Depuis le traité de Maastricht, on nous a raconté que l'indépendance des banques centrales était la condition nécessaire pour une bonne gestion de la monnaie, qu’il fallait mettre à l'abri des décisions des gouvernants, par essence électoralistes et aux conséquences nécessairement désastreuses. Les décisions de politique monétaires ne seraient donc que des mesures d'ajustement techniques, prises objectivement et presque mécaniquement, sans que l'idéologie n'intervienne. Une pure affaire d'experts devant rester en dehors du débat public.
Le gouverneur de la BCE, Jean Claude Trichet vient de donner cette semaine une interview à l'hebdomadaire « Le point » qui me semble faire voler ce mythe en éclats. Si notre grand argentier est toujours très sourcilleux quant à son indépendance à l'égard du politique, il semble faire une bien grande allégeance à l'égard du pouvoir financier.
L'essentiel de l'entretien est un festival de langue de bois parfaitement sans intérêt. On croirait entendre un théologien enfermé dans ses dogmes et inaccessible à toute forme de réalité. On y lit par exemple avec effarement que « personne ne remet plus en cause les principes du pacte de stabilité » alors que celui ci a volé en éclat à la faveur de la crise, ou que « la population grecque comprend parfaitement la nécessité de redresser ses comptes publics et de prendre les mesures indispensables pour renouer avec la croissance et créer des emplois » ou que la Grèce peut remercier l'Euro de l'avoir « rendue plus forte » !
Très curieusement, les journalistes ont évité les questions qui fâchent. Rien sur les déséquilibres croissants entre les pays excédentaires et les pays déficitaires au sein de la zone euro et la viabilité d'une monnaie commune dans ce contexte. Rien non plus sur la polémique sur le modèle allemand lancée par Christine Lagarde. Cependant, interrogé sur la proposition de certains économistes, notamment ceux du FMI, d'autoriser une certaine relance de l'inflation, Trichet fait une réponse d’une étonnante franchise.
« Si je vous disais – c'est une hypothèse évidemment absurde – que je ne suis pas contre une inflation autour de 4% vous verriez en temps réel, l'ensemble des participants au marché augmenter nos taux d'intérêt de manière considérable pour tenir compte de l'inflation future. Qui plus est, s'y ajouterait une importante prime de risque pour tenir compte des nouveaux changements possibles. Les ménages perdraient confiance. Les entreprises auraient des financements plus coûteux. Et les Etats verraient le coût du refinancement de leur stock de dette augmenter massivement. L'inflation, qui est au demeurant rejetée par nos concitoyens n'est absolument pas la solution ! »
Manifestement les rentiers d’aujourd’hui, qui pas plus qu’hier n’ont envie de se laisser « euthanasier » par l’inflation, ont trouvé en Jean Claude Trichet, mieux qu’un porte parole, un chien de garde de leurs intérêts !
La réponse de Trichet en dit long sur le fonctionnement du système de domination du pouvoir financier à notre époque de « mondialisation heureuse »
Les élites détentrices d’une parole autorisée doivent exercer un terrorisme intellectuel sans faille pour interdire tout débat qui pourrait accréditer l’idée même de solutions alternatives. Il est interdit de parler des éventuelles vertus de l’inflation et encore moins des moyens de la susciter. Interdit ! Ainsi, une fois que l’intérêt des classes dominantes transformé en pensée unique, il suffit de s’appuyer sur les représentations qu’en ont les classes populaires pour leur conférer une légitimité démocratique.
Trichet nous renseigne aussi sur la nature totalitaire du pouvoir financier à l’âge hyper capitaliste. Frédéric Lordon est encore en dessous de la réalité lorsqu’il parle de « dictature du capital », car la dictature est assumée comme tel avec la violence qui va avec. Le capital aujourd’hui exerce sa domination de manière sournoise, cachée derrière des lois économiques présentées comme des vérités naturelles et l’absence d’alternatives envisageables.
Cette domination s’exprime principalement par deux canaux. Le pouvoir de l’actionnaire dit « capitalisme actionnarial » qui conduit à garantir le paiement d’une rente quasi incompressible aux détenteurs du capital, quel qu’en soit les conséquences : réductions des coûts de production, intensification du travail, licenciements, délocalisations, suspensions des investissements. Les derniers chiffres du CAC 40 cette année l’ont exprimé avec force. Malgré la crise et la réduction du volume d’activité, le versement des dividendes est resté identique aux années passées, parfois même supérieurs aux profits !
Bien évidemment l’idéologie dominante ne va pas présenter ce versement comme une rente, mais au contraire comme une bonne nouvelle pour tout le monde. Car en vertu du théorème de Schmitt « les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après demain ». L’histoire n’a fait que démontrer le contraire, mais ce n’est pas grave, nos brillants éditorialistes économiques continuent à y croire. Du coup, le système tient sans trembler. Cette année, l’information est passée dans l’indifférence générale, les médias trouvant beaucoup plus rigolo de s’intéresser aux classements des plus grandes fortunes mondiales qu’à la répartition de la valeur ajoutée en temps de crise.
