La crise économique qui s'abat actuellement sur le monde est perçue par l'opinion comme une espèce de phénomène météorologique aux causes mystérieuses qui frappe un secteur avant d'en toucher un autre. Il est vrai que la rapidité de son développement pose questions et qu'il n'est pas aisé d'identifier une cause unique.
L'opinion a compris qu'elle prenait sa source dans des désordres de l'économie financière engendrés par des banquiers cupides et irresponsables, qui ont beaucoup joué et trop perdus. L'explication dominante que les médias et les politiques imposent est que cette crise proviendrait d'un manque de moralisation et de régulation des activités financières.
Le scandale Madoff va profondément modifier la perception de la crise par le public, car contrairement aux mécanismes des subprimes ou du dévelerage à l'origine du Krach boursier, elle est d'une simplicité enfantine. L'explication officielle ne suffit plus tant la morale et la régulation ont été totalement absente dans cette affaire. Ce scandale ne caractérise pas une simple escroquerie car il se illustre jusqu'à la caricature tous les principes fondateurs de la finance.
L'explication officielle vole en éclat
On a voulu nous expliquer que la crise des subprimes étaient due à des banquiers peu scrupuleux qui ont accordé des prêts à des ménages non solvables pour empocher de juteuses commissions et aux carences des agences de notations qui ont sous estimés le risque inhérent à ces prêts pour les présenter comme des produits d'épargne sûrs et bien rémunérateurs. Il fallait donc réintroduire de la morale, de la régulation et renforcer les contrôles.
Cette gentille explication ne fonctionne plus avec l'affaire Madoff. Il n'y a ici aucune prise de risque ni aucune forme d'exploitation de la naïveté du public. Madoff a simplement drainé de l'épargne en proposant des rendements que tout le monde savait intenables et qui ne pouvaient être servis qu'en prélevant sur les nouveaux entrants. Des contrôles, il y en eût, et même des dénonciations, mais ils n'ont été d'aucun effet. Seul le tarissement du flux de nouveaux capitaux a fait exploser le système.
On en déduit tout simplement qu'un système qui repose sur la perspective de gagner rapidement et facilement de l'argent avec de l'argent ne peut pas être « moralisé ». La cupidité est son moteur et sa raison d'être. En outre, la régulation par les contrôles apparaît être une douce chimère. Si les gendarmes de la finance n'ont pas été capables de déceler cette fraude grossière, comment attendre d'eux qu'ils détectent les « créances pourries » avant qu'elles ne se retrouvent disséminées dans les actifs du monde entier ? La mal est bien plus profond.
Le scandale Madoff ou la vraie nature de la finance révélée au grand jour
Ce qui est particulièrement intéressant dans l'affaire Madoff est que ces éléments caractéristiques sont emblématiques du fonctionnement de tout le système financier.
D'abords la déconnection de l'économie réelle : Dans cette affaire, personne n'évoque les placements que Madoff a fait. Pourtant il devait bien placer l'épargne qui lui était confiée quelque part ! Nul ne le sait aujourd'hui. Impossible de dire que ces placements ont été trop risqués. Et le plus frappant c'est que les épargnants eux-mêmes l'ignoraient. Ils ne pouvaient et ne voulaient pas savoir comment Madoff pouvait s'y prendre pour proposer du 10 à 15% annuel.
Cette déconnection entre l'espoir du gain et la nature du placement est l'un des principes de l'économie financière. Le petit épargnant est exactement dans la même situation lorsqu'il souscrit à un produit financier qui lui promet, à grand renfort de publicité du 7% garanti, une assurance vie ou n'importe quel produit structuré proposé par son banquier.
Ensuite l'espoir de rendements délirants : L'occultation de l'économie réelle permet ainsi de proposer des rendements sans limites et sans rapport avec la capacité effective de l'économie réelle à générer de tels gains. Cette autre caractéristique de l'affaire Madoff concerne donc tout le système financier qui repose sur l'espoir de plus value rapide, de gains sans risques et d'argent facile.
