A elle seule, l’expression des « émeutes de la faim », fait froid dans le dos. Il s’agit pourtant depuis quelques jours d’une réalité dans une trentaine de pays du monde; Et la situation pourrait empirer car les causes de la flambée des matières premières agricoles semblent durables.
Parallèlement, le cours du pétrole vient de battre à nouveau son record avec un cours de 117 dollars le baril. Ces deux éléments alimentent une flambée d’inflation qu’on croyait disparue et qui semble ouvrir un nouveau cycle économique.
La mondialisation, telle qu’on la connaissait depuis le début des années 2000, engendrait une pression à la baisse à la fois sur les prix et les salaires. Depuis la fin de l’été, il semble qu’on ait changé d’époque avec un retour de l’inflation et des revendications salariales. On est passé d’un contexte de déflation à un contexte d’inflation. La brutalité de ce changement de contexte macro économique est assez déroutant. On en a d'ailleurs certainement pas mesuré toutes les conséquences.
Quelque chose à changé dans la mondialisation, mais quoi ?
S’agit-il d’une conséquence de la crise financière ? D’une arrivée à maturité des pays émergents, qui les conduit à consommer et augmenter leurs salaires ? Est-on en train de toucher les limites de l’exploitation de notre planète ? Est-ce qu’on paie la note d’un cycle de 10 ans de libre échange forcené qui a contraint les salaires et finalement étouffé toutes les économies ? S’agit-il des premières conséquences du réchauffement de la planète et des incidents climatiques qui ont pesés sur les récoltes ?
On entend beaucoup d’interprétations de la crise des matières premières agricoles. En fait, la crise actuelle permet de tenir à peu près tous les discours…
L’hypothèse la plus simple et la plus séduisante conduit à accuser l’économie financière de plus en plus prédatrice d’être responsable de cette inflation. Après avoir fait des profits en spéculant sur les devises dans les années 90, les marchés actions dans les années 2000, sur l’immobilier ensuite, la finance aurait désormais trouvé le moyen de faire du blé profit sur les matières premières et les produits agricoles.
Le drame, c’est qu’aujourd’hui cette spéculation touche l’économie mondiale toute entière en s’en prenant aux populations les plus pauvres de tous les pays, jusqu’à peut-être entraîner « la première famine mondiale » comme on a connu des guerres mondiales au XXème siècle. Le fait est avéré. Des nouveaux produits dérivés se sont créés sur les marchés des matières premières et des produits agricoles et les hedge funds, échaudés par la crise financière y ont vu un moyen facile et pas trop risqué de faire de l’argent.
L’explication serait tentante mais ne me convainc pas. On a du mal à croire que l’afflux de fonds spéculatifs sur les bourses de matières premières puisse être à l’origine de la hausse des cours. La finance peut encourager les dynamiques haussières en anticipant sur des hausses de cours, mais elle ne peut pas créer le mouvement. Sauf à constituer des stocks, ce qui ne semble pas être le cas. On lit partout au contraire que les réserves de toutes sortes en ce moment s’épuisent. L’affaire semble bien plus grave, car profondément structurelle. Il semble bien que l’humanité ait touché les limites de son modèle de développement. La planète ne peut plus suivre. Tout simplement.
Ces dernières années, nous vivions dans une situation de tension sur les marchés agricole comme ceux des produits agricoles. On le savait pour le pétrole et le gaz. L’affaire était moins connue en ce qui concerne les produits agricoles. Lors de ces 7 dernières années, la consommation de blé à dépasser la production !
L’engouement mondial pour les agrocarburants a lié les deux marchés. Moins de surfaces cultivables, c’était encore renforcer la tension sur les marchés des matières premières. Cétait aussi indexer les prix des matières premières agricoles sur le prix de l’énergie !
