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08 décembre 2008

Commentaires

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RST

@ Malakine
Propos intéressants comme d'hab.

Au risque de radoter, je me vois obligé de citer de nouveau une phrase pompée chez P.A.Samuelson et qui, pour moi résume la situation: "En économie, ce que les gens voient dépend des lunettes théoriques qu'ils portent"
J.Généreux et A.Minc n'ont visiblement pas le même opticien et personnellement je ferais plus confiance à celui du premier.Je te trouve d'ailleurs assez audacieux de le mettre tous les 2 sur le même plan. Ce n'est pas très flatteur pour Généreux.

Quant aux sites d'experts comme tu dis, je me propose de démontrer dans un prochain billet(arguments à l'appui) qu'ils ne sont absolument pas intéressés par ce type de débat de fond, tout occupés qu'ils sont à devenir célèbres.

Malakine

Alain Minc reste l'un des penseurs les plus influents de la période et l'un des conseillers du président. On peut l'aimer ou non, mais on ne peut pas nier son influence.

Pour les éconoclates, c'était évidemment un clin d'oeil pour voir s'ils se saisiront du sujet.

A propos de Généreux, je conseille la troisième vidéo au sujet de son futur bouquin. Il reprend la thèse de Todd sur l'atomisation de la société par l'hyperindividualime...

yann

@Malakine

C'est incroyable de retrouver les même débats que pendant les années trente. Keynes a du batailler ferme pour faire comprendre a ses collègues économiste que l'épargne n'est pas toujours égale à l'investissement. Or le théorème de Schmit présuppose cette égalité, et il est vrai que si l'investissement est égale à l'épargne alors les profit d'aujourd'hui sont les investissement de demain et les emplois d'après demain. Mais pour que l'épargne servent réellement à l'investissement faut que les entreprise aient intérêt à investir or il y a plusieurs conditions rendant ce théorème faux dans la situation actuelle:

1- le libre-échange et l'inégalité salariale qui en découle dans la mondialisation, et qui favorise forcement les zones salariales dépressionnaires à l'échelle de la planète. Il n'y a pas besoin de grands raisonnement pour comprendre que l'investissement des entreprises se faits alors là où les salaires sont les plus bas quelque soit votre taux d'épargne. Il s'agit d'un point que Généreux n'a pas abordé dans son interview j'aimerais connaître son opinion sur le libre-échange.

2-Un détaille important concernant les possibilités d'investissement, le rendement décroissant. Bon nombre de secteurs industriels on connu une panne de gain de productivité dans les années 70, il n'est pas certain que nous en soyons vraiment sortie. En effet les gains de productivités dans les économies avancées ont pour principale origine l'importation des gains de productivité comptables des pays dans lesquels leurs usines se sont délocalisés. En claire on a pas fait depuis trente ans de gains de productivité réel grâce à l'ingéniosité mais parce que l'on a baisser le cout salariale, un bon retour à l'esclavagisme en somme. Or l'investissement peut être un gaspillage à partir du moment où celui-ci ne produit plus les gains espérés, c'est ce que l'on appel les rendements décroissants l'investissement augmente mais les gains de productivités finissent par augmenter moins vite que le cout de ces investissements. Il est possible que nous soyons arrivé à la fin de ce que le processus technique est capable de produire en matière de gains de productivité et donc d'enrichissement dans cette hypothèse on pourrait fort bien considéré l'investissement comme du gaspillage à long terme.

3- Il faut que les investissements se fasse dans les secteurs qui améliore la productivité du travaille or ce ne sont pas forcement les secteurs les plus rentable même sans le libre-échange. Cela rejoins le point précédent en ce sens que l'on peut interpréter la crises années 70 et la mondialisation comme cause à effet, le système technicien étant alors incapable de produire des gains de productivité, comme dans la période d'après guerre, à poussé les capitalistes à chercher des moyens de recours pour sortir de la période de vache maigre. La solution fut alors la mondialisation avec les conséquences que l'on connait. Si l'on veut relancer l'investissement productif il faudrait déjà que les entreprises dépensent moins à produire des gadgets genre Ipod,BlueRay, et autre téléphone, comme il faudrait qu'elles dépensent beaucoup moins d'argent dans le marketing. Il faut savoir qu'a l'échelle mondiale le marketing et la pub reçoivent aujourd'hui plus d'argent que la recherche scientifique, seul capable pourtant de réellement accroitre la richesse réelle.