Au fond, les 50 milliards de pertes dont on parle, ne sont rien d'autre que la différence entre les attentes des épargnants en termes de rendement de leur capital et la capacité des marchés à le générer. De la même manière, la crise des subprimes révélait un décalage entre le rendement théoriques des prêts et la capacité réelle des emprunteurs à produire la rémunération attendue du capital.
Enfin la pyramide : les gains dans un système financier ne sont possibles que si le système est en expansion. Le principe de la pyramide est en réalité omniprésent dans toute la sphère financière. Une bulle spéculative n'est rien d'autre que l'arrivée en masse d'épargnants sur une valeur qui fait monter les cours et permet des plus value aux premiers détenteurs des actifs. Tout système financier cherche à accroître sa base.
On retrouvait d'ailleurs également le même mécanisme dans les subprimes : Les prêts hypothécaires étant garantis par l'élévation future du prix de l'immobilier, il fallait pour tout faire pour favoriser l'élévation continue des cours en garantissant un flux croissant d'accédants à la propriété : D'où les taux d'intérêts faibles, la générosité du crédit et les incitations gouvernementales à accorder des prêts aux ménages pauvres.
On pourrait également ajouter au tableau, les mirages de l'économie américaine, car comme à chaque fois, le scandale vient des Etats-Unis et se répercute sous forme de lourdes pertes en Europe. Jamais l'inverse !
Les épargnants européens ont cru à l'extraordinaire dynamisme de la « nouvelle économie « internet des Etats-Unis, puis à la solidité de ses crédits immobiliers, au sérieux de ses banques d'affaires, à la magie de ses financiers. Et de Krach boursier en crise des subprimes, en passant par les faillites et les fraudes à grande échelle, des fonds du monde entier se sont volatisés dans le mirage de l'économie américaine. Demain le processus se reproduira à l'identique avec les bons du trésor américains quand le dollar s'effondrera.
C'est la dernière leçon de l'affaire Madoff : La confiance irrationnelle dans les acteurs majeur du marché et en particulier la croyance dans la suprématie absolue de l'économie américaine, supposées être capable de produire des miracles à la chaine.
Le coup de grâce pour l'industrie financière
Par son extrême simplicité et sa dimension presque caricaturale, l'affaire Madoff, vient de frapper au cœur l'industrie financière mondiale en faisant voler en éclats tous ses principes fondamentaux : Gestion collective des fonds, déconnection avec l'économie réelle, promesses de rendements élevés et sans risques, système de la pyramide qui condamne les derniers entrants à perdre, croyance dans la suprématie intrinsèque de l'acteur dominant !
Avec l'affaire Madoff la finance apparaît sous une nouvelle lumière, comme une activité virtuelle qui organise dans la plus parfaite opacité des profits déments pour quelques uns fondés sur le pillage organisé du plus grand nombre.
Avant-hier les victimes de la finance étaient les ouvriers dont on a confisqué les gains de productivité ou exploité la misère. Hier, c'était des banques et des petits porteurs à qui ont a refilé des actifs pourris ou surévalués. Aujourd'hui, ce sont les grosses fortunes elles-mêmes qui se font plumer ! Quand le système commence à s'en prendre aux plus privilégiés, on peut commencer à espérer que les choses commencent à bouger.
Il ne reste plus à espérer que la crise de confiance finisse par susciter une prise de conscience pour qu'enfin le monde se décide à se débarrasser de cette sphère de parasites sans foi ni loi. Sinon, le système monétaire et financier qui ne tient que sur la confiance, va s'effondrer dans son ensemble dans un cataclysme aux conséquences incalculables.
Malakine
@ Malakine
Ton papier est excellent.
Tu te doutes en partie du contenu de mon commentaire ;-)
De quoi parle-t-on actuellement quand on parle de finance ? De milliards d’euros ou de dollars qui s’échangent, se volatilisent, sont prêtés par les Etats , … On refait des additions, des estimations, des calculs, on s’interroge sur les contrôles, la moralité des acteurs, la compétence des agences de notation mais qui pose la vraie question, la question de fond : d’où viennent tous ces milliards ? D’où vient toute cette monnaie qui circule sous nos yeux ébahis ? Y-a-t-il des caisses de pièces et de billets qui sont transportés dans des coffres forts ? De quoi parle-t-on exactement ?
