A force d'avoir martelé que le paquet fiscal était le péché originel du quinquennat, le gouvernement a finit par s'en convaincre. Pour se libérer du pénible reproche d'avoir fait des cadeaux aux plus riches, il tente une pathétique opération de communication sur le thème du pouvoir d'achat.
On n'avait donc rien compris. Le paquet fiscal, c'était pas pour débloquer la société française, pour réhabiliter le travail et la propriété ou pour libérer les énergies. Encore moins pour cajoler les riches. C'était pour distribuer du pouvoir d'achat. Le gouvernement cherche donc à réparer son erreur de communication inititale par avec une erreur encore plus grossière : Une véritable conduite d'échec !
L'acharnement à occuper le thème du pouvoir d'achat est incompréhensible. Aujourd'hui, nul n'ignore plus que le pouvoir d'achat recule et que l'Etat n'est pas en situation de le soutenir par ses largesses fiscales ou budgétaires. Réinvestir au point de surinvestir ce thème, c'est servir la gauche, l'opposition, un argument en or pour la fin de mandat. On est parti pour ne juger le bilan du gouvernement Sarkozy qu'à l'aune de l'augmentation des revenus. Sur ce terrain, le Bilan a toutes les chances d'être misérable.
Même dans une période de croissance, rares sont ceux qui se félicitent du niveau de leurs revenus ou de la progression de leur pouvoir d'achat. Vouloir être jugé sur ce paramètre, c'est déjà une conduite suicidaire en temps normal. Dans le contexte actuel, c'est de la folie furieuse !
Qui peut sérieusement croire que le pouvoir d'achat pourrait augmenter dans les années à venir, quand le prix de l'énergie flambe, quand les dépenses sociales vont exploser avec le vieillissement de la population, quand la croissance est partie en Chine, quand la progression de la productivité est plombée par la désindustrialisation, quand l'Etat est exsangue et risque de l'être encore plus avec une remontée des taux d'intérêts.
Au mieux, la France connaîtra ces prochaines années, une paupérisation maîtrisée. Au pire, elle sera emportée dans la crise terminale du capitalisme mondial. Mais il n'y a strictement aucune chance que le pouvoir d'achat de la population augmente à échéance prévisible ! Parler d'impatience, c'est vraiment de l'inconscience ou de la bêtise.
La campagne de communication du gouvernement est aussi une erreur stratégique majeure car elle tourne le dos à ce qui a fait le succès de la campagne Guaino-Sarko de 2007. La force du discours du candidat, c'était son volontarisme, sa volonté de réformer la France en profondeur, ses promesses de rupture avec les lâchetés et les renoncements… C'était sa capacité à décrire un projet d'ensemble, une vision d'avenir pour la France et l'Europe. C'était sa capacité à refaire de la politique, souligner des valeurs, créer du clivage, faire de l'idéologie …
Ce registre aurait très bien pu être repris et décliné par les communiquants pour précisément en appeler à la patience, en attendant l'effet des réformes de structures engagées, à rappeler les changements profonds engagés depuis un an etc etc ...
Avec cette campagne, la communication fait endosser plutôt le registre de sa « concurrente » de 2007 qui voulait écouter tout le monde pour donner à chacun selon ses désirs. Adieu la politique, la République et la Nation. Bienvenue dans l'ère du clientélisme et de l'individu roi ! La politique n'a plus qu'un objet : Ce qui se trouve sur le compte chèque du citoyen-usager-consommateur !
Le peuple souffre et s'appauvrit ? Pas grave. Faisons au moins en sorte que ceux qui ont bénéficié des largesses gouvernementales aient la reconnaissance du ventre...
Quand Guaino la plume hisse Sarkozy au niveau d'un homme d'Etat, Saussez le communiquant en fait un distributeur d'argent public, une sous Ségolène.
La communication politique, à force de vouloir simplifier le propos finit toujours par rendre les politiques aussi cons que ce par qui ils veulent être compris.
Malakine
Tout à fait d'accord avec vous.
