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20 octobre 2008

Commentaires

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Laurent, gaulliste libre

@ Malakine

Complètement d'accord avec l'ensemble des points.

Un point de désaccord sur le point 7 néanmoins. L'attaque contre la Fed me semble injustifiée. A l'été 2007, les taux de la Fed sont à 5,25%, ceux de la BCE à 4%. De même, avant l'effondrement de la bulle Internet, les taux Américains étaient à 6,5% contre 5,25% sur le vieux continent : la soit-disante politique laxiste de la Fed a bon dos puisque ses taux étaient supérieurs à ceux de l'Europe, sans avoir beaucoup d'inflation ! En fait, la Fed mène une politique beaucoup plus active que la BCE : elle monte et baisse ses taux beaucoup plus rapidement pour compenser les déséquilibres de l'économie américaine.

Monter davantage les taux n'avait pas vraiment de justification. Le problème des Etats-Unis est double : une addiction au crédit (ne faudrait-il pas interdire la publicité pour le crédit ?) et l'utilisation de l'effet de levier et du hors bilan par les banques pour gonfler leurs engagements et donc leurs recettes sans en assumer réellement les risques. En outre, c'est l'explication de beaucoup de néolibéraux qui cherchent à un trouver un coupable pour exonérer le système. Je crois que c'est beaucoup plus la globalisation et la déréglementation des mouvements de capitaux qui sont responsables.

Sur tout le reste, très bon papier en revanche !

xong

@Laurent

Ben justement la FED a longtemps maintenu ses taux vers 1% après le 11/09, participant à donner du crédit 'gratuit' ou presque (mais à taux variable souvent indicé sur le taux de la FED... ) et l'a relevé brutalement ensuite, participant au fait que toute cette masse de crédit (émis grâce à ces taux ultra bas !) ne puisse être remboursé. Les fameux ménages US qui ne pouvaient plus payer leur mensualités, c'est en grande partie du à la FED (et le fait que l'immobilier baissait a fait que les banques, même en saisissant la baraque, ne pouvaient elle-mêmes se rembourser... )

La FED a donc d'une part largement participé à gonfler la bulle, puis ensuite à la crever brutalement. Certes c'est très réactif et actif comme politique !! (en un mot elle a fait l'inverse d'une politique contracyclique – modérer les bulles, puis amortir leurs éclatement –: encourager les bulles et les faires éclater encore plus violemment. Quand on lit 'magic' Greeenspan entre les lignes, c'était clair ...)

le chafouin

Cela donne à réfléchir...

Sur ton dernier point, ne trouves tu pas qu'a contrario, il faudrait dnc envisager, si l'Etat est toujours appelé comme pompier pour naitonaliser les pertes, qu'on redistribue mieux les richesses? Cela n'a rien à voir à premère vue, mais la question des dividendes et des rémunérations des patrons fait partie du "problème" global.

Malakine

@ Laurent

Il me semble avoir lu qu'après l'éclatement de la bulle internet, greenspan afin d'amortir le choc, a innondé les marchés de liquidité, ce qui a effectivement à wall street de rebondir, mais qui a entrainer une nouvelle bulle sur l'immobilier. Tu confirmes ou pas ?

Sinon, oui, tu as raison de poser la question de la publicité pour le crédit. J'ai cru halluciner hier en voyant une pub pour je ne sais plus quelle banque qui proposait une carte où on pouvait payer comptant ou à crédit. Voilà les techniques américaines qui arrivent en France ! Déjà cet été Renault avait fait de la pub pour un crédit voiture avec lequel on pouvait repartir avec du cash ! Quand on voit ça, on se demande si le système est vraiment capable d'apprendre de ses erreurs ... et si les banques sont en si mauvaises santé que ça.

@ Xong

Voilà très clairement expliqué ce que j'avais compris. Effectivement la Fedc a fait l'inverse de ce que l'on cherche à faire aujourd'hui c'est à dire mettre en place des instruments de contracyclicité.

@ Chafoin

La perte en question c'est le paiement du tribut à l'empire. Toutes les pertes n'entrent pas dans cette catégories.

