Il est toujours délicat de commenter à chaud les résultats d’une élections sans connaître avec exactitude tous les chiffres, mais après avoir entendu pendant une heure les soirées électorales à la radio dans la voiture, mon analyse a déjà pris forme.
Ces élections ont fabriqués trois vainqueurs, l’abstention, la gauche et le Front National, qui constituent trois réactions différentes à la crise économique que le pays connaît depuis plus d’un an, ses dégâts économiques et sociaux et l’angoisse légitime qu’elle inspire face à l’avenir. Les élections européennes qui se sont jouées sur fond de délire climatiste n'avaient pas permis de mesurer l’impact de la crise sur le jeu politique. Cette fois, les conséquences apparaissent, et elles sont en train de bouleverser profondément le paysage politique dans la perspective de 2012. La droite libérale est tout simplement menacée de disparition !
La forte abstention qui s’est confirmée au second tour, même si elle est en retrait par rapport à dimanche dernier, traduit une défiance évidente à l’égard de la classe politique des deux bords. Les 20 ou 30 pour cent d’électeurs qui n’ont pas jugé utile de se rendre aux urnes expriment deux attitudes de nature différente : un désenchantement pouvant annoncer un retrait des catégories populaires du jeu démocratique, et une protestation silencieuse qui ne sait pas encore comment se matérialiser sur le plan électoral. La progression entre les deux tours du FN corrélée au recul de l’abstention exprime clairement l’existence d’un important réservoir de voix pour un vote protestataire et/ou proposant une vraie alternative. Il est clair que cet électorat là n’a pas voulu accentuer encore le triomphe annoncé du parti socialiste. Il convient donc de relativiser très sérieusement la victoire du PS, qui a peut être atteint dans ces élections régionales son score plafond au regard des électeurs inscrits.
Le vote PS a un niveau incroyablement haut dans certaines régions exprime une réaction de protestation électorale de nature institutionnelle. On n’est pas satisfait de la droite, alors on vote à gauche. Compte tenu de ce que sont les régions (des machines à distribuer sans limite ni contraintes de l’argent public) et de la nature de la campagne du PS qui s’est présenté de manière totalement abusive comme un "bouclier social contre les dégâts de la crise", ce vote exprime clairement un désir de protection par la dépense publique. Il s’appuie sur une croyance bien française qu’il existe des réserves inépuisables de fonds qu’il ne s’agirait que de “débloquer” pour augmenter le pouvoir d’achat, créer des emplois ou développer les entreprises. En poussant un peu, on pourrait même analyser la victoire du PS comme un déni de crise. La destruction de l’ordre économique mondial et les contraintes extérieures qu’elles font peser sur le pays sont, soit occultés ou niées. La politique ne demeure appréhendée que dans un cadre national, les gouvernants en place en supportant l’entière responsabilité des conséquences.
Le vote Front National reste selon moi l’enseignement majeur de ce scrutin. Ce parti donné mort ces dernières années progresse de plusieurs points par rapport au premier tour pour arriver à des niveaux très impressionnant, et notamment 25% dans le Pas de Calais! Ce vote exprime à sa façon aussi un désir de protection, mais par la défense des frontières et l’action internationale. Que l’on interprète le vote FN sous l’angle de l’immigration ou des dégâts du libre échange, le ressort est le même. Il exprime un appel à la protection contre les menaces extérieure. Ce thème apparaît aujourd’hui extrêmement porteur et devrait faire les beaux jours d’un FN dans les années à venir, d’autant qu’il est seul sur ce créneau.
De son coté, la droite libérale n’est capable de répondre au besoin de protection que par le travail, l’effort, et les restrictions, sous couvert de politique de compétitivité. Travailler plus pour gagner plus, ça passe encore. Travailler plus, gagner moins pour avoir une petite chance de survivre dans un monde injuste et sans dessus dessous, ça ça ne passe plus ! Ce n’est plus une défaite, mais une raclée historique. Et ça ne fait que commencer ! Il me paraît aujourd’hui à peu près certain que si le gouvernement s’entête dans la voie tracée par François Fillon ce soir, en faisant du rétablissement des comptes publics et de la compétitivité la priorité de la fin du mandat, le sarkozysme poursuivra sa décente aux enfers jusqu’à disparaître purement et simplement du paysage.