Et c'est souvent le problème de tous les hommes politiques de droite, ce sont des hommes d'Etat en campagne, soucieux de l'intérêt général et courageux et une fois au pouvoir, ce ne sont que des hommes politiques prêts à faire plaisir à tout le monde. Le problème que les hommes de droite sont trop complexés vis-à-vis de l'opinion car ils veulent tous avoir la popularité d'un De Gaulle pour commencer à se soucier de l'intérêt général et pour avoir cette popularité, il passe leur temps à vouloir faire plaisir À tout le monde. C'est l'histoire de la poule et de l'oeuf.
Quand aux socialistes, ce sont souvent l'inverse. Des démagos pas possible en campagne et des partisans de la raison d'Etat au pouvoir...
Rédigé par : Niko | 01 juillet 2008 à 15:58
@ Malakine
Ce que tu dénonces n’est pas étonnant avec un type comme Saussez, au bronzage jaune carotte permanent et au sourire ultra bright. Ce type est fait pour vendre des yaourts et on lui demande de vendre une politique. Forcément, pour lui c’est compliqué ;-)
Enfin tout ça c’est bien à l’image de l’ensemble de la classe dirigeante de ce pays : pitoyable et tragique.
Rédigé par : RST | 01 juillet 2008 à 18:21
" Adieu la politique, la République et la Nation. Bienvenue dans l'ère du clientélisme et de l'individu roi !"
J'ai beau me répéter, mais je n'arrive pas à comprendre comment un garçon intelligent comme toi Malakine ait pu croire les fadaises et autre sornettes du candidat Sarkozy en campagne ! Comment as-tu pu mettre un bulletin dans l'urne marqué Sarkozy , Il y a là vraiment un truc qui m'échappe…
Un après son accession au pouvoir, le bilan du nabot est mauvais. Et alors ? Le candidat était mauvais, le président est mauvais, et il faut espérer que cela s'arrêtera dans 4 ans.
En attendant ce jour heureux, j'aimerais vous faire part d'une réflexion : j'ai la désagréable impression que nos politiques ressemblent de plus en plus à nos "amis" les footballeurs professionnels : un ego surdimensionné, des salaires de capitaines d'industrie, et surtout une capacité à se vendre au plus offrant assez déconcertante (voir Kouchner, Besson, Strauss-Kahn et consorts).
Leur principale motivation au final : l'appât du gain. Leur principale mission : garder leur poste.
Alors, je me pose deux questions : la politique est-elle un métier ? (et si oui, doit-elle le rester ?) Et pourquoi rend-elle con et mesquin ?
Le candide que je suis attend avec impatience vos avis éclairés sur le sujet…
Rédigé par : olivier | 01 juillet 2008 à 23:45
@ Niko
Très bonne remarque ! Ton blog à l'air excellent. Je vais le regarder de près :-)
@ RST
Ben en fait, la remarque terminale de mon article m'est venue pendant ma campagne municipale où je n'ai pas arrêté de pester contre le coté réducteur de la communication politique. C'est vrai qu'il faut un peu, mais parfois - on le voit ici - elle conduit à dénaturer le message politique.
@ Olivier
Mais non, ne fais pas le naîf. Tu sais très bien pourquoi j'ai voté Sarkozy. J'adhérais à 200% aux discours écrit par Guaino. Je suis de la même famille politique que la plume de Sarko. Bon, tu vas me dire que dans le staff de la Ségo, y avait aussi qqun qui était de ma famille (JPC) ... mais bon, je n'ai pas senti la même influence.
Mais tu sais encore aujourd'hui, je ne suis pas de ceux qui espèrent que les 4 ans de son quinquennat qui restent seront une cata. J'espère qu'il réussira, et que son énergie permettra d'engager quelques réformes nécessaires.
Déjà, là, dans les six prochain mois, j'espère bien qu'il va mettre le bordel dans l'Europe. Il a commencé fort !
