L’ACOSS, organisme lié aux URSSAF vient de publier une étude sur l’évolution de l’emploi par région et par secteur géographique sur ces cinq dernières années. Les médias en ont rendu compte assez superficiellement en citant les chiffres moyens, tels ceux de l’augmentation globale des revenus. Pourtant lorsqu’on prend la loupe – ce que j’ai fait – on arrive à des conclusions beaucoup plus intéressantes.
Ce qui suit, aurait pu se retrouver dans un ou plusieurs « débat de l’été » avec pour accroches « Comment créer de la richesse sans industrie ?» « La France est-elle malade de Paris ? » « L’emploi passe t-il par les petites entreprises ? » ou « Une économie fondée sur le commerce et la consommation est-elle viable ? » ...ou tout simplement "L'économie française fonce t-elle droit dans le mur ?"
En réalité, j’ai retrouvé dans cette étude beaucoup d’illustrations de thèses déjà rencontré chez les économistes des territoires, notamment chez Laurent Davezies dont le court et brillant essai « La République et ses territoires » paru cette année dans la collection la république des idées avait profondément influencé le programme que j’avais conçu pour la dernière campagne municipale.
Je n’avais pas eu l’occasion jusqu’ici de développer ses thèses, notamment la distinction très fertile qu’il fait entre économie productive (emplois générés par la production de bien et de services destinés à l’exportation hors du territoire) et l’économie résidentielle (emplois générés par les revenus des personnes présents à titre permanent ou temporaire sur le territoire). Ce sujet me donne l'occasion de me rattraper car cette grille d'interprétation est essentielle pour faire parler les données de l'ACOSS.
La thèse principale de L Davezies est que notre système économique fonctionne à front renversé, ce qui aboutit à une situation intenable sur le long terme. Les territoires les plus productifs sont ceux qui se développent le moins. Les territoires de villégiature, ceux qui accueillent les migrations des riches retraités du baby boom sont en pleine expansion. Nous sommes donc passés d’une économie centrée sur la production à une économie de centrée sur la consommation. Désormais, les territoires gagnant ne sont plus ceux qui produisent le la richesse, ce sont ceux qui arrivent le mieux à la capter. L’analyse vaut sûrement aussi d'ailleurs pour les Etats.
A titre d’illustration, Laurent Davezies distingue les revenus qui irriguent l’économie des territoires en fonction de leur origine :
- La base productive marchande (revenu du travail et du capital des activités exportatrices): 19 % en moyenne de la base économique des zones d’emplois.
- La base publique (revenus des agents publics) : 13 %
- La base résidentielle (retraites, revenus d’actifs résident ailleurs, tourisme) 55%
- La base sociale (prestations sociales autres que les retraites) 12%
Naturellement ces chiffres sont sujets à caution, notamment parce qu’ils reposent sur une typologie plus ou moins arbitraire. Je n’ai ainsi jamais très bien compris où il imputait les revenus des commerçants et artisans qui travaillent grâce aux revenus des populations résidentes (peut-être sont-ils exclus de la base économique, s’agissant d’emplois induits ?) Mais retenons l’idée centrale. L’économie qui repose sur la concurrence et la compétitivité est devenue trop minoritaire (un tiers des emplois) pour créer la dynamique.
1- L’Ile de France victime de congestion
Les économistes des territoires tirent depuis quelques temps la sonnette d’alarme sur la situation économique et démographique de l’Ile de France et en particulier de Paris. La locomotive traditionnelle de l’économie nationale est en panne, principalement en raison d’une qualité de vie déplorable et d’un effet de congestion.
Ces tendances se confirment dans l’étude de l’ARCOSS. L’ile de France, qui représente 24.5 % des emplois et 32.2% de la masse salariale, ne voit ses effectifs n’augmenter que de 1.5% (contre 3.9% au niveau national) et son revenu par emploi guère plus que la moyenne nationale avec 14.4%. Soit moins qu'en Corse.
Pour une région qui concentrent tous les centres de décisions, les centres de recherches, les « emplois métropolitains supérieurs » la performance est piteuse. Elle révèle en réalité une forte progression de la pauvreté et une dramatique situation de sous emploi.