La réforme des retraites sera perçue (pour ce qu’elle est) comme une régression des droits sociaux et une acceptation du déclin. Le rétablissement de la compétitivité qui passera nécessairement par l’instauration d’une TVA sociale sera perçue comme accentuant les inégalités aux profits des entreprises. Le retour aux équilibres budgétaire qui impliquera une hausse de la pression fiscale sera, bien évidemment aussi, interprété comme une régression du niveau de vie. L’agenda annoncé ce soir va creuser la tombe de la droite libérale !
Sur la base dynamique politique qui se dessine après ces élections, l’UMP est en train de se faire supplanter par le Front National comme principale force de droite, ainsi qu’Emmanuel Todd le prophétisait de manière très audacieuse la semaine dernière dans son interview à Libération. Si on ajoute à cette dynamique un effet de division que certains responsables de la majorité semblent vouloir organiser eux même dans un souci de "ratisser plus large", il apparaît très probable que 2012 se traduira par un 21 avril à l’envers ! La droite, dont le potentiel électoral se réduit à mesure sur ses idées s’opposent aux attentes de la population, risque de se présenter au premier tour avec 4 ou 5 candidats (Bayrou, Dupont-Aignan, Villepin, Borloo, Sarkozy) sera largement surpassée par le FN dont le potentiel électoral se chiffre aujourd’hui aux alentours des 20%.
Dans ce contexte, si Sarkozy veut éviter que Marine Le Pen soit la candidate de la la droite en 2012 face à Martine Aubry, il doit impérativement et urgemment changer l’orientation de sa politique.
Malakine
@Malakine
On est d'accord le grand vainqueur ce soir c'est bien le FN:http://lebondosage.over-blog.fr/article-le-retour-du-fn-47139390.html
Cependant je trouve curieux que tu continue à mettre Bayrou comme challenger en 2012, avec ses déculottés à répétition élection après élections il ne peut plus être crédible. Le vote Bayrou de 2007 était juste un vote contestataire de gens qui ne voulaient ni Royale ni Sarko. Sinon pourquoi Borloo?
Pour De Vilepin tout dépendra de son orientation économique, s'il rompt avec sont libéralisme bon teint, il pourrait s'adjoindre NDA et une grande partie de l'opinion française, ainsi que ceux des électeurs qui votent FN à cause de son protectionnisme.
Et puis dire que la droite est diviser c'est oublier un peu vite que la gauche l'est aussi. Pour l'instant de FG est à seulement 6% mais ses 6% suffisent à crédibiliser le parti de Mélenchon, il pourrait avoir une grosse marge de manœuvre à terme et poser de gros problèmes au PS. Quand aux verts je continue à penser qu'il feront des scores minables aux grandes élections, enfin on verra.
Rédigé par : yann | 21 mars 2010 à 23:16
Je viens de lire ton analyse à chaud. On se rejoint totalement à la seule différence que je pense que c'est marine qui a un boulevard devant elle et non NDA. Lui, devra savoir se démarquer pour ne pas apparaître comme un "FN light" (qui n'a jamais réussi à personne) ce qui ne sera pas chose facile.
Sur Bayrou, je crois l'avoir enseveli sous des mètres cubes de terre fraiche dans un papier récent. Néanmoins il sera candidat en 2012 et il participera à l'émiettement de la droite.
Sur Villepin, on est d'accord. Il faut attendre son prochain discours ou il annoncera la création de son parti.
Quant à Mélanchon, je viens de voir que son représentant dans le limousin à fait 19%, ce qui confirme bien qu'il existe un ENORME réservoir de voix potentiel pour un vote protestataire et alternatif (même si le limousin a toujours été une terre communiste en raison de sa structure familiale communautaire)
Et Borloo, je l'ai cité parce que des esprits éclairés à droite (lol) ont eu l'idée de génie de demander à Borloo d'animer un centre écologiste en force d'appoint de l'UMP. Ce sont des vrais génies à droite ! :-)
Rédigé par : Malakine | 21 mars 2010 à 23:33
@MAlakine
Ça dépend les élections régionales ne sont pas importante et les gens le savent, alors ils se lâchent si je puis dire. Il y mettent un gros message à l'intention des élus. Mais dans des élections importantes rien ne dit que l'électorat FN ne va pas partir.
Par contre s'ils voient l'opportunité de voter pour un parti plus raisonnable et ayant un discours protectionniste alors ce dernier pourrait facilement les récupérer. Il faut bien voir que les gens jouent de plus en plus avec les élection d'où cette volatilité sans cesse croissante.
