Dans le contexte délétère actuel, marqué par le retour en force des problématiques sécuritaires et « civilisationnelles »(1) et une crise économique et sociale, apparemment insoluble, tout le monde s’accorde pour dire que le Front National a le vent en poupe, surtout si ce parti voit accéder à sa tête, la talentueuse Marine Le Pen en décembre prochain lors de son congrès de succession. Beaucoup annoncent même, y compris des analyses de droite, un 21 avril à l’envers qui verrait Marine accéder au second tour et perdre face au candidat socialiste.
Ce contexte porteur pour le FN a remarquablement été décrit par Philippe Cohen dans le dernier numéro Marianne, dont l’article a été repris ici. On y trouve deux scoops assez surprenants, qui témoignent que les murs sont en train de bouger dans la galaxie nationalo-souverainisto-républicaine : L’économiste (de gauche) Jacques Sapir a été suffoqué d’être contacté. Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, avec lequel elle voudrait prendre langue, a fini par annuler deux dîners organisés par l’ex-député européen Paul-Marie Coûteaux.
Même si on comprend bien les réticences et les freins, on peut se demander si l’accession de Marine à la tête du FN et la transformation qu’elle ne manquera pas d’y conduire, ne préfigure pas une profonde recomposition du paysage politique qui pourrait donner naissance à une nouvelle force d’opposition, plurielle mais organisée, enfin capable de rivaliser avec le système incarné par le PS et l’UMP.
Je m’adresse ici principalement à ceux qui, comme moi, se sentent partie prenante de la grande et si éclatée famille républicaine et souverainiste, pour les inviter à réfléchir à la manière dont elle peut s’adapter à la nouvelle donne entraînée par l’irruption de Marine Le Pen dans le paysage politique. Je développe dans ce qui suit, un projet et des propositions concrètes, que je mûris depuis quelques temps, notamment à la faveur d’échanges que j’ai pu avoir avec des responsables de formations souverainistes.