Pendant que les 27 chefs d’Etat de l’Union européenne célébraient à Berlin, le cinquantième anniversaire du traité de Rome en adoptant une déclaration commune en qui sonne comme un acte de décès du projet européen, le débat politique en France s’est brutalement resserré autour de l’identité nationale jusqu’à célébrer la marseillaise et le drapeau tricolore. Ces deux évènements frappent par leur cohérence et leur complémentarité.
La France et l’Europe sont atteintes du même mal. Elles sont minées par la même crise d’identité et la même absence de projet. L’image que leur renvoie le miroir des crises qu’elles traversent, nourrit en elles, les mêmes interrogations et les mêmes inquiétudes. L’Europe craint pour son unité en voyant ressurgir les patriotismes nationaux, quand la France craint pour sa cohésion lorsqu’elle voit l’émergence des communautarismes et constate son incapacité à se doter d’un projet collectif.
La France et l’Europe sentent qu’elles doivent redéfinir leur vivre ensemble pour pouvoir de nouveau regarder l’avenir. Les crises se nourrissent l’une de l’autre et les réponses feront de même. Avant de pouvoir proposer un débouché politique à son non et contribuer à refonder l’Europe, la France doit déjà se retrouver en elle-même en tant que Nation.
A l’origine le projet européen visait à réconcilier des nations qui s’étaient entredéchirées pendant des siècles et à unifier la partie occidentale du continent, pris en étau entre le grand frère américain et la menace soviétique. Ce projet européen a commencé à devenir caduc en 1989 avec la disparition de tout totalitarisme sur le continent. En ouvrant ses portes aux anciens pays du bloc de l’est, et même à certaines anciennes républiques de l’URSS, elle a considérablement perdu en unité et en cohérence. A force d’élargissement, l’Europe est devenue une super ONU, une super OMC, un concentré de mondialisation à peine plus civilisée.
Aujourd’hui le défi pour le continent européen est précisément de savoir trouver sa place dans cette économie globalisée où n’a ni les atouts de la Chine en terme de capacité de production à faible coût, ni les avantages des Etats-Unis en terme de centralité financière et d’attractivité démographique. Elle s’accroche désespérément à son rêve de puissance, prétendant toujours devenir « l’économie de la connaissance la plus compétitive au monde » et aux outils qui ont fait son succès, mais plus rien ne fonctionne.
La diversité de ses cultures politiques l’empêche de se construire politiquement et diplomatiquement. Son marché unique protège de la globalisation aussi efficacement qu’une autoroute contre le trafic automobile. Les fonds structurels, qui ont été un fantastique levier de solidarité et de développement sont désormais asséchés par la concurrence interne que l’Union a érigée au rang de valeur suprême. Enfin, l’Euro, sa dernière grande oeuvre, s’est avéré être un échec cuisant qui se mesure à la progression de son déficit extérieur (172 Milliards en 2006), à sa croissance molle et à la désindustrialisation qui dévitalise ses économies.
La crise du projet européen, qui couvait depuis l’effondrement du bloc de l’est et l’émergence de la mondialisation, a éclaté avec le non au référendum de 2005.
Depuis, les dirigeants européens sont réduits à appeler à « préserver cette chance pour les générations futures » et à « asseoir l’union sur des bases communes rénovées pour 2009 », sans naturellement n’avoir aucune idée de ce qu’elles pourraient être. Le seul projet que pourrait se donner l’Europe serait de lutter contre la domination commerciale et la prédation industrielle de la Chine ainsi que contre l’impérialisme culturel et militaire américain. Mais on sait déjà que ce projet ne fera pas consensus. Même les plus fervents européistes admettent que le projet européen est épuisé et qu’aucun autre projet alternatif ne se dessine à court terme. Les candidats du oui, sont également touchés par ce désenchantement, condamnés aux formules creuses pour mieux évacuer la question européenne de leur discours.
Ce cinquantième anniversaire du traité de Rome a sonné un véritable enterrement du projet d’Europe fédérale que les fondateurs avaient voulu construire sur l’objectif d’intégration économique. Dans l’indifférence générale. Le débat national ne s’intéressait pas, ce week end, = à ce qui se passait à Berlin mais devisait sur l’identité nationale. Ce n’est pas un paradoxe. La France a en effet plus urgent que de participer à la reconstruction de l’Europe, elle doit se redéfinir elle-même et sortir de sa propre crise que l’épuisement du projet européen n’a fait que renforcer.
Le début de la crise française émerge probablement au milieu des années 80, quand le tournant de la rigueur commence à faire douter de la capacité des politiques à agir et à tenir leurs promesses. Dans le même temps, émerge le Front National. L’ascension de l’extrême droite a agit, à la fois, comme un révélateur et un accélérateur de la crise, puisque les politiques y ont vu une solution facile pour ne pas affronter quelques questions gênantes préférant se contenter de pousser des cris d’effroi face au retour de « la bête immonde ».
La crise s’est développée dans les profondeurs de l’âme française, du milieu des années 80, jusqu’en 2001 où elle éclaté en trois crises rapprochées : la jacquerie électorale du 21 avril 2002, le NON au référendum européen en mai 2005 et les émeutes urbaines de l'automne.
Depuis, les tabous comme les dogmes ont volés en éclats. Nul n’a plus peur de parler de maîtrise de l’immigration et de la nécessité d’assimiler les populations étrangères dans la nation française, de parler de montée de la violence et de la délinquance. Nul, sauf quelques rares chiens de garde, n’ose plus dire que les délocalisations ont un impact mineur sur les destructions d’emplois. Nul n’ose plus dire que l’Europe nous offrira un avenir riche de multiples promesses. Nul n’évoque plus le « droit à la différence » ne parle de « mondialisation heureuse » ou de « sentiment d’insécurité ». La crise de la nation est désormais acceptée dans tous ses aspects, même les plus gênants.
La France a cru pouvoir se trouver une nouvelle identité dans une Europe qu’elle voyait comme un prolongement d’elle-même, une Europe constituée de ses seuls voisins immédiats, une Europe-puissance dont elle pourrait attendre tout ce qu’elle attend traditionnellement de son Etat. Ce rêve s’est évanoui avec l’élargissement et le virage maastrichien. Débarrassée de cette illusion, elle se découvre nue, face à elle-même, sans projet, comme une Nation pénétrée de contradictions, traversée par des conflits latents qui ne demandent qu’à exploser, atomisée en soixante millions d’individus et presque autant de corporations, de communautés et d’intérêts divergents.
En tout domaine, la France est exposée au syndrome de la double contrainte. Elle a abandonné son modèle colbertiste pour s’adapter à la modernité européenne, mais est, depuis, écartelée entre un modèle anglo-saxon et un modèle rhénan tout deux également étrangers à sa culture. Elle en garde la nostalgie d’un Etat fort capable d’agir sur les êtres et sur les choses auquel elle refuse de renoncer. Les banlieues qui se plaignent d’être rejetée et rejettent la France avec la même force, veulent être traitées sur un pied d’égalité tout en affirmant leurs spécificités. Les élites veulent réformer le pays pour le mettre au diapason des « économies qui marchent » tout en s’entêtant à vouloir conserver pour elles tous les bénéfices du système. Les classes populaires dénoncent les patrons qui délocalisent mais se ruent avec une parfaite bonne conscience sur les produits asiatiques bon marché. La France accepte l’idée qu’elle ne peut plus accueillir toute la misère du monde, mais veut continuer à régulariser les sans papiers et traiter les clandestins avec humanité. Elle revendique toujours plus de prestations et d’aides sociales, tout en se plaignant d’impôts et de charges trop lourds et s’inquiétant de la dette qui s’accumule.
En ce début de siècle, la France se rend compte qu’elle n’a plus de projet et qu’elle ne peut pas compter sur sa classe politique pour lui en proposer un. Aucun de ses présidents potentiels n’a su jusqu’ici lui renvoyer une image dans laquelle elle voulait se reconnaître. Ni Sarkozy qui a voulu faire d’elle une petite Amérique où « tout est possible », ni Ségolène qui l’a décrite comme une addition de souffrances individuelles qu’il fallait consoler, ni Bayrou parce qu’il n’a aucune réponse à aucun problème.
Les candidats, eux même, s’aperçoivent qu’ils s’épuisent à vouloir parler aux français alors qu’il faut d’abord parler à la France, que leurs discours qui voulaient segmenter la population en fines tranches pour lui adresser autant de promesses bien ciblées en devenait inaudible, que le pays souffre d’un problème bien plus grave encore que l’addition de ses souffrances et de ses angoisses : la Nation a explosé.
Alors, même s’il est vrai que ce retour à l’identité nationale apparaît comme une formidable régression du débat démocratique, la reconstruction de la Nation est la base de tout. Sans Nation, il n’y a ni démocratie, ni chemin politique possible.
