« La réforme territoriale ou la rupture à petit pas | Accueil | A propos de la désoccidentalisation du monde »

25 octobre 2009

Commentaires

Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

Axel

Il y a une chose que je ne comprends pas:
Pour Artus, l'appréciation rapide des monnaies des pays émergents (Chine en tête) conduirait uniquement à un renchérissement des importations. L'Union européenne est à ce point désindustrialisée qu'elle ne pourrait reproduire elle-même des produits à faible valeur ajoutée? Qu'elle n'exporterait plus rien?
Quid de l'industrie allemande? Française et italienne?
Sapir disait récemment qu'un protectionnisme, fût-il national, rééquilibrerait notre balance commerciale, et Todd que l'UE avait encore un potentiel industriel important compte tenu de ses infrastructures et du nombre d'ingénieurs qu'elle produisait.
Comment des analyses aussi diverses sont possibles sur des phénomènes économiques relativement simples (appréciation de la monnaie, balance commerciale) alors que tous les chercheurs sérieux ont tous accès aux chiffres reflétant l'état économique de notre pays et de ceux de l'UE?

Malakine

Je reconnais que je ne comprends pas ce point non plus, mais c'est une constante dans les textes et les bouquins de Artus. La réindustrialisaiton ne se fera pas avec les productions qui se sont délocalisées.

C'est pourquoi j'avais demandé son avis à Sapir sur cette affirmation. Je te rappelle sa réponse :

La question des élasticités-prix est effectivement une question décisive. Si la contraction de nos importations est faible (élasticité proche de zéro) il nous faut une élasticité de nos exportations qui soit très supérieure à 1. Dans le cas des Etats-Unis il est clair que le processus de désindustrialisation est allé très loin. Il faudrait donc des mesures réellement draconiennes pour inverser cette tendance.

Ceci milite pour des mesures protectionnistes (ou une dévaluation, ou les deux) qui soient très importantes. Il faut que la baisse du prix de nos produits l’emporte de loin sur tout « effet qualité » et qu’inversement, la hausse des produits importés soit telle qu’elle enclenche une réelle contraction des volumes et le développement d’industries de substitution.

Concrètement, il faut combiner des mesures protectionnistes ciblées et de grande ampleur avec une dévaluation d’au moins 20%.

Il faut ajouter, et je pense que c’est évident, que de telles mesures ne sauraient remplacer une politique industrielle. Le protectionnisme est la condition nécessaire à une telle politique, mais non la condition suffisante. Très souvent on a le sentiment que le protectionnisme à lui seul pourrait suffire. C’est faux à l’évidence dans la plupart des cas.

Axel

Ah oui effectivement, merci pour ce rappel.

C'est triste de se dire que des solutions réalistes, élaborées par des économistes de talents sont produites, et que notre classe politique ne les appliquera probablement pas.
Enfin, nous avons les instruments de notre redressement entre nos mains, si nous ne sommes pas fichus de les appliquer, c'est que nous ne méritons pas de nous en sortir.
Et merci pour cet article Malakine

Pierre

Il a été établi de source judicaire que FINAMA et GROUPAMA ont rendus des comptes falsifiés depuis 2005, trompant ainsi la confiance des marchés -et des actionnaires (en plus de violer les obligations de ces marchés régulés que sont la banque et l'assurance).

Par une saisie officielle chez la banque FINAMA, GROUPAMA a été pris sur le fait à pirater des logiciels pour une valeur de $200 millions.

La BEFTI (une brigade d'élite spécialisée dans la fraude informatique), chargée de l'enquête, a d'abord menacé la victime de la fraude afin de lui faire retirer sa plainte.

Le Procureur de la République ayant classé le dossier "sans suite", la victime a demandé copie du dossier d'enquête.

Quelle ne fut pas sa surprise de constater que la Police avait procédé à l'échange du constat d'huissier officiel par un constat d'huissier fourni par la partie mise en cause, efectué un mois après la saisie -et dans un établissement différent du lieu de l'infraction.

