Vous êtes contre le mariage homosexuel ? Les revendications féministes vous hérissent ? Vous ne supportez pas que les Juifs se fassent tous les avocats de la politique de l’Etat d’Israël et hurlent à l’antisémitisme à tout bout de champ ? Vous n’en pouvez plus de tous les discours victimaires, des revendications mémorielles et de la repentance perpétuelle ? Les minorités visibles qui réclament plus de visibilité vous fatiguent ? Vous ne voyez pas en quoi être descendant d’esclaves ou de peuples colonisés donne des droits particuliers dans la France d’aujourd’hui ? Vous refusez l’idée que le statut de victime se transmette de génération en génération ? Les discours régionalistes, qu’il soit en faveur du mode de vie des « ruraux » ou qu’ils visent à plus d’autonomie vous laissent totalement indifférent ?
Vous craignez d’être un homophobe qui s’ignore, un antisémite honteux, un macho qui croit encore à la supériorité du genre masculin, un islamophobe radical, un jacobin centralisateur ou tout simplement un xénophobe intolérant qui ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister des différences entre les hommes, et pourquoi pas même un raciste qui n'a jamais osé Front National ?
Non. Vous êtes peut-être simplement contre le communautarisme et attaché à une conception civique et républicaine de la nation. C’est ce que nous explique Julien Landfried dans un essai tonique et réjouissant paru il y a quelques mois aux éditions Armand Colin.
Julien Landfried est un cumulard des bonnes causes. Il est à la fois l’animateur du site du protectionnisme européen, directeur du développement de la fondation Res Publica (le think tank de Jean Pierre Chevènement), gestionnaire du site de l’ancien ministre, directeur et fondateur de l’observatoire du communautarisme, responsable des activités internet de l’hebdomadaire Marianne, et accessoirement, un soutien d’Horizons depuis sa création.
Son essai décrit les diverses formes du communautarisme et comment elles ont pénétré le champ politique depuis une dizaine d'années. L'ouvrage, extrêmement documenté et très précis, nous fait découvrir dans une langue alerte pleine d'élégance, les différents aspects de ce phénomène que l'auteur considère comme le symptôme d'une déliquescence de l'esprit républicain. Il y analyse les ressorts de cette pensée "différencialiste" et dénonce toutes les concessions qui ont été faites ces derrnières années par les pouvoirs publics aux revendications mémorielles et identitaires des diverses "communautés".
Julien Landfried, en républicain passionné qu'il est, en appelle au retour à la conception traditionnelle de la nation en France « qui n’est ni une appartenance ethnique, ni une appartenance religieuse, ni aucune autre appartenance identitaire, mais la volonté de se rassembler dans le cadre commun de la laïcité publique et de l’intérêt général » car, pour lui, ces communautarismes conflictuels et rageurs sont autant d’attaques contre les principes républicains et portent en germe la destruction de ce qui fait la France, l’impossibilité de construire un avenir collectif et l’abaissement de l’Etat à un rôle d’arbitre entre des communautés concurrentes et mimétiques.
Le propos de l’auteur ne se limite pas à défendre la mystique républicaine dans la pureté des origines, ce qui aurait pu le conduire un débat théologique sur la nature de la nation française. La critique philosophique du communautarisme en emporte d’autres, plus concrètes, qui ont des conséquences directes dans le débat public.
Parce que tout communautarisme est fondé sur l'affirmation d'une victimisation, il use volontiers du terrorisme intellectuel pour défendre ses vues. Il est en effet interdit de critiquer une victime ! La bien pensance médiatique y veille avec soin. La stratégie des communautarismes est toujours de s'imposer de manière totalitaire. Toute critique portée ou toute réserve formulée contre ses prétentions est aussitôt perçue comme une insulte à l'égard de la communauté, comme une pensée crminelle, si bien que tout débat serein devient impossible sans verser dans les jugements de valeurs réciproques.