Oublions donc l’Europe quelques temps, ne pensons plus, ni aux souverainetés que nous lui avons abandonnées et aux contraintes que font peser nos partenaires européens sur notre liberté de peuple souverain, et reconstruisons un projet pour la France. Nous le proposerons ensuite en Europe. Le meilleur service que nous puissions rendre à l’Europe, c’est de rebâtir une Nation forte et réconciliée autour de ses valeurs. C’est le bien le premier des enjeux de l’élection présidentielle de 2007 et du prochain quinquennat.
" écartelée entre un modèle anglo-saxon et un modèle rhénan tout deux également étrangers à sa culture"
La droite essaye de copier le modèle Américain (Sarkozy surtout), et la gauche (plutôt une partie du PS) à pour modèle les pays Germaniques (Allemagne,Suède) adepte de la social-démocratie.
Les élites françaises sont dominées intellectuellement,
Ce qu'il faudrait c'est trouver un modèle adapté à la France, comme l'ont crée les élites d'après guerre.
Personnellement je pense que la crise (intellectuelle s'entend) frappe beaucoup les élites
que le peuple.
Les élites s'épuisent à proposer des solutions à ce peuple "qui ne comprend pas", " qui doit s'adapter", d'ou le drame du réferendum, et leur incompréhension face à vote des français.
Rédigé par : JLS | 27 mars 2007 à 13:52
Bravo pour ce texte Malakine, je me permet de mettre un texte que j'avais écris sur ce sujet dans un forum au moment du référendum, alors que le OUI était officiellement le futur gagnant, franchement je n'est pas changé d'opinion depuis:
L’histoire de l’union Européenne finira-t-elle dans un bain de sang ? (2005)
Car c’est ainsi que finissent toujours les constructions qui se font au détriment des peuples. La constitution Européenne si elle est votée, ce qui est probable au regard de la puissance de la propagande actuelle pour le oui, entérinera la gestion libérale et la conception libre-échangiste de l’UE.
Les 20% du haut de la société Européenne sont fondamentalement pour le libre-échange et pour cause il permet de réduire le coût du travail et accroît de façon exponentielle les revenus issus de la rente. Le vote pour le traité sur la constitution Européenne prend d’ailleurs en France une tournure de lutte des classes entre les 20% d’en haut et les 20% d’en bas qui se disputent les faveurs des 60% du milieu, qui semblent encore croire que le libre-échange n’est néfaste que pour les 20% d’en bas donnant ainsi l’avantage au 20% d’en haut.
Quoiqu’il en soit, que le oui l’emporte ou pas, la construction européenne restera libre-échangiste, je sais bien que certains sur ce site espère des changements politiques de la part de la classe dominante, mais ils se mettent à mon avis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Cela ne m’empêchera pas de voter non parce que je ne puis cautionner un texte antidémocratique et ultra-libéral. Mais admettons que le non l’emporte, cela n’aura aucun effet contraignant sur l’élite du continent, historiquement une idéologie ne peut disparaître que lorsqu’elle est mise à nue devant ses contradictions. Seule une crise économique majeure touchant la majorité du peuple et mettant en danger tout le continent pourra enclencher la mise en place d’une réflexion et des changements de politique.
Je vais rassurer les gens qui veulent changer l’Europe. Cette crise n’est pas pour dans très longtemps, d’ailleurs les ultra-libéraux sont de puissants alliés pour la déclencher. La crise du textile, l’effondrement de la protection sociale, l’explosion du nombre de Rmiste et du nombre de chômeurs, ne sont que les prémisses d’une crise qui fera passer celle de 1929 pour un détail de l’histoire.
C’est malheureusement sur une crise économique majeure qu'il faut compter si l’on veut que la politique en Europe change, peut-être devrions nous nous réjouir d’une éventuelle mise en place d’une présidence Sarkoziste, et d’une mise en place de la libéralisation totale des services. Laissons les ultra-libéraux faire ce qu’ils veulent, ils seront victimes de leurs propres politiques, car ce qui maintient la demande en Europe ce sont tout ces systèmes sociaux qui sont sans arrêts fustigés. L’Amérique tient grâce à son surendettement permit à court terme par le dollars et l’Europe grâce à son système social. L’effondrement du dollars et des systèmes sociaux Européens mettra fin à l’ère de la « fun » mondialisation. Une fois dans la panique les dirigeants d’Europe se tourneront naturellement vers ceux qui avaient prévu de longue date cette catastrophe, c’est ainsi que fonctionne l’histoire. Les changements ne s’obtiennent qu’au prix de souffrances inouïes non parce que ces souffrances sont physiquement nécessaires, mais parce que l’être humain est naturellement conservateur et qu’il préfère souvent ne pas voir les problèmes en face. Il se tourne vers l’idéologie qu’elle soit politique ou religieuse et attend qu’il soit trop tard pour agir.
L’UE est une de ces idéologies elle permet de ne pas affronter le problème du libre-échange, de s’en remettre toujours au vents de l’histoire en oubliant que ce sont les hommes qui font l’histoire et que tout ceci n’est pas le résultat d’une force mécanique, mais le résultat de choix politiques. Je ne donne pas dix ans à l’union européenne avant de disparaître. Les historiens du futur traiteront de cette construction et de ses effets comme la preuve irréfutable de la supériorité du système démocratique (qui ne peut s’exprimer que dans une nation), sur le système oligarchique ( qui s’accommode fort bien d’accords transnationaux).
L’expérience récente de la construction européenne nous montre également que le déclin du sentiment d’appartenance national conduit au déclin tout court, il en va de même pour la nation américaine qui ne pratique qu’un nationalisme de façade et se révèle être plus impuissante que l’Europe face au libre-échange. Les pays d’Asie eux montrent des passions nationales intenses, leur bonne forme économique et leurs pratiques fortement interventionnistes découlent naturellement de leur patriotisme. Ils savent se défendre collectivement lorsqu’ils sont menacés par des entreprises ou des états étrangers (ils vont par exemple concevoir un système d’exploitation concurrent de Windows et commun à tout les pays d’Asie est-ce que les Européens sont encore capables de ce genre de chose alors que nous sommes censé être unis ?
L’exemple d’Airbus date d’une période ou l’Europe ressemblait à cette Asie nationaliste pleine d’états entreprenants. La mort du patriotisme en Europe signifie également la mort de nos économies, la construction Européenne n’est qu’une espèce de fantasme, un totem auquel on fait des sacrifices humains par misère interposée. Il y a du chômage c’est qu’il faut libéraliser, il faut plus d’Europe, moins de charges, moins d’impôts… mais la crise s’aggrave ,les marchandises étrangères ravagent notre pays et on continue à faire l’incantation magique européenne tout en prenant bien soin de ne pas parler de protectionnisme.
Car qui dit protectionnisme dit nation, or l’élite européenne a horreur de la nation, elle s’est intellectuellement construite contre la nation, il n’y a cas voir monsieur Cohn-Bendit hier internationaliste de gauche , il est internationaliste de droite aujourd’hui, il n’y a pourtant aucun point commun entre la religion marxiste et la religion ultra-libérale, si ce n’est cette même haine de la nation en tant qu’organisation. Donc parler de protectionnisme est tabou même si c’est la seule solution.
L’élite préférera l’effondrement économique à la mise en pratique d’un protectionnisme modéré. Qu’il soit de droite ou de gauche l’homme bien pensant est forcement pro-européen et libre-échangiste, il ne peut envisager une nation qui agit collectivement dans son intérêt parce qu’il est profondément INDIVIDUALISTE et EGOCENTRIQUE. C’est pourquoi la construction européenne finira dans des conflits. L’action qu’elle mène n’est défini que par des intérêts particuliers qui nuisent gravement à l’intérêt collectif des nations qui en sont membres.
L’Europe fabrique par millions des miséreux et des révoltés. La génération 68 et les biens pensants sont encore majoritaires, mais le temps passe et les dégâts sont aujourd’hui perceptibles, par la baisse phénoménale des niveaux de vie des salariés notamment. Les salariés pauvres d’aujourd’hui ne seront pas les riches retraités de demain, sans parler des Rmistes et des chômeurs. Les contestataires seront de plus en plus nombreux.
Les ultra-libéraux qui auront ligoté la France dans les institutions européenne sont stupides de croire qu’un simple bout de papier peut maintenir un peuple contre son gré dans une institution contraire à son intérêt. Les Français et les autres quand ils en auront assez sortiront de cette construction stupide, par la force s’il le faut. Mais pour en arriver là il faut que l’esprit patriotique revienne dans les têtes, et c’est là que la crise économique va servir de moteur.