Malakine

Sur la position de Jacques généreux sur le libre échange, je peux te répondre, puisque à la conférence où on avait assisté avec RST et Laurent à l'assemblée (là où la photo a été prise) JG a clairement développé une professionn de profession de foi protectionniste. Il est parfaitement sur les mêmes thèses que Todd, Gréau ou Sapir.

Néanmoins, de plus en plus, j'ai tendance à penser que le libre échange n'est qu'un des aspects du problème, ou plus exactement, qu'une des manifestations du problèmes. Pour expliquer la compression des salaires, on peut aussi invoquer l'explosion de la finance (théorie de Lordon et de Gréau) ainsi qu'une évolution des mentalités des élites dans le sens de l'inégalité des hommes (théories de Todd dans l'illusion économique)

Pour le reste, j'avoue que j'ai un peu de mal à voir où tu veux en venir. Tu veux dire que même si le monde occidental était resté sur un mode protégé et non financiarisé depuis les années 70, on aurait connu la même stagnation ? Depuis, il y a quand même eu la robotique, l'informatique, l'éleectronique, le numérique ... Il y a eu plein de révolutions techniques qui ont été de nature à accroître les gains de productivité du travail.

RST

Je confirme ce que dit Malakine sur les positions de J.Généreux. A la fameuse conférence du 11 octobre à l'Assemblée, il a dit que le contraire du libre-échange c'est l'échange contrôlé, le "bon" échange.

Sur la compression des salaires, Lordon explique dans son dernier bouquin qu'elle se fait tirée par le bas (concurrence des pays à bas couts salariaux) et poussée par le haut (pression des actionnaires)

René Jacquot

@ Malakine

Redoutable analyse. Le théorème de Schmidt est bien le mantra des néolibéraux qui se le récitent en temps de crise afin de conjurer le mauvais sort.

La vérité c'est que le théorème de Schmidt ce sont que les profits sont l'épargne d'aujourd'hui et le chômage de demain comme le disait Liêm Hoang-Ngoc.

Dans le mythe du Marché (Climats) Achille Rossi s’est arrêté sur la mondialisation comme mythe qui colonise l’imaginaire, fait idolâtre et dans le même temps fruit empoisonné du monothéisme. Une nouvelle religion post idéologique pour laquelle on vivait et on mourait, maintenant l’horizon de sens est le fonctionnement de l’économie, dédoublé dans sa forme visible, la production, et invisible, le mythe qui réduit la personne à ce qu’elle veut, à son avidité.

Le problème que pose le libre-échange n'est pas seulement technico-économique mais bien anthropologique, les propos d'Alain Minc s'identifient à la réalité: il n'existe rien en dehors de ses propos.

@ Yann

J'aime beaucoup ton idée de "plafond de verre" qu'aurait atteint le système technicien (tu es un disciple d'Ellul?).

René Jacquot

@ Tous

Je viens d'entendre la 3 e partie du Parlons net de Généreux sur son futur bouquin... Je trouve qu'il fait la jonction entre Emmanuel Todd et Jean-Claude Michéa.

Très intéressant.

yann

@Malakine

Je pense effectivement que même sans la mondialisation nous aurions connu un fort ralentissement de la croissance dans les années 70-80. La robotique et l'automatisation n'ont pas eu l'impact que certain croient en premier lieu parce que toute les industries ne peuvent pas faire appel à ces technique, l'exemple le plus souvent utilisé est celui du textile les préhenseurs des robots étant incapable de faire ce que font les ouvrières humaines. Sans parler du syndrome des pannes plus un robot est complexe plus il nécessite d'entretiens et d'énergie ce qui a un cout, à tel point qu'il y a quelques années certains poste robotisés au japon furent remplacé par des ouvriers revenant finalement moins cher. C'est une illustration de la limite de la technique et qui posent un problème au principe des rendement décroissants.

