L’actuelle crise que le monde traverse, la plus grave depuis 1929 à ce qu’on nous dit, fournit chaque jour son lot de nouvelles sensations, toutes aussi inintelligibles que les autres pour le commun des mortel : On sauve l’un, mais on laisse mourir l’autre, les bourses s’effondrent puis rebondissent, les banques centrales injectent des liquidités sorties dont ne sait où… Cette accumulation d’évènements sur lesquelles se focalisent les médias, fait la dramaturgie de la séquence mais n’aide pas à la compréhension de ce qui se passe.
Pourtant il est essentiel de comprendre : Qui ou quoi est responsable ? Qu’est ce qui doit être remis en cause ? Jusqu’où tout cela va-t-il aller ? Comment faire en sorte que cela ne se reproduise plus ?…
L’an passé, au tout début de la crise des subprimes, j’avais proposé un modèle explicatif de la crise rigoureusement « Toddien » à partir des analyses développées dans « Après l’Empire » Même si je reste convaincu de la pertinence des analyses du maître, le déroulé des évènements récents ne me semble pas (ou plus) correspondre à ce modèle. C’est autre chose qui est en train de se passer.
Le modèle interprétatif Toddien nous conduit à voir dans la crise actuelle les limites de la stratégie étasunienne de captation du capital mondial. Celle-ci reposait sur deux principales pompes aspirantes : l’endettement des ménages drainant des capitaux dans le monde entier via le mécanisme de la titrisation et l’endettement public drainant des capitaux via les bons du trésor américains.
La première s’est enrayée avec la crise immobilière américaine. Les ménages ne pouvant plus rembourser leurs prêts hypothécaires et les banques ne pouvant se refaire sur le prix des maisons en chute libre, les prêteurs, disséminés dans le monde entier avec le mécanisme de la titrisation, se retrouvent avec des créances pourries, ce va occasionner pour eux des pertes substantielles.
Cette interprétation fonctionnait jusqu’à la mise sous tutelle des organismes de refinancement Fanny Mae et Freddy Mac. L’Etat fédéral en garantissant leurs engagements ne faisait que de basculer le flux de capitaux d’une pompe aspirante (la titrisation des créances immobilières) vers l’autre (les bons du trésor) Peu importe le moyen, libéral ou non, l’essentiel était de maintenir la centralité de l’économie impériale et sa fonction de consommateur ultime.
Ce schéma devrait aboutir à des pertes importantes dans les pays disposant d’une épargne abondante. On aurait du assister à des faillites de banques ou de fonds d’investissements situés en Europe, au moyen orient ou dans les pays émergents. Parallèlement, l’économie impériale ne pouvant plus être alimentée en capitaux frais, le dollar aurait du être attaqué, ce qui – toujours selon le modèle toddien – aurait du conduire les Etats-Unis à organiser sur leur sol de nouveaux attentats factices à livrer de nouvelles guerres d’opérettes contre des prétendus Etats-voyou ou terroristes, cela pour perpétuer l’illusion de leur superpuissance.
Or cela n’est pas ce qui se produit. Pas encore en tout cas. C’est le cœur financier du capitalisme américain qui s’effondre. Les banques d’affaires de Wall Street voient leur capitalisation boursière fondre comme neige au soleil, ce qui les fait tomber les unes après les autres comme un château de carte.
Or, il est peu vraisemblable que ce soit ces banques qui détenaient les titres des créances immobilières qui se sont avérées pourries, car le taux d’épargne étasunien est insignifiant. La raison pour laquelle le capital de ces banques s’évapore est certainement lié à autre chose que la simple crise des subprimes. (1)
Incapable de trouver une explication intelligible sur les raisons réelles des défaillances des banques d’affaires – qui si je ne m’abuse n’ont jamais été annoncées par personne – je me suis mis à chercher. Et je suis arrivé à l’hypothèse suivante :
1- Le fondement des deux pompes aspirantes de capitaux est le même. Toutes deux reposent sur la croyance des investisseurs en la valeur des actifs qu’ils achètent (un emprunt gagé sur une hypothèse de hausse infinie du prix de l’immobilier et la valeur du Dollars). Le prix, ne repose sur aucun élément matériel. C’est une valeur virtuelle qui peut s’effondrer du jour au lendemain si les marchés lui retirent leur confiance.