On retrouve cette mystification avec l’affaire Grecque puisque Trichet se permet d’annoncer aux Grecs que la saignée qu’ils sont censés accepté avec le sourire produira demain de la croissance et de l’emploi ! Pourtant, si L’Etat et la population sont sommés de faire pénitence, certains dans l’ombre font bombance. Les intérêts prohibitifs payés par la Grèce sur sa dette publique sont bien perçus par quelqu’un !
Je ne me lancerais pas aujourd’hui le débat sur la légitimité des intérêts payés sur la dette publique, je préfère laisser cela à des plumes plus compétentes. Je me contenterais d’esquisser un raisonnement simple. La BCE refinance les banques à des taux très bas (entre 0.5% et 1%). Celles-ci prêtent aux Etats à 3.5% (dans le meilleur des cas) puis refourguent les titres de dettes publiques à la BCE en garantie. Dans ces conditions, la différence entre le taux directeur de la BCE et le taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat constitue une marge au profit du système financier. Plus les taux d’intérêts payés par les Etats augmentent, plus les banques font de profits, et cela pour un service rendu strictement identique.
Trichet nous rappelle avec sa menace grotesque (un gros mot dans sa bouche pourrait suffire à faire monter les taux d’intérêt) que le pouvoir financier peut faire varier cette marge manière totalement discrétionnaire et pour des motifs purement subjectifs. Il suffit de déclarer que tel ou tel pays n’inspire pas confiance pour le rançonner avec des taux d’intérêts majorés, lui imposer une saignée et par la même occasion se goinfrer allègrement !
On pourrait s’attendre à ce que le grand argentier de la zone euro cherche à défendre les intérêts des Etats en s’attachant à améliorer leur conditions de financement : rassurer les marchés sur l’inexistence du risque de banqueroute des Etats ou modérer l’appétit des banques commerciales. Après tout, lorsque le système financier était en situation de faillite virtuelle, la BCE n’a pas hésité à user de « moyens non conventionnels » (en clair de la création monétaire) pour renflouer les banques. Pourquoi ne déclarerait-elle pas aujourd’hui qu’elle n’hésiterait pas à en faire de même (en prêtant directement aux Etats) pour éviter toute situation de défaut de paiement ??
Trichet fait exactement le contraire. Il légitime la souveraineté des marchés financiers, l’irrationalité de leur réaction et la prédation qu’ils organisent. Des populations qui souffrent, des Etats qui se délitent et les profits des banques qui explosent !
On sait désormais que la BCE n’est indépendante qu’à l’égard des souverainetés étatiques. Elle est à l’image de sa grande sœur américaine, une instance de type oligarchique,la garante des privilèges du pouvoir financier et la protectrice des oligarchies financière.
Malakine
Merci pour votre pertinence
Je viens de découvrir votre blog.
http://democratie-directe.blogspot.com/
Rédigé par : patriote | 23 mars 2010 à 01:43
@ Malakine,
Très bon papier. Cela fait bientôt 20 ans que JC Trichet a mis la politique monétaire de la France, puis de l'Union Européenne, au service des institutions financières.
Avec un peu de recul, l'histoire économique aura sans doute un jugement très dur contre un homme qui a préféré protéger les intérêts d'une oligarchie, quitte à envoyer des millions de personnes au chômage.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 23 mars 2010 à 07:31
@ Malakine
Excellent papier... mais quelquechose me dit que dans les années à venir nous allons connaitre PIRE que Trichet... son nom? Axel WEBER, sa nationalité? Allemand, son obédience économique: ultra-ordo libéral.
Voici un échantillon de son auguste pensée:
http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/bce-les-divergences-economiques-dans-la-zone-euro-doivent-etre-resolues-weber-235690.php
C'est là que l'on rejoint le billet précédent de Malakine "Rendons le deutschmark aux Allemands!" avec une Merkel en nouvelle dame de fer et un président de la BCE tout droit sorti de la Bundesbank, nous voilà bien parés!
Rédigé par : René Jacquot | 23 mars 2010 à 09:11
@ René Jacquot
Madame Merkel joue sur une fierté nationale imbécile, celle qui lui faisait penser que les banques allemandes, en raison de la vertu qui caractérise tout ce qui est allemand, seraient épargnées par la crise. A ce degré de bêtise, on peut évidemment tout se permettre.
On peut aussi parler des PIIGS, de la mauvaise Grèce, de toutes les expressions qui, dans la mesure où elles sont utilisées par les tenants de l'orthodoxie libérale, ne peuvent bien évidemment faire penser à une quelconque xénophobie.