On s’attendait à ce que le Pick Oil pénalise fortement les pays développés. Mais on ne s’attendait pas à ce que la pénurie d’oir noir se communique à l’alimentation pour frapper l’ensemble de la planète et en particulier les pays les plus pauvres ! Il est urgent de découpler – si cela est encore possible – marché de l’énergie et marché des matières premières agricole, car les conséquences d’une hausse des prix ne sont pas du tout les mêmes. Une augmentation du prix de l’énergie devrait permettre, si elle est assez progressive, une adaptation entre l’offre et la demande. Ce n’est pas le cas pour les produits alimentaires. Ce n’est pas parce que le prix du pain augmente qu’on a moins faim !
Je crains donc fort qu’il soit impossible de rejeter la responsabilité de cette crise sur le capitalisme mondialisé, la finance spéculative, le libre échange ou y voir un contrecoup de la crise des subprimes. Il me semble bien que ce soit notre planète qui donne des signes de fatigue. Si l’humanité de change pas rapidement sa manière de vivre et de s'alimenter, le 21ème siècle pourrait bien être une période extrêmement sombre avec le retour des famines à grandes échelles et des guerres d’appropriation de ressources naturelles.
Malakine
Vous liez, il me semble à juste titre, la production d'énergie et la production alimentaire mais vous omettez d'inclure l'eau.
Or la production d’énergie et la ressource en eau sont indissociables : il faut souvent beaucoup d’eau pour produire de l’énergie et il faut aussi beaucoup d’énergie pour fournir ou transporter de l’eau.
De même, c'est une évidence, la production alimentaire est extrêmement dépendante des ressources disponibles en eau.
N'est-il pas nécessaire de remettre d'abord en cause la croissance sur laquelle repose pourtant notre économie moderne ?
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 22 avril 2008 à 07:38
Bonjour,
Oui je suis bien d'accord avec "PeutMieuxFaire".
Si l'eau alimente la production agricole alimentaire, elle alimente aussi la production des agrocarburants, production qui n'est pas prête à s'arrêter.
Les enjeux des investissements réalisés et ceux en cours, sont bien trop importants, voire même démesurés pour les remettre en cause.
Aux Etats-Unis, la production d'éthanol réclame 81 millions de tonne de grains et est subventionnée par 600 millions de $ US. Si 80 % des 62 distilleries maintenant en construction sont achevés d'ici à la fin 2008, la part du grain pour produire le carburant pour des voitures, se montera à 114 millions de tonnes, ou 28 % de 2008 prévu pour la moisson de grains des États-Unis.
Mais les pays émergents sont eux aussi tentés par la manne des biocarburants.
Madagascar par exemple, l'un des pays les plus pauvres de la planète et ne possédant pas de ressources fossiles, vient de signer un contrat pour la construction de distilleries avec une holding Américaine, pour 19 millions de $ US, (ce qui est énorme sachant que le salaire minimum est de 40 € par mois pour un fonctionnaire, et que le reste de la population vit avec 1€ par jour, en valeur marchande).
On sait que l'eau à Madagascar est une énergie rare & précieuse.
Idem pour l'Australie.
Afin de pallier à la sècheresse qui sévit depuis 6 années consécutives, des usines de désalinisation d'eau de mer se développent.
Je ne suis absolument pas d'accords avec "Malakine" qui dit que la crise alimentaire n'est pas due à la mondialisation.
Elle est malheureusement la conséquence directe du:
1)- Pic pétrolier et la montée du prix du baril de pétrole pour une énergie alternative.
2) – Du transfert de la masse de liquidités gigantesques qui ont déserté les places boursières liées aux subprimes et à la crise de l'immobilier, vers la spéculation des matières agricoles.
3) – De la politique du FMI et de l’OMC contraignant les pays en voie de développement, à la monoculture des produits d’exportation, au détriment des cultures vivrières, empêchant ceux-ci à leurs autosuffisances alimentaires !
Enfin, les bouleversements qui remettent en cause le modèle de l’hégémonie Américaine, de l’unipolarité qu’elle à imposée au monde - la globalisation que l’on nous vantait il n’y a pas si longtemps que ça -, change la donne et nous mettent face à un cruel constat, celui qui va nous conduire vers un monde « psychopolitique » et un monde non polaire où, chacune des nations voudra tirer à elle sa vision et ses intérêts.
