Pour qui voter ? C'est la question principale que bon nombre de français se posent en ce moment, jamais une élection n'a eu autant d'indécis. La faute en revient probablement aux médias et aux partis principaux qui ne désirent en aucune manière parler des sujets qui fachent à savoir l'europe et le libre-échange, sujets ou l'UDF, l'UMP et le PS sont en essentiellement en accord.
Comment peut-on prétendre parler ou faire une politique économique sans au préalable parler de l'UE et de la mondialisation, voilà la question que chaque citoyen devrait, à mon avis, se poser avant de déposer son si précieux bulletin dans l'urne.
Nicolas Sarkosy et Ségolène Royal ont multiplié les propositions économiques toutes plus volontaristes les unes que les autres en omettant systématiquement le fait que ces politiques étaient en contradiction avec les accords européens. La France n'est à l'heure actuelle plus libre de ses choix économiques. Elle est obligée de pratiquer la libre circulation des marchandises et des capitaux. Elle ne peut donc pas augmenter les salaires et sa demande intérieure, sous peine de voir sa balance commerciale se dégrader sans pouvoir équilibrer par une politique de dévaluation monétaire ou par des barrières douanières. Ce phénomène entrainerait inéluctablement l'accélération de la désindustrialisation du pays. Nul besoin d'être un fin économiste pour le comprendre.
Du coup, des trois grands candidats (ce que les sondages d'opinion désignent comme tel) seul Bayrou à une position cohérente avec les contraintes extèrieures que les ultra-libéraux français ont imposés à notre pays. En effet ce dernier prone la non-action, le laissez-faire comme Keynes aimait à appeler le libéralisme de son époque, ne s'occuper que de la dette publique et laisser crever les chomeurs qui, de toute manière, ne servent à rien, comme tout bon libéral le sait. Faire de la France une simple province du Bas-empire européen est la seule ambition de Bayrou et c'est une position en continuation directe avec la tradition centriste. Barre est le papa de l'euro. Giscard celui de la constitution européenne. Les centristes sont des fédéralistes européens. C'est une position défendable mais ce n'est pas la mienne.
Une autre solution existe que celle du laissez-faire ou plutot du laissez-aller, c'est celle qui consiste à briser les contraintes extérieures. Vous me direz mais vous êtes fou, nul ne peut briser ces contraintes extérieures puisqu'elles sont le fruit de l'ordre « naturel » des choses, car comme le disait l'un des défenseurs du libéralisme français, Alain Minc (1) la mondialisation c'est comme la loi dela gravitation universelle nul ne peut s'y soustraire.
S'il est vrai que nul pays ne peut se soustraire à la gravité (du moins jusqu'à preuve du contraire je prend mes précautions on ne sait jamais), il est totalement absurde de comparer une loi scientifique avec une ordre qui découle de choix politiques. Parce que la mondialisation est un choix politique comme la construction européenne. La volonté de naturaliser un ordre social n'est pas neuve puisque le père du libéralisme moderne. Adam Smith était lui même un adepte de la naturalisation des rapports sociaux, cela vient de l'engoument pour les sciences classiques, dont le succès fascinait les premiers économistes, qui au lieu de développer leurs propres méthodologies pour analyser leurs problèmes, ont emprunter aux sciences naturelles leurs techniques (d'ou l'obsession constante pour les mathématiques)(2).
Cacher le rapport social derrière un pseudo langage scientifique est une bonne manière d'assurer la reproduction et la continuation d'un ordre social. Pas de débat démocratique, puisque les choix sont le fait de la nature et non des hommes. Il y a là une formidable contradiction avec le libéralisme politique dont l'un des défenseurs était Jean Jacques Rousseau. Ce dernier nous apprend qu'en fait l'homme sauvage qui vivait seul dans la nature était libre des autres hommes, mais prisonnier des caprices de mère nature. A l'inverse, l'homme civilisé se retrouve libéré des contraintes naturelles mais contraint par la société et la loi des hommes. La différence entre les deux situation c'est que l'homme civilisé peut modifier par la « Polique », les lois et les contraintes collectives qui s'appliquent sur sa personne et sur ses proches. En fait, pour Rousseau, la seule liberté véritable que nous ayons est celle de faire de la politique et de choisir nos contraintes collectives. Et voilà que les ultra-libéraux veulent nous enlever notre seule liberté en naturalisant la politique économique !
L'europe et la mondialisation sont des choix poliques ce qui veut dire que nous pouvons collectivement faire d'autres choix. C'est pour cela que personnellement je voulais voter pour Monsieur Nicolas Dupont Aignan, car il défendait une certaine idée de la politique, c'est pour cela que je suis Gaulliste parce que je défend le droit des peuples à disposer d'eux même. Nier le droit des peuples, c'est nier la démocratie et l'Europe est une machine technocratique qui permet à nos hommes politiques de ne pas faire ce que désire leur peuple.