L'antiracisme bien pensant des années 80 a ainsi empêché tout débat de fond sur la question de l'immigration pendant 20 ans. On était soit antiraciste, différencialiste et même islamophile, ou bien on était xénophobe et lépéniste. Aujourd'hui, on est pour le mariage homosexuel ou bien homophobe. Pour une femme-présidente ou un gros macho arriéré...
Les communautarismes sont d'ailleurs souvent contreproductifs. La défense des intérêts ou des droits de la communauté tourne vite à l'affirmation identitaire synonyme de repli sur soi et de rejet de l'autre. L'affirmation identitaire, loin de faire accepter les différences, conduit la plupart du temps à une crispation dans le camp opposé et à une surenchère victimaire entre communautés. L'exemple le plus caricatural de ce phénomène fût l'émergence du CRAN (conseil "représentatif" des association noires) dans le sillage de Dieudonné et la revendication sur la reconnaissance de l'esclavage en crime contre l'humanité, en réaction aux complaintes permanentes des Juifs sur l'antisémitisme latent de la société française. Progressivement les différences s'exacerbent, les communautés se dressent les unes contre les autres, et c'est un mécanisme séparatiste et de ségrégation qui se met en place.
Cela, c'est la face connue (mais néanmoins inquiétante) du communautarisme, celle qui est généralement admise comme dangereuse. Il existe cependant un autre aspect, plus subtil que Julien Landfried dénonce dans son ouvrage : ses conséquences sur le débat politique en particulier sur les idées de gauche.
Officiellement la gauche n'est pas communautariste. Elle est en revanche volontiers victimaire, ce qui revient strictement au même. Elle a tellement cédé à la victimisation des minorités de toutes sortes qu'elle a fini par faire de l’homosexuel, de l’immigré, de l’handicapé ou des femmes (battues ou non), les nouveaux opprimés du monde moderne, reléguant ainsi les catégories populaires dans les oubliettes de l’Histoire. L’ouvrier, le prolo, le précaire ne sont plus dignes d’intérêt. Ils ont été remplacés par la figure du beur de banlieue qui souffre de racisme et de discrimination ou par l’homosexuel dont les droits sont bafoués parce qu'il lui est interdit de se marrier ...
Julien Landfried y voit une explication simple
« Les dispositifs de protections des catégories populaires - qui avaient ceci de spécifique qu’elles s’inscrivaient pour la plupart dans le cadre de droits sociaux et politiques universalistes et ouverts – ont peu à peu volé en éclats à mesure que leur coûts devenait trop lourd dans le nouvel ensemble de contraintes qui est celui du grand marché mondial dérégulé et de l’horizon toujours heureux des politiques de désinflations compétitives »
L’abandon du terrain social pour celui du sociétal recouvre en fait une capitulation idéologique bien pratique pour une gauche qui a été une complice consentante de "l'adaptation à la modernité libérale". Les revendications communautaristes qui ont pris ces dernières années une place toujours croissante dans le débat public sont symptomatiques d'une accession de nos société dans ère « post-politique » où les questions économiques et sociales ont été sorties du champ du débat.
L’effacement du politique et la montée des communautarismes se nourrissent l’un de l’autre d’autant plus sûrement qu’ils sont alimentés par une même source : la dissolution de la Nation dans une Europe sans autre projet que de s’abandonner aux vents dominants. A défaut de pouvoir s'identifier dans une nation vidée de sa substance, l'individu est conduit à se rabattre sur des groupes dans lequel il va reconnaître certains traits de son identité, qu’il s’agisse de son origine, de son sexe, ou son orientation sexuelle. C’est ainsi que le citoyen membre d’une nation politique et souveraine tend à disparaître au profit de l’individu membre d’une « communauté » qui n'aspire qu'à culiver ses propres valeurs et son propre mode de vie.
Julien Landfried a écrit son essai avant la campagne présidentielle. Depuis, la donne politique a quelque peu changé.
A droite, on a senti avec la campagne de Sarkozy un très net reflux des idées différencialistes (au moins dans le discours) par rapport à l'époque chiraquienne où elles avaient eu beaucoup d'influence sur l'action gouvernementale. La rupture a été notamment très claire sur le terrain de la repentance.