La destruction complète de nos industries par le libre-échange va provoquer l’explosion de l’UE car cette dernière n’agira pas dans son intérêt, elle le pourrait évidemment, mais elle n’en aura pas la volonté puisque ce qui permet l’existence de l’UE c’est la non conscience de l’existence de l’intérêt collectif. Or le protectionnisme exige un sentiment d’appartenance national, appartenance qui n’existe pas au niveau européen, si un tel sentiment réapparaît en Europe il sera d’essence national et conduira à la remise en question de l’UE. De sorte que ce qui permet l’UE est également ce qui permet l’existence de la mondialisation, l’Europe et la mondialisation ne sont que les deux faces d’une même pièce.
C’est d’ailleurs mesurable lorsque l’on regarde l’article III-314 concernant la politique commerciale de l’union, il dit que l’Europe promeut la suppression progressive de toutes les barrières douanières dans le monde, et dire que certain croit que l’Europe nous protège de la mondialisation !
Pour faire une politique protectionniste il faut d’abord retrouver un sentiment national, ceux qui défendent l’Europe en pensant pouvoir la changer sont à mon avis victimes d’illusions, mais je ne m’en fais pas les faits finirons par les convaincre d’abandonner l’union européenne. D’ailleurs le simple fait que le NON à la constitution soit devenu plausible dans la tête des gens démontre un changement de fond dans la perception de la construction européenne depuis Maastricht.
A l’époque un discours comme le mien aurait été catalogué dans la catégorie fasciste rétrograde. L’histoire n’est pas pressée, mais a l’avenir elle sera inéluctablement défavorable à la construction européenne, combien de temps avant la fin de l’Europe unie d’après vous?
Rédigé par : yann | 27 mars 2007 à 14:07
Horizons, le site où les commentaires sont plus longs que les articles ! :-)
Je dois être un idéaliste indécrotable parce que je persiste à croire au pouvoirs des idées et à leur capacité de changer le cours des choses. Je pense qu'on peur réorienter les politiques menées sans avoir besoin d'une crise économique.
Tu as bien suivi ma pensée. C'est en revenant dans un cadre national, qu'on pourra souhaiter le protectionnisme. Pour penser des protections collectives, il faut d'abord restaurer l'idée de collectif. Or, cette idée est contraire avec l'idéologie européenne. Il n'y a que le cadre national qui permettra de penser le protectionnisme, mais une fois que l'idée aura émergée, on devra la proposer en Europe, car c'est à cette échelle là qu'on pourra la mettre en oeuvre.
L'europe n'a d'ailleurs pas le choix. Elle doit protéger son grand marché pour survivre. Comme disait Emmanuel Todd à F culture "sans protectionnisme européen, l'euro n'est pas viable".
Rédigé par : Malakine | 27 mars 2007 à 14:44
Article et commentaire de Yann particulièrement captivants.
Avec a la fin une perspective mèlée d'espoir et d'inquiétude.
Ds l'ensemble les deux analyses sont proches, mais les deux perspectives sont peut être contradictoires.
J'ai communiqué à malakine une réflexion faite en 2004 avant le début de la campagne référendaire qui rejoint peu ou prou vos réflexion.
Il y a cependant des points qui restent en suspension.
Yann nous annonce que l'Europe telle qu'elle a été faite est morte.
Je pense moi qu'elle est blessée à mort, et il n'y a rien de plus dangereux qu'un fauve blessé, les sursauts de ce Léviathan pourraient si nous n'y prenons garde, nous retirer nos derniers espoirs.
Les USA sont eux aussi dans une perspective de fin annoncée. Tous, nous avons sans doute lu après l'empire d'E Todd, pour ma part ce livre fut une révélation confirmative (voilà que je refais du Ségolène, pardon), mais contrairement à l'URSS qui lors de sa disparition n'a pas utilisée sa puissance militaire, j'ai peur que les USA ne soient pas en situation d'avoir une telle retenue.
La "nation" du big mac et des obèses sur-armés représente une terrible menace sur les équilibres du monde de demain en construction et leur devenirs ; la déconnexion entre un complexe militaro- industriel de plus en plus décomplexé et affranchi des contraintes humaines (drones, robots, système informatique de surveillance généralisée du monde...) fait planer une menace de mort sur nous tous.
Je recommande une lecture qui pour moi n'a pas pris une ride: le Pentagonisme, ouvrage écrit ds les années 60 par J Bosch, ex président de la rep Dominicaine, renversé par les USA.
La connaissance que j'ai (contacts avec l'Am sud)des dirigeants politiques et économiques (pas le peuple) états uniens, de leurs pratiques et de leurs mépris vis à vis des autres quand leur intérêts sont en jeu m'ammène à craindre le pire.
Il y a, n'en doutez pas, tapis au fond des caves du pentagone et de la maison blanche des docteurs Folamour qui sont prêts à jouer avec nos vies et celles de nos enfants.
Si un choc trop brutal venait ébranler leurs édifices, ils risquent de presser les boutons, et ce n'est pas le singe à l'encéphalogramme plat que ce pays a mis à sa tête qui l'en empèchera bien au contraire, (vivement qu'il dégage).
Notre pays, notre continent, notre planète, marchent sur des oeux.
Prudence, prudence.
Rédigé par : chavinier | 27 mars 2007 à 15:20
Pardon
Marche sur des oeufs.
Qu"en apprendrais je à me relire?
Rédigé par : chavinier | 27 mars 2007 à 15:24
Moi qui pensait etre pessimiste vous me battez Chavinier. J'espère sincèrement que vous vous trompez, surtout lorsque je pense à l'un de mes amis qui vient d'avoir un magnifique bébé. Même si nous n'avons aucune raison d'être optimiste gardons la foi en la raison humaine. Quand je pense à tout ces gens pendant la guerre qui devaient comme nous penser que les carottes étaient cuites et qui finalement on vécu le redressement du pays.
L'amérique est dangereuse mais avant tout pour elle même et pour son peuple, l'échec en Irak invalide à mon avis les aventures potentielles ultérieures. Je vois mal les USA attaquer l'Iran si c'est à cette oeuf que vos propos se rapportes. La chine a la bombe du dollars c'est beaucoup plus puissant et rapide qu'une opération militaire, après tout combien de temps l'armé US pourrait tenir sans le dollars soutenue par les asiatiques et les européens. Pas de Dollars= pas de pétrole= pas d'armée . Nous sommes face a une équation insoluble nul ne peut prédire l'avenir souhaitons juste ne pas avoir à avaler des pastilles d'iode un de ces jours.
Rédigé par : yann | 27 mars 2007 à 15:56
Je ne pense à rien de particulier pour l'immédiat, mais à la perspective d'un éfondrement de la puissance US et ses conséquences.
Ceci étant je ne suis pas défaitiste ou pessimiste, je veux seulement soulever cette question.
Rédigé par : chavinier | 27 mars 2007 à 16:28
Je suis assez d'accord avec ce que disent ici Malakine et Yann, avec cette nuance que je ne suis pas une "élite" mais un manuel autodidacte et que, comme Emmanuel TODD, je pense que la pensée unique dispensée dans l'université française ne sert pas notre ouverture d'esprit.
D'ailleurs quand on parle en confiance avec des étranger, ils parlent tous de suite de la l'uniformité de pensée française.
Tout cela pour dire que je crois, comme Malakine, qu'il suffit de retirer le ou les grains de sables qui bloquent la machine EN FRANCE, tout en s'attaquant aux freins Européens.
Dans mon dernier post de l'avant dernier message de MALAKINE, j'ai indiqué les résultats de ce blocage.
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 27 mars 2007 à 18:07
@Gilbert Sorbier
C'est quoi une "élite", il n'y a pas de supérieur ou d'inférieur sur ce site juste des gens qui essais d'argumenter leurs idées. Vous parlez de la pensée dispensée dans les universités françaises, sachez qu'elle n'est pas si unique que celà. Et tout les diplômés ne sont pas forcement des adeptes de la pensée unique et heureusement. Emmanuelle Todd a tout de même fait science PO avant d'aller à Cambridge, celà ne l'empêche pas de défendre une certaine idée de la république et de l'intérêt général. D'ailleurs Gilbert vous trouverais de nombreux alliés dans les universités scientifiques et les écoles d'ingénieurs, les diplômés en sciences savent trés bien ce que coûte le libre-échange intégral en terme d'emploi. Un de mes collègues qui était avec moi en DEA d'électronique vient d'apprendre la délocalisation prochaine en Chine de son entreprise. Bon nombre de personne faisant des doctorats, travaillant durement sont envoyé de post-doc en post-doc sans jamais trouver d'emploi stable, on leur dit partez donc à l'étranger, au Canada notamment. Si les sur-diplomé ont des problèmes ils savent bien que c'est encore plus dure pour ceux qui sont moins avantagés par leurs bagages scolaires. Remarquez j'ai fait des études scientifiques et je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi pense les étudiants en économie ou dans les grandes écoles de commerce, là se trouve sans doute la pensez "uniforme" que vous critiquez à juste titre. Ne mettez pas tout les étudiants et diplomés dans le même panier, certain seront de précieuses aides quand il faudra renverser le système.