2- On lit partout que le monde « croule sous les liquidités » depuis plusieurs années. En clair (si j’ai bien compris) le système monétaire mondial créé une quantité de monnaie sans rapport avec la réalité de la création de richesse. Le dernier bouquin de Patrick Artus indique que la masse monétaire mondiale croit entre 10 et 15 % chaque année, ce qui doit être à comparer avec la croissance mondiale d’environs 5% (2)
3- Cet excès de monnaie ne s’est pas traduit (jusqu’à la crise des matières premières) par une inflation classique des prix et des salaires. Il s’est traduit par une explosion de la valeur des actifs, entraînant des bulles spéculatives successives, d’abords de la « nouvelle économie », puis de l’immobilier, plus des matières premières. On a constaté que les bulles étaient de plus en plus rapides et instables, comme si l’argent excédentaire ne savait plus où s’investir.
D’où l’hypothèse : Cette monnaie excessive, c'est-à-dire ne correspondant à aucune richesse réelle, est restée circonscrite à la sphère financière, sans irriguer ou très peu l’économie réelle. Elle a générée une économie purement virtuelle, aussi lucrative que fragile. Cela explique d’ailleurs comment les établissements financiers ont pu distribuer des salaires et des bonus aussi faramineux.
La sophistication des mécanismes financiers a donné naissance à une apparente « industrie financière », dans laquelle il était possible de faire de l’argent avec des formules mathématiques. Le terme de « produits financiers » est à cet égard révélateur. On a pensé produire quelque chose de matériel avec des équations et pouvoir le vendre comme n’importe quelle marchandise.
Cette économie s’est considérablement développée dans les hauts lieux du capitalisme mondial, en particulier à Londres et New York, qui ont cru pouvoir trouver là une spécialisation dans la division internationale du travail. Leur truc à eux, c’était de fabriquer des « produits financiers » à destination de tous les épargnants de la planète.
Le problème, c’est que la matière première de ces produits restait virtuelle. Ils n’avait de valeur que pour autant que les acheteurs leur en reconnaissait. Un peu comme de l’art contemporain…
Le modèle interprétatif Toddien que j’avais appliqué l’an passé conduisait àpister les pertes, identifier ceux qui seraient le perdant final de la pompe aspirante de l'endettement privé américain. Ce mécanisme aura lieu. Il y aura bien des épargnants qui se seront fait floués et qui in fine auront financé le train de vie des américains lors de la dernière décennie.
Mais il s’est passé autre chose : une réaction en chaîne de perte de confiance qui est partie des crédits subprimes pour se diffuser à l’ensemble des actifs financiers.
Le dégonflement de la valeur des créances immobilières a entraîné une perte de confiance dans la valeur de certaines créances. Leur dissémination via la titrisation l’a entendu à l’ensemble du monde financier. Il y a 6 mois on savait qu’il y avait des créances pourries dans les comptes de toutes les banques, sans savoir qui en avait ni combien. Ne pouvant savoir, tout est devenu pourri, selon le principe qui veut que la valeur d’un bien est celle qu’on lui accorde. C’est ainsi que les actifs des plus grandes banques d’affaires de Wall Street ont pu fondre en quelques jours comme neige au soleil.
Selon cette hypothèse, l’impérialisme américain n’a pas grand-chose à voir dans cette crise. La crise serait surtout le fruit d’une mondialisation déséquilibrée, trop créatrice de monnaie et d’épargne (donc d’inégalités) laquelle a engendrée une hypertrophie de la sphère financière qui a vécu hors du réel avec des unités de comptes délirants depuis une dizaine d’année. .
La crise ne serait alors qu’une purge salutaire qui permettra de ramener la valeur des actifs à un niveau compatible avec la réalité de la richesse de l’économie réelle. Elle mettra beaucoup de parasites au chômage. Elle aura un énorme impact récessif sur l’économie réelle en particulier dans le monde anglo-saxon. Mais elle est nécessaire.
L’économie financière n’était en réalité qu’une gigantesque bulle qui est en train de crever.