@René
Effectivement j'aime beaucoup Jacques Ellul et je trouve ses questions tout à fait pertinentes, d'autant que d'un point de vue économique je suis plutôt keynésien, et donc un progressiste (au sens technique du terme). La croissance économique a deux facteurs d'origine l'une provenant de l'accroissement démographique, Keynes avait noté que celle-ci représenta près de la moitié de la croissance de la Grande-Bretagne lors de l'ère Victorienne. De même une bonne part de la croissance des NPI provient de cet accroissement démographique, il s'agit d'une croissance quantitative et non qualitative puisque en réalité elle ne produit pas de hausse du niveau de vie. L'autre moteur a pour origine la hausse des gains de productivité physique c'est cette croissance là qui fait la hausse globale du niveau de vie. Or les gains de productivité ont eux même une limite lié au processus de découverte scientifique. La clef du futur et de l'évolution de notre société est lié à l'évolution de la technique celle-ci est elle un processus linéaire comme le présuppose sans le savoir le théorème de Schmidt ou les théorie libérale et même keynésienne. Est-ce un processus logarithmique auquel cas les partisans de la décroissance ont raison et nous sommes foutu. Ou est un phénomène totalement non linéaire fonctionnant par palier plus ou moins long?

Ce n'est certainement pas un processus linéaire sans quoi il n'y aurait jamais de ralentissement des gains de productivité on peut donc déjà affirmé que le processus technique de croit pas de façon linéaire dans le temps. Il reste les deux hypothèses :

1-La première celle de Ellul la technicité a ses limites et donc à cause des rendements décroissant l'investissement devient contre-productif conduisant le capitalisme à la mort. Le capitalisme concentrant grâce au taux d'intérêt les richesses jusqu'à l'explosion de la société et le retour d'une civilisation stagnante type traditionnelle c'est un peu la thèse des partisans de la décroissance.

2- Le progrès technique croit toujours dans le temps mais par palier, par période plus ou moins longue. Les nanotechnologies par exemple pourraient à plus ou moins long terme devenir une nouvelle révolution industrielle faisant faire de nouveau gain de productivité. Mais pendant ces paliers (qui rejoignent un peut les cycles de Kondratiev bien que je pense que s'il y a de paliers ces derniers on une durée variable) et bien le capitalisme système ne pouvant survivre que grâce à d'énorme gains de productivité est mis en danger car engendrant de fort concentration de richesse.

Ellul pose donc pour moi une question fondamentale en remettant en cause la technique et il a raison de le faire. Je pense personnellement que la technique fonctionne par palier mais rien n'indique si c'est vrai ou faux et si le palier dure 100ans il faudra vivre jusque là et donc forcement se débarrasser du système capitaliste tel qu'il est . Bon mon commentaire est trop court pour aborder ces sujets de fond il va falloir que j'écrive un texte entiers pour être plus précis. Et depuis le temps que je dis à Malakine que j'aimerais mettre des textes sur son blog il faudrait que je m'y mette.

Tatami

Alain Minc, il me fait encore ricaner, je me rappelle lors d'une interview en 1988 alors qu'il prenait pied dans la Société Générale de Belgique avec Carlo De Benedetti, une phrase qui m'est restée en mémoire :"nous sommes là pour les siècles des siècles...."

On sait ce qu'il en est advenu.

Criticus

@ Malakine

Sur le paquet fiscal et les 15 milliards de « cadeau aux riches » (je sais que tu ne le dis pas, mais on l'entend souvent), l'honnêteté intellectuelle oblige à dire que :

1) Il ne s'agit pas de 15 milliards d'euros
2) Ceux-ci ne concernent pas que les riches mais tous les propriétaires fonciers
3) Il n'est pas scandaleux qu'un « riche » ne soit pas taxé à plus de 50 %

@ RST : je connais déjà ta réponse, tu n'es donc pas obligé de me la dire...

jean

Il y a une grosse différence entre les années 70 où le "théorème de Schmitt" fût énoncé (çà n'a rien d'un théorème. C'est plutôt un slogan) et maintenant: dans les années 70, il y avait une inflation importante et actuellement on risque la déflation (diminution des prix comme dans les années 30).

Tant qu'il y a inflation, la politique budgétaire n'a pas grande utilité, puisque le déficit se fait aux dépends de l'investissement ou se traduit par une inflation accrue. Dans cette période, le slogan de Schmitt était pertinent: à défaut de pouvoir diminuer le chômage, autant diminuer l'inflation qui avait un impact important sur l'économie. Pour cela, il n'y avait que 2 choses à faire: augmenter l'épargne (d'où les profits monstrueux de l'époque) et désindexer les salaires. Cela a fait mal mais l'inflation aurait sûrement fait du mal également.