Combien d’entre nous s’interrogent sur la réalité de leurs relevés de compte en banque ? Tous les mois, pour les plus chanceux, notre compte est crédité du montant de notre salaire : un chiffre sur un écran ou sur un bout de papier. Mais qu’y a-t-il derrière ? Un tas de billets ? Un tas d’or ? Bien sûr que non. Et pourtant, nous croyons que ce chiffre sur cet écran représente bien un pouvoir d’achat. Nous avons confiance même si pour la plupart, nous n’avons pas la moindre idée de ce que cela représente exactement, quelle en est l’origine, où sont les coffres dans lesquels s’entasse la précieuse monnaie.
Et si ce chiffre disparaissait de l’écran ? Si d’un seul coup, notre banquier nous annonçait qu’à cause d’un Monsieur Madoff, notre argent avait disparu ? Impossible ? C’est surement ce que devaient se dire tous les clients de ce même Madoff.
La vraie question, la seule valable aujourd’hui et qui, hélas, donne lieu aux plus grands délires notamment sur le net est celle de la monnaie et de sa création et des pouvoirs qui y sont rattachés. Je n’ai bien sûr pas la prétention de traiter le sujet ici mais si cette crise pouvait être l’occasion de porter ce débat sur la place publique, elle servira au moins à quelque chose. Je suis d’accord avec toi que le fait que les plus privilégiés soient touchés peut permettre d’accélérer la prise de conscience (on peut rêver).
Je poste dans un second commentaire un petit texte de Jean Bayard qui exprime cent fois mieux que je ne pourrais le faire ce que je pense de la situation.
Je recommande à tous de regarder aussi cette vidéo très polémique faite par Bankster.tv suite à l’émission d’Arrêts sur image où l’on voit comment les supposés spécialistes en économie n’ont visiblement pas les idées claires avec les phénomènes monétaires.
C’est ici : http://vimeo.com/2095828
Un écono-blogueur bien connu a même l’audace de dire, entre autre annerie, que les banquiers ne savaient pas ce qu’ils faisaient quand ils ont commencé à créer la monnaie !!!!
Rédigé par : RST | 19 décembre 2008 à 17:46
Et si Jean Bayard (http://www.bayard-macroeconomie.com/) avait raison.
A noter, pour ceux qui connaissent, que ce petit morceau de texte que je trouve brillant ( et avec lequel on peut ne pas être d'accord) a été censuré dans les commentaires sur le blog de Paul Jorion. Si quelqu'un a une explication ? Cela fait partie de la grande conspiration ?
Ceci est une citation :
"Tout montre et démontre que la conception actuelle que le monde a de la monnaie est fausse, archi-fausse. Un instrument de mesure déformé et faussé, incapable de vérifier des théories monétaires totalement éthérées, qui ne vivent que de la peur de l'inflation qu'elles inspirent. Une monnaie créée pour les besoins des activités purement financières et spéculatives, donc sans effet sur la sphère réelle, alors que l'on veut nous faire croire que celle-ci est la source exclusive de l'émission monétaire puisqu'elle a l'exclusivité de l'inflation. Une monnaie qui ne circule pas régulièrement dans la sphère réelle. Mais, une monnaie qui circule beaucoup plus dans la sphère monétaire et financière centre de la spéculation, que dans la sphère réelle centre de l'activité de production.
Personne n'est capable de dire quelle est la quantité de monnaie nécessaire à une économie déterminée pour fonctionner. Personne ne sait ou ne veut savoir dans quelles conditions précises s'opère l'émission monétaire et comment se mesure sa masse. Aucun expert n'est capable d'expliquer les variations erratiques auxquelles elle est sans cesse soumise. Personne ne connaît les rapports existant entre les deux sphères d'activité. Mais tout le monde est sûr que la masse monétaire a un effet certain sur les prix, et seulement sur ceux de la sphère réelle.