La question des dividendes et des rémunérations fait partie du problème global, mais ce n'est qu'un symptôme de l'hypertrophie de la finance. Ce n'est pas un problème propre à l'économie financière. Les rémunérations du PDG de Vinci avaient défrayées la chronique or c'était une boite de l'économie réelle.

Ces surrémunérations des dirigeants sont le symptôme que c'est la finance anonyme et apatride le vrai patron des boites. Les PDG (qui sont en général des manageurs) sont payés comme des actionnaires pour penser comme des actionnaires. (on peut mettre le mot capitaliste à la place si on préfère) Et les inciter à maximiser les marges et les profits en diminuant les salaires et limitant les investissements.

Le seul moyen sur pour empêcher que les rémunérations ne s'envolent, c'est de fixer un plafond au rendement du capital indexé sur des facteurs de l'économie réelle. Il faut que la rémunération des dirigeants soit indexé sur l'augmentation de la base productive, l'augmentation de la masse salariale, l'augmentation du chiffre d'affaires, d'avantage que sur l'augmentation des profits.

le chafouin

Ne peut-on pas établir des ratios maximum entre les salaires des dirigeants et ceux des personnels? Dans son bouquin sur le PS, Kahn parle de différences de 1 à 200 dans certains cas. Cela rejoint ce que tu dis sur l'indexation. Je ne crois pas une seule seconde que cette solution soit envisagée, malheureusement...

Rénover le système de rémunération pourrait donc, conformément à ce que tu viens de dire, insuffler un mode nouveau de gestion, fondée sur la production et non pas sur le court-termisme, qui est à l'origine directe de cette crise. Je ne crois pas à la différence entre économie "virtuelle" et "réelle" : tout cela a des rapports très directs avec la vie de tous les jours, quand par exemple on envisage des licenciements groupés pour augmenter le cours d'une action.

Laurent, gaulliste libre

@ Xong

C'est juste, la Fed a maintenu ses taux assez longtemps à 1%, mais il ne faut pas oublier qu'elles les a monté plus vite que la BCE puisqu'avant la crise des subprimes, les taux étaient plus hauts aux Etats-Unis qu'en Europe (5,25% et 4%). Le problème vient des taux d'intérêt variables : une leçon de la crise est sans doute qu'il faut interdire les emprunts à taux variables dans la mesure où ils constituent un énorme risque...

Concernant la politique de la Fed, elle est bien contra-cyclique par rapport à l'économie productive (baisse des taux quand l'activité ralentit ou recule et hausse quand l'activité est soutenue). Et je crois que c'est bien que la base de la politique monétaire soit fondée sur l'économie réelle. Le problème aujourd'hui est qu'une politique monétaire adaptée à l'économie réelle peut se révéler trop accomodante pour l'économie financière. Mais là, la réponse me semble plutôt être de réformer le monde de la finance que de mener une politique monétaire plus restrictive, qui ferait du mal à l'économie réelle.

@ Malakine et Xong

Plus que la politique supposée laxiste de la Fed (qui ne l'était pas pour l'économie réelle, il faut le rappeler), je crois qu'il y a deux raisons plus importantes à la hausse irrationnelle du prix des actifs :
- la mondialisation, qui, en comprimant les salaires des classes populaires et moyennes tout en laissant ceux des classes aisées s'envoler, permet une hausse des prix de l'immobilier (par les classes aisées) qui impose des emprunts toujours plus élevés pour les classes populaires et moyennes. Couplé aux emprunts hypothécaires et aux emprunts à taux variables, le cocktail devient explosif
- l'utilisation excessive de l'effet de levier par les institutions financières, qui ne requière par forcément d'emprunts, et donc est indépendant du niveau des taux d'intérêts. Les CDS par exemple (plus de 50 000 milliards de dollars d'engagement dans le monde, plus de 50 les subprimes...) ne requièrent pas le moindre capital pour celui qui garantit un actif... Et pour les autres placements, les rendements de 15% permettent des emprunts à des taux élevés... Le problème n'était vraiment pas les taux de la Fed, mais la loi de la jungle qui règne dans le monde de la finance (insuffisamment régulé). Les institutions financières n'avaient pas besoin de la Fed pour créer des liquidités malheureusement, elles se débrouillaient très bien toutes seules.

