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25 septembre 2009

Commentaires

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RST

Quelques remarques en vrac pour avoir le plaisir d'être le premier à poster.
Tu parles des dépenses des traders qui seraient perdues localement si il partaient. Mais de quels ordres de grandeur parle-t-on exactement ? Et de quel genre de dépenses ? Les millions qu'ils accumulent, ils ne peuvent pratiquement pas les dépenser entièrement. Ils investissent. Et puis ils voyagent aussi. Ils achètent des produits importés. Bref, je serais vraiment curieux de savoir quel leur impact réel sur l'économie locale.

Je suis d'accord avec toi qu'aujourd'hui ce ne sont pas les idées qui manquent mais la volonté politique. Ceux qui ont le pouvoir n'ont aucun intérêt à ce que les changements de structure préconisés par Lordon aient lieu. Je ne crois pas non plus à la révolution mondiale. Bref, c'est pas la joie.

Je n'ai pas bien saisi ta conclusion. Quand tu parles d'un volet monétaire (chacun ses marottes comme dirait Lordon) par exemple tu penses à quoi ? Une réforme du système bancaire ? L'apparition des monnaies libres ? Quoi exactement ?

Malakine

Tu n'as pas tort. Les oligarques de la finances ne dépensent pas tout. Néanmoins il vivent bien quelque part avec tout ce que ça suppose de dépenses courantes, notamment dans le commerce de luxe.

Le volet monétaire c'est tout simplement la question de la compétitivité extérieure dans l'hypothèse d'une réindustrialisation des économies financiarisées : la valeur de l'euro, du dollar, de la livre, du yuan ... Je ne suis pas un obsédé des questions monétaires, mais quand même, les parités monétaires sont avec le protectionnisme et la politique industrielle l'autre instrument pour rééquilibrer ses échanges extérieurs.

Malakine

En plus de l'itw en deux parties sur télérama, je signale une longue itw audio de Lordon dans l'émission "las bas si j'y suis"
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1745

Daniel Dresse

Salut, (je suis pour les retrouvailles sobres)
« Les oligarques de la finance vivent bien quelque part ». Effectivement, la montée en puissance d’une hyperclasse transnationale et parasitaire de l’économie réelle (réelle dans le sens où elle pourrait se passer de la finance mondialisée pour exister) a eu pour corollaire le plus voyant l’explosion du prix de l’immobilier dans les centres de la majorité des grandes villes européennes. Prenez simplement une ville comme Marseille (désormais si proche de Londres ou de Paris), où l’histoire récente des énormes travaux de rénovation du centre ville est liée directement à la recherche effrénée de « Pied à terre » au bénéfice de cette nouvelle classe, et au détriment des anciens habitants autochtones souvent sommés de déguerpir.
Le bénéfice de l’opération ne me semble guère évident, car si ces populations sont plus à même, en principe, d’investir dans le luxe, ils ne rapportent pas plus que les anciennes au commerce traditionnel (la consommation de faux-filet d’un trader est-elle exponentielle en fonction de ses revenus ?). Celui-ci est d’ailleurs obligé d’aller chercher ailleurs une source de revenus moins volatile. Dans certains quartiers de Lyon comme de Marseille, il vaut mieux avoir ainsi envie d’acheter un sac en croco qu’une baguette de pain ou un café crème au comptoir. Quant au gâchis économique, urbanistique et environnemental qu’entraîne cette nouvelle configuration autour des villes, et forçant les nouvelles populations d’exil à s’organiser comme elles peuvent, il est bien connu aussi.
L’utilité économique locale de l’oligarchie financière est donc à prendre avec des pincettes. De toute façon il faudra bien choisir un jour entre cette utilité là et l’utilité de tous les autres acteurs de l’économie. Quand par exemple il faudra rembourser les emprunts considérables que l’on a contractés pour préserver à vue la paix sociale et la paix civile. Alors il faudra choisir : ce sera ces dernières ou la prospérité personnelle des petits soldats de la finance.

marc-sévres


Bonjour (après une longue absence),

je reviens sur le commentaire de D Bresse. En effet quand Malakine écrit « Concrètement, conduire les traders à l’exil priverait l’économie locale et nationale d’une source de revenus ... » il ne fait qu’exprimer de manière intello ce que l’on entend tous les jours dans les milieux populaires « il faut bien qu’il y ait des riches pour que les pauvres aient du travail .. »
Cette question est donc très importante, car elle est enracinée dans nos croyances.

Pour suivre le commentaire de D Dresse, il me semble qu’il vaut beaucoup mieux pour l’économie et l’écologie, beaucoup de SMIC, de salaires « décents » qu’un seul gros salaire (revenu) à somme équivalente.

Ceci dit, je ne répond pas complétement, car, comme le dit Malakine, les traders seront ailleurs. Il faut coupler cette mesure d’une interdiction législative de spéculer sur fonds propres à toutes les banques ayant des guichets en France et recevant des dépots du public (techniquement c’est très facile, il suffit de refuser leur agrément). Dans ce cas on perdra marginalement quelques dépenses des quelques traders et banquiers (*), mais on gagnera sur la spéculation immobilière et autre, mais surtout on évitera dans 5 ans, ou 10 ans, ou plus d’avoir à rembourser leurs pertes faramineuses (voir Dexia et ce que cela coûte au contribuable). Et le bilan, dépenses des traders en moins dans le commerce local, remboursement de leur perte sera sans doute largement positif (du moins il l’aurait été).

