ou entre Fillon et Poutine se sont bien passés ! Tu as tort d'ironiser. Cette déclaration, si elle se confirme est d'une importance majeure. Elle traduit qu'on est en train de changer de monde. Sarko ne fait que de rechercher dans la Russie un réservoir de croissance. Ca s'appelle ni plus ni moins qu'un renversement d'alliance. Personnellement, je ne boude pas mon plaisir !
Certes, Sarko est un opportuniste, mais n'est-ce pas cela fondamentalement un homme d'Etat ? Etre en capacité de s'adapter aux circonstances et d'oublier son idéologie ou ses inclinations personnelles pour défendre les intérêts du peuple dont on a la charge ? hein RST ?
Rédigé par : Malakine | 23 septembre 2008 à 20:06
Famant Rose !
Moi aussi j'avais applaudit le mois dernier a "La paix de Sarkozy":
http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/08/la-paix-de-sark.html#comments
Mais de là a conclure à l'isolement de la Russie... comme notre copine Condoleeza !
Rédigé par : Ozenfant | 25 septembre 2008 à 18:02
Entrevue fort intéressante d'Emmanuel Todd au Courrier de Russie sur la guerre du Caucase:
http://www.lecourrierderussie.ru/fr/magazine/?artId=3678
la boutade de fin me laisse songeur! Oui, trop fois oui!
Rédigé par : René Jacquot | 02 octobre 2008 à 19:20
J'ai vu cette interview hier soir suite à un commentaire sur ton site, et à vrai dire quand j'ai lu Todd dire "quand je serais président de la république" j'ai cru à un bidonnage. Puis, non c'était bien du Todd. Et je me suis mis à rêver d'une entrée de Todd en politique ... :-)
J'ai failli reprendre cette itw dans un article intitulé "la france doit reconnaître l'abkhazie et l'ossétie" avant de me dire que tout le monde s'en foutait et que je n'avais pas besoin d'agraver mon cas de "petit télégraphiste de Moscou" :-)
Rédigé par : Malakine | 02 octobre 2008 à 19:26
Merci à René pour la référence à l’interview du "maître", en grande forme, un vrai régal !
J’ai beaucoup aimé cette phrase qui résume bien la situation me semble-t-il : « Les Américains jouent au poker. Les Russes jouent aux échecs. »
Plus loin : « L’Europe a toujours besoin du gaz russe, mais la Russie a besoin des biens d’équipement européens, de technologies et de savoir-faire. »
Comme déjà dit , à partir de ma petite expérience professionnelle , je confirme que les Russes ont besoin de notre savoir faire dans l’industrie pétrolière et gazière.
E.Todd président !!!
Rédigé par : RST | 02 octobre 2008 à 19:38
"(...) la Russie est certainement l’économie la mieux placée pour résister à la tempête financière actuelle."
"Pays au carrefour de l’Europe et de l’Asie, économie qui va contribuer par son dynamisme à la croissance européenne, la Russie est bien placée pour inviter les autres grands acteurs de la scène financière internationale - la Chine et les pays européens en particulier - à coopérer."
C'est J.Sapir qui le dit ici : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2222
Rédigé par : RST (Ca va faire plaisir à Malakine) | 03 octobre 2008 à 20:55