Voici comment tout ce qui touche à la monnaie n'est que mirage et illusion par la seule volonté de quelques hommes qui détiennent le pouvoir monétaire.
Des projets grandioses dans les domaines de la recherche scientifique, de la santé, de l'environnement, de l'espace, de la culture, ou tout simplement de la vie quotidienne, ne voient pas le jour, non pas parce que l'on manque de moyens en hommes et en matières, mais parce que l'on manque de monnaie ! C'est le comble du capitalisme face au chômage et à la misère !
Seule une prise de conscience collective peut nous affranchir du joug que nous imposent les autorités monétaires. Le moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses carcans. Le moment est venu de rendre le pouvoir monétaire au peuple, c'est-à-dire à ses élus. La monnaie peut et doit être le moyen démocratique d'accès au bien-être pour tous. Le salut économique passe par la régulation monétaire, que seul l'Etat est apte à assumer. Il n'y a pas d'autre alternative si l'on veut trouver ou retrouver le chemin de la paix, de la prospérité, de l'abondance et du travail pour tous."
Rédigé par : RST | 19 décembre 2008 à 17:53
Votre papier est excellent puisque je viens pour une fos de comprendre quelquechose en économie.
Ce qui frappe dans toutes ces affaires successives, c'est à quel point la complexification du marché sert d'écran de fumée pour des affaires obscures. Et au fond du compte, ce sont toujours les mêmes qui se font avoir.
Rédigé par : leunamme | 19 décembre 2008 à 21:48
Excellent papier.
Madoff c'est le Majax de la finance!
St Thomas D'Aquin fustigeait jadis l'avaritia, cet amour immodéré de l'avoir.
Chaque jour, l'hypothèse de la "dérive du système" s'amenuise un peu plus...
Rédigé par : René Jacquot | 19 décembre 2008 à 21:48
Malakine arrive presque à la même conclusion que Bill Doner
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20081219-1447.html
Rédigé par : Abdel | 19 décembre 2008 à 22:38
Une question me taraude.
Se pourrait-il qu'il y ait encore d'autre affaires similaires dont la révélation resterait à venir et qui viendraient alors rajouter à la crise.
Reste à souhaiter malgré tout qu'il en résultera quelque chose de positif.
Après tout, c'est le moment ou jamais de croire au Père Noël.
Rédigé par : Marcus | 21 décembre 2008 à 00:46
je pense qu'on devrait se poser la question ,que d'ailleurs se pose Emmanuel Todd, dont je suis fan, comment se fait-il qu'il y ait autant de gens qui ait de l'argent à investir (perdre ?).
Je pense que l'accroissement des inégalités aux Etats-Unis en particulier est une des causes de la création sans cesse renouvelé de bulles immobilière, financière, du prix du pétrole, de l'or, et autre bulle Internet.
Le partage de la richesse crée entre actionnaire et salarié depuis les années 1980 a été défavorable aux salariés, par contre les actionnaires y ont gagnés.
D'où les bulles financières, par contre un problème est apparu,comme faire pour que les salariés consomment alors que leur niveau de niveau stagnent, je rappelle que le salaire moyen masculin n'a quasiment pas bougé depuis 1973 aux Etats-Unis, c'est là que sont intervenus les banques avec l'accroissement démesurés du crédit à la consommation, à l'immobilier en particulier aux Etats-Unis, GB, Espagne.
On a voulu d'une certaine manière donné par le crédit ce qu'on avait pris aux salariés (les intérêts en plus ou plutôt en moins pour les salariés , les gains en plus pour les banques).
Maintenant les salariés sont tellement endettés ,et souvent les états, que ceux ci mettent en péril les banques et la santé des entreprises.
D'une certaines manière la faillite des classes populaires et moyennes (subprimes et primes maintenant),causé par les Etats, banques et entreprises entrainent celles des banques et entreprises (GM, Chrysler).
La course à la réduction des couts dans les années 1980, pour accroitre les gains pour les actionnaires, est une des causes, et aussi la fin du Fordisme , peut être la cause profonde est le libre échange et la mondialisation mais je n'en suis pas sur.