Rédigé par : Archibald | 23 mars 2010 à 11:48
Il y a, à mon sens, trois points qui sont techniquement discutables…
- La question des dividendes.
Les dividendes ont baissé pour le CAC 40, on est passé de 42.969 à 35.346 entre 2008 et 2009, si on prend en compte la relution, on est passé de 54.209 à 35.276. La relution a quasiment disparu. Et ce recul c'est produit malgré les stocks option qui n’ont pas été levé à cause de la baisse des cours, qui n’ont pas besoin d’être couverts et qui sont re rentrés dans les comptes. Ceci dit, le PIB en France à reculé de 2,2 % en 2009, (la plus importante depuis l'après-guerre), la masse salariale du secteur privé a baissé de 1,3% en 2009, du jamais vu depuis l'après-guerre (sauf en 68, pauvre Sarko, ça le poursuit…). Les entreprises sont mal, mal au point de ne plus pouvoir répondre aux injonctions de la finance en terme de rendement...
- Les banques prêtent au états (pendant la crise ça à été le contraire… :D)
Les états se refinancent principalement par les OATi et BTAN (c’est l’AFT qui gère) qui sont des titres de créance corrigé de l’inflation, donc l’inflation à peu d’effet directe sur la dette contrairement à ce qu’on entend régulièrement. Les banques ne prêtent pas aux états, les états ne passent qu’indirectement par les banques, lorsque ces dernières achètent ces titres. C’est le cas de la Banque populaire de Chine qui accumulent ces titres pour maintenir sa monnaie sous évaluée pour…
- Création monétaire pendant la crise.
Ces fameuses « injection de liquidité » sont en fait des opérations REPO sur le marché des pensions. Les BC lance un appel d’offre, évalue les besoins en liquidité (énorme pendant la crise), fixe son taux REFI (ou REPO en ref au marché). MAIS, la BC prête les fonds à une contrepartie qui lui remet des titres en guise de nantissement, avec une promesse de rachat à terme. A terme, les titres sont retournés aux banques et les fonds à la BC, l’intérêt étant le taux repo. L’injection de liquidité n’est pas créatrice d’inflation monétaire (hoooo miracle pour Trichet et les autres).
C’est d’ailleurs ce qui fait le problème, lorsque les BC reprennent les capitaux, c’est-à-dire lorsque les pensions arrivent à échéances, ils faut bien financer l’économie sinon c’est un retour à la crise immédiatement, d’où les taux d’intérêt très bas, qui :
- sont caractéristiques des situations d’avant crise, et pas d’après crise normalement…
- sont révélateurs de l’indigence des politiques anticrise menées jusqu’à présent.
JC Trichet sert l’intérêt d’une finance réifiée par dogmatisme, c’est historiquement incontestable, il le fait aussi par crainte de l’avenir… Ce point de vue rejoint d’ailleurs l’analyse de François dans son dernier édito (http://web.mac.com/fmorintlse/La_finance_globale/Blog/Blog.html)
Ces remarques n’enlèvent rien à la pertinence de l’article, juste quelques chiffres qu’on doit à Aglietta lors de son intervention devant la commission des finances du Sénat.
- Sur l’excroissance de la finance et sa prédation dans son rapport aux entreprises : la part des profits du secteur financier dans l’économie est passée de 10% dans les années 80 à 40% en 2007. La finance représente 5% des emplois, 15% de la valeur ajoutée… ça explique aussi pourquoi même une réformette peut tout foutre en l’air. La City représente plus de 20% du PIB anglais… s’attaquer à la finance sans faire de gros dégâts…délicat…
Sur le rapport banque/état sans rentrer dans les détails. Les banques de second rang ont fini par contrôler les taux directeurs, y compris ceux de refinancement des états par le biais des taux SWAP (cf. le nouveau mur de l’argent). Pour faire simple, les transactions sur dérivés c’est 699 TR (téra $), la sphère réelle 32 TR. Les SWAP ont pris une importance à même d’infléchir les taux directeur, réduisant la marge de manœuvre des banques centrale (qui sont obligé d’avoir des politiques de plus en plus fortes) et des états lors de leur refinancement. (ce point mériterait d’être détaillé mais c’est long et technique)
Rédigé par : Georad | 23 mars 2010 à 12:08
@ Patriote
Merci. Vous êtes des milliers dans ce cas en ce moment ! :-)
@ Laurent
Alors si ce que j'écris dans ce texte est vrai, alors l'analyse doit être largement diffusée parce que c'est un vrai scandale.
L'an passé, on a beaucoup débattu de protectionnisme ici. Cette année, il me semble que ce qui doit être au centre du débat (combat?) c'est ce conflit d'intérêt entre pouvoir politique et pouvoir financier.