Ce second constat d'huissier, sans valeur officielle, établissait bien évidemment l'innocence de GROUPAMA.

En vertu du "SECRET BANCAIRE", GROUPAMA y demandait explicitement à la Police de limiter ses investigations à un établissement qui n'était pas celui de l'infraction officiellement constatée.

Après avoir formé un recours devant le Procureur Général de Paris, celui-ci expliquait qu'il n'y avait "pas d'infraction constatée" et que, donc, le classement sans suite était maintenu.

Outre la corruption des services de la Police, le fait que le Procureur Général ait couvert la falsification du dossier d'enquête en dit long sur le désir sincère du gouvernement de mettre un terme aux "dysfonctionnements" (malheureusement récurrents) de la justice en France.

Tous les détails ont été rendus publics (la réponse négative du Procureur Général, le dossier d'enquête de la BEFTI, ainsi que le constat d'huissier non-officiel de GROUPAMA):

http://remoteanything.com/archives/groupama.pdf

Archibald

@ Malakine

Merci pour cet article très intéressant. Tu ne pourrais pas organiser un débat entre Jacques Sapir et Patrick Artus?

cording

Comme vous j'ai et je lis souvent les analyses de Patrick Artus, solides, fondées et argumentées mais j'ai constaté qu'il restait dans un cadre néolibéral et libre échangiste défavorable à tout modèle européen et donc sa conclusion est logique: la continuité dans la stagnation économique et la régression sociale.Comme l'est depuis son origine la zone euro et à l'échelle du monde une zone de faible croissance. Alors que se livre une guerre économique à l'échelle mondiale l'UE s'est lié les mains en décrétant que l'euro devrait être par principe une monnaie forte alors que nos concurrents étatsuniens, chinois et autres savent bien que la monnaie est une variable d'ajustement économique c'est pour quoi les Anglais ont dévalué la Livre, les US font baisser le dollar volontairement et que les chinois maintiennent le yuan à un cours artificiellement bas.C'est pourquoi quand on a en vue le bien commun celui de tous les citoyens on ne peut que faire le choix que propose Jacques Sapir de sortir de ce piège mortifère, arrêter de payer le prix du dollar faible selon les intétêts US comme ils le font depuis 1971 où Richard Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar par rapport à l'or pour gérer le laxisme des finances publiques grevées par le coût à l'époque de la Guerre du Vietnam. C'est ce que propose Patick Artus et Marie Paule Virard dans leur dernier livre "Est-il trop tard pour sauver l'Amérique" encore aller au secours du dollar pour payer les errements américains et de sa finance devenue folle. Pour moi, Non merci! ça suffit!!

ENNAT

"Il suppose toutefois que l’Europe accepte son sort sans réagir à aucun moment" écrit Malakine ou "L'ennemi est dans notre propre pays" proclamait Karl.

Dans la description qui est faite de l'effondrement annoncé, n'y aurait-il que des perdants en Europe qui, dans un sursaut salutaire, réagiraient pour changer le cap? Bien sûr que non. L'oligarchie dominante, de Paris à Sofia s'accroche à cette doctrine qui (a) fait sa fortune et sa gloire (il nous annonce ces jours-ci que leurs activités sont formidablement reparties). Il y a bien deux camps qui s’affrontent et la traduction politique des forces en lutte à mort n’est pas la gauche contre la droite. Cette gauche, qui fixe sa frontière aux sociaux-libéraux (deuxième gauche) et libéraux-libertaires (verts et Europe écologie), est porteuse en son sein de la doctrine ultralibérale. Cette grille gauche-droite est obsolète (si elle fût un jour correcte? Rappelons-nous du ralliement de la majorité de la SFIO à l’Etat Français le 10 juillet 40). Dans un commentaire un internaute évoquait le programme du conseil de la résistance. Ce n’est pas faux au moins dans l’approche. C’est bien d’un front politique nouveau porteur d’un programme révolutionnaire qui est aujourd’hui la priorité des priorités comme le fût le CNR. Le pire des scénarii serait que nous ayons à connaitre dans un premier temps la débâcle… Le combat est politique car "L'ennemi est dans notre propre pays" proclamait Karl.