Je pense que le sous investissement et aussi une mauvaise allocation des ressources en faveur de l'immobilier et de la finance, car le retour sur investissement y était plus élevé, et pour cause c'était une une pyramide, est une des raisons majeures.
"On pourrait également ajouter au tableau, les mirages de l'économie américaine, car comme à chaque fois, le scandale vient des Etats-Unis et se répercute sous forme de lourdes pertes en Europe. Jamais l'inverse !"
Techniquement, économiquement bien sur cela est du à des taux d'épargne supérieur aux Etats-Unis, (c'est pas difficile le taux d'épargne US est de proche de 0%).
Mais la raison plus profonde est la sur valorisation par les "élites européennes et même mondiale car les russes, japonais, et saoudiens perdent aussi beaucoup d'argent) de la capacité pour les États-Unis de produire de la richesse.
En fait ceci est du au soft power Américain, les Etats-Unis produisent l'idéologie dominante, dans la hugh-tech, le marketing ,la finance, et bien sur et surtout l'économie.
Il est assez curieux de constater que la quasi totalité des prix Nobel d'économie est Américain (ou britanniques) alors que ce sont ces 2 mêmes pays qui vont subir sans la récession la plus dure.
Par contre il n'y a pas d'économiste chinois, japonais, singapourien etc.., alors que ces pays produisent de la "vrais richesse" depuis plusieurs décennie.
Peu d'économiste Anglo-saxons arrivent a expliquer pourquoi ces pays en faisant l'inverse de ce que propose les néo-libéraux, et même la plupart des économistes de gauche américain (Krugman), arrivent à progresser.
Rédigé par : JLS | 21 décembre 2008 à 16:36
Rien de nouveau dans ce scandale, en France, dans les années 1970, avec "la garantie foncière", nous avons connu le même scénario mais il n'avait touché que les particuliers. Ce fut un grand scandale politico-financier sous l'ere Pompidou. C'était un rendement de 10% qui était promis aux épargnants.
Henri Salvador en avait fait une chanson humoristique qui ne faisait guère sourire les victimes de cette escroquerie.
Rédigé par : Constantin Anghelidi | 22 décembre 2008 à 00:25
sur la "déconnection par rapport à l'économie réelle" :
"Oui" et "Non"... !!
"Oui" parce que cet argent n'a probablement pas servi à refinancer des investissements (épargne=travail décalé dans le temps), "non" parce qu'APRES TOUT cet argent est bien issu d'une économie de surproduction, ET QUE cela n'a été qu'une conséquence et un indice de cette crise de surproduction.
"le Belge"
Rédigé par : Belgo4.0 | 22 décembre 2008 à 07:08
Il y a aussi une autre confirmation dans cette affaire : l'existance des "supe-riches".
En effet, seul quelques initiés, très fortunés, avaient accés aux offres de Madoff. Les mêmes qui ont accés aux Hedge fund et utilisent la globalisation financière pour échapper aux fiscs.
Ce sont les 1% qui pompent tous les bénéfices et creuse l'écart avec les riches.
Ce sont ceux qui sont mis en évidence dans le livre de Todd, mais aussi dans le livre de Jospin de 2007 (qu'il nomme "les nouveaux aristocrates") et aussi dans l'excellent roman "cendrillon" d'Eric Reinhard.
Rédigé par : Sangaku | 22 décembre 2008 à 11:49
@ RST
Effectivement, la provenance de ces sommes qui dépassent l'entendement est pour moi un mystère.
J'ai regardé L'Argent Dette de Paul Grignon les yeux écarquillés ( http://www.vimeo.com/1711304 ). Ce petit film a le mérite d’être très didactique, loin du jargon (intentionnellement ?) rébarbatif des économistes. Ce qui permet à ceux qui, comme moi, n’ont aucune connaissance en matière d’économie de se faire une opinion sur le sujet. Ou plutôt de se défaire une opinion.