Tout change en période de déflation: la banque centrale ne peut pas baisser les taux d'intérêt en dessous de 0% et la politique budgétaire prend tout son sens et peut créer des emplois. En plus, elle ne coûte pas trop cher puisque les taux d'intérêt sont bas.

RST

Salut à toi Criticus
Content d'avoir de tes nouvelles.
Moi aussi je t'aime.

Tu as raison, il n'y a rien de scandaleux à ne pas taxer les riches au delà de 50 %. Dans un monde où 5 % de la population détient 90 % des richesses (Ordre de grandeur. J'ai la flemme de chercher les vrais chiffres qui me dépriment), cela serait tout à fait illogique:les zéconomistes ont démontré (scientifiquement) que c'était contre productif car ce genre de ponction dé-zincite les riches à devenir encore plus riches.

Vive le SMIC (Salaire Maximum International Compatible avec la morale et la décence)

Malakine

@ rené Jacquot

J'ai mis un peu de temps à comprendre la formule de LHL mais elle est excellente.

La présentation de généreux de son futur bouquin est effectivement très intéressante. J'espère seulement qu'il saura imaginer quelques solutions pour ramener l'individu à un rôle d'être social. Personnellement, je n'ai jmais trouvé le moindre début de réponse au narcissisme déconstructeur contemporain.

@ Yann

Je reste perplexe sur ta thèse du plafonnement mécanique de la productivité du travail. En revanche, je te rejoins sur la tendance lourde du plafonnement de la croissance, pour deux raisons, l'une auquel on ne peut rien - la stagnation voire la régression de la démographie en Europe - et l'autre qu'on a malheureusement encouragé : Le déclin de l'économie productive par rapport à l'économie de la consommation. Il est évident qu'il est plus facile de faire des gains de productivité dans l'industrie que dans le commerce ou les services à la personnes. Cette dernière économie est plus riche en emploi mais beaucoup moins créatrice de richesse. C'est toute la contradiction entre les politiques d'emplois et de développement économique. En privilégiant la première sur la seconde ces 20 dernières années, on a créé les conditions de la stagnation. Et de ce point de vue, rien n'a changé. Les gouvernants misent toujours sur les petites entreprises et les services à la personne...

Pour les textes, ne te gêne pas ! Les pages d'Horizons sont ouverts aux commentateurs du site. Juste un souhait : d'essayer de coller à l'actualité, ou au moins de partir d'un fait d'actu. Un blog ça ne peut pas être un manuel universitaire.

@ Tatami

Minc a eu son heure de gloire dans les années 90. A l'époque il était un prescripteur de pensée unique. Maintenant, on a vraiment l'impression qu'il nage à contre courant et qu'il est totalement dépassé par le nouveau contexte.

@ Criticus

Je veux bien admettre que tout le paquet fiscal n'était pas dirigé en faveur des plus aisés. Pour l'essentiel toutefois (successions, emprunts immobiliers et bouclier fiscal). Seuls l'exonération des heures sups échappe à la critique antiredistributive. Néanmoins il est évident que cette mesure est déjà obsolète. Elle a été pensé dans un contexte où l'on pensait qu'on retournait au plein emploi. Dans un contexte de retour au chômage de masse, c'est une hérésie, une mesure "pro-cyclique"

Quand au bouclier fiscal, c'est l'argument de Apathie que tu reprends là ... Ce qui n'est pas a priori un compliment, je tient à la préciser. Je n'adhère pas à ce pseudo argument moral. Les fortes impositions sont l'instrument majeur pour contenir l'explosion des inégalités salariales. L'idée de bouclier fiscal ouvre la porte à une explosion infinie des inégalités de revenus.