@ René Jacquot
Je suis persuadé que je n'ai que quelques mois d'avance sur le débat public. La question de la rupture avec l'Allemagne ne tardera pas à se poser. Le fait que le prochain gouverneur soit un Teuton rendra la tension encore plus visible.
Je viens de retomber sur ce texte écrit en décembre 2008. Je vais finir par penser que je suis vraiment un génie visionnaire ! :-D
http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/12/inquitante-allemagne.html?p=2&locale=fr_FR
@ Georad
Merci de ces précisions techniques. J'aimerais d'autres contributions d'experts. C'est un sujet très important. Nous avons tous besoin de comprendre ce qui se passe en évitant les raccourcis et les caricatures. J'invite tous ceux qui passent par là et qui disposent de compétences sur ces questions à nous faire part de leur éclairage et de leur analyse.
Rédigé par : Malakine | 23 mars 2010 à 12:23
Article excellent.
La thèse est intéressante
Pour ne pas en perdre la trace, je vais en faire de la pub chez moi. Il y aura peut-être des interventions de mes amis zéconomistes qui passeront par chez toi ;-)
Paradoxalement je vais me faire l’avocat du diable. Je ne suis pas si sûr que Trichet ait conscience de proférer des menaces. Je ne suis même pas sûr qu’il soit conscient d’être un soutien de l’oligarchie financière apatride. Je ne serais pas surpris s’il croyait vraiment faire son boulot en prévenant des conséquences qu’auraient ses déclarations s’il les faisait. C’est bien le drame du système économique tel qu’il fonctionne de donner tant d’influence à la parole (ce qu’il dit, mais aussi ce qu’il ne dit pas) d’un seul homme. Cela rejoint aussi ce qu’explique quelqu’un comme Krugman dans son dernier bouquin. Les hommes en charge prennent des décisions non pas en fonction de ce qu’ils croient efficace mais en fonction de ce qu’ils croient que les marchés vont croire et qui va se révéler auto-réalisateur. Sur la Grèce, on pourrait croire qu’il n’a visiblement pas retenu les leçons récentes de l’histoire économique : ce n’est pas au moment où un pays est en difficulté qu’il faut lui appliquer des mesures aussi contraignantes qui ne vont faire qu’empirer les choses. Mais là aussi à l’instar de Krugman, on peut considérer qu’il doit tenir compte des spéculateurs qui attaqueraient violemment si les mesures qu’ils estiment justifiées ne sont pas prises. C’est un cercle vicieux qui ne peut être brisé qu’en mettant fin, notamment, à la circulation sans entrave des capitaux.
D’un autre côté, on peut aussi considérer que ce type est de la race des Pascal Lamy. Il est convaincu d’être un bienfaiteur de l’humanité malgré elle. C’est un dogmatique qui est persuadé de détenir la vérité et qui la défendra envers et contre tout. Il ferait un malheur en Corée du Nord.
A propos du théorème de Schmidt (j’ai relu ton très bon article de décembre 08) et bien qu’il n’en parle pas explicitement, je recommande les papiers d’Ette Rodox , remarquable de clarté comme celui-ci : http://des-economistes-et-des-hommes.over-blog.com/article-la-question-de-la-mort-qui-tue-mais-d-ou-viennent-les-profits-2-44741123.html où il est démontré que la source du profit est dans les investissements non financés par l’épargne, c'est-à-dire dans la création monétaire (décidément, on y revient toujours). Un argument de plus pour démonter l’idée selon laquelle les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain (et les emplois d’après demain) alors qu’en réalité, c’est tout simplement … le contraire, non ??? !
Rédigé par : RST | 23 mars 2010 à 18:15
Bon billet
Au sujet des dividendes , le dogme des versements est parfois absurde vu que des entreprises s'endettent pour le verser:
Dernier exemple : Orange (ex: France Telecom ).
Les salariés doivent être content :
http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-des-actionnaires-salaries-denoncent-un-dividende-trop-eleve-chez-france-telecom-30205.html
Rédigé par : Abdel | 23 mars 2010 à 19:04
@ RST
Voici le commentaire que je viens de poster chez toi:
Non, cher ami ! Nous ne sommes ni dans un procès pénal, ni dans un magazine féminin. La question des motivations et de la psychologie des personnages n'est pas le sujet.
La seule question qui vaille c'est de savoir si Trichet défend les intérêts des banques au détriment de ceux des Etats, si les banques profitent de la crise de la dette publique pour faire des profits qui s'apparentent à de l'enrichissement sans cause, et si la BCE est une instance de type oligarchique destinée à garantir la rente du pouvoir financier sur les Etats.
Rédigé par : Malakine | 23 mars 2010 à 20:40
@ Malakine
Ton commentaire est caractéristique selon moi d'une grosse incompréhension de ta part sur comment fonctionne la finance et les marchés.