Puisque mon candidat favori n'a pu se présenter, il m'a fallu faire un choix parmi les rescapés du suffrage censitaire version moderne. Schivardi, qui met au centre de sa politique, la sortie de l'EU me paraît être le choix le plus approprié, d'autant que c'est un homme de gauche qui défend la Nation ce qui se fait de plus en plus rare.
L'extrème gauche et son anti-nationnisme ne mérite même pas que je m'attarde sur elle, les réactions pitoyable de Besancenot ou Bové qui defendent les nations et les identités des pays du tiers-monde mais qui voient dans le drapeau français une sorte de croix gammée devrait rebuter quiconque connait un peu l'histoire de notre pays et celle des vrais révolutionnaires de 1789.
A droite, la domination du néolibéralisme est total. Même le FN, qui se dit anti-libéral au sens économique du terme, promeut, certes, la fin du libre-échange, mais propose dans le même temps une réforme fiscale complètement inégalitaire et favorable aux rentiers. De Villiers qui court aprés le FN n'a rien à envier à ce dernier avec des conceptions économiques des plus archaiques et une obsession inquiétante sur l'islam.
Bref, le dernier choix, s'il en ait un puisque je ne puis choisir le candidat qui a vraiment ma préférence, c'est monsieur Schivardi qui propose la sortie de l'UE, et la nationalisation des banques, ce qu'avait fait De Gaulle aprés la guerre pour faire une véritable politique industrielle. Maitriser le crédit et l'investissement est une bonne façon de bien maitriser le processus de croissance.
Pour conclure sur ce soutien à Shivardi, sachez que madame Royal, si elle souhaite vraiment changer le PS dans le bon sens, devra avoir face à elle une gauche républicaine que Chevenement aura, à mon avis, du mal à défendre de l'intérieur.
Ces élections truquées ne doivent pas nous faire oublier le combat à plus long terme qui consiste à renverser les idées préconçues et le régime dominant. Dans ce combat, les Gaullistes de droite et les Républicains de gauche, doivent se rassembler pour fonder une véritable alternative. Peut-être que Schivardi, Dupont Aignan, et Chevènement devraient penser à travailler ensemble pour que demain la France puisse avoir enfin une véritable élection démocratique et puisse se libérer de ses propres démons.
Yann
(1) Alain Minc « La mondialisation heureuse » à lire pour rigoler un peu
(2) Bernard Maris « L'antimanuel d'économie » les fourmis, il parle à un moment donner descomplexes des économistes face aux physiciens qui eux ont une véritable science, cecomplexe va pousser les économistes à imiter la rhétorique mathématique des physiciens etnon l'esprit scientifique à savoir la démonstration par les faits.
Nous avons Dupont Aignan en commun, sa conception de la mondialisation et d'un protectionisme modéré.
C'est toujours mieux que rien.
Et je vous répèterais ce que j'ai dit à Franc-Tireur:
Il est bien brave ce Schivardi et surtout il à un porte parole très compétent et bien documenté sur les tares de l'Europe.
Mais ne pas voter contre Sarkozy, ma paraît trop lourd de conséquences pour le futur, les Français sot de tels veaux (De Gaulle) que si Sarkozy se proclamait Président à vie (je ne crois pas que cela arrivera): personne ne moufterait et après la fermeture de Marianne on aurait.........
La Russie de Poutine
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 14:41
@Gilbert Sorbier
N'oubliez les législative, même si Sarko est élu je ne pense pas qu'il aura la majorité parlementaire. Peut-être que les français vont faire une blague à Sarko, je ne sais pas du genre Sarko président avec un socialiste comme premier ministre. Remarquez le coeur de Sarko ne pourrait peut-être pas y survivre.
Rédigé par : yann | 17 avril 2007 à 15:34
Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un invoque le grand Jean Jacques pour justifier son vote ! C'est un vrai plaisir ...
Rédigé par : Malakine | 17 avril 2007 à 15:54
@Yann
Pour les législatives, on va se régaler, personne n'aura de Majorité, alors pour les futures alliances, on va bien rigoler !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 17 avril 2007 à 16:50
Bonjour Yann
Je n'avais pas encore lu votre article, c'est chose faite, et je le trouve remarquable : merci pour ce point de vue cohérent et argumenté, j'avoue qu'une alliance Saint-Aignan -Chevènement - Schiviardi est une idée séduisante, à laquelle je n'aurais pas pensé. Décidemment l'axe droite gauche ne veut plus rien dire...
Bien que d'accord avec vous sur la plupart de vos points je resterai pour dimanche sur mon vote utile (que je ne rappelle pas pour ne pas offenser Chav), mais votre article est le premier qui a ébranlé mes convictions!
Merci pour cela.
Rédigé par : aiolive | 21 avril 2007 à 14:40