Ceux qui espéraient que Zidane arriverait à éviter la récupération politique organisé par Bouteflika et porterait un peu la « voix de la France » en seront pour leurs frais. Non seulement, il n’a délivré aucun message politique et s’est complaisamment laissé récupéré par le régime, mais il a déclaré être fier d’être algérien, pays qui dans lequel il n’a pourtant jamais vécu … Voilà qui a du réjouir, on peut s’en douter le président algérien dont on connaît les positions anti-françaises.
Décidemment le costume du héros national est bien trop grand pour lui !
Non, rassurez vous, mon propos n’est pas celui qu’on peut lire sur les blogs d’extrême droite. Je ne vais pas vous servir un discours du genre « Ah, vous voyez bien, ces arabes, même intégrés et millionnaires, ne se sentent pas français. C’est bien la preuve que l’intégration est impossible, qu’on ne peut être français que par le sang ! » Non, non. La question de l’assimilation des descendants de travailleurs immigrés est un sujet trop sensible et trop complexe pour qu’on s’autorise de tels raccourcis.
N’empêche. C’est scandaleux. Quand on s’appelle Zidane, on a certaines responsabilités et manifestement Monsieur Zidane n’est pas à la hauteur !
Zidane n’est pas seulement l’incarnation du renouveau du football français, il est aussi depuis 1998, le symbole de la génération black-blanc-beur, et un modèle pour toute la jeunesse.
Son attitude après on coup de boule de la finale avait déjà porté un coup au mythe. Le coup de boule sur un coup de sang peut encore se comprendre, mais ces explications alambiquées qui ont suivi justifiant son acte et refusant de s’excuser au motif que le « coupable est celui qui agresse » étaient indignes. Elles traduisaient une adhésion à des valeurs, plus proches de celles de la petite délinquance des cités que de l’esprit républicain.
Malheureusement, à l’époque il n’y eut pas beaucoup de voix pour rappeler certains principes simples. Qu’une insulte débile, du niveau d’une cour de récréation, ne justifie pas la violence physique. Que l’idée que l’autorité légitime, en l’espèce l’arbitre, a le monopole de la sanction est l’un des fondements, plus que de l’état de droit, de la civilisation. Que le sens des responsabilités commande de sacrifier son intérêt personnel pour le bien de la collectivité. Ou simplement que cet acte a compromis les chances de l’équipe de France d’être championne du monde, et qu’en cela, le geste était impardonnable.
La France aime trop Zidane, son humilité, son génie balle au pied, sa gentillesse. Elle a trop de gratitude pour ses deux buts en finales de la coupe du monde 98 pour être pleinement lucide sur l’homme. Ces derniers propos en Algérie n’ont d’ailleurs pas suscité beaucoup d’émois … Pourtant ils le mériteraient.
Quand on pense à l’Algérie en foot, on se souvient de ce match au stade de France où le public avait sifflé la Marseillaise. Beaucoup avaient été choqué que le public – en majorité des français – préférait soutenir l’équipe adverse au point de salir l’hymne national. Grosse polémique à l’époque. Chirac en avait quitté la tribune.
Ce que vient de faire Zidane est exactement du même ordre. Lors de son voyage « officiel » en Algérie, il oublie sa nationalité et ce que la France lui a apporté, le plus tranquillement du monde, se déclare algérien, et cela en présence des dignitaires du régime. Quel symbole ! Quel exemple pour les jeunes des cités qui sont à la recherche de leur identité et qui peinent à se sentir français ! Quelle perche tendue aux partisans du droit du sang et de la discrimination !
Cette déclaration a du le rendre encore plus populaire parmi les jeunes de banlieues. Elle ne leur rend pourtant pas service.
Certes, nationalité et culture sont deux notions qui ne se résument pas l’une à l’autre. On peut tout à fait être français, adhérer pleinement aux valeurs républicaines, et néanmoins se sentir appartenir (aussi) à une culture étrangère. Mais dans ce cas, on parle de « liens », de « racines », de « culture ». On n’emploie pas le terme réservé à la nationalité.