@ jean

C'est bien ce que je pensais. Le théorème de schmitt a été pensé dans un contexte tout différent et il est possible qu'il avait sa justification à l'époque. Ce qui est dramatique est justement qu'il ait été fossilisé sous la forme d'un dogme alors même que le contexte a changé. C'est une belle et triste illustration de l'inertie des système de pensée. J'ai tendance à penser que tout le monde est sujet à ce phénonème, dans vingt ans, je serais peut-être encore antiaméricain alors que l'empire n'existera plus ou protectionniste alors que ce ne sera plus le sujet...^^

Laurent, gaulliste libre

@ Tous,

Quel plaisir de lire ce papier et le débat qui a suivi. Dommage que je n'ai plus autant de temps pour y participer...

@ Malakine

Super papier. Je suis également d'accord avec ton point sur Minc et le fait qu'il participe aux débats. C'est amusant, mais je dis à peu près la même chose dans mon papier d'aujourd'hui (publié dans une heure), que j'ai écrit avant d'avoir lu ce papier... Je crois qu'il est toujours intéressant de bien connaître les arguments de ses adversaires. En ce sens, la lecture d'un hebdo ultralibéral comme The Economist est particulièrement instructive et permet de faire progresser sa pensée.

Après, il est clair que le raisonnement de Minc est souvent limité à de la récitation dogmatique d'une bible néolibérale qui lui permet de dire tout et son contraire avec le même aplomb, comme tu le soulignes. Je crois que c'est Michéa qui avait des propos très durs contre les gens de gauche convertis au néolibéralisme qui sont en général encore plus dogmatique que les néolibéraux de toujours car comme ils ont renoncé une première fois à leur système de pensée, ils sont encore plus attachés à leur second système de pensée...

Il est cependant dommage que les médias invitent toujours les défenseurs du système (Minc, Attali...) pour expliquer la crise alors qu'il y a tant d'intellectuels brillants qui proposent une autre analyse. La semaine dernière, il y avait un débat Attali - Minc au Grand Journal de Canal Plus. Il aurait été plus malin d'inviter Minc et Gréau ou Attali et Todd...

Je suis complètement d'accord avec ton point sur le fait que la crise n'est pas uniquement la conséquence du libre-échange, mais qu'elle est plus globale et qu'il faut y ajouter le rôle de la finance. En revanche, même si cela est proche sur le fond, plutôt que de dire que les élites se sont convertis à l'idée d'inégalité, je soulignerai plutôt la conversion de ce qui s'appelle la gauche au néolibéralisme. En se rapprochant à ce point de la droite sur l'économie, la gauche a fait disparaître la possibilité d'alternance pour les citoyens. On pourrait aller plus loin en soulignant aussi la dilution du gaullisme dans la droite néolibérale. Le gaullisme ou une vraie gauche pourraient représenter une alternative au système.

@ René

La citation de Liem Hoang-Ngoc est superbe !

Petite question sur Généreux et Michéa : pour avoir lu la Dissociété du premier et L'empire du moindre mal du second cet été (j'en ai fait des résumés sur mon blog), je me pose une question. Le premier a publié son livre en 2005 et le second en 2007. Et Michéa a des analyses très proches (mais souvent moins fouillées) que le premier, qu'il ne cite pourtant jamais. Comme j'ai lu le livre de Généreux en premier, j'ai été assez troublé en lisant le livre de Michéa de lire une analyse assez proche mais finalement pas plus poussée. Y-a-t-il un lien entre les deux ?

@ Yann

Théorie très intéressante sur le lien entre la croissance et les évolutions technologiques. Ce n'est pas mon sujet de prédilection mais cela se tient. Comme Malakine, je serai plus optimiste sur l'impact que peut avoir l'informatique sur la productivité et l'ingéniosité de l'homme. En revanche, ton point sur les risques d'un progrès par à-coup qui nécessite une reprise en main du système économique actuel est très juste.

@ Criticus

Nous en sommes à la première année entière d'application du paquet fiscal et les estimations varient entre 10 et 15 milliards.