L’aspect psychologique est fondamental pour appréhender les réactions des divers acteurs. C’est aussi comme cela que l’on peut interpréter ce que dit Trichet : il prévient que si il confirme qu’il est favorable à un taux d’inflation, immédiatement les marchés vont réagir en conséquence dans des anticipations auto réalisatrices et ça, il veut l’éviter. Ce n’est pas un jugement de valeur de sa part, simplement un constat. Ce ne sont pas nécessairement des menaces mais des avertissements de ce qui risque de se passer.
Dans les passages que tu cites de l’interview de Trichet le terme "confiance" revient plusieurs fois ce qui, même si je ne suis pas un spécialiste, me semble bien du domaine de la psychologie.
Au sujet de tes questions, les « seules qui vaillent » :
1)Trichet défend les intérêts des banques au détriment de ceux des Etats ?
Je ne crois pas qu’il fasse un tel choix. Il se contente d’être un bon petit soldat et d’appliquer le mandat qui lui a été confié.
2)les banques profitent de la crise de la dette publique pour faire des profits qui s'apparentent à de l'enrichissement sans cause ?
Ben oui, et pas seulement en temps de crise et pas nécessairement à cause de Trichet. C’est ce dont je suis persuadé depuis notamment la lecture du fameux bouquin de Holbecq : La dette publique une affaire rentable
3)La BCE est une instance de type oligarchique destinée à garantir la rente du pouvoir financier sur les Etats :
Je ne suis pas trop sûr. J’ai cru comprendre que la BCE appartenait aux Etats contrairement à la FED qui, si j’ai bien compris, est une structure privée.
Rédigé par : RST | 23 mars 2010 à 21:06
le papier de Malakine m'a beaucoup intéressé...
Je ne suis pas économiste et j'ai parfois du mal à suivre les méandres de la finance. Mais j'aimerai qu'un économiste averti me donne son avis sur le sujet suivant :
Tous ces opérateurs financiers ont-ils une stratégie ou prennent-ils leurs décisions "à vue" ?
En effet, même le moins féru d'économie se rend compte des limites de cette gouvernance financière : enrichissement insolent de certains, perte d'emploi, stagnation du niveau de vie...
Donc, à moins de souhaiter une révolution populaire qu'ils ne sauraient de toute façon pas maitriser, quel est l'intérêt pour toutes ces institutions, dont Trichet est un représentant, de "continuer comme avant" ?... l'impression d'un pouvoir d'enrichissement infini ?... la bêtise ?... le principe "ce qui est pris n'est plus à prendre"???
J'aimerai avoir des avis éclairés sur cette question. Merci
Rédigé par : reno.th | 23 mars 2010 à 22:09
@ RST
Intéressant, cette remarque sur le statut "public" de la BCE qui s'oppose au statut privé de la Fed. Il est bon en effet de préciser les choses, d'ailleurs je me suis moi-même égaré sur ces questions et je n'ai saisi que très récemment que la BCE avait bien un statut public en termes de capitaux - et même à 100% si j'ai bien compris. Je ne suis décidément pas très compétent sur ces questions, mais il me semble qu'il y a un là comme une sorte de paradoxe dans la mesure où la Fed, malgré tout, est un peu moins indépendante que la BCE (enfin c'est ce que je crois comprendre). Comme quoi les choses ne sont pas si simples. La notion de capital public ne se confond pas avec celle de souveraineté publique.
@ Malakine
Cette obsession anti-inflationniste me paraît de plus en plus suspecte à mesure que cette évidence s'impose à moi : l'inflation est de fait un impôt sur le capital. A-J Holbecq lui-même ne m'a pas démenti sur ce point… Or le plein emploi est un fauteur d'inflation notoire - sans même parler de droit au travail… vade retro ! Il y a même un acronyme ad hoc pour ça (le NAIRU, Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment, taux de chômage n'accélérant pas l'inflation). Tout est dit.
Personnellement j'en viens à me demander si la croissance elle-même (je pense à la vraie croissance, à la croissance productive) n'est pas de fait un impôt sur le capital, et si le malthusianisme économique néolibéral n'est pas le signe d'une défiance radicale vis-à-vis de la croissance - laquelle a le grand tort de redistribuer les cartes sans arrêt ; la croissance aboutit nécessairement à une sorte de new deal sans fin. Plus ça va, plus je me dis que le discours néo-libéral, dans sa forme explicite, fonctionne par antiphrase : la "croissance" et l'"emploi" sont toujours "la priorité du gouvernement", mais tous nos gouvernements, de droite ou de gauche, depuis quarante ans, me semblent être d'accord pour brider la croissance, et pour créer puis maintenir le chômage de masse (là c'est implicite). Plus ça va, plus je vois ça comme une politique délibérée qui n'a rien à voir (par exemple) avec la crise pétrolière… En bref : c'est fait exprès, c'est conscient et réfléchi.
