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22 février 2011

Commentaires

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Emmanuel B

Quelle déprime!
Je ne sais pas si Jean-Pierre Chevènement pourrait te rassurer à ce niveau de défiance.
Merci en tous cas pour tes analyses sur la durée (pour ma part, j'ai commencé à les lire un peu tard). Rien n'est plus passionnant que de voir se constituer une pensée exigeante mais capable de se remettre en cause, de profiter des cogitations de quelqu'un qui ne s'en remet pas à un socle d'analyses préconçues (même solides) mais essaie loyalement de se tenir à la pointe de ce qui se passe en tenant compte de ce que le nouveau a toujours de proprement inouï. Au risque assumé du casse-gueule. Félicitation pour cet effort continu, dont je vois bien peu d'autres exemples. Je ne souscrivais pas à toutes tes analyses - celle d'une mort clinique des vertus de l'universalisme par exemple me paraît largement exagérée - mais peu importe les réticences, je suis triste car j'avais pris l'habitude de penser avec toi (quelquefois contre toi aussi, c'est vrai) et je me sens déjà orphelin du blog et de son forum.
Très amicalement,

Laurent Pinsolle

Très intéressant d’avoir ta lecture du dernier livre de JPC. Sur l’Allemagne, je suis arrivé à une conclusion peut-être un peu farfelue, mais qui serait que notre voisin ne souhaite pas faire ce qu’il faut pour sauver l’euro (et à juste titre), à savoir accepter les euro-obligations ou augmenter largement le FSE mais qu’ils ne souhaitent pas non plus prendre l’initiative de la fin de la monnaie unique. Du coup, ils se retranchent derrière une politique qui contraindra forcément les pays du Sud à quitter la monnaie unique (le premier étant la Grèce). Reste à savoir si la France aura alors le courage de faire de même.

Il est sûr que les bons chiffres actuels de l’Allemagne pourraient la pousser à persister dans sa politique. Après, le jour où l’euro explose (et les pays du Sud ne pourront pas suivre longtemps), l’Allemagne aura à nouveau besoin d’une coopération européenne car en l’absence de cadre coopératif, les dévaluations seront très violentes, ce qui lui fera très mal. Là, la France pourra agir avec sa position médiane entre Allemagne et Italie et Espagne. Mais il faudra le bon personnel politique à ce moment-là.

Sur l’échec de JPC, mon sentiment en 2002 était qu’il avait trop cédé aux petites phrases dirigées contre Jospin et Chirac, n’apparaissant que critique et pas suffisamment comme force de propositions. Comme tu le soulignes bien, le vocable « républicain » n’est pas très clair en outre. Dommage qu’il n’ait pas pris conscience qu’il est peut-être plus gaulliste que socialiste…

Concernant ton jugement sur la France, j’y vois forcément une conséquence de ton pessimisme naturel. Non, notre pays n’est pas mort. Il est éminemment vivant. Le corps politique Français bouge, veut du changement, veut qu’on lui parle de République, de nation, de projet collectif.

C’était le sens de la victoire de 1995 de Chirac. C’est aussi le sens de la défaite de Jospin en 2002, le candidat du renoncement (sur les délocalisations ou l’insécurité). C’est le sens du vote assez formidable de 2005. N’oublions pas que 70% des Français s’étaient déplacés (une participation supérieure à la meilleure présidentielle des Etats-Unis, en 2008, pour un simple référendum) pour aller voter contre ce qu’on leur disait de voter qui plus est. Même 2007 montre l’importance du volontarisme. Le corps politique Français est bien vivant. Il ne demande plus qu’à s’incarner, à trouver un candidat à qui se confier. Les mouvements récents (envolée du Modem en 2007, envolée des Verts en 2009, remontée en flèche du FN en 2011) montrent au contraire une envie d’alternance, une vivacité démocratique qui laisse espérer à mon sens. Notre démocratie est bien vivante. Sinon, nos compatriotes se contenteraient de s’abstenir et de laisser un mouvement de balancier se produire (comme aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne).

