Depuis le vote de dimanche dernier où les électeurs flamands ont votés à 45% pour des partis séparatistes, l’hypothèse d’un éclatement du pays apparaît de plus en plus inéluctable. Pour tout observateur un peu lucide et connaisseur du dossier, ce n’est qu’une question de temps. Lorsque les négociations pour la constitution d’un gouvernement auront échouées après une nouvelle tentative de déshabillage de l’Etat fédéral, d’ici six mois, un an, deux ans tout au plus, la question du rattachement de la Wallonie à la République française ne manquera pas de se poser.
Si en Belgique, les rattachistes militants sont encore une infime minorité, les esprits semblent évoluer à grande vitesse comme on a pu le constater hier soir dans l’excellente émission de Yves Calvi astucieusement intitulée “la Walonie, 27ème région française ?”. Par résignation face à l’intransigeance de leurs compatriotes du nord, par lassitude devant les interminables crises institutionnelles ou simplement par acceptation du sentiment national flamand, les wallons commencent à envisager l’hypothèse d’une intégration dans la nation française comme une solution de recours.
Mais je ne français et non Belge. Plus que la crise belge elle-même, c’est l’attitude ambiguë et hésitante des français face à cette hypothèse de « réunification » qui m’intéressera aujourd’hui.
Encore un instant, Monsieur le Bourreau
A ma grande surprise, la prévisible poussée séparatiste coté Flamant n’a eu aucun pendant coté Wallon. Le parti rattachiste « Rassemblement Wallonie France » a fait des scores dérisoires partout, y compris dans la région de Liège, la plus francophile entre toutes. Les politiciens francophones restent attachés à l’idée de l’unité du pays. On peut les comprendre. Un politicien, surtout lorsqu’il est socialiste, est essentiellement motivé par la perspective d’occuper des postes prestigieux, d’autant plus que le grand vainqueur des élections, Bart De Wewer, a plus ou moins promis le poste de premier ministre à un Francophone. De ce point de vue, l’intérêt de classe des politiciens plaide incontestablement en faveur de la survie d’un Etat Belge, fût-il vidée de toute substance.
Pourtant, on voit bien mal comment un accord à long terme pourrait être trouvé tant les positions des deux communautés sont inconciliables, que ce soit que la gestion de la sécurité sociale dont les Flamands réclament la régionalisation pour ne plus avoir à payer pour les wallons, ou sur la question de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde où les flamands défendent et appliquent une véritable politique de « purification linguistique ». Quand bien même les deux vainqueurs des élections, de Wewer et Di Rupo, arriveraient à s’entendre sur un programme a minima, une nouvelle crise ne tarderait pas à se produire.
L’affaire est plus complexe du coté Français – et peut-être plus intéressante. La classe politique française commence à se positionner sur la question du rattachement et on commence à distinguer plusieurs familles.
Une évidence pour les républicains pan-nationaux
Commençons par les rattachistes français (dont je suis). Celui-ci qui va le plus loin en la matière est Eric Zemmour. Le meilleur analyste politique du moment est - on le sait - attaché à la théorie des frontières naturelles de la France qui débordent largement de l’hexagone pour aller jusqu’au Rhin, englobant ainsi non seulement la Wallonie, mais aussi la Flandre, le Luxembourg, la Sarre et la Rhénanie. La création de la Belgique en 1830 fût une construction artificielle imposée par les grandes puissances de l’époque pour affaiblir la France après le premier empire. Le destin de la Wallonie est donc de rejoindre la grande nation qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Ce rattachement inéluctable sera l’équivalent de la réunification de l’Allemagne. On comprendra aisément qu’avec une telle grille de lecture, la question ne souffre pas de longs débats.
Dans cette catégorie, on peut classer Jean Pierre Chevènement qui vient de déclarer sur son blog que « les Wallons doivent savoir qu’une majorité sans cesse croissante de Français accepterait, si bien sûr eux-mêmes le décidaient, de les accueillir au sein de la République française ». Jean Luc Mélenchon a pris la même position « On a compris que je suis un « rattachiste », comme on dit. Si les Flamands s’en vont, si la Belgique « s’évapore », alors que les Wallons viennent avec nous. Ce serait la conclusion d’une pente prise il y a des siècles et maintenue sans désemparer dans les sentiments populaires des Wallons comme des Français. »
La droite gaulliste est sur la même ligne que la gauche républicaine, ce qui ne sera pas une surprise. Ainsi Jacques Myard s’il s’est contenté d’affirmer que « La France ne fera pas l’économie d’élaborer une politique à l’égard de la Belgique, la question du rattachement de la Wallonie et de Bruxelles se pose à terme, qu’on le veuille ou non », dans la mesure où il condamne la construction étatique Belge « aujourd’hui dépassée et obsolète » on comprend où penche son inclination.
Enfin, notre ami Nicolas Dupont Aignan, s’appuyant sur les mêmes références historiques tend lui aussi la main aux wallons : « Il ne s’agit pas plus aujourd’hui qu’hier de déstabiliser ce pays souverain pour accélérer une extension territoriale de la France. Non, il s’agit tout simplement, dès lors que le jusqu’au-boutisme du nationalisme flamand ne leur laisserait plus d’autre choix, d’oser dire clairement à nos amis wallons que la France les accueillerait à bras ouverts. Car comment accepter de laisser les francophones si proches de notre pays mis à l’écart et rejetés. Ce serait une chance autant pour les Wallons qui retrouveraient une communauté de destin que pour notre pays qui prendrait un peu plus de poids au sein de l’Union européenne. »
Les fantasmes des jacobins europhobes
N’ayant pas trouvé de reflet de cette famille de pensée dans la classe politique, je m’appuierai sur notre ami blogueur Edgar qui a consacré deux articles successifs pour s’opposer au rattachement avec des arguments bien à lui, mais qui me semblent assez représentatifs de cette sensibilité que je veux ici décrire. Les jacobins, qui sont traditionnellement hostiles aux mouvements régionalistes ne peuvent voir d’un œil favorable le séparatisme flamands dont ils craignent qu’ils ne se répandent en Europe jusqu’à démembrer l’hexagone lui-même à son tour. L’hostilité au séparatisme est d’autant plus grande lorsque les séparatistes s’expriment sur fond de drapeau européen. Derrière l’affaire Belge, ils voient un complot contre les Nations fomenté par ces fédéralistes euro-béats qui ont toujours voulu promouvoir une Europe des Régions où les Etats auraient perdu toute substance. Ce qui hérisse encore plus les jacobins dans cette affaire, c’est l’idée saugrenue et absurde, lancée par je ne sais quel illuminé de constituer la région de Bruxelles en District Européen à l’image de Washington DC aux Etats-Unis. Fragmentation des nations et affirmation d’un Etat Européen, voilà qui est insupportable pour eux. Et on le comprend !
A mon sens, ces craintes sur l’émergence d’un Etat européen sont totalement infondées. L’évolution de l’Europe depuis quelques années va clairement dans le sens contraire, affaiblissement des institutions fédérales, affirmation des Etats et notamment des plus grands d’entre eux. Sarkozy n’a d’ailleurs pas été pour rien dans cette évolution.
Cette grille de lecture colle d’ailleurs mal au cas d’espèce. La Belgique n’a rien d’une nation au sens français du terme et la transformation de Bruxelles en district européen relève à ce jour plus du fantasme que d’un projet réaliste, la solution la plus probable étant qu’en cas de partition, Bruxelles soit amené à choisir entre son identité historique flamande et la francophonie majoritaire de sa population.