A gauche, la question est moins claire. La campagne de Ségolène Royale contenait des échos très nets de l'idéologie victimaire, notamment au travers de son discours féministe et de sa « saine colère » à propos de la scolarisation des enfants handicapés. Depuis, le PS se cherche, mais ce point ne semble pas mobiliser beaucoup sa réflexion (?), et il y a fort à parier que si la gauche n'ose pas, ou s'avère incapable, de réinvestir le terrain économique et social, qu'elle renouera avec son penchant à l'antiracisme et à la défense de toutes les minorités.
Le communautarisme est sorti de la campagne un peu affaibli. Avec l'agitation frénétique du nouveau pouvoir qui lance chaque jour un nouveau débat, les revendications communautaristes ont désormais plus de mal à se faire entendre (mais pas plus que tout autre sujet qui n'est pas porté par le président). Les forces à l'oeuvre restent puissantes. Rien ne permet de penser que les groupes de pression se soient désarmés ou que le sentiment national se soit renforcé au point de pouvoir de nouveau transcender toutes les différenciations. Ni la République, ni la nation ne se sont refondées à l'occasion de la présidentielle. Car, si le communautarisme est le cancer de la République, l'idée de nation est son antidote possible.
Il convient donc de rester vigilant et pour cela, le mieux est encore de lire l'essai de Julien Landfried pour connaître le phénomène et pouvoir en comprendre tous les ressorts.
Malakine
PS : Pour aller plus loin, lire le site créé par Julien Lanfried sur son essai et une interview de lui à lire sur le site de la Revue républicaine reprise (en moins lisible) sur sur notre blog "frère", le blog des B & B . Donc, je propose que l'on se retrouve chez les B&B pour les bavardages et les digressions et qu'ici on se concentre sur le thème du communautarisme. Je vais proposer à l'auteur de venir débattre avec nous ...
J'ai la berlue ou c'est mon navigateur qui déconne ?
Des messages qui étaient là cet après-midi ont disparu ce soir. Que se passe-t-il ?
Rédigé par : RST | 06 septembre 2007 à 19:33
Mon commentaire de ce matin a sauté... Incident ou modération?
Rédigé par : Benjamin | 06 septembre 2007 à 20:54
Et maintenant on a la fonction "suivant" quand il y a trop de post affiché, qu'elle progrès. Le site va finir par devenir présentable même s'il faut s'y habituer
Rédigé par : yann | 06 septembre 2007 à 21:02
C'est la rançon du succès !
Rédigé par : RST | 06 septembre 2007 à 21:22
Non je confirme que les messages ne sont pas modérés. Ce serait d'ailleurs impossible vu le nombre.
Et pour les pages qui se suivent, je n'y suis pour rien non plus. Faut dire que coup ci vous avez été particulièrement bavards. Une fois de plus ça confirme le succès des sujets de société. Déjà pour les chiens j'avais été surpris du nombre de commentaires. D'ailleurs si ça continue comme ça, ça va finir par poser problème.
Bon j'espère que vous serez aussi locace sur le prochain sujet.
Rédigé par : Malakine | 06 septembre 2007 à 23:29
@ Tous :
A vrai dire, on a été surpris aussi ! "Précédente", "Suivante"... On n'avait jamais vu non plus ! C'est curieux, il ne me semble pas que nos commentaires soient plus longs que d'habitude...
En tout cas, on ne s'est pas mis à modérer Horizons ! :-)
@ Malakine (au sujet d'un communautarisme des Fçais de souche)
Bon, j'ai pas envie d'écrire un roman sur le FN alors je vais essayer de faire simple.