Axel

@Ennat
Ce que tu (je me permets de te tutoyer) dis es vrai, mais le fait est que les Français ne sont pas assez unis pour se battre pour le changement: au moment où nous avons le plus besoin d'une collectivité unie, forte, consciente de ses intérêts, les français semblent être apathiques (peut-être que la grogne de l'affaire EPAD est un prélude à un réveil).
La stratégie particulièrement dégueulasse que notre classe politique a trouvé est de monter les français les uns contre les autres: en témoigne "l'affaire du voile/burqa", "le débat sur l'identité nationale", où notre classe politique instrumentalise une question réelle mais secondaire, pour détourner les citoyens de l'important: le changement de notre modèle économique.
"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous" disait Karl, "Français, unissez-vous" devrions-nous dire.

ENNAT

Dans le débat d'idées que nous menons, un article de David TODD "Le protectionnisme, un libéralisme internationaliste
Naissance et diffusion, 1789-1914"
par David Todd [20-10-2009]

Sur le site http://laviedesidees.fr
A lire pour confondre les faussaires.

ENNAT

Réponse à Axel:
Que recouvre ce que tu appelles "les français"? Il est à mon sens impossible d'utiliser cette catégorie dans un débat politique (FH Pinault, BHL ou F Lefèvre sont français comme toi et moi mais je suis sûr qu'aucun débat n'est possible entre nous) Entre toi et moi, et avec beaucoup d’autres, je pense qu'effectivement, dans ce moment tragique pour la France, nous sommes dans un même combat et donc débattre entre nous est possible et nécessaire. Lorsque Bayrou propose à toutes les oppositions de débattre des idées et des propositions, il faut accepter même si je pense que très vite il se placera hors jeux mais qui sait ? Pourquoi pas un revirement de sa part ? Et ce serait tant mieux. Le P-G développe de très bonnes idées. Mais pourquoi ostraciser ce qui ne porte pas le label « gauche », Mélanchon devrait garder en mémoire que la majorité des bons camarades de la SFIO fût colonialiste en 1954… défendant l’idée d’une Algérie française et que c’est De Gaulle qui eu l’intelligence politique de reconnaître l’indépendance du peuple algérien.
Le peuple de France qui se retrouve dans ses partis, ses syndicats, ses manifestations et ses votes, a démontré à de nombreuses occasions sa grande intelligence politique (quel beau moment que ce printemps 2005). Construire le programme, regrouper dans la clarté les forces militantes qui se reconnaissent pour le porter au gouvernement. Là est notre obtination.