Enfin, il n’existe aucune menace réelle de séparatisme régionaliste en France, l’affaire semblant s’être calmé en Corse et n’existant nulle part ailleurs. Mais il faut se poser la question au fond. Toute velléité sécessionniste est-elle nécessairement illégitime et condamnable ? Doit-on considérer les frontières actuelles comme intangibles, fussent-elles des conséquences hasardeuses d’une histoire chaotique ? Je ne le pense pas. L’aspiration à l’autonomie doit s’apprécier au cas par cas, en fonction de ses motivations. Lorsqu’il s’agit comme en l’espèce de deux communautés qui ne partagent déjà plus rien ensemble, notre conception de la nation ne devrait pas avoir à s’y opposer. En tout état de cause, la question qui nous est posée n’est pas celle du séparatisme flamand mais l’hypothèse d’une fusion franco-walonne.
L’angoisse des boutiquiers et des politiciens dépolitisés
L’intérêt de classe des politiciens Wallons rejoint celui de ceux qui sont actuellement au pouvoir en France. La Wallonie votant massivement et systématiquement à gauche, on comprend aisément que Sarkozy ne soit pas pressé de les inclure dans le corps électoral du pays.
En outre, on imagine les sueurs froides que doivent inspirer aux technocrates de Bercy et à nos ministres pour qui le maintien de la cotation AAA de la France constitue désormais le seul horizon politique pour la France, la perspective d’hériter d’une partie de la dette belge qui avoisine les 100% du PIB et de devoir se substituer aux riches Flamands dans le financement du système social de la Wallonie où le taux de chômage s’élève à 15%. La crainte serait moindre dans l’Hypothèse où la région de Bruxelles accompagnerait la Wallonie. Ce point étant loin d’être acquis à ce jour, on comprend que tous ceux qui réduisent la politique à des questions de gestion et de comptabilité ne soient guère enthousiastes à l’idée du rattachement. Cela explique probablement pourquoi les socialistes français restent muets sur la question. Si leur intérêt corporatif plaiderait en faveur du rattachement, leur conception de la politique qui consiste à répandre sur des clientèles électorales, des subsides prélevés dans des caisses déjà vides, leur recommande la plus extrême prudence.
Mais au fond, que pèsent quelques milliards de plus dans l’océan de déficit et de dettes dans lequel on baigne déjà ? La fierté nationale aurait-elle un prix ?
L’incompréhension des élites post-nationales et euro-mondalistes
Enfin, il est une dernière catégorie qui sera probablement majoritaire parmi les politiques de l’arc central et des éditorialistes bien pensant. On pourrait les qualifier d’autruches car ils nieront jusqu’au bout le phénomène séparatiste flamand comme le risque d’éclatement de la Belgique, comme l’ont fait cette semaine Serge July ou Pascal Perrineau. Incapable d’appréhender un phénomène qui ne cadre pas avec leur représentation idéologique du monde, ils préfèreront voir dans la crise belge une montée de l’extrême droite, une poussée de populisme ou une conséquence inquiétante de la crise. Les nations étant un cadre dépassé et ringard, jamais ils n’admettront la légitimité de l’aspiration identitaire des flamands. Encore moins celle des Wallons à rejoindre la France !
L’éditorialiste aux deux neurones de France Inter et de Slate.fr, Thomas Legrand, est assez représentatif de cette famille du prêt à penser dans l’air du temps a commis cette semaine un article d’une insondable bêtise où il tente de présenter le gaullisme comme une nostalgie ringarde mais où en réalité il enterre la France elle-même. Il est évident que l’idée qu’une nation puisse être attractive et étendre son territoire comme sa population paraît totalement anachronique à ceux qui pensent que la France ne doit plus prétendre à une quelconque grandeur mais doit se fondre docilement dans un gouvernement européen pour mieux se soumettre au nouvel ordre euro-germano-mondialiste. S’il ne fallait qu’un argument pour être rattachiste ce serait bien celui là.
***
La réunification de la France exprimerait à la face du monde qu’elle est encore une nation vivante, quoiqu’en disent ses élites xénophiles et malgré ce qu’en pensent les Français eux-mêmes. Mieux que cela : l’accueil de nos compatriotes wallons nous ferait renouer avec le fil de notre identité de “grande nation” rompue après le traumatisme de Waterloo. Notre réunification pourrait ainsi marquer la première étape d’une réactualisation du projet révolutionnaire, qui aujourd’hui comme hier, consiste à renverser un ordre ancien et failli, fondant l’autorité des puissants sur le respect de dogmes de droit divin pour leur substituer le principe de la souveraineté populaire et ensuite proposer un chemin d’émancipation à tous les peuples. Hier le principe monarchique, aujourd’hui le marché mondialisé. La France réunifiée retrouvera sa fierté et la force de relever la tête, pour tenir tête aux empires économiques, juridiques et financiers qui aujourd’hui nous asservissent.
Et si la clé de la renaissance nationale française se trouvait quelque part entre Liège et Bruxelles ?
Malakine
PS : Remerciement à mes amis rattachistes de Facebook grâce auxquels je n’ai plus à faire la moindre recherche documentaire sur ce sujet et dont j’espère faire la connaissance le 14 juillet prochain pour la fête nationale … à Liège !
A lire également :
Sur ce blog : “L’éclatement de la belgique sera t-elle la réunification de la France” 26 Août 2007
“Finis belgicae” de Denis Griesmar sur le site du RPF
Une chose qu'il faut tout de même noter concernant nos "compatriotes" wallons, c'est que la Wallonie n'a quasiment jamais fait partie de la France (hormis durant la période révolutionnaire et l'Empire). La "réunification" envisagée est donc quelque peu fantasmatique sous cet aspect, tant tout le destin de cette sympathique région a été depuis les dix derniers siècles fort éloigné, notamment sur le plan institutionnel, de tout ce qu'a connu la France proprement dite. Avant la Belgique, l'essentiel de la Wallonie appartenait en effet aux Pays-Bas méridionaux (sous domination des Habsbourg, espagnols puis autrichiens) ou à la petite principauté ecclésiastique de Liège. En fait il faut remonter aux Carolingiens pour trouver un ensemble étatique réunissant durablement la Wallonie et l'essentiel de la France actuelle, tandis que la Flandre, elle, faisait partie du royaume des premiers Capétiens; tout cela étant bien antérieur de toute façon à l'apparition d'un quelconque sentiment national. Quelle que soit l'option que l'on choisisse (rattachiste pourquoi pas), certains termes comme "réunification" ne peuvent qu'être historiquement impropres. Unification pourrait convenir à la rigueur, mais alors unification d'un peuple défini selon le seul critère de la langue.
Rédigé par : Emmanuel B | 16 juin 2010 à 23:11
Et dire que ça dure depuis plus de 60 ans et que De Gaulle avait déjà vu le problème.
Une preuve de plus que se réclamer du Gaullisme, si cela n'a pas un intérêt électoral immédiat, est néanmoins tout à fait d'actualité.
Alain Peyrefitte écrit dans "C'était de Gaulle" (p 1555)
"Je sais bien qu'après la Libération, il aurait suffi que je claque des doigts pour que la Wallonie demande son rattachement à la France. Mais justement, j'estimais qu'il ne m'appartenait pas de claquer des doigts. Il aurait fallu que les Wallons ou leurs représentants légitimes prennent l'initiative. La France n'avait pas à payer une dette comme au Canada. Un moment, j'avais songé à faire un voyage qui aurait commencé à Gand, je me serais arrêté à Dinant où j'ai été blessé en 14, à Namur, capitale de la Wallonie, j'aurais descendu la Meuse jusqu'à Liège, dont Michelet disait qu'elle était plus française que la France. Ç'aurait été comme le Chemin du Roy au Québec. Mais j'ai résisté à la tentation.
"Notez bien que depuis mon retour aux affaires, une de mes premières initiatives a été d'inviter le Roi et la Reine des Belges. On ne m'a jamais rendu l'invitation. On avait trop peur, sans doute, des manifestations populaires en Wallonie."