Je fais une différence entre la chair et le noyau du FN. Pour moi, en fait il y a même 3 FN.
le NOYAU du FN, constitué de personnes qui se définissent elles-mêmes comme des "Français de souche", comme des "Vrais" Français, avec toute l'imagerie qui va avec (Blancs...). Ce groupe se conçoit comme une réalité tangible, se sent menacé par d'autres groupes sur "son propre sol", et se révolte contre les "injustices faites aux Français". Ces "Français"-là (ce mot "Français", utilisé dans ce type d'expressions) étant compris par eux comme se référant effectivement à une COMMUNAUTE à laquelle ils ont le sentiment d'appartenir.
La 1ère ENVELOPPE, autour de ce noyau, est constituée de personnes qui se définissent elles-mêmes comme des "Français". Ce terme, ce mot "Français", n'a pas le même sens que pour les premiers. Dans la définition qu'ils font d'eux-mêmes, et dans les mêmes expressions que les premiers ("injustices faites aux Français",...), le mot "Français" ne renvoie pas à la même réalité (ou au même fantasme) : pour eux, il renvoie à la Nation, et non à une communauté, comme les premiers.
La 2ème ENVELOPPE rassemble tous les autres, pour qui l'adhésion idéologique au FN est lache : déçus de partout, milieux populaires en colère, etc. qui rejoignent plus le FN par opposition que par adhésion.
Tout ceci pour dire que oui, il y a une forme de communautarisme au FN, dans son NOYAU, le communautarisme des "Français de souche".
2ème point :
Tu me demandes : "Comment ça le refus de la logique identitaire ne se décrète pas ? Il suffit simplement de dire non (ou merde) à toutes les revendications de ce type. J'étais pour ma part contre la parité à l'époque comme je suis contre le mariage homosexuel, ..."
Ai-je écrit "le refus de la logique identitaire ne se décrète pas" ?
Non.
Texto :
"Ceci dit, tu écris :"il faut effectivement mettre toutes les différences identitaires hors du débat politique. TOUTES ! le genre, l'orientation sexuelle, les origines géographiques, l'ethnie, la langue, la religion, l'âge, toutes ! "
Soit, j'applaudis, mais ça ne se décrète pas."
ce qui ne se décrète pas, ce n'est pas le REFUS de la logique identitaire (bien sûr). Ce qui ne se décrète pas, c'est le fait que des différences identitaires (que tu ne partages pas) s'expriment (malgré toi) sur le champ politique. Ca en effet, ça ne se décrète pas.
Et c'est donc en ce sens qu'il faut comprendre la fin de mon propos :
"Il FAUDRAIT effectivement que personne ne vienne "polluer" le débat politique avec des différences identitaires... mais certains les brandissent, QU'ON LE VEUILLE OU NON, et le FN est à ma connaissance le seul parti en France à être construit sur des revendications identitaires. "
Rédigé par : Boréale | 06 septembre 2007 à 23:56
Je ne réponds que sur le second point. Le FN je m'en fous un peu. Je n'ai d'ailleurs pas réagis la dessus sur l'existence d'une crispation identitaire des français de souche, que je ne sens pas du tout. Au contraire, je trouve même que la france est totalement dépourvues d'anticorps face à toutes les influences extérieures.
Sur le second point tu soulèves quelque chose de très intéressant. Si on prend l'exemple des homosexuel le discours est le suivant.
Je suis homo. Je veux me marrier. Si tu me refuses le droit de me marrier, c'est que tu nies mon identité d'homo et donc que tu es homophobe.
C'est le terrorisme intellectuel dont je parlais dans l'article.
Que faire ?
Accepter de se faire accuser d'homophobe ? Céder aux pressions et leur donner le mariage après avoir fait le pacs ?
Moi je dis simplement, non je ne rentre pas dans ce petit jeu là. Ce n'est pas parceque tu es homo qu'on doit accepter toutes tes revendications. Je n'ai pas à te prouver que tu as le droit d'être ce que tu es en acceptant ta demande. Sous ta couette tu es un homo; dans la vie de la cité tu es un citoyen comme tout le monde, et en tant que citoyen tu as parfaitement le droit de te marier.
