Les médias ont trouvé leur nouvelle coqueluche. A entendre les journalistes politiques, Xavier Bertrand serait le futur premier ministre, l’homme qui monte, le chouchou du président. Une rivalité sans concession et une haine mutuelle l’opposerait à François Fillon, l'obscur et impotent premier ministre de la Sarkozie en débandade.
Difficile pourtant de donner la moindre dimension idéologique à leur supposée rivalité. Sur quoi s’opposent-ils ? Représentent-ils deux sensibilités politiques différentes ? L’un serait-il plus social, plus gaulliste, plus libéral, plus interventionniste que l’autre ? Sont-il issus de deux milieux sociaux et de deux cultures qui les empêcheraient de s’entendre ?Au contraire, les deux hommes se ressemblent étrangement.
Les deux sont des provinciaux qui sont entré très tôt en politique où ils se sont engagés dans le sillage d’un mentor jusqu’à pouvoir jouer leur carte personnelle. Ils ne sont énarques ni l’un ni l’autre, ce qui ne les empêche pas d’être ambitieux. Ils n’ont jamais été associés à la moindre idée forte, pas plus qu'à la moindre réforme, quoi qu'ils en disent. Ils ne sont connus que pour leur élocution molle et la platitude de leurs propos. On les dit rond, courtois, bons négociateurs, des bosseurs, de grands professionnels qui connaissent bien leurs dossiers. Des besogneux en somme ! On leur prête aussi la qualité d'être de bons communiquants. Ils ne dérapent jamais et disent toujours juste ce qu’il faut, tout comme il faut, comme si la langue de bois était leur langue maternelle.
Ce sont deux représentants de la nouvelle génération d’hommes politiques, celle qui devrait occuper le terrain après 2012. Après les « cranes d’œufs », les « meilleurs d’entre les leurs », les surdiplômés de l’élitisme républicain, pour qui la politique était avant tout la gestion de l’Etat, une affaire de technique plus de que convictions, la génération des Fabius et des Juppé. On a désormais affaire à la génération des médiocres, ceux qui ont gravit tous les échelons à force de lèche et sans jamais faire d’ombre à personne, ceux qui ont toujours su être dans la ligne, en sachant mieux que les autres répéter le discours du parfait militant qui a réponse à tous, ceux qui ont su gommer toutes les aspérités de leur personnalité pour ne jamais choquer, notamment les petites vieilles qu’ils rencontrent sur les marchés dans leur fief de province.
Qu’un Xavier Bertrand puisse être premier ministrable et devenir un personnage politique de premier plan, c’est finalement un signe que la politique se banalise et devient un métier comme un autre.
Dans toutes les entreprises, partout, il y a toujours un médiocre insignifiant dans une fulgurante trajectoire ascendante, un type très gentil et très poli, insensible à tout état d’âme et incapable de la moindre pensée personnelle, mais qui vous sert néanmoins du « je » comme si tout le pouvoir procédait de lui. Ce genre de mec, on n’a pas envie d’aller manger avec et on n’est pas pressé qu’ils prennent la place de leur chef.
Fillon et Bertrand, nous ferait presque attendre avec impatience le retour des socialistes au pouvoir. Les oppositions Voynet Chevènement ou Audry DSK, à l’époque de Jospin, ça avait quand même plus de gueule !
Malakine
Vous oubliez l'opposition Villepin-Sarkozy. L'humanisme, la culture, la classe de Dominique de Villepin (même s'il a des défauts), c'est autre chose que Fillon, Bertrand ou le nain énervé qui nous tient lieu de président...
Rédigé par : help ! | 22 avril 2008 à 04:01
"médiocres" vous y allez fort !
"ternes" me semblait suffire, sauf à vouloir faire référence à la formule attribuée à Oscar WILDE :
" Chaque fois qu'on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire" et qui, selon votre billet, leur convient apparemment bien.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 22 avril 2008 à 08:34
@Help,
Comme je suis d'accord avec vous!
L'agité qui nous gouverne a fait illusion le temps d'une campagne avec ses discours écrits par Guaino mais depuis, à part son auto satisfaction dans la jouissance du pouvoir, Que nous montre-t-il? Un opportuniste qui agit en fonction des sondages, qui s'aplatit devant les chinois lesquels n'en ont rien à faire, qui s'entoure de "conseillers" de plus en plus nombreux, qui ne cherche même pas à masquer son inculture dont, à la limite, il est fier.
D.G. de V. aurait eu davantage de classe, représentant digne d'un pays dont la civilisation et la culture ont rayonné sur toute l'Europe, voire le Monde. Sa politique? liée à l'UE.
Il suffit de lire les commentaires de la presse étrangère pour se rendre compte à quel point ceux qui l'ont élu se sont fourvoyés.