Devezies l’explique par un phénomène d’évasion monétaire, les actifs franciliens ayant tendance à dépenser leurs revenus ailleurs. Le taux de présence de la région Ile de France n’est que de 96% (malgré le tourisme !) soit un déficit permanent de 500 000 habitants. Dans ces conditions l’économie résidentielle qui devrait accompagner l’économie productive et créer les emplois faiblement qualifiés dans les services à destination des catégories populaire ne se fait pas ou pas assez. Laurent Davezies évalue ce déficit à 100 000 emplois.
2- Le boom de l’économie résidentielle
La carte de l’évolution de l’emploi salarié est quasi identique à celle des soldes migratoires. Les emplois se développent le long du littoral atlantique et méditerranéen et régressent dans le nord et l’est.
Les médias qui ont rendu compte de cette étude ont généralement fourni une explication fausse. Les emplois ne se créent pas plus dans les services (sinon l’ile de France en créérait en masse) Ils se créent dans les territoires disposant d’une forte attractivité résidentielle. Car ils se créent dans des emplois liés à la satisfaction des besoins des populations résidentes, d’autant plus facilement d’ailleurs que ceux-ci ont un pouvoir d’achat élevé.
Les secteurs les plus créateurs d’emplois (privés) l’ont été dans le commerce de détail, construction, immobilier, hôtel restaurant, services domestiques, éducation et surtout la santé et l’action sociale avec une croissance de 16% contre une moyenne à 3.9%
3- L’industrie en plein déclin
Parmi les secteurs de l’économie productive, on note sans surprise une nette progression du tertiaire supérieur : Conseils et assistance (+11.1%) Recherche et développement (+10%)
Pour le reste, les secteurs industriels n’affichent que des scores en forte décroissance, les plus fortes baisses concernant l’industrie de transformation des métaux (-52 000 emplois) la chimie (-42 000) l’habillement (-42 000) l’industrie de l’équipement du foyer (-40 000) le textile (- 30 000). En pourcentage, ces emplois traduisent des pertes de 11 à 40 % des emplois des secteurs concernés !
4- La banane bleue vire au gris
Le vieux cliché de la banane bleue, ce croissant de croissance et de richesse qui s’étalait de l’Angleterre au nord de l’Italie relève définitivement d’une époque révolue. Les anciennes régions industrielles sont en déclin accéléré.
Le cumul de la dynamique liée à l’attractivité résidentielle et de la désindustrialisation aboutit à une carte des créations d’emplois très contrastée, avec de fortes créations d’emplois le long des littoraux et des pertes d’emplois dans tout le carte nord-est de la France. La réforme militaire viendra prochainement encore accentuer ce phénomène en privant ces territoires d’une part de leurs ressources liées aux emplois publics. La France est donc en train de se créer sans y prendre garde sa future Wallonie ou ses futurs « lands de l’est ».
5- Small is beautifull … but poor
Le discours économique de ces dernières années a beaucoup valorisé les PME et les TPE, comme les créations d’entreprises. Elles étaient sensées revitaliser le tissu productif et contenir de fabuleux gisements d’emplois avec le fameux slogan : « Si toutes les petites entreprises de France pouvaient créer un emploi … »
L’étude de l’ARCOSS remet en cause le mythe de la petite entreprise en montrant que le salaire moyen par emploi progresse avec la taille de l’entreprise, passant de 1619 € pour les – de 10 salariés à 2 400 € pour les + de 100 salariés.
Malgré les efforts des pouvoirs publics en faveur des petites entreprises et le soit-disant boom de la création au début de ce siècle, on note d’ailleurs une parfaite stabilité de la structure des entreprises, que ce soit en termes de nombre, d’emplois, de masse salariale ou d’évolution.
6- Progression des secteurs à bas salaires, régression des secteurs rémunérateurs
On lisait depuis quelques temps que la France créait surtout des emplois faiblement qualifié, peu rémunérateur et souvent précaires. Ce constat se lit dans les chiffres de l’étude ACOSS. C’est certainement le constat qui m’a le plus impressionné.
Les secteurs où la progression de l’emploi est la plus forte sont non seulement ceux dont la rémunération à le moins augmenté mais aussi ceux qui proposent les rémunérations les plus basses : activités culturelles et sportives, services domestiques, éducation … Le commerce de détail et la construction se trouvant dans une situation intermédiaire (forte progression numérique, faibles rémunérations, progression salariale moyenne)
Le tertiaire supérieur (Recherche développement, conseil assistance) fait exception pour ce qui est du niveau de rémunération, mais pas pour ce qui est de la progression, inférieure à la moyenne nationale.