Je me fais donc traiter d'homophobe mais je m'en fous. Comme je me foutais d'être traité de macho quand j'étais contre la parité.
Rédigé par : Malakine | 07 septembre 2007 à 00:18
Malakine, ton message me plaît beaucoup :-))) !
D'abord, parce que tu te dis contre le mariage homo et contre la parité. A priori, je suis favorable aux deux ! :-))
(rien à faire, y a que la controverse qui m'intéresse...)
Ensuite, alors que je lisais la fin de ton message le sourire aux lèvres, quelle ne fut pas ma surprise ! Tu m'apportais sur un plateau - et à ton insu - la réponse la plus pure et la mieux ciselée ! :-))
Attends, je fais une pause, je vais rigoler !! :-)) !!
Parce que - ai-je bien compris ? - tu écris :
"Ce n'est pas parceque tu es homo qu'on doit accepter toutes tes revendications. Je n'ai pas à te prouver que tu as le droit d'être ce que tu es en acceptant ta demande. Sous ta couette tu es un homo; dans la vie de la cité tu es un citoyen comme tout le monde, et en tant que citoyen tu as parfaitement le droit de te marier. "
Et oui en effet, tu ne pouvais pas mieux dire ! :-)
dans la vie de la cité tu es un citoyen comme tout le monde, et en tant que citoyen tu as parfaitement le droit de te marier.
Voilà, tout est dit. Ce qui se passe sous la couette ne devrait pas faire de l'homo un citoyen différent. Il devrait donc avoir le droit de se marier. Avec qui il veut.
:-)
Rédigé par : Boréale | 07 septembre 2007 à 02:08
Quel rôle la majorité joue-t-elle dans le développement du communautarisme au sein des groupes minoritaires ?
Comment des groupes minoritaires peuvent-ils s'organiser au sein de la République pour obtenir de la majorité la satisfaction de revendications spécifiques qu'on leur refuse abusivement (cessation des discriminations légales, pour les homosexuels, par exemple ; apprentissage des langues régionales à l'école publique, etc.) sans être taxés illico de communautarisme comme si c'était quasiment une insulte ?
En quoi l'appartenance à la République serait-elle incompatible avec l'appartenance simultanée à d'autres communautés, linguistiques, nationales, régionales, religieuses et philosophiques, d'orientation sexuelle, etc. ?
Le communautarisme recèle certainement des dangers, mais je n'oublie pas non plus que la République à longtemps interdit dans les cours d'école de "parler breton et cracher par terre", et qu'il a fallu attendre les années 1980 pour qu'elle cesse de discriminer les homosexuels dans la Loi. Je me souviens fort bien de cela, et que c'est bel et bien une forme de communautarisme militant qui permet aux minorités de faire valoir des droits et un respect que la majorité ne leur reconnait pas "spontanément" ;-)
Bref, ne pas faire de "communautarisme" un mot fourre-tout utilisé sans discernement comme arme de combat politique, un nouveau cheval de bataille. Il ya des gens qui rsiquent d'en faire les frais...
Rédigé par : tardif | 07 septembre 2007 à 15:34
les commentaires sont réapparus, typepad bugue souvent!
Conversation intéressante au déjeuner avec un jeune lycéen que je vais soutenir un peu scolairement. Son discours:
"C'est pas parce que je suis arabe que j'ai besoin d'aide, c'est parce que je fréquente un lycée de merde dans un quartier de merde, que je maitrise mal le français, que je cohabite avec deux petits frères dans ma chambre et que ce n'est pas facile de travailler comme ça"
"Le bon sens près de chez vous". Ca fait plaisir!
Rédigé par : Benjamin | 07 septembre 2007 à 16:39
Boréale,
Dans la vie, les mots ont un sens, c'est pour cela que la sémantique existe !
J'ai gagné 50% de bonus (auto) grâce au bon usage de la grammaire:
Je venais de finir de me garer derrière un poids lourd qui ne m'avait pas vu me garer, quand il s'est mis a reculer (et m'a percuté).