Le gros problème de NDA ce n'est pas ses idées, claires et souvent proche de l'envi populaire à mon sens. Son problème c'est sa faible médiatisation, et le fait que les gens susceptibles de voter pour lui ne pensent pas qu'il puisse arriver au pouvoir, donc même les gens qui l'aiment ne vote pas pour lui.
Il faudrait qu'il enclenche un mouvement d'emballement, passé un certain niveau il ferait avalanche il me semble. D'ailleurs une étude récente montrait qu'il avait une très bonne image chez les parisiens et un fort capital sympathie. Son problème c'est qu'il faut un saut dans la foi chez les électeurs. Il faudrait que les gens arrêtent de voter pour ceux qui peuvent gagner, ou pour envoyer un signale au grands parties, mais pour ceux qui défendent vraiment leurs idées. C'est d'ailleurs le même problème pour Mélenchon à gauche.
Rédigé par : yann | 21 mars 2010 à 23:50
Ces élections me font penser à une formule entendue dans Le Guépard, de Visconti (je n'ai pas lu Lampedusa): "Il faut que tout change pour que rien ne change". La seule critique de la gauche porte sur le bouclier fiscal. Et elle croit dur comme fer (ou affecte de croire) que le débat sur l'identité nationale a ressuscité le FN. Les crétins! Ils sont mûrs pour avoir un ex-directeur du FMI comme candidat... ou une première secrétaire conseillée par Alain Minc.
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 00:12
Sarkozy souffrait d'un deficit d'image depuis 2 ans mais là on est dans le dur.
Avant il faisait pas president mais aujourd'hui ressemble-il toujours a un chef ?
Ce que tu evoques un 2002 a l'envers est loin d'etre farfelu helas meme si moins probable qu'a gauche.
Mais si cela arrive les elites mediatiques et intellectuelles devront reellement commencer la reflexion qui aurait du etre faite il y'a 7 ans , a gauche surtout.
Il aura tout essayé l'ouverture pour les centristes de gauche et les perdus du PS , le debat sur l'ID nationale pour les frontistes mais les forces le quitte.
A moins que l'UMP integre l'extreme droite comme l'ont fait les Republicains US et Berlusconi.
La gauche ?ben Melenchon joue son role de rabatteur habituel, on etend l'offre et on encaisse au siege.
Todd voyait Sarkozy non pas une personne dangeureuse mais comme la personne par qui elle adviendra ,ca fait froid dans le dos tant de passivité ...grosse fatigue !
Rédigé par : Damien | 22 mars 2010 à 00:31
Sur le front national, Todd avait déjà dit qu'assez vite, la composante "nucléaire égalitaire" de l'électorat du front national ne supporterait pas le sarkozysme, malgré ses rodomontades sécuritaires. C'est pourquoi le score du FN, s'il est correctement interprété (là, je me la joue un peu, d'accord), est, même pour quelqu'un qui, comme moi, déteste les logiques de boucs émissaires auxquelles se résume nécessairement l'extrême-droite, une assez bonne nouvelle. Il montre, combiné à l'abstention mais plus encore que celle-ci, que les problèmes économiques ne peuvent être longtemps évités, même s'ils étaient étrangement absents des propos des socialistes, l'UMP s'en servant comme excuse (quand on ne veut pas remettre en cause la globalisation, ses conséquences sont une fatalité). La droite libérale ne récupèrera plus cet électorat (à court-moyen terme en tout cas) qui est structurellement contestataire (pour la première fois, je crois, il augmente entre les deux tours). La gauche non plus si elle se contente de critiquer le bouclier fiscal.
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 01:23
Je ne pense pas que ce soit un déni de crise, mais plutôt une réaction aux informations de bonne santé de l'économie boursière... alors que les licenciements continuent... dans la plupart des conversations, les gens ne comprennent pas qu'il n'y ait pas plus d'actes pour contrer ces superprofits.
pour le reste, je suis d'accord avec l'analyse, mais pour ma part, ce qui continue à m'inquiéter, dans le vote de gauche comme dans le vote FN, c'est qu'il exprime encore une fois, un vote CONTRE plutôt qu'un vote POUR des idées... (je ne suis pas partisan du FN, mais j'ai toujours estimé que c'est sur le terrain des idées qu'il fallait le combattre et donc, trouve légitime que ses électeurs s'expriment... mais ce n'est pas par conviction raciste... (eux ils ont Besson pour se rassurer) plutôt pour exprimer leur désenchantement de Sarko qu'ils ont aidés à élire en 2007).