baloo31

Oui, les notes récentes de Patrick Artus sont très inquiétantes.
Le problème fondamental de l’Occident, c’est qu’il a développé une économie basée sur la surconsommation financée par le surendettement depuis trente ans en gros. Il me paraît évident que tant que le problème du désendettement massif ne sera pas abordé franchement, toute tentative de relance de la sacro-sainte croissance sera un leurre. D’autant qu’en réalité, nous sommes bien dans un processus de désendettement privé subi ou voulu et que le seul moyen qu’ont trouvé les gouvernements pour relancer l’économie a été de substituer l’endettement public à l’endettement privé, c’est à dire de repousser l’échéance à plus tard. Cette politique absurde semble basée sur l’idée que les économies mondiales sont beaucoup trop imbriquées et que la Chine, par exemple, ne peut laisser tomber les occidentaux sous peine de se voir priver de leur marché. Mais la Chine n’est pas dans une économie de surconsommation et de surendettement, elle peut très bien, avec beaucoup de difficulté certes, se recentrer à la fois sur son marché intérieur et à la fois sur le marché asiatique plus large. Si elle réussit à créer avec les pays voisins une espace économique de libre-échange style union européenne (et apparemment le nouveau gouvernement japonais est intéressé), elle se détournera du marché occidental et refusera alors de continuer à subventionner les déficits publics occidentaux, nous laissant nous débrouiller avec nos dettes gigantesques.
Henry Kissinger a donné une interview intéressante au Figaro le 16 octobre où il décrit l’état d’esprit des dirigeants chinois en ces termes:
« Les Chinois ne font pas confiance à l'Amérique pour bien mener les grandes affaires politiques de la planète. Ils trouvent que l'idéologie a une part trop grande dans la manière dont les Américains conçoivent les relations internationales. En revanche, les Chinois, avant cette crise financière, nous considéraient comme des gens sérieux et fiables dans le domaine de la finance et de l'économie. Ils faisaient confiance à notre modèle et souhaitaient même l'imiter. La violence de la crise, l'irresponsabilité montrée par les grandes institutions de Wall Street ont beaucoup surpris et choqué les Chinois. Nous les avons profondément déçus.» En gros, ils se sont fait avoir et ne sont pas près de recommencer la même erreur.
Pour moi, toute discussion sur notre avenir économique doit absolument intégrer l’idée que nous sommes des puissances déclinantes qui ne peuvent plus « profiter » d’un rapport de domination absolue comme au bon vieux temps. Je sais que c’est un rude coup pour notre fierté « d’hommes blonds aux yeux bleus » comme l’a dit ironiquement Lula mais
c’est l’impression que nous étions les maîtres du monde, que nous pouvions tout nous permettre, même les erreurs les plus grossières, qui nous a conduit dans le mur, qui nous a fait accepter toutes les délocalisations absurdes, tous les délires spéculatifs des financiers, toutes les incitations à la consommation à outrance, en fait toute la logique du capitalisme dans sa forme actuelle. Je ne suis pas économiste mais il me paraît évident qu’il faut revenir à des formules simples, consommer ce que l’on peut produire réellement ou acheter à l’extérieur avec de la vraie monnaie, pas des billets de monopoly ou de nouvelles dettes jamais remboursées. C’est peut-être basique, mais j’ai l’impression que nous nous noyons dans trop de détails, trop de supputations, comme si nous nous sentions définitivement largués par la complexité de nos sociétés actuelles sans nous rendre compte que l’Histoire est éminemment simplificatrice à terme.

Malakine

@ Baloo31

Ton propos rejoins celui d'un bouquin que j'ai lu récemment (l'occident contre l'occident de Jack dion) sur lequel je consacrerais peut-être bientôt un papier. Ce discours anti-occidentaliste m'inquiète un peu car j'y vois une dimension de pénitence : "C'est bien fait, on l'a bien cherché, on doit payer"

Même si l'analyse n'est pas fausse, ça n'aide pas beaucoup à trouver des solutions. Au contraire. Le discours de la désoccidentalisation du monde, doit à mon avis être un point de départ, pas une conclusion.

cording

@ Ennat
Pour prolonger ce que tu dis je pense qu'on peut qualifier de trahison le choix des élites à l'instar du précédent historique de 1940 où elles ont investi Pétain! Il y a un consensus entre la droite et la gauche pour des politiques libre-échangistes par un internationalisme compris au sens de négation de la Nation et pour une europe néolibérale parce qu'il faut à l'oligarchie l'Europe à tout prix selon eux nation égale nationalisme, égale guerre! Cet argument, je l'ai entendu de la bouche d'un militant UMP sur un marché parisien!
Cette élite trompe les français voire les méprise parce qu'ils votent mal! comme Sarkozy en disciple de Chirac en 2007, comme les socialistes depuis le 29 mai 2005! Cette élite est aussi d'ordre économique, sociale et médiatique qui ont tous fait massivement campagne pour le Oui au "TCE"; elle les a copieusement insulté dès le soir du 29 mai. IL faut se souvenir de cela et comme le rappelait Emmanuelli C'est la Chambre qui a investi Blum qui a investi Pétain!
Le problème c'est qu'il n'y a ni De Gaulle, ni Gorbatchev en vue!!!
Comme le disait Hegel la chouette de la raison s'envole au crépuscule!