Dans le constat amiable le chauffeur routier voulait écrire "La voiture se garait derrière moi" j'ai exigé qu'il écrire "la voiture s'était garée derrière moi" pour accepter de signer.
Il a eu 100% des torts. Avec le verbe à l'imparfait, j’aurais eu 50% des torts à ma charge, comme voulait me le faire payer mon assurance au départ, (avant que je ne souligne que le «plus que parfait» indiquait une action terminée).
Dans la phrase "dans la vie de la cité tu es un citoyen comme tout le monde, et en tant que citoyen tu as parfaitement le droit de te marier."
Le mot "marier" n'indique pas le "mariage de deux odeurs, de deux styles ou de deux tempéraments".
Le mot "Mariage" en question invoque un acte officiel de la Nation qui unit (a l'instar du Mariage religieux), un homme et une femme voulant fonder un foyer.
Quand tu dis:
"Voilà, tout est dit. Ce qui se passe sous la couette ne devrait pas faire de l'homo un citoyen différent. Il devrait donc avoir le droit de se marier. Avec qui il veut. :-)", c'est le "Avec qui il veut" qui est en effet comique...
"Avec qui il veut" peut en effet indiquer son "ami", mais aussi sa mère, sa soeur, son grand fils, sa fille et plus si affinité !
Ceci dit mon neveu vit le grand amour avec son copain, je suis ravi de les voir venir passer des vacances à la maison, et je me fout complètement de savoir qu'ils se marieraient au cas ou une loi communautariste de plus était votée. Je ne suis pas contre le mariage homosexuel, mais simplement contre une loi de plus.
Pourquoi pas non plus l'autorisation de faire des "mariages à trois", ça existe bien, non trois personnes qui s'aiment d'amour ?
Pourquoi pas, non plus une communauté "des hommes amateurs de nymphettes", avec comme leader Gabriel Matzneff, pour demander l'abaissement de l'age de la majorité à 15 ans ???
Les intérêts particuliers et égoïstes commencent singulièrement à me les briser menu !!!
On pourrait peut-être parler de choses plus "républicaines" que les revendication sexuelles des uns et des autres, ou bien ?
Rédigé par : Ozenfant | 07 septembre 2007 à 20:10
Si dieu le veut, mon frère, si dieu le veut !
Rédigé par : Ozenfant | 07 septembre 2007 à 20:16
Je me disais bien qu'il y avait anguille sous roche !! :-)
Mais franchement, "marier" pour moi n'implique pas forcément masculin et féminin.
(Je dois dire que mon avis sur la question est sans doute lié à l'une de mes cousines qui vit depuis 15 ans avec sa copine, et qui ont 3 enfants en pleine forme - C'est en Hollande que ça se passe...)
Mais bien d'accord avec toi, c'était pas vraiment le sujet.
Je rejoins tout à fait Tardif, qui écrit :
"Comment des groupes minoritaires peuvent-ils s'organiser au sein de la République pour obtenir de la majorité la satisfaction de revendications spécifiques qu'on leur refuse abusivement (cessation des discriminations légales, pour les homosexuels, par exemple ; apprentissage des langues régionales à l'école publique, etc.) sans être taxés illico de communautarisme comme si c'était quasiment une insulte ?"
Eviter l'amalgame, c'est pas mal.
En fait, en partant d'une ligne médiane, correspondant au "niveau" de droits dont bénéficie un citoyen lambda, il faut distinguer :
- Les revendications à ces droits-là, à bénéficier de ces droits "comme tout le monde"
- Les revendications à des droits "supérieurs", PARTICULIERS, liés à une histoire supposée, ou autre.
Personnellement, je reconnais les premières et je refuse les autres.
- Les premières correspondent à des discriminations avérées
- Les secondes correspondent à des discriminations fantasmatiques.
Les premières me paraissent justes, les secondes m'horripilent.
Rédigé par : Boréale | 08 septembre 2007 à 00:36
J'ajoute que cette distinction me parait ESSENTIELLE pour lutter contre le communautarisme.