Pour ma part, je crois qu'il y a un boulevard pour Villepin : les électeurs de 2007 ne se reconnaissent plus dans Sarkozy qui les a trop déçu (à part à Neuilly et dans le 16°), par ses innombrables promesses non tenues (les trois tiers des revenus des entreprises à partager, Gandrange) l'ouverture (tous des incapables à droite se dit l'électorat qu'on aille chercher des gens de gauche...) et le copinage, la promotion exceptionnelle du fiston...
Villepin, dans un sens, avec la fin du procès Clearstream, fait figure de seul opposant interne dans ceux qui votent à droite.
A gauche, je ne leur donne pas six mois pour retomber dans leur travers : Aubry s'estime légitime comme secrétaire du parti au vu des résultats, Royale comme candidate historique, Strauss-Kahn au vu des sondages et Hollande... parce qu'après tout, pourquoi pas lui ?... si on ajoute quelques quadras aux dents longues, on va encore assister à une bataille interne pour la désignation du candidat. Et une fois désigné, ce seront les petites phrases assassines "entre amis". Je reste persuadé que gouverner n'intéresse pas le parti socialiste : on est bien dans l'opposition, surtout quand on a la majorité du pouvoir en région. Pourquoi aller s'embêter à redresser les finances publiques, avec des décisions forcément douloureuses ?
Bayrou a perdu tout crédit avec son obsession de 2012 et la perte de ses plus fidèles partisans... il va lui falloir ramer et il a fait tellement de déclarations à l'emporte pièces qu'il s'en prendrait plein les dents s'il arrivait à un débat du second tour.
Les Verts restent peu crédibles pour gouverner (du moins au sommet de l'Etat) et feront peurs dans leur vision très arrêtés de l'avenir écologique, et notamment leur vision idyllique d'un monde à vélo et voitures électriques ou sans nucléaire.
Si on refait le bilan, et sauf si un candidat providentiel devait surgir (mais faut qu'il se dépêche...), le seul légitime, connu et présentant bien (hé oui, çà compte chez les ménagères de plus ou de moins de 50 ans !), c'est Villepin... et un monsieur à particule, en plus, pour redorer le blason de la France... çà plait aux électeurs de droite...
Rédigé par : reno.th | 22 mars 2010 à 02:38
L'intelligence politique du peuple de France a parlé: C'est le rejet de la politique ultralibérale du parti sarkosiste 1)en s'abstenant massivement 2)en votant pour une opposition de gauche que l'on espère encore avoir une sensibilité sociale 3) en remettant en selle un tribun populiste.
C'est un front de rejet, cela ne fait aucune majorité pour prendre les mesures qui s'imposent!La solution devra être trouvée,pour partie,en dehors des partis traditionnels
D'où mon invitation à lire les propositions formulées par Renouvin sur son blog:
www.bertrand-renouvin.fr
"En février 2010, Jacques Sapir a adressé à ses collègues et amis ses propositions en vue d’une sortie de crise. Elles constituent le socle d’un programme commun à plusieurs familles politiques et retiennent l’attention pour plusieurs raisons."
Rédigé par : Jacques ENNAT | 22 mars 2010 à 07:56
@ Yann
Je partage ce que tu dis sur NDA. C'est ce que j'appellais la valeur spéculative dans mon article sur le marketing électoral. L'autre handicap est qu'il n'a même jamais été ministre.
@ Archibald
En attendant, le PS gagne les seules élections qui les intéressent. Tout va bien pour eux ...
@ Reno
Je sais qu'il y a une forte attente à l'égard de DDV et j'en fais partie. Néanmoins, il me semble plus prudent d'attendre son discours fondateur lorsqu'il lancera son mouvement pour savoir sur quelles bases il veut se présenter.
@ Jacques
Tu as oublié le lien. Le voici : http://www.bertrand-renouvin.fr/?p=2407
Rendez vous la bas, pour les commentaires !
Rédigé par : Malakine | 22 mars 2010 à 10:38
@ Malakine
D'accord avec le besoin de protection. Je crois plus globalement que les mouvements violents de l'opinion (Modem qui passe de 3 à 18% en 2007 puis tombe en deux temps, écologistes qui passent de pas grand chose à 16% en 2009, PS défait en 2009 et vainqueur en 2010, FN qui tombe jusqu'en 2009 et se redresse l'année suivante) depuis 3 ans indiquent deux choses :
- une immense déception à l'égard de Sarkozy. Pour moi, il a déjà perdu 2012, quel que soit son adversaire
- les Français cherchent une alternative qu'ils n'arrivent pas à trouver
Je ne crois pas qu'il y aura tant de candidats à droite. Je ne crois que Sarkozy prendra le risque d'un deuxième candidat UMP et je ne pense pas non plus que certains que tu évoques partiront s'il y a trop de monde sur la ligne de départ.