René Jacquot

Analyse très intéressante.

Je partage les critiques de Laurent sur le point 7 en ajoutant qu'il n'y a pas que l'administration Bush à blamer, il n'a fait que continuer l'œuvre de Clinton et les observations de Todd dans Après l'Empire étaient surtout basé sur les actions de ce "grand président".

Sur le point 2, je vois pourtant un lien... La création d'une bulle immobilière aussitôt après la chute de la bulle internet par les spéculateurs a servi de terreau aux fameuses subprimes.

Evidemment, dans un processus de bouc-émissarisation toute Girardienne, le trader fait maintenant figure d'ennemi public aux côtés du terroriste et du pédophile, pour faire oublier l'inanité d'un système.

A propos du point 6, on a effectivement vu à l'oeuvre un groupe pionnier prêt à certaines coopérations renforcées. L'Europe des nations pour la première fois en marche?

Qu'on se le dise, c'est bien Gordon Brown qui a été à la manoeuvre et c'est Sarkozy qui s'est chargé de l'emballage du produit "Europe en colère contre la finance". Barroso et Merkel apparaissent comme les grands perdants de la Crise! C'est bien pour cela que Sarko a relancé l'idée guainoienne de gouvernement économique ce soir.

En lien la dernière conférence de nouvelle gauche avec Hamon, Emmanuelli, Larrouturou, Sapir et Lordon.

Malakine

Ci dessous le lien que René Jacquot à oublié:

http://www.nouvellegauche.fr/blog/wp-content/uploads/2008/10/uma_conf_crise_151008_actes.pdf

RST

@ Malakine
Comment peux-tu balayer sans plus de nuance la spéculation et laisser croire qu’elle n’a pas joué un rôle dans la crise actuelle ? Son origine n’est peut-être pas liée à la spéculation mais ses conséquences ont été démultipliées par tous les paris pris à la hausse, à la baisse, par les opérateurs utilisant l’effet de levier qui leur permet de jouer des sommes qu’ils n’ont pas à travers des montages de plus en plus sophistiqués.
A un moment donné, il faut appeler un chat un chat, arrêter de se planquer derrière la sémantique et dire que la finance mondiale est devenue un immense casino. Alors tu l’appelles comme tu voudras mais moi je dis qu’effectivement on va payer pour les délires des spéculateurs.

Question subsidiaire : quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi le dollar vient d’atteindre son plus haut niveau depuis 2 ans face à l’euro alors que je croyais qu’il devait s’effondrer d’un instant à l’autre ?
Je ne comprends pas les explications données par La Tribune que je résume ci-dessous :
1)Le dollar était sous-évalué (sa valeur devrait être entre 1,10 et 1,20 en PPA) : je ne suis pas sûr de comprendre comment on fait ce calcul
2)L’aversion au risque est maximale : et alors, c’est pas risqué le dollar ?
3)Les Américains rapatrient leurs capitaux : no comment
4)Les banques sont à court de dollar : no comment
5)Les bons du Trésor américains suscitent l’engouement : alors là, je comprends plus rien. Je croyais que les USA allaient être bientôt déclarés en faillite ?
6)Le handicap de rendement du dollar devrait se combler : je veux bien mais les taux européens ne vont pas baisser au niveau américain demain !
7)La balance courante américaine se redresse : ah bon ???

RST (le dernier bouquin de Lordon est sorti)

A tous ceux qui sont encore obligés d'acheter les livres (cela ne s'applique pas au maitre de ces lieux qui les reçoit directement des auteurs) je signale la sortie du dernier bouquin de Lordon :
http://www.elcorreo.eu.org/article.php3?id_article=4208

avec un entretien sur El Correo, le blog de la diaspora Argentine (pour ETDAS)

Noel

Et puis, ne pas oublier les concours aux PME, plusieurs centaines de milliards d'euros dont plus de 20% sont liés au secteur de la construction. Bref, les banques espagnoles portées aux nues parce qu'elles étaient sorties indemnes de la crise du subprime américain avancent sur un champ de mines.

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