Seule la diplomatie en étant concentrée, créatrice et collective, empêchera un monde non-polaire de devenir plus désordonnée et … dangereuse.
Alors il appartient désormais individuellement et collectivement, à ne pas se laisser endormir par des discours qui croient que l’effet négatif de la crise actuelle, n’est qu’un effet passager et que le système saura bien s’autoréguler, comme il a su le faire dans les précédentes crises qu’on a connu.
D’autres bulles liées aux subprimes et aux crédits hypothécaires vont venir, notamment celle des fonds de pensions du baby boomer arrivant à termes cet été et qui vont réclamer une levée de liquidités autrement plus importante, que ce que les 1000 milliards ( ?) de $ US ont coûtés à la déroute des banques Américaines.
La désinformation sera de mise afin de masquer le délire que représente désormais, le rêve du capitalisme arrivé à son apogée. Il possède en lui sa propre destruction et c’est ce que nous sommes en train de vivre actuellement.
Alors l’œil ouvert, malgré le cloisonnement soigneux de l’information, peu à peu, l’évidence se fera jour et un monde nouveau devra être inventé.
Pour plus d’informations : http://diablogtime.free.fr
Sam's
Rédigé par : Sam's | 22 avril 2008 à 11:34
A rajouter, l'hypothèse ( Cf. Bourguignon, l'agronome)que les techniques agricoles, engrais, pesticide, monoculture...appauvrissent la microbiologie des sols depuis 50 ans d'où baisse des rendements, de la résistance aux parasites et des qualités nutritives et organoleptiques.
Par conséquent, pour obtenir des rendements pas trop en baisse, il faudra de plus en plus de ces additifs agricoles, donc aussi plus de pétrole pour les fabriquer.Et ainsi de suite dans le cercle vicieux de la stérilisation des sols.
Si cette hypothèse est confirmée, les problèmes risquent d'être assez graves.
Par ailleurs, on pourrait faire un parallèle avec les grandes famines d'irlande et d'inde fin XIX ème siècle, époque aussi de mondialisation économique. L'administration anglaise avait géré les flux de denrées alimentaires de telle façon que quelques millions de ses administrés coloniaux en sont morts de faim.
Rédigé par : olaf | 22 avril 2008 à 13:28
Gaspillage, surbouffe, surconsommation d'eau et de produits de base ; débauche de pesticides et d'engrais chimiques pour retrouver 1/3 de la production perdue, jetée, périmée ; des terres polluées, exsangues ; des mers et océans pillés, dévastés... Vous avez dits civilisés, les "pays du nord" ?
Et si le rééquilibrage des richesses, en premier lieu des richesses biologiques, commençait par la DECROISSANCE dans ces pays bouffis et malades ?!
Afin d'enrichir et affiner votre propos, je vous invite à la lecture d'André Gorz et de Jean Baudrillard ("Le système des objets"), malheureusement récemment disparus, de Nicholas Georgescu-Roegende, ainsi bien sûr que d'Albert Jacquard.