Malakine
(1) Je suis volontairement dans mon expression, car j’avoue bien volontiers ne strictement rien comprendre aux mécanismes des "Crédits Défaults Swap" et à ce genre d’article. De grâce est ce que quelqu’un pourrait expliquer l’origine de cette destruction de capital en langage simple ?!?
(2) La raison de cette création excessive de monnaie est, d’après lui, (bien que je ne suis pas parvenu à en comprendre le mécanisme) dans le financement du déficit commercial américains par les excédents commerciaux asiatiques.
(3) gagé par le mécanisme des prêts hypothécaires sur la valeur de leur maison, laquelle était dépendante d’une demande toujours croissante pour l’immobilier, laquelle était générée par un coût du crédit très bas, lequel était permis par le placement des réserves de change des pays à balance commerciale excédentaire en bons du trésor américain, lequel était gagé sur la confiance en l’économie américaine, laquelle s’appuyait sur une domination idéologique, culturelle et militaire.
Mon cher Malakine,
Tu n'as pas dû chercher bien longtemps, parce que l'explication des "Crédits Défaults Swap" est parfaitement expliqué en dessous de ton lien :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=762
En voici un petit paragraphe édifiant concernant Lehman's Bro. avant sa chute ! :
--La chute de Lehman Brothers serait une très très mauvaise nouvelle pour le monde financier. Primo, parce qu’on avait dit à propos de Bear Stearns : « On pourra faire ça une fois mais pas deux », en pensant essentiellement aux 28 milliards de dollars avancés par la Fed pour financer l’opération. Or il était apparu dans les jours qui suivirent que l’identité du chevalier blanc J.P. Morgan Chase n’avait pas été indifférente au déroulement des événements car c’est cette banque qui est le plus impliquée dans la garantie des Credit-Default Swaps, ces paris que font les établissements financiers quant à la bonne santé de leurs confrères, et c’était donc elle qui aurait subi le plus grand choc au cas où Bear Stearns avait fait faillite, ce qui avait fait dire à certains que ce n’était pas tant Bear Stearns qui avait été sauvée in extremis le 16 mars mais J.P. Morgan elle-même. Mauvaise nouvelle secundo parce qu’arriverait-on même à sauver in extremis Lehman Brothers comme on a pu le faire avec Bear Stearns, des trois qui resteraient en piste à Wall Street, il s’en trouverait automatiquement une qui serait cette fois « la plus petite des trois grandes banques d’affaires de Wall Street », mettant en évidence que la spirale infernale est toujours là bien présente et qu’on serait à nouveau prêt à partir pour un tour.--
Les CDS sont donc, pour résumer un autre de ces produits virtuels, un autre jeu de paris inventé par les financiaristes, les détails dans le lien !
La bulle était sur le point d’éclater depuis des lustres, il aura fallu le coup d’épingle des sub-primes pour que le probable devienne le réel.
Dans le monde de l’économie réelle, on s’y attend depuis 12/15 ans (je le dis en détail chez les B&B’s), et c’est plutôt le fait que la crise ait mis si longtemps à éclater qui étonne. C’est étrange, on n’entend plus Greenspan et la multitude d’apprentis sorciers !
Méditez cette vieille phrase d’Henry Ford :
"C’est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin."
Rédigé par : Ozenfant | 19 septembre 2008 à 19:55
Ouais ben je pige rien au jargon faussement décontraté de Jorion. Tu sais bien que contrairement à toi, je suis plus intéressé par les pourquoi que les comment. En l'espèce, la question que je me pose c'est pourquoi ce sont les banques d'affaires américaines qui morflent. Le comment je m'en fous. Si tu regardes un tissu au microscope électronique, tu sauras comment il est fait, mais tu ne sauras pas de quelle couleur il est.
Si quelqu'un a la réponse ...
Rédigé par : Malakine | 19 septembre 2008 à 20:03
Malakine,
Je ne suis pas un macro-économiste, ce sont eux les spécialistes du jargon fianciaristes, ce qui ne les a pas aidé pour sentir le vent tourner !
Mais ils me semble logique que les banques US aient morflées les premières, puisque les Yankees vivent infiniment plus à crédit que les Français.
En fait je ne comprend pas ce que tu ne comprends pas ! Peux-tu préciser ?
