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25 août 2008

Commentaires

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rodolphe

Bon billet malakine.
A mon avis, Villepin est à l'image des gens d'aujourd'hui, des touches à touches, mais qui au fond ne mouillerait pas leur chemise pour le plus petit d'entre nous. C'est que leur affaire est d'un ordre. Il me parait sortit de l'antiquité tel l'empereur romain Hadrien, IIè siècle. Philosophe et qui dirigeait un empire. A ce sujet, je vous conseil les mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Le monde d'aujourd'hui n'a plus de place pour des hommes tels que lui, comme le suggérait Mitterrand, à la fin de sa vie. Disant qu'il était peut-être le dernier des présidents romantiques après l'avènement des managers et des comptables. Des chiffres portés par des hommes incultes, qui ne font rêver personne. Mal nécessaire ou pas, pour finir, je dirais que Villepin est un animal assez étrange comme sortit de l'histoire. Dans la lignée de St John Perse, poète et diplomate, Malraux, ministre de la culture et le génie littéraire qu'on connait, voir De gaulle car ses mémoires sont une oeuvre littéraire à elle toute seule. La question qui nous est posé à mon avis à travers Villepin, c'est cette notion de liberté induite dans la littérature et la poésie : Peut-elle encore nous donner un grand chef d'état. Nous faire rêver à un monde meilleur où la vérité, la passion, l'humanité seraient les éléments de notre fierté et non le prétexte à la mise sur le trône d'un énième imposteur à la rhétorique enflammée. Car qu'on le veuille ou non, la France est un pays métaphysique.

Extrait des mémoires d'Hadrien de yourcenar, qui aurait pu sortir de la bouche d'un Villepin.

"Je ne me lasse pas de comparer l'homme habillé à l'homme nu. Mais ces rapports si naïvement circonstanciés s'ajoutent à la pile de mes dossiers sans m'aider le moins du monde à rendre le verdict final. Que ce magistrat d'apparence austère rit commis un crime ne me permet nullement de le mieux connaître. Je suis désormais en présence de deux phénomènes au lieu d'un, l'apparence du magistrat, et son crime.
Quant à l'observation de moi-même, je m'y oblige, ne fût-ce que pour entrer en composition avec cet individu auprès de qui je serai jusqu'au bout forcé de vivre, mais une familiarité de près de soixante ans comporte encore bien des chances d'erreur. Au plus profond, ma connaissance de moi-même est obscure, intérieure, informulée, secrète comme une complicité.
Au plus impersonnel, elle est aussi glacée que les théories que je puis élaborer sur les nombres: j'emploie ce que j'ai d'intelligence à voir de loin et de plus haut ma vie, qui devient alors la vie d'un autre. Mais ces deux procédés de connaissance sont difficiles, et demandent, l'un une descente en soi, l'autre, une sortie hors de soi-même. Par inertie, je tends comme tout le monde à leur substituer des moyens de pure routine, une idée de ma vie partiellement modifiée par l'image que le public s'en forme, des jugements tout faits, c'est-à-dire mal faits, comme un patron tout préparé auquel un tailleur maladroit adapte laborieusement l'étoffe qui est à nous. Equipement de valeur inégale; outils plus ou moins émoussés; mais je n'en ai pas d'autres: c'est avec eux que je me façonne tant bien que mal une idée de ma destinée d'homme."

Laurent, gaulliste libre

@ Malakine
Pour une fois, nous n’allons pas être d’accord, même si ton papier reste très intéressant. Je développe ma réponse sur mon blog, mais je crois que DDV a raison de changer de stratégie.
L’opposition frontale telle qu’il l’a menée pendant quelques mois était contre-productive. Alors qu’il cherchait à se placer sur le terrain des idées (appel de Marianne), tout ce qu’il disait était vu par le prisme de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy, ce qui ne lui permettait pas de développer le moindre contenu. Cet apaisement est le préalable pour qu’il puisse développer les aspects que les journalistes ne lui laissent pas encore développer aujourd’hui. Certes, ces prises de position font moins la une des journaux, mais on oublie jamais complètement un ancien Premier Ministre. N’oublions pas que Ségolène Royal n’était rien deux ans avant la présidentielle ou que Bayrou a été d’une grande discrétion jusqu’en février 2007.
Son refus de se présenter me semble également la meilleure des solutions, pour trois raisons. Tout d’abord, cela lui laisse une plus grande liberté que s’il devait tous les jours s’exprimer sur les textes du gouvernement. Les élections européennes, en outre, me semble un piège digne de celui tendu par François Mitterrand à Michel Rocard en 1994. Mais surtout, en refusant de se noyer dans la masse des élus UMP, Dominique de Villepin conserve un statut proche de celui de Nicolas Sarkozy. Il n’est pas un de ses affidés, un de ses trophées. Se présenter à la députation (européenne ou Française) le rétrécirait.
Ce n’est malheureusement qu’en 2012 qu’il sera possible de juger de la pertinence de cette stratégie mais plusieurs éléments me font penser qu’elle est la meilleure. Je suis persuadé qu’alors, il sera difficile de se dire qu’il n’aurait pas été plus pertinent de l’avoir élu cinq ans auparavant…

Philippe

@Malakine,

Très bel article!

Par hasard, je l'ai lu sur "Marianne" avant de passer par ton blog.

L'analyse que tu fais de DDV me semble pertinente mais pas la comparaison avec Sarkozy.