Rédigé par : yann | 27 mars 2007 à 19:03
D'autant que parler de "pensée unique" concernant l'université française peut avoir un fond de vérité..à condition de ne pas avoir étudié à l'étranger et plus spécialement dans les pays anglo-saxons ou les savoirs s'apparentent le plus souvent au "petit manuel de l'ultra-libéral".Quant on voit comme Sarkozy et ses acolytes peinent à inculquer ici le 10 éme de ce qui constitue la doxa économique majoritaire des anglo-saxons, parler de "pensée unique" ne parait pas si approprié...
Rédigé par : Chevillette | 27 mars 2007 à 19:30
Allez les grincheux
http://commentisfree.guardian.co.uk/denis_macshane/2007/03/happy_birthday_europe.html
Rédigé par : david-david | 27 mars 2007 à 21:24
@david david
J'ai été européen pendant longtemps. J'ai voté oui au TCE. Je suis même toujours européen puisque je suis un militant du protectionnisme européen ... mais je dois reconnaître qu'aujourd'hui, l'europe non seulement ne sert plus à rien mais est devenu nuisible.
Ca fait tellement longtemps qu'on nous a dit que l'Europe est notre avenir qu'on a du mal à l'admettre, mais il faut voir les choses en face. Quels sont ses résultats positifs ?? Les 50 arguments du député anglais font franchement marrer !
On refaira l'europe quand on aura retrouvé un projet commun, et ce n'est pas en poursuivant sur la lancée de l'europe Jacques Delors et de Pascal Lamy, par réflexe pavolvien ou par habitude, qu'on y arrivera.
Rédigé par : malakine | 27 mars 2007 à 22:09
Bravo pour votre texte, mais deux remarques (de détails )
1- vous écrivez (dans un de vos commentaires)
" Il n'y a que le cadre national qui permettra de penser le protectionnisme, mais une fois que l'idée aura émergée, on devra la proposer en Europe, car c'est à cette échelle là qu'on pourra la mettre en oeuvre"
Il me semble que vous soutenez l'idée que l'Europe serait le cadre idéal pour mettre en oeuvre un néo-protectionisme, et je vous suis entièrement.
Mais vous semblez également indiquer (et vous l'avez déjà écrit dans des billets précédents) que rien ne peut être fait, dès maintenant, dans le cadre national. Et pourtant, il me semble très important d'imaginer dès maintenant des mesures appropriées dans le cadre national, sinon, c'est remettre toute mesure concrète à l'accord hypothétique de l'Europe, autant dire ... jamais (comme l'Europe sociale de toute l'extrême gauche et du PS).
Prenez l'exemple du cinéma Français, du prix unique du livre: voilà deux exemples qui montrent que nous avons su imaginer des mesures à l'échelle nationale, qui se sont montrées efficaces. Et c'est justement parce qu'elle se sont montrées efficace que nous arrivons à convaincre nos partenaires européens de leur intérêt.
Un exemple de ce qu'il serait possible de faire pour lutter contre le dumping fiscal, écologique, social des pays européen et extra-européen: moduler la TVA des produits importés en l'augmentant en fonction de ces dumpings (pourquoi utiliser la TVA ? pour ne pas pénaliser nos entreprises qui doivent rester compétitives pour pouvoir exporter, la TVA étant déductible à l'exportation. Peut-être faudra-t-il appeler cela, non TVA, mais "taxes antidumping", tout en gardant le mécanisme de la TVA ).
2- vous écrivez " Les classes populaires dénoncent les patrons qui délocalisent mais se ruent avec une parfaite bonne conscience sur les produits asiatiques bon marché"
Tout à fait vrai, mais cela peut être mal interprété : les classes populaires, et tout le monde, agit rationnellement dans le cadre de ses contraintes. Quand on a peu (pas) d'argent, il est normal d'acheter au moins cher. Par contre c'est à l'état de fixer des règles qui rendent les produits étrangers moins avantageux, en luttant contre les dumping étrangers (voir le 1). Bien sûr, cela signifiera globalement un moindre pouvoir d'achat*, compensé par une diminution du chômage. Il faut savoir ce que l'on veut.
Cordialement.
* proposition qui est même discutable. Car le niveau de vie perçu, c'est ce que vous avez comparé aux autres. Un exemple: si toute les voitures a forte émission de CO2 (les voitures haut de gamme) étaient interdites, personne ne se sentirait "humilié", de rouler en Clio, 207 ...
Cordialement
Rédigé par : marc-sevres | 27 mars 2007 à 23:14
Si l'Europe est morte, le protectionnisme européen meurt-il avec elle ?
Vous êtes tous bien pessimistes, mais pour me rassurer je me dis que si l'hôte de ce blog avait fustigé les "déclinistes" gagnés par la "pensée unique" nous aurions probablement peu ou prou aquiescé !
Quant à Malakine, allez, forcez-vous, vous trouverez bien moultes résultats positifs à la construction européenne dont le moindre n'est pas d'avoir permis de dépasser nos conflits nationalistes.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 27 mars 2007 à 23:32
@marc
Tout à fait d'accord pour dire qu'il faut mettre en place des mesures protectionnistes sans attendre l'europe si on peut le faire. Mais quoi ?
La seule solution que je vois c'est la TVA sociale comme à fait l'allemagne, ce qui revient à une dévaluation en renchérissant les produits importés et en abaissant le coût du travail.
Pour le reste, je ne crois que l'europe nous autorise à jouer librement sur les taux de TVA des différents produits ou secteurs d'activité, si j'en juge à l'impossibilité à laquelle s'est confrontée le gouvernement de baisser la TVA sur la restauration, et le refus qui a été opposée par la commission à la proposition de Villepin de mettre en place une taxe carbone sur les produits importés des pays qui n'ont pas signé Kyoto. Ce serait contraire à l'OMC aurait dit la commission ...
Reste la solution des charges sociales. Philippe de Villiers a fait encore une proposition qui va plus loin que j'avais faite dans un précédent post. Il propose de retenir comme assiette la différence entre le chiffre d'affaire et la masse salariale. Je ne sais pas si c'est techniquement faisable mais ce serait bigrement efficace.
Je suis content que tu réagisse sur la bonne conscience avec laquelle les classes populaires achètent des produits étrangers. Cette incidente fait référence à une discussion que j'ai eu ce week end en famille au cours de laquelle je tentais d'expliquer le protectionnisme. Impossible ! Je me suis rendu compte qu'il y avait une telle défiance à l'égard du "patronat" dans les classes populaires qu'on pouvait voir dans le fait d'acheter étranger une forme de vengeance, sur le mode : puisque Peugeot se fournit en Asie, on n'a aucune raison d'acheter des Peugeot, on peut nous aussi acheter des voitures coréennes ... C'est là que j'ai compris qu'avant de parler protectionnisme, il fallait rebâtir une nation et notamment un sentiment de solidarité entre producteurs, salariés et consommateurs. Il ne faut pas perdre de vue que le libre échange et le droit pour chacun d'acheter au moindre coût est un produit dérivé de l'individualisme ...
@pmf
En effet. Il ne faut bien évidemment pas se retirer de l'europe. Juste, reconnaître qu'elle est arrivé au bout de son projet, qu'il n'est plus adapté à l'époque et qu'elle en a besoin d'un autre.
Si, je vois un élément positif au bilan de l'Europe. C'est les fonds européens. C'est une mécanique géniale pour générer des projets de développement, bien plus en tout cas que notre pratique traditionnelle d'arrosage de subventions en fonction de considérations politiciennes et clientélistes. La gestion des fonds européens par les a considérablement modernisé la culture des admininistrations locales et leur rigueur de gestion.
Quant aux cultures nationalistes, elles n'ont pas totalement disparues. Il n'y a qu'à voir l'attitude des gouvernements français et allemand pendant le plan social d'airbus, ou celle des français face à la perspective de fusion enel-gdf ... Mais bon... On ne se fera plus la guerre entre nous. C'est quelque chose d'acquis.
Il y a un domaine où j'ai toujours regretté que l'europe n'intervienne pas, c'est la culture. Je ne supporte pas l'idée que tous les pays européens ne consomment que des produits culturels nationaux ou américains et que les oeuvres européennes ne circulent pas sur le continent. Même cela, l'europe n'a pas su le faire ...