C'est en travaillant les définitions, en faisant une claire DISTINCTION entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, que l'Etat peut se faire entendre et calmer les revendications tous azimuts.
Etablir une ligne frontière, l'expliquer la revendiquer clairement, et dire et faire : "je lutte pour empêcher les discriminations avérés, mais je ne veux pas entendre parler des autres."
L'absence de distinction permet à des gens qui voient des discriminations partout de tout mélanger. Et de souffrir de leur discrimination supposée sans s'apercevoir qu'ils la fantasment.
Bref, l'absence de distinction permet à l'illégitime de se croire légitime.
Rédigé par : Boréale | 08 septembre 2007 à 01:00
Bien d'accord Boréale, sauf que je ne vois toujours pas de différence entre la revendication actuelle du mariage Homo, avec la revendication de demain pour le mariage des "ménages à trois".
Je répète: "Le cul" c'est privé ! Les Chinois de Paris s'en sortent très bien sans avoir à mettre en avant leur "communauté".
Leur communauté existe et ils se débrouillent sans se sentir obligé d'organiser des "Chinese parade".
Vraiment Boréale, "l'état doit tout à tout le monde, et surtout à ceux qui croient ne rien devoir à l'état" n'est vraiment qu'une version laïque de "Inch Allah".
Et puis j'en ai vraiment ma claque des partis pris corporatistes.
Quand j'étais restaurateur, mes collègues demandaient à l'état de descendre la TVA à 5,5% pour les restaurateurs.
Avec des raisonnements corporatistes comme ça, on détruit un pays, c'est ce qui est entrain d'être fait.
L'intérêt des restaurateurs n'est pas celui du Pays, c'est pourquoi, contre mon propre intérêt j'ai toujours demandé que ce soit les Fast Food qui passent à 19,6% et non l'inverse.
Sortez des raisonnements partisans, Boudiou ! Ça commence vraiment à craindre... entre gens de bonne compagnie on doit essayer de sortir de l'intérêt personnel, NON ?
Sinon, si chacun ne défend QUE son bout de gras, où est l'intérêt de la discussion ?
Rédigé par : Ozenfant | 08 septembre 2007 à 12:24
@ Ozenfant :
Je ne comprends pas bien. Est-ce que j'ai écris quelque chose qui va en sens inverse de ce que tu écris ? En tout cas, je n'ai pas de désaccord profond.
"Le cul c'est privé", oui, et c'est pour ça que je ne comprend pas qu'il y ait des dispositions légales particulières, et que le mariage soit forcément entendu comme alliant masculin et féminin.
De là à être fana de la techno parade, il y a un pas.
Personnellement je me fous de la techno-parade.
Mais comme tu l'écris, il faudrait que ce soit un mouvement général, ou plutôt une orientation générale, qui amène chacun à penser "intérêt général" plutôt qu'"intérêts particuliers".
Rédigé par : Boréale | 09 septembre 2007 à 00:20
Site du Comité de Vigilance face aux usages publics de l'Histoire :
http://cvuh.free.fr/
...et notamment un article un peu hors sujet ici mais qui montre que l'histoire n'est pas seulement instrumentalisée par des communautés, mais aussi par notre président, vous savez, celui qui nous parle tant du refus de la repentance :
http://cvuh.free.fr/spip.php?article82
Rédigé par : Boréale | 09 septembre 2007 à 18:55
Boréale,
Toutes mes excuses, oui! nous sommes d'accord !
Rédigé par : Ozenfant | 11 septembre 2007 à 09:49
Il n'en reste pas moins que la dénonciation des communautarismes, si convenue aujourd'hui que ça en devient une vulgate qu'il devient bien difficile de mettre en débat, camoufle bien souvent une forme d'aspiration à la dictature de la majorité contre les minorités.
Le phénomène est historiquement banal. Ça se produit quand la majorité est malade, qu'elle a perdu sa confiance en elle-même et croit qu'elle va la recouvrer en stigmatisant des groupes minoritaires accusés d'être la cause de maux dont elle refuse de voir l'origine en elle-même. Ça s'appelle tout simplement désigner des boucs-émissaires.