C’est que je me pose beaucoup de questions sur la création monétaire, questions que je ne m’étais jamais posées auparavant. J’y trouve par contre très peu de réponses. Les seules critiques du film que j’ai lues dénoncent son aspect « théorie du complot » (voire même son antisémitisme supposé, cf. Rue89 : http://www.rue89.com/mon-oeil/2008/10/13/largent-dette-video-star-du-net-a-une-sale-petite-odeur ), mais évitent soigneusement de répondre aux questions qu’il pose.
L’accusation gratuite et systématique d’antisémitisme est un procédé bien connu, qui discrédite à mes yeux celui qui la formule bien plus que celui qui en est l’objet. D’ailleurs, à ce compte-là, l’article très mesuré et très intéressant de Malakine pourrait aussi être taxé d’antisémitisme, avec une expression comme « des banquiers cupides et irresponsables ». On pourrait aussi, pourquoi pas tant qu’on y est, assimiler toute critique de Madoff à de l’antisémitisme larvé, puisqu’il paraît qu’il est juif. Mais le procédé ne fonctionne pas cette fois-ci, l’affaire est trop énorme.
Plus sérieusement, je me pose beaucoup de questions, j’aimerais y trouver des réponses, ou au moins des éléments de réponse.
Rédigé par : Bruno | 24 décembre 2008 à 13:46
Oui c'est vrai on peut se demander si le phénomène des bulles spéculatives boursières ne s'apparenterait pas avec celui de la chaine de Ponzi-Madoff ! Mais si tout le système actuel reposait là dessus, il aurait implosé depuis belle lurette.
Ceci étant Madoff touche quelques banques, qui en survivront (même Santander), quelques rares fonds de placement en petite quantité et beaucoup de portefeuilles de très riches ... c'est à dire du 'cantonné' : on s'en remettra donc .. et eux aussi.
En ce qui concerne le problème de la création monétaire, la peite vidéo de Bankster.tv que nous propose RST est particulièrement foireuse et démagogique. On est sûr de jamais comprendre le B.A. BA de la monnaie avec des truc pareil.
Ce qui est vrai c'est que c'est pas toujour simple à expliquer.
L'enigme de la Dame de Condé qui fascine et déroute en est l'illustration (sans compter que les explication en sont souvent , non pas fausses, mais foireuses -blabla sur la confiance qui est un autre pb-et sur la masse monétaire ça fait chic)
Idem en pire pour la vidéo (particulièrement idéologiquement orienté et tendancieuse -mais chacun ses dégoûts-) de Grignon que propose Sangaku (qui devrait ses investigations plus loin s'il veut vraiment comprendre) : mais il est vrai qu'elle est très astucieusement présentée, mêlant du vrai avec des point de vue tronqués qui ne permettent pas de saisir ce qu'est la monnaie moderne (Grignon mélange la monnaie gagée sur de l'or et la monnaie ex-nihilo qui s'éteind et se détruit par son renboursement) .
Comme le note RST, les econoclastes ne sont pas à l'aise et pédalent dans la semoule , habitués qu'ils sont à des raisonnements ludiques et incapables d'expliquer le fond des choses. Mais effectivement -contrairement à ce que dit RST- , les premiers banquiers qui ont fait du ex-nihilo , n'ont pas conceptualisé leurs prêts de cette façon là ... : Alexandre D. a raison.
La meilleur preuve en est que l'explication réelle à l'enigme de la Dame de Condé, qui est qu' elle s'est précisemment comportée comme une banque : sans qu'elle le sache et sans que cela apparaisse clairement lorsqu'on cherche l'enigme. Le billet n'est alors ni vrai ni faux , il aurait pu être remplacé par un bout de papier avec "Moi Dame de Condé, promet 100€ au porteur" : et il aurait éteint les dettes de la même manière.
Bon je dit ça en passant. Sinon Malakine ne me déplait pas dans son versant Toddien ;)
PS/ Le lien de Bayard ne donne rien ... il s'est peut-être auto-censuré en relisant ses fantaisies sur l'argent-parking ... (Le reste n'étant pas inintéressant, d'ailleurs )?
Rédigé par : Oppossum | 29 décembre 2008 à 19:57