Un point de vue également intéressant, bien qu'un peu plus ancien, a été développé par Serge Latouche dans le Monde Diplomatique : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/LATOUCHE/10651
« La décroissance est un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d'autres rapports sociaux. En leur absence, l'effondrement ne pourrait être évité qu'à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d'une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d'une façon ou d'une autre, civilisée ou barbare. » André Gorz (in EcoRev', 2007)
« La croissance de la consommation est en réalité l’équivalent d’une drogue. Cette croissance, lorsqu’elle a lieu au sein des nations les plus développées, rend plus improbable une diminution des inégalités entre les peuples ; l’écart ne peut que s’aggraver. C’est donc, dès maintenant, non pas seulement une “croissance zéro” comme l’avait proposé le Club de Rome, mais une décroissance de la consommation des plus riches qui est nécessaire. Cette perspective n’a rien de sombre, à condition qu’elle soit accompagnée d’un développement des activités qui ne détruisent pas les richesses de la planète, notamment toutes celles générées par les rencontres entre humains. » Albert Jacquard (in "Mon utopie", Stock, 2006)
Rédigé par : Bergeron | 22 avril 2008 à 14:09
A revoir, fort à propos ce soir : "Le Cauchemar de Darwin" sur Arte... armes contre nourriture... à l'envers :-(
Rédigé par : Bergeron | 22 avril 2008 à 15:15
La décroissance telle qu'elle est mesurée actuellement, peut être, mais il vaudrait mieux voir la possibilité d'avoir un indicateur de croissance tenant compte d'éléments comme les externalités écologiques( pollution... ), innovations utiles dans ce sens, et sociales( durée de vie, maladies, suicides...). Dans ce cas, ça serait perçu comme plus positif.
L'option de décroissance telle qu'elle est présentée actuellement est plutôt une impasse dont feraient les frais les moins favorisés qui encore paieraient la facture bien plus.
Rédigé par : olaf | 22 avril 2008 à 20:23
@ Bergeron
C'est quoi exactement cette idée de décroissance ? Comment voulez vous faire faire à tous les défis du 21ème siècle : vieillissement, accroissement des dépenses de maladie, financement des retraite, révolution écologique ... en produisant moins de richesse ?
Qu'il faille une nouvelle révolution dans l'agriculture pour adopter des méthodes plus raisonnées (voir l'excellent commentaire d'OLAF) ou changer notre alimentation pour consommer moins de viande, je suis d'accord. Mais la décroissance, à mon avis, ça n'a aucun sens. Sauf si naturellement elle s'applique au pays qui surconsomme les ressources naturelles, celui où les 4*4 sont rois et où les obèses sont la norme !
La décroissance peut s'appliquer aux individus dans leur manière de consommer, en aucun cas, elle ne peut être une option économique viable.
Rédigé par : Malakine | 22 avril 2008 à 23:02
Plus on en a, plus on en veut. C'est la dérive consumériste, assez récente, qui est à revoir. Aujourd'hui, les cadets et benjamins d'une famille exigent d'avoir leurs propres vêtements, ils refusent de remettre les vêtements de l'aîné. Aujourd'hui, il faut pouvoir acheter 12 yaourts (dont l'emballage et le contenu ont parcouru un nombre invraisemblable de milliers de kilomètres) chaque semaine, une nouvelle voiture tous les 5 ans, un pavillon individuel, des équipements et accessoires individuels qu'auparavant les villageois partageaient. Aujourd'hui il faut "partir en vacances", "partir en week-end" au détriment du lien social local. Etc. Etc. La fin justifie les moyens : on nous fait croire que toute cette activité crée de la richesse. Oui elle crée la richesse des grands argentiers et des lobbies ! Et aussi des fonds de pension, en effet. Mais les pauvres sont toujours plus pauvres, même en travaillant. Une jeune famille doit se serrer la ceinture dans un F3 en banlieue pendant que les retraités hésitent entre leur loft lyonnais, leur appartement sur la côté, et leur thalasso au soleil !!!