C'est pour relancer le débat. Alors ? Quels sont les autres points positifs du bilan de 50 ans de construction européenne ? ...
Rédigé par : malakine | 28 mars 2007 à 00:03
A quand un système d'exploitation Européen concurrent de Windows? Combien de milliard d'euro nos entreprises, nos administrations sur tout le continent versent-elles au plus grand monopole mondiale à savoir l'empire Microsoft. Et pourtant il y a déja des alternatives (linux), mais comme microsoft bénéficit d'une domination par convention (un peu comme le dollars) à savoir que comme 95% des ordinnateurs sont sous Windows, il est inutile pour un concepteur de logiciel de faire des versions linux. Une intervention de l'UE visant à fonder un OS gratuit qui équiperait toute les entreprises publiques et les administrations de l'europe permettrais de mettre un coup d'arret à ce monopole. En créant un marché suffisament large pour permettre la rentabilité d'adaptation pour le nouvel OS.
Je pense qu'il faut en finir avec l'europe des bouts de papier et faire l'europe par des projets concrets. On aurait du faire une europe de la science et de la culture plutôt que de faire l'europe par le commerce, le commerce ne rapproche pas les peuples, il les dresse les uns contre les autres. Chiche on supprime la commission européenne, et toutes ces institutions inutiles, bref on fait éclater l'actuelle UE et on refait une banque d'investissement européenne, un ministère européen de la recherche coordonnant à l'échelle du continent. On laisse aux états le soin de gérer au mieux leurs économies, tout en pronant des stratégies coopératives ,relance économique mutuelle, préférance communautaire, rapprochement industrielle, libre-circulation des savoir-faire. Mais controle des capitaux et des marchandises par les états, une seule règle de commerce au sein de l'UE: OBLIGATION D'EQUILIBRER LES BALANCE COMMERCIALES, une état qui a des excédents commerciaux croissant avec ses partenaire doit rééquilibrer sa balance de préférence en augmentant les importations des pays laisé par ses exportation. Si cette augmentation s'avère impossible alors le pays déficitaire se verra octroyer le droite de se protéger de la manière qu'il veut. C'est ce que Keynes voulait comme règle de commerce mondiale avec son fameux Bancor(monnaie mondiale hyppothétique). Il s'agissait de favoriser la demande et de punir les pays excédentaire dont les pratiques sont des stratégies dites non-coopératives voir même aggressive (ils exportent leurs chomage). Un bon texte qui fairait une bonne organisation de l'europe c'est "la Charte de la havanne" c'est un texte fondemantal à lire impérativement pour comprendre à qu'elle point l'humanité à régressé en 50 ans. Dans cette perspective il faut voir l'actuelle UE comme un brouillons, une ébauche ratée qui servira de leçon pour créer autre chose. Mais évidement pour tout celà il faut retrouver une croyance collective qui nous permettra d'agir.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane
Rédigé par : yann | 28 mars 2007 à 00:46
Alors qu’en cette période de commémoration « quinquagénaire » du traité de Rome, on voit bien que l’UE s’essouffle sans toutefois avoir renoncé à contre-attaquer via la rénovation des institutions – (sic) constitution européenne – d’ici 2009. On en appelle donc – avec une certaine raison – à « l’esprit de Rome », rappelant le principe originel de « préférence européenne » et au-delà d’un certain protectionnisme, s’il on considère le libre-échangisme intégral comme mal profond de l’UE.
Je cite ici un passage d’une étude (dont voici le lien : http://www.fondation-res-publica.org/OMC,-regulation-mondiale-des-echanges-et-preference-europeenne_a208.html) pour une « mise au point juridique ». Autrement dit, le ver était déjà dans le fruit en 1957. Réorienter l’Europe vers une voie d’équilibre entre libre-échangisme et protectionnisme se heurte donc, si ce n’est aux accords passés à l’OMC, aux traités fondamentaux – y compris Rome – de l’Union européenne :
« La notion de « préférence communautaire » ne figurait pas dans le traité instituant la Communauté économique européenne. Cette absence n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat de la négociation préalable du traité de Rome. En fait, le différend entre les six futurs Etats membres, surtout entre la France et l’Allemagne, portait sur la finalité même du traité. Les règles du GATT ne toléraient la dérogation aux principes de « non-discrimination » et de « traitement national » pour une intégration régionale seulement si cette dernière avait pour finalité la constitution d’une zone de libre-échange ou d’une union douanière. Le traité de Rome est ainsi un traité soigneusement ambiguë, conciliant la volonté française de créer par le biais d’une union douanière une Communauté européenne fondée sur la préférence accordée aux productions communautaires et les ambitions de l’Allemagne attachée au mouvement de libéralisation des échanges au niveau mondial, souhaitant maintenir les importations en provenance des pays tiers acheteurs de ses produits industriels. Ce différend originel apparaît de manière plus aiguë encore dans le domaine de l'agriculture ; l'agriculture faisait partie de l'équilibre global parce que la France en avait fait une condition expresse de la suppression des barrières aux échanges industriels. La notion de « préférence communautaire » ne figure pas davantage dans la partie agricole du traité que dans ses autres dispositions. Il a fallu ruser pour que la possibilité de mettre en place, dans les faits, une préférence communautaire ne soit pas écartée du traité, même si la notion ne pouvait y figurer tant elle faisait figure d’épouvantail aux yeux des partenaires de la France. Le terme de « préférence » fut remplacé par celui de « non-discrimination », à la connotation plus libérale. L’effet fut identique : il en résulta les dispositions de l’article 40 du traité de Rome selon lesquelles l’organisation commune des marchés agricoles « doit exclure toute discrimination entre producteurs ou consommateurs de la Communauté. Une politique éventuelle des prix doit être fondée sur des critères communs et sur des méthodes de calcul uniformes ». On découvre toutefois à l’article 44 du traité de Rome une notion proche de celle de « préférence communautaire ». La dernière phrase de l'alinéa 2 de cet article, dispose en effet que « les prix minima ne doivent pas être appliqués de manière à faire obstacle au développement d'une préférence naturelle entre les États membres ». Mais il faut bien garder à l'esprit qu'il ne s'agissait là que de régir une clause de sauvegarde valable pour la seule période de transition suivant l’entrée en vigueur du traité.
Si le traité ne mentionne pas la notion de « préférence communautaire », il rend possible le recours à deux instruments susceptibles de donner vie à cette notion : le tarif extérieur commun et la politique agricole commune. Leur mise en place s’effectue dans les années 1960, à l’issue d’un compromis entre l’Allemagne, qui ne veut pas compléter la politique agricole commune sans être assurée que la Communauté adoptera une position libérale pour les produits industriels dans les négociations du GATT, et la France, qui n’entend accepter des concessions tarifaires que si la politique agricole commune est mise en place. En décembre 1963, un accord aboutit ainsi tout à la fois à l'abaissement du tarif douanier commun pour les produits industriels (à négocier dans le cadre du cycle des négociations qui se déroulent à Genève) et l'adoption des règlements agricoles en instance.
La politique agricole commune repose alors sur trois principes fondamentaux : unité de marché, « préférence communautaire », solidarité financière. Le principe de la “préférence communautaire”, qui ne figure pas en tant que tel dans les textes, découle de la mise en place du prélèvement communautaire. Le prélèvement est en fait un droit de douane variable qui est calculé par différence entre le “prix de seuil” (de niveau élevé et fixe) et le prix d’entrée dans la Communauté des marchandises provenant de pays tiers (de niveau très inférieur et variable en fonction des cours mondiaux). Il permet de donner une “préférence communautaire” sous la forme d’un avantage en matière de prix aux produits de la Communauté par rapport aux importations en provenance de pays tiers.
La notion de « préférence communautaire », liée à la politique agricole commune, est alors tellement entrée dans les esprits que la Cour de justice la consacre explicitement : dans un arrêt du 13 mars 1968, elle indique que, en ce qui concerne les intérêts des agriculteurs et des consommateurs, le Conseil doit tenir compte, « le cas échéant, du principe dit de la “préférence communautaire” qui constitue un des principes du traité et a trouvé, en matière agricole, une expression à l’article 44, paragraphe 2. La Cour transforme ainsi un principe inscrit dans le traité dans le cadre d’un régime provisoire en un principe permanent.