Rédigé par : Ozenfant | 19 septembre 2008 à 20:42
Les USa n'ayant pas d'épargne, mais que des dettes, c'est pas chez eux que devaient se retrouver les créances pourries des crédits immobiliers. Les USA ce sont des emprunteurs, pas des investisseurs.
Rédigé par : Malakine | 19 septembre 2008 à 20:48
De ce billet très intéressant, je retiens plusieurs choses. Tout d'abord, l'impérialiste américain volontaire est un mythe. Ce que Todd croyait être une volonté claire de créer un empire est plutot la succession d'évènement qui se mettant ensemble donnent l'impression d'un empire (écroulement des autres superpuissances à travers le 20ème siècle, pacifisme des anciennes superpuissance qui laisse la scène dégagée à la seule qui ose encore intervenir et qui a les moyens de le faire, dynamisme économique comparée à la faiblesse de la croissance en Europe qui fait croire encore à un empire...)
Le second point est que le libéralisme marche très bien, que la crise est une bonne chose pour revenir à une économie plus réelle et stable et que l'intervention étatique, en plus d'avoir créer en partie cette crise, va retarder le retour à la normale comme après la crise 1929.
Vous nous aviez pas habitué à être et un défenseur du role non-impérialiste des Etats-Unis et du bienfondé du système libéral sans intervention de l'Etat...
Rédigé par : Niko | 20 septembre 2008 à 09:01
@Malakine,
Voilà ce que je crois avoir compris des CDS :
"Les CDS sont des contrats financiers bilatéraux, de protection mutuelle, entre acheteurs et vendeurs une sorte de roulette ou selon le marché l’acheteur peut devenir le payeur. L'acheteur de protection verse une prime annuelle exprimée en pourcentage au vendeur de protection, (en fonction du montant évalué de l'actif), qui promet de compenser les pertes en cas de détérioration du crédit. Il s'agit donc d'une transaction virtuelle sans engagement de fonds personnels. Le contracteur de Credit Default Swap reçoit des primes périodiques et augmente son capital sans investissement tant que les crédits se portent bien. Dans le cas contraire, événement rare, il est contraint de faire un paiement très coûteux et hors bilan (puisque aucun fond n'avait été engagé).
C'est donc bien un jeu de hasard de plus dans le CASINO MONDIAL de la finance."
Cette crise n'a bien évidemment aucun rapport avec le libéralisme réel au niveau des acteurs de l'économie (le libéralisme tel que croient le comprendre les lecteurs des articles économiques grand-public). Ce sont simplement d'une part les ratés dans les martingales des parieurs professionnels et leurs ententes illicites avec les croupiers de la financiarisation...
Et d'autre part la cupidité à courte vue des prêteurs sur gages de l'immobilier US, qui ont déclanché cette crise du veau d'or.
Malheureusement, les rares macro-économistes compétents qui annonçaient la crise n'ont pas été écouté (Comme il se doit, l'homo financiarus n'écoute que les bonnes nouvelles et JAMAIS le bon sens... Ha! l'odeur ennivrante des millions de $ !).
Malheureusement, ces pratiques mafieuses de la haute finance, commencent déjà à se répercuter sur le crédit réel et donc sur l'économie réelle dont en premier chef l'immobilier.
Si cela pouvait au moins servir à ce que les "économistes virtuels" arrêtent de parler de ce qu'il ne maîtrisent pas, si seulement cela pouvait montrer aux politiques le peu de crédit qu'il faut accorder à leurs propos dogmatiques et obsolètes...
Mais il ne faut pas rêver, les dogmes ont la peau dure et bien des boxeurs dix fois K.O. espèrent encore devenir champions du monde !
Rédigé par : Ozenfant | 20 septembre 2008 à 10:11
A mes yeux de béotien "votre hyptothèse" tient totalement la route... Sauf peut-être pour sa conclusion disant que cette purge est salutaire.
Elle serait salutaire si elle conduisait à réduire l'activité financière sans impacter l'économie réelle et si toutes les commissions perçues au fil des opérations étaient restituées, mais en final ce seront les préteurs de l'économie réelle qui ni retrouveront pas leur compte (épargne courante, retraites par capitalisation).