Réciproquement, les secteurs où la rémunération progresse le plus sont généralement ceux où les effectifs décroissent. Seuls les Hôtels restaurants, les activités associatives, immobilières (toujours l’économie résidentielle !) et les activités financières (on s’y attendait) conjuguent une croissance de la rémunération moyenne et des effectifs.
A l’inverse tous les secteurs industriels voient la rémunération sensiblement augmenter plus que la moyenne, mais leurs effectifs fondre. Le paroxysme de cette situation se trouvant dans les secteurs ayant fortement délocalisé comme l’habillement (+24 % / -34 %) et le textile (+19.4% /- 32.1 %) On est partagé entre deux interprétations. Soit les activités qui ont pu résister se sont réfugiées dans la haute valeur ajoutée. Soit il est plus lucratif d’être importateur que fabriquant !
* * *
Cette étude nous propose donc une vision assez inquiétante de l’économie française. Les emplois faiblement rémunérateurs des services se développent au détriment des emplois productifs créateurs de richesses. Les territoires de villégiatures se développent en laissant les territoires productifs péricliter faute d’attractivité. L’économie résidentielle draine les forces vives qui risquent de manquer à l’économie productive …
Tout se passe comme si la France avait voulu grossir en faisant du gras plutôt que du muscle, parce que c’est plus facile et plus rapide.
La distinction entre économie résidentielle et économie productive conduit à se demander si nous n’avons pas fait totalement fausse route ces dernières années, en faisant de la lutte contre le chômage le but ultime des politiques économiques, sans être regardant sur le type d’emplois qui se créait, en misant sur les services à la personne, la création d’entreprise, les petites entreprises, le commerce et de l’artisanat, en pensant qu’on pouvait se protéger de la mondialisation en développant des emplois « non-délocalisables ».
C’était une politique à court terme pour « enrichir la croissance en emplois » comme on disait à la fin des années 90. Ce n’était pas une politique de croissance et de création de richesse. On paie la note aujourd’hui. Notre économie de consommation n’est plus suffisamment alimentée par une base productive devenue trop mince.
Sarkozy a fait erreur avec son slogan « travailler plus pour gagner plus » C’était un slogan parfait pour appater le travailleur-citoyen, mais absurde sur le plan macroéconomique. Si tous les boulangers, pharmaciens, avocats, taxis, commerçants se mettaient du jour au lendemain à travailler deux fois plus, cela n’entrainerait pas une décimale de point de croissance en plus !
Il aurait vieux valu mettre l’accent sur la production et la productivité avec un « produire plus pour une France plus riche », conduire une politique de renouveau industriel, investir dans l’attractivité des territoires productifs (y compris l’Ile de France) ou mettre en place des incitations fiscales et sociales pour soutenir la sphère productive et la rendre plus attractive pour les tous les talents du pays.
Malakine
PS : Voir sur le même sujet, le commentaire de Seb (ça réagit) qui interpréte mon propos comme un plaidoyer pour une attitude plus offensive dans la mondialisation. Reste à trouver le secteur de l'économie productive où la France pourrait acquérir une compétitivité sur le plan mondial et savoir si c'est un objectif réaliste et souhaitable. Ce sera le thème d'un autre article.
Brillant ! Une explication magistrale, sans concession et des vraies explications dedans.
Bienvenue dans la liste de mes blogs favoris.
Rédigé par : Emmanuel M | 21 août 2008 à 17:46
Tout à fait instructif et terrible à la fois, car si l'on se penche un instant sur la signification de ce que disent L'ARCOSS et Laurent Davezies, c'est que les seuls emplois crées ne sont destinés qu'à récupérer l'argent versé aux improductifs par l'état. Un recyclage inexportable. Une mort programmée en définitive. Le pire est que c'est absolument crédible.
Rédigé par : ozenfant | 21 août 2008 à 19:29
@ Emmanuel
Merci du compliment... J'espère vous dire également en retour "bienvenue dans ces pages"
@ Ozenfant
Heu ... l'analyse développée ici elle est de moi, en partie inspirée des thèses de Davezies, mais elle est pas de l'arcoss, dont le document était très descriptif.