Rédigé par : Philippe | 22 avril 2008 à 09:50
Sujet intéressant... Si les médias aiment bien les opposer, effectivement les points communs ne manquent pas entre un Bidibule qui ne cesse de gonfler (signe, peut-être, d'une possible promotion) et un homme invisible frappé d'hirsutisme au niveau des sourcils. Comme tu l'écris, les deux ont été nourris au biberon de la lèche et ne parlent que la langue de bois. Promus surtout pour leur mauvaise foi, et pour une pleutrerie dont on a maintenant compris qu'elle serait toujours une condition sine qua non pour intégrer et, a fortiori, diriger un gouvernement qui doit rester sous la coupe du petit inculte... Particulièrement vrai en France, où la personnalité des hommes qui ont été à la tête du pays a toujours influé directement sur le climat général (jusque sur le comportement social des entreprises, pour ne citer qu'une "variable" parmi des centaines), on doit redouter le pire, car si Sarkozy a révélé sa nullité extrême en tant que "chef" (manager) depuis mai 2007, Fillon comme Bertrand n'ont pas fait mieux sur la même période. Pas besoin de citer des exemples concernant Fillon... Pour Bertrand en revanche, on peut citer le cas, dramatique, de Luc Chatel, qui pendant dix mois aura été l'un des modèles les plus aboutis de jean-foutre se tournant les pouces du matin au soir, pour énoncer des inepties encore plus grosses que Xavier Bertrand le reste du temps, sous les bravos d'un effectif de collègues où personne n'est vraiment à sa place, exceptés finalement des personnages comme Guéant et Guaino auxquels on revient toujours (aux côtés d'autres conseillers qui valsent en permanence), dont le statut et l'influence, aussi particuliers qu'immérités, ont vite fait d'évoquer le genre de cercles resteints que l'on retrouve "toujours" autour des dictateurs en puissance. Sarkozy persistant dans sa connerie (mais que peut-on attendre d'un ânon quand on le met sur un hippodrome, si ce n'est qu'il fasse rire ou pleurer ?), on s'achemine vers des lendemains dont les conséquences seront terribles pour la France, parce que profondes, et parce que ce ne sont pas les propres à rien mais quand même donneurs de leçon du PS qui, même s'ils revenaient au premier plan, seraient capables de revenir sur tout ce qui est déjà fracassé par Sarkozy, eux-mêmes étant des spécialistes de la démolition qui ne se sont jamais assumés depuis plus de 30 ans... Seule une destitution de Nicolas Sarkozy pour cause de sociopathie avérée pourrait, pour ceux qui y croient, encore enrayer la chute. Enfin, je parle évidemment de ceux qui n'arrivent toujours pas à considérer que la politique de niveau national a plus à voir avec la mafia qu'avec le service des Français.
Rédigé par : Poliblog | 22 avril 2008 à 11:01
@ help
Bienvenue dans ces pages. j'espère vous y lire souvent (avec un autre pseudo si possible)!
Ce n'est pas moi qui vais vous contredire à propos de DDV. J'ai toujours eu un faible pour lui. Malheureusement, je sais qu'il n'est pas partagé par tous. Il paraît qu'il se lancerait dans la bataille des européennes de 2009. On devrait donc avoir l'occasion prochainement de reparler du beau dominique !
@ PMF
Non médiocre va bien ! Plus que terne, qui a une connotation péjorative, j'aurais préféré "lisse" qui décrit l'absence de tout caractère et de toute personnalité. Malheureusement ce genre d'individu à le vent en poupe de nos jours. On en a des exemples partout, non ? Ce n'est même pas qu'ils sont populaires. Ils ne gênent personne et n'ont pas d'ennemis. Ils sont justes fades et convenus. C'est ce qui les fait progresser dans toutes les hiérarchies.
@ Philippe
Sarko parle à la télé Jeudi. On verra s'il a encore quelque chose à dire. J'essaierais de pondre un article dans la soirée sur sa prestation pour que nous puissions vite échanger nos impressions.
@ Pascal
Je me doutais que cet article te plairait. En l'écrivant, je me suis dit que c'était un sujet pour toi, que tu aurais écrit bien mieux que moi. Pour les portraits au vitriol, tu es inégalable !
Sur le fond, je ne voudrais pas que Sarko devienne le bouc émissaire de difficultés auxquelles est confronté le pays et qui dépassent largement la personnalité de l'hôte de l'élysée.
Rédigé par : Malakine | 22 avril 2008 à 11:25
@ Philippe : "Médiocre", dans son sens littéral, s'applique à celui ou celle qui se situe dans la moyenne.
Bien d'accord avec toi Malakine !
Je crois aussi que cette perte d'image, en termes de crédibilité, est accentuée par la désacralisation du pouvoir et cette fausse proximité que les hommes politiques se croient obligés d'entretenir avec un peu tout le monde.
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Elle tient aussi et surtout à l'absence de marge de manœuvre politique et économique tout simplement. Que celle-ci résulte des transferts de souveraineté ou de la primauté du pouvoir financier sur le politique.
Rédigé par : Marcus | 23 avril 2008 à 15:21