@ Archibald
Très bon !!!
@ Tous
Pour NDA, je crois que ce sont justement les présidentielles qui lui permettront d'émerger.
Rédigé par : Laurent Pinsolle | 22 mars 2010 à 11:16
Vous dites : "Ces élections ont fabriqués trois vainqueurs, l’abstention, la gauche et le Front National, qui constituent trois réactions différentes à la crise économique que le pays connaît depuis plus d’un an".
Je ne suis pas sûr que l'on puisse analyser les choses de cette façon, dans la mesure où les résultats de ce scrutin sont terriblement trompeurs.
Le fort taux d'abstention montre surtout que la vie politique est déstructurée.
Chacun scrutin nous donne ainsi son résultat aberrant, sa "surprise".
Ainsi en est-il cette fois-ci d'un scrutin où les ouvriers (60% de la population) s'abstiennent massivement mais qui voit dans le même temps une victoire écrasante de "la gauche".
J'en conclus que ce vote bourgeois, qui nous approche de plus en plus du système censitaire, est un vote conservateur, même quand il se porte à gauche, les seules voies de contestation se traduisant au premier tour par les 10 % à gauche du PS et les 12% du FN et second tour par l'abstention à gauche, compensé par le fort taux d'abstention à droite.
Le deuxième tour est terriblement trouble : elle réunit une gauche disparate - l'union du Front de gauche avec le PS et EE, c'est l'union de la carpe et du lapin.
Le PS est idéologiquement dominé par les démocrates, des "sociaux libéraux" d'un dogmatisme économique effarant. Europe écologie, c'est un électorat qui vient de la droite pour 1/3, et qui est susceptible de se retourner vers les droite à tout moment (10% des électeurs de EE en Rhône-Alpes se sont reportés vers la droite au second tour).
Ce qui est troublant, c'est que les barrières idéologiques droite-gauche semblent étonnamment fermes, tandis que l'offre politique n'est pas capable de représenter l'affrontement des d'intérêts contradictoires qu'on attend dans une démocratie.
Pour renforcer encore ce trouble, les tentatives centristes, si elles semblent toujours vouées à l'échec, se succèdent pourtant à un rythme effréné : projet du Modem dit "centriste", puis ouverture sarkozyste, enfin Europe écologie représentent trois variétés successives de ces tentatives de troisième voie qui ont pour effet de brouiller les cartes plus que de donner du sens.
Sans reconstitution de forces politiques représentant clairement les intérêts contradictoires agissant dans la société, on va donc continuer à assister à des scrutins aboutissant à des résultats aberrants, comme cette domination des régions par le PS et les centristes de gauche et de plus en plus décourageants.
Rédigé par : Tepi | 22 mars 2010 à 14:27
Bonjour à tous,
Difficulté à me connecter dans le pays "émergent" où je suis en mission actuellement, à ma demande, je précise.
@Malakine,
Je suppose que tu as remarqué que la seule région que la gauche n'a pas gagnée avait un ex-UDF comme tête de liste. Si le NC n'avait pas rejoint NS, FB serait moins dans le pétrin!
Réunion, Guyane? Pipeau, à la Réunion, la gauche majoritaire ne s'est pas unie et en Guyane, c'est un "Eric Besson" qui a gagné, un PS devenu sarkozyste.
A mon avis, les conseillers de l'Elysée devraient être remplacés car leurs discours ne sont plus audibles et leur "lecteur" plus crédible du tout.
Rédigé par : Philippe | 22 mars 2010 à 15:28
Voilà des analyses qui feraient palir nos plus brillants commentateurs...
@ Malakine
Le Front National, premier parti contre le libre-échange... je commence à le croire, il suffit d'entendre Marine Le Pen qui dès ce matin est partie en campagne en fustigeant "le mondialisme" et les inégalités. Elle opère exactement le virage que tu avais prédit en gommant de son discours les vieilles antiennes poujadistes et antifiscalistes.
Les républicains peuvent-ils se ranger derrière Marine? Là est la question... car NDA n'a pour l'instant pas les épaules et je ne crois absolument pas au courant Villepiniste.