Quant au bilan, je l'ai déjà dit. IL n'est pas le seul à avoir été mauvais. Tout le monde a été mauvais pendant un an : Gouvernement (Fillon quelle buse !) technostructure, UMP, journalistes, médias, opinion ... Mais je sens que la 2ème année s'engage mieux.
Les questions que tu poses me donnent une idée pour le "programme d'été d'Horizons". A suivre donc...
Rédigé par : Malakine | 02 juillet 2008 à 09:19
@Malakine,
Certes, je n'ai pas voté pour Sarkozy mais néanmoins comme vous je ne souhaite pas, surtout concernant l'Europe, un échec global des multiples entreprises que SARKOZY ne manquera pas de mettre en avant.
Quand vous écrivez : "dans les six prochain mois, j'espère bien qu'il va mettre le bordel dans l'Europe. Il a commencé fort !" qu' espérez-vous ?
- qu'il bouscule suffisamment les hommes et les institutions pour changer de cap à 100% en tournant brutalement le dos au libéralisme européen avec l'assentiment d'au moins une grande majorité de ses partenaires ?
- qu'il provoque, par son volontarisme et sa personnalité, des réactions de rejet, la quasi unanimité contre lui, aggravant ainsi la crise actuelle, ce qui obligerait à remise à plat de la construction de l'UE ?
Sinon, pour revenir au sujet initial, il me semble que vous négligez un aspect fondamental de la personnalité du chef de l'État : il a un impérieux besoin d'être populaire et croit pouvoir combler ce déficit en la matière par une communication plus pro. N'ayant pas réussi seul à remonter la pente lui-même, il a délégué à un spécialiste. Comme vous le démontrez l'échec est quasi assuré, ce dernier peut donc s'attendre à une prochaine et belle volée de bois vert.
Rédigé par : PeutMieuxFaire | 02 juillet 2008 à 11:17
@ PMF
Je réfléchis depuis quelques jours à un article qui serait un "à la recherche du plan B". C'est compliqué et j'avoue que je n'ai pas les idées claires. Mais d'ailleurs qui les a ?
Il y a d'une part la nécessité d'un vrai traité correctif sur le fond et la forme qui puisse réconcilier les peuples avec l'Europe et réactualiser le projet afin notamment d'abandonner la chimère des Etats-Unis d'Europe. Mais que faudra t-il y mettre dedans, ça c'est compliqué ...
Avant d'en arriver là, il faut remuer les consciences. Là, je pense que Sarko et la présidence française peuvent être utiles. La seule chose que j'attends de lui c'est d'enfoncer un coin entre l'idée européenne et le soutien aux politiques communautaires. Pendant trop longtemps ces deux positions ont été jugées identiques, ce qui a empeché tout débat.
S'il pouvait se montrer super européen tout en étant super critique, il préparerait bien le terrain pour la suite. Mais la question de savoir comment concrètement réorienter, l'Europe reste entière ...
Je vais continuer à y réfléchir. On en reparle dès que possible.
Rédigé par : Malakine | 02 juillet 2008 à 12:05
Tiens je signale une interview de Giscard dans les Echos sur la situation économique mondiale. Le vieux nous rappelle qu'il a de beaux restes.
http://www.lesechos.fr/vg/articles/3e/3e1bce0c.html
J'ai beaucoup aimé ce passage : "Il y a des époques où des groupes de personnes ont la volonté de se saisir d'un problème et disposent de l'expertise pour le résoudre. Aujourd'hui, on ne voit pas apparaître ce type de personnalités politiques sur la scène internationale de l'économie et de la finance. C'est dû sans doute aux évolutions de la société : les « élites » ne s'orientent plus vers la vie publique, elles vont travailler dans les entreprises et les banques. Elles voient donc le monde à travers le prisme du système lui-même, qui privilégie le laisser-faire pour maximiser les profits"
Sous entendu ... De nos jours, je n'ai plus d'équivalent dans le monde politique. Si j'étais né 40 ans plus tard, j'aurais fait carrière dans une multinationale ou dans la banque. Le pire, c'est qu'il a sûrement raison !