Les emplois crées servent à recycler l'argent mais pas uniquement l'argent de la redistribution publique. L'économie résidentielle recycle tous les revenus, y compris les revenus privés.
En écrivant ce papier, j'ai pensé à toi (c'est souvent qu'en écrivant je pense aux réactions qu'auront les commentateurs) Si je me souviens bien de ton parcours. Il me semble illustrer cette évolution de l'économie vers l'économie de la consommation. Tu es bien passé d'un emploi productif à un emploi résidentiel (resto) non ?
Rédigé par : Malakine | 22 août 2008 à 09:39
Salut Malakine,
Analyse extra, je vais surement te proposer a mes lecteurs du reste.
Juste 2 ou 3 réflexions. La première concerne l'Ile de France. C'est effectivemment criant que paris et sa banlieue croule sous la sur population et que les équipements proposés sont d'un ridicule et n'ont pas cru depuis des années. Etonnant lorsque on écoute Delanoe, tout va bien dans le meilleur des mondes. Dans cette situation, envisager Paris et sa banlieue comme une seule et meme entité (le grand paris) me semble intelligent et porteur. A voir plus précisément.
Sur les hausses de salaires dans les secteurs délocalisants. Je crois avoir compris un phénomène qui tend à délocaliser les emplois les moins créateurs de richesses pures (faible formation, faible compétences) pour se concentrer sur le management de la structure de fait plus nécessiteuse en compétences et diplomes. De ce fait, il me parait censé que la moyenne que tu indique progresse à de tels rythmes, la moyenne s'envole dès lors que l'on y retire ses plus faibles composantes !
Sur la réflexion générale ensuite. Je n'ai pas terminé mon cheminement mais la distinction de société de production et de société de consommation me gène quelque peu. Comment différencie tu les deux sphères ? Pourquoi l'une crée "de la graisse" lorsque l'autre crée du muscle ? En ce sens l'exemple du Royaume Uni me semble intéressant à analyser. Voilà un pays, sous l'effet de Thatcher a abandonné son industrie pour se concentrer sur les secteurs dans lesquels il est performant comme la finance (pour ne parler que lui). Cette modification du paysage économique n'a pourtant pas appauvri le pays loin sans faux. La suisse ou le Luxembourg sont autant d'autres exemples qui me laisse perplexe sur cette distinction que tu effectue.
Rédigé par : Seb | 22 août 2008 à 09:56
Très intéressant.
"Tout se passe comme si la France avait voulu grossir en faisant du gras plutôt que du muscle, parce que c’est plus facile et plus rapide. "
je retiens surtout cette phrase : en fait, on va devenir un pays musée...
Rédigé par : le chafouin | 22 août 2008 à 10:09
@ Seb
Commentaire très intéressant.
Sur l'ile de France, c'est vrai. Je le constate à chaque fois que j'y vais. Les franciliens ne s'en rendent pas compte mais la densité de services et de commerces est minable. N'importe quelle ville de province de 20 000 habitant est mieux lotie. Pour moi c'est un signe majeur du sous développement de l'économie résidentielle, ce qui contribue à la mauvaise qualité de vie (allez trouver des clopes un dimanche après midi en banlieues !) et au sous emploi.
Ton explication des délocalisations est angélique, presque "bouba olgesque" ! Tout le monde sait que l'industrie propose des salaires intéressants, et que c'est le meilleur moyen de créer de la richesse avec des emplois peu qualifiés. L'industrie sait faire également des gains de productivité, ce qui alimente la croissance. En comparaison, les emplois de services peu qualifiés sont moins rémunérateurs et moins créateurs de croissance, car il est difficile de faire de la productivité dans des emplois de serveur ou d'aides ménagères.
On ne peut pas nier que les délocalisations (parlons plutôt de migration de l'appareil productifs vers les pays à bas coûts, ce qui est plus large) ont pour effet de réduire la base productive. Ce n'est pas parce que le secteur après délocalisation va être plus concentré en emplois qualifié (ta thèse) que pour autant l'ensemble du secteur va s'avérer plus créateur de richesse. C'est la grosse erreur des délocalisateurs comme bouba olga. Le fait de laisser partir les tâches de production n'encourage en rien le développement des emplois tertiaires supérieurs. Au contraire, cela encourage à la délocalisation de ces fonctions à terme. Voir Renault ou Alcatel qui transfèrent leur recherche développement en Inde par exemple ...