Sur le fait qu'il profite davantage aux plus aisés :
- c'est vrai, l'exonération des heures supplémentaires profitera à tout le monde. Le problème de cette mesure est qu'elle est absurde d'un point de vue économique en introduisant un avantage compétitif à l'utilisation d'heures supplémentaires par rapport aux embauches
- les réductions d'impôts pour les achats de logements vont largement profiter aux ménages les plus aisés parce que seule la moitié des ménages paient l'IR et parce que l'achat d'un logement est très largement fonction du niveau de revenu (de mémoire, environ 25% des ménages modestes sont propriétaires contre environ 75% des ménages aisés, cet écart ayant tendance à se creuser)
- la baisse des droits de succession va là-encore profiter aux ménages aisés puisque 60 à 90% des successions échappaient à l'impôt (j'ai des sources divergentes), donc ce sont les 10 à 40% des plus grosses successions qui vont en profiter...
- enfin, le bouclier fiscal va naturellement profiter aux plus aisés.
Au global, le bilan est assez clair.

Après, je suis d'accord avec toi, la barre des 50% ne me semble pas choquante, loin de là. Elle représente sans doute un plafond déjà assez fortement redistributeur. Néanmoins, après des années où les revenus des plus aisés ont beaucoup progressé, contrairement aux autres et où les taux d'imposition ont plutôt baissé, on peut s'interroger sur la pertinence d'accorder un tel coup de pouce aux plus riches (surtout alors qu'il y a encore un déficit). A la limite, s'il y avait eu un vrai mécanisme de plafonnement radical des niches fiscales qui aurait au moins compenser ce bouclier, pourquoi pas, parce que sur le principe, je suis d'accord.

René Jacquot

@ Laurent

JC Michéa a développé ses théories depuis 1995 et son "Orwell anachist tory" qu'il a ensuite développées dans "L'Enseignement de l'ignorance", "Impasse Adam Smith", "Orwell éducateur", "L'empire du moindre mal" et son dernier opus (très réussi) "La double pensée", je pense donc que Généreux s'est beaucoup inspiré de Michéa.

@ Yann

Il me tarde de lire tes posts, tu développes une pensée originale... je suis toujours circonspect quant à la décroissance mais je ne suis pas béat devant le progrès technique qui asservit l'homme.

@ Tous

Todd ce matin sur inter:

http://www.marianne2.fr/Emmanuel-Todd-la-crise-va-t-elle-favoriser-l-emergence-d-un-Etat-repressif-_a94207.html

Néanmoins Michéa ne se reconnaît pas vraiment comme de "gauche", il est très anar en vérité et décroissant de surcroit. Il est en fait proche du MAUSS et d'Alain Caillé.

Criticus

@ RST

« Vive le SMIC (Salaire Maximum International Compatible avec la morale et la décence) «

Et vive l'évasion fiscale aussi.

@ Malakine

« Seuls l'exonération des heures sups échappe à la critique antiredistributive. Néanmoins il est évident que cette mesure est déjà obsolète. Elle a été pensé dans un contexte où l'on pensait qu'on retournait au plein emploi. Dans un contexte de retour au chômage de masse, c'est une hérésie, une mesure "pro-cyclique" »

Là, nous sommes à 100% d'accord. C'est pour cette raison que je n'en ai pas parlé.

« Les fortes impositions sont l'instrument majeur pour contenir l'explosion des inégalités salariales. »

Il me semble qu'en atteignant 50%, on est déjà à un fort niveau d'imposition, non ?

@ Laurent de Villepin

« Au global, le bilan est assez clair. »

Oui, je tenais juste à apporter une nuance à l'argumentaire de notre ami Malakine.

« on peut s'interroger sur la pertinence d'accorder un tel coup de pouce aux plus riches (surtout alors qu'il y a encore un déficit) »

Là aussi, nous sommes à 100% d'accord. C'est un peu « Aphatie » comme argument, mais il eût fallu d'abord réduire les dépenses avant de réduire les recettes.

RST

@ Yann
Je suis tout à fait d'accord avec René et j'attends ton premier texte avec impatience

@ René
Je lis toujours avec beaucoup d'intérêt tes interventions sur le blog de Malakine qui sont toujours très instructives et pertinentes mais j'avoue cependant que j'ai un petit problème. Je ne suis pas très "réceptif" (je ne suis pas sûr que le mot convienne) au contenu du culturalgangbang. En fait, je ne comprends pas vraiment le but et les idées. Est-ce mon manque de culture générale ? Un câblage cérébrale différent ?
Aurais-tu des suggestions à me faire pour que je progresse ?