Il reprend, après quelques secondes : « J'avais reçu une délégation de Wallons, bien décidée à préparer le rattachement. Elle m'avait expliqué que les Flamands étaient de plus en plus arrogants et finiraient par faire d'eux-mêmes sécession. C'est peut-être comme ça que ça finira.
"La Wallonie existe, mais il n'y a pas une nation wallonne, les Wallons n'ont jamais cherché à devenir un État. Ils demandent à être intégrés au sein de la République française, dont ils ont déjà fait partie. C'est tout autre chose que, pour les Québécois, de s'émanciper de la domination anglo-saxonne.
"Beaucoup de Wallons pensent qu'ils seraient mieux traités par la France que par la Flandre. C'est probable. Ils retrouveraient au sein de la France la fierté d'appartenir à une grande nation, la fierté de leur langue et de leur culture, le goût de participer aux grandes affaires du monde et de se battre pour de grandes causes humaines.
"Toutes choses qu'ils ont perdues dans leur association contre nature, imposée par les Anglais, avec les Flamands qui ne les aiment pas et qu'ils n'aiment pas. Pour les besoins de l'unité de la Belgique, on a raboté ce qu'ils avaient de différent. Ils en sont frustrés."
Rédigé par : RST | 16 juin 2010 à 23:52
Mon commentaire a disparu ?
Rédigé par : RST | 16 juin 2010 à 23:54
J'ai oublié de préciser que dans mon premier commentaire, c'est bien évidemment les propos de De Gaulle rapportés par A.Peyrefitte en Juillet 1967
Rédigé par : RST | 16 juin 2010 à 23:57
@ Malakine
Je suis assez en phase avec ta ferveur rattachiste, et je dois dire que je n'ai pas bien compris les réticences d'Edgar. Je suis décidément curieux de connaître la position officielle de l'UPR sur la question, d'autant qu'Asselineau a donné récemment une conférence à Bruxelles. On ne trouve pas grand-chose dans le compte-rendu officiel :
http://www.facebook.com/pages/Francois-Asselineau-Union-Populaire-Republicaine/367713397611#!/note.php?note_id=404271157037
Mais j'espère bien en apprendre davantage dans deux jours.
Deux choses me paraissent cependant évidentes :
1/ Si la Wallonie se rattachait, il faudrait que Bruxelles suive ; et il est évident que les dirigeants de l'UE ne verraient pas cela d'un très bon œil - je subodore qu'à cet égard, du point de vue d'Asselineau, l'enjeu est trop énorme pour que l'on se dispense de réfléchir longuement avant de faire des déclarations trop définitives. Sur ce coup-là il y a sans doute beaucoup à gagner, mais peut-être aussi à perdre (cf les billets d'Edgar), pour les contempteurs de l'UE (dont je suis).
2/ Avant d'envisager un rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France, il faut envisager que le rattachisme s'impose à la fois en France, en Wallonie et à Bruxelles.
Donc il faudrait peut-être se calmer et boire frais (précepte valable en toute circonstance). Et puis je ne connais pas suffisamment la question pour savoir si un démantèlement de l'arrondissement BHV est envisageable, ni dans quelle mesure les craintes d'Edgar sont fondées ou non.
Rédigé par : Joe Liqueur | 17 juin 2010 à 00:50
Jean-Pierre Chevènement est favorable au rattachement. Malakine aussi.
Je ne suis pas aussi enthousiasme au sujet du rattachement de la Wallonie.
Si la Wallonie et les wallons le demandent, je serais d'accord .
Mais la France, en plus des problèmes européens et globalisants , est trop centralisé sur Paris .
La région parisienne ,qui maintenant faute de logement abordable, s étant jusqu'à Orléans (voir annonce immo) regroupe près d'un quart de la population française .
Il y a une hypertrophie de cette région (dans le pays le plus grand d'Europe hors Russie ).
Je connais des Lillois qui utilise le TGV vers Paris comme des banlieusards le RER .
Parlons de la Wallonie et de son histoire . Elle fût la DEUXIÈME puissance industrielle après la Grande Bretagne lors du XIX eme Siècle:
" la seconde puissance industrielle du monde proportionnellement à sa population et son territoire (...) Mais ce rang est celui de la Wallonie où se concentraient les mines de charbon, les hauts fourneaux, les fabriques de zinc et de fer, l'industrie lainière, l'industrie du verre, l'industrie de l'armement... "
http://www.larevuetoudi.org/fr/story/wallonie-deuxi%C3%A8me-puissance-industrielle-mondiale-1790-1910
En langage américain ( à la mode ), les wallons ont été des "Kings", des "Winners", des "Warriors"
Je comprends qu'ils ne souhaitent pas attendre que la fourniture de cartouche d'imprimantes pour le commissariat du patelin du coin attende une signature du ministère de l'intérieur à Paris.
Comme les Ch'Ti , ils sont accueillants et chaleureux mais ils sont pragmatiques.
Rédigé par : Abdel | 17 juin 2010 à 01:13
Ce n'est pas un "retour" donc libération,mais rejet donc déportation.
Je ne doute pas que les Français vont bomber le torse.
Rédigé par : Al Selkirk | 17 juin 2010 à 09:50
@ Abdel
Je n'ai pas évoqué dans cet article les modalités du rattachement, mais il me semble évident que cela ne pourra se faire que dans le cadre d'un statut particulier avec le maintien d'un droit local. La France ne pourra assumer que les compétences actuellement dévolues à l'Etat fédéral Belge, à savoir la fiscalité, la sécurité sociale, la sécurité et le droit civil. L'éducation par exemple demeurera une compétence décentralisée.
Cela heurtera certainement les jacobins, mais je leur rappelerait que le principe sacro-saint de laïcité ne s'applique toujours pas en Moselle, sans que cela ne gêne personne.
Je ne vois pas bien le rapport avec l'excessive centralisation de la France autour de Paris, analyse que je partage d'autant plus que je juge la région parisienne profondément malade à plus d'un titre. Au contraire, l'incorporation de la Belgique viendra donnera un caractère plus polycentique à la France.
@ Joe liqueur
Edgar n'a pas inventé cette idée de district européen, mais pour suivre le dossier depuis plusieurs années, il ne me semble pas que cette piste soit sérieuse. A ma connaissance la commission ne veut pas en entendre parler. C'est juste un fantasme d'européïste.
@ RST
Encore une fois, quelle actualité dans les propos du général de Gaulle ! C'est fou ! Cependant, je crois savoir que le congrès Wallon après la guerre avait pris position à une majorité relative pour son rattachement à la France. Je n'ai pas regardé pourquoi cela ne s'est pas fait. La France s'estimait peut-être trop faible après la guerre ? Ce qui confirmerait bien que la question du rattachement est directement liée à celle de notre "vitalité nationale"
@ Emmanuel
Je sais bien que le terme de réunification est impropre et relève quelque peu du mythe, mais s'agissant d'un mythe révolutionnaire, il a tout de même du sens. Je préfère en tout état de cause le terme de réunification à celui de rattachement qui pourrait apparaître comme une extension impérialiste. En outre, en terme de storytelling, le but de la manœuvre est clairement de nous hisser au niveau de l'Allemagne !
Rédigé par : Malakine | 17 juin 2010 à 11:14
Il faut lire sur ce sujet les livres polémiques et néanmoins précurseurs du Wallon René Swennen, "Belgique Requiem" et "Belgique Requiem. Suite et fin ?", qui fournit tout le matériel théorique, historique, nécessaire pour penser correctement la situation.
Le second livre permet par exemple d'imaginer les éventualités d'un rattachement. Ainsi pour cet auteur, le poids de Paris ne serait pas un problème : il explique qu'il constitue la chance de la France, l'incarnation de sa volonté à être une Nation ; que cette ville ne l'a pas empêché à partir des années 60 de moderniser le reste du territoire (les métropoles d'équilibre) et qu'ainsi Lille se sort aujourd'hui mieux que d'autres villes wallonnes...