Coralie

Deux remarques pour essayer de vous remonter le moral

La "relocalisation" en Europe de certaines industries a déjà commencé.
Per exemple Ravensburger a commencé à rapatrier depuis deux ans ses fabrications de jeux et jouets de Chine en Europe de l'Est. L'industrie du jouet est pourtant au niveau mondial l'une de celles qui avait le plus délocalisé.
Le retour est encore possible.

Pour ce qui est des désordres monétaires à venir, l'inflation pointe son nez. Or elle est moins défavorable aux salariés qu'aux rentiers. Et elle constitue l'un des moyens favoris des Etats pour rembourser leurs dettes.

Axel

@ Coralie:
Je ne suis pas sûr que le rapatriement de Ravensburger en Europe de l'Est soit une bonne chose pour nous. Par "nous", j'entends les pays ouest-européens désindustrialisés: la concurrence est-européenne est du même ressort que la concurrence chinoise: importer des produits de pays où la main-d'oeuvre a un coût plus faible que chez nous.
Qu'elle soit en Pologne plutôt qu'en Chine ne nous arrange pas tant que ça.

Quant à l'inflation, j'espère que vous avez raison, mais une inflation trop rapide est également très nuisible.

RAS

Permettre aux banques centrales d'acheter des bons du trésors en masse. Financer les déficits publics à taux réels négatifs, réactiver la planche à billets et profiter d'une nouvelle inflation pour liquider la rente.
J'ai lu ça chez Jean Claude Werrebrouck (contre-info), ça a l'air tentant!

RAS

Malakine,
Que pensez-vous des articles de Jean Claude Werrebrouck? Vous parlez à peu près de la même chose, regardez: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2853
Désolé, je présume, pour la pub faite pour ce site concurrent; je ne vois là que ce fait pour expliquer la suppression de mon précédent commentaire.
Bonne continuation.

Malakine

@ RAS

Contre-info un concurrent ? lol !
Je voulais effectivement attirer l'attention sur l'aspect du problème "dette". J'ai vu ces textes sur contre info, mais ce sont des pavés. A mon age, j'ai besoin d'imprimer les textes de cette longueur pour les lire à tête reposée. Je fais ça dès que possible et je vous dit mon avis.
Non, non pas de suppression. Il n'y a aucune censure ni a priori, ni a postériori (sauf dérapages manifestes) C'est surement un pb technique.

RAS

Au temps pour moi! Vous savez, votre avis m'intéresse au plus haut point mais je crois, pour ma part, qu'au point où nous en sommes, il est bon que nous demeurions optimistes: cela sied mieux à notre entendement. C'est une fenêtre d'opportunités qui s'est ouverte à vous, les connaisseurs, alors continuez à y aller à donf!