Bien sûr, PS et UMP se rapprochent du statut de parasite politique vivant sur la France au lieu de la servir. Bien sûr, nos élites vivent dans leur bulle et ont arrêté de penser. Mais je crois qu’une insurrection démocratique approche. Notre pays est encore très loin d’être un agrégat désuni d’individus qui ne pensent plus qu’à leur nombril et aux avantages qu’ils pourront obtenir à titre purement personnel. Il faut juste laisser un peu de temps à nos compatriotes. 2007 a été le point bas de notre déprime politique (Sarkozy, Royal, Bayrou…). 2012 devrait marquer un nouveau départ, avec à gauche, l’émergence d’une alternative anticapitaliste, et je l’espère et le crois, un renouveau gaulliste avec NDA. Bien sûr, cela ne nous mènera pas au second tour, mais nous aurons pris date pour l’avenir, avant la grande décomposition du PS et une recomposition majeure de notre système politique, sans doute avec la prochaine crise.

Il nous faut un peu de patience.

julia

Merci Malakine pour ce dernier avis sur le livre de JPC.
Je partage entièrement tes questions quant à la pertinence relative de JPC sur ses choix. Je dirais même plus, sans m'étaler: il écrit comme un spectateur et c'est ce qui me choque le plus en le lisant.
C'est exactement sur tes questions qu'il faut travailler. Oui nous déprimons, mais la roue tourne et l'espoir réside dans l'innovation politique et idéologique. Le pôle républicain est mort et tant pis (JPC dans son livre solde cette tentative 10 ans après), la France existe toujours.

Francis Commarrieu

Merci Malakine pour la grande bouffée d'air intellectuelle que vous nous avez fait respirer avec ce blog.
Je trouve tout à fait dommage sinon dommageable que vous l'abandonniez maintenant, même si je comprends entièrement qu'un moment de déprime politique puisse vous affecter. Mais il me semble par ce que vous dites dans votre message d'"adieu" qu'il est relié à d'autres facteurs qui vous sont plus personnels, et sur lesquels je n'ai évidemment rien à dire.
Je crois que ceux qui vous lisent et consultent ce blog hésitent eux aussi par moments entre le constat de la faillite nationale dont les citoyens français sont partie prenante ; et d'autre part l'espoir que des signes que tous nous souhaiterions convergents annoncent un réveil démocratique et patriotique : c'est l'un des sens de la réaction d'Emmanuel B. Vous n'êtes pas seul, et ne sombrez pas ainsi dans la déprime !
C'est une question de moment, de fatigue accumulée, et aussi pour chacun d'entre nous de tempérament. Si un réel sentiment d'empathie m'envahit en lisant vos deux derniers textes, je dois aussi vous dire que la vie intellectuelle que vous animez ici est à la fois de votre fait mais en même temps dépasse votre stricte condition subjective.
Ailleurs, près de la France, dans des conditions bien sûr totalement différentes, des peuples qui pensaient verrouillées les conditions de leur oppression abattent les barrières mentales qui les empêchait de concevoir un avenir collectif. Ils en sont aussi surpris que nous-mêmes, mais une analyse bien informée permettait de supposer que c'était possible.
Il faut donc supposer aussi que cela peut être le cas du peuple français dont vous faites comme moi partie.
Une circonstance exceptionnelle,et tous repart. Mais il faut une bonne réflexion préalable, donc des bases intellectuelles solides qui gisent par exemple dans votre blog, pour espérer orienter un tel mouvement.
Reposez-vous, mais ne l'abandonnez pas s'il vous plaît.

Francis Commarrieu.

Jardidi

L'Europe sans frontières ne peut pas réussir, l'Allemagne ne peut plus nous détruire sans notre accord, les pauvres ne sont pas prêts à se laisser écraser et sont favorables au retour à la France. Donc, d'ici trente ans, nous devrions avoir redressé la situation. Pourquoi veux-tu que cela soit résolu rapidement? Il faut un peu de temps pour que le beau rêve européen se termine, vingt ans de plus pour faire émerger une autre politique. Cela se joue sur une ou deux générations.

B&G

Merci, analyse très intéressante, bien qu'un peu trop pessimiste. Pour ma part, j'y crois toujours, car les Français se sont réveillés. Et le Peuple français est capable de tout...

A ce propos, sur la déprime décliniste, je te propose d'aller en Grande-Bretagne ou en Espagne pour prendre conscience de ce que sont de réels pays en déclin. J'y ai été, c'est effarant. ;)

PS : bonne continuation. :)

Verdun

Je n'ai pas terminé la lecture de ce livre et je ne peux qu'abonder sur la première partie de ton propos sur la clarté de la synthèse des évolutions récentes de notre pays, de ses choix politiques.

Mais en revanche, je ne m'attends pas à découvrir dans le livre la répons eà la question titre (et je serai même déçu de l'y trouver), car l'objectif de JPC me semble être (d'après ses interviews) de donner des clés et l'envie aux français.