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 20 septembre 2008 à 10:31
En tous cas les déboires financiers ne risquent pas de mettre un terme à leur impérialisme c'est même plutot le contraire:
LA PAZ, Bolivie — Arrivant au Chili lundi pour la réunion extraordinaire de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR), Hugo Chavez a estimé que la crise en Bolivie était "un complot dirigé par l'empireaméricain", en faisant la comparaison avec le coup d'Etat de 1973 contre Salvador Allende au Chili, soutenu par la CIA.
En effet, le président bolivien Evo Morales a expulsé l'ambassadeur des Etats-Unis de Bolivie, en l'accusant de soutenir les émeutes dans l'Est du pays.
Le président vénézuélien Hugo Chavez a fait de même par solidarité avec la Bolivie, et les Etats-Unis ont riposté en renvoyant à leur tour l'ambassadeur du Venezuela.
En route vers la Paz dimanche, l'ambassadeur américain Philip Goldberg avait qualifié ces accusations de "fausses et infondées", en niant que ses rencontres avec les gouverneurs opposés au président Morales et la distribution d'aide des Etats-Unis à ces régions sécessionnistes soit une tentative de miner l'autorité du dirigeant bolivien.
Les principaux présidents d'Amérique du Sud se sont réunis en urgence lundi dans l'espoir d'éviter un effondrement du pouvoir en Bolivie. Evo Morales est confronté a des gouverneurs rebelles dans la moitié Est du pays, qu'il accuse d'avoir ordonné le mitraillage de paysans.
Le président bolivien progressiste est arrivé à la rencontre en ayant de fait perdu l'autorité sur la moitié de son pays, les terres agricoles les plus fertiles et les régions riches en ressources pétrolières!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
"Je suis venu ici pour expliquer aux présidents d'Amérique du Sud" que les gouverneurs ont tenté un coup de force" a déclaré Evo Morales. Il les accuse "d'inciter des groupes massacrant les pauvres du pays à des crimes contre l'humanité", les victimes se comptent effectivement par dizaines.
Les gouverneurs rebelles veulent une meilleure part des bénéfices du gaz bolivien, et ils demandent à Morales de renoncer à la pièce maîtresse de sa présidence : un référendum sur une nouvelle Constitution qui donnerait plus de pouvoir à la majorité indienne du pays, tout en permettant au président de mener un second mandat, et de transférer les terres en jachères à des paysans sans terre.
Les opposants qui manifestent contre Evo Morales ont bloqué des autoroutes, pris le contrôle de bâtiments publics, fermé des frontières et saboté des oléoducs. Ces actions concentrées sur les régions productrices de pétrole ont entraîné l'arrêt de la moitié des exportations d'hydrocarbures du pays vers le Brésil.
Morales est soutenu par la majorité des Boliviens : les électeurs ont accordé 67% de leurs suffrages lors d'un référendum en août à cet ancien syndicaliste de sang indien défendant les producteurs de coca.
Saludos
Rédigé par : perla austral | 20 septembre 2008 à 10:36
@ Niko
Sauf que je rappelle dans le billet que les Etats-Unis vivent au crochet du monde et que le libéralisme a donné lieu à une économie totalement virtuelle ...
Si cette crise prouve que le libéralisme fonctionne bien, je ne discute plus ...
De toute manière l'argument est crétin. N'importe quel système est auto-régulé d'une manière ou d'une autre. Le système étatique l'est notamment par des élections régulières. Ce n'est pas parce qu'un système est auto-régulé que ses effets sont positifs. Et d'ailleurs, l'autorégulation de la finance comme de la mondialisation reste à prouver. Depuis que la crise a éclaté, les déficits américains ne se sont pas résorber, et on est en train de traiter la crise financière en inondant le système de liquidité. Comme on si voulait regonfler la bulle de peur qu'elle n'expose.
@ Ozenfant
Je me doutais bien que c'était une forme de produit dérivé, qui peut rapporter ou coûter beaucoup selon la conjoncture. Mais ce qui m'intéresse, c'est la nature des crédits que ces machins couvrent. Si c'est les crédits subprimes, mon hypothèse est fausse. L'éclatement de la bulle aura nuit en premier à l'économie américaine. Si c'est leur activité propre de banque d'affaire qui était financée avec ces crédits assurés par des CDS, alors c'est la bulle de l'économie financière toute entière qui se dégonfle.