La bonne marche de la démocratie n'est certainement pas de nier l'existence de groupes minoritaires dans la société, et de refuser d'accèder à leurs demandes de droits spécifiques, importants pour eux, même si la majorité n'en voit pas l'intérêt.
Des homos veulent se marier ? Bon exemple. Mais qu'est ce que les hétéros peuvent bien en avoir à foutre ? Qu'on les laisse se marier si ça leur chante. Ça ne prive personne de la jouissance d'aucun de ses propres droits ! Ceux que ça dérange ne sont pas obligés d'assister à la noce, que diable ! D'ailleurs je crois qu'ils ne sont pas conviés ;-)
Il me semble que la liberté consiste à pouvoir faire exactement tout ce que l'on veut, du moment que ça ne nuit pas à autrui. Je ne vois toujours pas où il serait démontré que cette revendication minoritaire menace en quoique ce soit la majorité. Je ne vois donc aucune bonne raison qui justifie qu'elle s'y oppose. J'en vois en revanche une foule de mauvaises, qui relèvent de convictions religieuses et morales intimes, qui n'ont pas à intervenir dans un espace public de débat politique dont j'espère qu'il est toujours... laïc !
Bref, la démocratie, ça n'est pas la dictature de la majorité. C'est le respect des minorités et la protection des droits de l'opposition.
Rédigé par : tardif | 11 septembre 2007 à 16:25
Le communautarisme a commencé avec des associations du type:
union des chrétiens de gauche ou de droite, union des étudiants juifs,union des musulmans de france et j'en passe...
On se définit d'abord par sa différence et là est le problème.
Malheureusement ceux-là même qui crient au communautarisme sont les premiers à le pratiquer...
Rédigé par : ferial | 11 septembre 2007 à 17:33
@ Malakine
Merci pour cet article, je cours acheter le bouquin !
Il pointe une des contradictions majeures sur laquelle la gauche bute depuis des années et dans laquelle Sarko 1er s'est engouffré.
Et merci pour l'image "la République ou la mort" !
Je viens moins souvent sur Horizons mais toujours avec le même plaisir !
@ Ozenfant
J'avoue que je trouve "B&B" (j'ai fait 3-4 tentatives), moins agréable à lire que Horizons ou Poliblog & Toreador et faute de temps disponible je ne peux comme toi être un habitué exhaustif de la blogosphère politique (tu es partout ! comment fais tu ?).
Mais j'ai toujours plaisir à te lire et serai toujours fidèle à notre complicité des présidentielles !
@ yann
Vous êtes toujours celui qui est le plus à même de m'influencer... Mais j'avoue que Soral me rebute plus qu'il ne m'interroge : c'est peut être simpliste, mais le FN est pour moi infréquentable, et au delà de mon seuil de tolérance.
Soral / Le Pen, c'est Guaino / Sarkozy en un peu plus pire : l'intelligence sans scrupule qui n'hésite pas à servir des causes opposées à ses idées - mais ces idées ne sont souvent que le faire-valoir d'un ego surdimensionné ainsi que le vecteur bien compris d'une réussite matérielle inaccessible aux 9/10e de la population.
Enfin même si je partage vos idées et analyses, qui ne sont donc pas celles de "l'extrême gauche" (qui pour moi n'a rien d'extrême), je préfèrerai toujours voter Besancenot que pour un oui-ouiste. Ma seule exception fut Bayrou au 1er tour des prez, uniquement dans l'espoir d'éviter le nabot (vote "utile"?), mais les bonnes consciences de gauche ont préféré perdre avec Royal que battre Sarko avec le béarnais.
Bon j'ai du donner dans les bavardages, pardon Malakine, mais sinon rien à rajouter à votre excellent article.
Bonne soirée à tous et vive la République !
Rédigé par : aiolive | 17 septembre 2007 à 20:40