Il est deux manières d’observer la crise. On peut constater son avancement inexorable avec la publication régulière des chiffres mesurant l’étendue du désastre pour annoncer avec une fascination morbide des prévisions toujours plus apocalyptiques. Mais on peut aussi mesurer de manière plus réjouissante sa progression par les évolutions qu’elle suscite dans les représentations du système économique. Il est passionnant de voir les dogmes tomber un à un, les tabous se lever, les remises en questions se faire de plus en plus profondes et finalement le chaos s’installer dans tous les esprits à mesure que le système prend l’eau.
Certes, on trouve toujours quelques irréductibles que rien ne pourra jamais ébranler dans leurs certitudes : Des anticapitalistes nihilistes, des antisarkozystes viscéraux pour qui la politique se limite au si rassurant clivage gauche droite dans notre si vieux et si dépassé cadre franco-français ou des libéraux dogmatiques qui s'obstinent contre toute évidence à réciter leur bréviaire appris par cœur. Plus intéressant est d’observer l’évolution de ceux qui osent évoluer et se poser les bonnes questions, même s’ils sont encore incapable d’y répondre.