Rédigé par : Malakine | 02 juillet 2008 à 15:27
@ Malakin
>"Même dans une période de croissance, rares sont ceux qui se félicitent du niveau de leurs revenus ou de la progression de leur pouvoir d'achat"
Rares , oui ! Ils sont là :
"Malgré l'économie, les milliardaires français prospèrent" :
Les 16 milliardaires français valent à eux tous la somme de 72,2 milliards d'euros en mars 2008, ce qui représente une hausse par rapport aux 69,7 milliards d'euros de l'an dernier. Leur valeur nette moyenne atteint la somme impressionnante de 5,2 milliards d'euros, soit le double de la valeur nette moyenne des milliardaires du monde entier, qui est de 2,5 milliards d'euros. Deux de ces 16 milliardaires figurent dans le top 20 mondial des milliardaires les plus riches.
http://fr.biz.yahoo.com/dossier/forbes/forbes-milliardaires-france.html
Rédigé par : toto | 02 juillet 2008 à 15:46
@ RST
Vous avez été censué du blog "echo politique" (en fait c'est même 2 posts qui l'ont été)
Rédigé par : toto | 02 juillet 2008 à 15:49
@Olivier,
C'est le scientifique (et auteur de SF) Kurt Vonnegut Junior qui dit que "Goût du pouvoir et intelligence sont incompatibles".
On peut aussi voir que Mendès-France et De Gaulle étaient trop honnêtes donc trop intransigeants pour notre époque. Il ont été "portés" au pouvoir par d'autres motivations que celles qui conduisent les politiciens actuels à le faire : "Autrefois on avait accusé les hommes politiques de ne songer qu'à "se remplir les poches". Hier, on ne leur reprochait plus guère que de "vider les nôtres". Aujourd’hui, la boucle est bouclée : non seulement ils se remplissent les poches, mais c’est en vidant les nôtres."
Le contexte actuel dans notre société est à l'admiration du veau d'Or.
Or (sans jeu de mot) Sarkozy en est le produit le plus aboutit:
"On ne jugera jamais bien des hommes si on ne leur passe les préjugés de leur temps."
Triste excuse de Montesquieu pour un triste sire !
@Malakine,
La "perle" que j'ai retenue de l'interview de Giscard, à qui on demandait les raisons de la crise financière :
"Mais, qui aurait pu prévoir l'expansion économique de la Chine et de l'Inde ? "
Réponse : Évidement pas les PID (Élites Cathodiques), mais sinon, à part eux, à peu près toute la population française !
Rédigé par : Ozenfant | 02 juillet 2008 à 18:04
@Toto,
totolezheros, n'était pas une insulte, mais un blog qui existe vraiment (à constater sur http://poliblog.canalblog.com/archives/2008/07/01/9773791.html#comments en ce moment).
Ceci dit la susceptibilité et l’indignation morale sont souvent des stratégies pour conférer de la dignité aux imbéciles.
Rédigé par : Ozenfant | 02 juillet 2008 à 18:13
@ Toto
De quelle censure parlez-vous et sur quel blog ?
@Malakine
Le passage que tu cites de l'interview de Giscard est très édifiant.D'une certaine manière, il rejoint les propos tenus par Bébéar qui se plaignaient que les petits génies des mathématiques en France partent faire de la finance au lieu de faire de la technique.
Tu as raison pour Sarkozy, il est en train de foutre la pagaille, et c'est tant mieux : Sarkozy « sape » les négociations entre l’UE et l’OMC http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/mandelson-sarkozy-sape-les-negociations-entre-l-ue-et-l-omc_157447.html
Rédigé par : RST | 02 juillet 2008 à 18:49
>"Ceci dit la susceptibilité et l’indignation morale sont souvent des stratégies pour conférer de la dignité aux imbéciles. "
Je n'ai aucune stratégie. Quant à la susceptibilté j'en ai ni plus ni moins que la moyenne (je ne suis pas une machine). Et le site totolezhero : connais pas !
@RST
Surement une erreur !
Rédigé par : toto | 02 juillet 2008 à 20:36