ENNAT

Suite à la lecture du texte de Jean Claude Werrebrouck, je transmets un extrait de l'interview donné ces derniers jours par JK Galbraith à Libération (où il présente son ouvrage « l’Etat prédateur »). C’est moins subtil que Werrebrouck mais peut être plus proche de la réalité.
« Qu’avons-nous vu? Des membres d’une nouvelle classe sociale, dotée de moyens financiers qui dépassent l’entendement, s’emparer de l’Etat dans le but de le gérer. Ils ne l’ont pas fait pour mettre en œuvre le grand projet idéologique du grand marché libre. Les membres de cette classe l’ont fait pour que cela puisse leur rapporter le plus d’argent possible, à eux individuellement, et eux en tant que groupes. Pour que leur pouvoir ne soit pas perturbé. Ils l’ont fait pour que cela leur offre les garanties d’être renfloués au cas où les choses tourneraient mal. Ils ont décidé d’agir en prédateurs vis-à-vis des institutions de réglementation et de bien-être social qui existaient avant leur arrivée au pouvoir. C’est ça l’essor de ce que j’appelle «l’Etat-prédateur». Les grandes firmes qui ont pénétré la gestion de l’Etat n’ont aucun attachement à aucun pays. Elles ne reprennent à leur compte aucun but d’aucune collectivité à part la leur. Disons que la notion même d’intérêt public est étrangère aux dirigeants de cette coalition. Ils nient l’existence d’un intérêt public. Ce qui est valable aux Etats-Unis l’est tout autant chez vous en Europe.

baloo31

Malakine,
Je ne connais pas le bouquin de Jack Dion, je ne peux pas te répondre sur la notion de pénitence. J’essaie d’analyser grossièrement un processus historique. Il se trouve que l’Occident, berceau du capitalisme, a pu imposer au monde sa conception de l’économie que cela soit par la colonisation, l’impérialisme militaire ou la mondialisation et nous avons cru que cela perdurerait. Je me souviens du discours rassurant sur les délocalisations dans les années 80. En gros, on allait refourguer aux pauvres pays émergents tout le boulot stupide, genre travail à la chaîne pour produire des marchandises de base et on garderait tout les boulots hautement qualifiés ce qui serait tout bénéfice pour nous, tant d’un point de vue carrière professionnelle que confort de vie. Et comme on était en avance sur le reste du monde et qu’on travaillait dur pour développer les nouvelles technologies, qui bien sûr profiterait à tout le monde, il était logique qu’on soit mieux payé et qu’on jouisse d’un bien meilleur niveau de vie. Les autres nous rattraperaient certes mais bien plus tard. C’est quand même une vision bien élitiste ça, comme si les pays émergents n’étaient pas capable à terme de créer aussi leur propre élite professionnelle, comme s’ils n’étaient pas capable d’avoir leur propre vision politique à terme.
D’accord je caricature un peu, mais admettons quand même que nous nous sommes fort peu préoccupés des déséquilibres croissants, ceux en particulier des balances commerciales. Tant que les containers remplis d’écrans plats ou de portables arrivaient à bon port, point de souci. Nous ne nous sommes pas trop préoccupés non plus de la désindustrialisation et de la perte peut-être irréversible de notre savoir-faire spécifique. Pour qu’un système social fonctionne, il faut un consensus populaire et ce consensus en Occident est basé sur une amélioration continuelle du niveau de vie et la paix tant civile que militaire. Nous avons été jusqu’au bout de notre logique économique pour préserver ce consensus. Et nous croyons que nous avons encore la possibilité de le préserver avec les mêmes méthodes, nouvelles délocalisations et nouvelles dettes. C’est un travers psychologique dont je pense que nous aurons beaucoup de mal à nous débarrasser. C’est pourtant nécessaire pour comprendre la nouvelle situation dans laquelle nous allons dorénavant évoluer.

Malakine

@ Coralie et Axel

"L'inflation est moins défavorable aux salariés qu'aux rentiers" Ce point mérite discussion. On pense cela car on a en tête la décennie 70 marquée par une forte inflation et une déformation des revenus en faveur du travail au détriment du capital. Depuis deux éléments ont changé la donne. D'une part la désindexation des salaires sur les prix, et d'autre part l'émergence du capitalisme actionnarial.

Si on assistait à une nouvelle flambée des prix, liée à un renchérissement des prix de l'énergie comme en 2007-2008 ou aux produits importés comme l'annonce Artus, il vaudrait mieux voir cela à mon avis, comme un prélèvement de richesse et une régression du niveau de vie de l'ensemble de la population. On n'est pas dans l'hypothèse où les prix augmentent (tous les prix y compris les salaires) parce que la valeur de la monnaie s'effrite.