Et de conclure : sans doute un rattachement serait bon pour la wallonnie (sorte de coup de fouet de l'unification) et pour la France (qui pourrait ainsi vaincre son déclinisme que l'auteur juge exagéré).
Rédigé par : Nicolas Gonzales | 17 juin 2010 à 11:43
"Au contraire, l'incorporation de la Belgique viendra donnera un caractère plus polycentrique à la France" :
Oui, je suis favorable à plus de "décentralisation" . Vous avez écrit un article sur une ville complètement neuve.
Idée que je trouve plus favorable à une extension de Paris (nrdl: Le Grand Paris).
Pour la Wallonie, prenons l'exemple de la Sarre : intégration par référendum mais en tant que Länder.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarre_%28Land%29
Créons via des canaux, un débouché sur la mer pour les wallons (ex : Dunkerque ).
Rédigé par : Abdel | 17 juin 2010 à 21:01
@Malakine
Je crois qu'il ne faut pas aller trop vite dans cette direction et il ne faut pas non plus rejeter la possibilité de création d'une nation wallonne. D'autre part la question Belge est surtout un problème d'indépendance, tout les pouvoirs des états nations ont été éliminer et transvasés vers l'UE et ce n'est pas le rattachement de la Wallonie à la France qui y changera quelque chose.
C'est d'ailleurs la preuve que les flamands indépendantistes sont des populistes démagos puisqu'ils proposent la sortie de la Belgique mais qu'ils veulent rester dans l'UE c'est complètement con. Il n'auront pas leur propre monnaie et ne pourront rien faire sans l'aval de Bruxelles lol. Ça n'a aucun sens.
Sinon à titre personnel tu le sais je suis favorable à une plus grande décentralisation du territoire français. Et je pense que la France est malade de Paris non seulement économiquement mais aussi intellectuellement avoir plusieurs pôle permettrait d'éviter la débâcle lorsque l'un d'entre eux devient quelque peu décadent.
Mais pour parvenir à cette véritable déconcentration je serais de ceux qui prônent des monnaies locales et régionales comme instrument de rééquilibrage territoriale. Je l'avais d'ailleurs expliqué dans un texte :
http://lebondosage.over-blog.fr/article-monnaie-locale-monnaie-fondante-46243486.html
Rédigé par : yann | 17 juin 2010 à 22:44
@ Malakine,
Très bon papier. Je partage naturellement ton point de vue. Je crois que les peurs sur un tel rattachement ne sont pas fondées car le cas de la Wallonie est différent. Les Wallons partagent avec nous une langue et la Belgique est un Etat bicéphale. Cette particularité rend ce cas unique.
Comme très souvent, le Général était en avance sur son temps, comme au début des années 30 avec les blindés, en juin 1940 quand il explique calmement comment va finir la guerre, comme dans les années 60 où il parle de cette Russie de toujours qui finira par boire le communisme...
Cela fait plaisir de te lire.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 17 juin 2010 à 22:57
Je suis surpris que personne ne soit choqué par les délires irrédentistes de Zemmour sur les frontières naturelles. Ces théories expansionnistes justifier peuvent justifier tout et son contraire. En raisonnant par l’absurde, si l’on cherche une frontière naturelle avec l’Allemagne, elle passerait plus par la "Ligne Bleue des Vosges" que par le Rhin, les montagnes séparant et les fleuves reliant. De même, il est évident sur la carte avec ce point de vue que la Corse doit revenir à l’Italie (cf. Mussolini). En généralisant ce principe il y a de quoi mettre le monde à feu et à sang. Lisez la 1e strophe de "Deutchland Uber Alles" pour vous en convaincre ("De la Meuse jusqu'au Niémen, de l'Adige jusqu'au Petit Belt").
Bien sûr je ne compare pas Zemmour à Bismarck, mais on ne peut pas se prétendre patriote et vouloir dépecer les nations alentours. Ou alors on considère que la souveraineté, c’est bon pour nous, pas pour les autres. En somme, faites ce que je dis, pas ce que je fait. Même si l’on pense que la Belgique est une nation bidon, c‘est toujours un état souverain. Sur ce point, Edgar n’a pas tord, ça pourrait créer un précédent qui donnerait des idées à d’autres régions en Europe et pourquoi pas en France. Ca me rappelle le Kossovo, censé être un cas sui generis, parlez en donc à Saakachvili! ;)
Autant les analyses de Zemmour sur la politique et surtout sur la mondialisation sont intéressantes, autant quand il part dans ses élucubrations pseudo-historiques ou ses délires ethno-religieux, on est plus proche du café du commerce!
En tant que représentant de la France, Myard aurait mieux fait de se taire. La réaction de DNA est beaucoup plus intelligente, subtile et mesurer. Il vaut mieux appliquer la maxime Y penser toujours, en parler jamais tant que le divorce n’est pas totalement consommé et que les parties n’ont pas notamment réglé la question des frontières.
On en vient là au cœur du problème, ce qui empêche encore la séparation de la Belgique, c’est le problème de Bruxelles et de la périphérie, sans ça la Flandre aurait peut être déjà coupé les ponts. Contrairement à la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de frontière cohérente et mutuellement reconnue entre les deux. Elle a été tracée dans les années 60 sur la base d’un recensement sur lequel plane de fortes présomptions de fraudes. Tout l’enjeu est le sort de la région de Bruxelles et des communes à facilités de la périphérie. Cela changerait du tout au tout la situation. De fait, cela interdit en pratique toute décision unilatérale. Évitons de venir avec nos gros sabots dans la négociation.
Par ailleurs, parler de réunification, comme pour l’Allemagne, est à la limite de l’escroquerie intellectuelle. Pour comparaison, la Wallonie à été française deux fois moins longtemps et il y a deux fois plus longtemps que l’Alsace-Moselle n’a été allemande! ;)
Rédigé par : Aluserpit | 18 juin 2010 à 00:47
@ Nicolas Gonzales
Le rattachement comme remède au déclinisme, je suis bien d'accord !
@ Yann
Je pense que tu t'es mal exprimé car ton commentaire laisse entendre que tu serais favorable à une Europe des régions :-) Tu critiques le séparatisme flamands tout en voulant appliquer les mêmes recettes aux wallons. Ca n'a pas de sens.
Une Wallonie indépendante est impossible pour deux raisons. Premièrement parce qu'il n'existe pas de sentiment national autonome (voir le post de RST avec la citation de De Gaulle) et d'autre part car avec le niveau de dette publique dont la Wallonie héritera et le financement de la sécu, ce nouveau pays serait immédiatement attaqué par les marchés. Ca produirait une nouvelle Grèce.
L'intérêt des flamands à l'indepéndance est d'une part identitaire (ce qui ne se discute guère) et d'autre part financier, car compte tenu des écarts de richesses entre les deux pays, la Flandre est amené à payer pour la sécu wallonne. J'ai entendu parler du chiffre de 4 Milliards par an. Quand même ...
D'ailleurs, la stratégie autonomiste de De Wewer est d'échanger plus d'autonomie contre un gros chèque pour permettre aux socialistes d'honorer leurs promesses électorales.
@ Laurent Pinsolle
Un cas unique, peut-être pas tout à fait. Est-ce que la Catalogne n'est pas exactement dans la même situation ?
Je sais bien que j'écris moins souvent désormais, mais tu me lis tout de même régulièrement chez toi non ? :-)
@ Aluserpit
Ton propos serait compréhensible si Zemmour (ou moi même puisque nous sommes sur ce point sur la même ligne) revendiquait la rive gauche du Rhin !