En règle générale, la police de la pensée et de l’expression qui sévit en ce moment m’exaspère. Mais Zidane, n’est pas un président de région ou un animateur télé, c’est un modèle pour toute une génération, un symbole de l’intégration, une figure de la fierté nationale. Qu’il le veuille ou non, il représente la France, surtout à l’étranger, surtout en Algérie, surtout sur un sujet aussi sensible que celui de l’identité des enfants de l’immigration.
Zidane devrait s’offrir un conseiller en communication … ou alors renoncer à être un personnage public et à faire des voyages officiels à l’étranger. Il n’en a manifestement pas l’étoffe.
L'ambiance était telle, après la finale, que j'avais abandonné l'idée de donner mon point de vue, estimant au demeurant que, tout le monde le faisant, il y avait surement d'autres sujets à aborder. Mais je me souviens d'un article, dans Libé, je crois, qui expliquait en substance que seul un géant avait pu terminer sa carrière de la sorte... Pitoyable renversement de perspective. Il faut savoir rester simple dans ses raisonnements : un géant aurait su se maîtriser, il n'aurait pas donné cet exemple à des millions de jeunes français etc etc...
Je comprends qu'il puisse se sentier fier de ses origines algériennes mais, comme toi, qu'il se dise fier d'être algérien est effectivement un drôle de signal aux jeunes français d'origine algérienne (et d'autres origines) : il est légitime de ne pas vous sentir français.
Bien sûr, je n'oublie pas que la France et les français ne sont pas toujours à la hauteur pour intégrer ces personnes mais, sur le plan des principes, c'est assez choquant.
Rédigé par : koz | 14 décembre 2006 à 13:08
J'avoue que je ne sais pas s'il faut être aussi sévère.
Il n'a probablement même pas conscience de tout ce que sous-entendent ses propos.
Mais je suis assez d'accord sur le fait qu'il devrait s'offrir un conseiller en communication :) . Quant à être un personnage public, il n'a pas le choix : les médias décident pour lui.
Rédigé par : L'intello du dessous | 14 décembre 2006 à 20:39
Tout à fait d'accord avec "L'intello du dessous".
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 15 décembre 2006 à 10:57
Tout est lié au renversement des valeurs et à cette socièté de l'émotionel médiatique.
La France s'est choisi, ou on a choisi pour elle, pour incarnation un footballer, excellent certes, mais incontestablement dépassé par le costume trop grand qu'on veut lui faire porter.
Entièrement d'accord avec Malakine tout l'article me parait excellent et capable de faire réfléchir sur les risques inhérents à la médiatisation excéssive d'un "maladroit".
Rédigé par : chavinier | 17 décembre 2006 à 11:35
J'avais posté un commentaire... Incident technique?
J'écrivais qu'il ne fallait accorder aucune importance à ce que peut dire un type comme Zidane, qui tape certes mieux dans un ballon qu'un autre mais s'est toujours révélé incapable d'aligner plus de quatre mots de suite sans bafouiller.
Il en est très conscient d'ailleurs, pour ne s'exprimer que très rarement.
Quant à ce match France-Algérie pitoyable... si les autorités de l'époque avaient fait preuve... d'autorité en ne cautionnant pas les débordements, en quittant de suite la tribune, elles ne se seraient pas disqualifiées.
Quand une ministre des sports qui représente la République se fait lapider à coups de canettes en disant que "ce n'est pas grave", elle commet un acte de racisme tranquille en sous entendant que les voyous responsables sont incapables de mesurer la portée de leurs actes.
Rédigé par : les Réactionnels de Gauche | 19 décembre 2006 à 14:31
Zidane est algérien et fiér de l'etre et exactement de la kabily
et tout mes respect pour notre Zizou
Rédigé par : jima | 04 novembre 2007 à 17:38