Sur la distinction, oui, je reconnais qu'elle est en partie artificielle. Que faire de la construction par exemple ? Je serais même prêt à reconnaître que l'économie résidentielle aussi crée sa part de richesse. Elle créé du bien être et du lien social en tout cas ... Mais on ne peut pas nier qu'il existe une différence de nature entre un pressing ou une pizzeria (qui ne peuvent se développer que s'il y a une demande locale) et un soutraitant de l'industrie aéronautique ou automobile qui s'inscrit dans une compétition internationale et dont le travail créé une vraie valeur ajoutée.
Quand j'ai visité les usines peugeot à Sochaux, j'avais été très impressioné par cet aspect "valeur ajoutée" Là elle est visible ! Pendant toute la visite tu vois des gars installer des pièces de métal, et en bout de chaine, qqun tourne la clé et ça roule ! L'assemblage des pièces de métal est devenue une voiture ! Tu as le même truc avec un pizzaiolo mais de ce point de vue, question valeur ajoutée,l'industrie est inégalable.
Tes exemples étrangers n'infirment pas mon analyse elle la confirme. La finance et la banque sont des activités productives, c'est du tertiaire supérieur. Ces activités sont dans la compétitions mondiales, fortement créatrice de valeurs, et très rémunératrices. Ce pole de tertiaire supérieur qu'il y a à Londres ou au lux, permet d'irriguer le reste de l'économie en revenus et faire tourner l'économie résidentielle.
La question est : quel est l'équivalent en France ? Ou sont nos pôles d'économie productives hypercompétitives et fortement créatrices de richesse pour irriguer notre économie de service ?? Comme je l'avais lu quelque part.
L'allemagne a voulu s'adapter à la mondialisation en relançant la compétitivité de son industrie. L'anglettre a misé sur le capitalisme financier. Le luxembourg sur la banque. L'Espagne sur l'immobilier ... et la France sur les emplois de service à la personne !
@ Chafouin
Pourquoi elle te plaît tant cette phrase ? Parce qu'elle "fait de droite" ? Pourtant en la matière, une fois de plus, on peut mettre droite, centre et gauche dans le même sac.
Contrairement à ce que tu crois le "pays musée" peut très bien devenir un axe stratégique très pertinent. La France dans la mondialisation pourrait très facilement se spécialiser (puisqu'il le faut dans une économie libre échangiste) dans le tourisme et les lieux de villégiature pour les milliardaires du monde entiers. Nos vrais atouts sont dans nos paysages, notre climat, notre gastronomie, la beauté de nos villes et de nos villages, notre art de vivre, notre culture, notre patrimoine ...
Je reviendrais prochainement la dessus dans une critique "politique" du libre échange.
Rédigé par : Malakine | 22 août 2008 à 10:41
@ Malakine: Tu me donnes l'occasion de m'exprimer sur le sujet. Laisse moi quelques dernières minutes et je te réponds dans un billet construit.
Rédigé par : Seb | 22 août 2008 à 10:51
@Malakine,
C'est exact, je suis passé de la recherche appliquée productive aux services.
Mais quelle tristesse de se résigner à voir un pays se réduire à la dimension du "PARC à THÈME", probable et redoutée par Hubert Védrine.
Faire la promotion d’un pays sans chercheurs, sans scientifiques, sans ingénieurs ?
Peuplée uniquement de tirlipoteurs du virtuel et du mercantile ?
C’est étrange !
Une nouvelle Égypte française ? Brrrr...
Rédigé par : ozenfant | 22 août 2008 à 11:17
Non ce n'est pas pour cela qu'elle me plait. A droite, ou à gauche, ils font la même chose à ce niveau!
J'aime cett ephrase parce qu'elle est très vraie : on préfère sans cesse privilégier le tertiaire alors que ce n'ets aps cela qui produit de la richesse. Ce n'ets pas en multipliant les contrats aidés, également, qu'on réduira le chômage autrement qu'artificiellement.
Mais sur l'économie, je ne suis pas très fort.
Je ne crois en tout cas pas à ton idée de pays musée. ça ne fera jamais vivre toute une population.
La France attire déjà les riches du monde entier.
Mais des territoires comme le Nord, par exemple, n'attireront jamais personne... Il suffit de voir comme c'ets mort en été.