Je ne sais pas si tu connais bien la région dont tu parles. Moi oui, puisque j'y vis. Le massif des Vosges peut éventuellement constituer une Frontière naturelle à l'Est mais en aucun cas au nord de Nancy. Au nord, crois moi, il n'existe aucune frontière naturelle évidente, ni entre la Moselle et la Sarre, ni entre la Lorraine et le luxembourg, ni entre les ardennes françaises et Belges. Toute la frontière nord de la France est purement artificielle. Quant à la francité de la Wallonie, je t"invite à aller visiter Liège et tu me dira si tu te sens vraiment à l'étranger.
J'attendais l'argument de la Géorgie ! :-) Voilà à quelle où conduit le refus de principe de tout sécessionnisme ! Rappelons que l'abkhazie et l'Ossetie ont livré une guerre à la Géorgie au moment de la fin de l'URSS, que depuis ces provinces était occupée par des troupes russes sous mandat des nations unies, que les frontières de la Géorgie ont été dessinées par Staline, et que la Géorgie post-soviétique n'a jamais exercé la moindre autorité sur ces provinces ... On est plus proche du cas Belge que du Kossovo.
Pour ce qui est de la réunification, j'ai déjà répondu. L'expression renvoie à la théorie des frontières naturelles qui était en vigueur à l'époque révolutionnaire ... ce qui me semble un symbole des plus intéressant. Après tout l'idée de réunification allemande renvoyait aussi à un épisode impérial de son histoire. Pourquoi prendre comme référence la carte de l'Allemagne Bismarkienne de 1900 et refuser de prendre en compte celle de la France révolutionnaire de 1800 (je ne parle même pas de celle impériale de 1810) comme un accident de l'Histoire ? Si l'on considère que la RDA avait vocation à être intégré dans la RFA au motif que le peuple parlait Allemand, l'argument vaut également pour la Wallonie.
Rédigé par : Malakine | 18 juin 2010 à 12:15
En tant que citoyen belge et Bruxellois d'origine wallonne, je puis vous dire que le rattachement n'est pas et ne sera sans doute jamais à l'ordre du jour.
Tout d'abord, comme l'écrit Malakine, le parti "rattachiste", le RWF, fait depuis plusieurs scrutins un score dérisoire. Il est incapable d'attirer en son sein des personnalités crédibles et n'est que l'apanage de vieux chevaux de retour comme PH Gendebien, ancien ministre catholique et Francis Périn, homme brillant, qui fut un visionnaire de la déliquescence annoncée de la Belgique. Malheureusement, il a plus de quatre-vingt ans !
Un éclatement de la Belgique entre Flamands et Wallons n'est pas non plus réaliste. Ce ne serait dans l'intérêt de personne et même le leader flamand De Wever a déclaré que cela ne se fera pas tout de suite, mais dans un processus "naturel" de développement de l'Europe des régions. On est loin du compte. Sa volonté est de faire de la Flandre la région dominante en Belgique en vassalisant la Wallonie et Bruxelles. Ce processus a d'ailleurs déjà été entamé depuis plus de cinquante ans.
En cas de "rattachement", "annexion", "association" - comme on voudra - de la Wallonie à la France, il y aura une très nette opposition de l'UE et surtout de l'Allemagne qui, pour la première, n'acceptera pas une modification des frontières d'un Etat-membre, car cela constituerait un précédent dangereux et, pour la seconde, refusera une extension du territoire français qui aurait une plus longue frontière avec l'Allemagne. C'est un "non possumus" des deux côtés.
Quant aux Wallons, ils ne souhaiteraient certainement pas dans leur grande majorité se joindre à la France. Le régime de sécurité sociale français est bien moins avantageux, le système administratif et politique ne leur convient pas. Les Wallons ont horreur d'un régime centralisé, entre autres.
Enfin, pas mal de Français ne désirent pas non plus voir s'associer la Wallonie, région pauvre, endettée avec plus de 20 % de chômeurs, une industrie en plein déclin,une infrastructure délabrée.
La Belgique deviendra un pays flamand où les Bruxellois francophones et les Wallons seront des citoyens de seconde zone. C'est inéluctable car ils n'ont pas le rapport de force pour eux. Et de leur faute !
Rédigé par : Pierre Verhas | 18 juin 2010 à 17:03
Erreur : il s'agit de François Périn et non Francis Perrin...
Rédigé par : Pierre Verhas | 18 juin 2010 à 17:06
Les Wallons vont préférer devenir des citoyens de seconde zone plutôt que des citoyens français! N'est pas contradictoire?
Rédigé par : Jardidi (Didier Bous) | 19 juin 2010 à 08:00
Pas du tout. Seraient-ils mieux en France ? Un sénateur français a dit récemment que si la Wallonie rejoint la France, elle aurait au mieux un statut de DOM-TOM.
Alors, autant être de seconde zone chez soi !
Rédigé par : Pierre Verhas | 19 juin 2010 à 10:24
@ Pierre Verhas
Je ne crois pas que l’UE aurait la possibilité de s’opposer à un rattachement de la Wallonie à la France si les deux parties le désiraient, pas plus que l’UE n’a eu la possibilité d’empêcher la réunification allemande.
C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. D’ailleurs, rien dans les traités ne prévoient quoi que ce soit ni dans un sens, ni dans l’autre.
La seule question, est : est-ce que les Wallons et les Français pourraient le désirer ? Pour l’instant, la question n’est pas à l’ordre du jour, mais pourrait le devenir en cas de crise grave entraînant une séparation entre la Flandre et la Wallonie.
La Wallonie est peut-être attachée à sa sécurité sociale, mais si les Flamands ne veulent plus payer, il faudra de toute façon qu’elle y renonce.
Je ne vois pas trop quel intérêt les Wallons auraient de rester dans une Belgique au sein de laquelle ils deviendraient des citoyens de seconde zone. A moins qu’ils soient masochistes ?
Rédigé par : Cépajuste | 19 juin 2010 à 10:33
@ Pierre Verhas
« De Wever a déclaré que cela ne se fera pas tout de suite, mais dans un processus "naturel" de développement de l'Europe des régions. »
Mais si l’UE éclate, comme c’est probable, ce plan risque de tomber à l’eau.
Rédigé par : Cépajuste | 19 juin 2010 à 10:39
@ Pierre Verhas
« Pas du tout. Seraient-ils mieux en France ? Un sénateur français a dit récemment que si la Wallonie rejoint la France, elle aurait au mieux un statut de DOM-TOM.
Alors, autant être de seconde zone chez soi ! »
Les DOM-TOM ne sont pas des citoyens de seconde zone, ils ont les mêmes droits que les autres, et mêmes des droits supplémentaires. Je pense que les Wallons pourraient plutôt avoir un statut spécial comme l’Alsace-Lorraine ou la Corse, ce qui serait plutôt avantageux.
Rédigé par : Cépajuste | 19 juin 2010 à 10:48
Je viens d'expliquer qu'il n'y aura pas de séparation Flandre - Wallonie. Encore aujourd'hui, un ancien ministre nationaliste flamand, Vic Anciaux, a expliqué que le cadre belge restait "un plus". La Flandre veut son autonomie et avoir un interland économique avec la Wallonie et Bruxelles comme vitrine. Ainsi, les citoyens francophones de Bruxelles et ceux de Wallonie n'auront plus aucun poids politique.
L'UE en voie de disparition ? Il y en a qui prennent leurs rêves pour des réalités...
La comparaison avec l'unification allemande ne tient pas puisqu'il s'est agi du premier "élargissement" vers l'Est.
Les habitants des DOM-TOM, des citoyens à part entière ? Demandez aux Guadeloupéens ce qu'ils en pensent. De toute façon, si c'est pour être rattaché à la France, autant devenir une région à part entière.
Rédigé par : Pierre Verhas | 19 juin 2010 à 14:16
@ Rédigé par : Pierre Verhas | 19 juin 2010 à 14:16
Si vous acceptez de vous soumettre aux exigences des Flamands et de vous laissez déposséder de tout pouvoir politique, c’est à mon sens de la lâcheté et une absence de vision à long terme. Car tôt ou tard, la Flandre vous lâchera, et à ce moment-là vous ne serez plus en position de négocier le contrat de rupture.