@ PMF
En verra dans quel état sort l'économie financière de cette crise. Pour l'instant, le seul élément salutaire c'est la faillite de Lehmann Brother. Ca prouve qu'on peut jouer et perdre. En fait, je crois qu'il manquait une conclusion à ce papier. La crise aurait été salutaire si on avait laissé la bulle éclater. ce n'est pas ce qu'on fait.
@ Perla Austra
C'est une thèse de Todd : Plus les Etats-Unis seront fragiles économiquement, plus ils seront agressifs sur le plan militaire.
Rédigé par : Malakine | 20 septembre 2008 à 11:47
Pourquoi la Chine qui a de nombreux intérêts aux USA, n'intervient-elle pas?
Qui peut l'expliquer?
Rédigé par : Philippe | 20 septembre 2008 à 13:17
Malakine,
Je te suis sur la domiciliation du mal.
Mais les racines du mal me semblent AUSSI être les paris financiers de plus en plus nombreux, de plus en plus ubuesques. Au train où ça va... allons nous, dans cette spirale de décadence, voir naître des paris sur la mort des chief executive officers ?
Rédigé par : Ozenfant | 21 septembre 2008 à 10:45
Surement hors sujet:
Le pétrole dans ce contexte de dévaluation généralisé, vat consèrver sa valeur relative de marchandise "renouvelable",alors que pour beaucoup de valeurs fictives, il ne rèstera que du sable ?
Rédigé par : UN chouka | 21 septembre 2008 à 11:11
Yann dans un de ses récents post a évoqué le mouvement solidarité et progrès de Jacques Cheminade.
Si il est vai que certains aspects de ce mouvements peuvent paraître obscurs, il n'en reste pas moins que la pertinence de certaines de leur analyses sont indéniables.
J'avais je le confese voter cheminade au 1er tour en 1995!
Depuis j'ai suivi de loin son activité.
Ce lien me semble utile pour faire suite à l'article de Malakine et aux derniers rebondissements boursiers.
http://www.solidariteetprogres.org/article4577.html
Pour info Cheminade est né à Buenos Aires, il ne peut donc pas être fondamentalement mauvais...
Saludos ddel atlatico sur
Ps L'Argentine a sorti la Russie en coupe Davis, désolé Malakine....
Que se venga España con Nadal.....
Rédigé par : ETDAS | 22 septembre 2008 à 09:30
@ Malakine
Papier très intéressant.
Sur l’explication de la crise, je vois 4 raisons principales :
1- La croissance des inégalités aux Etats-Unis est responsable de l’envolée de l’endettement des ménages Américains. Robert Reich montre dans « Supercapitalisme » que depuis 30 ans, le pouvoir d’achat des 20% des ménages les plus modestes a augmenté de seulement 3% alors que celui des 20% des ménages les plus riches a progressé de plus de 60%. Résultat, les plus riches poussent le prix des actifs immobiliers à la hausse et pour suivre, les plus modestes empruntent de plus en plus…
2- Les banques ont créé des emprunts à taux variable pour attirer ces ménages en période de faible taux d’intérêts tout en garantissant leurs revenus quand les taux montent
3- Elles ont également créé des emprunts hypothécaires (les fameux subprimes) à nouveau pour attirer les ménages modestes. Jean-Luc Gréau l’explique bien dans « La grande désillusion ». Mais quand un ménage empruntait 200 000 dollars pour acheter une maison, si sa valeur augmentait de 100 000 dollars, la banque proposait un nouveau prêt de 100 000 dollars adossé sur la valeur de la maison, mécanisme très dangereux en cas de baisse du marché immobilier
4- Et en fait, c’est cette montée exubérante et irrationnelle du marché immobilier qui a provoqué la crise puisque le marché ne sait jamais s’arrêter à un niveau de prix raisonnable mais va toujours au-delà à cause du caractère moutonnier des financiers (comme lors de la bulle Internet où les experts financiers valorisaient n’importe comment les entreprises)