Mais l’instauration réussie des instruments de la « préférence communautaire » amène les pays tiers, en particulier les Etats-Unis , à réagir dans le cadre des différents cycles de négociations du GATT ; on a ainsi le sentiment que chaque progrès intérieur dans la constitution de la Communauté doit être compensé par un avantage concédé par celle-ci sur le plan international. La négociation Dillon se conclut ainsi en juillet 1962 par des concessions tarifaires de la part de la Communauté de 6,5 % en moyenne. Le tarif douanier commun de la Communauté ne sera complètement mis en place qu'au 1er juillet 1968, c'est-à-dire après cette réduction. La négociation Kennedy, qui se déroule de mai 1964 à mai 1967, aboutit à un accord qui prévoit un abaissement réciproque de 35 à 40 % des droits sur les produits industriels qui sera échelonné de 1968 à 1972. Ainsi, au 1er janvier 1972, le tarif extérieur commun est ramené à 6,9 % en moyenne alors que celui des États-Unis se situe à 11,1 %, celui de la Grande-Bretagne à 11,6 % et celui du Japon à 10,1 %.
A cette époque, l’Europe devient un exportateur mondial de premier plan. Cet élément tend à concurrencer de fait le principe de « préférence européenne ». La Communauté se montre dès lors plus sensible à la pression internationale, en particulier dans les négociations du cycle d’Uruguay. L'accord signé le 15 avril 1994 à Marrakech met ainsi fin à « l'exception agricole » qui prévalait jusque-là : les produits agricoles sont désormais explicitement inclus dans le champ des produits dont les échanges doivent se conformer aux disciplines multilatérales. Parallèlement, les prélèvements variables à l'entrée sur le marché communautaire sont transformés en droits de douane fixes, dénommés “équivalents tarifaires”, qu'il est prévu de diminuer de 36 %.
Le débat entre la « préférence communautaire » et l'ouverture au marché mondial s'était donc ouvert dès la négociation du traité de Rome. Dans la Communauté à Six, la France parvenait, non sans mal, à faire prévaloir son attachement à la « préférence communautaire », mais, au fil des élargissements, les tendances favorables au libre-échange n'ont cessé de se renforcer. La succession des cycles de négociation a permis à ces dernières de l'emporter et de démanteler les outils d'une « préférence communautaire » qui, aux yeux des autres parties prenantes aux négociations du GATT, n'est toujours apparue que comme l'utilisation des outils traditionnels du protectionnisme.
La « préférence communautaire » n'est donc pas, juridiquement un principe fondateur de l'Union. La notion de « préférence communautaire » ne figurait pas dans le traité instituant la Communauté économique européenne. Le seul article faisant référence à une « préférence naturelle » entre les États membres, l'article 44-2 du même traité, a été abrogé par le traité d'Amsterdam. Le 10 mars 2005, la Cour de Justice des communautés européennes a rendu un arrêt dans lequel elle affirme clairement que la « préférence communautaire » est un principe qui n’a pas une valeur juridique mais une valeur politique. La Commission européenne et les Etats membres peuvent donc s’y référer dans la mesure où ils estiment que c’est un objectif politique, mais il n’est pas possible d’invoquer la préférence communautaire pour faire obstacle à la libéralisation des échanges. Notons toutefois que dans le domaine précis de la libre circulation des travailleurs, il existe une référence explicite à la « préférence communautaire ». Une résolution du Conseil du 20 juin 1994 indique que « les Etats membres prendront en compte les demandes d'accès sur leur territoire en vue d'emploi seulement quand l'offre d'emploi proposée dans un État membre ne peut pas être pourvue par la main-d'oeuvre nationale et communautaire ou par la main-d'oeuvre non communautaire qui réside d'une façon permanente et légale dans cet État membre et qui appartient déjà au marché régulier du travail dans cet Etat membre ».
La « préférence communautaire » n’est pas un principe juridique, mais elle est néanmoins une réalité politique et économique, caractérisée par l’existence d’un Tarif Extérieur Commun. Ce TEC varie suivant les produits auxquels il s’applique. Rappelons-le, celui-ci est aujourd’hui relativement bas.
[…]
L’importance des flux commerciaux intra-européens montre que la préférence européenne est une certaine réalité économique. L’Union européenne est néanmoins l’un des marchés les plus ouverts au monde. En termes réels, la « préférence communautaire » existe, mais elle est résiduelle. Y a-t-il donc dans le contexte actuel une possibilité de relance de la « préférence communautaire », étendue à plusieurs secteurs de production ? L’évolution libre-échangiste de la Communauté européenne a été le pendant du caractère non juridique de la notion. Un tel constat renvoie aux ambiguïtés même des fondations et de la finalité de la construction européenne. L’article 110 du traité de Rome et de Maastricht, devenu l’article 131 des traités d’Amsterdam et de Nice, indique qu’« en établissant une union douanière entre eux, les États membres entendent contribuer, conformément à l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières ». Non seulement la « préférence communautaire » n’a pas de base juridique, mais cet article va contre cette idée même. Son instauration nécessiterait une révision des traités fondateurs de l’Union.
[…]
L’outil tarifaire semble de fait inutilisable : la défense d’une “préférence communautaire” entendue comme un relèvement des droits de douane pour bloquer l’entrée de produits dans l’Union européenne irait à l’encontre des dispositions du traité définissant les objectifs de la politique commerciale commune, mais aussi à contre-courant des engagements pris par les Communautés européennes auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
[…]
L’un des problèmes majeurs du de l'Accord Général de l'OMC - et GATT avant lui - tient au fait que s’il reconnaît aux Etats la possibilité de se regrouper, autrement dit de former une union économique, cette reconnaissance ne peut répondre qu’à une seule finalité, libérer le commerce de ses entraves. Autrement dit, contrôler et orienter les flux commerciaux à des fins de plein-emploi ou de développement par exemple, que ce soit au niveau national ou à quelque autre niveau que ce soit, restera toujours indéfendable du strict point de vue du droit commercial ».
Rédigé par : cosme | 28 mars 2007 à 06:56
@ Malakine
merci de vos éclaircissements
vous écrivez " je ne crois pas que l'Europe nous autorise à jouer librement sur les taux de TVA des différents produits ou secteurs d'activité"
Vous avez raison (et le commentaire très intéressant de "Cosme" le montre amplement).
Aussi la question est pour moi clairement posée: si nous ne remettons pas en cause de nombreux aspects de l'UE, nous ne pourrons rien faire.
La question est : pouvons nous prendre de telles libertés ? quelles en seront les conséquences pratiques ?
Il me semble que de Gaulle avait joué la politique de la chaise vide pour refuser l'adhésion de la GB (il avait bien raison). Mme Thatcher avait aussi joué la "résistance" pour avoir son "chèque".
Il me semble que notre moyen de pression vis à vis de l'UE, c'est de jouer le blocage (beaucoup de décisions doivent encore être prises à l'unanimité), de refuser de payer, et d'envoyer notre armée quand ils enverront leurs huissiers (à quoi sert notre armée, si c e n'est de défendre nos intérêt vitaux ?)
"Cosme" doit mieux savoir ce que nous pouvons faire de plus astucieux.
Cordialement
Rédigé par : marc-sevres | 28 mars 2007 à 10:22
Vous attendez de l'Europe qu'elle règle un peu tout à votre place, en gros? Très sincèrement, je ne vois pas en quoi l'Europe serait "nuisible". Si l'UE ne s'était pas formée, je ne vois pas comment les Etats européens s'en seraient sortis face à la mondialisation et à l'émergence de l'ex bloc soviétique. C'est bien grâce aux fonds structurels que des pays comme le Portugal ou l'Irlande, qui étaient arriérés il y a encore 20 ans, ont maintenant un niveau de vie qui a rejoint les mieux placés. Sans parler de l'ex bloc, justement, qui commence à ressembler à quelque chose de démcratique et en ordre de marche.
Je veux bien que la France aille mal. Que veux-tu que je te dise? Réformez!
Bien sûr qu'il faut un projet, mais ce n'est pas en suspendant la construction européenne qu'il va se mettre en place, ce projet. Je signale que lors du non au TCE, les nonistes ont juré qu'on discuterait enfin de la manière de faire une vraie UE proche des citoyens, etc etc et que le débat réglerait tout. Qu'est-ce qu'on a vu? Rien.
Ce n'est pas une question de structures, ou de politique économique. C'est une question de mentalité.
Rédigé par : david_david | 28 mars 2007 à 11:11
@david david
Reforme reforme reforme.....
"je ne vois pas en quoi l'Europe serait "nuisible""
Et bien il faut lire mon vieux, arrêtez donc vos incantation du mot mystique REFORME. On dirait un automate programmable, reformé quoi? Comment? Dans quel but? Aucun état européen n'est aujourd'hui libre de ses décisions économique, il est donc absurde de croire que l'on résoudra nos problèmes économiques sans remettre en cause la construction européenne. Tous les pays de la zone euro ont des problèmes, bien sure si vous lisez la presse bien pensante seul la france connaît des difficultés, de toute manière les français sont nuls quoi qu'ils fassent. Ils doivent imiter les pays qui ont réussi eux, l'Allemagne et son excédent (accompagné d'un chomage massif, et d'une extinction démographique). L'espagne et sa croissance (fondée sur des déficits commerciaux de 9% du PIB et d'une bulle immobilière prête à éclater). L'irlande pays du dumping fiscale et de l'inflation à 7% par an. Je veut bien que l'aveuglement soit naturel chez les etres humain mais là ça frise l'obscurantisme.