Quant à l’UE, elle est très mal en point, et tout indique qu’elle sortira affaiblie de la crise actuelle : la majorité des économistes pense que d’ici 3 ans, la zone Euro telle qu’elle existe aujourd’hui ne sera plus. Compter sur la solidarité européenne pour l’avenir me semble être un pari risqué (demandez aux Grecs ce qu’ils en pensent).
Rédigé par : Cépajuste | 19 juin 2010 à 15:38
@ Malakine,
Titre et analyse contestables à de nombreux titres: il n'y a pas de réunification: la France n'ayant pas été divisée sauf pendant l'occupation nazie, nous n'avons pas à nous prononcer pour le rattachement de la Wallonie à la France parce que c'est de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays ami et que ses querelles internes même si elles entrainent la partition du pays c'est seulement l'affaire de tous les francophones de Belgique de défendre leurs intérêts selon leur convenance, il n'est pas évident qu'ils aient envie de devenir français.Nous ne devons pas sous prétexte du séparatisme flamand encourager le nationalisme ethno-linguistique parce que c'est un précédent qui risque d'en encourager d'autres; les Catalans, la "Padanie", les Corses, les Alsaciens, les Bretons.
Pour revenir au cas belge la question de Bruxelles peut déboucher sur des affrontements à la Yougoslave et non pas à la Tchécoslovaque! Nous devons être prudents ce qui ne veut pas dire indifférence mais pas d'ingérence!
Rédigé par : cording | 19 juin 2010 à 16:50
@ cording | 19 juin 2010 à 16:50
Vous avez raison : la France ne peut pas officiellement se prononcer pour le rattachement, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le général de Gaulle ne l’a pas fait, ç’aurait été de l’ingérence.
Il appartient aux Wallons de décider de leur avenir. S’ils demandent à être rattachés à la France, alors la France pourra se prononcer sans que l’on puisse parler d’ingérence.
La Belgique n’est pas la Yougoslavie, une guerre civile est inimaginable.
Rédigé par : Cépajuste | 19 juin 2010 à 18:18
@ Cépajuste
Vraiment, j'ai du mal à me faire comprendre. Je n'ai jamais écrit qu'il faille espérer en l'Europe. Je dis simplement que l'UE n'acceptera jamais une modification des frontières entre des pays situés en son sein, ni l'éclatement d'un Etat membre. Elle fera tout pour l'empêcher. Cela ne veut pas dire qu'en cette éventualité, elle y arrivera.
Je n'accepte pas lemot de lâcheté. Les Francophones belges ont usé d'une mauvaise stratégie et le paient aujourd'hui. C'est cela qui est inéluctable. Rien n'empêche de changer de stratégie...
Rédigé par : Pierre Verhas | 20 juin 2010 à 00:53
@ Pierre Verhas | 20 juin 2010 à 00:53
« Les Francophones belges ont usé d'une mauvaise stratégie et le paient aujourd'hui. »
Face à la montée du nationalisme flamand, il n’y a que 2 stratégies possibles : vous défendre et passer à l’offensive, ou céder. Vous refusez le mot de lâcheté, alors comment décrivez-vous la stratégie qui consiste à céder en justifiant cette attitude par la culpabilisation (« c’est de notre faute ») ? C’est du défaitisme, je ne vois pas d’autre mot.
Quant à l’UE, je ne vois pas quelle légitimité elle aurait, ni par quel moyen politique ou juridique elle pourrait s’opposer à un rattachement qui serait voulu et validé par référendum dans chaque pays. Surtout après avoir accepté la réunification allemande et après avoir imposé l’indépendance du Kosovo au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Rédigé par : Cepajuste | 20 juin 2010 à 06:04
L'analyse de Melanchon va au delà de la question du rattachisme: voir l'article:
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2010/06/jour-de-mouise-ordinaire/
et le commentaire sur dedefensa.
http://www.dedefensa.org/article-melanchon_sur_la_belgique_17_06_2010.html
Pourquoi faudrait-il prendre son parti entre ces 2 options: Séparatisme vs Rattachisme?
La question de fond n'est-elle pas plutôt celle de la balkanisation de l'Europe, voire de tout l'occident?
Commentaire en passant: - j'aime assez la richesse des régions quand elle permet au citoyen du monde que je suis (de par le brassage qui m'a fait et le brassage que j'ai encore élargi avec mes enfants) de gouter par exemple à toute une diversité de vins et de fromages.
Je ne peux que l'honnir lorsqu'elle divise des ethnies(wallon/flamand, Catalan/basques, Italien du Nord/Sudiste, etc)! -
Jusqu'à quel point, aujourd'hui, l'Europe a besoin de cette balkanisation pour pouvoir exister?
Jusqu'à quel point de l'autre côté de l'Atlantique, les tensions sécessionnistes vont-elles peser sur l'intégrité de la maison "Amérique"?
Et jusqu'à quel point laissera t'on ces problèmes de voisinage occulter des tensions qui sont toutes exacerbées par un système néolibéral, mondialisé impitoyable et prétendument sans alternative?
A méditer...
Rédigé par : Sybille | 20 juin 2010 à 10:43
@ Sybille | 20 juin 2010 à 10:43
Analyse intéressante de Mélenchon, mais cela dit il faut faire la différence entre les nations séculaires comme la France et des constructions politiques artificielles comme la Belgique ou la Yougoslavie composées de peuples linguistiquement et culturellement différents. Le problème belge est antérieur à la mondialisation néolibérale, ne l’oublions pas.
Rédigé par : Cépajuste | 20 juin 2010 à 11:54
La Belgique est effectivement une construction artificielle. Cependant, aussi bien une large majorité de Flamands que la quasi totalité des Wallons souhaitent conserver le cadre belge.
Je me refuse à m'inscrire dans la logique de guerre, comme le fait Cépajuste. Les séparatistes flamands représentent 15 à 20 % de l'électorat flamand, guère plus. Si beaucoup de Flamands ont voté NV-A ( 27 % pour être précis), certains l'ont fait pour secouer le cocotier. L'ex-principal parti de Flandre le CD&V (droite chrétienne, pourrait être comparé à l'UMP dans ses rapports avec le pouvoir) avait promis en 2007 de résoudre la question en "un week-end" en mettant en avant SA "vedette", Yves Leterme, qui a démissionné six fois en deux ans et demi ! Il n'a rien résolu. Il a paniqué lors de la crise financière en cédant aux banques sans contreparties. Résultat : la principale banque belge, Fortis, a été "bouffée" par BNP Paribas alors qu'il aurait fallu la nationaliser. Leterme a encommissionné les questions communautaires qui ont été confiées à une médiation de l'ancien Premier ministre CD&V Dehaene qui n'a pu qu'aboutir aux mêmes conclusions : la solution du problème se trouve dans l'éclatement de l'arrondissement de Bruxelles (le fameux BHV) que les Francophones refusaient à tout prix. Enème crise et élections. Aujourd'hui, les Francophones n'opposent plus un refus systématique à la séparation de BHV mais exigent des compensations, notamment en matière de financement de Bruxelles.
De son côté, De Wever l'a compris et a mis de l'eau dans son vin car il sait qu'une partie de son électorat ne souhaite pas la fin de la Belgique. Aussi, cette radicalisation de l'électorat flamand a un bon côté : il y a une chance sérieuse d'aboutir à un accord. De Wever et son interlocuteur socialiste francophone Di Rupo savent que c'est la dernière chance. Dès lors, on verra ! Sinon, les Francophones deviendront les citoyens de seconde zone.