Le parti unique vieille idée de Jérôme Monod et d'Alain Juppé calquée sur la CDU allemande a montré ses limites tant le paysage politique français est structuré par ses droites (voir le billet de Natacha Polony sur son blog), je serai Sarkozy j'abandonnerai l'idée de l'UMP pour une maison commune à droite...
J'observe également que les tenants de l'oligarchie ont changé de cheval en misant sur François Fillon, Fillon c'est le Balladur de 2012, l'homme du cercle de raison face au fou incontrolable Sarkozy.
@Laurent
Je n'enterre jamais les hommes politiques... surtout Sarkozy, il suffit que le "magicien" Henri Guaino trouve une fois de plus les mots, pour que ce dernier passe le cap du premier tour (avec 21-22 score à la Chirac), après pour le second cela dépendra qui sera en face.
@ tous
J'entends une petite musique sur Aubry comme étant la plus présidentiable du PS depuis ce matin... je considère à plus d'un titre l'éventuelle candidature d'Aubry comme une vraie catastrophe: libre-échangiste, sociale-démocrate... cette dernière serait la plus mauvaise candidate face à Sarkozy contrairement à l'intuitive Royal (surtout si elle épouse un discours néoprotectionniste) ou l'international DSK.
Rédigé par : René Jacquot | 22 mars 2010 à 15:30
@ René Jacquot
Tu poses une vraie question, peut-être la seule question importante en ce moment dans le champ de la politique politicienne. En ce qui me concerne, je n'ai jamais varié sur Marine. Voir ce que j'écrivais sur elle il y a 3 ans http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/03/conseil_de_clas.html#more
Je l'ai entendu annoncer hier soir un grand discours dans le cadre de sa candidature à la succession de son père qui permettrait d'en finir avec la vision caricaturale du FN. Apparemment, elle veut prendre le contrôle du parti en annonçant clairement la nouvelle orientation politique qu'elle veut lui donner. Alors, si tu permets attendons patiemment ce moment là pour se faire une opinion. Tout comme pour Villepin d'ailleurs.
Pour moi Aubry est un fossile intellectuel. Strauss Kahn un agent de l'empire mondialiste et Ségolène Royal une folle dangereuse. La seule chose que j'espère c'est que leur primaire permette d'ouvrir la boite à idée et de les forcer à débattre sur le fond. Il paraît que Hamon veut se présenter pour y défendre quelques idées... Dans l'attente d'un miracle, je n'attends rien du PS.
De toute façon, il n'y a que deux options pour la France aujourd'hui. La politique de rigueur ou la rupture avec l'Europe allemande et bruxelloise. Je n'imagine personne aujourd'hui avoir le courage de défendre la seconde option. Pas même Dupont-Aignan !
Rédigé par : lMalakine | 22 mars 2010 à 15:46
@ René Jacquot
Tu me fais peur avec ton cercle de la raison. Ils vont finir par rendre Sarkozy plus sympathique.
Juste une remarque: même si je peux lui trouver un certain talent, même si elle est protectionniste, jamais je ne voterai pour un candidat ayant quelque chose à voir avec le FN. Jamais.
Je ne crois pas au grand soir, et trouve assez triste que chacun se complaise dans un vote identitaire ou de protestation, même s'il ne peut en être autrement lorsque les partis qui se partagent le pouvoir refusent de tenir compte du caractère néfaste de la globalisation. La seule possibilité d'en sortir, c'est qu'un candidat modéré ose un "maintenant ça suffit". On l'attend toujours. Mais peut-être que Bayrou, enfin libéré de tous ses soutiens... :-)
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 15:49
@ Malakine
Alors que nous aurions dû sabler le champagne puisque Sarkozy est enfin réduit à sa réelle dimension, tu nous parles des candidats socialistes! Rabat-joie, va! Hélas, ton résumé sur la question sent sa vérité incontestable. :-)
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 16:07
@Malakine, @René Jacquot,
Comme ça passe, j'en profite.
Tout à fait d'accord, Aubry est un dinosaure sans intuition et si Royal se présentait, le PS oserait-il la condamner à l'échec comme en 2007?
Rédigé par : Philippe | 22 mars 2010 à 16:07
@ Malakine
On a essayé le fou dangereux Sarkozy... autant essayer la plus folle à gauche.
En effet, il faut être "déraisonnable" pour contester le libre-échange, briser les vitres de la pensée unique et tenter les synthèses hardies. Bayrou n'a pas ce grand de folie pour tenter ce genre d'aventures... par contre il peut être un soutien de poids pour Ségolène Royal.