Concernant le dollar, il ne baisse pas malgré la crise, parce qu’il est encore très largement sous-évalué (d’environ 30/35% par rapport à l’euro), ce qui limite les velléités des investisseurs de parier sur sa baisse. En outre, le différentiel de croissance du deuxième trimestre, qui montrait une bonne résistance de l’économie Américaine (tirée par les exportations) a poussé les investisseurs à parier sur une plus forte croissance aux Etats-Unis. Enfin, les pays créanciers des Etats-Unis préfèrent sans doute protéger la valeur de leurs actifs…
Tu évoques le fait que les banques d’affaires Américaines n’auraient pas dû avoir de créances immobilières parce que les Etats-Unis n’épargnent pas. Mais en fait, la réponse se trouve dans ta note. Les Etats-Unis n’ont pas besoin d’épargner pour investir puisque les banques investissent sans avoir suffisamment de fonds pour couvrir leurs investissements. Avec un capital de X, les banques peuvent parfois investir dix ou vingt fois plus (ce qu’on appelle le leverage) afin d’investir plus pour gagner plus ! Les critères de Bâle 2 sont censés limiter ces pratiques (il faut 6 à 8% de capital pour couvrir le bilan). Mais, il y a trois limites :
1- les banques d’affaires ne sont pas concernées par ces règles
2- les autres institutions financières placent de nombreux actifs hors bilan pour rester dans les clous, augmenter leur leverage, ce qui augmente leur rentabilité (quand le prix des actifs monte) mais créé les désordres actuels quand les prix baissent
3- ces critères me semblent trop laxistes : il n’y a pas besoin de faire l’X pour comprendre que s’il suffit de 8 euros pour couvrir 100 euros d’actifs, toute baisse de la valeur des actifs de plus de 8% créé un gros problème… Or, l’expérience montre que de telles baisses arrivent…
Tous ces mécanismes ont permis, comme tu le soulignes, une énorme croissance de la masse monétaire complètement déconnectée de l’économie productive. Cet afflux de liquidités a logiquement fait progresser le cours des actifs matériels, dont la croissance physique ne suivait pas le même rythme (immobilier). Ta comparaison avec l’art contemporain est très juste et montre l’irrationalité de ce qui se passe…
En revanche, si cette purge est nécessaire, elle pose le problème de l’impact de cette bulle financière sur l’économie productive. Des millions de personnes ont perdu et vont perdre leur travail. Deux millions et demi de ménages Américains ont perdu leur maison. La sanction, comme tu le dis, est essentielle. Il faut également mieux réglementer le monde complètement fou de la finance, mais je ne suis pas persuadé qu’on en prend le chemin, quand je vois certains commentaires (voir mon papier de ce jour).
@ Oz : j’adore la citation de Ford
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 22 septembre 2008 à 11:01
@Laurent,
Merci de ne pas me traiter de "poujadiste" pour citer ce genre de phrases !
Ce que je dis, ce que Napoléon, De Gaulle, Henry Ford et...
William Lyon Mackenzie King, (Premier Ministre du Canada), ce qu'ils disaient tous, sous des formes différentes C'EST :
"Jusqu'à ce que le contrôle de l'émission des devises et du crédit soit restauré au gouvernement comme sa responsabilité la plus évidente et sacrée, toute référence à la souveraineté du parlement ou à la démocratie est inutile et futile. [...] Une fois qu'une nation s'est séparée du contrôle de son crédit, les gens qui font les lois importent peu. [...] Les usuriers une fois au pouvoir détruiront la nation."
Et c'est ce qui se passe actuellement !
Mais les usuriers ont été assez malins pour laisser quelques miettes aux épargnants, miettes qu'ils défendent bec et ongles pour que se perpétue le règne du veau d'or qui détruit la nation.
D'ailleurs dès que les gens ont amassé trois sous : La nation peut crever !
Nous avons eu l'exemple en 1940 de ce qu'un peuple embourgeoisé n'est plus capable de faire : se révolter !
Pour un Jean Moulin et un Abbé Pierre, combien de millions de couards ?