L'idée de décroissance est fondée sur le juste besoin, en nourriture, en eau, en énergie, en logement, en vêtements, en déplacements, en liens socio-éducatifs, culturels et solidaires, etc. La notion de production juste et nécessaire au plus près des consommateurs finaux peut suffire à relancer l'idée d'une forme d'autarcie qui va dans le sens d'un certain protectionnisme que vous prônez il me semble. La discussion peut se situer sur l'échelle : vous parlez d'un protectionnisme européen, nous évoquons l'essentiel de l'autarcie locale à l'échelle mettons d'une petite région, d'une ville et ses bourgs environnants. En tout état de cause, avec les difficultés liées au transport, et pensant que l'avion solaire de Bertrand Piccard n'est pas prêt d'être au point pour le transport de bananes ivoiriennes, de jeans chinois, ou de perches du Nil, le retour à la culture vivrière locale nous paraît de bon sens. D'ailleurs un certain nombre de villes françaises l'ont déjà redéveloppée. Cela rejoint plus globalement l'avis de votre commentateur sur une nouvelle révolution nécessaire de l'agriculture. Ainsi que votre remarque sur l'indispensable implication de tous les grandes "puissances" surconsommatrices obèses, malades et roulant en 4x4. Après le "Cauchemar de Darwin", on lit encore dans le Monde que l'Afrique ne sait même plus se nourrir avec son alimentation traditionnelle... privilégiant le développement de produits à forte valeur ajoutée à l'exportation... le "libre échange", la spéculation mènent le monde partout à sa perte, et les populations en crèvent, là bas, ici, ailleurs...
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/04/22/le-rempart-de-l-agriculture-familiale-par-stephane-hessel-et-robert-lion_1036969_0.html
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/04/22/l-agriculture-richesse-des-nations-par-nicolas-baverez_1037007_0.html
Vous évoquez les charges liées au vieillissement de la population, tout le monde s'est scandalisé de voir quelques anciens de plus nous quitter lors de la canicule de 2003... Et pourtant... Pourquoi forcer la nature en gardant en vie des vieilles personnes dépendantes et malheureuses ? parce que... ça crée des emplois ?! Sujet tabou s'il en est. Pourquoi se tuer au travail pendant 40 ans (pour "partir en vacances" bien sûr...) et arrêter brutalement ? Et si on repensait à l'étalement de la durée du travail sur la vie (cf. les excellents travaux de Dominique Méda) ? Moins de stressés du boulot, moins de dépressifs de la retraite. La politique de santé publique serait également à revoir à l'aune de ces réflexions (alimentation saine, exercice physique incontournable par la raréfaction de la motorisation, solidarité intergénérationelle, babycaring, etc.).
Quant aux finances publiques plus globalement, une réelle volonté gestionnaire - aller chercher l'argent là où il est, le redistribuer à ceux qui en ont besoin - et non pas au fonctionnement de nantis de l'Elysée, des ministères, cabinets, administrations centralisées et inefficaces -, limiter les gaspillages d'échelle, favoriser une synergie intellectuello-économique au niveau régional (n'est-ce pas vous qui proposiez un modèle de ville nouvelle basée sur ces principes ?).
Je ne peux pas développer ici toutes les pistes qui relèvent essentiellement du bon sens, et des pieds dans le plat du fonctionnement mondial où tout n'est justifié que par l'accroissement de la richesse d'un tout petit nombre. Retrouver le lien social, la solidarité de proximité, les échanges, les expériences humaines bien meilleures pour le moral que ces pseudo paradis artificiels délivrés par ce consumérisme individualiste effréné !
Vous me rétorquerez que ça ne fonctionnerait pas ? Mais notre monde, s'il continue ainsi sur ce modèle que s'empressent d'endosser les pays émergents, va droit dans le mur ! Qu'il me soit permis de croire qu'un renversement de tendance est encore possible... d'ailleurs nous nous y employons au quotidien, et ça commence à entrer dans les mentalités. Chaque jour nous pouvons travailler moins, gagner moins et vivre mieux ensemble.
Rédigé par : Bergeron | 23 avril 2008 à 18:06
@ Bergeron
Tout d'abords, je souhaite vous remercier de votre fidelité. Même si vous ne vous étiez encore jamais exprimé dans ces pages, manifestement vous êtes un lecteur fidèle et un bon connaisseur de la pensée de l'auteur de ces articles ! Ca m'impressionne et ça me touche beaucoup.