L'analyse de Sybille me semble être la bonne. On assiste à la balkanisation de l'Europe (sauf celle de l'Allemagne, tiens, tiens) sur la base de conflits ethniques. C'est extrêmemnt dangereux. Cela est dû au déclin manifeste de l'Etat nation. Quatre sont dans le cas : Italie, Grande Bretagne, Espagne et... France. Dans une moinde proportion que les trois autres, mais la question corse est loin d'être résolue et des velléités d'autonomie existent en Bretagne, en Alsace, en Catalogne française, etc.
Cette balkanisation est un danger mortel pour les nations d'Europe. L'UE a une énorme part de responsabilités là dedans.
Pour ma part, autant je suis partisan d'une large autonomie pour la Wallonie, Bruxelles et la Flandre, autant je suis opposé à l'éclatement de la Belgique car cela signifierait un éclatement de la Sécurité sociale qui conduirait à sa privatisation, ce qui pourrait avoir des conséquences sur ses voisins dont la France, cela signifierait des tensions permanentes, cela signifierait un appauvrissement général des trois régions. Ce serait un affaiblissement de la notion d'Etat qui ferait bien le jeu de la mondialisation ultralibérale qui domine l'UE.
Rédigé par : Pierre Verhas | 20 juin 2010 à 19:00
« Pierre Verhas | 20 juin 2010 à 19:00 : Je me refuse à m'inscrire dans la logique de guerre, comme le fait Cépajuste. »
Je ne parle pas de logique de guerre mais de logique séparatiste. Les Flamands sont dans cette logique et vous, vous êtes dans le déni. Ils avancent leurs pions et vous reculez. Et vous cherchez à minimiser et à relativiser votre problème : non, la France n’est pas menacée de balkanisation à cause de la Corse !
Rédigé par : Cepajuste | 20 juin 2010 à 19:45
A lire la presse francophone écrite et en ligne, je constate une fois encore que la présentation du problème est assez unilatérale, dans la présentation de Flamands nationalistes intransigeant et de Wallons victimes; souvent, les media Français se contentent de reproduire les opinions partiales et sans nuances d'un certain nombre de francophones encore imbus de la condescendance et le mépris dont les couches dominantes de l'Etat Belge firent preuve envers leurs compatriotes Flamands. Nou, je puis vous assurez que lorsque l'on prend la peine de considérer les points de vue des uns et des autres [moi-même suis bilingue], une toute autre image s'impose. Une histoire de paille et de poutre, pour ainsi dire, même si je n'entend aucunement mettre tous les Francophones de Belgique dans un même sac.
Pour dire les choses clairement, l'exaspération des électeurs Flamands vient bien de quelque part, et un certain nombre de francophones devraient un peu balayer devant leur porte. En particulier ceux des communes périphériques de Bruxelles, dites 'à facilités [linguistiques'. Car il est assez culoté de la part de ces résidents [que l'on se gardera d'appeler 'Wallons'], souvent électeurs de groupuscules jusqu'auboutistes, de se poser comme victimes d'une tentative d'épuration ethnique et de demander le rattachement à la région Bruxelles-capitale, alors qu'ils sont venu s'installer au cours des décennies d'après-guerre, et particulièrement à partir des années 60, dans des communes semi-rurales Flamandes et Néerlandophones, trop content de quitter une capitale qui perdait à leurs yeux de ses charmes avec l'arrivée massive des Maghrébins.
Eux-même, donc, sont des nouveaux-venus, mais de la sorte qui ne fait aucun effort d'intégration, en particulier celui d'apprendre la langue du pays... La chose s'explique par un long mépris des élites francophones urbaines de Belgique pour les 'patois flamands', dont ils ne voyaient et ne voient toujours pas l'intérêt. Avec l'émergence de la conscience nationale Flamande, la bourgeoisie francophone d'Anvers et des autres grandes villes de Flandres finit par s'intégrer linguistiquement… ou plus souvent par partir s'installer à Bruxelles où la présence des institutions centrales de l'Etat avait assuré au début du XXe S un basculement linguistique de la capitale culturelle des Flandres.
D'aucun pourrait faire un parallèle entre cette attitude arrogante et le comportement des Européens dans leurs colonies. Un comportement de colons donc, mais dans les frontières d'un Etat bi-ethnique, bi-national ou bi-ce que l'on voudra. Si l'on sait par ailleurs que les Flamands dans l'ensemble, font bien l'effort d'apprendre la langue de leurs compatriotes Wallons, et pas seulement lorsqu'ils viennent s'installer en Wallonie, cet effort est malheureusement quelque peu à sens unique. Dans l'autre sens, il n'est point rare d'observer des résidents francophones de Flandre rester crânement monolingues, et la connaissance du Néerlandais de l'autre côté de la frontière linguistique n'est pas, comme on dit, "à en téléphoner là-dessus à la maison".
Bon, ceci-dis, ça n'excuse pas le comportement sectaire de certains Flamands. Mais ça permet d'éclairer certaines choses...
La Belgique n'est pas une nation mais une sympathique entité baroque, une extravagance pour laquelle je souhaite le meilleurs, mais pour perpétuer une communauté de destin, il faudra que chacun y mette du sien, et mon propos vise explicitement les Francophones de Belgique : faudrait faire un effort, et se mettre aux langues* de leurs compatriotes!
[*Le pluriel est naturellement une allusion à la troisième langue officielle du pays, celle de la communauté germanophone. Parce que, là aussi, du côté d'Eupen et Malmédy, si les germanophones parlent aussi la langue de Molière, les Francophones, eux, ne sont pas toujours de fervents pratiquants de la langue de Goethe]
Rédigé par : Thomas amsterdam | 20 juin 2010 à 20:53
@ Cépajuste
Je constate que vous connaissez mal la situation en Belgique. Il ne s'agit pas d'une logique séparatiste. Il y a affrontement entre deux conceptions de la nation. Une conception territoriale et une conception d'adhésion. C'est la synthèse entre ces deux conceptions contradictoires qui est la difficulté, chacune des parties ayant ses propres revendications tout aussi contradictoires.
Je vous prierais d'arrêter vos procès d'intention. Je ne cherche pas à relativiser, mais à analyser.
Quant à la France, systématiquement certains refusent qu'on la compare avec d'autres. Je vous ferai remarquer que le problème corse a provoqué la démission de JP Chevènement, également pour une question de conception de la nation. Cela a mené indirectement à un affaiblissement de la gauche qui a conduit à la catastrophe des élections présidentielles de 2002 et qui ne s'en est pas encore remise aujourd'hui. D'autre part, si vous lisez l'histoire du mouvement flamand en Belgique, vous constaterez qu'il y a des points similaires avec la montée des autonomismes en France. Votre pays est lui aussi à la merci d'une balkanisation, certes non dans un état avancé comme celle de la Belgique, mais réelle.
Encore une fois, il reste un espoir d'accord entre De Wever et Di Rupo. S'ils n'aboutissent pas, alors il y a risque de chaos et l'affaiblissement des Francophones est inéluctable comme je l'écrivais dans ma première intervention.
Et, contrairement à ce qui est dit, il y aura intervention de l'UE. Je le sais d'un haut fonctionnaire de la Commission qui est d'ailleurs français...
Rédigé par : Pierre Verhas | 20 juin 2010 à 20:53
« Et, contrairement à ce qui est dit, il y aura intervention de l'UE. Je le sais d'un haut fonctionnaire de la Commission qui est d'ailleurs français... »
Ce ne sont pas les fonctionnaires, même hauts, qui décident, ce sont les politiques. Que l’UE intervienne à un moment donné, pourquoi pas ; mais qu’elle puisse interdire à un peuple de disposer de lui-même, je pense qu’elle n’en a ni la légitimité, ni les moyens.