Rédigé par : René Jacquot | 22 mars 2010 à 17:42
@ René Jacquot
Là, tu marques un point. Mais je me méfie de ceux qui sont, en idées, disposés à "tout changer"... pour que finalement... tu connais la suite.
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 18:00
Pitié, arrêtez parler de Ségolène ! Cette femme est pour moi un cauchemar. La voir revenir au premier plan à l'occasion de ces régionales est une catastrophe.
Ce n'est pas le sujet. On reparlera psychiatrie lourde lorsqu'elle sera candidate aux primaires socialistes. En attendant, de grâce, laissons là aux picto-charentais !! Puisqu'ils l'aiment tant, qu'ils se la gardent !!
Rédigé par : lMalakine | 22 mars 2010 à 18:04
@ Malakine
A l'origine,je suis picto-charentais... je pense que sa mobilisation pour Heuliez a payé électoralement.
Rédigé par : René Jacquot | 22 mars 2010 à 18:15
Je partage vos analyses sur le résultat des élections régionales ainsi que celles d'Emmanuel Todd exprimées dans Libération du 14 mars mais comme le dit bien Jacques Ennat cela ne contribue pas à la création d'une solution politique à la crise de confiance entre le peuple français et ses élites qui ne le protègent pas de la violence économique aggravée par la crise financière depuis plus de 18 mois, tout comme l'euro qui n'a pas les mérites attendus.
C'est pour cela que Jacques Sapir a fait en février une analyse politique et économique, elle connait un prolongement et un développement exposé par Bertrand Renouvin sur son blog. C'est pourquoi il serait bon que toutes ces personnalités se rencontrent et se concertent pour élaborer le socle d'un programme commun à l'usage du parti des Politiques,transversal à la classe politique, de tous ceux qui ont en vue le Bien Commun,ou autrement dit La Res Publica. Ce qui évidemment à mon sens inclus les Royalistes de la Nouvelle Action royaliste parce qu'ils partagent cet état d'esprit.
Rédigé par : cording | 22 mars 2010 à 19:22
@ tous ceux qui croient en Villepin.
Vous avez vu ces anti néo-libéraux de choc qui entrent au gouvernement? Etonnant non? A côté de ces gens-là, Stauss-Kahn fait presque figure de pourfendeur du libre-échange globalisé.
Il est évident que si Villepin avait voulu porter le coup de grâce en proposant quelque chose de neuf, dans l'esprit de ce que dit Jacques Sapir, il l'aurait fait. Au lieu de cela, il s'admire par ministre interposé. En narcisse au gaullisme déclamatoire qu'il est.
Rédigé par : Archibald | 22 mars 2010 à 20:32
Eh bien, nous avons à nouveau la France des régions, rose pour les filles et les mamans,ou mamas PS, et la France du pouvoir, bleue pour les garçons.
Notre président dit "même pas mal", juste un petit réajustement à la marge du gouvernement avec une ouverture sur l'UMP de Chirac façon Barouin. Toujours les mêmes recettes semble t il ... pour un pays au bois dormant.
Rédigé par : olaf | 22 mars 2010 à 21:11
Chers vous,
Quelqu'un pourrait-il rendre compte de la différence entre l'écrasante victoire du PS aux élections régionales 2004, et celles d'aujourd'hui?
Au sens où : si les élections de 2004 ont finalement abouti à l'élection de Sarkozy à la présidentielle, comment peut-on considérer la victoire présente du PS comme une victoire de la "gauche"?
Bref, j'ai l'impression que Tepi voit juste : le vote contestataire "de gauche" d'une masse bourgeoise et petite-bourgeoise pourrait se retourner pour une élection importante.
Rédigé par : Jef | 22 mars 2010 à 23:40
@ Laurent
Merci. Mais je me rends compte que j'ai peut-être surinterprété la progression du vote FN. C'est en tout cas ce que j'ai pensé après avoir écouté Reynié hier. Ce qui m'a rappelé que Todd y voyait une réaction de droite classique, ou presque.
Rédigé par : Archibald | 23 mars 2010 à 12:09
La Vache, vous e^tes de retour et je n'avais même pas vu. Quel plaisir !
J'approuve entièrement les conclusions de votre article. Le PS et le FN ont un boulevard devant eux en 2012. Mais attention, le PS n'aura pas intérêt à se planter.