Certezs, le second a affronté les électeurs mais soyons honnêtes, la conquête de la mairie de Neuilly a été une trahison. Ce dernier terme est tout a fait à l'image de notre actuel président qui a tout fait pour évincer galouzeau de V., dans l'affaire Clearstream, par exemple.

Je comparerai DDV à Delors, comme tu le fais, ne serait-ce que dans le refus d'affronter le suffrage universel mais, plus profondémént, les idées qu'il exprime sont toujours à prendre au sérieux, comme celles qui n'est plus...que le père de Martine Aubry.

Je le verrais bien candidat en 2012. D'ici là, il serait nécessaire qu'il se fasse entendre et que les médias ne le snobent pas comme c'est le cas.

J'avais apprécié son discours de l'ONU et je me suis demandé quel aurait été le sien devant les dépouilles de nos 10 soldats. Sans commentaires!


PeutMieuxFaire

Bel article, comme il devient convenu de l'écrire en prémices sur ce blog ! ^^
Sinon, je partage les réserves de "Laurent..." et en particulier je pense que les élections européennes seront un piège pour l'UMP comme pour le PS : pas difficile de prévoir une forte démobilisation et une belle performance (en %) des extrêmes.

"un contrat à passer avec les Français... avec des garanties... et des concessions" dit-il : ça nous changerait du souci de "toujours cliver plus" pour mieux se rendre populaire. Cà nous changerait au moins au niveau de l'ambiance, mais pour se faire élire l'autre stratégie restera, ma semble t-il, toujours plus payante. Malheureusement.

Malakine

Il y a en fait deux choses à distinguer : La mise en sourdine des critiques contre Sarkozy d'un coté et le positionnement de DDV de l'autre.

Sur l'apaisement, je suis d'accord avec Laurent. La stratégie d'opposition systématique est contre-productive. Et en plus il y a déjà Bayrou sur ce créneau. En revanche, je suis très perplexe sur son positionnement d'intellectuel prescripteur de conseils.

Dans l'opinion publique et dans l'oeil des médias Villepin n'est pas dans la course pour 2012. Dans ces conditions il est impossible d'exister politiquement. Il n'y qu'à voir à gauche comment Moscovici a du mal à faire passer l'idée qu'il est sérieusement "premiersecrétarisable".

Il ne faut pas rêver. Personne n'appelera Villepin. Pas plus qu'on ait allé cherché Jospin, Seguin ou Juppé. Si Villepin veut avoir un avenir politique il doit être dans le jeu. Pour l'instant il est quelque peu dans l'univers médiatique avec ses livres mais il n'est pas dans le jeu politique. Et il ne pourra y revenir sans prise de risque. Qu'il s'agisse d'un investissement dans la campagne européenne ou bien de déclarations claires annonçant ses intentions politiques.

yann

@Malakine

DDV n'a plus qu'a rejoindre NDA pour former une alliance gaulliste et républicaine crédible. Ils s'aideraient mutuellement, l'un (DDV) apportant son charisme et son aura médiatique de la belle époque de l'Irak, l'autre NDA apportant son sérieux, ses propositions concrètes à caractère interventionnistes, bref ils se complèteraient me semble-t-il, chacun possédant quelque chose que l'autre n'a pas. Mais cette hypothèse d'un rassemblement gaulliste reste il est vrai, peu vraisemblable.

Laurent, gaulliste libre

@ Malakine,

C'est clair, personne n'appellera DDV : il n'est pas le Général. Mais ce n'est pas grave. Une traversée du désert fait rarement du mal aux hommes politiques. Au contraire, ils en sortent renforcés. Après tout, Bayrou a été très discret de 2002 jusqu'à début 2007 avant de faire un très bon score. Il n'est pas grave que DDV soit discret dans les prochaines années.

En revanche, il lui faudra oser devenir candidat en 2012 contre NS, ce qui n'est pas évident...

@ Yann

Je partage complètement ce point de vue, tant sur l'intérêt de ce rassemblement, que, malheureusement, sur sa probabilité. Mais, on ne sait jamais.

ozenfant

@Rodolphe,
Très intéressant ton commentaire.
Mais Václav Havel est un bon contre exemple.
Pour tout dire, il me semble que c'est uniquement en France qu'on ne peut avoir un Hadrien, pas dans le monde moderne.
En France ou notre médiacratie, figée qu'elle est dans ses terreurs, son virtualisme et dans ses petits intérêts : n'accepterait en effet sans doute pas un homme hétérodoxe.

@Malakine,
Marrant, je ne sais pourquoi, mais Galouzeau m'a souvent été sympathique... peut-être les traces subliminales de son discours en direct sur CNN à l'ONU ?

GDV + NDA ? Cela me plairait maousse-costaud, mais il ne faut pas se faire trop d'illusions quand à la compatibilité des ego !
Et puis seraient-ce eux qui baisseraient les obscènes plafonds de sécu des nantis (lol)?

Au sujet du CNE dont les économistes cathodiques on parlé sans avoir pris le temps d’en calculer le montant : cela coûtait la peau des fesses aux patrons !
J’ai eu le malheur d’embaucher 2 nénettes avant de prendre ma retraite : Une folie !
Bizarre, personne, ni dans la médiacratie, ni dans l’éconocratie n’avait pris le temps de calculer les indemnités d’un licencié après 3 ou 4 mois.

Bon, bon, çà và, je sais, c’est le réel, inintéressant donc !

Pourtant si l’inculture des journalistes n’avais pas été patente au sujet des CNN et CNE, GDV serait peut-être sortit vainqueur du clash ! Étonnant non ?

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