Je m'écarte un peu du sujet (mais pas tant que ça) : tout à l'heure je passais devant un magasin Darty. Et je me demandais : mais avec quoi on paie tout ça ? Rien de tout ça n'est fabriqué en France. Est-ce qu'on pourra encore le payer longtemps ? On le paie avec nos "services", avec notre "innovation"… avec nos manipulations financières ? Mais ça ressemble quand même à une grosse farce tragique. Et je me disais : en fait, on est ruiné. Nos gouvernements successifs nous ont ruiné, pour de vrai.
Rédigé par : Joe Liqueur | 23 mars 2010 à 22:53
@ RST
Quand tu titres ton billet "responsable mais pas couplable" tu interroges ce qu'en droit on appelle l'élément intentionnel. Tu y parles plusieurs fois de conscience de ceci ou de cela. Or, moi je confirme que je m'en fous. On n'est pas dans un procès pénal. Ce qui importe c'est de savoir qualifier cette attitude et au delà du rôle de la BCE dans le jeu économique. Que le mec soit un cynique corrompu ou un crétin de fossile intellectuel, ça ne change pas grand chose.
Je sais bien qu'elle n'est pas une instance privée comme la FED, je veux juste dire qu'elle a le même rôle et qu'elle fait le même boulot.
@ reno
Je ne suis pas non plus économiste mais je vais essayer de ton donner une réponse. Géorad nous donne la clé plus haut en disant que Trichet sert "les intérêts d'une finance réïfiée par dogmatisme". En d'autre terme le système de domination du pouvoir financier est consolidé par un système idéologique qui est perçu de manière aussi incontestable que la réalité physique des choses.
Tous le monde évolue dans un système de pensée qui considère normal que les banques commerciales créent de la monnaie en accordant des prêts et empoche des intérêts au passage. Dans un monde surendetté forcément, ça rapporte. Malheureusement, ce n'est pas le seul exemple de dogme indépassable véhiculé par des fossiles intellectuels. Je viens de lire une itw de françois hollande qui en est truffée http://www.lexpress.fr/actualite/politique/hollande-l-atout-de-sarkozy-rien-ne-le-retient_857518.html
@ Joe Liqueur
"La notion de capital public ne se confond pas avec celle (d'intérêt) public" Exactement ! C'est la même erreur que commettent tous les dévots du service public.
Je ne crois pas que les politiques antiéconomiques et antisociales menées depuis 30 ans soit conscientes. Il doit bien exister quelques esprits éclairés du coté des élites qui sont capable de penser de manière purement cynique, mais je suis convaincu que 99% des élites véhicule le discours dominant des dominants sans l'avoir jamais mis en doute ! C'est ce que j'appelle des fossiles intellectuels.
Si moi et RST en sommes arrivés à penser ce qu'on pense, c'est qu'on a abordé les questions économiques sans aucune formation initiale, donc sans a priori dogmatiques. Tous ces bons élèves ont reçu une sorte de catéchisme pendant leur études dont ils sont aujourd'hui totalement prisonnier. Je crois même qu'on ne les a jamais appris à penser par eux même.
Je comprends ce que tu veux dire, mais relativise quand même. On n'importe pas tout ce qu'on consomme. Le déficit budgétaire ne doit représenter que 3% du PIB. C'est quelque chose qui peut se corriger, même dans un régime de libre échange et même avec l'Euro. Une bonne TVA sociale liée à une augmentation des impôts ou une réduction des revenus de redistribution (une bonne politique de rigueur quoi) devrait y arriver sans problème.
Rédigé par : Malakine | 23 mars 2010 à 23:20
Bonjour
Très bon article
Nous avons pour notre part proposé une adjonction à l'article 123 de Lisbonne (104 de Maastricht) qui pourrait être sensiblement celle ci :
123/3 – "Dans le but de soutenir l’économie des pays membres, et par exception au paragraphe 1, un seul établissement de crédit sous contrôle de l’État et nommément désigné pour chaque État, peut obtenir de la part de la Banque Centrale Européenne les fonds correspondants aux obligations d'État déposées en contrepartie, pour une utilisation exclusive d'investissements reconnus d'utilité publique, collective ou écologique, dans des domaines d'application dont la liste aura été préalablement définie et votée par le parlement de chaque État. Le taux d'intérêt appliqué à cette émission monétaire sera celui dit "de refinancement" appliqué aux établissements de crédit privés."
Évidemment, ce faible intérêt payé par un pays (actuellement le taux de refinancement est de 1% annuel) reviendrait dans un "pot commun" dans les comptes de la BCE (zone euro) et serait repartagé au prorata des parts de chaque État de la zone euro: un État qui emprunterait proportionnellement plus que les autres en rapport de sa participation dans la BCE serait donc redevable d'une partie des intérêts qu’il ne récupérerait pas mais qui deviendrait donc un "bénéfice" supplémentaire pour les autres pays.