RST

@ Criticusapathie

C'est tout ce que tu as trouvé contre mon SMICmd ?
Une bonne petite mesure d'harmonisation fiscale européenne, la mise en place de la proposiiton 9 de F.Lordon (Création de la ZEF : Zone Européenne Financière par opposition à la ZNR : Zone Non Régulée) et ton problème d'évasion fiscale est réglé.

Autre chose ?

René Jacquot

@ RST

Merci pour ton message.

Je conçois bien que tu ne sois pas fan de l'humour foutraque du culturalgangbang (dit CGB pour les intimes).

Le CGB n'a aucun but si ce n'est de ricaner de notre époque, de traquer sans relâche le ridicule dans une ambiance post Idiot international... On ne peut pas non plus dire que nous avons une ligne politique puisque nous sommes différents (ça va de l'extrême-gauche à l'extrême-droite).

Certains nous classent dans la "réacosphère", d'autres trouvent que nous sommes la branche humoristique d'Egalité & Reconciliation... Il n'en est rien en vérité... de temps à autre un rédacteur distille quelques idées qu'il a en tête mais ce n'est pas la vocation première du blog.

Criticus

RST, pour qu'il y ait une harmonisation fiscale en Europe, une question : faut-il harmoniser en prenant pour référence la France, ou l'Irlande ? Tu sais très bien que l'harmonisation fiscale est impossible à mettre en place, puisque les États ne s'accorderont jamais là-dessus. J'attends tes propositions face à ce problème...

RST

@ Criticus
Comment répondre à tant de scepticisme ? Avec les exemples de tout ce que l'on croyait impossible à faire et qui a été réalisé ?
Sans faire dans le grandiloquent, qui pensait en 39 que la France sortirait "vainqueur" de la guerre et se réconcilierait avec l'Allemagne ?
Qui pensait dans les années 50/60 qu'un président noir serait un jour élu aux USA ?

Réaliser cette harmonisation peut se faire petit à petit, à partir d'un noyau dur qui s'élargira au fur et à mesure.Bien sûr cela ne se fera pas du jour au lendemain et il faudra peut-être violenter un peu le système et l'establishment (si les "grandes oreilles" nous "écoutent" , ils peuvent m'arrêter tout de suite. Je suis un candidat tout désigné pour l'ultra gauche ...).

Pour quelle raison les Etats ne s'accorderaient-ils pas là dessus (et sur d'autres choses) si le bon peuple, guidé par de vrais hommes politiques, leur demande "gentiment" ?

Criticus

Je serais moi aussi assez pour une politique d'harmonisation fiscale, pas seulement au niveau européen mais au niveau occidental (puisqu'on se prend à rêver). Mais certainement pas en prélevant plus de la moitié du PIB comme on le fait en France !

olaf

Yann,

de ce que je vois concernant l'innovation , les choses sont assez simples. Innover veut dire faire mieux que ce qui existe. Par conséquent pour faire mieux il faut encore plus de moyens que ce qu'il en avait fallu par le passé car l'innovation requiert plus de complexité donc plus de temps et de moyens financiers. Tout ce qui était simple a été globalement inventé, pour faire mieux c'est plus complexe. Le pression financière a entrainé un moindre investissement en recherche. Quand une entreprise prétend consacrer 2,5 %, 5 % ou 10% à la recherche c'est faux. Pour la simple raison que les prétendus ingénieurs recherche passent 90 % de leur temps à faire un travail de chef de projet, c'est à dire éteindre les feux organisationnels d'une boite, ce qui va des problèmes d'achats aux problèmes de marketing en passant par les problèmes de production et d'interface politiques, donc rien à voir avec l'innovation. Les salaires de ces prétendus ingénieurs recherche sont imputés au budget recherche alors qu'il s'agit de dépenses d'industrialisation.

Même si je pense que la technique a amélioré la productivité en dépit de l'alourdissement bureaucratique lié aux normes et procédures, je crois qu'actuellement l'innovation est en train de stagner par toutes sortes d'artifices comptables, médiatiques et organisationnels.

C'est un peu classique, plus on fait la promotion de quelque chose, plus on devrait s'interroger sur les fondements de ces promesses.

Un peu comme quand on fait l'éloge de ce qu'on refoule. Plus c'est gros plus ça passe...

Après tout c'est ce que vient de faire le néolibéralisme depuis 30 ans jusqu'au plantage actuel.

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