Rédigé par : Ozenfant | 22 septembre 2008 à 11:14
@ Laurent
Merci !!! Je crois que tu as apporté la pièce du puzzle qui me manquait pour comprendre. L'endettement concernait aussi ces banques d'affaires, elles manquaient de vrais actuifs et la dévalorisation de la cotation de leurs actifs les a fait plonger. C'est pour cela que la crise a touché en premiers les Etats-Unis !
Sinon deux remarques sur ton post :
La reprise de la croissance américaine du dernier trimestre me semble surtout provenir du plan de relance budgétaire. Ses effets ne seront pas durables.
Ca me surprends de lire que la croissance US a été tiré par les exportations. Il me semble pourtant pas que leur balance commerciale se soit beaucoup arrangé.
Rédigé par : Malakine | 22 septembre 2008 à 12:18
@ Malakine,
Au deuxième trimestre le PIB Américain a progressé de 3,3% en rythme annuel, dont 3,1% issu du commerce extérieur. Certes, leur balance commercial reste largement négative, mais leurs exportations ont progressé de 13% (plus vite que la Chine !!!) et leurs importations ont baissé de 6%. C'est ce mouvement qui a contribué à la croissance Américaine au second trimestre. En un sens, en ayant accentué la dépréciation du dollar suite à la baisse des taux depuis mi-2007, la Fed a contribué à exporter la crise Américaine par le commerce en boostant les exportations et freinant les importations.
En fait, le plan de soutien budgétaire (dont les effets ont joué à plein sur le deuxième trimestre) a seulement permis de stabiliser la consommation, qui baisse en revanche depuis cet été. Le chiffre du troisième trimestre sera donc beaucoup moins bon...
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 22 septembre 2008 à 12:39
Est ce qu'on ne parle pas de sous évaluation du dollars pour parler de surévaluation de l'Euro. Avec les quantités astronomiques de dollars émises ces dernières années, certains disent au contraire que sa valeur réelle serait bien inférieure à celle qu'elle est. J'ai même lu (je ne sais plus où) que le dollars pourrait perdre 90% de sa valeur.
Que la balance commerciale américaine se rétablisse est plutôt une bonne nouvelle. Ca limite le besoin d'importations de capitaux, donc la dépendance des Etats-Unis vis à vis du reste du monde.
En tout cas, il me semble que l'élection américaine est déjà jouée avec cette crise.
Rédigé par : Malakine | 22 septembre 2008 à 13:16
@ Malakine,
Je pense que les deux sont vrais : le dollar est sous-évalué et l'euro surévalué. Je ne crois pas trop à un scénario de baisse aussi brutal car il serait destructeur pour tout le monde et en général, le centre de gravité qu'est la valeur des monnaies à parité de pouvoir d'achat reste fort, même si les excès des marchés ne permettent pas de rejeter complètement ce scénario a priori.
Complètement d'accord pour l'élection américaine. Je crois qu'Obama a trouvé son meilleur argument et que cela va le sauver. Heureusement, car, même si j'ai toujours eu de la sympathie pour le personnage qu'est John McCain, son programme serait une catastrophe pour le monde et les Etats-Unis (fiscalité, relations internationales) et sa campagne est profondément malhonnête sur certains sujets.
Rédigé par : Laurent, gaulliste libre | 22 septembre 2008 à 14:24
@Malakine
Soyons heureux au royaumes des plumés du dollars les européens ne sont pas seuls une banque japonaise rachète Morgan Stanley:
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=5891491
Sinon le problème maintenant pour les USA et the rest of the world c'est comment qu'on va faire pour continuer à vendre nos produits. Car si la bulle financière avait une raison existentielle extérieure à la réalité du monde (et pour origine en réalité le privilège exorbitant du dollars qui permet à la dette américaine d'enfler indéfiniment)elle était le vrai moteur de la consommation de pays comme les USA, la GB ou l'Espagne. Maintenant que le prudence va devoir redevenir une vertu dans la gestion des prêts, on va voir la réalité économique mondiale et sa déflation salariale planétaire. Et que personne ne rêve de voir une autre région que les USA prendre le relais c'est tout simplement impossible, voila qui va ramener nos élites face au problème cruciale des salaires et du protectionnisme nécessaire pour les relancer. Si rien n'est fait on va voir ce que grande dépression signifie y compris en Asie.
Rédigé par : yann | 22 septembre 2008 à 16:53