Qu’il y ait un problème d’ordre public en Corse, et qu’il y ait eu un désaccord entre Jospin et Chevènement sur la question, c’est exact. Mais l’enjeu n’a jamais été l’indépendance de la Corse. Au demeurant, si les Corses réclamaient leur indépendance (ce qu’ils ne feront jamais, ils ne sont pas fous), je serais d’avis de leur accorder, ça ne provoquerait pas la balkanisation de la France : dans le passé, la France a perdu des territoires, notamment ses colonies, mais aussi l’Alsace et la Lorraine, ça n’a pas pour autant remis en cause l’existence de la république française. Ca n’a rien de comparable avec les problèmes existentiels que vous rencontrez, et qui ne prendront pas fin, même si Bart De Wever et Elio di Rupo parviennent à un accord.
Rédigé par : Cépajuste | 20 juin 2010 à 21:28
Le haut fonctionnaire en question m'a signalé une décision politique et non une décision de fonctionnaire.
De plus, je n'ai jamais écrit q'un accord De Wever - Di Rupo signifierait la fin de la problématique belge.
Le problème, c'est l'avenir de l'Etat nation qui est en jeu. Cela concerne la Belgique au premier chef car c'est un Etat faible, mais cela concernera la France tôt ou tard. La structure Etat nation est, qu'on le veuille ou non, en état de disparition.
J'arrête ce débat sur ce sujet avec Cépajuste, car nous n'arriverons jamais à nous entendre d'autant plus qu'il met ma bonne foi en question.
Rédigé par : Pierre Verhas | 25 juin 2010 à 22:11
@ Pierre Verhas | 25 juin 2010 à 22:11
Je n’ai pas mis en doute votre bonne foi.
Vous avez la vision d’un monde globalisé dans lequel les états nations sont en voie d’évaporation ; je note que vous reprenez à votre compte l’analyse de Bart De Wever qui dit la même chose à propos de la Belgique.
Je n’ai pas du tout cette vision du monde, je pense au contraire qu’il y a un réveil des nationalismes un peu partout, et qu’au contraire l’UE est en voie de décomposition et qu’elle est menacée d’éclatement à relativement court terme (si la zone Euro ne résiste pas à la crise).
Nous verrons bien qui a raison.
Rédigé par : Cépajuste | 26 juin 2010 à 13:12
M. Malakine, je trouve que vous ne mesurez pas notre pitoyable situation. Au point où nous en sommes, c'est le rattachement de la France à la Wallonie qu'il faut souhaiter, et non l'inverse, en sorte que le Roi des Belges s'empare de l'Elysée et nous délivre enfin du sarkozysme.
Rédigé par : un curieux | 01 juillet 2010 à 01:00
Article intéressant de Védrine sur le site Marianne2 qui va un peu dans le sens de ce que j’écrivais plus haut. Il qualifie d’ « irrealpolitik » cette vision européenne d’une évaporation des nations, vision qui nous empêche de comprendre la nouvelle situation du monde qui repose au contraire sur la compétition multipolaire.
« les Européens croient volontiers, à partir du cas très particulier de la Constitution européenne, que le monde contemporain est entré dans une ère postnationale et postidentitaire. Cette erreur d’appréciation est d’autant moins fondée que l’Europe elle-même n’est toujours pas homogène et que ses nations subsisteront ! »
http://www.marianne2.fr/Vedrine-il-faut-oublier-l-Europe-puissance_a194685.html
Rédigé par : Cépajuste | 01 juillet 2010 à 17:53
Intéressante discussion...
Je ne connais la situation belge qu'à travers des témoignages, mais des deux communautés linguistiques, et je crois qu'il faut lire avec attention l'intervention de Thomas (Amsterdam) ci-dessus qui invite à éviter une lecture à la Walt Disney (les bons et les méchants...) de la question belge.
Je n'ai pas grand chose à ajouter sur une situation que je ne connais pas assez à fond, mais j'ai envie de déposer quelques questionnements, de façon un peu décalée (géographiquement)...
- N'est-il vraiment pas possible qu'une "Nation" se construise sur autre chose qu'une culture et une langue commune ?
- N'est-il pas possible à une population francophone d'être minoritaire, sans pour autant devenir "de seconde zone" ?
- N'est-il pas possible de constituer un Etat fédéral autrement qu'en opposant deux entités fondées sur la langue ?
- N'est-il pas possible de reconstruire un Etat affaibli par les querelles en le reconstruisant sur de nouveaux compromis/consensus ?
Mes questions doivent être lues à la lumière suivante : j'écris depuis la Suisse. Ici, ce sont les "minoritaires" francophones (20 %), italophones (4 %) et romanophones (1 %) qui songeraient le moins au séparatisme (comme en Belgique, apparemment) et qui n'imagineraient en aucun cas d'aller se jeter dans les bras des pays voisins de même culture linguistique. Pour un genevois, un vaudois, un neuchâtelois... devenir français est une chose absolument inimaginable (mais sans aucune acrimonie, bien au contraire, vis-à-vis de la France...).
Mon impression est qu'il y a une grande pauvreté dans les scénarios imaginés autour de la "crise belge".
Rédigé par : Daniel | 04 juillet 2010 à 14:20
@ Daniel
« - N'est-il pas possible à une population francophone d'être minoritaire, sans pour autant devenir "de seconde zone" ? »
C’est possible puisque vous témoignez que c’est le cas en Suisse.
Etre minoritaire est parfaitement normal et acceptable à la condition d’être respecté et de ne pas faire l’objet de discrimination de la part de la population linguistiquement majoritaire.
Sans doute qu’en Suisse, les droits des minorités francophones sont mieux respectés qu’en Flandre. Peut-être aussi est-il plus facile de régir ces questions de langues lorsqu’une langue est très nettement majoritaire et largement parlée par les différentes populations, comme c’est le cas de la langue allemande en Suisse.
Autre chose : la Suisse a une identité forte, elle ne rêve pas d’une « évaporation » européenne, puisqu’elle a eu la sagesse de refuser d’y adhérer. Elle a une longue tradition de neutralité et de démocratie directe et possède une économie solide. Ce sont certainement des atouts qui font que les Suisses francophones n’ont nullement (et ils ont raison) envie de devenir Français.
Rédigé par : Cépajuste | 04 juillet 2010 à 17:46
Je pense que vous voyez juste en signalant que la langue majoritaire l'est largement (environ 75 %). La "rivalité" n'est pas possible comme en Belgique, d'autant plus qu'il n'y a pas de langue minoritaire qui ait été dominante dans le passé (comme le français en Belgique).
Je précise au passage que l'allemand n'est pas pratiqué, autrement que comme une langue étrangère, en Suisse francophone.
Pour le reste, je ne pense pas que les Suisses sont plus brillants que les Belges, ni plus sages (d'ailleurs, je ne pense pas que l'extériorité à l'UE joue réellement un rôle dans ce domaine). Par contre, les institutions de la Suisse, notamment la démocratie directe, jouent probablement un rôle favorable.
A mon sens, un élément joue un rôle particulièrement important : le fait qu'il n'y ait pas opposition directe entre deux régions linguistiques, mais plutôt un grand nombre d'entités dont les frontières sont historiques. D'ailleurs, il y a un canton trilingue et trois cantons bilingues. Cette situation évite que les lignes de conflits soient systématiquement associées au clivage linguistique.
Je me demande s'il n'y aurait tout de même pas matière à étude comparée entre la Suisse et la Belgique pour tirer des leçons. Et on découvrirait certainement des leçons pour la Suisse aussi... ;-)
Rédigé par : Daniel | 07 juillet 2010 à 00:39
WaLonie
FlamanT
Commence par écrire en français avant de croire qu'un jour on pourrait vouloir devenir les nouveaux Corses du nord !
Mais quelle prétention !
Flamands ... surement pas
Français ... JAMAIS
Signé : Un WALLON
Rédigé par : Peipeire | 21 octobre 2010 à 20:27