Rédigé par : le chafouin | 22 août 2008 à 13:56
@ Chafouin et Oz
Ce n'est pas parce que je dis ça que j'approuve ! Je dis simplement que le patrimoine est l'un des atouts objectifs de la France dans la mondialisation. Comme le dit très justement Chafoin, certains territoires en vivent déjà (voir l'affaire de la villa la plus chère du monde à l'acquéreur inconnu) et pourraient être tenté de se spécialiser sur ce créneau. Mais il est vrai aussi que cette spécialisation ferait crever des pans entiers du territoire national, dont celui où je vis.
**
Une autre remarque sur le même sujet - sur laquelle je reviendrais surement lorsque ce sera dans l'actu. Si on prends l'exemple de la taxe professionnelle. C'est un impôt absurde et archaîque car il pèse sur l'économie productive. D'un autre coté, c'est le seul argument qui pousse les collectivités à accueillir des entreprises. Si elles était suprimmée, la passion de nos élus locaux pour le patrimoine, le tourisme et la culture n'aurait plus aucun frein et on irait tout droit vers cette perspective de "pays musée" qui fait si peur. Comme quoi, c'est pas simple ...
Rédigé par : Malakine | 22 août 2008 à 14:05
@ malakine: tu n'habites pas une ville de 20.000hab ça se voit lol.
En ce qui concerne l'évolution industrielle en France je suis aussi très réservé, la volonté actuelle de créer des services à la personnes, peu créateurs de VA au détriment d'une industrie à forte VA se révèle un calcul désastreux, nous sommes en train de recréer ou d'alimenter une classe de travailleur pauvres, c'est nickel.
Si au moins ce service de proximité pouvait créer du lien social, mais même pas, puisque lorsque l'on lutte pour survivre, le goût des autres est un peu amère...
Rédigé par : frednetick | 22 août 2008 à 15:02
Tu sais Malakine, les experts, les médias et les politiques qui répètent ce qu'il ont lu et entendu, parlent à leur aise de la taxe pro. de l'IS, de l'influence de la réduction des charges sur les emplois en 1998.… sujet d’une lettre que J.L. Bianco à remis (m’a-t-il écrit) en mains propres à Ségolène Royal…. Désolé Malakine, je ne le ferai plus !
Ils parlent mais ne savent même pas si les plats cuisinés, les produits conditionnés, les conserves et les surgelés sont à 5,5% ou à 19,6%….. OBO non plus d’ailleurs… je te le jure.
Ils ne savent pas non plus quel à été le % de la réduction des charges de Jospin en 1998, ne connaissent pas la valeur relative au CA de la taxe pro.... etc. etc.
En ce qui concerne mon dernier Restaurant, pour un CA de 900.000 €, je payais une taxe-pro de 4400 € un fois par an et pourtant c’était beaucoup plus que dans ma précédente localité, puisque c’est une taxe très variable en fonction du Maire, de la surface au sol, de la vitesse du vent et de l'age du colonel. La taxe pro et l’IS, les politiciens en parlent beaucoup, ça les valorise, mais c'est de la roupie de sansonnet. Ce n’est pas là un soucis majeur pour ton découvert bancaire, par rapport aux 51.OOO € trimestriel de TVA + charges salariales, où là ! Tu as intérêt à avoir prévu ta couverture bancaire. Tu pourras expliquer çà à ton ami de Belfort.
Rédigé par : ozenfant | 22 août 2008 à 18:32
Le distinguo que je découvre, entre économies résidentielle et productives, est très intéressant. A mon sens, il révèle la politique a pour résister à la mondialisation, qui a induit, ici comme aux US, une désindustrialisation du pays.
"C’était une politique à court terme pour « enrichir la croissance en emplois » comme on disait à la fin des années 90. Ce n’était pas une politique de croissance et de création de richesse. On paie la note aujourd’hui.
Rédigé par : dmermin | 12 avril 2009 à 22:08
Zut, des touches de raccourcis frappées involontairement on validé mon précédent commentaire.
Je continue. La conclusion citée dans le com précédent, présente cette politique quasiment comme une erreur, puisqu'on en paie la note aujourd'hui. Ce n'était pas une erreur, mais une solution, car on ne peut pas produire les biens qui nous viennent de Chine et d'ailleurs.
Rédigé par : dmermin | 12 avril 2009 à 22:11