Il propose tout de même des solutions.

J'invite les lecteurs à compléter cet ouvrage par la conférence donnée par JPC à l'IEP d'Aix en Provence, que l'on trouve en vidéo partout, et notamment ici :

http://www.mrc-comite-marseille.fr/ext/http://www.dailymotion.com/mrc-comite-marseille#videoId=xgt185">http://www.dailymotion.com/mrc-comite-marseille#videoId=xgt185">http://www.mrc-comite-marseille.fr/ext/http://www.dailymotion.com/mrc-comite-marseille#videoId=xgt185

Il y en a 7 parties.

cela complète assez bien ce que j'ai pu lire (j'entame le dernier tiers).

je complèterai une fois le livre terminé.

V.

Verdun

le bon lien est là :

http://www.dailymotion.com/mrc-comite-marseille#videoId=xgt185

Au passage, au début de la partie 2, JPC précise que la réponse à la question-titre est "bien évidemment non".

V.

René Jacquot

L'ouvrage de Jean-Pierre Chevenement ne m'a pas désespéré, bien au contraire... quand je vois qu'il existe encore des hommes d'Etat (comme Védrine et lui) avec une telle acuité d'analyse, je me dis que tout n'est pas perdu!

Le livre semble être une longue réponse à la Préface de Régis Debray aux "Discours de Guerre de De Gaulle", d'une manière ou d'une autre les Peuples ne sortent pas totalement de l'histoire (voir les égyptiens)... après, je suis d'accord avec toi sur JP-C qui hésite en le Demos et l'Ethnos, là-dessus il est beaucoup plus ambigu qu'un Mélenchon!

Son ouvrage vaut également pour la volée de bois vert qu'il envoie à Jacques Delors comme principal artisan du virage néolibéral! La deuxième gauche a vraiment été le cheval de troie des pires compromissions!

Comme le disait Gramsci « Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté », l'individualisme ou plutôt l'égogrégarisme a ses limites et je crois encore à cette "common decency", ce sens commun du Peuple au-delà du processus narcissique et d'atomisation.

Le combat pour la réforme des retraites (au delà du simple corporatisme) a prouvé que nous demeurions une nation politique pas encore endormie et repue par le "tittytainment".

Malakine

Voir le commentaire de Yannick Harrel

http://harrel-yannick.blogspot.com/2011/02/filles-de-charlemagne-allemagne-et.html

En attendant la réponse de Jean Pierre Chevènement, qui ne devrait pas tarder, si j'ai bien compris.

Pati

La France ? C'est une illusion, même pas belle, un roman construit au dix neuvième siècle pour transformer des peuples divers en bons français, prêts à se faire massacrer en 14/18 (et ce fut un succès éclatant). Je ne vois pas pourquoi cette construction politique temporaire devrait être magnifiée ainsi.
Les gens qui vivent sur ce territoire ont des intérêts tellement divergents que le nationalisme ne peut être que coercitif ou guerrier (comme aux USA en passant). Non merci!
Les nations ne sont qu'une réponse temporaire aux problèmes que pose l'Histoire. Les problèmes actuels du monde les dépassent : le nuage de Tchernobyl a ignoré les frontières et l'impéritie russe a failli nous coûter notre vie!
Il faut maintenant inventer autre chose...... le nationalisme, même rebaptisé souverainisme, n'est qu'une impasse.

edgar

c'est fascinant ce grand écart de Chevènement, entre une analyse que nombre de commentateurs disent implacable, et un positionnement politique qui vise à le maintenir comme "ministrable".
Pour finir on aboutit à de l'eau tiède dans les recommandations et à de la nostalgie comme idéal politique.
Tout cela parce qu'il ne pousse pas son raisonnement à son terme : ce n'est pas la France qui est morte, c'est l'Union européenne comme projet collectif soutenu par les peuples. Plus personne n'en veut, mais Chevènement fait comme les allemands selon Laurent Pinsolle : il attend que l'Union explose sans vouloir passer pour celui qui aura réclamé la chose. Au final, c'est peut-être du courage qui lui manque, et ça, pour un chevènementiste, c'est sans doute ce qui est le moins acceptable.

Tomgu

A noter une réponse de JP Chevènement à cet article :
http://www.chevenement.fr/Reponse-a-Malakine-la-situation-est-aujourd-hui-beaucoup-moins-desesperee-qu-elle-ne-le-paraissait-le-18-juin-1940_a1088.html

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