@ Baloo

Quel est ton propos ? Il manque une conclusion à ton post. Tu veux dire que la thèse de la désoccidentalisation est salutaire car elle va générer la prise de conscience que nous avons perdu la guerre économique en raison de notre arrogance ?

Oui, mais comme je le dis dans le billet suivant, cela n'aide pas à trouver des solutions. C'est juste mais ça ne suffit pas.

 cording

@ ENNAT
Je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler comme le fait JK Galbraith l'origine de cette nouvelle classe sociale prédatrice qui a mis l'Etat à son service comme on le voit avec Obama.Ce sont les politiques fiscales et monétaires de Ronald Reagan et Margaret Thatcher inspirées des idées de Milton Friedman et Fréderick Hayek et de la Société du Mont-Pélerin qui dès 1945 ont pensé à la déconstruction de l'Etat-social crée en réaction à la crise de 1929 sous prétexte que c'était la route de la servitude.IL fallait tarir le financement de la protection sociale en baissant les impôts des classes les plus aisées sous le prétexte que leurs dépenses financeraient l'activité économique.Cela a commencé en Californie en 1978 par la proposition 13 votée et inscrite dans la constitution selon laquelle les impôts ne pouvaient augmenter sans l'aval des 2/3 des élus ce qui donne un pouvoir exorbitant aux minoritaires. C'est la raison pour la quelle la Californie, laboratoire du néolibéralisme, est au bord de la faillite! Un mouvement s'amorce "Repair California" pour mettre fin à cette bêtise. Aux US les plus lucides de cette classe comme Warren Buffet et Bill et Melinda Gates plaident pour la réhabilitation de l'impôt sur les plus hauts revenus à des taux élevés. En France,en Europe et dans le monde entier ces idées dont on voit le caractère profondément malfaisantes ont été mises en vigueur à des degrés divers quelques soient les pouvoirs en place c'était devenu la doxa commune, le prêt-à-penser indispensable pour être entendu et écouter
Patrick Artus fait partie de ce prêt-à-penser qui est appliqué au niveau de l'UE avec cette idée sotte du statut de la BCE de la stabilité monétaire à tout prix ce qui favorise la rente au détriment du travail. Il faut euthanasier les rentiers!!
Maintenant il faut reconstruire, les idées sont là mais il ne manque plus que des politiques soucieux du bien commun pour les mettre en pratique.

Coralie

@ Axel

La relocalisation en Europe de l'Est, pour peu qu'elle s'opère dans des pays de la zone euro, c'est presque comme une relocalisation dans le Limousin... Les salaires et le droit social y convergeront in fine avec ceux de l'Europe de l'Ouest.
D'accord, vivement le in fine...
Mais c'est trop tard pour un repli sur l'hexagone seul; les entreprises françaises sont dans l'ensemble déjà trop "européennes" (cf par exemple Pierre-Noël Giraud, La Mondialisation, Emergences et Fragmentations, 2008)

yamoni

@ Coralie
Hélas pour les salaires et le droit social car si effectivement il y aura convergence c'est au détriment de la partie ouest de cette gigantesque "démocratie" qu'est devenue l'europe.
Les allemands avec leurs réforme Hartz IV ont ouvert la brèche, http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9formes_Hartz, et livrés leurs pauvres à 1€ de l'heure pour le moment aux associations et milieux sociaux et culturels.
Il est évident que ce n'est que le début et nous diront-ils le prix à payer (sic) pour la soit-disante ré-industrialisation dont au passage rappelons-le le départ (délocalisation) est à l'origine de ces merveilleuses avancées sociales!
Il n'est pas non plus anodin que nous ayons été privés du droit de refuser le traité de lisbonne qui entre autres joyeusetés contient le minimum salarial à 1€ de l'heure !!!
Bonjour chez vous.