Rédigé par : leunamme | 24 mars 2010 à 21:47
@ Archibald
Si un candidat "modéré" tient un discours de rupture, ce ne sera plus par définition un candidat modéré mais un vote protestataire. Ou alors c'est l'étiquette qui te permet de qualifier le programme ? Bayrou serait par essence un modéré et Marine par essence une fasciste ?
@ Cording
Content de retrouver notre ami le "monarchiste républicain" ! :-)
Une élection se gagne avec une approche marketing réussie, pas avec un programme. Il me semble que tu as une vision un peu idéalisée de l'état de notre démocratie !
@ Archibald
Sois patient, il DDV parle Jeudi. ET s'il n'annonce pas sur quelles bases il lance son mouvement il faudra attendre le 19 juin date du lancement officiel. En soi la date est un signe assez lourd ... Attendons donc.
@ Jef
Très bonne question. Pour ma part, je n'ai pas parlé de vote contestataire de gauche mais de vote mécanique pour l'opposition institutionnelle ... et j'ai émis l'hypothèse qu'au regard des inscrits le PS était probablement pas loin de son plafond.
@ Leunamme
Vous ? Appelle moi maître aussi tant que tu y es ! :-)
Merci ... sauf que je ne pense pas que le PS ou le FN ait un boulevard. Pour l'instant Marine LP est sur un créneau porteur, et le PS n'en a toujours pas. Quand on lit la dernière itw de Hollande, on croirait entendre un ministre sarkozyste. Ils ne gagneront pas la présidentielle sur la défense du politiquement correct.
Rédigé par : Malakine | 25 mars 2010 à 01:07
@ tous
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20100324.OBS0911/quel_candidat_pour_2012__les_reponses_du_grand_jury_de_.html#lindenberg
Très instructif cette star academy socialiste... Fitoussi est decevant, par contre l'analyse de Christophe Guilluy est très juste.
Rédigé par : René Jacquot | 25 mars 2010 à 11:22
@ René Jacquot
Merci! J'aime bien ce genre de star ac, à la fois amusante et assez instructive.
En gros, ceux qui se la jouent "nous, les compétents!" (en le disant ainsi, avec une certaine gauloiserie, on se dit qu'il est normal que Georges Frêche soutienne le même candidat) plébiscitent Stauss-Kahn, les "moraux" (Sollers compris) aiment Aubry, "une femme qui... une femme, ah... Une femme enfin!
Guilluy rend en effet Royal sympathique, et en général ceux qui la choisissent me le sont assez (Ferro). Je me demande comment Naulleau, si drôle et pertinent lorsqu'il s'en prend à la littérature sans estomac, peut-être aussi conformiste lorsqu'il parle de politique. J'aime bien, par ailleurs, la critique des qualités de présidentiable par Eric Fassin. Il peut en revanche garder son truc sur les minorités.
Maintenant, c'est certain, François Bayrou a toutes ses chances: après Minc qui le trouve maurrassien, Peyrelevade ne le cite même pas! :-D
@ Malakine
La rupture ne peut être acceptée que si elle est proposée par quelqu'un qui, par son histoire et son style, ne suscite pas l'inquiétude. Ou alors on n'entend pas la même chose par "rupture".
Rédigé par : Archibald | 25 mars 2010 à 13:18
@ René Jacquot
Royal est la première à avoir osé s'en prendre à la taxe carbone. Tu te souviens? Tu n'en revenais pas que je devienne royaliste. :-)
Rédigé par : Archibald | 25 mars 2010 à 13:22
Oui, je me souviens et je dois avouer que tu avais raison... Ségolène Royal est la candidate du PS qui sait parler aux classes populaires.
Malheureusement la configuration pour 2012 risque de ressembler à celle de 2002 avec une abstention massive des classes populaires, un Front National au plus haut, tout concoure pour une victoire d'un DSK ou d'une Aubry via la mobilisation des classes urbaines aisées comme le prophétise Guilluy.
Rédigé par : René Jacquot | 25 mars 2010 à 20:19
@ Archibald
Je suis en train de regarder Ségolène Royal sur fr2... discours pour les agriculteurs, taxe carbone, France périurbaine ou périrurale, politique industrielle... il ne manquait plus que la critique du libre-échange.
Rédigé par : René Jacquot | 25 mars 2010 à 21:17
@ René Jacquot
Exact. Enfin c'est ce que je pensais aussi. Et elle a été plutôt brillante face à Cohn-Bendit. Mais les politiques ont peur de critiquer le libre-échange ou quoi? Car sans cela, rien ne me semble possible.
Rédigé par : Archibald | 25 mars 2010 à 22:24