IL me semble que vous mélanger deux choses qui n'ont pas grand chose à voir. D'un coté la consommation, ce qui fait tourner l'économie, ce qui suscite la production, la distribution, et donc ce qui fournit des emplois. De l'autre, la la NATURE de la consommation. Je comprends que vous souhaitiez la faire évoluer mais je ne crois pas qu'on puisse s'en prendre au fait lui même, ou alors, c'est toute l'économie que vous voulez détruire. Il faut savoir aujourd'hui que dans les pays développer la plupart des emplois créé le sont dans l'économie de la consommation, bien plus que dans l'économie productive.
Je vous rejoins sur le reste, la nécessité du lien social, des circuits courts, de l'autosuffisance sur les grandes activités économiques.
En agriculture, comme dans l'industrie, je ne crois pas à une "division internationale du travail" où chaque pays devrait fabriquer les produits pour lequel il est le plus compétitif. D'ailleurs, la crise actuelle est peut-être liée au fait que le commerce mondial se grippe face à la crainte de pénurie. De nombreux pays exportateurs renoncent en effet à exporter de peur de manquer : Le même mécanisme que lors de la première phase de la crise des subprimes quand les banques refusaient de se prêter entre elles !
Quand aux vieux, je vous rejoins. Je ne crois pas que ce soit un progrès de civilisation que de prolonger indéfiniment la durée de la vie. J'ai même développé une fois l'idée que plutôt que de vouloir réduire la durée de la retraite en amont en prolongeant la durée de cotisation, on ferait mieux de la réduire en aval en réduisant la durée de la vie, ou au moins, en cessant de prolonger médicalement la vie de grabataires à moitié ou totalement séniles. Je me suis fait assassiné dans les commentaires et je comprends bien que cette idée heurte les consciences. Donc, désormais je m'abstiens de l'exprimer ! :-)
Enfin, sur les finances publiques : c'est un sujet sur lequel j'aimerais revenir prochainement dans une analyse un peu poussée. On en reparlera à ce moment là. Certes il y a des "gains de productivité" à faire dans la sphère publique, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a des besoins sociaux à financer et qu'il faut pour cela des rentrées fiscales, donc de la production et de la consommation. Le thème de l'article sera : il ne faut pas confondre économie et réduction du niveau de socialisation d'une société.
J'espère que nous aurons encore l'occasion de débattre ici, ensemble et avec les autres (quand ils seront revenus) de ces questions.
Rédigé par : Malakine | 23 avril 2008 à 23:42
Pour "nourrir" (!) la réflexion, voici un point de vue que j'ai trouvé intéressant car mettant en lumière la complexité des liens entre toutes les problématiques que tu évoques au fil de tes articles (crise alimentaire, énergétique, géo-politique, le statut de la ville, etc.) : celui d'Edgar Pisani, livré à Télérama.
Extrait : "Nous sommes loin d'en comprendre toute la réalité et la gravité. Parler de la crise alimentaire, c'est prendre en considération les dizaines de milliers d'hectares de terres fertiles grignotées par les villes et les océans, année après année. C'est savoir que la Californie vit déjà une compétition dramatique entre la consommation d'eau urbaine et agricole. Que l'agriculture ultraproductiviste est extrêmement vorace en énergie. C'est aussi prêter attention à l'évolution de nos régimes alimentaires : l'augmentation de la consommation de viandes est redoutable pour l'avenir, puisqu'elle a fait exploser la demande de céréales fourragères. La Chine en fait l'expérience. D'ores et déjà les animaux consomment 45 % des céréales mondiales."
Source : http://www.telerama.fr/monde/le-monde-peut-il-nourrir-le-monde-sans-doute-pas-rencontre-avec-edgar-pisani,28383.php
Rédigé par : Aurely | 10 mai 2008 à 15:30
Interview dans lequel des chiffres sont donnés comme 1% de la production mondiale agricole procurée sous forme aide alimentaire alors qu'il en faudrait 33%. Explication des cycles excédents-pénuries tous les 40 ans. Il y est mentionné la nécessité de relancer les agricultures locales.
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=9644
Rédigé par : olaf | 12 mai 2008 à 11:53