Rédigé par : yann | 28 mars 2007 à 14:20
Pour Yann
Epargne-moi le coup de l'exaspération, et ne te sens pas obligé de terminer avec une insulte...
Je veux bien que mon com' ait été peu argumenté, mais de là à parler d'incantation, merci beaucoup!
Réformer? Evidemment qu'il vous faut réformer! Lorsque les économistes en viennent à se demander si 9-10% ne serait pas en fait le taux structurel de chômage en France, il y a un problème. Et évite de lancer des exemples en l'air, parce que dans ton cas, ce sont des pommes et des poires. Je n'ai jamais dit que la France était la seule à ramer: bien sûr qu'il y a du monde qui a aussi des problème ailleurs en Europe.
L'Allemagne: ils ont plus de chômage, c'est vrai. Mais comme tu le dis, il ont aussi un énorme excédent commercial, donc de la marge de manoeuvre pour créer des emplois. Ce que vous n'avez pas. Un point où prendre exemple: qu'est-ce qui fait que leur secteur exportations est aussi dynamique? Inflation: 2% en 2005. Pour ce qui est de la population, l'âge moyen allemand n'est pas éloigné de celui des français (42 contre 39).
L'Espagne: eux reviennent de loin et ont dépassé les Italiens. Inflation 3.2% en 2005. Quand à la bulle immobilière, il y aura des moyens de limiter les dégâts: le tx d'intérêt a encore de la marge, et les emplois ne sont pas concentrés dans le secondaire. Comme tu le dis, c'est une bulle.
L'Irlande: même chose. Et je ne sais pas d'où tu sors ton chiffre de 7% d'inflation, mais il est un peu fantaisiste. Le mien dit plutôt 2.4% en 2004 (source: Le monde en poche, the economist). Taux de croissance: 7% en rythme annuel entre 94 et 04. Il faut bien, ils ont bénéficié des fonds structurels.
Alors évidemment, chaque pays a ses propres problème. Mais si on néglige apr ailleurs ce qui compense ces problèmes, pas étonnant qu'on déprime. En Suisse la croissance moyenne était de 1.4% entre 94 et 04. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Pourtant, personne ne vient contester que le climat y est plutôt clément.
Il semblerait que beaucoup de ses pays ait choisi de flexibiliser leur marché du travail. Les resultats négatifs de cette manoeuvre ont été contrabalancés par des renforcements ciblés de la protection des travailleurs dans certains pays (scandinavie) et par la stimulation d'une croissance porteuse d'emplois pour d'autres (G-B). Commencez par là.
L'Europe et la France en crise? Une baisse du chômage et les gens retrouverons le moral, je prend le pari. Dans le cas de la France, c'est aussi et pour beaucoup pour des raisons de précarité économique dûes aux conditions françaises elles-mêmes qu'on a cru bon de diagnostiquer une sorte de malaise à mettre sur le dos de l'Europe.
Rédigé par : david-david | 28 mars 2007 à 17:05
@David david
Question : Combien de temps pensez vous que les états européens vont pouvoir tirer leurs croissance par les exportations? Les états européens qui ne pensent qu'a comprimer leurs demandes intérieur pour toujours exporter plus ne voient pas la limite intrinsèque de ce raisonnement. L'idée de flexibilité qui soit disant améliore l'obsessionnelle compétitivité n'a de raison d'être que parce que l'on exporte, mais vers ou? Vers la chine impossible la croissance chinoise est elle même porté par les exportations et la vitesse d'apprentissage de l'industrie chinoise fait qu'il nous dépasserons trés prochainement dans le Hitech. Vers les USA comme d'habitude, le monde produit pour que les USA consomment, c'est çà la mondialisation. Et votre discours est tout entier prisonnier de prémis fausses.
La croissance économique de la france ne peut pas etre tiré par la hausse des exportation, l'Allemagne en est la preuve par l'absurde, elle a cassé sa demande intérieure pour augmenter ses excédent, mais malgré la hausse momentanée des exportations sa croissance n'a atteint qu'un petit 2.7% pas de quoi fouetter un chat. Et l'allemagne est championne du monde de l'export, nous devons retrouver les marges de manoeuvre nous permettant de refaire une croissance endogène. Une croissance par la hausse de la demande intérieure, mais pour éviter les désagréments du déficit commerciale il nous faut nous protéger des importations étrangères, par le protectionnisme (quota, droit de douanes..) et par la dévaluation monétaire. Vous citez la Suisse il s'avère que ce pays pratique des politiques libérale depuis pas mal d'année, et ses voisin allant trés mal il y a peu de chance que les exportations tirent sa croissance.
Mettez vous bien dans le crane que la recherche des excédents commerciaux par tout les pays du monde en même temps ne peu que produire à terme un blocage de la croissance mondiale. Des lors seule la propension de certain pays à se surendetter (USA, GB, Espagne...) permet à la demande mondiale de progresser, que le déficit commerciale américain devienne insoutenable et vos certitude voleront en éclat en meme temps que l'économie mondiale. Pour vendre des produits il faut des acheteurs!!!!!!!!!!!!
Lire Jean Luc Gréau "L'avenir du capitalisme"
Rédigé par : yann | 28 mars 2007 à 17:42
Sur le sujet précedent voir l'interview de Larrouturou :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=749
Rédigé par : yann | 28 mars 2007 à 18:43
Décidément, tu me prends tellement pour un con que çe m'en gêne pour toi...
Tu sembles m'attribuer une obsession pour les exportations. Je n'ai jamais fait de fixette là-dessus. Mais si tu y tiens, parlons-en...
Il ne s'agit pas pour les Etats européens de tirer leur croissance par les exportations à tout prix. Une balance commerciale excédentaire est le signe d'une économie en bonne santé. De là à en en faire un signe de futurs problèmes...
Compresser la demande intérieure? Pas nécessairement: demande intérieure et exporations peuvent croître en parrallèle. D'ailleurs tu nous refais le coup du chiffre sorti de n'importe où. La demande intérieure privée allemande n'est pas "cassée": elle compte pour 59% du PIB (sans parler de la demande intérieure publique: 18%) En comparaison: Espagne, 57.7%. Finlande, 52%. Irlande, 45.5%. France... 55%! Alors s'il te plait... a ce taux-là, si l'Allemagne avait une demande intérieure "cassée", l'Europe serait peuplée de crèves-la-misère... Ce qui n'est pas le cas, je crois.
"L'idée de flexibilité qui soit disant améliore l'obsessionnelle compétitivité n'a de raison d'être que parce que l'on exporte, mais vers ou?"
Cette phrase ne veut rien dire. Ce qui a "raison d'être", au regard des exportations, c'est un taux de change favorable à l'économie nationale, donc une monnaie plus faible que celle de ses acheteurs. La flexibilité du marché du travail, elle, doit servir à faciliter l'embauche et la circulation des travailleurs, pas les exportations.
Le coup de la Chine non plus, on ne voit pas très bien. En quoi des exportations chinoises (de produits a faible VA) peuvent-elles handicaper des exportations européennes (plus forte VA)?. POur l'instant, ce sont encore Europe, Japon et USA qui exportent la technologie en Chine, et elle qui sert d'atelier du monde. Quand elle sera arrivée au même niveau que nous, aucun raison non plus que ça s'arrête, les avantages comparatifs se répartiront alors plus facilement entre les différents pôles de compétence. Quant au fait que la Chine assimile très vite les technologies, c'est toi qui le dis: son secteur industriel, c'est 56% du PIB dont 46% de tranformations. Donc du boulot qu'on lui donne. Sans parler de son secteur bancaire encore pour le moins embryonnair et peu fiable: ils ne sont pas prêts de fondre sur l'économie mondiale: la chine, c'est un géant aux pieds d'argiles. On a le temps.
"Le monde produit pour que les Etats -Unis consomment"? Si les Etats-Unis comptent pour 15% dans les destinations d'exportations mondiales, Allemagne, France et Grande-Bretagne y comptent à elle trois pour plus de 17%. Ce qui n'est pas aussi déséquilibré que tu le laisse entendre.