A débattre, bien sur...
Rédigé par : A-J Holbecq | 24 mars 2010 à 09:13
Un élément de réponse technique sur le statut de la BCE et de la FED.
La BCE est dotée de la personnalité juridique conformément au droit public international, ce qui n'est pas le cas du SEBC. La BCE n'a pour mission que la seule stabilité des prix alors que le SEBC à pour mission d'apporter son soutient aux politiques éco, (emploie, croissance, compétitivité principalement). La BCE est totalement indépendante et ne fait que de l'inflation, le SEBC n'est pas indépendant et fait de l'économie au sens large (c'est très relatif malgré tous).
La FED est une institution fédérale détachée statutairement du congré, mais ces prérogatives sont différentes. Elle doit veiller à l’application de la politique économique en s’efforçant de préserver l’emploi, la stabilité des prix et les taux d’intérêt long terme. Par ailleurs, elle supervise et contrôle les activités bancaires, notamment toutes les opérations touchant aux droits des consommateurs. De fait, la FED marche sur les pieds du politique et inversement.
Sur la notion de psychologie des marchés, le maitre en la matière toujours autant cité dans les travaux de recherche reste Orléan (les concepts de convention d'évaluation et de rationalité autoréférentielle viennent de lui…), ou des praticiens comme Montier ou Balley. Mais Krugman et son soutien inconditionnel à Bernanke… Bof:)
En réponse à RST à propos de la création monétaire, les banques maintiennent des taux d’intérêt à un niveau proche de zéro alors que l’on sait que toutes les bulles de prix d’actif (immobilier, cours de bourse, matières premières) sont financées par le crédit, lui-même facilité par des taux d’intérêt bas. Moins de 2% des transactions sur les marchés monétaires concernent l’économie réelle, le reste sont des opérations spéculatives contreparties aux opérations de couverture ! Par conséquent, les liquidités qui sont dans les fonds monétaires sont prêtes à être investies et à nourrir la spéculation ! (cf travaux de Morin)
J’ajouterais que le profit est toujours un processus d’accumulation au sens régulationiste du terme, qui passe par une force de travail pour se reproduire, la monnaie ne crée rien en elle même (super bouquin d'Aglietta et Orléan, la monnaie entre violence et confiance). La création d’une politique monétaire commune est une hérésie théorique (modèle IS-LM-BP) qui arrive au terme de ses contradictions aujourd’hui.
La question de l'autisme ou de la cécité… Le point de départ du libéralisme est la Société du Mont Pellerin fondée en 47 par des économistes comme Hayek, Friedmann et d’autres intellectuels qui savaient distinguer le normatif du positif (surtout Hayek qui est super intéressant à lire). Les « fossiles intellectuels » ont considérablement appauvri la pensée initiale (je pense à Hayek où c’est proprement stupéfiant), ils ont dégagés les hypothèses de travails pour faire un dogme très pauvre. Sur les grands gagnants, je pourrais développer (ce sont mes travaux de recherche) mais là ce sont très clairement les grands groupes financiers…
Rédigé par : GeoRad | 24 mars 2010 à 10:09
Merci pour vos éclaircissements, GeoRad.
Rédigé par : Archibald | 24 mars 2010 à 10:30
@ GeoRad
Le bouquin d'Aglietta et Orléan, "La monnaie entre violence et confiance" est tellement super qu’il est épuisé ! Je le cherche depuis des mois. J’ai même eu l’occasion de demander à Aglietta himself où le trouver mais il ne savait pas. Si vous avez une suggestion, je suis preneur.
Sur la création monétaire d’accord avec vous sur les bulles. Si Krugman ne vous convient pas, peut-être que P.N. Giraud sera plus acceptable. Lui aussi a bien expliqué l’aspect psychologique dans le fonctionnement des marchés de même que le rôle de la création monétaire dans l’apparition des bulles. Je ne résiste pas au plaisir de le citer :
« Enfin, dans les systèmes monétaires contemporains où ce sont les banques commerciales qui créent une pure monnaie de crédit, et où les gouvernements manifestent une préférence marquée pour la croissance, la finance produit inévitablement des droits en excès sur la richesse future, ce que j'ai appelé le « mistigri ». Cela provoque des purges périodiques des droits en excès, de nature différente selon les systèmes financiers (poussées inflationnistes ou crises financières), qui engendrent des conflits de répartition et des transferts de richesse. »
Il est important de prendre en compte les 2 aspects à l’origine de la création des bulles selon Giraud : la création monétaire par les banques commerciales ET le choix délibéré de la croissance qui explique que l’on préfère accorder des crédits risqués plutôt que, en étant trop prudent, passer à côté de l’innovation du siècle. C’est un choix de société.