Il serait utile de regarder de prés le cas de la City de Londres, centre financier important. En quoi cela a-t-il profité aux anglais autres que banquiers et traders ? Je n’ai pas la réponse, mais si quelqu’un a des éléments je serai très intéressé.

marc-sevres

(*) pour être honnête, il faut aussi compter les salaires de ceux qui leur permettent de travailler, à savoir encadrement bancaire, informaticiens...et les dépenses de leur famille (ou assimilée).

Nb : on retombe toujours dans le même débat : action au niveau national, ou attente d’un hypothétique accord international, européeen ou autre. Sans prétendre que tout peut être fait au niveau national, beaucoup peut être fait. Seulement nous prenons le prétexte de la « mondialisation » pour ne rien faire. Quand aux accords internationaux, il sont fait pour être rompus quand on le veut (qui se souvient de la contrainte de 3% de déficit inscrit dans le marbre des accords de l’euro ? qui a empêché Obama de prendre des mesures protectionistes sur les pneus chinois, contrairement aux accords de l’OMC ? etc ...).

Bouboune41

Bonjour (et merci d'avoir repris la plume!)

Je suis très étonné de lire sur ce blog "conduire les traders à l’exil priverait l’économie locale et nationale d’une source de revenus, et donc d’emplois, dans le commerce de luxe ou les services pour privilégiés que l’on trouve généralement dans les villes capitales"

A mon avis, distribuer 100,000 euros de salaire à 1 personne ou 100,000 euros de salaire réparties sur 50 personnes n'engendre pas les mêmes retombées pour l'économie locale : aussi gourmand soit-il, le trader ne dépense pas 50 fois plus, sauf peut-être en produits "high tech bobo" dont l'utilité peut-être discutée. Et comme signalé par les commentaires précédents, les hyper riches ont tendance à générer une inflation des coûts de logement qui vident de leur population le centre des grandes villes.

Donc pour ma part je n'ai rien contre l'exil de ces parasites, bien au contraire.

Malakine

Je comprends que ça vous fait mal de lire que l'industrie financière à une utilité économique. Globalement non, vous avez raison, mais territorialement oui.

Prenez l'exemple du tourisme. On pourrait dire également que le tourisme c'est nul, que ça défigure les paysages, que ça développe la prostitution et la pédophilie, que ça comporte parfois un effet d'éviction des populations locales ... Pourquoi pas dire cela au niveau macro, en effet.

Mais les activités touristiques permettent de capter des revenus de l'extérieur pour faire tourner une économie locale. C'est ce qui se passe avec la grande Bretagne. Avec la City, elle capte une partie des revenus de la spéculation financière alimenter son économie. Si la City explose, Londres se reconverti comment ?

C'est tout ce que je voulais dire : Il ne faut pas attendre des Etats qui ont les économies les plus financiarisées qu'ils se sabordent. Est-ce qu'on imagine la France vouloir bannir les touristes de son territoire ??

Abdel

@Malakine

Je ne suis pas d'accord et l'exemple du tourisme est mauvais.

Vous citez l'exemple de pays où certains font du tourisme sexuel. On peut se poser des questions sur la structure sociale et politique de ces pays. Comme mauvais exemple, je pourrais avec mes euros faire du tourisme sexuel au Gabon. Mais nous oublions que le peuple est très pauvre ,mais que le Gabon est un émirat.

Contrairement à ce que l'on croit, la majorité du chiffre d'affaires du tourisme se fait dans des pays riches.

Pour la Grande Bretagne, je dirais qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Les gisements de Mer du Nord et le passé coloniale ont permis à la place londonienne de se faire un nom dans la finance.
Mais aujourd'hui, nous n'avons plus à faire à des investissements pour appareiller des navires pour l'autre bout du monde.

Aujourd'hui, on gagne un euro sur le baril ou le maïs ou le riz ou des dérivées de bidule, CDS, CDO etc...

Les arabes étaient des bons clients pour les anglais. La City recyclés les pétrodollars mais aujourd'hui ce n'est plus pareil. Dubaï a maintenant une expertise dans les investissements et les places comme Hong Kong ou Singapour offrent de meilleures avantages (surtout pour éviter le fisc).

Car ,oui la City avait ses bases arrières que sont les iles caïmans ou anglo normandes. Mais dans la concurrence internationale, la compétition est rude, les paradis fiscaux se multiplie comme des petits pains.

Compétition dont le seule intérêt est de saigner les états. Si vous avez le temps , regarder combien d'impôts payent les multinationales britanniques ou les filiales des banques françaises dans les pays off shore.

Allez aux USA, à part des îlots comme Beverly Hills ou Long Island, la des-industrialisation a dévasté la cohésion sociale.

Le format du commentaire est petit pour tout exprimer mais il y a investisseur et joueur de poker.
Mettre ses économies pour créer une PME ou avoir une ligne de crédits dans une banque pour investir des milliards dans le maïs car suite à des problèmes climatiques , les récoltes sont faibles.


PS: Lors de la crise asiatique de 1997, le premier ministre malais a eu l'audace de contrôler les entrées et sorties des capitaux.Au détriment des spéculateurs internationaux, son pays est cela qui a connu le moins de dégâts.

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