etienne

Il y aurait beaucoup à dire à propos de l'argumentaire catastrophiste de P. Artus, qui prend peut-être ses fantasmes pour des réalités(désindustrialisation et réduction massive du pouvoir d'achat). Voici quelques objections qui me font dire qu'il ne faut peut-être pas prendre ce Monsieur trop au sérieux:

-sur le rééquilibrage des finances publiques: il part du principe que des mesures de restriction budgétaire, et leurs effets dépressifs sur la demande globale vont de soi.
Un lecteur attentif de J. Sapir objectera qu'il existe au moins deux possibilités alternatives: une fiscalité aggressive et très ciblée - en gros, qui préserve absolument la demande des ménages -, et un financement des déficits par les Banques Centrales à taux zéro, ce qui revient à leur monétisation.

-à propos de la relative inefficacité des politiques monétaires expansives, il a raison d'affirmer qu'elles alimentent en partie le désendettement (ce qui était quand même l'objetif premier), ne font pas repartir le crédit, et nourrissent aussi en partie de nouvelles bulles spéculatives.
En l'absence de contrôle des banques, il est évident que celles-ci s'empressent de ne faire qu'une seule chose, à savoir reconstituer leur profits en profitant de coûts de refinancement extrêmement faibles, quitte à reprendre leurs habitudes (financement des LBO, titrisation etc...). La réorientation des liquidités vers la sphère de l'économie réelle passe évidemment par la mise au pas de la finance, ce qui semble échapper à P. Artus.

-P. Artus attribue la crise actuelle à une chute, bien réelle, de la demande interne, qui serait due essentiellement à la remontée nécessaire des taux d'épargne et au désendettement des agents privés, ménages et entreprises.
Ce phénomène est tangible dans certains pays, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l'Espagne, mais ne touche pas autant les pays s'étant peu engagées dans la bulle du crédit hypothécaire. Le plus drôle est qu'il nous présente une courbe de taux d'épargne remarquablement plate pour la zone euro depuis 2002, seule l'Espagne se distinguant par une nette remontée après 2007.
Quand à la chute de la demande intérieure, si elle est massive pour l'année 2009, elle est attribuable en partie à la chute des investissements, dont l'effet décélérateur est bien connu en période de récession: selon Eurostat, les dépenses de consommation privée dans la zone euro ont baissé de 1,7% en glissement annuel au plus fort de la crise (1er tim 2009), contre -12% pour l'investissement.
Les situations sont par ailleurs très contrastées pour ce premier agrégat depuis la mi-2008: pas de recul ni en France ni en Allemagne, contre -4% pour la G-B et -6% pour l'Espagne.
Curieusement, pour appuyer ce "désendettement" massif des agents, P. Artus nous gratifie d'une courbe de croissance annuelle des encours de crédits aux agents, qui se dégonfle complètement après la mi-2008: merci, on le savait, c'est effectivement la manifestation de la crise du crédit qui a suivi l'éclatement de la bulle, mais on ne peut appeler cela du désendettement, tant que la courbe ne descend pas en dessous de zéro!

P. Artus se sert de cette argumentation pour nous persuader que les mesures contracycliques prises par les gouvernements sont coûteuses et inefficaces, alors qu'il n'en sait rien, pas plus que quiconque, puisqu'il est trop tôt pour en mesurer les effets. Mais ces gens-là se sont toujours méfié du keynésianisme vulgaire...

L'objectif de tout cela est pourtant explicite: P. veut simplement nous persuader "d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat."...on ne peut être plus clair!

jlb

Il serait souhaitable de récupérer notre monnaie :le franc.

Toute dévaluation sans cela est impossible.

Gare à l'inflation pour les rentiers, on n'est plus en 1930 avec 50% de paysans et d'artisans.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.

Stats


  • Fréquentation du site