Sur le profit, je ne veux pas jouer au spécialiste que je ne suis pas, mais j’ai été très récemment séduit par les théories de ceux qu’on appelle apparemment les « circuitistes ». Il faut que j’approfondisse.
Sur les développements éventuels sur les grands groupes financiers basés sur vos travaux de recherche, vous me mettez l’eau à la bouche. Vous avez peut-être un blog ? Sinon, et si vous souhaitez nous faire partager vos connaissances, il me semble tout à fait possible de faire un papier spécial sur le sujet que Malakine pourra peut-être publié ou, à défaut, que je pourrai reprendre sur mon blog ?
Rédigé par : RST | 24 mars 2010 à 12:13
Totalement d'accord sur le caractère multiple de la monnaie. Par le crédit, elle sert à spéculer (beaucoup) et aussi à innover (moins). C'est précisément ce qui fait que la monnaie est un fait social total selon Orléan et Aglietta (désolé pour le bouquin…). Si le crédit ne joue plus ce rôle dans la croissance, ce sont les private equity qui vont prendre le relais et là gros danger; financiers, institutionnels, structurels... ou alors on ne fait pas de la politique monétaire, on fait du budgétaire sur la politique industrielle et on finance directement « à la source » ce qui suppose
- une volonté politique et les compétences qui vont avec,
- un budget moins catastrophique
- trouver un équilibre entre la mise en concurrence et le procès de destruction créatrice à la Schumpeter, donc protectionnisme éducateur…
- l’état va se retrouver entre les firmes et le marché monétaire, difficile à gérer…
- fuite des capitaux, donc il faut des politiques hyper ciblées,
- et …
Juste une esquisse pour dire que le monétaire est soumis à la finance de marché et que le budgétaire sert à faire ce que le monétaire ne fait plus, voir même à le retaper en temps de crise… et donc le budgétaire craque… et ne sert plus la croissance.
Je n'ai pas encore de blog mais c'est la prochaine étape, il manque juste le temps...:(
Pour le poids des grands groupes financiers, dès que j’ai un moment je fais ça.
Rédigé par : GeoRad | 24 mars 2010 à 14:44
@ RST @ Geograd
La force d'un type comme Lordon c'est de rester accessible au non spécialiste. Quand on l'écoute, on a l'impression de comprendre la signification politique des mécanisme qu'il décrit.
Le problème avec la monnaie, c'est que les discussions deviennent tellement abstraites qu'elles n'apparaissent plus comme un sujet politique. Or elle l'est.
Faut faire un petit effort les gars ! :-)
Rédigé par : Malakine | 24 mars 2010 à 15:45
@ Malakine
Je fais ce que je peux, et je peux ... peu.
Tu places la barre trop haut avec Lordon. C'est un peu comme si tu me demandais de jouer au foot comme Zidane ;-)
Rédigé par : RST | 24 mars 2010 à 18:11
Lordon... oui, c'est sur... :)
Ceci dit il est pas à trois pages près, il a la prose facile... j'ai comme même un très grand respect pour lui !
Rédigé par : GeoRad | 24 mars 2010 à 20:33
Salut. C'est certain qu'il y a un petit effort a faire pour débarbouiller ces idées clées :
" ou alors on ne fait pas de la politique monétaire, on fait du budgétaire sur la politique industrielle et on finance directement « à la source » ce qui suppose"
"trouver un équilibre entre la mise en concurrence et le procès de destruction créatrice à la Schumpeter, donc protectionnisme éducateur"
Entre nous on peut se comprendre à demi-mots mais pourquoi ne pas développer ces thèses au grand jour? Comme si nous cherchions a débroussailler avec tous la voie d'un nouveau projet économique?
Il faudrait contextualiser la problematique et synthétiser l'effet systemique de ce projet d'indépendance financiere nationale. N'est-ce pas?
Rédigé par : patriote | 25 mars 2010 à 10:57
@ patriote
Zut, c'est pour moi ça :)
Vous avez raison, j'ai ramassé ma pensée de manière vraiment très ramassée... ce sont des questions qui justifieraient plusieurs papiers, policy mix sous contrainte de finance de marché, protectionnisme à la Litz... c'est-à-dire autant de pièce qui alimentent cette problématique d'indépendance et qui renvoie à la politique industrielle au sens plein du terme. Malakine va me détester mais les seuls à proposer explicitement quelque chose en la matière sont les écolos.
Rédigé par : GeoRad | 25 mars 2010 à 17:10
Trichet semble remettre en cause la valeur des agences de notation, les politiques lentement ont l'air de reprendre la main. Trichet a du sentir le boulet passer près de détruire la construction européenne, la déconstruire comme aurait dit Derrida.
Rédigé par : olaf | 25 mars 2010 à 21:28