Une croissance endogène? Mais c'est exactement ce que favorisent des exportations fortes: lorsque l'économie exporte, ce sont les usines et les travailleurs nationaux qui ont du boulot. Je ne vois pas où tu veux en venir... a moins que tu ne parles de demande endogène, mais encore une fois, la demande intérieure en europe va bien, et lorsque les revenus d'exportations partent à la hausse, les travailleurs peuvent aussi en profiter, puisque leur revenus peuvent augmenter. Si ce n'est pas le cas, c'est un problème de redistribution, et les synicats sont là pour ça. Mais ne mets pas ça sur le dos des exportations. Sans compter qu'au sein d'une Europe unifiée, la redistribution de richesses issues des imports-exports entre pays membres peut se faire plus facilement que si tout le monde s'enferme derrière ses frontières.
Pour ce qui est de la Suisse, raté! L'UE compte pour 60% des destinations d'exporations suisses, et les USA 10%... Le tout pour un excédent commercial helvétique égal à 8% du PIB, donc pas trop important comme tu le souhaites. Avec en prime un demande privé intérieure à 60% du PIB. Pas mal pour un pays qui applique une politique libérale, entouré de voisins qui ont les moyens de faire des affaires, apparemment...
"Mettez-vous bien dans le crâne..." Merci, professeur... La dette des USA est en grande liée à leur position d'émetteur de la monnaie de transactions mondiale: même si ce n'est pas malin, il s peuvent se le permettre. Et ça n'a rien à voir avec les exportations, ils importent comme des malades (et c'est l'autre aspect de leur dette colossale)! Quand à l'Espagne et la GB, je ne vois pas d'où tu sors que leur endettement est un problème: ils sont dans les critères de Maastricht, eux! Contrairement à, oh, la France?
Pesonne n'a jamais dit que tous les pays du monde devaient avoir des excédents commerciaux, c'est logiquement impossible. Il y aura toujours du monde pour être en déficit sur ce plan, mais là encore, la croissance et le PIB sont composés de suffisamment d'éléments pour pouvoir jouer sur d'autre tableaux et compenser ailleurs les pertes à l'export...
Alors voilà...
Rédigé par : david-david | 28 mars 2007 à 20:53
@Marc,
Effectivement, il est clair qu’il sera impossible d’enclencher des politiques économiques et sociales alternatives (j’entends par là autre chose que flexibilité du travail, gel des salaires, baisse des protections sociales etc) si l’on ne change pas les politiques – et très certainement les traités – pratiquées à l’échelle de l’UE.
Je n’ai pas par contre la prétention d’avoir des solutions, miracles de surcroît ! J’essaie d’abord de comprendre le contexte et les enjeux.
Simplement, je pense qu’une attitude de blocage - comme l’avait fait De Gaulle en somme – ne donnerait pas aujourd’hui nécessairement les mêmes résultats. La France n’a plus le même poids dans une Europe à 27 que dans l’Europe à 6 ou à 15. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien tenté auprès des partenaires ! Il faudra convaincre, et ce sera une bataille de longue haleine. Il faudra convaincre l’Allemagne surtout, mais ce ne sera pas possible avant quelques temps. Je donne 5 ou 6 ans à l’Allemagne pour qu’elle connaisse de nouvelles difficultés, et c’est là qu’il faudra proposer de nouveaux objectifs, une réelle réorientation. Après avoir concédée de dures réformes avec Schröder, l’Allemagne devra d’ici quelques temps en accepter d’autres, son embellie actuelle – relative – n’est pas amenée à durer une génération. Et on verra sûrement que la pratique du consensus à ses limites outre-Rhin.
La lutte se joue d’abord par les idées. La politique de l’UE, les accords de l’OMC et la globalisation dans la forme que l’on connaît sont apparus parce que l’idéologie libre-échangiste a convaincu la grande majorité des élites politiques et économiques à travers le monde.
L’OMC n’est pas par exemple une institution supranationale. Ce sont les Etats qui se réunissent en son sein pour négocier. Là, je rêve, mais l’UE pourrait très bien à l’OMC mener un jeu non-coopératif, qui ne signifie d’ailleurs pas une guerre commerciale. On se demande en effet parfois s’il ne faudrait pas mieux « encaisser » les rétorsions des pays tiers pour protéger certains secteurs industriels particulièrement touchés.
C’est ce qu’on veut nous faire croire au sujet du protectionnisme : celui-ci engendre la guerre commerciale et la guerre tout court. On peut remarquer toutefois que la guerre commerciale existe aujourd’hui avec un libre-échange mondialisé ! Au-delà, on peut observer que la mondialisation est de moins en moins libérale : la concurrence est faussée par nombre de facteurs (fusions-acquisitions qui se multiplient, absence d’un prix mondial existant sur chaque marché, commerce intra-firmes en explosion…).
Il manque, à mon sens, une vraie politique économique « mixte », de libre-échange et de protectionnisme, une réelle volonté d’équilibre entre marché interne et marché externe en fait.
Le problème que l’on ressent en Europe, c’est un problème démocratique : le professeur Jean-Paul Fitoussi disait que « le propre de la démocratie, c’est de rendre les choix politiques réversibles ». S’agissant des choix politiques et économiques, on sent bien que c’est plus que compliqué que de s’engager sur une voie différente.
Il est certain qu’il y a certaines réformes à faire en France. Mais finalement pas parce que ça va mal. Je veux dire que la France, en terme de productivité par exemple, se classe parmi les meilleurs au monde ! On pourrait réformer – dans un sens néo-libéral – tant qu’on veut, le problème n’est pas vraiment là. C’est ce que je voulais exprimer au sujet de l’Allemagne : c’est une solution de court-terme, durement vécue en plus par les salariés.
@ Yann,
Je termine ici, juste pour signaler qu’un article de Susan George, dans le Monde Diplomatique de janvier 2007, à pour sujet la Charte de la Havane. Intitulé « une autre organisation mondiale du commerce était possible… », il détaille très bien ce qu’il avait un temps été envisagé.
Rédigé par : cosme | 28 mars 2007 à 21:09
@ Yann
C'est pas sympa de me piquer mes thèmes d'articles. Je comptais bientôt parler des nouveaux records d'éxcédents commerciaux de la chine et de ce commerce mondial de plus en plus déséquilibré ... ;-)
mais il ne faut pas non plus penser que tout réside dans les problèmes macro économiques. La france a aussi des problèmes interne. 55 % de dépenses publiques pour un état aussi inéfficace et aussi pauvre. Il y a forcément de la perte en ligne.
@ david david
Oui, le modèle de la croissance par les exportations pose problème. J'en parle demain.
La demande privée allemande est peut-être forte, mais elle stagne. On nous parle toujours des +12% de progression des exportations, mais en 2005 l'emploi et la demande intérieure on fait presque rien du tout. L'allemagne arrive à s'en sortir parce qu'elle délocalise aussi énormément.
On n'a pas dit que les US ne produisaient ou n'exportaient plus, mais qu'ils consommaient comme des porcs. C'est d'ailleurs le seul pays dans la mondialisation qui peut se permettre de consommer sans limite (enfin, tant que les chinois acceptent de financer leurs déficits )
La croissance endogène, c'est une croissance soutenue par la demande intérieure (les salaires), elle même soutenue par la production. Le modèle de croissance par les exportations ce n'est pas la même chose. Il conduit à comprimer la demande intérieure (les salaires, puisqu'il faut être "compétitif".
@ cosme
L'idéologie libre échangiste n'a pas eu besoin de "convaincre" les élites. Elle va tout simplement dans leur intérêt.
La vraie réforme à faire en France, ce n'est pas des réformes néolibérale (flexibilité ou autres), c'est une réforme de l'Etat pour le rendre enfin efficace. Nous devons absolument guérir de notre culte de la dépense publique.
Je crois qu'on est les champions de la productivité horaire ... une manière de compenser le fait qu'on ne travaille pas beaucoup :-)
Rédigé par : malakine | 28 mars 2007 à 23:08
Yann, vous dîtes:
"Vous parlez de la pensée dispensée dans les universités françaises, sachez qu'elle n'est pas si unique que cela."
« SACHEZ ! Qu’elle n’est pas si unique que cela » vous auriez pu ajouter « pauvre Quidam » !
Mais vous savez, je ne cherchai pas à polémiquer !
La pensée unique française commence bien avant l'université. Mon fils aîné est allé en classe de 3ème en Floride ! Et nous avons souvent parlé des blocages inhérents à notre programme "d'état".
D'autre part ayant posé des dizaine de brevets "hors du processus officiel", j'ai pu mesurer l'effroyable conventionnalisme de la pensée française qui nous a d'ailleurs conduit directement à ce que l'on constate aujourd'hui dans la presse:
La pensée unique.
Je ne nie pas qu’en cherchant bien on ne puisse trouver pire en d’autre pays, mais trente années d’immobilisme et de corruption ne nous on pas forcément arrangé le portrait !
Rédigé par : Gilbert Sorbier | 29 mars 2007 à 10:43